Le bâillement du ministre Lacombe

Publié le 21 avril 2023 | Temps de lecture : 1 minute
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Les ministres Christian Dubé (à la Santé, ici au centre de l’image) et Mathieu Lacombe (à la Culture et aux Communications, ici à droite) sont parmi mes ministres caquistes préférés.

Mercredi dernier, à l’Assemblée nationale, le député Vincent Marissal (de Québec Solidaire) s’inquiétait qu’à l’issue de l’importante réforme que désire entreprendre le ministre de la Santé, la voix des usagers pourrait ne pas être mieux entendue qu’actuellement.

Pendant que le ministre Dubé tentait de rassurer l’opposition, le ministre Lacombe a d’abord essayé de se distraire en vérifiant le contenu de son pupitre.

Mais on fait assez vite le tour du contenu du pupitre d’un ministre de la Culture à la CAQ; quelques secondes suffisent.

Alors il a bien fallu qu’il se mette à écouter la réponse de son collègue à la Santé. Une réponse qu’il a, de toute évidence, jugée très intéressante…

Pour réellement apprécier la réponse du ministre Dubé, il est recommandé de l’écouter en regardant la traductrice pour les malentendants.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Lieu de prière à l’école : laïcité vs apostasie

Publié le 6 avril 2023 | Temps de lecture : 5 minutes

La laïcité se définit comme la séparation de l’Église et de l’État.

Lorsqu’il est laïc, l’État ne fait la promotion d’aucune religion. Mais il n’oblige pas ses citoyens à renoncer à leur foi.

À l’école, l’élève peut donc porter des décorations en forme de symboles religieux et n’est pas obligé de masquer des tatouages qui les représentent.

De plus, l’élève de confession chrétienne peut faire un signe de la croix avant d’entamer un repas sans courir le risque d’un reproche ou d’une punition.

Les trois grandes religions monothéistes (le judaïsme, le christianisme et l’islam) ont beaucoup plus de choses en commun que de choses qui les distinguent.

Pour le fidèle, la religion musulmane est la plus exigeante des trois. C’est ainsi qu’elle oblige le croyant à effectuer cinq prières par jour; à l’aube, au milieu de la journée (au zénith solaire), au milieu de l’après-midi, au coucher du soleil et au crépuscule.

Tout comme l’obligation du Catholique d’assister à la messe dominicale — une obligation respectée par seulement 4,5 % des croyants français — seuls le tiers des Musulmans français prient systématiquement cinq fois par jour.

En réaction au fait que des écoliers priaient dans les cages d’escalier ou à l’extérieur (sur le stationnement de l’école), la direction de deux établissements scolaires de Laval a ouvert temporairement un local pour la prière musulmane.

La nouvelle s’étant répandue, le ministre de l’Éducation a aussitôt annoncé son intention d’émettre une directive qui interdira l’aménagement de salles de prière dans les écoles publiques du Québec, tout en invitant les écoliers qui veulent prier de le faire en silence.

Étonnamment, dans la controverse à ce sujet, aucun journaliste québécois n’a donné la parole à ces jeunes afin qu’ils expriment leur point de vue.

Pour que l’école publique demeure le creuset où se forge l’apprentissage de la citoyenneté québécoise et où se transmettent nos valeurs, il est important qu’elle évite la création d’écoles privées où, au contraire, on prêchera le sectarisme.

D’où l’idée d’éviter de répéter les erreurs du passé, soit celles où les non-Catholiques étaient systématiquement rejetés vers l’école anglo-protestante, plus accommodante.

À mon avis, il serait préférable d’encadrer la prière à l’école plutôt que de la rejeter dans la clandestinité. Cet encadrement doit reposer sur trois principes.

Premièrement, ce local ne doit pas être sacralisé, c’est-à-dire réservé à l’usage exclusif d’une religion.

Deuxièmement, lorsqu’il est utilisé, il doit l’être en silence puisqu’il est susceptible d’accueillir simultanément des personnes de confessions différentes.

Contrairement au catholicisme — dont le clergé est ordonné par une autorité ecclésiastique — n’importe qui peut devenir imam comme n’importe qui peut diriger la prière dans certaines confessions protestantes.

Or dès qu’il y a prédication, il y a danger d’endoctrinement salafiste (ou pire, takfiriste), particulièrement lorsque cette prédication se fait dans une langue qu’aucune autorité scolaire ne comprend.

Voilà pourquoi la prière doit se faire en silence.

Troisièmement, dès qu’il est utilisé, ce local doit être accessible autant aux écoliers masculins que féminins.

S’il est vrai que la plupart des mosquées pratiquent la discrimination sexuelle — comme ce fut le cas pendant des siècles dans les églises chrétiennes — le local scolaire dont on parle n’est pas une mosquée et du coup, doit respecter la Charte québécoise des droits et libertés.

Faire à l’école la démonstration que la foi musulmane est parfaitement compatible avec le Québec moderne est le meilleur argument pour soustraire les jeunes Musulmans à l’influence de certains imams qui, au contraire, prêchent que la Démocratie et les Droits de la personne sont contraires à la Volonté divine.

Bref, en permettant discrètement la prière dans nos établissements scolaires, on permet à l’école de jouer un de ses rôles les plus importants, soit de préparer l’étudiant à la citoyenneté québécoise.

Au lieu d’opposer artificiellement la laïcité de l’État à la pratique individuelle de la foi — deux choses qui n’ont strictement aucun rapport — on évite de faire aux jeunes Musulmans la démonstration que le seul le multiculturalisme canadian est apte à respecter ce qu’ils sont.

Références :
Bernard Drainville invite les élèves à prier en silence
Deux écoles de Laval offrent un local pour la prière musulmane
Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes
Les catholiques français boudent la messe dominicale
Proportion de Français musulmans faisant les cinq prières par jour en 2017, selon la fréquence
Salat (islam)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Caténaires : Helsinki vs Montréal

Publié le 26 mars 2023 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Caténaire est un mot féminin qui désigne un système de suspension des fils d’alimentation électrique des trains ou des tramways.

À Helsinki



 
À Helsinki, ce système comprend des mâts (ou poteaux) en treillis métallique qui se font face de chaque côté de la voie et qui sont reliés par une console (ou poutre transversale) également en treillis métallique.


 
Au-dessus de chaque ligne ferroviaire, un support à caténaire est fixé sous la console. Dans sa partie inférieure, celui-ci supporte le câble d’alimentation. Celui-ci est suspendu aux câbles porteurs par le biais de courts câbles verticaux appelés pendules.

De longueur variable, les pendules compensent partiellement la courbure des câbles porteurs afin de maintenir le câble d’alimentation à une distance relativement fixe de la voie ferrée.


 
À la gare Centrale d’Helsinki, les supports à caténaire sont fixés directement sur les mâts. Ce qui fait qu’aucune console n’enjambe les voies.

Petite parenthèse : en France


Si on utilise Google Earth pour obtenir une vue à vol d’oiseau du réseau de trains de banlieue de la région parisienne, on peut mesurer que la distance entre les consoles (et donc entre les mâts) est supérieure à cinquante mètres.

À Montréal


 
À Montréal, on a décidé de ne pas recourir à des consoles; les supports à caténaire sont fixés directement aux mâts.

Or les consoles servent non seulement à suspendre les supports à caténaires, ils servent également à solidifier les mâts.

Sans les avantages de cette solidification, il faut alors utiliser des mâts plus massifs et conséquemment, plus visibles.

Ceci étant dit, est-ce que les caténaires montréalaises ont une empreinte visuelle plus importante que celles d’Helsinki ? Cela est une question d’appréciation personnelle.

Toutefois, ce qui fait toute la différence est l’espacement entre les mâts des caténaires.


 
En plus, pour des raisons obscures, on a décidé d’espacer les mâts montréalais d’approximativement 25 mètres, comparativement à 62 mètres à Helsinki.

Pour une même distance, il faut donc 2,5 fois plus de mâts à Montréal qu’à Helsinki.


 
Par endroits, le Réseau express métropolitain (REM) de Montréal utilise une véritable haie de mâts. On se demande pourquoi il en faut tant.

Le climat

Mais peut-être est-ce nécessaire en raison de notre climat.

La latitude d’Helsinki est la moyenne entre Montréal et le Pôle Nord. En d’autres mots, sa latitude se compare à celle de la baie James.

Toutefois, le climat de la capitale finlandaise n’est pas aussi rigoureux qu’on pourrait le penser. Cette ville est un port qui donne sur le golfe de Finlande. Or cette immense masse d’eau lui sert de tampon thermique.

Ce qui fait que son climat se compare à celui de Montréal.

Le réseau ferroviaire électrique de la Finlande débute à Helsinki (au sud) et monte vers des régions encore plus nordiques du pays où des peuples nomades font l’élevage de hardes de caribous.

En somme, ce qui est faisable en Finlande est faisable au Québec.

La panne d’idées

Pour concevoir le REM montréalais, ses concepteurs prétendent s’être inspirés de nombreux exemples à travers le monde.

Mais à part le SkyTrain de Vancouver et quelques exemples de stations ou d’abris de style extravagant, il ne semble pas qu’on ait été plus loin qu’une recherche sur Google.

Conclusion

C’est le gouvernement libéral de Philippe Couillard qui a fait de la Caisse de dépôt et placement du Québec le maitre d’œuvre du REM.

Or ses dirigeants sont des gestionnaires de capitaux qui voyagent habituellement dans des berlines de luxe ou en avion. Du coup, ces gens ne connaissent pas grand-chose du transport en commun et encore moins de l’urbanisme de Montréal.

Il a fallu attendre l’avancement des travaux pour découvrir la laideur du système d’alimentation électrique qu’ils ont choisi pour le REM.

À la suite des nombreuses critiques à ce sujet, ils ont promis d’y remédier.

Mais au lieu de nous montrer côte à côte des prototypes grandeur nature des anciens et des nouveaux caténaires et de leurs mâts, les responsables du projet n’ont dévoilé qu’une ‘représentation artistique’ du REM vu de loin dans un paysage urbain idéalisé.

Le silence dont s’entoure le REM n’inspire pas confiance.

La seule manière d’éviter les mauvaises surprises, c’est de militer pour que la partie du REM à compléter soit souterraine.

Référence : REM : pas tout à fait comme sur la photo

Compléments de lecture :
L’indice Québec 30 et la CDPQ
REM de l’Est : à moitié redondant, éphémère et laid

Postscriptum du 4 avril 2023 : Dans une réponse écrite obtenue après la publication de ce texte, L’équipe du REM nous a déclaré qu’il n’y a pas de distance fixe entre les mâts des caténaires montréalais; tout dépend de la géométrie de la voie. On peut présumer que ces mâts sont plus rapprochés dans les courbes. Toutefois, précise-t-on, l’espacement typique serait d’environ quarante mètres.

Ce dont je doute beaucoup, à l’examen des photos ci-dessus.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les abus de procédure du ministère des Transports

Publié le 13 mars 2023 | Temps de lecture : 5 minutes

À plusieurs reprises sur ce bloque, j’ai accusé les avocats d’avoir transformé le système judiciaire en machine à sous au service de leur caste sociale.

Le quotidien La Presse nous en présente un exemple dans son édition d’aujourd’hui

Le 4 mars 2022, Brittany Ménard est au volant de sa Volkswagen neuve, achetée quelques heures plus tôt.

Mais voilà que sur l’autoroute 15, près de Saint-Jérôme, elle n’a pas le temps d’éviter un gros nid-de-poule aperçu au dernier instant alors qu’aucune signalisation ne prévient les automobilistes de sa présence.

L’impact est tel qu’un des pneus se fend, obligeant la conductrice à appeler une remorqueuse.

Le 16 février, soit seize jours plus tôt, un premier automobiliste avait prévenu le ministère des Transports de la présence du trou qui commençait à se former dans la chaussée.

Ce premier signalement n’a donné lieu à aucune mesure correctrice.

Le 28 mars, un deuxième automobiliste s’était plaint au ministère que sa voiture avait été endommagée lorsque le côté passager de sa voiture était tombé dans cette cavité.

