La bonne fée des pauvres

Publié le 27 novembre 2023 | Temps de lecture : 9 minutes
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Introduction

Après l’avoir nié pendant des mois, le gouvernement de la CAQ a finalement été rattrapé par la crise du logement.

Une crise semblable sévit dans beaucoup de pays occidentaux. Et ce, pour les mêmes raisons qu’au Québec.

Depuis la pandémie au Covid-19, cette crise s’est accentuée chez nous de manière exponentielle en raison de l’effet combiné des mesures insuffisantes de la CAQ et d’une immigration massive qui va bien au-delà de la capacité d’accueil du Québec… et du reste du pays.

L’ampleur de la crise

Le déséquilibre actuel entre l’offre et la demande provoque la plus forte augmentation de loyer à Montréal depuis vingt ans.

Près de 116 000 logements abordables (c’est-à-dire à moins de 750 $ par mois) ont disparu en seulement cinq ans au Québec, dont 90 000 à Montréal.

Si bien que l’Office municipal des habitations à loyer modique évalue à environ 24 000 le nombre de ménages en attente d’une place dans ses habitations. L’attente se compte… en années.

Malheureusement, beaucoup de villes préfèrent laisser à l’abandon leurs HLM plutôt que de les rénover. À Montréal, 34 % des HLM sont en mauvais état et 41 % sont en très mauvais état, pour un total de 75 %.

De plus, au sein du parc immobilier à Montréal, on trouve environ 156 000 logements privés qui ne respectent pas les règles de salubrité de la ville. Il est probable que les pires d’entre eux sont inhabités.

À cela s’ajoute l’effet sur l’offre de locations à court terme (de type AirBnB) qui permettent de rentabiliser des pieds à terre où les propriétaires ne vont presque jamais.

Et s’ajoutent enfin ces logements loués à des étudiants étrangers (souvent à plusieurs), ce qui les rend indisponibles aux familles québécoises.

La solution caquiste

En septembre dernier, le gouvernement de la CAQ a déposé le projet de loi 31, un court document législatif modifiant d’autres lois.

La controverse qu’il a créée vient du fait qu’il restreint le pouvoir du locataire de céder son bail afin de permettre — généralement à un parent ou à un ami — d’occuper les lieux (en y payant le loyer évidemment) jusqu’à l’échéance de ce bail.

Pour la ministre Duranceau, la cession de bail est une violation du droit à la propriété. À son avis…

Cette histoire-là de cession de bail ou de magasinage de baux entre locataires, bien c’est une entrave au droit de propriété des propriétaires.

Lorsqu’on loue un objet ou un lieu, ce n’est pas une vente; la propriété de ce qui est loué est inchangée. Toutefois, durant toute la durée de la location, le locataire est libre d’en faire tout usage raisonnable, en assumant la responsabilité de dommages, le cas échéant.

La cession de bail agace les propriétaires qui se retrouvent parfois avec un nouveau locataire qu’ils n’auraient pas choisi.

Cet inconvénient est réel. Mais on ne peut y pallier qu’en modifiant l’équilibre délicat entre les droits des propriétaires et les pouvoirs des locataires.

En effet, ces derniers sont totalement dépendants des lois et des règlements qui les protègent puisque dans nos pays, le droit de propriété est sacré, alors que le ‘droit’ au logement n’existe pas.

Le ‘droit’ au logement


 
Dans les pays occidentaux, les droits de la Personne sont généralement des droits politiques (le droit s’association et le droit d’expression, par exemple) alors que dans les pays communistes, les droits de la Personne sont des droits concrets, dont le droit à l’hébergement.

Après la Révolution cubaine, quand les paysans ont migré massivement vers les villes en fuyant la misère qui régnait dans les campagnes, l’État cubain a subdivisé en ville tous les logements qui pouvaient l’être. Et il les a subdivisés encore plus lorsque cela s’est avéré insuffisant. Jusqu’à ce que tout le monde finisse par être logé.

En comparaison, dans un pays comme les États-Unis, celui qui est trop pauvre pour louer une chambrette ou qui n’arrive pas à en trouver, n’a droit à rien. Qu’il crève.

Au Canada, sous la pression de l’opinion publique, des administrations municipales peuvent aider quelques centaines de familles mises à la rue. Mais dès que la pression journalistique s’estompe, on fait savoir aux bénéficiaires qu’ils doivent se débrouiller tout seuls.

Poursuivez votre ville, l’État québécois ou le gouvernement fédéral parce que vous n’arrivez pas à trouver un logement et les tribunaux vous diront en long ce que la ministre Duranceau a élégamment résumé en une seule phrase :

Les pauvres qui n’arrivent plus à se loger n’ont qu’à investir dans l’immobilier…

En définitive, le ‘droit’ au logement n’existe pas. Pas plus que le ‘droit’ de céder son bail.

Dans le cas de la cession de bail, ce qui existe, c’est le pouvoir du locataire de céder son bail. Un pouvoir qui repose uniquement sur une loi modifiable… et que justement, la ministre veut modifier.

La cession de bail

Dans sa réponse à la députée Manon Massé, la ministre de l’Habitation déclare que son projet de loi n’interdit pas la cession de bail. C’est exact.

Son projet de loi ne fait qu’assujettir ce pouvoir des locataires au véto du propriétaire. Ce qui n’était pas le cas précédemment.

Une fois ce projet de loi adopté, on devrait rencontrer les trois situations suivantes :
• le propriétaire n’oppose pas son nouveau droit de véto et le locataire peut céder son bail,
• le propriétaire oppose son droit de véto (pour des motifs ‘sérieux’, précise la ministre) et le locataire doit continuer, contre son gré, à payer le loyer,
• le propriétaire accepte l’annulation prématurée du bail et libère son locataire de ses obligations.

Qui jugera du caractère sérieux des motifs invoqués par le propriétaire pour opposer son véto ? Réponse : les tribunaux.

Établi depuis des décennies, le pouvoir des locataires de céder leur bail est incontestable. Il a subi il y a longtemps le test des tribunaux et triomphé de toutes les contestations juridiques. Du coup, plus aucun propriétaire n’ose le contester; c’est peine perdue.

Dès que projet de loi sera adopté, si les raisons invoquées par le propriétaire lui semblent futiles, le locataire devra porter plainte auprès du Tribunal administratif du logement et attendre des mois pour l’audition de sa cause. Et c’est sans compter ses frais d’avocat s’il désire y être représenté par un professionnel.

En mars 2022, le délai médian pour une première audience était de 3,9 mois pour les causes ordinaires et de 1,3 mois pour les causes les plus urgentes. Et c’est sans compter sur le temps à obtenir le jugement.

Alors que les tribunaux canadiens sont débordés, cette judiciarisation est inappropriée.

La ministre Duranceau termine sa réponse en exhortant les partis d’opposition à adopter le projet de loi 31 avant Noël afin d’éviter les évictions après le temps des Fêtes.

Entre Noël et la fin du temps des Fêtes

La ministre compte apparemment sur l’adoption du projet de loi 31 avant Noël pour atténuer la crise du logement deux semaines plus tard.

Comment y parvenir ? Puisque la cause profonde de cette crise est une insuffisance de l’offre, il n’y a qu’un moyen : en construisant des dizaines de milliers d’unités locatives en 14 jours.

En septembre 2023, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) estimait qu’il faudrait construire 3,5 millions de logements supplémentaires au Canada d’ici 2030 pour retrouver un niveau d’abordabilité raisonnable. C’est un demi-million d’unités locatives par année au Canada.

Pour le Québec, cela représente environ 800 000 logements abordables à construire d’ici 2030. Et d’ici là, 115 000 par année.

Au cours de la dernière campagne électorale, la CAQ a promis de consacrer 1,8 milliard$ sur quatre ans à la construction de 7 200 logements sociaux. C’est 1 800 unités par année, loin des 115 000 unités nécessaires au Québec selon la SCHL.

Tout cela serait inquiétant sans la présence rassurante de la ministre de l’Habitation; comme une fée, France-Élaine Duranceau fait apparaitre l’enchantement.

Aux pauvres sans espoir de se loger, zling ! — c’est le bruit familier que font les baguettes magiques — et soudainement, la ministre leur ouvre toutes grandes les portes de l’investissement immobilier. Un choix incalculable de maisons, de villas luxueuses et même de gratte-ciels s’offrent à leurs yeux émerveillés. Grâce à la ministre.

Aux propriétaires opposés à ce que leurs locataires cèdent leurs baux sans leur permission, zling ! : par magie, ce pouvoir disparait. Et tous ces propriétaire anxieux peuvent dorénavant dormir en paix. Grâce à la ministre.

Bref, la ministre Duranceau possède l’art précieux de rendre tout le monde heureux.

Références :
Délais réduits au Tribunal administratif du logement
Hausses de loyers abusives: plus de 100 000 logements abordables disparus au Québec en cinq ans
La CAQ dépose enfin son projet de loi sur le logement
La CAQ promet 1,8 milliard de dollars en logements sociaux
Le logement social à Montréal : les promesses en l’air
Le logement social à Vienne
Le Québec, Dollarama des études postsecondaires ?
Les trois quarts des HLM en mauvais état à Montréal
Montréal incite les promoteurs à faire plus de logements sociaux et abordables
Plus forte augmentation de loyer en 20 ans à Montréal
Projet de loi 31
Un condo à 568 000$ jugé «abordable» par l’administration Plante

Parus depuis :
Aucune région du Québec n’y échappe: les évictions forcées ont explosé de 132% en un an (2023-10-12)
Le tiers des inspections prévues dans les HLM ont été menées, dit la VG de Montréal (2024-06-17)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Québec, Dollarama des études postsecondaires ?

Publié le 26 octobre 2023 | Temps de lecture : 10 minutes

L’exemple des Pays-Bas

En raison du Brexit, des milliers de jeunes à travers le monde qui espéraient obtenir leur formation auprès d’une université britannique se sont tournés vers la formation universitaire donnée en anglais dans certaines universités d’Europe continentale.

