Introduction
Dirigée par Ursula von der Leyen, la Commission européenne est le ‘Conseil des ministres’ de l’Union européenne (UE).
Sous la menace de sanctions économiques, la Commission a finalement consenti dimanche dernier à un accord douanier avec les États-Unis.
Cet accord, qui doit ultérieurement être ratifié par les 27 pays membres de l’UE, prévoit trois choses :
• l’UE consent à ce que Washington impose une taxe de 15 % à tous produits européens qui entrent aux États-Unis,
• au nom des pays membres, l’UE s’engage à acheter pour 750 milliards$ de combustibles fossiles américains au cours des trois prochaines années, et
• l’UE promet d’investir 600 milliards$ de plus dans l’économie américaine.
La taxe de 15 %
Précédemment, l’administration Trump avait imposé un tarif douanier de 4,8 % à l’Europe, auquel s’était ajoutée une surtaxe de 10 %.
En tant que pays souverain, les États-Unis sont libres d’imposer des taxes à l’importation à tous les pays avec lesquels ils ne sont pas liés par des traités de libre-échange.
De son côté, en tant qu’entité étatique, l’UE est également libre de répliquer par ses propres taxes à l’importation.
La nouveauté de cette entente, c’est que l’UE accepte la pénalité imposée à ses entreprises exportatrices et renonce à répliquer par des contre-tarifs.
L’achat d’hydrocarbures américains
La Commission européenne souligne que l’achat de gaz fossile liquéfié (et, secondairement, de pétrole) en provenance des États-Unis lui permettra de remplacer ses importations de gaz russe.
Puisque la demande mondiale de gaz fossile s’accroit, la Russie écoulera donc facilement son gaz sur les marchés internationaux.
Ce que Mme von der Leyen oublie de dire, c’est que le gaz fossile russe était le moins cher au monde. L’UE peut bien acheter pour 750 milliards$ de gaz liquéfié américain, mais elle obtiendra considérablement moins de combustible pour cette somme. Si cela est insuffisant, l’UE devra se procurer le reste ailleurs.
Dans tous les cas, augmenter le cout d’acquisition de son énergie nuit à la compétitivité de l’industrie lourde européenne. Et en augmentant sa dépendance à l’égard des États-Unis, l’Europe accroit sa vassalisation à l’égard de Washington.
De plus, les contrats avec la Russie étaient libellés en euros alors que les achats aux États-Unis le sont en dollars américains. Dans l’éventualité d’une crise économique majeure, l’UE aurait conservé son pouvoir de payer son approvisionnement russe puisque l’UE a la main sur la planche à billets.
D’autre part, l’UE a toujours soutenu que le gaz fossile était un combustible de transition vers les énergies renouvelables. C’est ainsi que depuis 2019, le Pacte vert européen prévoyait de mobiliser mille-milliards d’euros d’investissements publics et privés pour développer les énergies propres.
Le Pacte vert prévoyait donc une réduction de la consommation de combustibles fossiles par l’Europe.
L’entente intervenue entre l’administration Trump et la Commission européenne assurent les pétrolières américaines de la stabilité de la demande européenne d’hydrocarbures.
En conséquence, les commissaires européens devront s’assurer de l’échec temporaire de la transition écologique de l’Europe.
Les investissements garantis aux États-Unis
Une des grandes priorités de l’administration Trump est de rapatrier aux États-Unis une partie de la capacité industrielle délocalisée à l’Étranger au cours des quatre dernières décennies.
C’est ainsi que l’imposition de taxes à l’importation vise à motiver les entreprises étrangères à venir produire aux États-Unis ce qui est destiné au marché américain.
La Commission européenne fait valoir que garantir 600 milliards$ d’investissements aux États-Unis est anodin puisque cela correspond aux intentions actuelles de ses grands groupes industriels.
Toutefois, en garantissant de tels investissements, l’UE s’engage à subventionner son propre déclin économique si jamais l’administration Trump supprime ses tarifs de 15 % en raison de leurs conséquences inflationnistes.
Conclusion
En décembre 2022, j’avais qualifié la présidente de la Commission européenne de ‘tigresse de papier’. Dimanche dernier, sa capitulation devant Donald Trump en est une parfaite démonstration.
Dès la ratification de ce traité, Bruxelles acceptera la perte de sa souveraineté puisque ses engagements économiques (achats d’hydrocarbures, investissements garantis) sont libellés en dollars américains. Ce qui place l’Union européenne sous l’autorité des tribunaux des États-Unis en cas d’infraction à l’entente selon Washington. Comme une simple république bananière.
Plutôt que de taxer les géants de l’internet — qui sont les piliers du régime Trump — la Commission européenne a choisi la politique du moindre mal.
‘Ç’a aurait pu être pire’ disent les commissaires européens pour se justifier.
En effet, il y a toujours des défaites plus cuisantes…
Références :
EU and US announce trade deal: What you need to know
Guerre commerciale : ce que l’on sait de l’accord avec l’Union européenne
La consommation mondiale de gaz naturel atteint un record en 2024
Un plan de financement européen ambitieux pour une transition énergétique juste
Paru depuis : Investor confidence in EU drops after Trump’s Brussels trade deal (2025-08-04)
Écrit par Jean-Pierre Martel

