Cette plainte n’a donné lieu, elle non plus, à aucune mesure correctrice.

Le 1er mars, sans avoir subi de dommage, un troisième conducteur signalait au ministère ce trou dangereux.

La veille de l’accident de Brittany Ménard, un quatrième conducteur avait communiqué avec le ministère pour rapporter que deux de ses pneus avaient crevé précisément à cet endroit.

Lorsqu’on consulte l’historique météorologique de la région montréalaise, on constate qu’il n’est tombé que 4,4 cm de neige durant tout le mois de février 2022.

Ce n’est donc pas comme si, entre le 16 février et le 4 mars, la région avait connu une succession de blizzards qui avaient empêché les ouvriers du ministère de combler de gravier le trou béant afin de réduire l’impact des chocs, à défaut de réparer la chaussée.

On n’a même pas jugé bon installer une signalisation destinée à avertir les conducteurs et prévenir les dommages sur leurs voitures.

Ce que le ministère économise en ouvriers, il préfère le dépenser en frais d’avocats pour contester les réclamations qu’il reçoit.

Dans un premier temps, la cour de première instance a condamné le ministère des Transports à rembourser à Brittany Ménard les frais de 449,55$ pour la réparation de son pneu.

À cette étape, les contribuables ont déjà payé le magistrat qui a entendu cette cause : celui-ci est payé environ un quart de million de dollars par année.

De son côté, l’avocat du ministère a été grassement payé pour préparer son argumentation (qui a échoué à convaincre le tribunal), pour aller en cour et pour plaider.

Mais plutôt que de respecter cette condamnation, les avocats du ministère ont préféré porter la cause en appel.

À la Cour du Québec, la juge Chantale Massé a refusé la demande de l’avocat du Ministère de reporter l’audience de la cause.

Il faut savoir que les nombreux moyens juridiques qui permettent aux avocats de faire trainer une cause en longueur sont autant d’occasions d’enrichissement pour leur caste sociale puisqu’à chaque fois où ils se déplacent inutilement, les juges et les avocats sont payés pareil.

À juste titre, la magistrate a estimé que le contentieux du ministère des Transports possédait suffisamment d’avocats pour qu’un collègue soit capable de prendre la relève, même à la dernière minute, compte tenu de l’absence de complexité de cette cause.

Jusqu’ici, les contribuables ont probablement dépensé des dizaines de milliers de dollars en frais juridiques pour rémunérer deux juges, des greffiers, les sténodactylos qui transcrivent tout ce qui se dit au tribunal et des gardes de sécurité qui y assurent l’ordre.

Mais ce n’est pas assez; on peut toujours extraire quelques gouttes de plus d’un citron pressé.

Plutôt de que payer les 449,55$ que mérite amplement la plaignante, voilà que les avocats du ministère ont décidé de porter en appel cette deuxième condamnation sous le prétexte que la deuxième juge a osé refuser leur demande frivole de reporter la cause.

Comme s’ils ignoraient que les tribunaux sont déjà engorgés.

À quand des tribunaux populaires présidés par des citoyens élus, des tribunaux qui auraient le pouvoir de régler des conflits mineurs et imposer des petites amendes ?

Références :
Le MTQ heurte un nid-de-poule
Repenser les tribunaux

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Québec solidaire et les animaux de compagnie

Publié le 8 mars 2023 | Temps de lecture : 5 minutes


Avant-propos : Depuis quelques années, pour célébrer la Journée internationale des femmes (le 8 mars), ce blogue inverse ce jour-là la règle grammaticale selon laquelle le genre masculin l’emporte sur le genre féminin. En conséquence, dans ce texte qui suit, le féminin inclut le masculin.

Introduction

La semaine dernière, Québec solidaire annonçait son intention de déposer, d’ici la fin de la présente session parlementaire, un projet de loi qui autorisera la présence d’animaux de compagnie dans tous les logements du Québec.

À l’heure actuelle, 65 % des propriétaires acceptent, avec certaines restrictions, la présence d’animaux; les chattes sont acceptées dans 71 % des cas et les chiennes, dans seulement 25 %.

Dans le cas des chattes, elles sont souvent interdites dans les appartements meublés par la propriétaire en raison de leur tendance à ‘faire leurs griffes’ sur le mobilier.

Entre la souris silencieuse et la chienne jappeuse

Québec solidaire souligne les avantages médicaux et psychologiques de la zoothérapie pour la propriétaire d’un animal de compagnie. Toutefois, cette formation politique passe sous silence les inconvénients causés par les conflits entre voisines au sujet d’une bête bruyante.

En somme, si elle fait du bien à sa propriétaire, une chienne jappeuse perturbe la quiétude de la locataire du haut, de celle du bas, et de celles à l’étage, soit beaucoup plus de personnes.

Pour la SPCA (la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux), faire opérer une chienne parce qu’elle jappe est de la cruauté.

Lorsque les chiennes sont interdites par le bail, cela ne signifie pas qu’elles sont systématiquement expulsées; généralement, elles sont tolérées tant que personne ne s’en plaint.

Mais dès que des voisines sont incommodées par le tapage nocturne causé par les jappements d’une bête, la propriétaire de l’immeuble possède une base légale pour obliger la locataire à s’en départir ou à déménager. Sans une disposition à sujet dans le bail, la propriétaire est impuissante.

Les voisines incommodées sont alors obligées de s’adresser à la police — réduisant sa disponibilité à régler des conflits plus graves — ou de déposer une plainte devant les tribunaux. Signalons qu’à la Cour des petites créances, les délais sont de deux ans pour qu’une cause soit entendue.

En somme, on remplace ici le pouvoir discrétionnaire de la propriétaire de l’immeuble par le pouvoir arbitraire d’une magistrate.

Une anecdote

Il y a quelques années, dans sa cour arrière, une personne laissait japper sa chienne tous les matins dès que la clarté du jour paraissait, soit entre 5h30 et 6h15 (selon les saisons).

Dotée d’un mauvais caractère et d’un gabarit impressionnant, cette personne faisait fi des plaintes répétées de ses voisines.