Aux Pays-Bas, c’est exclusivement en anglais que 122 287 étrangers y font leurs études postsecondaires annuellement.

La popularité des études dans la langue de Shakespeare s’est répercutée sur le marché locatif; on estime que le pays a besoin de 26 500 chambres pour y loger ses étudiants.

En raison de la hausse des loyers causée par cette pénurie; les étudiants néerlandais dépensent en moyenne la moitié de leurs revenus pour se loger.

Sur des sites locatifs offrant de l’hébergement, on commence à voir apparaitre les avertissements ‘No Internationals’ et ‘Dutch only’. Une discrimination illégale que les autorités tolèrent.

En juin 2022, les universités de Maastricht et d’Utrecht ont écrit à toutes les personnes qui voulaient y étudier de ne pas y venir à moins d’avoir trouvé un lieu pour habiter.

Afin de pallier cette crise, le gouvernement néerlandais a décidé de réduire radicalement le nombre de ses étudiants étrangers.

En premier lieu, sauf exception, les deux tiers de toute formation universitaire qui mène à l’obtention d’un baccalauréat devront se faire en néerlandais.

Au cas où cette mesure ne serait pas suffisante, le gouvernement des Pays-Bas obligera, à partir de septembre 2024, tous les étudiants étrangers qui veulent s’inscrire dans l’une ou l’autre des universités du pays à connaitre les rudiments du néerlandais.

Finis bientôt ces étudiants qui, employés comme serveurs à Amsterdam, répondent “Oh, I’m so sorry; I don’t speak Dutch” aux clients néerlandais qui aimeraient être servis dans leur langue dans leur propre pays.

Le cas québécois

Après Terre-Neuve, le Québec est la province où les frais universitaires sont les moins élevés au Canada.

Non pas parce que nos universités ‘produisent’ des diplômés à moindre cout, mais parce que nous avons fait le choix de société de favoriser l’accès de nos adolescents aux études supérieures en subventionnant celles-ci.

Depuis le gouvernement libéral de Philippe Couillard, les frais universitaires varient selon la catégorie à laquelle l’étudiant appartient. Or il y a trois catégories :
• les étudiants internationaux,
• les étudiants canadiens des autres provinces, et
• les étudiants québécois.

Les universités québécoises sont libres de charger les frais de scolarité qu’elles veulent aux étudiants internationaux.

Par contre, jusqu’ici, les étudiants canadiens des autres provinces payaient la moitié du cout réel de leur formation universitaire (8 992$ sur 17 000$). L’autre moitié était déboursée par les contribuables québécois.

Quant aux jeunes d’ici, l’État subventionne la très grande majorité des couts de leur formation.

Effets de la dérèglementation libérale

Des dizaines de pays occidentaux convoitent la clientèle lucrative des étudiants internationaux en leur offrant une formation universitaire en anglais.

C’est l’argument qu’avaient invoqué les démarcheurs des universités anglophones du Québec pour convaincre le régime libéral de Philippe Couillard de dérèglementer les frais universitaires à l’égard des étudiants provenant de l’extérieur du Québec.

Mais comme le ‘marché’ des étudiants internationaux anglophones est beaucoup plus important que le ‘marché’ étudiants internationaux francophones, cette manne a surtout profité aux universités anglophones.

De 2019 à 2022, les frais d’inscription des étudiants hors Québec aux universités McGill, Concordia et Bishop ont rapporté 282 millions de dollars soit plusieurs fois ce que les étudiants étrangers ont versé aux universités francophones du Québec.

Les étudiants non québécois paieront plus cher

Plus tôt cette semaine, le Québec a annoncé son intention de majorer les frais universitaires imposés aux étudiants originaires de l’extérieur du Québec qui s’inscrivent aux universités d’ici.

Sont exclus de cette hausse, les étudiants français ou belges puisque leurs pays ont signé des ententes de réciprocité avec le Québec (ce que les provinces anglophones du pays ont refusé de faire).

Dans le cas des étudiants internationaux, les universités continueront de facturer le montant qu’elles veulent. Sauf qu’on établira un tarif plancher de vingt-mille dollars par année.

De plus, le Québec cessera de subventionner la formation des étudiants des autres provinces qui sont inscrits aux universités anglophones du Québec.

Pourquoi ? Parce que la majorité de ces étudiants quittent le Québec à la fin de leurs études et donc, parce que nous investissons à perte dans leurs études universitaires.

Réaction au Canada anglais

Ces jours-ci, la population des autres provinces est beaucoup plus préoccupée par les bruits de guerre que par les nouvelles d’une hausse des frais de scolarité au Québec.

Malgré cela, incapables de résister à la tentation de casser du sucre sur le dos du Québec, certains politiciens se sont empressés de confier leur déception aux journalistes.

L’enflure lyrique a probablement atteint un sommet avec la réaction de Pablo Rodriguez, ministre fédéral des Transports :

Pour moi, les universités, c’est comme une fenêtre sur le monde. Puis là, j’ai l’impression qu’on ferme un peu nos fenêtres.

Oh, comme la formule est mignonne !

Mais relisez cette phrase : elle n’a du sens que si le Québec avait décidé de fermer tous ses campus universitaires.

On doit savoir que son collègue, le ministère fédéral de l’Immigration, approuve 92 % des demandes de requérants étrangers pour étudier à l’université McGill.

Par contre, il refuse la moitié des demandes pour étudier à l’université Laval. Le pourcentage des refus grimpe même à 72 % dans le cas des établissements scolaires francophones lorsqu’il s’agit de demandeurs provenant d’Afrique.

En somme, oublions les fenêtres; le colonialisme anglais d’Ottawa ferme les portes de nos universités à des milliers de jeunes Francophones talentueux de partout à travers le monde.

Réactions au Québec

Lundi dernier, à l’émission Mordus de politique de Radio-Canada, l’ex-ministre libérale Michelle Courchesne déclarait :

Là, on est en train de dire que des étudiants étrangers anglophones au Québec, on n’en veut pas.

Rappelons que le gouvernement libéral de Philippe Couillard est celui qui a dérèglementé les frais universitaires pour les étudiants étrangers, provoquant une forte majoration de leurs frais d’inscription.

Si on fait exception du prix plancher fixé à 20 000$ par année, le gouvernement de la CAQ ne change rien à leur sujet. Où est le problème ?

En plus des oppositions attendues des Chambres de commerce et du Parti libéral du Québec, la mairesse de Montréal s’en est mêlée.

Que voulez-vous, depuis l’incendie à la Place d’Youville, la mairesse a le feu…

Celle-ci déclarait donc :

Je pense qu’on peut accomplir cet objectif-là [la défense du français] sans se pénaliser d’étudiants et de talents dont on a tellement besoin. Puis ça porte un coup dur à la réputation internationale de la métropole du Québec.

Ces jours-ci, je lis quotidiennement Le Monde (de Paris), The Guardian (de Londres), Al Jazeera (de Doha, au Qatar), et le South China Morning Post (de Hong Kong). Et c’est étrange : sur la scène internationale, personne ne s’intéresse à la hausse québécoise des frais universitaires pour la étudiants des autres provinces.

Depuis un an, ce qui a dominé l’actualité internationale concernant Montréal et porté un dur coup à la réputation de la ville, c’est justement l’incendie à la Place d’Youville.

À l’occasion de ce feu, toute la presse internationale a exposé l’incurie de l’administration Plante; le moratoire des inspections par les pompiers, les permis de la location attribués pour des chambres sans fenêtre, autorisations du morcèlement des chambres, de la destruction des coupe-feux, etc. Bref, le laisser-faire complet.

Compte tenu du cout de la vie qui y est moindre, Montréal demeure une ville attrayante pour ceux qui veulent y poursuivre leurs études. Malheureusement, leur plus grand souci, c’est de se loger.

Ce dont les étudiants universitaires ont réellement besoin, ce sont ces chambres et ces appartements abordables si abondamment promis, mais si peu construits depuis que Mme Plante est au pouvoir.

Conclusion

Si on fait exception de ses conséquences linguistiques et locatives, la venue au Québec de dizaines de milliers d’étudiants étrangers n’a que des bons côtés.

En France, sur les 260 000 étudiants étrangers, un peu plus de 110 000 (42 %) sont Africains. Ils y dépensent annuellement 1,5 milliard d’euros.

À Montréal, chaque étudiant étranger débourse environ 20 000$ par année pour assurer sa subsistance (logement, nourriture, transport, forfait téléphonique, etc.).

Collectivement, ils représentent un investissement annuel de plusieurs millions de dollars dans l’économie québécoise.

En contrepartie, la crise du logement rend nécessaire la construction de logements ou de chambrettes pour les accueillir.

Par exemple, la Caisse de dépôt et placement veut dépenser une somme colossale pour construire un complexe résidentiel (appelé ‘Cité universitaire’) destiné à loger les étudiants de McGill.

Cet investissement n’aidera pas les familles québécoises à la recherche d’un logement puisque ces chambrettes ne correspondent pas à leurs besoins.

Mais en rendant caduc ce projet immobilier, on libère des sommes qui pourront être dépensées plus judicieusement à s’occuper des nôtres.

Quant à l’aspect linguistique, il est regrettable que ces changements tarifaires ne soient pas accompagnés, pour toutes les personnes qui veulent étudier dans une université anglophone du Québec, de l’obligation préalable de connaitre le français.

Sans cette exigence, les changements tarifaires voulus par la CAQ sont, du point de vue strictement linguistique, des demi-mesures qui ralentiront sans doute un peu l’anglicisation de Montréal, mais probablement pas de manière importante.

Bref, la controverse autour de la hausse de certains frais d’inscription aux universités québécoises est une tempête dans un verre d’eau; en ajustant les frais universitaires au niveau de celui des autres provinces canadiennes, le Québec cesse tout simplement d’être le Dollarama des études postsecondaires.

Références :
Don’t come unless you have a place to live, universities warn international students
‘Dutch by default’: Netherlands seeks curbs on English-language university courses
Étudiants étrangers : les préférences canadiennes
Frais de scolarité des étudiants étrangers : « Un coup dur » pour Montréal, dit Plante
La façade ministérielle de l’État canadien
L’anglicisation du Québec et la Caisse de dépôt et placement
L’apport économique des étudiants étrangers
Le feu à la place d’Youville : pour la scission de l’arrondissement Ville-Marie
Student housing shortfall rises 20% as more international students come to NL
Universités anglophones: hausse importante des frais de scolarité pour les étudiants canadiens (2023-10-13)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Pendant ce temps en Chine : la construction automobile

Publié le 14 octobre 2023 | Temps de lecture : 10 minutes

L’exportation chinoise de voitures à essence

Pendant des décennies, le transport individuel en Chine se faisait essentiellement à pied ou en vélo.

Depuis les réformes économiques de Deng Xiaoping en 1978, des dizaines de millions de Chinois sont passés de cyclistes à automobilistes, faisant de leur pays le plus important marché quant à la vente d’autos.

Parallèlement, la Chine a haussé sa production pour atteindre annuellement quinze-millions de voitures à essence.

Toutefois, contrairement aux années antérieures, la demande intérieure pour celles-ci a diminué en 2023. Du coup, la Chine a dû accroitre ses exportations pour écouler ses excédents.

Les exportations étaient déjà de 2,5 millions de véhicules en 2022 et devraient dépasser 3,1 millions de voitures cette année. Cela fait de la Chine le premier producteur et le premier exportateur mondial de voitures à essence.

Leurs modèles les moins dispendieux arrivent en tête des ventes dans l’hémisphère sud du globe. Au point qu’on manque en Chine de navires spécialisés pour les transporter.

Avant ce boum des exportations, on construisait quatre porte-voitures par année à travers le monde. Actuellement, les armateurs qui font affaire en Chine en ont commandé 170, principalement de chantiers maritimes chinois.

La pénurie actuelle de ces navires a fait en sorte que le tarif de leur location est passé de 16 000 à 105 000 dollars par jour.

Dans la plus importante zone économique du pays (celle située près de l’embouchure du Yangtsé), les chantiers maritimes travaillent jour et nuit à construire, entre autres, des porte-voitures d’une capacité minimale de cinq-mille voitures.

La concentration géographique de cet effort industriel n’est pas sans inquiéter les plus hautes autorités chinoises. Au nom de la sécurité nationale, le président Xi Jinping mit en garde jeudi dernier les gestionnaires de l’économie chinoise contre une concentration excessive des usines dans cette zone économique qui fournit déjà 45 % du PIB national.

Pendant que les pays anglo-saxons construisent des porte-avions et des sous-marins afin de conserver leur supériorité militaire, la Chine construit des porte-voitures pour favoriser sa suprématie économique en temps de paix.

Et quand les États-Unis se mettront réellement à produire des automobiles électriques et à vouloir les exporter massivement hors du Continent américain, ils ne devraient pas être surpris d’apprendre que les opérateurs de porte-voitures ont des contrats d’exclusivité… avec la Chine.

D’autre part, la guerre en Ukraine a obligé la Russie à détourner une partie importante de sa capacité industrielle vers la fabrication d’armement. Conséquemment, la demande russe pour des voitures est comblée de nos jours par des autos chinoises acheminées par voie ferroviaire.

L’exportation chinoise de voitures électriques

Lancée par Xi Jinping à son accession au pouvoir, sa campagne anticorruption a coïncidé avec la disparition de plusieurs des personnes les plus riches de Chine. Malgré cela, ce pays demeure celui qui, après les États-Unis, compte le plus de millionnaires.

C’est en bonne partie sur ces derniers qu’a reposé la demande intérieure chinoise de biens de luxe (dont les voitures électriques).

En 2018, l’administration Trump a imposé une taxe de 30 % sur les voitures chinoises, leur fermant du coup le marché américain. L’Europe devint alors le marché cible de l’exportation des voitures électriques chinoises.

Dès le début de la guerre en Ukraine, l’Allemagne a cessé de s’approvisionner en gaz fossile russe, le moins cher au monde. Ce faisant, toute l’industrie lourde allemande perdait un avantage compétitif face à ses rivaux américains.

Dans le cas des carrossiers allemands, leur priorité depuis un an et demi, c’est de délocaliser leur production ou d’ouvrir des usines en Amérique du Nord (où l’énergie est à la fois abondante et économique).

Ce qui signifie choisir des lieux d’implantation, adopter des plans, commander des robots, et planifier les budgets nécessaires.

Et justement parce qu’ils ont l’esprit ailleurs, beaucoup d’entre eux ont été pris de court par l’abondance de l’offre chinoise aux plus récents salons de l’auto tenus en Europe.

L’acceptation de ces modèles par les consommateurs européens est facilitée par le fait que les carrossiers chinois ont acheté, il y a bien des années, quelques marques célèbres; Volvo (de la suédoise homonyme, achetée en 2010), la marque anglaise MG (de la britannique MG Motor, en 2006), etc.

Dans le cas particulier du Modèle 3 de Telsa, les voitures vendues aux États-Unis sont de fabrication américaine, mais celles, identiques, vendues en Europe, sont fabriqués près de Shanghai.

Si bien que depuis le début de l’année, l’Europe importe davantage de voitures électriques chinoises que de voitures électriques fabriquées hors de Chine.

Face à ce raz-de-marée, les dirigeants européens font semblant d’être surpris. Comme s’ils ignoraient que tout cela est la conséquence de leurs décisions…

L’Union européenne accuse donc Beijing de dumping; selon Bruxelles, la Chine accorderait des subventions dans le but de maintenir artificiellement bas le prix de ses voitures électriques.

Il est à noter que beaucoup de pays accordent une aide aux acheteurs d’une voiture électrique neuve. Cette subvention ’verte’ sert à rendre ces voitures moins onéreuses.

Ce qui revient au même.

L’avantage actuel des batteries chinoises

Les batteries qui alimentent les voitures électriques fabriquées en Occident contiennent une quantité minime mais indispensable de cobalt.

Le plus important fabricant chinois de voitures électriques s’appelle BYD. Fondé en 1995, il s’agissait au départ d’un fabricant de batteries. Mais en 2003, il a fait l’acquisition d’un carrossier au bord de la faillite. Et c’est depuis que BYD fabrique avec succès des autos. Et ce, dans les usines les plus robotisées de l’industrie.

Les voitures électriques BYD sont équipées de batteries de marque BYD. Leur technologie est différente.

À puissance égale, celles-ci sont un peu plus volumineuses et plus lourdes que les batteries ordinaires.

Leur principal défaut est la dégradation de leurs performances à basse température. Voilà pourquoi on leur ajoute un système de chauffage capable de faire passer leur température (dans une voiture éteinte en hiver) de -30°C à +60°C en 90 secondes.

Par contre, ces batteries ont l’avantage d’être très résistantes à l’emballement thermique, d’être rechargeables un plus grand nombre de fois et d’être moins couteuses à produire.

De plus, ces batteries ne contiennent pas de cobalt, un métal dont la République démocratique du Congo est, de loin, le principal producteur.

Or les sanctions économiques occidentales contre la Russie ont donné à la Chine une idée de ce qui l’attend si elle devait s’attirer les foudres de Washington.

Voilà pourquoi BYD a préféré équiper ses voitures de batteries sans cobalt, évitant ainsi tout risque de pénurie d’approvisionnement en ce métal.

C’est pour cette même raison sécuritaire que les voitures Telsa fabriquées en Chine seront dorénavant alimentées de batteries sans cobalt (probablement faites par BYD).

L’avenir de l’industrie automobile

Dans un marché naissant, l’accès à un bassin important de consommateurs permet d’amortir plus rapidement les investissements consentis jusque là, puis d’abaisser les prix afin de conquérir les marchés et se s’en tailler une position dominante.

C’est ce qu’a fait l’industrie automobile américaine au début du XXe siècle. Et du chaos originel ont surgi trois grands fabricants: GM, Ford et Chrysler.

C’est ainsi que, de nos jours, le marché intérieur de la Chine donne un avantage compétitif à ses carrossiers.

La taxe de 30 % imposée par Washington aux voitures électriques chinoises transforme l’Amérique du Nord en marché captif pour les constructeurs américains.

[Note du 24 mai 2024 : depuis la publication de ce texte, cette taxe a été haussée à 100 %]

Par contre, les dirigeants européens ont sacrifié l’avenir de leur industrie lourde — dont celui de leurs constructeurs automobiles — sur l’autel des sanctions économiques exigées par les États-Unis contre la Russie.

Par ailleurs, l’obligation de maitriser tous les domaines d’expertise nécessaires à la fabrication des voitures d’aujourd’hui rendront difficiles les activités des constructeurs de pays comme la Corée du Sud, le Japon et l’Inde.

On pourrait donc voir apparaitre deux blocs principaux en matière de construction automobile; le bloc nord-américain et le bloc régional de la Chine (dont seront exclus la Corée du Sud et le Japon).

Le Québec a choisi son camp; il sera un fournisseur important de batteries auprès du bloc américain.

Il ajoute ainsi la fabrication des batteries de voiture électrique à la grappe industrielle qu’il consacrait déjà à l’électrification des transports, mais qui était limitée jusque là à l’assemblage de véhicules électriques (wagons de métro, trains et autobus scolaires).

Malheureusement, le talon d’Achille des voitures électriques occidentales, c’est leur batterie, sujette (rarement) à l’emballement thermique. Un risque n’ont jamais (ou presque) les batteries chinoises.

Au cours des toutes prochaines années, les poursuites les plus médiatisées à l’encontre les constructeurs automobiles concerneront des voitures qui auront spontanément pris feu.

N’est-il pas risqué pour le Québec d’investir des sommes colossales à subventionner la fabrication de batteries ‘inférieures’ ?

En réalité, ce risque est partagé avec toute l’industrie nord-américaine. Voilà pourquoi la recherche d’une solution sécuritaire de remplacement aux batteries chinoises est une priorité absolue, non seulement pour l’industrie, mais également aux yeux de Washington.

Tout comme au sujet de la recherche vaccinale contre le Covid-19, quand les États-Unis font de la recherche une priorité nationale, aucun problème n’est insurmontable.

Lorsque les nouvelles usines québécoises ouvrirent leurs portes, leurs batteries seront les meilleures que l’Occident peut produire.

Compte tenu de la vitesse des découvertes scientifiques qui concernent les batteries, il est certain que les fabricants québécois auront prévu la flexibilité nécessaire à l’adaptation à tout changement technologique majeur.

Références :
Ford Will Build a U.S. Battery Factory With Technology From China
Guerre russo-ukrainienne et désindustrialisation de l’Europe
G20 poured more than $1tn into fossil fuel subsidies despite Cop26 pledges
La Chine inonde le monde de ses voitures
Les conséquences géostratégiques du basculement vers les énergies vertes
Les millionnaires chinois
Les nouvelles batteries au phosphate de fer sans nickel ni cobalt
Les voitures fabriquées en Chine envahissent le monde
L’Union européenne ouvre une enquête sur les subventions publiques chinoises aux automobiles électriques
Xi Jinping tells China’s biggest economic zone to ‘balance growth and security’ – and no more mega projects

Parus depuis :
Sodium batteries: is China sparking a new revolution in the electric vehicle industry? (2023-11-10)
CATL, the little-known Chinese battery maker that has the US worried (2024-03-18)

Postscriptum du 25 octobre 2023 : À Montréal, le nombre de feux causé par les batteries lithium-ion utilisés dans les vélos, les trottinettes ou encore les quadriporteurs, est passé de 7 en 2020 à 21 en 2022.

Référence : Montréal prolonge son opération spéciale d’inspection des vieux bâtiments

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Nucléaire québécois : créer la demande

Publié le 7 septembre 2023 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Devrait-on rouvrir la centrale nucléaire Gentilly-2, fermée depuis 2012 ? C’est la question que se pose le nouveau président d’Hydro-Québec.

Afin de juger de l’opportunité de la rouvrir, il a confié à la firme d’ingénierie SNC-Lavalin le mandat d’en évaluer le potentiel.

Pourquoi SNC-Lavalin ?

Par le biais de la société Énergie atomique du Canada (ÉACL), le gouvernement fédéral était propriétaire, jusqu’en 2011, de tous les réacteurs nucléaires ontariens, c’est-à-dire de presque toutes les centrales nucléaires du pays.

Lorsque l’ÉACL s’est départie de ses centrales en 2011, c’est la firme SNC-Lavalin qui s’en est portée acquéreuse pour la modeste somme de 15 millions$.

Dans les faits, les 1 200 membres du personnel d’ÉACL sont devenus des employés de SNC-Lavalin. Depuis, cette firme de génie-conseil compte parmi son personnel presque tous les experts canadiens dans le domaine nucléaire.

Confier à SNC-Lavalin le mandat de recommander ou non la réouverture de Gentilly-2, c’est placer l’entreprise en conflit d’intérêts puisque c’est elle qui, tout probablement, aurait le contrat de réfection si le CAQ devait en décider ainsi.

Cela est d’autant plus probable qu’en mai 2023, la Caisse de dépôt et placement (créature de l’État québécois) possédait 19,9 % des actions de SNC-Lavalin. Ce qui en fait l’actionnaire principal.

À l’extérieur du pays, il existe des experts indépendants. Pourquoi ne s’est-on pas adressé à eux ?

C’est que les centrales canadiennes (dont Gentilly-2) sont des réacteurs de type CANDU, c’est-à-dire des réacteurs à l’uranium naturel (non enrichi) refroidis à l’eau lourde (où le deutérium replace une partie des atomes d’hydrogène).

En France, les centrales nucléaires utilisent de l’uranium enrichi. Refroidies à l’eau ordinaire, ces centrales sont construites près d’un cours d’eau dont le débit est dévié pour refroidir le cœur du réacteur.

Évidemment, en cas de canicule, la centrale est à l’arrêt forcé lorsque le niveau de l’eau est trop bas et/ou la température de l’eau, trop élevée.

En somme, SNC-Lavalin ne possède pas seulement le monopole canadien des experts nucléaires, mais également le monopole mondial des experts en réacteurs CANDU.

Bref, pour évaluer les couts de la réouverture de Gentilly-2, aucune entreprise canadienne n’est plus compétente que SNC-Lavalin pour en juger.

La boite à surprise

Privée du gaz fossile russe (le moins cher au monde), l’industrie lourde européenne perdait ainsi un avantage compétitif.

Discréditée au lendemain de la catastrophe à la centrale de Fukushima en 2011, l’énergie nucléaire renait de ses cendres sous l’aspect d’une énergie qui ne contribue pas au réchauffement climatique et qui ne contamine, au fond, que temporairement les sites d’enfouissement de ses déchets radioactifs. Temporairement, puisqu’après quelques millions d’années, ça ne parait plus du tout…

Même les Verts européens qui sont membres d’une coalition gouvernementale (comme en Allemagne) prêchent pour ses vertus ‘environnementales’. C’est tout dire.

Partout en Occident, on s’intéresse au nucléaire en tant que solution de rechange aux hydrocarbures fossiles. Ce qui fait hésiter tout le monde, c’est l’incertitude quant aux couts.

Olkiluoto

Lorsque la Finlande a décidé de doter sa centrale nucléaire d’Olkiluoto d’un troisième réacteur, elle a eu la sagesse de faire en sorte que le consortium international chargé de sa réalisation assume la totalité des dépassements de cout.

Débuté en 2003, le réacteur devait être prêt vers 2011. Il ne fut opérationnel que cette année, après douze ans de retard.

Le réacteur de 3 milliards d’euros en couta finalement dix-milliards de plus (un dépassement de 14,7 milliards$ canadiens). Cette somme fut donc payée par le consortium franco-allemand.

Et puisque l’État français est propriétaire à 86 % de la composante française de ce consortium, les contribuables français ont donc partiellement payé la note.

À la lumière de l’expérience finlandaise, SNC-Lavalin a décidé en 2019 d’abandonner le modèle des contrats clés en main à prix forfaitaire.

Ce qui veut dire que si cette firme d’ingénierie devait en arriver à la conclusion qu’on pourrait rouvrir Gentilly-2 pour une somme dérisoire et que, rassuré, le gouvernement de la CAQ décidait d’aller de l’avant, c’est l’État québécois qui paiera la note en cas de dépassements de cout.

Conclusion

Les quelques millions de dollars que recevra SNC-Lavalin pour évaluer l’opportunité de rouvrir Gentilly-2 sont du gaspillage des fonds publics.

Si la firme d’ingénierie devait en arriver à la conclusion que Gentilly-2 est un éléphant blanc, elle ne nous apprendra rien de neuf; on le sait depuis 2012.

Et si au contraire, elle devait juger que la réouverture de Gentilly-2 est possible à prix très raisonnable, qui la croira compte tenu de ses conflits d’intérêts à ce sujet ?

Références :
Accident nucléaire de Fukushima
Centrale nucléaire
Centrale nucléaire d’Olkiluoto
Gentilly-2 : État de la situation en 2012
Réacteur CANDU
Sauver Gentilly-2 : un combat perdu d’avance
SNC-Lavalin étudie la centrale nucléaire Gentilly
SNC-Lavalin poursuit son virage stratégique

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Fizgibbon et le parc automobile du Québec

Publié le 17 août 2023 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

Un bon ministre de l’Économie doit d’abord penser en termes macroéconomiques.

Plus tôt cette semaine, M. Fitzgibbon a déclaré que pour atteindre la carboneutralité, le Québec devrait réduire de moitié son parc automobile, peu importe qu’il s’agisse de voitures à essence que de voitures électriques.

Dans une perspective planétaire

Ce que la plupart des Québécois ne réalisent pas, c’est que là où l’électricité est produite par des centrales au charbon (comme en Alberta et dans beaucoup de pays européens) ou par des centrales nucléaires (comme en France ou en Ontario), les voitures électriques, indirectement, y carburent respectivement au charbon et à l’isotope radioactif.

En réalité, le Québec est un des rares endroits au monde où on produit uniquement de l’électricité ‘verte’.

Or du strict point de vue environnemental, carburer au charbon est pire que faire le plein d’essence.

Quant aux voitures électriques, personne ne calcule l’empreinte environnementale non seulement de la fabrication de ces véhicules lourds (en raison de leur imposante batterie), mais également en raison des métaux toxiques que renferment leurs piles électriques et qui, éventuellement dans les cimetières de voitures, migreront lentement vers les nappes phréatiques.

En somme, on ne sauvera pas la planète en fabriquant des voitures électriques; on passera simplement de la pollution de l’air à la pollution des sols… jusqu’à ce que le recyclage de leurs batteries soit généralisé.

Puisqu’encore aujourd’hui, on peine à recycler une chose aussi simple que du papier ou du verre, on pourrait attendre plus longtemps qu’on pense pour voir un recyclage à 100 % du contenu des batteries de nos voitures.

L’exemple finlandais

Pays de 5,4 millions d’habitants, la Finlande a investi des sommes considérables dans l’électrification des transports collectifs.

L’efficacité de son réseau est telle que le nombre de véhicules dans ce pays est de 4,95 millions d’unités (dont 2,85 millions de voitures), alors qu’au Québec, il est de 8,49 millions d’unités (dont 5,59 millions de voitures).

C’est 627 véhicules en Finlande par mille personnes, comparativement à 1 000 véhicules par mille personnes au Québec.

Pour l’ile de Montréal, cette différence équivaut à faire disparaitre 694 000 véhicules qui y encombrent les rues.

Pour l’ensemble du Québec, c’est comme enlever 3,1 millions de véhicules des routes.

Dans le cas précis des automobiles, par mille de population, il y 49 % moins d’autos en Finlande qu’au Québec. Ce qui prouve que le souhait du ministre Fitzgibbon — une réduction de moitié du parc automobile québécois — est possible sans coercition… à la condition d’offrir en contrepartie du transport en commun fiable, économique et sécuritaire.

Mais cela nécessite des dizaines de milliards de dollars d’investissements publics, comme l’a fait la Finlande pendant quarante ans.

Au final, l’électrification du transport en commun profite évidemment à ses utilisateurs. Mais il profite peut-être plus à ceux qui ne l’utilisent pas puisqu’il réduit les embouteillages, la congestion routière et la rage au volant.

Revenons au Québec

De 1990 à 2020, le Québec a réduit ses émissions de GES en dépit d’une croissance de sa population de 23 % et d’une hausse de son PIB de 67 %.

La baisse de 13,2 % des émissions de GES observée au Québec au cours de cette période est principalement attribuable à la diminution des émissions du secteur de l’industrie et du secteur du chauffage résidentiel, commercial et institutionnel.

Au contraire, le secteur des transports a augmenté ses émissions de 36,8 % pour atteindre 42,8 % de toutes les émissions québécoises en 2020.

Toutefois, ce secteur comprend les automobiles, les camions légers, les véhicules lourds (autobus, camions, tracteurs, etc.) et les autres (motocyclettes, véhicules au propane et au gaz fossile).

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Définies comme était des véhicules légers d’au plus 3 900 kg — ce qui est le cas même des véhicules utilitaires — les automobiles (en jaune, ci-dessus) ne représentent que 28,0 % des GES émis par le secteur des transports, lui-même responsable de 42,8 % de la production québécoise de GES.

En somme, les autos émettent 12,0 % des GES québécois.

Pour atteindre nos objectifs climatiques, rien ne doit être épargné. Ce qui fait que même douze pour cent, c’est trop.

Mais aussi controversée qu’elle soit, la déclaration du ministre est en deçà de la vérité; même si plus aucune voiture à essence ne roulait au Québec demain matin, cette mesure réduirait instantanément les GES de 12 %. Lorsqu’on lui ajoute la réduction de 13 % réalisée jusqu’ici, cela ferait un total de 25 %.

Le Québec serait alors loin de ses engagements climatiques, soit de réduire ses GES de 37,5 % par rapport avec leur niveau de 1990.

Conclusion

Au Québec, on ne construit pas de voitures et on ne raffine pas de pétrole.

Chaque fois qu’on achète une voiture ou qu’on fait le plein d’essence, c’est de l’argent qui sort de nos poches pour enrichir les régions du monde qui produisent des voitures, des pièces automobiles, des pneus, ou de l’essence.

En somme, favoriser l’achat ou l’utilisation des automobiles (peu importe lesquelles), c’est saigner l’économie du Québec.

Par contre, le Québec est un producteur important de matériel destiné au transport en commun, qu’il s’agisse de wagons de métro ou d’autobus.

Développer l’économie du Québec, c’est favoriser la production de biens et de services québécois et leur exportation à l’Étranger. C’est comme ça qu’on développe l’économie nationale.

Aussi souhaitable que soit un investissement massif du Québec dans le transport en commun, l’atteinte de nos cibles environnementales nécessite un changement radical de toutes nos habitudes de consommation.

Le ministre Fitzgibbon l’a bien compris et on doit le féliciter pour sa franchise.

Références :
Fitzgibbon insiste, il faudra réduire considérablement le parc automobile québécois
GES 1990-2020
La ‘batterification’ des transports
Le derrière miraculeux de la ministre
Le transport en commun finlandais : le matériel roulant
Pierre Fitzgibbon

Parus depuis :
The Urban Mobility Scorecard Tool: Benchmarking the Transition to Sustainable Urban Mobility (2023-08-25)
La demande des véhicules électriques dépasse les prévisions d’Hydro-Québec (2024-01-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les lacunes sécuritaires du Réseau express métropolitain (REM)

Publié le 15 août 2023 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

Quand le gouvernement libéral de Philippe Couillard a confié à la Caisse de dépôt et placement le soin de réaliser un système de trains légers desservant la région métropolitaine, il l’a fait en présumant que l’argent achète tout.

On savait que la Caisse n’avait aucune expérience dans la planification urbaine ni dans la conception de matériel roulant.

Mais le gouvernement libéral était convaincu qu’avec la somme colossale de ses actifs, la Caisse ne se priverait pas pour consulter, moyennement rémunération, tous les experts dont elle aurait besoin pour réaliser son mandat… au plus faible cout possible.

En février 2021, quand deux firmes d’architectes refusèrent d’être associées à la construction du REM de l’Est, on aurait dû comprendre que l’argent n’achète pas tout… ou du moins, pas toujours.

L’automatisation intégrale

Pour réduire au maximum leurs frais d’exploitation, les trains du REM n’ont pas de conducteurs. À leur place, des opérateurs, réunis quelque part dans une salle de contrôle, coordonnent à distance le va-et-viens des trains du réseau.

Quant à la sécurité, elle est assurée par des caméras de surveillance. Encore ici, la Caisse ne connait rien dans la sécurité mais elle présume (à tort) que les caméras de surveillance réduisent ou préviennent les méfaits.

Les limites de la vidéosurveillance

Les caméras de surveillance enregistrent de l’information qui, dans la presque totalité des cas, sera détruite avant d’avoir été vue.

C’est seulement lorsqu’on découvre, par d’autres moyens, qu’un méfait a été commis qu’on voudra passer en revue les enregistrements pour essayer de découvrir quand et par qui le méfait a été commis.

Leur utilité est donc généralement limitée à expliquer à postériori ce qui est arrivé.

La tempête sur la 13

Joyau technologique du ministère des Transports, le Centre de gestion intégré de la circulation est l’organisme chargé de surveiller en temps réel les axes routiers de la région de Montréal grâce à un vaste réseau chargé de recueillir de l’information et près de quatre-cent-cinquante (450) caméras.

Parmi les voies de circulation sous sa protection, il y a la 13. Tracée en direction nord-sud, cette autoroute est une voie rapide qui dessert l’aéroport Montréal-Trudeau.

En mars 2017, une importante tempête de neige s’abat sur le sud-est du Québec. Cette nuit-là, environ trois-cents automobilistes sont demeurés coincés dans leur véhicule sur la 13 pendant douze heures.

Ceux qui appelaient au 9-1-1 se faisaient dire de ne pas s’inquiéter et que de l’aide était en route pour leur porter secours. Tout cela était faux.

Lorsque les secours sont finalement arrivés, personne n’était mort de froid. Miraculeusement.

Les voyageurs oubliés dans le REM

À la fin du mois dernier, après une sortie au cinéma du Quartier Dix30, Michel-André Grégoire et son épouse ont pris le REM vers minuit à la station Du Quartier.

Mais au lieu de filer vers la station Panama, annoncée au micro par une voix robotisée, le train s’est plutôt dirigé en sens inverse et est rentré au garage pour la nuit.

Le couple Grégoire n’était pas seul puisqu’une troisième personne (un touriste vénézuélien) s’y trouvait également.

Les trois passagers n’ont pas cherché à se dissimuler; ils étaient donc parfaitement visibles sur les écrans des caméras de surveillance. Mais personne ne les a vus.

Et si on ne les a pas vus, c’est qu’aucun préposé n’est chargé de surveiller ces écrans.

C’est seulement après que Mme Grégoire a utilisé le système d’interphone du REM pour signaler leur présence qu’on leur a envoyé du secours.

Sinon, ils y auraient passé la nuit.

Un scénario probable

Permettez-moi de faire une petite prédiction; d’ici quelques semaines, les wagons du REM seront victimes de leurs premiers actes de vandalisme.

Puisque les malfaiteurs n’ont pas besoin de moi pour avoir des idées malveillantes, voici comment ils pourraient procéder.

Un soir de semaine, deux graffiteurs pénètrent à une station de la Rive-Sud peu achalandée. Ils sont seuls dans leur wagon. Les deux portent un masque. Ce qui n’est pas anormal puisque la pandémie au Covid-19 n’est pas terminée. En raison des capuchons qui les recouvrent, il est impossible de les reconnaitre.

Environ vingt secondes avant d’arriver à la station suivante, ils sortent des bonbonnes de peinture et dessinent leur tag sur les murs intérieurs du wagon.

À l’ouverture des portes, ils les franchissent promptement pour s’enfuir.

En raison de l’odeur de solvant, une des personnes qui embarquent à cette station ou à la suivante se sert de l’interphone pour rapporter le méfait.

La préposée signale la chose à son supérieur.

Celui-ci s’empresse d’appeler les autorités policières. Or qu’entend-il ?

Eh bien, il entend : “Votre appel est important pour nous. Afin de conserver…

Finalement, il joint un agent.

Mais il appelle à Brossard, la municipalité où se trouve la station de départ des malfaiteurs… alors que le méfait a été commis sur le territoire de l’Ile-des-Sœurs (qui relève d’un autre corps policier).

Après avoir appelé la station de police appropriée, on ordonne que des patrouilleurs soient dépêchés à la station Panama.

Et pendant que nos deux acolytes mangent leur poutine en marchant et en riant, ils voient passer les autos de police — gyrophares allumés et sirènes assourdissants — se diriger à toute vitesse vers le lieu du crime…

Références :
Cafouillage sur l’A-13 : les systèmes de vigie et d’alerte n’ont pas fonctionné
Deux firmes d’architectes tournent le dos au REM
Montreal’s new REM line takes wrong turn, leaves passengers stranded in the garage
The British Big Brother

Paru depuis : L’utilité des caméras urbaines du SPVM remise en doute (2023-09-18)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Jean-François Roberge, le défenseur indécis de la langue française au Québec

Publié le 5 août 2023 | Temps de lecture : 5 minutes

Dès sa nomination, le ministre Jean-François Roberge a déclaré vouloir lancer un grand chantier au sujet des moyens à prendre pour pallier le déclin du français au Québec

En réalité, ce que le ministre appelle ‘chantier’ n’est qu’une série de consultations. Or on consulte lorsqu’on ne sait pas quoi faire ou qu’on manque d’idées.

Cela révèle qu’avant de prendre le pouvoir, la CAQ n’avait pas sérieusement réfléchi à ce sujet et ne sait toujours pas quoi faire six ans plus tard.

Ce matin, sous le titre ‘Loi 96 sur le français : un frein au commerce international ?’, le quotidien La Presse nous apprend que le site transactionnel de la librairie britannique Black Library refusait d’accepter les commandes provenant du Québec.

Et pourquoi donc ? Parce que la loi 96 de la CAQ l’oblige à créer une version française de son site web afin de desservir la clientèle d’ici, comme le fait Amazon, par exemple. Ce qui n’en vaut pas la peine pour elle, selon la librairie britannique.

Informé de ce cas particulier par La Presse, le ministre s’est dit prêt à examiner le dossier. Deux semaines plus tard, le ministre est encore en réflexion.

C’est pourtant simple.

Black Library n’est pas un éditeur. C’est simplement une librairie; celle-ci vend — de manière non exlusive — des titres imprimés par d’autres.

Sans hésiter, le ministre aurait dû répondre que les Québécois incapables de se procurer un livre en particulier auprès de ce libraire n’ont qu’à l’acheter d’un libraire d’ici.

Ce qui est très bon pour l’économie du Québec.

Cette librairie — tout comme Amazon — vend aussi des figurines de plomb fabriquées par Games Workshop. Craignant d’être accusé de manquer d’empathie pour ce collectionneur québécois qui avait l’habitude de se procurer ses bibelots de Black Library (et pas ailleurs), le ministre hésite; doit-il défendre le français ou risquer que la belle collection du gars soit à jamais inachevée ?

Face à ce dilemme shakespearien, on n’aimerait tellement pas être à la place du pauvre ministre Roberge…

Un autre cas cité par l’article est celui d’une cliente québécoise des animaleries Pet Smart dont il existe plusieurs boutiques en Amérique du Nord, mais pas au Québec. Or celles-ci refusent également de vendre ici.

Le chat de cette étudiante ne mange que de la nourriture humide de marque Dr. Elsey’s vendue par Pet Smart.

De toute l’histoire millénaire des félins sur Terre, on ne rapporte aucun cas de chat mort de faim par défaut de trouver de la nourriture molle de marque Dr. Elsey’s.

Après avoir miaulé tout son soul, cette chatte finira bien par accepter ce qu’on lui offrira plutôt que de crever de faim.

Mais ce serait de la cruauté animale. Alors le ministre hésite; doit-il affamer pendant quelques heures ce petit animal poilu vulnérable, ce chaton tant aimé ?

Plus sérieusement, on peut se demander si ce ministre et son parti possèdent la motivation qu’il faut pour réellement arrêter la louisianisation du Québec, notamment dans la région montréalaise.

Dans un autre ordre d’idée, l’article de La Presse pose, à partir de ces cas, la question de l’extraterritorialité de la loi 96. Selon l’avocat Vincent de l’Étoile, cette loi entraverait des transactions internationales.

Ceci est un faux problème.

Lorsqu’un bien est offert sur l’internet, l’offre de vente peut provenir de partout à travers le monde.

Mais l’acceptation de l’offre se fait lorsque le client appuie sur le bouton ‘J’achète’ (ou l’équivalent). En somme, la vente s’effectue sur l’ordinateur du client québécois, le cas échéant.

Selon un sondage électronique de la firme Angus Reid effectué entre le 30 mai et le 3 juin dernier, seulement vingt pour cent des Québécois croient à l’importance de s’attaquer en priorité au déclin du français.

À ces derniers, le message est clair; ne comptez pas sur la CAQ pour répondre à vos préoccupations autrement que par de gentils messages écrits par des firmes de relations publiques.

Pour la CAQ, il y aura toujours un prétexte pour ne pas défendre le français.

Références :
Il faut s’attaquer au déclin du français
Le ministre Roberge et la défense homéopathique du français
Loi 96 sur le français : un frein au commerce international ?
Une librairie anglaise cesse de vendre à ses clients québécois

Parus depuis :
Loi 96 sur la Langue française : le ministre Roberge ne compte pas faire de modifications (2023-08-23)
Ottawa a versé des milliards pour l’anglais au Québec (2023-11-27)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’anglicisation du Québec et la Caisse de dépôt et placement

Publié le 19 juillet 2023 | Temps de lecture : 14 minutes

Les terrains du Royal Victoria

Depuis la fermeture de l’hôpital Royal Victoria en 2015 et le transfert de ses activités dans le Centre universitaire de santé McGill (beaucoup plus à l’ouest), le site de l’ancien hôpital est devenu un objet de convoitise en raison de sa vue imprenable sur le centre-ville de Montréal.

Puisque le terrain est du domaine public, il intéresse la Société québécoise des infrastructures, responsable de la mise en valeur de tout le patrimoine immobilier de l’État.

Mais il intéresse aussi la ville de Montréal (qui aimerait agrandir le parc du mont Royal), de même que l’université McGill (qui souhaite l’agrandissement de son campus).

Dernièrement, le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement (Ivanhoé Cambridge) a flairé la bonne affaire.

Il a décidé de promouvoir la construction de tours résidentielles étudiantes destinées à remplacer six bâtiments situés immédiatement à l’ouest et au nord du pavillon central de l’ancien hôpital.

Déjà la Caisse a obtenu que soit formé un comité tripartite réunissant Ivanhoé Cambridge, la Société québécoise des infrastructures et le gouvernement (probablement le ministère des Finances).

De plus, le gouvernement de la CAQ versera à la Caisse une somme de dix-millions$ qui servira préparer un rapport destiné à étayer le projet et à en estimer les couts.

Le comité est formé comme si le gouvernement avait déjà décidé de la vocation future du site puisqu’aucun usage autre que celui de résidence universitaire ne sera envisagé.

De plus, c’est dix-millions$ que McGill n’aura pas à dépenser pour concevoir et préciser son projet de résidence. L’université épargnera également des frais de démarchage puisqu’au sein du comité tripartite, la Caisse sera toute vouée à la promotion de leurs intérêts communs.

Pourtant, la question fondamentale à se poser est la suivante; est-il souhaitable que le site du Royal Victoria tombe entre les mains de McGill ?

La machine assimilatrice à l’anglais

L’assimilation linguistique s’opère principalement par le biais du marché du travail et de l’école.

Dans le premier cas, l’exigence abusive du bilinguisme par les entrepreneurs et commerçants entraine une ‘louisianisation’ de la région montréalaise qui mène ultimement à l’extinction du peuple francoQuébécois.

Si la Loi 101 oblige les francoQuébécois et les néoQuébécois à fréquenter l’école publique française au primaire et au secondaire, cette loi est muette au post-secondaire, c’est-à-dire au niveau des Cégeps et des universités.

Cet oubli s’est avéré regrettable puisqu’au fil des ans, ceux-ci sont devenus d’importantes machines assimilatrices.

Le cas de McGill

De loin, McGill est la plus riche université du Québec.

Son campus est déjà plus vaste que celui de n’importe quelle autre université québécoise. En plus d’une réserve financière de 1,7 milliard$ accumulée dans ses fondations, et en plus de ses biens évalués à 4,9 milliards$, McGill possède des revenus annuels de 1,4 milliard$, soit le cinquième du budget de la ville de Montréal.

En 2019, le gouvernement libéral de Philippe Couillard dérèglementait complètement les frais de scolarité imposés aux étudiants internationaux. Depuis ce temps, les universités québécoises sont libres de facturer ce qu’elles veulent à ces étudiants.

À McGill, selon les facultés, l’étudiant étranger doit débourser en frais de scolarité une somme comprise entre seize et vingt-quatre-mille dollars par année. Or ils sont 11 053 à le faire.

Pour l’ensemble des universités anglaises du Québec — McGill, Concordia et Bishop — c’est 16 368 personnes.

Pour profiter de cette manne, McGill peut compter sur la complicité du ministère fédéral de l’Immigration.

Ce dernier approuve 92 % des demandes de requérants étrangers pour étudier à l’université McGill. Par contre, il refuse la moitié des demandes pour étudier à l’université Laval. Le pourcentage des refus grimpe même à 72 % dans le cas des établissements scolaires francophones lorsqu’il s’agit de demandeurs provenant d’Afrique.

Si bien que dans l’ensemble du réseau universitaire, la moitié des étudiants étrangers au Québec sont inscrits au réseau anglais, soit bien au-delà de la proportion des Anglophones au Québec.

Quant aux fonds de recherche, les trois principaux organismes subventionnaires d’Ottawa — l’Institut de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada ainsi que le Conseil de recherches en sciences humaines — refusent depuis 30 ans presque toutes les demandes de subvention rédigées en français.

Si bien que dans les universités anglaises du Québec, l’argent du fédéral coule à flots. En 2017-8, c’est 302 millions$ qu’Ottawa a versés à McGill, soit bien plus que les 184 millions$ à l’Université de Montréal ou les 177 millions$ à l’université Laval.

Au Québec, Ottawa verse 2 663$ par étudiant anglophone à plein temps et 1 430$ pour un étudiant francophone à plein temps.

Le résultat, c’est que les Cégeps et universités anglaises ont 56 % plus d’argent pour former chacun de leurs étudiants. Cela signifie des classes plus spacieuses, des laboratoires mieux équipés, et plus de moyens pour favoriser la réussite des travaux de recherche.

Les Cégeps anglais

Après avoir été scolarisés en français au primaire et au secondaire, une proportion croissante de jeunes francoQuébécois font leurs études post-secondaires en anglais.

De 2010 à 2015, dans les Cégeps anglais du Québec, la proportion de nouveaux étudiants dont la langue maternelle n’est pas celle de Shakespeare est passée de 55,8 % à 61,5 %.

Parmi ceux-ci, les jeunes francophones représentaient 24,5 % (en 2010) et 31,3 % (en 2015) des nouvelles inscriptions.

Nonobstant le cas des étudiants internationaux et celui des jeunes Québécois issus de l’immigration, près du tiers des sommes alloués par le gouvernement de la CAQ à l’éducation post-secondaire sert à angliciser des adolescents francophones.

Chez les adolescents de langue maternelle française qui ont entrepris un parcours scolaire destiné à les mener à l’université — en somme, ceux qui ne sont pas inscrits à un DEC technique — 80 % de ceux qui font leurs études collégiales en anglais s’inscrivent à une université anglaise alors que ce pourcentage est de 13 % chez ceux qui ont fait leurs études collégiales en français.

Chez les adolescents dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais, la situation est similaire (respectivement 91 % et 18 %).

En somme, le Cégep anglais constitue un choix de vie définitif; la plupart des adolescents inscrits à un Cégep anglais espèrent travailler en anglais à la suite de la remise de leurs diplômes.

Cela s’explique facilement. Les détenteurs d’une formation collégiale ou universitaire seront plus à l’aise, pour le reste de leur vie, de s’exprimer en anglais dans leur domaine de compétence puisque les termes techniques, les concepts et les notions apprises l’auront été dans cette langue.

Dans son premier rapport annuel, le nouveau commissaire à la langue française note que l’utilisation de l’anglais par les francoQuébécois et les néoQuébécois est liée au fait d’avoir étudié dans un Cégep ou dans une université anglaise.

L’assimilation linguistique prend combien de temps ?

Dans le cas des immigrants, on croit généralement que l’assimilation (appelé également ‘transfert linguistique’) prend trois générations.

La première génération est celle des nouveaux arrivants, attachés à leur culture d’origine, mais qui tentent de leur mieux de refaire leur vie en apprenant la langue de la société d’accueil.

La deuxième génération est celle de leurs enfants. Ceux-ci ont appris tôt la langue des parents, mais sont devenus bilingues après leur passage à l’école publique.

La troisième génération est celle des petits-enfants qui n’utilisent sommairement la langue des grands-parents que lorsqu’ils les rencontrent. Une langue qu’ils oublient peu à peu après leur décès.

Est-ce que ce modèle s’applique au contexte québécois ?

En 2009, plus de 3 200 étudiants provenant principalement de sept Cégeps de l’ile de Montréal ont répondu à un questionnaire comptant plus de quarante questions et portant leurs comportements linguistiques.

Pour ce qui est de leurs préférences cinématographiques, les collégiens anglophones ne sont pas intéressés par les films en français (d’ici ou d’ailleurs), peu importe la langue de leurs études.

Toutefois, autant chez les collégiens francophones qu’allophones, l’intérêt pour le cinéma en français chutait de manière importante chez ceux qui fréquentent les Cégeps anglais.

Ce phénomène se retrouvait également (mais avec une chute d’intérêt moindre) quant aux émissions de télévision.

On peut présumer que ce qui était vrai pour la télévision en 2009 est probablement vrai de nos jours pour les sites internet.

Les auteurs de cette étude concluaient que la fréquentation d’un Cégep anglais est fortement corrélée avec l’utilisation prédominante de l’anglais dans l’ensemble des situations quotidiennes.

Une fois diplômés, une bonne partie de ceux qui fréquentaient les Cégeps ou les universités anglaises sont devenus indifférents à être servis dans une autre langue que le français.

En d’autres mots, ils se désolidarisent des francoQuébécois unilingues qui sont victimes de discrimination à l’embauche, ceux-ci étant vus comme des pleurnichards qui n’ont qu’à apprendre l’anglais.

Les quelques années qui sont nécessaires pour effectuer des études post-secondaires en anglais ne sont pas suffisantes pour transformer un étudiant francoQuébécois en angloQuébécois.

Mais cette formation anglaise est associée à une propension plus grande à écouter par la suite des films en anglais, à assister à des spectacles en anglais, à lire des livres en anglais, à consulter des quotidiens anglais, et à écouter les actualités en anglais.

Sans compter qu’une partie de ses amis seront des collègues anglophones dont on a fait connaissance au cours des études post-secondaires.

Bref, à s’exposer à l’idéologie qui prévaut chez les angloCanadiens, on en vient peu à peu à penser comme un angloQuébécois, au fur et à mesure que son vocabulaire en français — de moins en moins utilisé — se rétrécit au point qu’on devient plus à l’aise de s’exprimer dans la langue de Shakespeare.

N’est-ce pas ce qu’on appelle l’assimilation ?

Le travail estival des étudiants internationaux

Au cours de leurs études, les étudiants internationaux doivent assurer leur subsistance.

Lorsqu’on tient compte des millions de touristes que le Québec accueille chaque année, les dizaines de milliers d’étudiants internationaux ne représentent pas une proportion importante de la demande de biens et services en anglais.

Toutefois, près de la moitié (44 %) des étudiants étrangers travaillent ici durant leurs études. Beaucoup viennent pourvoir des postes dans des secteurs aux prises avec des difficultés de recrutement comme la restauration et l’hébergement.

En raison de la délivrance parcimonieuse de visas par Ottawa, la majorité d’entre eux ne parlent pas français. Sur le marché du travail, ceux-ci s’ajoutent donc à tous ces jeunes angloQuébécois unilingues réticents (ou même opposés) à apprendre notre langue.

Si bien qu’à l’Office québécois de la langue française, on assiste à une explosion des plaintes reliées à la langue de service.

La solution à ce problème est simple; elle consiste à imposer une connaissance minimale du français à tous ceux qui fréquentent les établissements scolaires post-secondaires au Québec.

À défaut de cette mesure, augmenter la capacité d’accueil des étudiants internationaux par l’université McGill, c’est multiplier les cas où on sera incapable de nous servir dans notre langue, ici même, dans notre propre pays.

Conclusion

Revenons maintenant à la Caisse de dépôt et placement.

Depuis le gouvernement libéral de Philippe Couillard, la Caisse est devenue l’État dans l’État.

En lui donnant carte blanche pour mettre en œuvre le plus important projet québécois de transport en commun depuis un demi-siècle, les Libéraux ont confié ce projet à des gens parfaitement incompétents en urbanisme et en transport en commun.

Si bien que la Caisse n’a rien vu de mal à proposer que son REM de l’Est surgisse de terre au centre-ville de Montréal comme le serpent monstrueux d’une bande dessinée de Marvel Comics.

Et parce que les dirigeants de la Caisse ne sont rien d’autre que de simples gestionnaires de capitaux, l’attribution du contrat de construction des wagons du REM s’est fait sur la seule base du prix, sans tenir compte des retombées économiques (généralement neuf fois supérieurs au cout d’un contrat).

Une erreur qu’aucun ministre de l’Économie compétent n’aurait commise.

Après ses récents déboires financiers et l’humiliation subie en se voyant éjectée — Dieu merci — du projet du REM de l’Est, la Caisse se mêle maintenant du dossier délicat de la vocation des bâtiments inoccupés de l’ancien hôpital Royal Victoria.

Essentiellement, ce dossier est politique puisque la question est de savoir s’il est approprié d’alimenter la machine assimilatrice anglaise de McGill dans un contexte marqué par le déclin du français au Québec.

Or, fidèle à ses habitudes, la Caisse entend faire cheminer secrètement ce nouveau dossier auprès des plus hautes instances de l’État québécois. Comme le cheval de Troie de McGill auprès du ministère des Finances.

Il est temps que le gouvernement québécois remette la Caisse à sa place en l’obligeant à se mêler de ses affaires.

Références :
Après le REM, la Caisse s’attaque aux logements étudiants
Au Québec, les universités anglaises sont favorisées
Caisse de dépôt : le poids du Québec fond
Des « répercussions importantes » sur la vitalité du français
‘Dutch by default’: Netherlands seeks curbs on English-language university courses
Étudiants étrangers: «International Cegep Corp.»
La Caisse de dépôt prend-elle trop de risques?
Langue française : explosion des plaintes à l’OQLF l’an dernier
Le coût des études universitaires au Québec en 2023 pour étudiants étrangers
Hôpital Royal Victoria
Le chef des risques de la Caisse annonce sa retraite après le fiasco des cryptomonnaies
Le « déclin lent et irrémédiable » du français en sciences au Canada
Le défilé des Rhodésiens
Les bonis à la Caisse sont-ils mérités?
Les cégeps français à Montréal : le début de la fin ?
L’indice Québec 30 et la CDPQ
Permis d’études pour étudiants étrangers : la moitié des demandes pour le Québec refusées par Ottawa
Peut-on encore croire CDPQ Infra ?
Quotas ethniques, discrimination et prix du fédéralisme
Rapport d’activités 2022-2023 – Commissaire à la langue française
Sans l’indépendance, pas d’avenir pour le français comme langue nationale
Une analyse des comportements linguistiques des étudiants du collégial sur l’ile de Montréal
Universités anglophones: 200 M$ par année pour angliciser le Québec

Parus depuis :
Quand le prix d’un logement nuit aux études (2023-08-21)
Montréal octroie 6,3 M$ à un OBNL pour le logement étudiant (2023-09-20)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’anglicisation du Québec, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’immigration au Québec : enfin de bonnes décisions !

Publié le 30 mai 2023 | Temps de lecture : 8 minutes

La connaissance du français, un prérequis

La ministre québécoise de l’Immigration annonçait jeudi dernier la nouvelle politique migratoire de son gouvernement. En quelques mots, il s’agit d’une politique digne de ce nom.

Sa mesure phare ? Il sera dorénavant obligatoire d’avoir une connaissance adéquate du français avant d’immigrer au Québec. Sauf dans le cas des réfugiés, vu l’urgence de leur situation.

Le qualificatif ‘adéquat’ signifie que la connaissance du français sera modulée en fonction des métiers auxquels le requérant pourra postuler en raison de son expertise; en somme, il devra connaitre ce qui lui sera nécessaire pour vivre au Québec et travailler dans notre langue.

Ce faisant, la CAQ s’inspire de la Grande-Bretagne. Dans ce pays, l’immigrant ne peut pas mettre le pied sur le sol britannique s’il n’a pas déjà la connaissance de l’anglais. De manière conséquente, un citoyen britannique ne peut pas faire venir son conjoint de l’Étranger si cette personne ne parle pas l’anglais.

Lentement, cette mesure permettra de renverser l’anglicisation de Montréal si et seulement si la CAQ associe cette mesure à d’autres destinées à faire du français la langue du travail au Québec et à bloquer l’accès aux CÉGEPs anglophones à ceux qui ne devraient pas y avoir droit.

L’intention de la CAQ de hausser les seuils d’immigration — à l’exclusion des travailleurs temporaires — a attiré beaucoup d’attention.

Entre la cible péquiste d’accueillir trente-cinq-mille néoQuébécois par année et le double préconisé par le Parti libéral du Québec, tout est acceptable puisqu’aucune étude n’a déterminé la capacité d’intégration du Québec.

Deux choses sont certaines.

Premièrement, lorsqu’une pénurie de main-d’œuvre est ponctuelle, l’immigration est un excellent moyen de la corriger. Cela consiste à faire appel à l’Étranger pour combler des besoins que le marché intérieur n’arrive pas à corriger de lui-même.

Mais cela n’est plus vrai lorsque la pénurie est généralisée. Comme c’est le cas actuellement, puisque tout effet positif de l’arrivée d’un néoQuébécois est contrebalancé par la pression qu’il exerce en raison de l’ensemble des biens et des services qu’il requiert.

Et deuxièmement, dès que la connaissance du français est un prérequis à l’immigration au Québec, on pallie automatiquement la menace existentielle représentée par l’immigration massive anglophone voulue sournoisement par Ottawa.

L’échec du programme Arrima

Élaboré par le Parti libéral et adopté par la CAQ huit mois après son accession au pouvoir, le programme Arrima était voué à l’échec.

Son principe était pourtant séduisant; il s’agissait d’arrimer (d’où son nom) l’immigration au Québec aux besoins du marché.

En réalité, il s’agissait plutôt de limiter le ‘cheptel’ migratoire à une évaluation technocratique des besoins du marché.

Cela reposait sur une illusion; l’aptitude à prévoir rigoureusement les besoins futurs d’une économique dont le rythme de transformation s’accélère.

Les délais à l’immigration, qui se calculent en années au fédéral, font en sorte que les compétences utiles que possède le requérant pouvaient ne plus être celles recherchées lorsqu’il est finalement accepté au pays.

Concrètement, ajoutez la pandémie au Covid-19, la délocalisation industrielle vers l’Amérique du Nord causée par les sanctions contre la Russie, la course à décarboner l’économie occidentale et le résultat est que, soudainement, les besoins de main-d’œuvre surgissent de partout.

En réalité, dans le contexte actuel, n’importe quel locuteur francophone qui est à la fois intelligent et débrouillard est le bienvenu au Québec.

D’où la nécessité d’abolir la lourdeur bureaucratique du programme Arrima.

Malheureusement, la décision cavalière de l’ex-ministre de l’Immigration du Québec de détruire dix-huit-mille dossiers en attente d’une décision — plutôt que de retourner ces précieux documents à leurs expéditeurs — afin de forcer ces derniers à soumettre de nouveau leur demande par la voie du système Arrima a durablement terni la réputation du Québec à l’Étranger.

Le programme d’expérience québécoise

Créé en 2010, le Programme de l’expérience québécoise visait à offrir une voie rapide à l’immigration au Québec pour des étudiants étrangers et des travailleurs temporaires.

Toutefois, une décennie plus tard, dans le but d’atténuer son succès, l’ex-ministre de l’Immigration du Québec avait décidé d’exiger douze ou dix-huit mois d’expérience québécoise aux étudiants étrangers qui désiraient demeurer ici à la fin de leurs études. Dans le cas des travailleurs temporaires, l’expérience exigée était de 36 mois.

Cette exigence caquiste, combinée à la discrimination du ministère fédéral de l’Immigration à l’égard des étudiants francophones — particulièrement s’ils sont africains — a fait chuter la fréquentation des établissements scolaires francophones dans les régions du Québec où ces étudiants compensaient une baisse de fréquentation résultant de la diminution de la natalité.

Le résultat de la politique coloniale d’Ottawa est que 44 % des demandes qu’il accepte au Québec le sont pour des personnes qui veulent étudier dans les universités anglophones.

En plus d’abolir la nécessité d’avoir accumulé une expérience pratique pour tous les étudiants étrangers, la CAQ pallie la discrimination fédérale en exigeant à ceux qui fréquentent les établissements anglophones d’avoir également étudié en français à plein temps pendant trois ans à un niveau secondaire ou postsecondaire.

Quant aux travailleurs temporaires peu qualifiés (comme les travailleurs agricoles) qui voudraient profiter du Programme d’expérience québécoise, ils devront posséder une maitrise intermédiaire (niveau 5 sur 12) du français.

Francisation Québec

Pour terminer, le gouvernement de la CAQ crée un droit d’apprendre le français.

À cette fin, il mettra sur pied un guichet unique d’apprentissage du français — sans obligation de réussite — ouvert à tous, néoQuébécois ou non.

La formation prodiguée pourra l’être en salle de cours, en usine ou en ligne.

Conclusion

Après cinq ans d’errance, la CAQ s’est finalement dotée d’une politique migratoire digne de ce nom.

Pour ce faire, elle s’est largement inspirée du Parti Québécois. Or ça tombe bien; le PQ possède le meilleur programme politique à ce sujet.

À mes amis péquistes qui se désolent de voir la CAQ ‘voler’ leurs meilleures idées en matière d’immigration, consolez-vous en pensant qu’une politique linguistique nationale comprend évidemment un volet migratoire, mais également un volet sur la langue de travail, sur la langue de l’enseignement et, dans une moindre mesure, au sujet de la langue d’affichage.

Bref, la CAQ a encore des croutes à manger avant d’égaler le PQ.

De plus, pensez qu’il ne peut y avoir de référendum gagnant au sujet de l’indépendance du Québec sans refrancisation préalable de Montréal. Puisque le PQ tient absolument à cette mauvaise idée qui consiste à organiser un référendum dès son premier mandat alors que cela serait prématuré, la CAQ, dans le fond, prépare le terrain à l’accession au pouvoir du PQ et à l’organisation d’un référendum gagnant.

Références :
Étudiants étrangers : les préférences canadiennes
Immigrants francophones « Évitez le Québec »
Immigrants’ spouses ‘must speak English before entering UK’
Immigration : l’appel du patronat entendu par François Legault
Immigration : l’illusion des prophéties
La Grande démission aux États-Unis
Le gouvernement Legault a terni la réputation du Québec, accuse l’opposition
Le PQ et la francisation des immigrants
Pénuries de main-d’œuvre, immigration et âge de retraite
Québec éliminera 18 000 dossiers d’immigration non traités
Québec lance son guichet unique de services en francisation
Québec songe à accueillir plus de 60 000 immigrants en 2027
Révision des programmes d’immigration: Québec modulera les exigences de français
Six éléments à retenir des annonces de Québec en immigration

Postscriptum du 27 aout 2024 : Quinze mois plus tard, le quotidien Le Devoir révèle aujourd’hui qu’il faudra attendre encore quelques mois pour savoir concrètement comment la CAQ compte imposer préalablement la connaissance adéquate du français à ceux qui veulent immigrer au Québec.

La règlementation habilitante sera ‘pré-publiée’ cet automne en vue d’une entrée en vigueur souhaitée en 2025… si, évidemment, la CAQ n’y renonce pas d’ici là.

Référence : Les exigences en français pour les travailleurs temporaires se font attendre (2024-08-27)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Journée des Patriotes de 2023

Publié le 24 mai 2023 | Temps de lecture : 3 minutes



 
Chaque lundi précédant le 25 mai est à la fois l’anniversaire officiel du monarque du Canada (célébré au Canada anglais) et la Journée nationale des Patriotes (célébrée au Québec).

Dans ce dernier cas, c’est la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) qui organise les célébrations depuis des décennies.

À Montréal, la SSJB invitait les citoyens à une marche qui partait du parc Wilfrid-Laurier et qui se terminait au parc Molson, situé à deux kilomètres. Une marche à laquelle quelques centaines de personnes ont participé.



 
J’y suis allé à la fois par conviction politique et dans le but de compléter ma banque d’images de dirigeants politiques québécois.

Dans le cas de Paul St-Pierre-Plamondon, voilà deux photos puisque je n’arrive pas à décider celle que je préfère.

Cliquez sur l’image pour l’agrandir

À midi (ou presque), la foule s’est mise en marche vers le parc Molson sous protection policière.



 
Après le mot de bienvenue de la SSJB, sa présidente, Marie-Anne Alepin, a passé la parole à l’animatrice de l’évènement, la comédienne Sophia St-Jean.

Véronique Hivon, patriote de l’année 2021-2022

L’ex-ministre Véronique Hivon s’est illustrée par son doigté lors des débats au sujet de la loi sur les soins en fin de vie (surnommée loi sur l’aide à mourir). Elle fut la première invitée à s’adresser à la foule.

Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec Solidaire

Suivirent François Limoges (maire de l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie), le chef du Parti Québécois, le co-porte-parole de Québec Solidaire, et une députée de la Coalition Avenir Québec.

Alors que les représentants du PQ et de QS ont vanté les mérites des Patriotes de 1837-1838 et ont souligné l’importance de leur combat, la représentante de la CAQ a préféré promouvoir les mesures (à mon avis, homéopathiques) qui ont été entreprises par son gouvernement pour défendre le français. Ce qui lui a valu quelques huées.

Le tout s’est terminé par le discours des représentants de l’aile jeunesse du PQ, de QS et de la CAQ.

Pour ceux qui aimeraient en savoir davantage au sujet des Patriotes de 1837-1838, je vous invite à consulter le texte (à la fois bref et excellent) du journaliste Maxime Pedneaud-Jobin de La Presse. Pour ce faire, on cliquera sur le lien ci-dessous.

Complément de lecture : Les patriotes, vrais vainqueurs de l’histoire

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8
1re photo : 1/2500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
2e  photo : 1/640 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
3e  photo : 1/1000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
4e  photo : 1/640 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 55 mm
5e  photo : 1/1600 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 48 mm
6e  photo : 1/640 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 150 mm
7e  photo : 1/800 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 150 mm
8e  photo : 1/640 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 150 mm
9e  photo : 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 125 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel