Le travail des jeunes écoliers

Publié le 11 février 2023 | Temps de lecture du texte : 7 minutes

Introduction

D’ici deux mois, le gouvernement de la CAQ compte présenter un projet de loi destiné à encadrer et à limiter le travail des jeunes.

Son but est d’éviter que le travail incite au décrochage scolaire.

À l’heure actuelle, dès l’âge minimal de quatorze ans, les jeunes peuvent travailler à la condition du consentement écrit de leurs parents et que les heures travaillées se déroulent, ni durant les heures de cours, ni entre 23h et 6h du matin.

Personne ne s’opposera à ce que la loi soit améliorée pour devancer (à 22h par exemple), l’heure où le travail des jeunes doit cesser; compte tenu du temps pour rentrer chez soi, il n’est pas normal qu’au début de l’adolescence, on se couche à minuit ou à 1h du matin.

Une étude récente de l’université Sherbrooke révèle que dès l’âge de onze ans, plus de la moitié des écoliers travaillent.

Le taux de chômage au Québec — actuellement le plus faible au pays — et la pénurie généralisée de main d’œuvre se prêtent à ce que des employeurs recrutent des jeunes pour des tâches demandant une main d’œuvre non qualifiée.

À l’Assemblée nationale

Plus tôt cette semaine, le représentant de ma circonscription (Hochelaga-Maisonneuve) s’est inquiété à l’Assemblée nationale de l’augmentation importante du travail des jeunes inscrits aux premières années du secondaire.

Après avoir invité le ministre du Travail du Québec à résister aux pressions des restaurateurs et des détaillants en procédant à la rédaction de son projet de loi, le député Alexandre Leduc (de Québec Solidaire) a adressé au ministre la question suivante :

« [Au sujet de…] ses hausses ridicules de salaire minimum, le ministre disait toujours qu’il ne fallait pas trop que ça soit haut parce que cela allait inciter trop de jeunes à prioriser le travail avant les études. Bien là, on a un salaire minimum ‘poche’ (sic) et une explosion incontrôlée du travail des jeunes. Est-ce que le ministre est conscient que lui, il est aux commandes [et qu’] il est en train de présider à un phénomène sans précédent de ‘massification’ et de normalisation du travail des adolescents de 10, 11, 12, 13, 14 ans ? »


Note personnelle : mon premier emploi était comme servant de messe, rémunéré au montant forfaitaire de cinq cents la messe, mais bientôt doublé à dix cents. Je devais avoir huit ou neuf ans. J’ai beaucoup aimé.

Le ton alarmiste du député au sujet d’un projet de loi que personne n’a encore vu est inapproprié. On ne parle pas ici de revenir au XIXe siècle alors que des enfants travaillaient dans des mines. Ni à l’époque où des gérants d’usine frappaient leurs subalternes ou harcelaient leur personnel féminin pour qu’il consente à leurs avances.

Tout le monde s’entend pour dire que la place des jeunes est à l’école. De plus, les écoliers doivent consacrer le temps qu’il leur est nécessaire pour faire leurs devoirs à domicile.

Les risques

Le travail des jeunes ne doit pas les inciter à abandonner leurs études. Voilà pourquoi le projet de loi du gouvernement devrait obliger un employeur à congédier tout jeune qui quitte prématurément l’école.

De plus, on doit éviter d’exposer indument les jeunes aux accidents de travail.

Soyons clairs : le risque zéro n’existe pas. De nos jours, même aller à la garderie peut s’avérer mortel.

Un jeune encourra toujours un risque plus grand de blessure au travail que s’il était demeuré chez lui à pitonner sur sa console vidéo, étendu sur le sofa du salon.

De la même manière, un adolescent risquera toujours de glisser l’hiver sur un trottoir mal déglacé en livrant les journaux à domicile. Comme cela pourrait lui arriver en se rendant à l’école.

Si on accepte qu’un adolescent puisse se blesser au hockey ou en descendant une piste de ski, il faudra accepter les risques raisonnables reliés à un emploi peu dangereux.

Les avantages

Qui peut s’opposer à ce que nos jeunes passent moins de temps devant les écrans de leurs appareils mobiles si cela est remplacé par du temps à épauler des camarades de travail et à servir la clientèle ?

Selon l’étude de l’université de Sherbrooke cité par le député (mais qu’il ne semble pas avoir lu), l’augmentation du travail des jeunes observée récemment s’est accompagnée d’une amélioration de leur santé mentale.

Sans prouver de relation de cause à effet, cette étude montre également une association entre le temps plus grand que les fillettes passent devant l’écran de leur appareil mobile et la prévalence d’idées noires, voire suicidaires.

Une étude américaine effectuée chez 212 913 jeunes de 12 à 17 ans a révélé chez eux une augmentation importante du taux de dépression majeure entre 2005 à 2017, soit avant le confinement pandémique. Ce taux est passé au cours de cette période de 8,7 % à 13,2 %.

Compte tenu du fait que le premier iPhone date de 2007 et que le premier iPad date de 2010, les chercheurs ont émis l’hypothèse d’une corrélation entre la généralisation de l’usage de ce type d’appareil et l’augmentation de la dépression alors qu’il est prouvé que cette généralisation s’est accompagnée d’une diminution du temps consacré au sommeil.

En effet, leurs écrans émettent beaucoup de lumière bleutée. Ce qui diminue d’autant la sécrétion de la mélatonine par le cerveau.

On peut présumer qu’à l’inverse, toute activité physique reliée au travail favoriserait le sommeil et du coup, diminuera la dépression chez les jeunes si et seulement si le temps travaillé se fait au dépens du temps passé passivement à regarder des images sur un périphérique mobile.

Voilà pourquoi ce projet de loi devrait obliger le mineur à laisser son téléphone en consigne lorsqu’il travaille. En cas d’urgence, ses parents (par exemple) pourraient le contacter par le biais du téléphone de l’employeur. Ce serait alors un bon moyen de sevrer nos jeunes de la dépendance aux écrans.

Et ce, sans compter l’effet positif du travail contre la sédentarité et contre la dépréciation de l’image de soi qui accompagne souvent l’obésité dans un monde où la minceur est valorisée.

À partir du moment où on est parfaitement libre de le quitter, il faut voir le travail comme une expérience enrichissante qui favorise l’adoption, chez les jeunes, de meilleures habitudes de vie.

Références :
Âge minimum pour travailler : un projet de loi qui ne fait pas l’unanimité
Age, Period, and Cohort Trends in Mood Disorder Indicators and Suicide-Related Outcomes in a Nationally Representative Dataset, 2005–2017
Enquête sur la santé psychologique des 12-25 ans
Lumière bleue et dégénérescence maculaire
Plus de la moitié des jeunes Québécoises vivent anxiété ou dépression
Québec déposera un projet de loi sur le travail des enfants en début d’année
Tragédie à Laval : l’heure est au recueillement
Un phénomène qui existe depuis des décennies : le travail des enfants au Québec

Parus depuis :
Social Media is a Major Cause of the Mental Illness Epidemic in Teen Girls. Here’s the Evidence (2023-02-22)
Pénurie de main-d’oeuvre: de plus en plus de jeunes travaillent dès l’âge de 12 ans (2023-03-04)

Complément de lecture : Le temps d’une messe

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le sondage woke de la ville au sujet de la sécurité piétonnière

Publié le 10 février 2023 | Temps de lecture du texte : 4 minutes


L’administration Plante procède actuellement à un sondage visant à savoir à quel point les piétons sentent qu’il est facile, confortable et sécuritaire de traverser les rues de Montréal.

Les premières questions servent à recueillir l’identité du répondant (prénom, nom et courriel). Il s’agit donc d’un sondage nominatif (et non anonyme).

Pourtant, à la 36e question, ce répondant — dont on connait l’identité — est invité à révéler à la ville son orientation sexuelle. De plus, on lui demande sa ‘race’ et son origine ethnique (Note : on pourra cliquer sur l’image ci-contre pour l’agrandir).

De tout le sondage, c’est la seule question qui permet de cocher plusieurs réponses.

Même s’il est possible de cocher ‘Je refuse de répondre’, on se demande pourquoi la ville tente de connaitre les préférences sexuelles du répondant (LGBTQ2+), sa ‘race’ (Autochtone, minorité ‘visible’), et son statut ethnique.

À la limite, on pourrait justifier la demande de préciser s’il est né hors du pays si les feux de circulation possédaient un aspect qui variait d’un pays à l’autre. Ce qui n’est pas le cas; qu’il s’agisse des feux de circulation pour automobilistes, pour piétons ou pour cyclistes, c’est tout fait en Chine. Donc c’est pareil.

Alors revenons à la question 36.

Peu importe l’orientation sexuelle, la coloration de la peau ou l’origine ethnique, les piétons sont sujets aux mêmes risques, liés à quatre causes :
• l’excès de voitures dans nos rues,
• les angles morts des camions et des véhicules utilitaires,
• l’excès de vitesse, et
• le temps trop court réservé à la traversée des piétons.

Dans l’immense majorité des cas — en fait, à l’exclusion des attentats terroristes et de la rage au volant — aucun automobiliste ne le fait exprès pour tuer un piéton. Du coup, personne ne cible des piétons en raison de leur langue ou de la couleur de leur peau. Encore moins en fonction de leur orientation sexuelle.

Alors pourquoi poser la question ?

Cette manie de contribuer à ce que la pigmentation de la peau soit un facteur identitaire est typique du racisme américain.

Rappelons par exemple, que de 1930 à la présidence d’Obama, les personnes dites ‘de couleur’ devaient cocher la case ‘N…’ aux recensements fédéraux (ci-contre).

Le sondage de la ville est atteint par cette peste sociologique liée à l’obsession multiculturaliste de la ‘race’, de l’ethnie, ou de la tribu.

La seule case pertinente à la question 36 est celle relative aux personnes en situation de handicap puisqu’évidemment, la traversée des rues leur pose un problème particulier.


 
Au-delà de son caractère woke, ce qui frappe dans ce sondage, c’est l’importance démesurée qu’il accorde au marquage au sol; huit des 38 questions cherchent à savoir l’opinion du répondant quant au genre de lignes blanches qui balisent le mieux les traverses de piétons (photos ci-dessus).

Comme si la ville croyait protéger les piétons avec de la peinture.

De la même manière, la question No 8 porte sur les petites caméras de surveillance qui n’entrainent aucune contravention.

Le fiasco des voitures prisonnières sur l’autoroute 13 pendant des heures au cours d’une tempête de neige prouve qu’elles ne donnent rien; des préposés voient leurs images, mais personne n’agit.

Finalement, la question 32 demande aux répondants de préciser les aménagements qu’ils considèrent comme exemplaires, ici ou ailleurs, et d’expliquer pourquoi.

En d’autres mots, au lieu de demander aux répondants de choisir, à l’aide de photos, l’aménagement qu’ils jugent exemplaire, la ville pose ici une question ouverte à laquelle on ne peut répondre que si on connait déjà des exemples à travers le monde.

Bref, l’amateurisme de ce sondage est une preuve supplémentaire du peu de considération que la ville accorde à la sécurité des piétons et de son obsession woke au sujet de l’identité sexuelle, ethnique et ‘raciale’ de ses citoyens.

Références :
Autoroute 13 : un tourbillon d’appels à la SQ lors de la fameuse tempête de mars 2017
L’invention des races humaines
L’obsession américaine de la ‘race’

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La grenadelle

Publié le 7 février 2023 | Temps de lecture du texte : 1 minute



 
Originaire des Andes, entre la Bolivie et la Colombie, la grenadelle (ou grenadille sucrée) est un fruit ovoïde qui fait partie des fruits de la passion.

Une fois mûr, il est orange moucheté de beige, haut de 6,5 à 8 cm et de 5 à 7 cm de diamètre.

Sous une enveloppe coriace et cassante, un revêtement souple protège des billes gélatineuses et opalescentes qui renferment des graines allongées.

Il se mange en écrasant sa pulpe entre la langue et le palais, sans croquer ses graines amères.

Sa saveur subtile rappelle celle de la poire, avec un soupçon de pêche.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2
1re photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 25 mm
2e  photo : 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le témoignage de Mme Lambropoulos justifie une enquête policière

Publié le 6 février 2023 | Temps de lecture du texte : 3 minutes

Ce qui retient l’attention dans l’actualité récente, c’est le témoignage de la députée libérale Emmanuella Lambropoulos devant le comité qui étudie le projet de loi fédéral C-13 sur la réforme de la Loi sur les langues officielles.

Celle-ci a révélé le cas d’une citoyenne anglophone de sa circonscription à qui on a refusé des services médicaux en anglais.

Selon la députée, une médecin soignante dispensait ses soins en anglais avant l’adoption de la loi 96 du Québec (qui vise à renforcer la Loi 101) mais ne le fait plus par crainte d’une plainte si elle parle une langue autre que le français dans l’exercice de sa profession.

Lorsque la loi 96 n’était encore qu’à l’état de projet de loi, le ministre Simon Jolin-Barette avait tenu compte des craintes libérales à ce sujet et fait ajouter expressément une disposition qui garantit la fourniture de soins de santé en anglais aux angloQuébécois.

Si la députée libérale dit vrai, il s’agit non seulement d’une violation de la loi 96, mais également de la Charte québécoise des droits et libertés. De toute évidence, cela justifie la tenue d’une enquête policière à ce sujet.

On s’attend à ce que la députée libérale collabore à cette enquête dont le but sera de protéger les droits des angloQuébécois.

Évidemment, elle pourrait être réticente à révéler le nom de la patiente dont les droits ont été brimés. Mais elle a l’obligation de dénoncer la docteure qui a violé la loi. Quitte à ce qu’on émette une citation à comparaitre si la députée hésite à témoigner contre une professionnelle de sa circonscription.

Mais…

S’il s’avère que tout cela est un canular démagogique inventé par Ottawa pour braquer les angloQuébécois contre la loi 96, cette enquête révèlera jusqu’où le colonialisme canadian peut s’abaisser pour tenter de faire obstacle à notre volonté de protéger notre langue et notre culture.

Références :
Emmanuella Lambropoulos revient à la charge avec des propos controversés
La libérale Emmanuella Lambropoulos veut quitter le comité des langues officielles

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Guerre russo-ukrainienne et neutralité du tiers-monde

Publié le 5 février 2023 | Temps de lecture du texte : 4 minutes


 
Environ 85 % de la population mondiale vit dans des pays qui n’ont pas adopté de sanctions contre la Russie et qui refusent de s’impliquer (en vert sur la carte). Non pas que ces peuples approuvent l’invasion russe, mais ils croient que c’est une guerre qui ne les concerne pas.

Un sondage de la firme Pew effectué du 18 au 24 janvier 2023 révèle qu’aux États-Unis, de mars 2022 à janvier 2023, la proportion des électeurs républicains qui estiment que leur pays en fait trop pour l’Ukraine est passée de 9 à 40 % alors que chez les électeurs démocrates, elle est passée de 5 à 15 %. Dans l’ensemble du pays, le changement est de 7 à 26 %.

Plus intéressante est l’appréciation de la dangerosité de cette guerre.

En mars 2022, la moitié seulement des adultes américains — peu importe leur allégeance politique — percevaient cette invasion comme un danger majeur pour les intérêts de leur pays.

Le mois dernier, l’opinion des Démocrates avait un peu diminué, passant de 50 à 43 % alors que chez les Républicains, elle chutait de 51 à 29 %.

Dans l’ensemble de la population américaine, ce pourcentage est passé de 50 à 35 %. Pour un nombre croissant d’Américains, la difficulté rencontrée par l’armée de la Russie à faire la conquête de l’Ukraine suggère qu’on a peut-être exagéré la dangerosité militaire de ce pays pour l’Occident.

Depuis son accession au pouvoir en 1999, la popularité de Vladimir Poutine a varié grandement, surtout au début de son régime. Mais depuis 2000, elle fluctue entre 61 et 84 %, avec, actuellement, un des sommets de popularité, soit 81 % en décembre dernier.

Au XXe siècle, une bonne partie de la population des pays en voie de développement reprochait aux pays occidentaux leur passé colonial et leur gestion brutale des affaires mondiales tout au cours de ce siècle.

Vue comme allié des classes populaires, la Russie jouissait d’un préjugé favorable. Toutefois, ces populations étaient rebutées par les valeurs russes, que ce soit sa laïcité ou le droit des femmes d’exercer des métiers non conventionnels.

Depuis quelques décennies, les valeurs morales de l’Occident — la défense des droits des minorités sexuelles, le respect de l’identité de genre indépendante de l’identité sexuelle — font en sorte que la grande majorité des pays en voie de développement ne voient plus l’Occident comme un modèle à imiter.

Par exemple, la décision de l’armée canadienne de permettre aux soldats non binaires de sexe masculin de se maquiller, de porter des faux cils, du vernis à ongles et une jupe, suscite la risée.

On apprécie donc la technologie occidentale, mais on estime que l’insistance des pays riches à faire changer les lois qu’ils jugent arriérées comme une nouvelle forme de colonialisme.

Depuis l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine, la Russie affiche un conservatisme à la fois religieux et moral — notamment par son homophobie et son machisme — qui rejoint les valeurs traditionnelles des pays du tiers-monde.

Puisque les mentalités évoluent beaucoup plus lentement que les lois, ces pays ont beau se soumettre aux dictats américains, leur population résiste à ces changements et refuse d’endosser la propagande occidentale contre la Russie, un pays qui leur semble plus respectueux de leur culture et de leurs traditions.

Références :
As Russian invasion nears one-year mark, partisans grow further apart on U.S. support for Ukraine
Do you approve of the activities of Vladimir Putin as the president (prime minister) of Russia?
L’inclusion et la diversité au fédéral

Paru depuis :
Pourquoi les pays du Sud sont ambivalents face à la guerre en Ukraine (2023-04-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le ministre Roberge et la défense homéopathique du français

Publié le 4 février 2023 | Temps de lecture du texte : 5 minutes

Introduction

J’éprouve à l’égard du ministre Jean-François Roberge un sentiment ambivalent.

D’une part, c’est un homme brillant et un communicateur excellent qui ne perd jamais son sang-froid. Même quand il élève le ton, c’est généralement une colère froide, soigneusement réfléchie.

Mais d’autre part, c’est aussi quelqu’un qui ment comme il respire.

Souvenons-nous du protocole-bidon destiné à mesurer le taux de CO₂ dans les écoles et qui, selon lui, avait été approuvé par la Santé publique (ce que celle-ci avait démenti).

À l’Assemblée nationale, pas un battement de cils ne trahissait son effronterie.

En devenant ministre de la Langue française, c’était pour lui l’occasion de repartir à neuf. De se créer une nouvelle réputation.

Le retour à la case départ

Personne ne peut douter de la sincérité de son prédécesseur, Simon Jolin-Barrette, à défendre le français au Québec.

En dépit de cela, j’ai eu l’occasion de critiquer sévèrement sa loi 96, une loi que la CAQ mit trois ans à faire adopter et qui, à sa face même, était très insuffisante.

Dès son arrivée en fonction, voilà le nouveau ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, annoncer qu’il entreprend un grand chantier au sujet du français au Québec.

Quel chantier ?

L’image qui nous vient à l’esprit lorsqu’un parle d’un chantier, c’est celle d’un terrain généralement clôturé sur lequel des ouvriers portant un casque protecteur et des souliers blindés versent du ciment dans un coffrage, scient, clouent, assemblent. Bref, des gens qui travaillent et qui suent. C’est ça, un chantier.

Mais derrière cette appellation, ce que le ministre appelle ‘chantier’, c’est la création d’un groupe consultatif appelé Groupe d’action (sic) pour l’avenir de la langue française. Bref, des gens qui s’assoient et qui placotent.

Ce qu’on comprend, c’est que la défense caquiste du français ne coutera pas cher de désodorisant.

En définitive, après cinq ans de pouvoir, la CAQ est à court d’idées. Et pour qu’on ne s’en rende pas compte, son ministre de la Langue française a décidé de faire diversion.

La récolte des idées

Actuellement, le parti dont le programme est le plus étoffé quant à la défense du français, c’est le Parti Québécois. Cela n’a rien d’étonnant; c’est le parti qui a fait adopter la Loi 101.

En politique, pirater les idées des autres est de bonne guerre.

Voilà pourquoi le gouvernement libéral de Philippe Couillard s’est abondamment inspiré du programme de la CAQ (malheureusement en y pigeant ce qu’il y avait de pire) et a même accueilli dans ses rangs des transfuges comme Dominique Anglade et Gaétan Barrette.

Et pour lui remettre la politesse, la CAQ a accueilli dans ses rangs Marguerite Blais, la ministre libéro-caquiste des Ainés. Celle qui a regardé le film du Covid-19 dans les CHSLD en mangeant du popcorn.

Pourquoi se presser ?

En analysant l’évolution de la démographie linguistique du Québec depuis quinze ans, on peut voir que de 2016 à 2021, l’anglicisation du Québec s’est accélérée.


 
Depuis quinze ans, le pourcentage des parents qui élèvent leurs enfants à la fois en français et en anglais est passé de 1,6 % à 16,6 % sur l’ile de Montréal, et de 1,3 % à 13,5 % dans l’ensemble de l’agglomération métropolitaine. Surtout de 2016 à 2021.

Pour ‘louisianiser’ une famille, cela prend cinq générations. La première est francophone et connait de l’anglais juste ce qu’il lui faut pour se débrouiller. La deuxième est bilingue. La troisième parle généralement anglais mais réussit à comprendre grosso modo ce que disent ses grands-parents. Et la génération suivante est anglophone.

La deuxième étape de notre ‘louisianisation’ est entamée. Et on peut en mesurer l’ampleur. Elle sera complétée dans une décennie si rien de significatif n’est fait par le gouvernement du Québec.

Or le ministre Roberge nous annonce maintenant quatre années supplémentaires d’attente, de réflexion, de consultation et de ‘campagnes de sensibilisation’ dans des médias francophones (ceux que ne consultent jamais ceux qui sont en voie d’assimilation à l’anglais).

Que dirait-on de pompiers qui, alertés d’un début d’incendie, choisiraient de se réunir autour d’une table pour élaborer un plan d’action concret destiné à être présenté au prochain congrès national des pompiers qui doit se tenir justement dans l’édifice en feu…

C’est ça, le programme de la CAQ au sujet de la défense le français; un show de boucane.

Références :
Anglicisation du Québec : l’omelette de la loi 96
Le défilé des Rhodésiens
Le PQ et la francisation des immigrants
Québec lance un grand chantier pour protéger le français

Parus depuis :
Italian government seeks to penalize the use of English words (2023-04-01)
Ottawa a versé des milliards pour l’anglais au Québec (2023-11-27)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Amira Elghawaby : la pitbull antiquébécoise d’Ottawa

Publié le 2 février 2023 | Temps de lecture du texte : 8 minutes

Être antimusulman ou être islamophobe

L’Islam est une religion qui comporte deux courants principaux; sunnisme et le chiisme. La version rigoriste de l’islam sunnite est le wahhabisme.

D’abord limitée à quelques tribus nomades de la péninsule arabique, cette secte intégriste, misogyne et salafiste prit de l’importance quand l’Arabie fut créée en 1932 à l’occasion du démantèlement par les puissances occidentales de l’Empire ottoman et quand la Grande-Bretagne confia ce nouveau pays à la dynastie des Saoud (dont le wahhabisme était la religion). D’où le nom d’Arabie saoudite.

Promu au rang de religion d’État, le wahhabisme s’est lentement propagé à travers le monde grâce aux milliards de dollars que la dictature saoudienne consacre annuellement à sa promotion.

Le wahhabisme prétend être la seule vraie religion musulmane. Du coup, les imams inféodés à son idéologie — notamment ceux dont la mosquée a été construite grâce à des fonds saoudiens — estiment que toute critique du wahhabisme est de l’islamophobie.

Car le mot islamophobie est ambigu. D’une part, il peut signifier la peur ou l’hostilité à la religion musulmane et d’autre part, la peur ou la haine à l’égard de ceux qui la pratiquent.

Jouant sur cette ambigüité, le gouvernement canadien à proclamé en 2021 que la date du 29 janvier serait la Journée nationale de commémoration de l’attentat à la mosquée de Québec et d’action contre l’islamophobie.

Il est clair que l’attentat terroriste de Québec doit être condamné dans les termes le plus vifs et que la proclamation d’une journée rappelant ce triste évènement est une bonne décision.

Mais au lieu d’avoir fait également de cette journée une condamnation plus générale de la haine contre les Musulmans canadiens — une condamnation qui aurait fait consensus — Ottawa a préféré susciter la réprobation de toute critique à l’égard de la religion musulmane (dont l’idéologie haineuse qu’est le wahhabisme).

À la Révolution, la France fut le premier pays au monde à légaliser le blasphème, dont le droit de tenir des propos qui offensent les croyances religieuses des autres. Deux siècles plus tard, en consacrant le 29 janvier à la lutte contre l’islamophobie, le Canada chemine dans le sens opposé de l’Histoire.

L’influence grandissante du wokisme américain

Bochra Manaï — nouvelle commissaire du Bureau de lutte contre le racisme et les discriminations systémiques créé en 2021 par la mairesse Valérie Plante — estime en effet que toute critique de l’Islam est de l’islamophobie.

À l’instar de Montréal, Ottawa a créé en juin 2022 le poste de représentant spécial de la lutte contre l’islamophobie auprès du premier ministre canadien.

Après un appel de candidatures, c’est la militante et activiste Amira Elghawaby — renommée pour son dénigrement incessant du peuple francoQuébécois — qui fut choisie le 26 janvier dernier. À ce titre, elle recevra un salaire annuel compris entre 162 700 $ et 191 300 $.

Rappelons qu’il y a huit mois, Joseph Heath, professeur de philosophie de l’Université de Toronto, publiait un commentaire selon lequel les Canadiens français avaient été, selon lui, le plus important groupe de victimes du colonialisme britannique au Canada.

Encore de nos jours, quatre-millions de francoQuébécois unilingues sont victimes de discrimination à l’embauche puisque la fonction publique fédérale n’en embauche jamais (sauf pour vider les corbeilles, laver les chiottes ou nettoyer les vitres).

Mais cette défense du peuple francoQuébécois par le professeur Heath — qui nous fait passer du statut de peuple oppresseur (parce que ‘Blancs’) à celle de peuple opprimé (parce que conquis et dépossédés) — est une hérésie selon l’idéologie woke américaine, pour qui tous les ‘Blancs’ sont des oppresseurs.

En réplique au professeur Heath, Mme Elghawaby a avoué qu’à la lecture de son commentaire, elle avait eu envie de vomir tellement sa révulsion était grande.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la nouvelle conseillère du premier ministre canadien ne connait pas grand-chose de l’histoire de notre pays.

Une constitution imposée à la colonie québécoise

Mme Elghawaby serait probablement incapable d’expliquer comment l’ethnie dominante du pays a pu adopter sans nous une nouvelle constitution canadienne à la suite d’une ultime séance de négociation tenue secrète et à laquelle nous n’étions pas invités…

L’explication est pourtant simple; le Canada est une puissance coloniale qui, à la différence des autres, ne possède pas ses colonies sous les tropiques. Celles-ci sont plutôt incrustées dans son territoire; ce sont des dizaines de réserves indiennes régies par un apartheid juridique et le Québec dont on favorise l’anglicisation par le moyen de l’immigration non francophone.

Le multiculturalisme

Née dans les intrigues et la fourberie, cette constitution consacre le multiculturalisme, c’est-à-dire le tribalisme des peuples anglo-saxons. Effectivement, cette idéologie vise à exacerber l’appartenance à sa ‘tribu’ en tant que facteur identitaire.

Cette obsession tribale est telle que le chef du Nouveau Parti démocratique n’hésite pas à qualifier Mme Elghawaby de femme racisée. Mais de quelle ‘race’ parle-t-il ?

En vertu du multiculturalisme, chacune des ‘communautés culturelles’ du pays est alors centrée sur ses intérêts propres, perdant de vue l’intérêt général de la société dans laquelle elle évolue.

C’est ainsi que pour Mme Elghawaby, le summum de la persécution religieuse au Canada est le cas de quelques dizaines de Musulmanes à qui on demande de retirer, dans l’exercice de leur métier d’enseignantes, les manifestations extérieures de leur foi. Comme on le fait pour tous les enseignants. Et comme c’est l’usage dans de nombreux pays européens, dont la France.

Pour Mme Elghawaby, cette discrimination est un scandale. Par contre, la discrimination à l’embauche exercée contre nous par la fonction publique fédérale la laisse indifférente puisque nous n’appartenons pas à sa tribu.

Conclusion

Les peuples européens ont consenti avec enthousiasme aux expéditions coloniales de leurs pays respectifs parce qu’on a prétendu qu’elles visaient à apporter les lumières de la civilisation à des contrées lointaines.

Notamment, la traite des ‘Noirs’ et le pillage des richesses africaines se sont opérés sous le couvert de la déshumanisation des peuples africains et du mépris pour leurs cultures.

De la même manière, la population anglocanadienne sera d’autant plus hostile aux moyens que nous prenons pour protéger notre culture et notre langue qu’elle estimera que l’anglicisation du Québec est un phénomène positif qui consistera à remplacer un peuple jugé arriéré et incapable de s’adapter au monde moderne.

Mme Elghawaby est la personne idéale pour y contribuer. Le zèle qu’elle a manifesté pendant des années à traiter les Québécois de racistes dénote une conviction profonde et sincère dont Ottawa espère tirer profit dans la lutte idéologique qu’il mène afin d’amener les Québécois à partager l’idéologie tribale que représente le multiculturalisme canadien.

On a tort de penser que la nomination de Mme Elghawaby est une erreur de jugement de Justin Trudeau. Ce dernier connaissait bien ses positions clivantes antérieures. Mais il a besoin de pitbulls comme elle pour défendre idéologiquement la constitution illégitime dont son père a doté le pays.

Références :
Amira Elghawaby s’excuse, mais c’est insuffisant, dit Québec
Analyse de la haine antimusulmane au Québec
Calife
Funérailles montréalaises de trois des victimes de l’attentat de Québec
«I want to puke»
Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes
Proclamation demandant de faire du 29 janvier de chaque année la Journée nationale de commémoration de l’attentat à la mosquée de Québec et d’action contre l’islamophobie
Quatre-millions de Québécois victimes de discrimination à l’embauche
Québec solidaire sur la défensive dans l’affaire Elghawaby
Wahhabisme

Paru depuis : Association musulmane du Canada : des liens « troublants » avec un réseau de soutient du Hamas (2023-11-13)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : évolution depuis vingt-cinq mois

Publié le 1 février 2023 | Temps de lecture du texte : 2 minutes

Voici la liste des pays les plus durement affectés par la pandémie au Covid-19.

À titre comparatif, cette liste est complétée par le cas de quelques pays d’Extrême-Orient.

Ont été exclus de cette liste, les pays de moins d’un million d’habitants.

Tableau comparatif des pays les plus atteints en nombre cumulatif de morts par million d’habitants au premier janvier de 2021 et de 2022, de même qu’au premier jour de janvier et de février 2023.

Pays Jan’21 Jan’22 Jan’23 Fev’23
Pérou 1136 6022 6479 6500
Bulgarie 1099 4510 5568 5578
Hongrie 1002 4072 5048 5067
Bosnie-Herzég. 1249 4136 4994 5003
Macédoine du N. 1205 3825 4619 4632
Croatie 968 3091 4337 4405
Géorgie 634 3484 4258 4265
Rép. Tchèque 1093 3369 3924 3941
Slovaquie 412 3050 3814 3836
Lithuanie 588 2777 3564 3586
Roumanie 826 3086 3540 3551
Grèce 469 2015 3371 3454
Slovénie 1312 2692 3372 3396
États-Unis 1074 2537 3339 3388
Lettonie 343 2467 3332 3363
Chili 868 2022 3283 3315
Brésil 916 2882 3222 3237
Pologne 766 2582 3141 3146
Italie 1235 2279 3064 3100
Trinité-et-Tobago 91 2050 3045 3076
Royaume-Uni 1089 2174 2904 2981
Moldavie 746 2558 2973 2978
Arménie 953 2684 2933 2933
Belgique 1681 2429 2848 2876
Argentine 954 2558 2828 2835
Colombie 850 2515 2760 2767
Paraguay 315 2289 2696 2713
Russie 394 2121 2701 2710
Ukraine 428 2217 2564 2571
Portugal 685 1869 2536 2566
Espagne 1087 1911 2506 2535
Mexique 971 2286 2517 2525
France 991 1891 2470 2505
Tunisie 398 2131 2431 2433
Autriche 693 1514 2365 2393
Suède 861 1498 2197 2275
Estonie 180 1459 2159 2203
Uruguay 55 1767 2163 2176
Québec 958 1379 2084 2116
Serbie 373 1467 2025 2046
Équateur 790 1867 1984 1984
Allemagne 410 1340 1925 1975
Panama 1493 1682 1926 1933
Bolivie 780 1652 1859 1864
Costa Rica 427 1424 1751 1767
Hong Kong 20 28 1561 1757
Afrique du Sud 484 1509 1688 1689
Irlande 453 1178 1652 1686
Iran 655 1538 1682 1683
Suisse 882 1404 1638 1647
Liban 240 1348 1608 1614
Finlande 108 314 1428 1555
Namibie 80 1397 1550 1552
Danemark 256 564 1328 1397
Jordanie 376 1010 1371 1371
Pays-Bas 672 1219 1336 1336
Israël 365 957 1291 1307
Albanie 411 1120 1254 1254
Eswatini 185 1110 1200 1200
Turquie 248 584 1186 1186
Jamaïque 101 831 1159 1167
Botswana 18 1009 1145 1147
RoC* 256 639 1082 1119
         
Taïwan 0,3 35,6 639 685
Corée du Sud 17,9 110 628 653
Japon 27,4 146 458 545
Vietnam 0,4 331 436 436
Singapour 4,9 140 288 290
Chine 3,2 3,2 3,6 58,1

*— ‘RoC’ signifie le Canada sans le Québec.

Dans le tableau ci-dessus, par million d’habitants :
• 30 pays ont eu entre 0 et 10 morts de plus,
•   9 pays ont eu entre 11 et 20 morts de plus,
• 10 pays ont eu entre 21 et 30 morts de plus,
•   7 pays ont eu entre 31 et 40 morts de plus,
•   4 pays ont eu entre 41 et 50 morts de plus,
•   2 pays ont eu entre 51 et 60 morts de plus.
•   1 pays ont eu entre 61 et 70 morts de plus.
•   4 pays ont eu entre 71 et 80 morts de plus.

Seulement trois pays ont eu plus de 80 morts supplémentaires au cours du mois de janvier 2023. D’abord Hong Kong où sévit une flambée des mortalités pire que dans le reste de la Chine continentale (+196). Puis la Finlande (+127), où la situation dégénère depuis le début de 2022. Tout comme au Japon (+87), depuis l’abandon de sa politique Zéro Covid (moins draconienne qu’en Chine).

Références :
Covid-19 Coronavirus Pandemic
Données COVID-19 au Canada
Données COVID-19 au Québec

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