Après plus d’un an à ronger son frein, l’une d’entre elles a lancé dans la cour arrière une boulette de viande hachée mélangée à du poison à rate. Et la chienne, dit-on, serait morte en pissant du sang par les yeux et les oreilles.

Au grand soulagement des voisines, majoritairement réprobatrices quant au moyen utilisé, mais unanimement favorables quant au résultat.

La personne propriétaire de la bête empoisonnée a toujours soupçonné la responsable mais n’a jamais eu la preuve que, parmi les dizaines de personnes qui haïssaient sa chienne, c’était cette voisine-là qui était la coupable.

Conclusion

Autrefois, on ne protégeait les droits individuels que dans la mesure où ils n’allaient pas à l’encontre des droits collectifs (comme le droit au sommeil).

De nos jours, on ne prend plus cette précaution; on compte sur les magistrates pour dresser une préséance entre les droits des unes et des autres.

Le recours à la justice là où une simple clause de bail suffisait correspond à une judiciarisation inappropriée.

Et ce, pour deux raisons.

Premièrement, en raison des délais et des lenteurs du processus judiciaire. Et deuxièmement, en raison de son inaccessibilité économique; demander qu’un conflit mineur soit arbitré par une juge payée un quart de million$ par année et plaidée de part et d’autre par des avocates dont les tarifs dépassent 150$ de l’heure est du gaspillage.

De plus, en rendant extrêmement difficile la résolution de conflits mineurs entre voisines, on favorise l’apparition de comportements asociaux entre des personnes qui se font alors justice elles-mêmes.

Références :
Interdire les animaux dans un logement est discriminatoire, juge Québec solidaire
Levons les interdictions d’animaux de compagnie dans les logements
Logement : devrait-on retirer l’interdiction des animaux domestiques du bail ?
Repenser les tribunaux

Paru depuis : Les délais continuent de s’allonger aux petites créances (2023-09-02)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’indice Québec 30 et la CDPQ

Publié le 6 mars 2023 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Créée en 1965, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) gère les sommes investies dans le Régime des rentes du Québec. C’est le deuxième plus important fonds de pension du Canada.

Après avoir beaucoup spéculé sur le ‘papier commercial’ (des créances hypothécaires douteuses adossées à des actifs financiers), la CDPQ a perdu le quart de la valeur de ses actifs (soit quarante-milliards de dollars) au cours de la Grande Récession de 2007-2008.

À la suite de cette débâcle, la caisse s’était engagée à gérer de manière plus rigoureuse ses actifs et à respecter une politique de gestion du risque.

Mais chassez le naturel et il revient au galop.

L’irrésistible envie de spéculer

En octobre 2021, la caisse a investi environ 150 millions de dollars dans Celcius Network, le plus important gestionnaire mondial de prêts libellés en cryptomonnaies. Huit mois plus tard, cette société déclarait faillite.

Comparé à un actif actuel qui totalise 402 milliards$, l’argent placé dans Celcius Network représente un investissement relativement modeste. Mais puisque tout investissement dans les cryptomonnaies est purement spéculatif, cela est un indice que la caisse n’a pas retenu grand-chose de la Grande Récession.

Parcimonie des investissements au Québec

Si on exclut son portefeuille immobilier, ses investissements dans les infrastructures (le REM), et ses obligations municipales ou provinciales, la caisse investit peu au Québec.

Sur son portefeuille de 78,4 milliards$ de titres financiers québécois, la caisse n’a investi que 21,7 milliards$ dans le capital-actions d’entreprises d’ici, soit 5,2 % de l’ensemble de ses actifs de 402 milliards$.

Or, en 2022, la caisse a essuyé une perte de 24,6 milliards$. C’est plus de la moitié de ce qu’elle a perdu au cours de la Grande Récession. Si la caisse avait davantage utilisé notre argent pour soutenir l’économie du Québec, ses pertes auraient été bien moindres.

L’indice Québec 30

L’Indice Québec 30 est un baromètre boursier des plus grandes entreprises québécoises qui, à la fois, sont cotées en bourse et qui ont leur siège social au Québec.

Tout comme l’indice Dow Jones, sa pondération est périodiquement ajustée selon l’importance économique des entreprises qui en font partie; la dernière pondération date du 8 novembre dernier.

Voici sa composition :
• Banque Nationale du Canada (9,17 %),
• le transporteur ferroviaire Canadien National (7,88 %),
• Banque Royale du Canada (7,27 %),
• Alimentation Couche-Tard (7,18 %),
• Bell Canada (5,86 %),
• les épiceries Métro (4,99 %),
• la plateforme de commerce électronique Lightspeed Commerce (4,75 %),
• les conseillers en gestion informatique CGI (4,74 %),
• la société de gestion financière Power Corporation (4,73 %),
• les détaillants Dollarama (4,36 %),
• Banque de Montréal (4,35 %),
• Québécor (3,47 %),
• les simulateurs de vol CAE (3,15 %),
• la Société financière iA (2,80 %),
• Bombardier Produits Récréatifs (2,67 %),
• Groupe WSP Global (2,28 %),
• Air Canada (2,17 %),
• les produits laitiers Saputo (2,15 %),
• les transports par camion TFI International (2,14 %),
• les vêtements Sport Gildan (1,69 %),
• l’avionnerie Bombardier (1,68 %),
• le producteur d’énergie verte Boralex (1,53 %),
• Innergex Énergie Renouvelable (1,39 %),
• Cogeco Communications (1,34 %),
• quincaillerie Richelieu (1,24 %),
• les presses Transcontinental (1,09 %),
• Banque Laurentienne du Canada (1,04 %),
• la brasserie Molson Coors (1,00 %),
• le groupe d’ingénierie SNC-Lavalin (0,99 %)
• la papetière Cascades (0.89 %).

N’importe quel investisseur prudent sait qu’il doit diversifier ses placements. Il n’est donc pas souhaitable que la caisse se limite à n’investir qu’au Québec.

Toutefois, depuis une décennie, pour chaque tranche supplémentaire de huit pour cent de son portefeuille investie en actions québécoises, la caisse serait plus riche d’un milliard$.


Rendements comparés de l’Indice Québec 30 (IQ-30) et de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ)

Période IQ-30 CDPQ
Depuis un an –  1,6 % – 5,6 %
Depuis cinq ans +  7,3 % + 5,8 %
Depuis dix ans +11,0 % + 8,0 %

Références :
Caisse de dépôt et placement du Québec
Conformité chez Celsius Network : l’arrivée d’investisseurs comme la CDPQ n’a pas empêché la tromperie
Doit-on attirer au Québec l’industrie de la cryptomonnaie ?
Indice Québec 30: un indice boursier que vous devriez suivre
IQ-30 : tout savoir sur cet indice boursier du Québec
La Caisse de dépôt et placement du Québec boude l’Indice Québec 30
La Caisse de dépôt battue à plate couture par l’Indice Québec 30
Pierre Fortin : Cinq ans après, le point sur l’annus horribilis de la Caisse de dépôt

Paru depuis : La Caisse de dépôt et placement du Québec légitime de plus en plus les paradis fiscaux (2023-04-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le travail des jeunes écoliers

Publié le 11 février 2023 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

D’ici deux mois, le gouvernement de la CAQ compte présenter un projet de loi destiné à encadrer et à limiter le travail des jeunes.

Son but est d’éviter que le travail incite au décrochage scolaire.

À l’heure actuelle, dès l’âge minimal de quatorze ans, les jeunes peuvent travailler à la condition du consentement écrit de leurs parents et que les heures travaillées se déroulent, ni durant les heures de cours, ni entre 23h et 6h du matin.

Personne ne s’opposera à ce que la loi soit améliorée pour devancer (à 22h par exemple), l’heure où le travail des jeunes doit cesser; compte tenu du temps pour rentrer chez soi, il n’est pas normal qu’au début de l’adolescence, on se couche à minuit ou à 1h du matin.

Une étude récente de l’université Sherbrooke révèle que dès l’âge de onze ans, plus de la moitié des écoliers travaillent.

Le taux de chômage au Québec — actuellement le plus faible au pays — et la pénurie généralisée de main d’œuvre se prêtent à ce que des employeurs recrutent des jeunes pour des tâches demandant une main d’œuvre non qualifiée.

À l’Assemblée nationale

Plus tôt cette semaine, le représentant de ma circonscription (Hochelaga-Maisonneuve) s’est inquiété à l’Assemblée nationale de l’augmentation importante du travail des jeunes inscrits aux premières années du secondaire.

Après avoir invité le ministre du Travail du Québec à résister aux pressions des restaurateurs et des détaillants en procédant à la rédaction de son projet de loi, le député Alexandre Leduc (de Québec Solidaire) a adressé au ministre la question suivante :

« [Au sujet de…] ses hausses ridicules de salaire minimum, le ministre disait toujours qu’il ne fallait pas trop que ça soit haut parce que cela allait inciter trop de jeunes à prioriser le travail avant les études. Bien là, on a un salaire minimum ‘poche’ (sic) et une explosion incontrôlée du travail des jeunes. Est-ce que le ministre est conscient que lui, il est aux commandes [et qu’] il est en train de présider à un phénomène sans précédent de ‘massification’ et de normalisation du travail des adolescents de 10, 11, 12, 13, 14 ans ? »


Note personnelle : mon premier emploi était comme servant de messe, rémunéré au montant forfaitaire de cinq cents la messe, mais bientôt doublé à dix cents. Je devais avoir huit ou neuf ans. J’ai beaucoup aimé.

Le ton alarmiste du député au sujet d’un projet de loi que personne n’a encore vu est inapproprié. On ne parle pas ici de revenir au XIXe siècle alors que des enfants travaillaient dans des mines. Ni à l’époque où des gérants d’usine frappaient leurs subalternes ou harcelaient leur personnel féminin pour qu’il consente à leurs avances.

Tout le monde s’entend pour dire que la place des jeunes est à l’école. De plus, les écoliers doivent consacrer le temps qu’il leur est nécessaire pour faire leurs devoirs à domicile.

Les risques

Le travail des jeunes ne doit pas les inciter à abandonner leurs études. Voilà pourquoi le projet de loi du gouvernement devrait obliger un employeur à congédier tout jeune qui quitte prématurément l’école.

De plus, on doit éviter d’exposer indument les jeunes aux accidents de travail.

Soyons clairs : le risque zéro n’existe pas. De nos jours, même aller à la garderie peut s’avérer mortel.

Un jeune encourra toujours un risque plus grand de blessure au travail que s’il était demeuré chez lui à pitonner sur sa console vidéo, étendu sur le sofa du salon.

De la même manière, un adolescent risquera toujours de glisser l’hiver sur un trottoir mal déglacé en livrant les journaux à domicile. Comme cela pourrait lui arriver en se rendant à l’école.

Si on accepte qu’un adolescent puisse se blesser au hockey ou en descendant une piste de ski, il faudra accepter les risques raisonnables reliés à un emploi peu dangereux.

Les avantages

Qui peut s’opposer à ce que nos jeunes passent moins de temps devant les écrans de leurs appareils mobiles si cela est remplacé par du temps à épauler des camarades de travail et à servir la clientèle ?

Selon l’étude de l’université de Sherbrooke cité par le député (mais qu’il ne semble pas avoir lu), l’augmentation du travail des jeunes observée récemment s’est accompagnée d’une amélioration de leur santé mentale.

Sans prouver de relation de cause à effet, cette étude montre également une association entre le temps plus grand que les fillettes passent devant l’écran de leur appareil mobile et la prévalence d’idées noires, voire suicidaires.

Une étude américaine effectuée chez 212 913 jeunes de 12 à 17 ans a révélé chez eux une augmentation importante du taux de dépression majeure entre 2005 à 2017, soit avant le confinement pandémique. Ce taux est passé au cours de cette période de 8,7 % à 13,2 %.

Compte tenu du fait que le premier iPhone date de 2007 et que le premier iPad date de 2010, les chercheurs ont émis l’hypothèse d’une corrélation entre la généralisation de l’usage de ce type d’appareil et l’augmentation de la dépression alors qu’il est prouvé que cette généralisation s’est accompagnée d’une diminution du temps consacré au sommeil.

En effet, leurs écrans émettent beaucoup de lumière bleutée. Ce qui diminue d’autant la sécrétion de la mélatonine par le cerveau.

On peut présumer qu’à l’inverse, toute activité physique reliée au travail favoriserait le sommeil et du coup, diminuera la dépression chez les jeunes si et seulement si le temps travaillé se fait au dépens du temps passé passivement à regarder des images sur un périphérique mobile.

Voilà pourquoi ce projet de loi devrait obliger le mineur à laisser son téléphone en consigne lorsqu’il travaille. En cas d’urgence, ses parents (par exemple) pourraient le contacter par le biais du téléphone de l’employeur. Ce serait alors un bon moyen de sevrer nos jeunes de la dépendance aux écrans.

Et ce, sans compter l’effet positif du travail contre la sédentarité et contre la dépréciation de l’image de soi qui accompagne souvent l’obésité dans un monde où la minceur est valorisée.

À partir du moment où on est parfaitement libre de le quitter, il faut voir le travail comme une expérience enrichissante qui favorise l’adoption, chez les jeunes, de meilleures habitudes de vie.

Références :
Âge minimum pour travailler : un projet de loi qui ne fait pas l’unanimité
Age, Period, and Cohort Trends in Mood Disorder Indicators and Suicide-Related Outcomes in a Nationally Representative Dataset, 2005–2017
Enquête sur la santé psychologique des 12-25 ans
Lumière bleue et dégénérescence maculaire
Plus de la moitié des jeunes Québécoises vivent anxiété ou dépression
Québec déposera un projet de loi sur le travail des enfants en début d’année
Tragédie à Laval : l’heure est au recueillement
Un phénomène qui existe depuis des décennies : le travail des enfants au Québec

Parus depuis :
Social Media is a Major Cause of the Mental Illness Epidemic in Teen Girls. Here’s the Evidence (2023-02-22)
Pénurie de main-d’oeuvre: de plus en plus de jeunes travaillent dès l’âge de 12 ans (2023-03-04)

Complément de lecture : Le temps d’une messe

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le ministre Roberge et la défense homéopathique du français

Publié le 4 février 2023 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

J’éprouve à l’égard du ministre Jean-François Roberge un sentiment ambivalent.

D’une part, c’est un homme brillant et un communicateur excellent qui ne perd jamais son sang-froid. Même quand il élève le ton, c’est généralement une colère froide, soigneusement réfléchie.

Mais d’autre part, c’est aussi quelqu’un qui ment comme il respire.

Souvenons-nous du protocole-bidon destiné à mesurer le taux de CO₂ dans les écoles et qui, selon lui, avait été approuvé par la Santé publique (ce que celle-ci avait démenti).

À l’Assemblée nationale, pas un battement de cils ne trahissait son effronterie.

En devenant ministre de la Langue française, c’était pour lui l’occasion de repartir à neuf. De se créer une nouvelle réputation.

Le retour à la case départ

Personne ne peut douter de la sincérité de son prédécesseur, Simon Jolin-Barrette, à défendre le français au Québec.

En dépit de cela, j’ai eu l’occasion de critiquer sévèrement sa loi 96, une loi que la CAQ mit trois ans à faire adopter et qui, à sa face même, était très insuffisante.

Dès son arrivée en fonction, voilà le nouveau ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, annoncer qu’il entreprend un grand chantier au sujet du français au Québec.

Quel chantier ?

L’image qui nous vient à l’esprit lorsqu’un parle d’un chantier, c’est celle d’un terrain généralement clôturé sur lequel des ouvriers portant un casque protecteur et des souliers blindés versent du ciment dans un coffrage, scient, clouent, assemblent. Bref, des gens qui travaillent et qui suent. C’est ça, un chantier.

Mais derrière cette appellation, ce que le ministre appelle ‘chantier’, c’est la création d’un groupe consultatif appelé Groupe d’action (sic) pour l’avenir de la langue française. Bref, des gens qui s’assoient et qui placotent.

Ce qu’on comprend, c’est que la défense caquiste du français ne coutera pas cher de désodorisant.

En définitive, après cinq ans de pouvoir, la CAQ est à court d’idées. Et pour qu’on ne s’en rende pas compte, son ministre de la Langue française a décidé de faire diversion.

La récolte des idées

Actuellement, le parti dont le programme est le plus étoffé quant à la défense du français, c’est le Parti Québécois. Cela n’a rien d’étonnant; c’est le parti qui a fait adopter la Loi 101.

En politique, pirater les idées des autres est de bonne guerre.

Voilà pourquoi le gouvernement libéral de Philippe Couillard s’est abondamment inspiré du programme de la CAQ (malheureusement en y pigeant ce qu’il y avait de pire) et a même accueilli dans ses rangs des transfuges comme Dominique Anglade et Gaétan Barrette.

Et pour lui remettre la politesse, la CAQ a accueilli dans ses rangs Marguerite Blais, la ministre libéro-caquiste des Ainés. Celle qui a regardé le film du Covid-19 dans les CHSLD en mangeant du popcorn.

Pourquoi se presser ?

En analysant l’évolution de la démographie linguistique du Québec depuis quinze ans, on peut voir que de 2016 à 2021, l’anglicisation du Québec s’est accélérée.


 
Depuis quinze ans, le pourcentage des parents qui élèvent leurs enfants à la fois en français et en anglais est passé de 1,6 % à 16,6 % sur l’ile de Montréal, et de 1,3 % à 13,5 % dans l’ensemble de l’agglomération métropolitaine. Surtout de 2016 à 2021.

Pour ‘louisianiser’ une famille, cela prend cinq générations. La première est francophone et connait de l’anglais juste ce qu’il lui faut pour se débrouiller. La deuxième est bilingue. La troisième parle généralement anglais mais réussit à comprendre grosso modo ce que disent ses grands-parents. Et la génération suivante est anglophone.

La deuxième étape de notre ‘louisianisation’ est entamée. Et on peut en mesurer l’ampleur. Elle sera complétée dans une décennie si rien de significatif n’est fait par le gouvernement du Québec.

Or le ministre Roberge nous annonce maintenant quatre années supplémentaires d’attente, de réflexion, de consultation et de ‘campagnes de sensibilisation’ dans des médias francophones (ceux que ne consultent jamais ceux qui sont en voie d’assimilation à l’anglais).

Que dirait-on de pompiers qui, alertés d’un début d’incendie, choisiraient de se réunir autour d’une table pour élaborer un plan d’action concret destiné à être présenté au prochain congrès national des pompiers qui doit se tenir justement dans l’édifice en feu…

C’est ça, le programme de la CAQ au sujet de la défense le français; un show de boucane.

Références :
Anglicisation du Québec : l’omelette de la loi 96
Le défilé des Rhodésiens
Le PQ et la francisation des immigrants
Québec lance un grand chantier pour protéger le français

Parus depuis :
Italian government seeks to penalize the use of English words (2023-04-01)
Ottawa a versé des milliards pour l’anglais au Québec (2023-11-27)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’anglicisation du Québec, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Justin Trudeau et la camisole de force constitutionnelle de 1982

Publié le 25 janvier 2023 | Temps de lecture : 8 minutes

Introduction

La clause dérogatoire est un article qui permet de soustraire une loi provinciale ou fédérale aux exigences de la Canadian Constitution et lui éviter d’être déclarée anticonstitutionnelle par les tribunaux.

Au cours d’une entrevue accordée récemment à La Presse, le premier ministre canadien a reproché aux provinces de recourir abusivement à cette clause et réitéré son intention d’obtenir de la Cour suprême une jurisprudence qui en limiterait l’usage.

Sans attendre qu’une cause concrète soit présentée devant la Cour suprême, le gouvernement fédéral veut l’obliger à se prononcer à ce sujet par le moyen d’une requête spéciale appelée renvoi.

Le moteur du renouvèlement constitutionnel canadien

C’est l’adoption de la Loi 101 par le gouvernement péquiste de René Lévesque en 1977 qui a motivé le gouvernement canadien à entreprendre la rédaction d’une nouvelle constitution. Celle-ci est entrée en vigueur cinq ans plus tard.

Jusque là, le British North America Act, voté par le parlement de Londres en 1867, faisait office de constitution canadienne et régissait le fonctionnement du pays.

Mais la Loi 101 était une loi révolutionnaire qui ajoutait au droit canadien la notion de droits collectifs; elle établissait les bases juridiques du droit du peuple francoQuébécois d’assurer sa survie en protégeant le français au Québec.

Pour contrer la Loi 101, les stratèges d’Ottawa eurent l’idée d’une nouvelle constitution dont l’élément central fut une charte des droits et libertés.

Celle-ci vise à consacrer la suprématie absolue des droits individuels puisque ceux-ci comprennent implicitement le droit de s’assimiler au groupe linguistique de son choix.

Ce principe — le droit de s’assimiler au groupe linguistique de son choix — était à la base de la loi 63 adoptée en 1969 par le gouvernement québécois de l’Union Nationale.

En ouvrant toutes grandes les portes de l’école publique anglaise à n’importe qui, elle forçait le peuple francoQuébécois à financer sa propre extinction.

Le Québec tout entier fut scandalisé par la stupidité du gouvernement de l’Union Nationale. À l’élection suivante, ce parti politique fut rayé de la carte.

Droits fondamentaux vs caprices constitutionnels

Dans leur zèle à consacrer la suprématie des droits individuels sur les droits collectifs, les rédacteurs de la Charte canadienne des droits ont élevé de simples caprices au rang de droits constitutionnels.

À titre d’exemple, il est indéniable que croire en une religion est un droit fondamental. De la même manière, se réunir dans un lieu de culte l’est également.

Mais les manifestations extérieures de la foi — porter des breloques ou des bijoux en forme de symboles religieux — ne sont pas des droits, mais de simples caprices décoratifs.

Dans son entrevue à La Presse, on aurait aimé que le premier ministre canadien nous précise ce qu’il a à l’esprit lorsqu’il déclare : « On est en train de banaliser la suspension des droits fondamentaux.». Quels droits fondamentaux ?

l’abolition du droit de grève en Ontario

S’il parle de la décision du premier ministre ontarien (à laquelle il a aussitôt renoncé) de retirer le droit de grève à certains employés du secteur public, on voit mal la différence entre cette décision et l’adoption d’une loi spéciale qui force le retour au travail des grévistes, ce qui est parfaitement constitutionnel et revient au même.

En réalité, le tabou au sujet de la clause dérogatoire vise à préserver le mythe selon lequel Pierre-Elliot Trudeau (le père du premier ministre actuel) serait descendu de la colline parlementaire avec une constitution sacrée sous le bras comme Moïse est descendu du mont Sinaï avec la Table des dix commandements…

la loi 96 du Québec

S’il parle de la loi 96, destinée à renforcer la Loi 101, quels sont les droits fondamentaux que violerait cette loi ?

Le droit de nos petits Rhodésiens de ne pas apprendre le français à l’école anglaise ?

Le droit des entreprises montréalaises d’imposer le bilinguisme à leurs employés lorsque cette exigence n’est pas nécessaire, exerçant ainsi une discrimination à l’embauche contre quatre-millions de francoQuébécois unilingues ?

Est-ce que c’est ça que monsieur Trudeau veut perpétuer ?

la loi 21 du Québec

Cette loi interdit l’expression publique d’une appartenance confessionnelle aux fonctionnaires en position d’autorité et aux enseignants du secteur public. Et ce, seulement dans l’exercice de leurs fonctions.

Les interdits de cette loi sont ceux qu’on trouve déjà dans des lois analogues adoptées par de nombreuses démocraties européennes. Des interdits déjà validés par leurs plus hautes instances juridiques.

Or de simples croyances, qui ne sont retrouvées dans aucun texte sacré — par exemple, la croyance en l’obligation de porter le niqab ou la burka — ont été promues au Canada au rang de droits constitutionnels, au même titre que le droit à la vie.

Conséquemment, la Canadian Constitution élève des fixations identitaires (le port de chiffon et de breloques) au rang de droits fondamentaux.

Plutôt que de regretter que les auteurs de la Canadian Constitution n’aient pas vu la montée de l’intégrisme religieux financé par l’Arabie saoudite, le premier ministre canadien désavoue implicitement les centaines de milliers d’Iraniennes qui, ces jours-ci, risquent leur vie en protestant contre un voile qu’une théocratie obscurantiste veut leur imposer.

Les incohérences idéologiques d’Ottawa

Dans son entrevue à La Presse, le premier ministre s’objecte à ce que les provinces invoquent la clause dérogatoire de manière préventive.

À son avis, il serait préférable qu’elles attendent qu’une loi soit déclarée anticonstitutionnelle avant de lui ajouter une clause dérogatoire (si elles jugent toujours cette loi nécessaire).

Et du même souffle, il réitère son intention de procéder à un renvoi auprès de la Cour suprême au sujet de l’utilisation de la clause dérogatoire par les provinces.

Or un renvoi est essentiellement préventif; il consiste à demander l’avis de la Cour suprême avant même qu’elle ait à se prononcer dans le cadre d’une cause concrète présentée devant elle.

De plus, pour bien alerter les lecteurs de La Presse au sujet des menaces qui planent sur les droits fondamentaux à travers le monde, il donne l’exemple de l’invalidation récente de l’arrêt Roe c. Wade (au sujet de l’avortement) par la Cour suprême des États-Unis.

Comble de l’incohérence, il professe sa foi dans les tribunaux pour protéger les droits fondamentaux. Malheureusement pour lui, ce que cet exemple démontre, c’est précisément qu’on ne peut pas compter sur eux.

En 1982, le gouvernement canadien et les provinces anglophones du pays adoptaient une nouvelle constitution à l’issue d’une séance ultime de négociation tenue secrète et à laquelle le Québec n’avait pas été invité.

Limiter le recours à la clause dérogatoire par les provinces, c’est limiter la capacité du Québec d’échapper à la camisole de force constitutionnelle que l’ethnie dominante du Canada lui a imposée pour contrer son pouvoir de protéger notre langue et notre culture.

Puisque cette constitution est leur constitution et non la nôtre, on ne voit pas pourquoi nous devrions hésiter à déroger d’un contrat que nous n’avons pas signé.

Références :
Actes de l’Amérique du Nord britannique
Disposition de dérogation – Legault reproche à Trudeau de vouloir « s’attaquer au peuple québécois »
Disposition de dérogation – Trudeau envisage de se tourner vers la Cour suprême
Laïcité : juges contre démocratie
Le compromis oublié
Le défilé des Rhodésiens
Loi 101
Loi constitutionnelle de 1982
Loi 63
Lois d’exception au Québec depuis 1986
Quatre-millions de Québécois victimes de discrimination à l’embauche

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le serment à un roi mal aimé

Publié le 9 décembre 2022 | Temps de lecture : 3 minutes

Introduction

Cet après-midi, après seulement douze minutes de délibération, l’Assemblée nationale du Québec a aboli le serment à la couronne britannique que tous les députés prêtaient jusqu’ici au moment de leur entrée en fonction.

La loi abolissant ce serment a été présentée par le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) à la suite du refus catégorique de trois députés du Parti Québécois (PQ) de le prêter.

La vague de sympathie à l’égard des députés contestataires a fait surgir la question suivante : pourquoi donc le PQ n’a-t-il pas aboli ce serment lorsqu’il était lui-même au pouvoir ?

Une majorité insuffisante

Le PQ a formé des gouvernements majoritaires à quatre occasions : en 1976, en 1981, en 1994 et en 1998. Toutefois, pour abolir ce serment, il faut modifier la constitution du Québec. Ce qui exige une majorité qualifiée, soit une majorité du deux tiers des élus.

Or, même quand ils étaient majoritaires, les gouvernements du Parti québécois avaient respectivement 64,5 %, 65,6 %, 61,6 % et 60,8 % des députés de l’Assemblée nationale.

En somme, ils n’avaient pas la majorité nécessaire pour passer outre l’opposition systématique du ‘parti des Anglais’, soit le Parti libéral du Québec (PLQ).

Le PLQ trop affaibli pour bloquer la loi

De nos jours, avec seulement 16,8 % des députés à l’Assemblée nationale, le PLQ ne peut plus exercer le véto officieux dont il disposait autrefois.

Pragmatique, il a donc voté en faveur de la loi.

Éviter un impair diplomatique

Même s’ils savaient d’avance que cela ne passerait pas, pourquoi les gouvernements péquistes n’ont-ils pas tenté vainement d’abolir ce serment, histoire de jeter du discrédit sur leurs opposants libéraux ?

C’est qu’à l’époque où il était au pouvoir, le PQ avait espoir de convaincre les Québécois de voter en faveur de l’indépendance nationale par référendum.

Or un des premiers gestes de n’importe quel pays qui accède à l’indépendance, c’est de chercher à obtenir une reconnaissance internationale.

Le risque de froisser la Grande-Bretagne avant même qu’un référendum gagnant soit remporté apparaissait comme une mauvaise idée aux yeux des dirigeants du PQ.

Conclusion

La popularité de la princesse Diana Spencer et sa fin tragique ont condamné son époux adultère au désamour, tant au Québec qu’ailleurs dans le monde.

Dépourvu de charisme, le roi Charles III est mal aimé. Peut-être réussira-t-il à se faire apprécier à la longue.

Le début de son règne était donc une occasion en or pour abolir ce serment d’allégeance à celui qui, disons-le franchement, est le descendant de nos conquérants.

On peut remercier le PQ d’avoir provoqué cette crise politique. Mais on doit également remercier tous les autres partis politiques du Québec. Ceux-ci se sont élevés au-dessus de leurs rivalités et mis fin à cet anachronisme.

Il était temps !

Référence : Le serment au roi n’est plus obligatoire à l’Assemblée nationale

Complément de lecture : Comment en est-on venus à prêter serment à un roi étranger ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel