Les risques sécuritaires d’Emmanuel Macron

Publié le 11 juin 2024 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Du 30 juin au 7 juillet prochain, se tiendront en France des élections législatives anticipées.

En temps normal, la sécurité de la classe politique française se limite à protéger les lieux de pouvoir de la capitale et — dans le cas des ministres et des députés de l’opposition de premier plan — à sécuriser leur pied-à-terre parisien et leurs déplacements de l’un à l’autre, de même qu’à protéger leur famille.

En période électorale, chaque assemblée politique est une activité à haut risque.

Rappelons-nous la tuerie, presque réussie, de ce terroriste fédéraliste à une assemblée de la nouvelle première ministre du Québec, Mme Pauline Marois, au club Métropolis de Montréal.

Avec des dizaines d’assemblées politiques similaires, chaque jour, partout en France, cela donne une idée de la tâche colossale qui attend les forces de l’ordre d’ici le 7 juillet.

Le fait qu’entre les pays de l’Union européenne, il n’y a plus de protection frontalière (sauf aux aéroports), cela signifie que dans les semaines qui précèderont les Jeux olympiques de Paris, la France sera une passoire.

Lorsqu’un pays accueille le monde, soit à l’occasion d’une exposition universelle ou de jeux olympiques, la coutume veut que le pays-hôte se montre accueillant.

J’ai moi-même profité de cette bienveillance lorsque j’ai visité la Chine l’année qui a suivi la tenue des Jeux olympiques de Beijing, et Shanghaï l’année même où cette ville tenait une exposition universelle. C’est ce qui m’a permis d’aller librement partout où je le voulais, en toute sécurité.

Macron, le va-t-en-guerre

Depuis deux ans, le gouvernement Macron tient un discours belliqueux envers la Russie et menaçant envers les pays qui lui permettent de pallier les sanctions occidentales contre elle.

Au cours de cette période, les pays occidentaux ont presque vidé de son sens la notion de ‘co-belligérance’.

Lors de la guerre de la Russie en Afghanistan, les États-Unis armaient les Moudjahidines (ancêtres des Talibans) qui combattaient leur envahisseur de l’époque. Mais Washington le faisait en leur fournissant des kalachnikovs achetées dans d’anciennes républiques soviétiques. De manière à cacher leur appui militaire. Évidemment, Moscou s’en doutait, mais n’en avait pas la preuve.

De nos jours, les pays occidentaux fournissent ouvertement à l’Ukraine des armes de plus en plus puissantes. Les États-Unis transmettent aux tireurs ukrainiens d’obus la géolocalisation précise des cibles russes à abattre.

Après avoir formé à l’Étranger les combattants ukrainiens dans le maniement de ces armes, ils envoient maintenant en Ukraine des formateurs qui, sur place, appuient presque sur le bouton pour déclencher les tirs.

De plus, Emmanuel Macron a pris la relève de l’ex-président de la Pologne comme défenseur de cette nouvelle théorie des dominos selon laquelle une Russie victorieuse en Ukraine s’empresserait d’envahir le reste de l’Europe.

D’où la nécessité, selon Macron, d’envoyer des troupes françaises en Ukraine pour appuyer leurs camarades ukrainiens en difficulté.

Bref, le président français donne à la Russie toutes les raisons de vouloir s’en prendre à son pays.

Le réveil olympique des cellules dormantes

Au cours des Jeux olympiques d’été de Paris, du 26 juillet au 11 aout prochain, n’importe quel terroriste qui aura réussi à s’infiltrer en France à la faveur de la campagne électorale, pourra massacrer à cœur joie les Parisiens et les touristes attablés aux terrasses des restaurants ou qui célèbreront des artistes sur scène.

Évidemment, si cela arrive, ce ne sera pas un Russe qui appuiera sur la gâchette; ce sera un paumé originaire d’un des nombreux pays dévastés par ces guerres menées ou provoquées par l’Occident.

Si Poutine devait vouloir inciter Macron à plus de prudence dans ses propos, il est trop intelligent pour frapper la France au cours de la campagne électorale.

S’il avait la mauvaise idée d’agir ainsi, il provoquerait la défaite des partis politiques qui veulent que la France cesse d’appuyer militairement l’Ukraine et rallierait le peuple français menacé derrière les députés macronistes.

Si la France doit être frappée, ce sera peu de temps après les élections législatives ou au cours des mois qui suivront.

Même si les chasseurs-bombardiers Mirage, les chars d’assaut Leclerc et des obus à 155 mm ne servent à rien contre des attentats terroristes, il sera facile de convaincre les parlementaires élus que les soldats de la république sont plus utiles à défendre le territoire de l’Hexagone qu’à participer au loin à une guerre perdue d’avance.

Parus depuis :
« Sabotage » sur le réseau TGV français : 800 000 voyageurs touchés (2023-07-26)
« Sabotages » en France : les réseaux de fibres optiques attaqués (2024-07-29)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le rapatriement des terroristes canadiens de Syrie

Publié le 23 janvier 2023 | Temps de lecture : 5 minutes
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Introduction

On apprend aujourd’hui qu’à l’instar de plusieurs pays occidentaux, le Canada devrait rapatrier prochainement 23 prisonniers détenus dans les prisons kurdes de Syrie : quatre hommes, six femmes et treize enfants.

Il s’agit de quatre djihadistes canadiens et “d’épouses” (c’est-à-dire d’esclaves sexuelles) de Canadiens morts depuis pour l’État islamique. Ces dernières ne sont pas des citoyennes canadiennes puisque la citoyenneté à notre pays ne se transferre pas par le sperme. Quant aux enfants, dix d’entre eux sont nés en Syrie de mères étrangères et de djihadistes canadiens tués là-bas.

L’avocat canadien de vingt-deux de ces prisonniers, Me Lawrence Greenspon, estime que ce rapatriement était inévitable en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés.

Celui-ci croit également que les poursuites criminelles qui pourraient être intentées contre eux se dérouleraient dans un contexte plus juste au Canada que si leur procès avait lieu en Syrie.

Selon l’ONG américaine Human Rights Watch, une partie des gens concernés auraient été victimes de traite de personnes et se seraient retrouvés malgré eux dans les rangs de l’État islamique.

Le procès ‘juste’

Afin de déposer des accusations criminelles, les enquêteurs canadiens devront d’abord faire enquête. Ce qui signifie recueillir les témoignages des complices potentiels et des victimes demeurées sur place.

Pour ce faire, ils auront besoin de la collaboration du gouvernement de Syrie. Or non seulement le Canada a rompu ses relations diplomatiques avec ce pays, mais il a cherché à abattre le régime de Bachar al-Assad et procédé à des bombardements ‘humanitaires’ (sic) contre sa population.

En supposant que ce régime collabore à ce sujet, il faudra également qu’il accepte, une fois les accusations portées, d’homologuer les citations à comparaitre émis par les tribunaux canadiens afin que les personnes concernées témoignent par vidéoconférence.

Pour Bachar al-Assad, le meilleur moyen de se venger de l’agression militaire canadienne contre son pays, c’est de se trainer les pieds de manière à ce que tous ces procès s’éternisent et avortent en vertu de l’arrêt Jordan.

Si par bonheur, certains de ces terroristes acceptaient de plaider coupables, leur longue détention dans les prisons syriennes sera soustraite de la sanction imposée par les tribunaux canadiens. Bref, ils seront probablement remis en liberté peu de temps après leur condamnation.

Voilà ce que signifie un procès ‘juste’ dans ce contexte.

La pseudo traite de personnes

Sans exception, tous les Canadiens qui ont accepté de combattre dans les rangs de l’État islamique l’ont fait de leur plein gré.

Ils se sont d’abord renseignés au sujet des moyens pour se rendre en Syrie et ont obtenu les coordonnées des passeurs qui leur ont permis de traverser la frontière turco-syrienne. Ils ont demandé un passeport, acheté leurs billets d’avion, menti aux douaniers quant aux motifs de leur voyage en Turquie, se sont rendus clandestinement aux lieux de passage frontaliers, etc.

Bref, l’idée du jeune adulte qui s’endort le soir au Canada et se réveille le lendemain en Syrie dans les rangs d’une organisation terroriste a peu de chance de devenir un scénario de film tellement tout cela est invraisemblable.

Conclusion

La seule manière d’assurer aux terroristes canadiens un procès juste et équitable, c’est qu’ils soient jugés dans le pays où auraient été commis les méfaits dont on les accuse. En effet, c’est là que se trouvent ceux qui pourraient leur fournir un alibi ou témoigner en leur faveur.

La guerre en Syrie a fait plus de 350 000 morts, dont 175 000 femmes. Les survivants d’actes terroristes dans ce pays ont droit de connaitre la vérité eux aussi.

C’est seulement après leur procès en Syrie qu’il sera opportun de les rapatrier au pays. Quitte à leur permettre, une fois les témoignages entendus et consignés là-bas, de faire appel au Canada de leur condamnation syrienne, le cas échéant.

Au sujet des djihadistes canadiens, plaider leur rapatriement est une manière détournée d’obtenir leur libération à l’issue d’un procès canadien bâclé où on n’aura ni la preuve de leur culpabilité ni la preuve de leur innocence.

Or un seul djihadiste canadien qui rentre au pays pour y commettre un attentat terroriste est un djihadiste de trop.

Parus depuis :
Qui sont les Canadiens détenus dans des camps en Syrie? (2023-01-24)
La Cour d’appel casse la décision exigeant le rapatriement de Canadiens en Syrie (2023-05-31)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Syrie : Terroristes à donner

Publié le 28 février 2019 | Temps de lecture : 9 minutes

Introduction

À l’appel, entre autres, de l’État islamique, des milliers de mercenaires étrangers sont venus combattre en Syrie.

Maintenant que la guerre y tire à sa fin se pose la délicate question de savoir quel sort doit être réservé aux mercenaires (et leurs familles) qui ont survécu au conflit.

Rappel afghan

À la fin officielle de la guerre en Afghanistan, l’armée du Nord — victorieuse, grâce à l’appui des Américains — avait désarmé et renvoyé dans leurs villages respectifs les Talibans afghans capturés.

Pour les vainqueurs, leurs concitoyens étaient essentiellement de pauvres jeunes paysans enrôlés par des fanatiques financés de l’Étranger.

Quant aux autres Talibans prisonniers, reconnaissables à leur langue ou leur accent, la très grande majorité d’entre eux furent massacrés.

Ce massacre se déroula en deux étapes :
• à l’occasion d’une mutinerie à la prison de Qalat-e-Janhi, où environ 470 Talibans trouvèrent la mort, et
• le transport à la forteresse de Kalai Zeini de cinq-mille Talibans étrangers sous le soleil de plomb de l’Afghanistan.

Ceux-ci étaient entassés dans des conteneurs à l’intérieur desquels la presque totalité d’entre eux sont morts d’hyperthermie et de déshydratation. Les rares survivants ont succombé aux mauvais traitements infligés une fois rendus à destination.

À l’heure actuelle, le sort qui attend les prisonniers en Syrie est incertain.

La politique américaine à ce sujet

Le 16 février dernier, Donald Trump a été clair : les pays européens doivent rapatrier et juger 800 de leurs ressortissants capturés en Syrie.

Mais cinq jours plus tard, le président américain s’opposait au retour aux États-Unis d’une Américaine ayant rejoint l’État islamique en 2014.

Comme souvent, le message américain est : faites ce que je dis et non ce que je fais.

La politique française

Lors de la reconquête de Mossoul (la deuxième ville d’Irak), 1 200 membres des forces spéciales françaises ont rémunéré des soldats irakiens afin qu’ils traquent et exécutent les mercenaires français dotés de pouvoirs de commandement au sein de l’État islamique.

À cette fin, les militaires français leur ont fourni les noms (et noms de guerre) d’une trentaine de Français recherchés, de même que les photos de quelques-uns d’entre eux.

Ceci est en Irak. Mais qu’en est-il en Syrie, où se trouve la grande majorité des djihadistes français toujours en vie ?

En octobre dernier, les forces kurdes de Syrie ont fait savoir aux pays occidentaux que l’emprisonnement des mercenaires étrangers représentait un fardeau financier et qu’à défaut d’être pris en charge par leurs gouvernements respectifs, ces centaines de terroristes seraient remis en liberté.

Cela deviendrait inévitable si la Turquie devait profiter du retrait américain pour lancer une vaste offensive contre les forces kurdes de Syrie. La défense de leurs installations carcérales deviendrait alors le moindre de leurs soucis.

Les prisons kurdes comptent 800 hommes étrangers, 700 femmes et 1 500 enfants.

Légalement, le seul pays qui a autorité pour juger ces mercenaires, c’est celui où leurs crimes ont été commis, soit la Syrie.

Au cours de cette guerre, la France a violé à de multiples reprises l’espace aérien syrien, a bombardé ce pays et y a soutenu les forces rebelles. Bref, la France est ennemie du gouvernement syrien actuel.

On voit mal ce qui motiverait le régime de Bachar el-Assad à rendre service à la France en acceptant de juger ses ressortissants

Voilà pourquoi la France procède à des négociations avec l’Irak pour que ce pays accepte de les prendre en charge et de les juger.

Aux défenseurs des droits de la personne qui s’inquiètent d’une possible condamnation à la peine de mort en Irak, Paris affirme que la France interviendra alors auprès des autorités pour demander — du bout des lèvres, évidemment — que cette peine ne soit pas exécutée.

Tout cela est un peu académique puisqu’il est douteux que les tribunaux irakiens aient autorité pour sanctionner des crimes commis hors des frontières du pays.

La politique britannique

On compte au moins 700 citoyens britanniques partis vers la Syrie ou l’Irak, dont environ 300 en sont revenus.

Dans 90 % des cas, les tribunaux britanniques innocentent les djihadistes pour insuffisance de preuve.

Conséquemment, Londres estime que ses ressortissants doivent être jugés dans la région où leurs crimes ont été commis.

Et tout comme la France, la Grande-Bretagne s’est préparée à la fin de la guerre.

Plutôt que des assassinats ciblés, Londres a choisi la déchéance de citoyenneté comme moyen d’empêcher les djihadistes anglais de revenir chez eux.

Le droit international interdit la déchéance de citoyenneté lorsqu’elle crée des êtres apatrides. Seules les personnes qui ont plusieurs nationalités peuvent être déchues de l’une d’entre elles.

D’où l’intérêt de se hâter à déchoir. Depuis 2016, la Grande-Bretagne a déchu de leur citoyenneté environ 120 de ses ressortissants. C’est ça de moins au pays.

En comparaison, l’Italie a retiré la citoyenneté italienne à environ deux-cents personnes.

La politique canadienne

Pour revenir au pays, les djihadistes canadiens ont besoin d’un nouveau passeport puisque celui qu’ils avaient à leur arrivée en Syrie a été confisqué par Daech (afin d’empêcher les désertions).

Pour rentrer au pays, le djihadiste doit non seulement s’enfuir du califat, mais contacter une ambassade ou un consulat canadien afin d’obtenir un nouveau passeport qui lui permettra d’acheter un billet d’avion pour le Canada.

Le pays est tenu d’honorer toute demande de ses ressortissants en vertu de ses obligations internationales.

La soixantaine de djihadistes canadiens qui l’ont fait ne sont que la pointe de l’iceberg. Leur nombre n’a pas augmenté en 2017, ce qui témoigne en réalité des difficultés à s’échapper du califat encerclé.

Une bonne partie de ceux qui y sont encore mourront probablement les armes à la main.

Le nombre de djihadistes à rapatrier devait augmenter substantiellement après la chute d’Idlib.

Devenue une prison à ciel ouvert, cette province syrienne accueille depuis des années des milliers de djihadistes encerclés qui ont accepté de quitter les lieux pour Idlib à chaque fois que l’ONU négociait une trêve.

Après avoir laissé ces milices s’entretuer entre elles, l’Occident a eu la surprise de voir Al Qaïda prendre le contrôle d’Idlib le mois dernier.

Le jour où l’assaut sera donné par les forces gouvernementales et leurs alliés, un nombre inconnu de djihadistes canadiens seront capturés et s’ajouteront à ceux qui devront être jugés quelque part.

Un seul djihadiste canadien qui rentre au pays pour y commettre un attentat terroriste est un djihadiste de trop.

Le mirage d’un procès juste au pays

Au Québec, la Direction des poursuites criminelles et pénales (DPCP) n’a pas réussi à réunir suffisamment de preuves pour obtenir la condamnation d’un seul des dirigeants d’une compagnie ferroviaire qui a tué 47 personnes à Lac-Mégantic.

On peut donc douter que la DPCP soit capable de réunir suffisamment de preuves pour faire condamner n’importe quel djihadiste qui a commis ses méfaits à des milliers de kilomètres d’ici.

Il s’agit ici de preuves qu’il faudrait obtenir de témoins qui parlent kurde ou arable. Et auprès de gens qui pourraient être réticents à venir témoigner au Québec, le premier endroit en Occident où des Musulmans en prière se font tirer dans le dos.

Seul un procès dans le pays où les crimes ont été commis peut se dérouler normalement.

Un citoyen canadien qui commet un homicide aux États-Unis est passible de la peine de mort. S’il commet le même crime en Irak, c’est pareil. Où est le problème ?

L’idée de rapatrier les djihadistes pour les juger ici est d’autant plus difficile à justifier lorsqu’on tient compte de l’engorgement des tribunaux canadiens.

En prison, les accusés auront tout le temps de faire des convertis à leur cause.

Pour chaque procès finalement avorté contre un djihadiste au Canada, on retarde l’ensemble des causes en attente. Et certains malfaiteurs profiteront de l’arrêt Jordan pour obtenir l’abandon de toutes les procédures contre eux.

Bref, rapatrier les djihadistes canadiens est une très mauvaise idée.

Références :
Donald Trump demande aux Européens de rapatrier leurs jihadistes prisonniers en Syrie
En Irak, le sort des djihadistes français « est plus diplomatique que juridique »
France’s Special Forces Hunt French Militants Fighting for Islamic State
La Belgique pourra expulser vers le Maroc Malika El-Aroud, « la veuve noire du djihad »
La voie à suivre
Le Canada sommé de rapatrier ses djihadistes
Le sort des djihadistes français en Irak
L’Europe divisée sur le sort de ses ressortissants partis rejoindre l’Etat islamique en Syrie
Massacre de Dasht-i Leili
Ottawa n’appréhende pas de retour massif de djihadistes
Sidération à Idlib après la conquête éclair des djihadistes
Trump demande aux alliés européens de rapatrier leurs ressortissants retenus en Syrie
Trump s’oppose au retour au pays d’une femme ayant rejoint l’EI
Who has been stripped of UK citizenship before Shamima Begum?

Parus depuis :
Les pays nordiques opposés au retour des djihadistes (2019-03-05)
Comment gérer le retour des combattants partis en Syrie? (2019-03-16)
Le Danemark aurait préféré voir ses djihadistes mourir en Syrie (2019-03-27)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le sens profond de ‘Je suis Charlie’

Publié le 8 janvier 2018 | Temps de lecture : 2 minutes
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Hier, on commémorait l’attentat contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo, survenue il y a trois ans.

Selon un sondage récent, 61% des Français s’identifient encore au slogan ‘Je suis Charlie’, soit dix pour cent de moins qu’il y a un an.

Ceux qui se dissocient de ce slogan, ce sont ceux auprès desquels on en a perverti le sens.

Il ne signifie pas ‘Je suis d’accord avec ce qu’écrit Charlie Hebdo’, ni ‘Je suis d’accord avec le blasphème’ (quel qu’il soit). Il signifie ‘À travers Charlie, c’est moi qu’on veut faire taire’.

Cet attentat était une manière violente de relancer le débat au sujet du blasphème contre l’Islam. Doit-on l’interdire ?

Même s’il n’est pas poli d’attaquer les croyances d’autrui, interdire le blasphème ouvre la porte aux dérives les plus liberticides.

Voyez comment les foules lynchent facilement — sans preuve — toute personne accusée de blasphème au Pakistan et en Malaisie. Rappelons également que Raïf Badawi a dû faire face à une telle accusation pour avoir ridiculisé le clergé obscurantiste de son pays.

Bref, ceux qui se dissocient de ce slogan défendent, souvent sans le savoir, la soumission à une vision étouffante du monde où les violences interpersonnelles sont exacerbées par les privations sexuelles et la misogynie.

Références :
La rumeur meurtrière
Les blasphèmes de Raïf Badawi

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/1250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 19 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Radicalisme : Couillard s’en lave les mains

Publié le 28 juin 2017 | Temps de lecture : 5 minutes


 
Interrogé au sujet de ce Québécois musulman accusé récemment d’un acte terroriste commis au Michigan, le premier ministre du Québec a déclaré : « Unfortunately, we cannot disconnect these kinds of events — terrorism — from Islam in general.» (traduction : L’Islam ne peut être dissocié des actes terroristes).

Évidemment, un grand nombre de personnes ont été surprises de l’entendre suggérer que le terrorisme est inhérent à la religion musulmane.

De plus, M. Couillard a cité Emmanuel Macron, le nouveau président français, qui a souligné la double responsabilité de l’État et de la communauté musulmane dans la lutte au terrorisme.

Précisant sa pensée, M. Couillard a demandé aux dirigeants des communautés musulmanes de désavouer sans équivoque toute perversion de l’Islam à des fins violentes.

Ce que M. Couillard oublie de dire, c’est que l’État français a posé un certain nombre d’actes concrets pour s’attaquer à la radicalisation islamiste en France. Par exemple, à la suite de la promulgation de l’état d’urgence, le gouvernement français a fait fermer vingt-sept (27) mosquées soupçonnées de radicalisation.

Une fois ces actions prises, le gouvernement français pouvait aller plus loin et demander aux Français musulmans de mettre eux aussi la main à la pâte en invoquant cette double responsabilité.

En comparaison, qu’a fait M. Couillard dans la partie qui lui incombe de cette double responsabilité ? Il s’est contenté d’accuser ses adversaires de souffler sur les braises de l’intolérance lorsque ceux-ci le pressaient d’agir.

Résumons.

Après les déclarations outrageantes des imams Chaoui et Charkaoui, et après le départ de collégiens québécois pour faire le djihad en Syrie, M. Couillard a promis de s’attaquer à la radicalisation au Québec.

À Montréal, si l’imam Chaoui a été incapable d’ouvrir son centre communautaire musulman, c’est parce que la ville l’en a empêché (et non le gouvernement provincial).

Par ailleurs, les pouvoirs publics ont créé un centre de déradicalisation à Montréal. Il s’agit d’une bonne mesure mais qui n’a jamais fait ses preuves nulle part au monde.

De plus, le gouvernement Couillard a présenté le projet de loi no 59 — retiré depuis parce que liberticide — mais qui était de toute façon une passoire quant à la prévention de la radicalisation.

Depuis, rien de concret. Des mots. Que des paroles. Parfois rassembleuses, parfois incendiaires.

Et pour excuser ce laxisme, il nous dit en substance : « Ce n’est pas de ma faute. C’est de la faute des Musulmans; c’est à eux de faire le ménage dans leur religion.»

En somme, M. Couillard nous dit que le prosélytisme saoudien, il s’en lave les mains. Le financement étranger des mosquées et des imams, il s’en lave les mains. La prédication salafiste au Québec, il s’en lave les mains. Etc.

En faisant porter le blâme de la radicalisation islamiste sur le dos des porte-paroles musulmans, M. Couillard tente de détourner l’attention de l’électorat sur son bilan nul quant à la lutte contre la radicalisation au Québec.

Or cette radicalisation touche non seulement une minuscule partie des Québécois musulmans, mais un nombre beaucoup plus grand de sympathisants de groupes d’extrême droite (qui semblent être le cadet de ses soucis).

En France, Emmanuel Macron suggère que l’État ne peut pas tout faire et que les croyants musulmans doivent soutenir et prolonger l’action de l’État.

Au Québec, toute la politique du gouvernement Couillard à ce sujet est plutôt de croire que les croyances religieuses — même les plus extrêmes — sont du domaine privé et que cela ne le regarde pas. D’où son inaction.

Interrogé à brule-pourpoint au sujet du terrorisme (après 44 minutes d’une entrevue portant sur le rôle de la France au cours du siège de Sarajevo et du génocide au Rwanda), le lieutenant-colonel Guillaume Ancel déclare :

Le sentiment de peur, d’agressivité, que (le terrorisme) peut développer est extrêmement dangereux.

Moi, ce que je crains le plus dans les attentats terroristes, c’est les idiots (…) qui vont décider de se protéger tout seuls, d’aller s’en prendre aux autres, que c’est le boulanger du coin qui est responsable de ça.

C’est eux qui me font peur.

À mon avis, la vraie menace du terrorisme, c’est sur le fonctionnement de notre société.

L’attentat terroriste de Québec nous a appris que nous en sommes là. Or non seulement M. Couillard semble totalement inconscient de la montée de l’extrême droite au Québec, mais il y contribue en pointant un doigt accusateur vers l’ensemble des Musulmans du Québec.

Voilà la dernière chose qu’on doit s’attendre d’un chef d’État.

Références :
After Michigan attack, Quebec Premier calls on Muslim community to play role in preventing terrorism
Bilan de la déradicalisation islamiste dans le Nord de l’Europe
Couillard appelle la communauté musulmane à l’action
Financement des mosquées : le gouvernement en terrain miné
Ftouhi says he has no mental problems: court hearing
Huit questions sur les fermetures de mosquées soupçonnées de radicalisation
Intégrisme et radicalisation : de retour à la case départ
L’islam ne peut être dissocié des gestes commis en son nom, dit Couillard
Philippe Couillard’s tone shift on Islam stuns Quebec Muslims

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Funérailles montréalaises de trois des victimes de l’attentat de Québec

Publié le 5 février 2017 | Temps de lecture : 3 minutes

Le jeudi 2 février 2017, c’est à l’aréna Maurice-Richard que plus de cinq-mille personnes se sont réunies pour célébrer les funérailles religieuses de trois des victimes de l’attentat terroriste antimusulman de Québec.

Selon les peuples, les rites funéraires varient. Au Québec, l’exposition des dépouilles se fait plusieurs jours après le décès afin de permettre aux parents et amis venant de loin d’assister aux funérailles. Pour cette raison, les corps qui ne sont pas incinérés doivent être embaumés (ce qui consiste à retirer les viscères).

Le rituel funéraire musulman a été établi dans des pays dont le climat est désertique, à une époque où la climatisation n’existait pas.

Selon le rite musulman, les corps sont simplement lavés trois fois et enveloppés dans un linceul avant l’enterrement. Ce linceul est composé d’un nombre impair (généralement trois) pièces de tissu blanc. Quant à lui, l’enterrement doit avoir lieu dans les 24 heures qui suivent le décès.

En France, les démarches administratives font en sorte que les délais pour l’enterrement sont un peu plus longs. Conséquemment, les cercueils y sont obligatoires pour des raisons sanitaires.

Au Québec, seuls l’incinération ou l’enterrement après embaumement sont permis. Ce qui oblige les Québécois musulmans qui en ont les moyens de rapatrier les corps à l’Étranger pour que l’enterrement se fasse selon les rites de leur religion.

De plus, peu de cimetières québécois sont multiconfessionnels ou réservés aux Musulmans. Dans la Vieille capitale, il n’y en a aucun.

Dans le cas de trois des victimes, les frais de transport — environ 10 000$ — ont été assumés par les consulats de deux pays, d’où la présence de représentants diplomatiques à cette cérémonie.

Deux des trois victimes à qui on rendait hommage — Khaled Belkacemi et Abdelkrim Hassane — sont originaires du même village algérien. Le fait que tous les discours furent prononcés en français, en anglais ou en arabe, mais aucun en berbère (la langue maternelle de ces deux victimes), n’a pas échappé à l’attention de certains spectateurs.

Au bénéfice des internautes à la recherche de photos des personnalités qui y ont pris la parole, voici celles que j’en ai rapportées.

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M. Justin Trudeau, premier ministre du Canada
M. Philippe Couillard, premier ministre du Québec
M. Régis Lebeaume, maire de Québec
M. Denis Coderre, maire de Montréal
M. Saïd Fawaz, président du Conseil des imams du Québec
M. Mohamed Yangui, président du Centre culturel islamique de Québec
Mme Aziza Blili, de la Fédération des Canadiens musulmans
M. Abdelghani Cheriaf, consul général d’Algérie à Montréal
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Mme Habiba Zemmouri, consule générale du Royaume du Maroc à Montréal
M. Saramady Touré, ambassadeur de la Guinée au Canada
M. Moujib Arrahman, imam
M. Mehdi Tirkawi, imam de la mosquée Al Rawdah de Cartierville
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M. Zine Al Abidine Balafrej, imam

Références :
Des funérailles à Montréal pour trois des victimes de la tuerie de Québec
Enterrement musulman : déroulement des obsèques et rites funéraires

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Nous sommes tous des éponges

Publié le 3 février 2017 | Temps de lecture : 3 minutes

Tous les attentats terroristes sont commis par des personnes exposées à de la propagande haineuse.

Or l’intolérance et la haine ont des degrés : l’envie de tuer est la forme extrême de la haine. Il n’y a pas pire.

La tuerie à l’Assemblée nationale en 1984 et celle au Métropolis en 2012 sont des actes terroristes commis par des personnes exposées à la propagande haineuse ‘antiséparatiste’.

L’attentat terroriste de Polytechnique en 1989 est l’aboutissement de l’exposition du jeune tueur à la misogynie paternelle.

En somme, le discours haineux est à la source de tout acte terroriste. Cette exposition peut être sociale ou limitée au cercle familial.

Dans le cas de la tuerie à l’université Concordia en 1992, il peut résulter d’un délire paranoïaque. Dans ce cas, l’exposition est interne, lié à des hallucinations suscitées par la maladie mentale.

À la suite de l’attentat antimusulman de Québec, il est insuffisant de pointer du doigt les propos d’un petit nombre de personnalités journalistiques ou politiques. Le problème est plus vaste.

Le discours dominant à Québec, dans la région de la Vieille capitale et même dans une bonne partie du Québec profond, est un discours d’intolérance suscité par la Droite québécoise. Une Droite influencée par l’idéologie haineuse républicaine incarnée par Donald Trump.

À l’international, on ne mettra jamais fin au terrorisme sans s’attaquer à l’idéologie haineuse de la dictature saoudienne.

Ce qui est vrai à l’international l’est aussi au Québec. Sauf que les relais de l’idéologie atimusulmane chez nous sont omniprésents puisqu’elle s’est infiltrée dans chacun d’entre nous.

Il suffit de lire attentivement les commentaires publiés sur le site du quotidien montréalais Le Devoir — je présume que c’est pire sur les médias sociaux — pour trouver de nombreux exemples suggérant que les Musulmans sont en train de prendre le contrôle du Québec et de pervertir ses valeurs fondamentales. Ou que les Musulmans d’ici sont soit des cellules dormantes de groupes terroristes ou soit des gens qui se réjouissent secrètement de leurs attentats à l’Étranger.

Dans la fable, le loup se convainc que la brebis trouble son breuvage. Ainsi, il se victimise afin de se justifier à attaquer sa proie. Voilà l’essence du discours contre la minorité musulmane d’ici.

L’attentat antimusulman de Québec a été un électrochoc. Depuis plusieurs jours les médias québécois effectuent un travail admirable pour donner la parole aux Musulmans, pour présenter les victimes et leurs familles, et surtout pour incarner ce que sont les Québécois musulmans.

Je souhaite que cette campagne de sensibilisation se poursuive parce des mentalités bien encrées ne changent pas du jour au lendemain; il suffirait d’un attentat ‘vengeur’ d’Al-Qaida et de l’État islamique pour que le naturel antimusulman revienne au galop.

Sur le même sujet :
La tuerie de Charlie Hebdo : les lacunes du renseignement (2e partie)

Paru depuis :
La haine, cette bombe (2017-02-04)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La veillée en hommage aux victimes de l’attentat de Québec

Publié le 31 janvier 2017 | Temps de lecture : 2 minutes
Foule à la station Berri-UQÀM

Hier soir à 18h, la population montréalaise était invitée à une veillée en hommage aux victimes de l’attentat terroriste antimusulman de Québec.

Dès la station de métro Berri-UQÀM, la foule présente ce lundi soir permettait d’anticiper une participation importante à cette manifestation.

À la station de métro du Parc

En raison du fait que les gens trébuchaient les uns sur les autres au haut des escaliers mécaniques, les forces de sécurité ont dû faire cesser leur fonctionnement à la station du Parc, ce qui a contribué à l’engorgement au sortir des quais du métro.

Foule à la Place de la Gare Jean-Talon

En dépit du froid et du vent, un grand nombre de Montréalais sont venus manifester leur solidarité aux victimes de la tuerie de Québec.

Aucune des personnalités politiques présentes n’a été invitée à prendre la parole, la manifestation étant réservée aux citoyens.

Quelques participants

Rappelons les noms des victimes, tuées alors qu’elles priaient : Ibrahim Barry, Mamadou-Tanou Barry, Khaled Belkacemi, Karim Hassan, Azzedine Soufiane, et Aboubaker Thabti.

Références :
Azzedine, Khaled, Mamadou et les autres victimes de l’attentat de Québec
Le coup de crayon du 31 janvier
Une marée humaine à Montréal en solidarité pour les victimes de Québec

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm
1re photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 4000 — 19 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 25 mm
3e  photo : 1/50 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 12 mm
4e  photo : 1/60 sec. — F/3,2 — ISO 2000 — 20 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Attentats et glorification posthume

Publié le 28 juillet 2016 | Temps de lecture : 5 minutes

À la suite de l’attaque terroriste à l’école Polytechnique de Montréal — qui a fait 14 victimes en 1989 — certains parents avaient demandé aux journalistes de taire le nom de l’auteur de cette tuerie afin de ne pas contribuer à sa renommée.

Dans le film Polytechnique, le tueur est montré inexpressif, comme habité par une haine qui l’a vidé de son humanité. En dépit de la finesse de ses traits, il n’est pas aimable (c’est-à-dire de nature à être aimé).

Ces jours-ci, une controverse secoue le milieu journalistique français relativement à l’éthique dont devraient faire preuve les médias lorsqu’ils traitent d’attentats terroristes. Plus précisément, la question est de savoir s’il est approprié de nommer et/ou de montrer la photo des terroristes.

Tous s’entendent pour dire qu’une telle publication est nécessaire lorsqu’il s’agit de suspects qui ont survécu à leur méfait et qui sont recherchés par la police. Mais dans le cas de ceux qui périssent en commettant leur crime, ne procède-t-on pas à leur glorification posthume en les montrant et en les nommant ?

Il n’y a aucun doute que cela contribue à leur renommée : mais est-ce que cela contribue à leur gloire ?

En théorie, la gloire est inhérente à l’acte. Chez les personnes favorables à la cause d’un terroriste, la réussite de celui-ci et l’ampleur de son méfait devraient être, de loin, les principaux critères qui contribuent à sa gloire.

Dans les faits, il en est autrement. Si on prend l’exemple du révolutionnaire Che Chevara, serait-il aussi connu s’il avait à son crédit les mêmes faits d’armes mais s’il avait l’air d’un pou ?

De plus, il est raisonnable de penser qu’un geste d’éclat particulièrement meurtrier pourrait susciter le désir d’émulation chez des êtres asociaux à la recherche du sens à donner à leur vie, chez ceux qui confondent réussite et gloire, ou chez des personnes influençables.

Les études concernant le suicide ont démontré l’effet Werther. Mis en évidence en 1982, le suicide mimétique est le phénomène de la hausse du nombre de suicides suivant la parution dans les médias d’un cas de suicide. Ce sont des personnes qui y pensaient sans doute déjà mais qui ont passé à l’acte par mimétisme.

Mais là encore, les déprimés passent à l’acte sous l’influence de la nouvelle et non par l’apparence physique ou le nom de celui qui s’est suicidé. Tous les journaux pourraient se tromper quant à l’identité du suicidé et cela ne changerait rien au mimétisme suscité par ce suicide.

Dans le cas de ce blogue, si je n’ai jamais mentionné le nom du terroriste du Métropolis — dont on ne voit le nom que dans mes références — c’est davantage par mépris que par principe déontologique.

Personnellement, qu’on montre la photo d’un terroriste vociférant ses menaces (comme celui du Métropolis), cela ne me dérange pas. Ce qui me dérange, c’est lorsqu’on montre un terroriste souriant et sympathique; cela est un manque de tact pour les parents des victimes qui y voient là un exercice de séduction du média au profit du terroriste.

Funérailles de Denis Blanchette

Lors de l’attentat terroriste au Métropolis en 2012, Denis Blanchette perdait la vie en tentant d’empêcher un homme armé qui voulait pénétrer dans cette salle de spectacle.

Une recherche effectuée aujourd’hui à l’aide d’un moteur de recherche très connu donne 20 200 liens relatifs à ‘Denis Blanchette Métropolis’ et 247 000 liens lorsqu’on remplace le nom de ce héros par celui de son assassin.

C’est donc à dire que pour chaque article qui mentionne le nom de Denis Blanchette, il y en a 120 qui mentionnent celui qui l’a tué.

Depuis des siècles, dans l’espace public occidental, on glorifie non seulement des héros victorieux qui ont contribué à la gloire de la Nation, mais également des martyrs.

Rappeler la mémoire de ces derniers sert non seulement à souligner le courage de ces suppliciés, mais également la futilité de la barbarie exercée contre eux. En somme, dans les deux cas, cette commémoration est un acte de propagande : susciter l’admiration du héros ou la compassion à l’égard de la victime.

Denis Blanchette a été tué à deux pas de l’intersection des rues Boisbriand et Saint-Dominique.

La première de ces rues a été donnée en l’honneur de Pierre Dugué de Boisbriand, cousin d’Iberville, né à Ville-Marie en 1675, devenu gouverneur intérimaire de La Nouvelle-Orléans en 1724, et mort en France en 1736.

L’attribution de Saint-Dominique à l’autre rue ne correspond pas à des faits reliés à notre histoire.

Il me semble important de perpétuer la mémoire de Denis Blanchette.

Il s’agit d’un héros ‘ordinaire’. Non pas un militaire exceptionnel, non pas un grand serviteur de l’État, mais un héros comme chacun d’entre nous pourrait le devenir si nous avions le courage de faire comme lui dans un moment où notre bravoure pourrait faire basculer le cours de l’Histoire.

Bref, je crois qu’il serait bon que la rue Saint-Dominique soit renommée en son honneur.

Références :
Attentats terroristes: le dilemme des médias
Effet Werther
La responsabilité de l’attentat terroriste au Métropolis
Médias : faut-il divulguer l’identité et la photo des terroristes ?
Terrorisme – La France flirte avec la censure

Détails techniques de la photo : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm R — 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 108 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Métropolis : pourquoi aucune accusation pour attentat terroriste ?

Publié le 24 juillet 2016 | Temps de lecture : 8 minutes

Introduction

Le soir du 4 septembre 2012, la nouvelle première ministre du Québec réunissait deux-mille partisans dans une salle de spectacle, le Métropolis, afin de célébrer leur victoire électorale.

Pendant le discours de Mme Marois, Denis Blanchette (un technicien de scène, père d’une fillette de 4 ans) est tué d’une balle à l’arrière de l’édifice en tentant d’empêcher un homme armé de pénétrer par l’entrée des artistes.

Déviée, la même balle blesse gravement son collègue Dave Courage.

À l’aide du matériel incendiaire qu’il a apporté, le suspect met ensuite le feu dans le but d’empêcher les gens de sortir de l’édifice par l’arrière.

N’ayant pas encore réalisé que son arme principale s’est enrayée, le suspect tente d’abattre un témoin oculaire et un policier avant d’être arrêté et ainsi être empêché de mener à terme son projet.

Le soir de l’attentat, le terroriste a apporté cinq armes dont deux qu’il transporte sur lui.

L’arme principale est une carabine CZ858 Tactical-2 modifiée illégalement pour contenir trente balles au lieu de cinq; le chargeur en contenait encore 27 au moment de l’arrestation.

L’autre arme sur lui était une arme de poing de 9mm, le Ceska Zbrojovka CZ75.

Dans sa fourgonnette, le suspect avait également trois autres armes dont un pistolet Beretta 9mm et un révolver de calibre .357 Magnum.

La sécurisation des lieux

On savait déjà qu’au moment de l’attentat, aucun policier n’était présent à l’arrière du Métropolis.

Le terroriste a donc pu tuer une personne, avoir le temps de verser son matériel incendiaire et d’y mettre le feu avant que les policiers à l’avant accourent, alertés par le bruit du tir qui a tué Denis Blanchette.

Mais il y a plus. Ce qu’on apprend au cours du contrinterrogatoire du terroriste est consternant.

Lorsque le lieu et la date de la réunion péquiste ont été rendus publics peu avant la tenue de l’évènement, il était du devoir de la Sureté du Québec de sécuriser l’endroit puisqu’une de ses responsabilités est d’agir comme garde présidentielle. Cela ne fut pas fait.

Le jour de l’attentat, le terroriste s’est rendu une première fois au Métropolis afin d’inspecter les lieux et de planifier soigneusement son crime.

Il en a fait même le tour trois fois. Il lui fallait notamment trouver l’endroit le plus proche pour stationner en raison du poids du matériel incendiaire. L’endroit idéal était le stationnement des Habitations Jeanne-Mance, situées à l’arrière du Métropolis.

Sa présence suspecte n’a attiré l’attention de personne puisqu’aucun policier n’était sur place.

Après cette reconnaissance des lieux, il est retourné chez lui (à 142km, dans les Laurentides), pour prendre ses armes à feu, ses munitions et ses bidons d’essence.

Son retour en soirée avec le même véhicule n’a déclenché les soupçons de personne puisqu’aucune mesure préventive n’avait été entreprise jusqu’alors.

On doit donc conclure que les responsables de la sécurité du chef de l’État québécois ont fait preuve d’une négligence grossière le 4 septembre 2012. Négligence d’autant plus impardonnable qu’elle a couté la vie à Denis Blanchette, sans compter le danger auquel un nombre considérable de personnes ont été exposées.

Les chefs d’accusation

Cette semaine, lors du contrinterrogatoire du terroriste, on a appris que les avocats de la poursuite savaient que l’accusé avait avoué à l’automne 2012 à la psychiatre chargée d’en faire l’évaluation psychologique, que son plan était de tuer le plus de Séparatistes possible ainsi que la première ministre.

Il avait également avoué qu’il avait voulu mettre le feu au Métropolis pour obtenir le même résultat que l’incendie criminel du café Blue Bird (qui s’était soldé par 37 morts à Montréal en 1972).

En d’autres mots, les procureurs savent depuis longtemps qu’on a affaire à un attentat terroriste mais ont choisi de ne porter aucune accusation à ce sujet.

D’où la question : Pourquoi a-t-on pris cette décision ?

La pièce manquante

Lors de l’incendie du café Blue Bird en 1972, trois individus avaient mis le feu à l’escalier qui donnait accès au bar situé au premier étage d’une bâtisse. L’unique sortie de secours étant verrouillée, l’incendie fit 37 victimes et n’épargna que les personnes qui sautèrent de la fenêtre de la toilette pour femmes.

Dans le cas de l’attentat au Métropolis, l’incendie à l’arrière de l’édifice ne permettait pas à lui seul d’atteindre le but recherché par le terroriste — soit tuer le maximum de personnes — puisque les participants à la soirée péquiste auraient pu facilement sortir à l’avant. En effet, cette sortie est suffisamment large pour permettre l’évacuation sécuritaire de tout le monde.

Façade du Métropolis
Entrée des artistes (l’escalier bleu)

Cet incendie n’a du sens que si l’intention de l’accusé était, une fois le feu bien allumé, de se déplacer à l’avant afin d’abattre tous ceux qui auraient voulu échapper au brasier.

Dans son esprit, cela semblait d’autant plus facile qu’aucun policier n’était sur place l’après-midi, au moment de sa visite exploratoire des lieux, et que le soir de l’attentat, des passants lui ont peut-être masqué la présence des policiers qui montaient maintenant la garde devant la salle (à moins qu’il ne se soit rendu directement au stationnement à l’arrière).

Au moment où ces lignes sont écrites, cette partie de la preuve semble faire défaut.

Voilà sans doute pourquoi, parmi les chefs d’accusation portés contre le terroriste, aucun ne concerne sa tentative de meurtre contre les deux-mille participants à cette soirée. Une omission dont l’énormité est évidente depuis que la preuve de la poursuite a été rendue publique.

Le témoignage de la psychiatre est une preuve par ouï-dire, ce qui ne sert qu’à mettre en doute la crédibilité de l’accusé. Celui-ci a témoigné sous serment que son intention n’était, au contraire, que d’empêcher la première ministre de prononcer son discours.

Dans une cause criminelle ordinaire, il ne faut présumer de rien puisqu’on ne peut condamner l’accusé que lorsque la preuve est irréfutable, c’est-à-dire hors de tout doute raisonnable. En raison de la facilité d’y échapper, l’incendie à l’arrière du Métropolis peut être considéré par un juré indulgent comme une simple négligence criminelle (c’est-à-dire comme un acte susceptible d’entrainer involontairement la mort).

Ce qui rend encore plus incompréhensible la décision de ne pas ajouter un chef d’accusation supplémentaire en vertu de la loi antiterroriste canadienne de 2002. Le parlement canadien a adopté cette loi précisément pour faciliter la condamnation des coupables d’attentats et faire obstacle à leur acquittement pour des vices de forme. À quoi sert une loi dont on ne se sert pas ?

De plus, c’était là une occasion de tester cette loi et, le cas échéant, d’en vérifier les échappatoires.

Références :
Attentat du Métropolis
Attentat au Métropolis: Denis Blanchette est mort en héros
Attentat au Métropolis: Richard Henry Bain possédait 22 armes
Bain possédait légalement toutes ses armes
Bain voulait empêcher Pauline Marois de faire son discours
Il y a quarante ans, la tragédie du Blue Bird Café
L’attentat terroriste au Métropolis : un crime quelconque ?
Richard Bain avait avoué à sa psychiatre ses crimes et leur préméditation
Richard Bain avait fait des aveux à sa psychiatre

Paru depuis : Au Métropolis, une police de pee-wee (2022-12-02)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (1re photo) et M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (2e photo)
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 26 mm
2e  photo : 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 7 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel