La naturalisation humaine par Crispr

Publié le 15 mars 2024 | Temps de lecture : 3 minutes


 
Découverte par la chercheuse française Emmanuelle Charpentier, Crispr — qu’on prononce ‘crispeur’ — est une technologie génétique qui permet de chercher/remplacer du bagage génétique au sein des chromosomes comme le font les traitements de texte dans un document.

Dans le cas d’un organe, la difficulté provient de la nécessité d’atteindre toutes les cellules dont le bagage génétique doit être modifié.

Depuis des années, on utilise Crispr pour corriger certaines tares génétiques.

Aujourd’hui, le quotidien South China Morning Post (SCMP) rapporte une percée thérapeutique importante; une équipe médicale de Xi’an (en Chine) a procédé dimanche dernier à une transplantation réussie d’un foie de porc entier chez l’humain.

La transplantation cardiaque ou rénale provenant d’autres espèces animales se pratique déjà depuis des années. Mais la transplantation hépatique, beaucoup plus délicate, n’avait jamais été tentée jusqu’ici.

Préalablement à la transplantation, ce foie avait été débarrassé d’un certain nombre de gènes associés au rejet par l’humain. Par mesure de prudence, on a effectué cette première chez un patient en état de mort cérébrale.

Or 96 heures après l’opération, les médecins n’ont trouvé aucun signe de rejet. Tout comme un foie humain, ce foie de porc ‘naturalisé’ est maintenant irrigué par la circulation sanguine, détoxifie l’organisme et produit de la bile.

D’après ce que je comprends de l’article du SMCP, on n’a pas substitué le foie de porc au foie du patient; on lui a plutôt ajouté un foie étranger.

Cette opération ouvre donc la voie à une procédure de substitution que pourra tenter une autre équipe chez un autre patient.

Chaque année, deux-millions de personnes décèdent à travers le monde de diverses maladies du foie, dont un demi-million en Chine par insuffisante hépatique.

Dans le cas de ces derniers, leur seul traitement est la transplantation. Malheureusement, il y a une pénurie de donneurs. Si bien qu’un grand nombre de receveurs potentiels décèdent dans l’attente d’un nouveau foie.

La transplantation de foie naturalisée permettrait donc de pallier cette pénurie.

Références :
Chinese patient receives world’s first gene-edited pig liver transplant
Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats
CRISPR: un scalpel génétique tout-puissant

Paru depuis : Aux Etats-Unis, un rein de porc a été transplanté pour la première fois sur un patient vivant (2024-03-21)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les fabricants craignent la Loi 101, dit-on

Publié le 14 mars 2024 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Il y a six décennies, le Québec interdisait l’étiquetage unilingue anglais. Parce qu’à l’époque, on trouvait, par exemple, des produits alimentaires dont le mode d’emploi et la liste des ingrédients étaient entièrement rédigés en anglais.

En vertu de cet interdit, il suffisait au consommateur de porter plainte contre le marchand auprès de la Cour des petites créances — où la présence d’un avocat est superflue — de présenter en preuve le contenant du produit et le reçu de la transaction pour que le marchand soit automatiquement condamné.

Le plaignant empochait alors la pénalité imposée par le tribunal. Si bien qu’un couple d’étudiants en droit avait financé la totalité de leur formation universitaire en portant toute une série de plaintes.

La réaction des marchands fut de prendre soin de vérifier chaque produit reçu de leur grossiste et retourner aussitôt les articles en anglais.

Confrontés à la masse de leurs invendus, les fabricants ont refait leurs étiquettes et les importateurs ont simplement apposé un collant bilingue par-dessus l’étiquette fautive.

En moins de deux ans, sans avoir à embaucher des inspecteurs pour faire respecter la loi, on n’arrivait plus à trouver au Québec un seul produit unilingue anglais.

Lorsque le fédéral a adopté sa loi obligeant l’étiquetage bilingue à travers tout le pays, la législation québécoise devenait caduque.

Toutefois, il a suffi au fédéral — dont la majorité des fonctionnaires à Ottawa sont unilingues Anglais — de ne pas faire d’inspections et de ne jamais donner suite aux plaintes reçues pour que l’unilinguisme anglais revienne peu à peu.

De nos jours, on le trouve fréquemment sur les jouets pour enfants et sur les gros électroménagers. Et grâce au commerce en ligne, c’est généralement le cas de ce qui vient de l’Étranger.

Les craintes du Conseil du patronat

Le gouvernement de la CAQ a dernièrement fait connaitre son intention d’obliger, par voie de règlement, les fabricants d’électroménagers à franciser les inscriptions qui apparaissent sur leurs produits.

À l’achat de mon microonde actuel, celui-ci venait avec un collant qui permettait à tous ses boutons d’apparaitre en français (ou de demeurer en anglais si cela avait été ma préférence).

Mais l’Association canadienne des fabricants d’électroménagers rétorque que les autocollants risquent de fondre à la chaleur. Comme s’il n’existait aucune colle au monde capable de résister à la chaleur.

De son côté, le Conseil du patronat s’inquiète des ventes perdues par les commerçants d’ici quand les consommateurs se tourneront vers l’internet pour se faire livrer par la poste les modèles de laveuse ou de sécheuse que les fabricants cesseront d’offrir au Québec.

On s’étonne que la mairesse de Montréal, au nom de l’inclusion et de la diversité, n’ait pas encore signalé le danger que des personnes vulnérables soient incapables d’utiliser leur grille-pain au petit déjeuner et se laissent mourir de faim, faute de connaitre le français…

De manière générale, on fait valoir que le Québec ne représente que deux pour cent du marché nord-américain. Cela passe sous silence les 230 millions de consommateurs francophones à travers le monde. À titre d’exemple, les laveuses de Samsung en Belgique affichent des réglages bilingues français/néerlandais.

Tout en disant du bout des lèvres être conscient de l’importance de défendre le français, le Conseil du patronat souligne les graves dangers de le faire.

Il y a toujours eu un gouffre entre les petits commerçants — près du peuple et conséquemment, qui partagent ses préoccupations — et le riche ‘milieu des affaires’, collabo du colonialisme canadian, et que le cinéaste Pierre Falardeau mettait en vedette dans son documentaire ‘Le temps de bouffons’.

Référence : Nouvelle loi sur l’affichage en français: des fabricants menacent de retirer leurs électroménagers du marché québécois

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Clair-obscur en entomologie

Publié le 13 mars 2024 | Temps de lecture : 1 minute
Tithorea tarricina pinthias
Grand mormon mâle
Cethosia biblis
Dryadula phaétusa
Grande piéride disparate

En début de journée, les papillons s’accordent un bain de soleil afin de réchauffer les muscles de leurs ailes.

Pour ce faire, dans la grande serre de l’insectarium, beaucoup choisissent de se coller à la grande paroi éclairée par le soleil levant. D’autres préfèrent un endroit plus discret, entre le clair et l’obscur…

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II + objectif M.Zuiko 40-150mm R
1re photo : 1/250 sec. — F/5,4 — ISO 3200 — 128 mm
2e  photo : 1/200 sec. — F/4,7 — ISO 320 — 74 mm
3e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 150 mm
4e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 250 — 150 mm
5e  photo : 1/400 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 150 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Un petit tour en REM

Publié le 12 mars 2024 | Temps de lecture : 1 minute




 
Cet après-midi, j’ai effectué mon premier déplacement en REM (Réseau express métropolitain).

De la Gare Centrale à Brossard, quatre stations sont en service.

Puisque tout est automatisé, au wagon de tête et à celui de queue, les passagers ont la vue sur la ville qu’aurait le conducteur s’il y en avait un.

La partie la plus photogénique de ce trajet se trouve entre la Gare Centrale et la Station Ile-des-Sœurs (que j’ai parcourue quatre fois).

Voici trois photos que j’en ai rapportées.

Détails techniques : Sigma DP1 infrarouge à spectre complet.
Pré-traitement : filtres Fuchsia pour Foveon (filtre bleu B+W KB20 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu LBC8 de Kenko + filtre anti-infrarouge partiel GRB3/KG3 [1mm d’épaisseur])
Post-traitement léger.
1re photo : 1/60 sec. — F/4,5 — ISO 100 — 16,6 mm
2e  photo : 1/30 sec. — F/4,5 — ISO 100 — 16,6 mm
3e  photo : 1/20 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 16,6 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Ukraine et Russie : l’échec cuisant de Victoria Nuland

Publié le 11 mars 2024 | Temps de lecture : 10 minutes

Introduction

Aux États-Unis, le secrétariat d’État est l’équivalent chez nous du ministère des Affaires étrangères.

Jusqu’à la semaine dernière, Victoria Nuland y était la troisième personne en ordre d’importance.

Depuis vingt ans, elle fut l’éminence grise de six présidents consécutifs au sujet des relations américaines avec la Russie. Sauf au cours du mandat de Donald Trump

Le changement de régime en Russie

Impitoyable pour ses ennemis politiques — comme le sont tous les dirigeants autoritaires — Vladimir Poutine est froid, calculateur, et probablement le chef d’État le plus compétent parmi ceux actuellement au pouvoir à travers le monde.

En 2000, Vladimir Poutine a hérité d’un pays devenu l’ombre de lui-même. Un quart de siècle plus tard, sous sa gouverne, la Russie a connu un spectaculaire redressement économique et dernièrement, une adaptation tout aussi surprenante aux sanctions occidentales.

Pour Victoria Nuland, l’hégémonie américaine ne peut tolérer quelqu’un comme lui. Malheureusement pour elle, les États-Unis ont raté une belle occasion.

Au lendemain de l’effondrement du régime communiste, la Russie était à genoux. L’espérance de vie y avait chuté d’un an en raison de la misère qui y régnait (notamment chez les retraités) et de l’augmentation de l’alcoolisme. Concrètement, cette diminution de l’espérance de vie, ce sont des millions de Russes qui sont morts prématurément dans l’indigence.

Au début de son régime, alors que l’URSS s’était disloquée une décennie plus tôt, Vladimir Poutine espérait que la Russie serait admise au sein de l’Otan et participerait ainsi au maintien de l’ordre mondial.

L’Otan a conclu un certain nombre de partenariats avec les pays de l’Europe de l’Est (y compris la Russie), mais a fait passer les autres avant elle. Si bien que la Russie, bernée par l’Otan, s’est retrouvée entourée d’ennemis militaires.

Cela s’est produit avant que Victoria Nuland acquière l’influence qu’elle avait jusqu’à la semaine dernière.

La tâche qu’elle s’est donnée a été de travailler au renversement du régime de Poutine.

Sous son influence, les États-Unis ont mis tous leurs œufs dans le panier d’Alexeï Navalny. Ce dernier fut un leadeur charismatique d’une grande intelligence.

Grandement exagérée par nos médias, sa popularité était limitée aux adolescents (qui ne votent pas) et aux jeunes adultes branchés sur les médias sociaux.

Dans l’ensemble de la population russe, sa popularité n’a jamais dépassé cinq pour cent des intentions de vote. Pourquoi ? Parce les Russes ne sont pas stupides.

Les États-Unis n’ont jamais caché leur préférence pour Navalny. Or quel peuple voterait pour le candidat chouchou de ses ennemis militaires ? Aux yeux des Russes, Navalny était le cheval de Troie de l’Occident.

Actuellement, la principale opposition politique à Vladimir Poutine, c’est le Parti communiste (à environ vingt pour cent des intentions de vote).

Quant aux sanctions économiques draconiennes décidées contre la Russie, leur but était, dans l’esprit de Nuland, de provoquer l’effondrement de l’économie russe et de manipuler les Russes afin qu’ils se soulèvent contre Poutine.

Ce n’est pas vraiment ce qui est arrivé.

Au contraire, en saisissant les avoirs des oligarques russes à l’Étranger, les pays occidentaux ont interrompu la fuite des capitaux hors de Russie. Dorénavant, le seul endroit au monde où ils peuvent faire fructifier leur fortune, c’est en investissant dans l’économie russe. Et pour ce faire, ils doivent dorénavant baiser les mains de Poutine.

Le changement de régime en Ukraine

C’est en 2004 que les États-Unis commencèrent à se mêler directement des affaires intérieures de l’Ukraine. Lors de la campagne électorale présidentielle de cette année-là, les États-Unis dépensèrent 65 millions de dollars pour soutenir le candidat pro-occidental.

À l’élection présidentielle de 2010, c’est le candidat pro-russe qui fut élu pour cinq ans. Au grand déplaisir de Washington. En plus, à l’élection législative de 2012, son parti fit élire suffisamment de députés pour former un gouvernement minoritaire.

Toutefois, en novembre 2013, les dirigeants ukrainiens annonçaient leur décision de renoncer à une association économique avec l’Union européenne au profit d’une autre, plus avantageuse, avec la Russie.

Cette décision provoqua des manifestations violentes sur la place de l’Indépendance de Kyiv qui durèrent jusqu’en février.

Profitant de ce climat insurrectionnel, Victoria Nuland conçut un plan qui visait non seulement à renverser le président au pouvoir, élu démocratiquement, mais à provoquer un changement de régime.

Pour ce faire, il fallait un évènement si odieux que les Ukrainiens se révolteraient contre les responsables présumés, c’est-à-dire à la fois le président pro-russe et son gouvernement. À cette fin, quoi de mieux qu’un massacre.

Précédemment, en raison des violences sur la place de l’Indépendance, les autorités avaient déjà tenté, en vain, d’y interdire les manifestations. Puis ils avaient essayé de déloger les protestataires par la force.

Le massacre du 20 février changea la donne. Il fit 49 tués (et 157 blessés) chez les manifestants, et 4 tués (et 39 blessés) parmi les forces de l’ordre. À juste tire, il souleva l’indignation de l’ensemble de la population ukrainienne.

Washington n’a même pas eu le besoin de demander à ses ONG de répandre la rumeur selon laquelle c’était la faute du président autoritaire pro-russe. Pour tout le monde, le responsable ne pouvait être que lui.

Et ce qui devait arriver arriva. Peu après, le président s’enfuit à l’Étranger et un peu plus tard, le parlement déclencha des élections anticipées à l’issue desquelles les partis pro-occidentaux prirent le pouvoir.

Victoria Nuland était si certaine de son coup que deux semaines avant le massacre, elle faisait savoir à l’ambassadeur américain à Kyiv les exigences de Washington quant à la composition du prochain gouvernement ukrainien.

Effectivement, plusieurs dirigeants pro-nazis (compromis secrètement dans le massacre) héritèrent de postes ministériels clés.

Mais Nuland connaissait suffisamment l’Ukraine pour savoir que si ceux-ci sont pro-occidentaux, ils sont surtout hypernationalistes. Donc, pas aussi serviles qu’on pourrait le penser.

Ce qui était primordial pour Washington, c’est que la personne nommée au poste de ministre de l’Économie soit vouée aux intérêts américains. Pour ce faire, Victoria Nuland exigea que ce soit Natalie Jaresko, cheffe de la section économique de l’ambassade des États-Unis en Ukraine.

Celle-ci obtint la citoyenneté ukrainienne d’urgence le 2 décembre 2014, le jour de sa nomination comme ministre de l’Économie. On aimerait que le ministère canadien de l’Immigration soit aussi efficace…

Mais elle ne demeura à ce poste que deux ans.

Sous le prétexte de favoriser la modernisation du secteur agricole par le biais d’investissements étrangers, son ministère fit adopter une loi qui libéralisait la vente des terres ukrainiennes, les plus fertiles d’Europe.

De 2014 à aujourd’hui, la moitié du territoire ukrainien — à l’exclusion donc des villes et du territoire occupé par la Russie — est devenue la propriété de spéculateurs américains.

La guerre russo-ukrainienne a donc été une occasion pour les États-Unis de spolier l’Ukraine.

Quand la poussière de cette guerre retombera, les Ukrainiens réaliseront à quel point les États-Unis se sont moqués d’eux.

La vulnérabilité militaire de l’Occident

Pour les États-Unis, le conflit russo-ukrainien est devenu un gouffre financier sans fin.

Cette guerre a fait fondre leurs réserves d’armement. Il a révélé qu’une guerre de haute intensité nécessitait des quantités colossales de munitions. Beaucoup plus qu’on pensait.

Si bien que le niveau estimé des réserves stratégiques est non seulement trop bas, mais en soutenant l’Ukraine comme ils l’ont fait, les États-Unis se sont mis dans un état de vulnérabilité dont la première responsabilité incombe à Victoria Nuland, aveuglée par son anticommunisme.

De plus, l’idée de rapprocher les missiles nucléaires américains pointés contre la Russie en les déplaçant de la Roumanie à l’Ukraine est moins utile qu’avant puisque cette guerre a provoqué un basculement géostratégique que personne (y compris moi-même) n’avait anticipé; la perte de la neutralité militaire de la Finlande.

Que les États-Unis déplacent leurs missiles en Ukraine ou en Finlande, c’est pareil. Donc l’Ukraine, à bout de souffle, ne leur sert plus à grand-chose.

Plus grave encore, avant cette guerre, on savait déjà que toute guerre était ruineuse. Mais on découvre maintenant à quel point.

Du coup, les investissements auxquels les pays membres de l’Otan se sont engagés volontairement en 2014 — deux pour cent du PIB — apparaissent dix ans plus tard largement insuffisants pour affronter une Troisième Guerre mondiale.

En raison de la délocalisation de leur secteur manufacturier vers le Sud global, les pays occidentaux n’ont plus la capacité industrielle de soutenir un effort de guerre de grande envergure.

De plus, en militarisant l’accès au dollar américain, les États-Unis ont retiré à leur devise son statut de pilier sécuritaire des réserves de change. Pour beaucoup de pays du Sud global, il est dorénavant imprudent de compter aveuglément sur cette devise.

Voilà pourquoi le yuan chinois est devenu la deuxième devise utilisée pour les transactions financières, encore loin derrière le dollar, passant de 1,89 % en janvier 2012 à 8,66 % en octobre 2023.

Ceci étant dit, faisons le bilan.

Conclusion

Navalny est mort. Poutine est plus fort que jamais. Les sanctions occidentales ont jeté la Russie dans les bras de la Chine. En renonçant à l’avantage concurrentiel que leur donnait l’approvisionnement en hydrocarbures russes, l’industrie lourde européenne est en crise.

Tout cela, c’est l’effondrement de la politique que poursuivait depuis vingt ans Victoria Nuland. Sa démission ne sonne pas vraiment le glas de l’hégémonie américaine; l’économie américaine progresse, mais aux dépens d’alliés dont elle aurait besoin en cas de conflit armé avec la Chine.

Consciente de ce fiasco, à l’approche d’un retour possible de Donald Trump à la Maison-Blanche, Victoria Nuland a préféré quitter le Titanic.

À l’heure où le PIB des BRICS dépasse maintenant celui des pays du G7, les États-Unis devront partager avec la Russie et la Chine la responsabilité de maintenir l’ordre mondial.

À défaut de quoi, celui-ci s’effondrera.

Références :
Le yuan, deuxième devise pour les transactions financières
Natalie Jaresko
Ukraine : l’histoire secrète de la révolution de Maïdan
Victoria Nuland

Parus depuis :
U.S. Security Cooperation with Ukraine (2025-01-20)
« Contraints à l’étranger, les oligarques russes rapatrient leur argent et l’investissent dans l’immobilier de luxe à Moscou » (2025-02-04)

Compléments de lecture : L’engrenage ukrainien

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

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| Géopolitique, Guerre russo-ukrainienne | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Des Gravol™ pour Amira Elghawaby

Publié le 10 mars 2024 | Temps de lecture : 3 minutes


Avant-propos : Le texte qui suit décrit des scènes qui pourraient heurter la sensibilité de certains lecteurs.

À l’époque où elle n’était que militante, Amira Elghawaby avait déclaré qu’entendre dire que les francoQuébécois étaient un peuple opprimé, cette idée provoquait en elle une telle révulsion que cela lui donnait envie de vomir.

Depuis ce temps, Ottawa l’a nommée représentante spéciale du Canada dans la lutte contre l’islamophobie, un poste créé spécialement pour elle.

Au cours des dernières semaines, des dizaines de milliers de civils musulmans sont tués dans la bande de Gaza grâce à la complicité d’Ottawa.

L’Aviation royale canadienne a aidé Israël à rapatrier ses soldats de l’Étranger et le Canada lui vend des armes. Notre pays a même voulu couper les vivres à l’UNRWA, une mauvaise décision sur laquelle il est revenu récemment après le tollé que cela a provoqué.

Des dizaines de milliers de civils gazaouis (donc musulmans) sont morts. Encore plus ont été blessés.

De retour d’un hôpital où il œuvrait dans la bande de Gaza, un médecin français racontait que, dans son établissement, entre 6 et 30 césariennes sont pratiquées quotidiennement à froid.

Cela signifie que dans chacun de ces cas, le médecin ouvre l’abdomen de sa patiente et lui coupe l’utérus au bistouri, en extrait le bébé dont il coupe le cordon ombilical, puis recoud sa patiente pendant que celle-ci — si elle ne s’est pas évanouie — crie de douleur.

Puisque les Gazaouis disposent en moyenne de 1½ à 2 litres d’eau par jour, on s’en sert exclusivement pour boire et pour manger. Conséquemment, on ne se lave pas.

Voilà pourquoi beaucoup de blessures s’infectent et se gangrènent.

Jusqu’ici, plus de dix-mille enfants ont été amputés à froid.

Concrètement, cela signifie qu’on met un torchon dans la bouche de l’enfant. Et pendant que des adultes l’empêchent de bouger, le chirurgien lui scie le genou, le coude ou l’épaule afin d’empêcher l’infection de se disséminer dans tout le corps du bambin.

Dernièrement, alors que certains pays occidentaux larguaient par avion des caisses de vivres au-dessus de la bande de Gaza, l’armée israélienne en a profité pour mitrailler et tuer 118 affamés (en plus d’en blesser 760 autres) parmi ceux qui se précipitaient sur la nourriture. Un incident qu’on a appelé le Massacre de la farine.

Comme nous tous, Mme Elghawaby assiste quotidiennement au premier génocide télévisé de l’histoire de l’Humanité.

On aurait pu s’attendre à ce que Mme Elghawaby démissionne pour se dissocier des conséquences, pour les civils musulmans, de l’appui inconditionnel de son gouvernement à l’égard d’Israël ou, au moins, qu’elle exprime publiquement ma dissidence à ce sujet.

Pourtant, on ne l’entend pas.

Est-elle victime d’un bâillon imposé par Ottawa ? C’est possible.

Mais on peut également supposer que ce qui l’empêche de prendre la parole publiquement, ce sont ses vomissements répétitifs, elle si sujette aux nausées…

Paru depuis : Québec redemande la démission d’Amira Elghawaby (2024-09-13)

Complément de lecture : Le comportement des enfants de Gaza a beaucoup changé

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Un exemple du moralisme regrettable du Canada

Publié le 9 mars 2024 | Temps de lecture : 2 minutes

Le 6 mars dernier, le texte ‘La politique étrangère woke du Canada ou l’art de se peinturer dans le coin’ reprenait les reproches du politicologue Jean-François Caron à l’égard du gouvernement canadien.

Cela peut s’illustrer dans l’exemple suivant.

Après quelques jours d’hésitation, on annonçait hier la décision du Canada de rétablir son financement à l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

La décision canadienne de cesser ce financement avait provoqué, à juste titre, un tollé presque unanime. Voilà pourquoi nous saluons la décision de le rétablir.

Toutefois, en prenant finalement cette bonne décision, Ottawa ne pouvait pas s’empêcher d’ajouter, comme une mouche sur le potage :

Il faut avoir une tolérance zéro pour toute activité terroriste au sein des Nations unies et cela inclut l’UNRWA.

Comme si l’Onu avait tendance à s’adonner au terrorisme et que le Canada s’était donné la mission de l’avoir à l’œil.

Sur la scène internationale, le Canada n’est que le perroquet de son puissant voisin. Mais à force de voir les pays s’incliner devant des menaces dont il n’est que l’écho, le Canada surestime la puissance qu’il croit posséder.

Si le Canada souhaite de nouveau être élu au Conseil de sécurité de l’Onu, il devra cesser de donner des leçons blessantes à ceux qui ne les méritent pas.

Références :
L’aide humanitaire à Gaza : l’hypocrisie du Canada
Le gouvernement Trudeau confirme qu’il rétablit le financement de l’UNRWA

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Écrit par Jean-Pierre Martel


1653, l’année où Jeanne Mance sauva le Canada

Publié le 8 mars 2024 | Temps de lecture : 5 minutes


Avant-propos : Depuis quelques années, pour célébrer la Journée internationale des femmes (le 8 mars), ce blogue inverse ce jour-là la règle grammaticale selon laquelle le genre masculin l’emporte sur le genre féminin.

Mais comme dans le texte qui suit, il n’y a pas grand-chose à inverser, on retiendra l’à-propos de célébrer aujourd’hui la mémoire d’une géante de notre histoire.

À juste titre, Jeanne Mance est considérée comme co-fondatrice de Montréal, une ville où elle a œuvré et où elle est décédée en 1673.

Née en 1606, Jeanne Mance est issue de la bourgeoisie de robe; son père était procureur du roi à Langres (en Champagne). Il avait épousé la fille d’un confrère.

À l’époque, la population de la France était environ le double de la population actuelle du Québec. Si bien que dans le petit monde de la noblesse et la haute bourgeoisie, tout le monde connaissait à peu près tout le monde.

N’ayant peu d’inclinaison pour la vie religieuse ni pour le mariage, Jeanne Mance avait choisi de se consacrer aux soins des malades. Pour ce faire, elle s’occupait d’œuvres charitables.

Or sa famille dévote comptait plusieurs ecclésiastiques qui avaient séjourné en Nouvelle-France. Si bien qu’à leur retour, ils racontaient leur pénible traversée, les immenses paysages sauvages qu’ils ont vus, et les peuples étranges qu’ils ont rencontrés et qu’on appelait les ‘Sauvages’ (ce qui, à l’époque, qualifie les gens qui vivent dans les forêts).

Alors que l’élan missionnaire s’empare du milieu catholique français, Jeanne Mance décide elle aussi de tenter l’aventure.

Elle se rend à Paris en 1630 où elle rencontre, entre autres, Angélique de Bullion, veuve du surintendant des finances de France dont elle avait hérité de l’immense fortune.

Or cette dernière caressait l’idée d’établir un hôpital quelque part au Canada (le nom donné au XVIIe siècle à la vallée du Saint-Laurent).

À leur quatrième rencontre, Madame de Bullion demande à Jeanne Mance si elle souhaiterait réaliser son projet. Une proposition que celle-ci accepte.

À cette fin, elle se rend en 1641 à La Rochelle. C’est de ce port que partaient les bateaux pour la Nouvelle-France. Mais avant de partir, elle rencontre Paul de Chomedey de Maisonneuve, chef d’une expédition qui doit fonder une colonie sur l’ile du mont Royal (alors inhabitée).

Celui-ci se cherche une femme vertueuse et compétente pour gérer cette colonie. Enthousiaste, Jeanne Mance accepte cette responsabilité.

Cette rencontre détermine donc le lieu où Jeanne Mance œuvrera: Ville-Marie (soit, de nos jours, Montréal).

Après la construction d’une palissade et des cabanes en rondins (qui bientôt cèdent leur place à des maisons de bois plus confortables), Ville-Marie prend l’aspect d’un fort en bois.

Toutefois, en 1653, la situation de Ville-Marie devient précaire.

Quatre ans plus tôt, les Iroquois avaient détruit la Huronie (qui était située sur une péninsule au milieu des Grands Lacs).

Ces vastes étendues d’eau permettaient de transporter des marchandises sur de grandes distances en se fatiguant beaucoup moins que par voie terrestre.

En tant que peuple sédentaire et exportateur de maïs, les Hurons-Wendats jouissaient de l’amitié de nombreux autres peuples autochtones qui eux étaient nomades. Ce sont les fourrures obtenues en échange de maïs qui permettaient aux Hurons-Wendats d’être impliqués dans leur commerce.

La Huronie occupait donc une position stratégique dans ce commerce.

Rapidement, les Hurons-Wendats en étaient venus à fournir entre 50 % et 60 % des peaux de castor exportées vers la France.

Alors que l’étau se resserre sur Ville-Marie, menacée par les Iroquois, la population du fort n’est pas suffisante pour résister à une attaque de grande ampleur que les Iroquois pourraient déclencher.

Voilà pourquoi Jeanne Mance s’adresse à sa mécène pour lui demander de financer la venue d’une centaine d’hommes à Ville-Marie. Ce que Madame de Bullion accepte.

Jeanne Mance offre alors à De Maisonneuve la somme de 22 000 livres, correspondant littéralement à la valeur de 22 000 livres d’argent. Cette somme équivaut, de nos jours, à un million de dollars.

L’arrivée à Ville-Marie d’un grand nombre de personnes — parmi lesquelles Marguerite Bourgeoys — relancera la vigueur de la colonie et l’empêchera de connaitre le même sort que la Huronie.

Référence : La découverte de nouvelles archives révèle que Jeanne Mance a donné l’équivalent d’un million de dollars pour sauver Montréal en 1653

Compléments de lecture :
Gabriel Sagard en Huronie
Les Sauvages

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le pronom ‘madame’ est-il sexiste ?

Publié le 7 mars 2024 | Temps de lecture : 2 minutes

Lors de la rédaction du texte publié hier sur ce blogue, j’ai appris qu’une experte en sécurité nationale (Stephanie Carvin) déteste, au point de se mettre en colère, lorsqu’on utilise le pronom ‘madame’ pour la désigner.

On aurait pu penser que c’est parce que cette personne possède une identité de genre masculine. Or les photos d’elle sur l’internet montrent que ce n’est pas le cas.

Une deuxième explication pourrait être culturelle. Puisque Stephanie Carvin écrit son prénom sans accent — contrairement à ce que j’ai écrit originellement hier — présumons qu’elle est anglophone.

Or il est courant chez les Anglophones de s’appeler entre eux par leurs prénoms. Même lorsqu’ils ne se connaissent pas. Pour nous, Francophones, cette fausse familiarité nous apparait vulgaire. Mais pas à leurs yeux. Donc, il est possible que Stephanie Carvin tienne mordicus à ce qu’on l’appelle ‘Stephanie’.

Une troisième explication est qu’elle aurait vu le film ‘Madame Claude’ sur Netflix et s’imagine qu’en français, le pronom ‘madame’ désigne la propriétaire d’un bordel. Ce qui est inexact.

Une dernière hypothèse est qu’elle partage le préjugé largement répandu selon lequel ce pronom est sexiste parce qu’il fait référence à l’état civil alors que le pronom ‘monsieur’ ne le fait pas.

Voyons ce qui en est.

Il suffit de consulter un dictionnaire pour réaliser que le pronom ‘madame’ possède plusieurs sens.

Il peut, en effet, servir à désigner une femme mariée. Mais il peut aussi désigner toute personne de sexe féminin au-delà de l’adolescence. Ce peut être également un titre donné à une femme adulte, mariée ou non, appartenant à la noblesse ou exerçant une fonction (madame l’Inspectrice). Etc.

C’est pareil pour le pronom ‘monsieur’. Il désigne une personne adulte de sexe masculin. Tout comme, en résumé, ‘madame’ désigne une personne adulte de sexe féminin.

Seul, le pronom ‘mademoiselle’ indique réellement l’état civil. Il désigne généralement une personne célibataire, de sexe féminin, peu importe son âge. Dans la mesure où ce pronom n’a pas d’équivalent masculin, on peut le considérer comme sexiste.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La politique étrangère woke du Canada ou l’art de se peinturer dans le coin

Publié le 6 mars 2024 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

Québécois d’origine, Jean-François Caron est professeur de sciences politiques à l’université Nazarbayev du Kazakhstan.

Le 9 février dernier, il recevait l’invitation à se présenter à la séance du 14 février du Comité permanent des Affaires étrangères et du Développement économique de la Chambre des communes d’Ottawa.

Deux heures avant d’être entendu, M. Caron apprend de la greffière du comité que son nom a été retiré de la liste des personnes appelées à témoigner.

Pourquoi ?

C’est qu’une autre invitée, Stephanie Carvin — professeure de relations internationales à l’École des Affaires internationales Norman Paterson de l’université Carleton d’Ottawa — menaçait de ne pas se présenter si M. Caron n’était pas ‘désinvité’.

En principe, c’est le comité qui dresse la liste des personnes qu’il désire entendre. Si l’une d’elles déclare “C’est lui ou c’est moi”, le comité n’a pas à choisir entre les deux; il maintient ses invitations. Et si une personne décide de ne pas apparaitre, c’est son choix.

Mais le président libéral du comité en a décidé autrement.

Ce que M. Caron avait à dire

On trouvera sur le site de Libre-Média, le résumé de l’exposé que M. Caron s’apprêtait à présenter.

Dans l’entrevue qu’il a accordée à Stéphane Bureau, le professeur Caron précise ce qu’il aurait probablement ajouté en réponse aux questions.

Sa thèse est simple.

En 1995, le gouvernement de Jean Chrétien a présenté les piliers de la politique étrangère du Canada. Cette politique s’articule autour de trois axes :
• favoriser la prospérité au Canada par le biais du commerce et des échanges,
• contribuer à l’ordre international, et
• promouvoir les valeurs canadiennes.

Selon le professeur Caron, le troisième axe est devenu trop prédominant.

Le moralisme parfois bienvenu du Canada

À l’époque où l’apartheid était en vigueur en Afrique du Sud, c’est à l’initiative du Canada que ce pays a été expulsé du Commonwealth.

C’est également grâce au premier ministre Brian Mulroney que les membres de l’Onu ont décidé de ne plus vendre d’armement à ce pays. Un boycottage respecté par tous les pays sauf Israël.

De la même manière, les pays où l’excision était pratiquée ont été menacés d’être privés de l’aide du Canada s’ils ne réprimaient pas cette pratique au sein de leur population.

Par contre, les ‘valeurs canadiennes’ des gouvernements libéraux ne sont pas identiques à celles des gouvernements conservateurs. C’est ainsi que ces derniers ont retiré en Afrique le financement des ONG pro-choix au profit des ONG pro-vie. Un financement rétabli lorsque les Conservateurs ont perdu le pouvoir.

Le colonialisme moral du Canada

Le problème du Canada, c’est qu’il tient un discours moralisateur et menaçant qui est perçu dans les pays du Sud global comme une tentative de présenter leurs mœurs et leur culture traditionnelle comme arriérées.

Le Canada ne peut pas espérer se faire des amis en les insultant. Voilà pourquoi la diplomatie canadienne est dans un état pitoyable.

Malgré les progrès accomplis, les pays africains et asiatiques sont encore des pays à la fois misogynes, et répressifs à l’égard des minorités sexuelles.

Dans les pétromonarchies, l’homosexualité est punissable de la peine de mort. Et les mariages arrangés prévalent non seulement dans les pays musulmans, mais également dans presque tous les pays asiatiques.

Présentée comme la plus populeuse démocratie du monde, l’Inde est toujours un pays où les femmes sont victimes de viols d’une brutalité extrême.

Dans ce pays, il n’est pas rare qu’une femme soit la proie d’un viol collectif; après l’acte, la victime est étranglée, sa dépouille est brulée et son corps calciné est jeté dans un fossé ou sous un viaduc comme une ordure.

La théorie de genre

Il y a quatre jours, le texte Le wokisme et la paix ironisait au sujet d’un communiqué annonçant de nouvelles mesures d’aide à l’Ukraine.

Ce que le blogue évitait de dire, c’est que ce communiqué n’a pas été publié par le ministère des Affaires étrangères ni par le ministère de la Défense (comme on aurait pu s’attendre), mais rédigé et publié par le bureau du premier ministre.

C’est donc à dire que le wokisme prévaut au sommet de l’État canadien.


 
D’autre part, ce n’est pas pour rien que 85 % de la population mondiale vit dans des pays qui refusent de s’impliquer dans la guerre russo-ukrainienne.

Ces pays sont sensibles à la propagande de la Russie qui se présente comme la Troisième Rome (après Constantinople), victime d’une guerre civilisationnelle au cours de laquelle elle subit l’assaut des barbares décadents de l’Occident.

Les pays du Sud global se sentent beaucoup plus proches des valeurs traditionnelles et conservatrices de la Russie — la foi, la patrie, la famille et le travail — que des nôtres.

Et quand ces pays du Sud global regardent ce qui se passe dans la bande de Gaza, ils assistent au premier génocide télévisé de l’Histoire de l’humanité.

Un génocide auquel le Canada participe en aidant l’armée israélienne à rapatrier ses soldats de l’Étranger sur les ailes de l’Aviation royale canadienne, en vendant des armes à Israël et en favorisant la famine des Gazaouis en coupant les vivres à l’UNRWA.

Face à l’effondrement moral de l’Occident, le Canada peut bien tenter de se présenter comme le modèle messianique de la Vertu, il ne convainc personne.

Conclusion

Même si j’éprouve des réserves sérieuses quant aux exemples que donne le professeur Caron pour soutenir sa thèse, je suis d’accord avec elle quant au fond.

Le Canada a perdu son influence sur la scène internationale en raison d’une politique étrangère moralisatrice dans un monde où l’ordre mondial établi au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale craque de partout.

En somme, la politique extérieure du Canada devrait se recentrer sur la défense des intérêts canadiens.

Pour terminer, laissons le mot de la fin au journaliste Philippe Sauro-Cinq-Mars, résumant la thèse du professeur Caron :

L’avènement d’un monde multipolaire, où des pays aux sociétés demeurées très traditionnelles possèdent un immense pouvoir, rend définitivement caduques des politiques idéalistes fondées seulement sur la coopération internationale et la moralisation du tiers-monde.

Références :
Droits des personnes LGBT+ : l’homophobie est devenue, dans le Sud global, un instrument d’opposition à l’Occident
L’aide humanitaire à Gaza : l’hypocrisie du Canada
Le Comité permanent des affaires étrangères refoule un professeur invité pour une allocution qui s’était déplacé depuis le Kazakhstan
Le wokisme est entré au parlement canadien (vidéo)
Résumé de la présentation de M. Caron

Paru depuis : Droits des personnes LGBT+ : l’homophobie est devenue, dans le Sud global, un instrument d’opposition à l’Occident (2024-06-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel