Les garderies fédérales ou le coup de grâce aux minorités françaises en voie d’extinction

4 mai 2023

Connus sous le sigle CPE, les Centres de la petite enfance ont été mis sur pied en 1997 par le gouvernement du Parti Québécois.

Cette mesure sociale a facilité la conciliation famille-travail d’un grand nombre de mères monoparentales qui souhaitaient retourner sur le marché du travail.

Dès la première décennie qui a suivi leur création, les garderies subventionnées avaient incité près de 70 000 mères à occuper un emploi. Ce qui se traduit par une hausse du PIB de 5,1 milliards de dollars.

Parmi les mères d’enfants de 0 à 5 ans, la proportion disponible à travailler — celles qui ont un emploi et celles qui sont à la recherche d’en avoir un — est plus élevée au Québec (78 %) que n’importe quelle autre province canadienne. À titre de comparaison, il est de 72 % en Ontario.

Au cours des deux décennies qui ont suivi la création des CPE, le nombre de familles monoparentales à l’aide sociale a fondu de 99 000 à 38 000. Après la Suède et la Suisse, le Québec affiche aujourd’hui le plus haut taux d’activité des mères dans le monde.

Ce succès éclatant a inspiré le gouvernement du Canada à imiter l’exemple québécois.

Dans son budget de 2021, le gouvernement canadien prévoyait la création d’un système pancanadien de garderies à 10 $ par jour s’inspirant grandement du modèle des CPE du Québec.

Indépendamment des difficultés d’implantation d’un tel système alors que sévissent d’importantes pénuries de personnel partout au pays, l’intention est louable.

Mais elle comporte des zones d’ombres.

Les minorités francophones du pays jouissent d’un droit constitutionnel à l’éducation dans leur langue là où leur nombre le justifie.

Mais ce droit n’existe pas au niveau préscolaire.

Or dans les ententes bilatérales conclues entre Ottawa et les provinces anglophones, il n’y a pas d’obligation provinciale garantissant des garderies en français là où cela serait justifié.

Ce qui veut dire qu’au Canada anglais, les garderies publiques financées par Ottawa seront vraisemblablement des centres d’assimilation linguistique qui auront pour effet de donner le coup de grâce aux minorités francophones en voie d’extinction.

En somme, dans les années qui viennent, ces garderies joueront, à l’égard des minorités francophones, un rôle similaire à celui joué autrefois par les pensionnats privés financés par Ottawa dans le génocide culturel des peuples autochtones du pays.

Références :
Dualité en garderie : « où peut-on faire valoir nos droits? » se demande un père
Le vingtième anniversaire des CPE

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les miettes fédérales au chantier maritime Davie

25 avril 2023

Le 19 octobre 2011, le gouvernement fédéral procédait à la plus importante entente d’approvisionnement de l’histoire du pays. Il s’agissait d’une série de contrats, au nom de la marine canadienne, pour un montant total évalué à 36 milliards$.

Alors que le chantier maritime Davie, situé à Lévis, était le plus important et le plus compétent constructeur naval du Canada, aucun de ces contrats ne lui a été confié.

La part du lion a été accordée au chantier maritime Irving de Nouvelle-Écosse. L’autre partie fut donnée à un constructeur mineur de Colombie-Britannique.

Cette décision équivalait à une délocalisation de l’industrie maritime canadienne vers la Nouvelle-Écosse et la Colombie-Britannique.

Il faut savoir que la famille Irving est composée de deux clans rivaux qui, ensemble, possèdent une bonne partie de l’économie des provinces maritimes; ils possèdent des scieries, une compagnie ferroviaire, tous les quotidiens importants de la région, des radios locales, etc.

Leur influence politique est telle qu’aucun gouvernement à Ottawa — qu’il soit libéral ou conservateur — ne peut se payer le luxe de les indisposer.

Or le moindre contrat fédéral accordé à la Davie suscite automatiquement la plus vive colère des dirigeants du chantier Irving. Cette hostilité va bien au-delà de la rivalité attendue entre deux concurrents industriels; pour les dirigeants du chantier Irving, la Davie représente le seul obstacle à leur enrichissement illimité.

Au fur et à mesure où les contrats de la Davie arrivaient à terme, le chantier maritime québécois subissait une cure d’amaigrissement, passant de 1 300 travailleurs en 2015 à 150 employés en 2019.

Les Irving auraient finalement obtenu la faillite de la Davie s’ils n’avaient pas suscité entretemps des craintes quant à leur aptitude à respecter leurs obligations contractuelles.

Originellement, la date de livraison de la première des quinze frégates de guerre était prévue pour 2017. En réalité, sa construction n’a même pas encore commencé.

Les Irving promettent maintenant que sa construction devrait débuter en 2024, pour une livraison prévue en 2031, soit après un retard de 14 ans.

Toutefois, la technologue militaire évolue. Recevoir en 2031 des frégates de modèle britannique conçues deux décennies plus tôt n’intéresse personne.

Au fil du temps, le ministère de la Défense s’est vu dans l’obligation d’exiger des radars plus perfectionnés, des outils de navigation plus précis, des moteurs plus silencieux, etc.

Et chaque fois, la facture d’Irving augmente. Si bien que le cout total est passé de 36 milliards$ à plus de 80 milliards$. Sans que personne ne sache si un jour, le chantier Irving finira par livrer la marchandise.

Pour l’instant, l’entreprise demande qu’Ottawa finance la modernisation de ses installations. Ce qui suggère qu’elle pourrait s’avouer incapable de livrer une seule frégate si Ottawa refuse de l’aider.

À moins d’une guerre imminente, le Canada peut toujours attendre pour ses frégates. Mais il ne peut différer la construction de brise-glaces, essentiels à la navigation commerciale hivernale, alors que ceux qu’il possède sont de plus en plus sujets à des bris mécaniques.

Si le chantier Irving avait déjà livré ses frégates, tel que prévu, c’est à lui qu’Ottawa accorderait aujourd’hui les contrats pour sept brise-glaces et deux traversiers.

Mais Ottawa est las d’attendre après Irving. D’où la nécessité de se tourner vers la Davie pour les appareils dont ont absolument besoin la Garde côtière canadienne et Transport Canada.

En raison de la cure d’amaigrissement qu’elle subit depuis des années, la Davie souffre d’un sous-financement responsable du vieillissement de ses installations.

Pour la rendre apte à s’acquitter des contrats civils d’Ottawa — qui représentent le dixième des contrats militaires accordés à Irving — le gouvernement du Québec a pris l’initiative d’avancer 519 millions$ à la Davie, dont 325 millions$ en subvention (c’est-à-dire en don, sous forme d’un prêt ‘pardonnable’) et d’un investissement de 194 millions$ en actions privilégiées.

C’est la plus importante aide financière de Québec depuis l’investissement de 1,3 milliard$ dans la CSeries de Bombardier.

L’investissement à la Davie est conditionnel à la réalisation de la promesse fédérale d’accorder à ce chantier maritime des contrats civils pour une valeur approximative de 8,5 milliards$.

En somme, pas de contrat d’Ottawa, pas d’investissement de Québec.

Toutefois, si Ottawa s’est engagé à accorder ces contrats, il ne participera pas financièrement à la mise à niveau de ses installations.

Reste à voir ce que sera sa réponse définitive d’Ottawa face aux demandes analogues d’Irving…

Références :
La Marine canadienne ne recevra pas de nouvelle frégate avant 2031
Le chantier naval Irving demande plus d’argent pour livrer les frégates à temps
Mark Norman, le ‘Dreyfus’ canadien
Québec investit 519 M$ pour moderniser le chantier Davie

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Roxham : problème ou solution ?

24 février 2023

L’exemple polonais

De tous les pays membres de l’Otan, c’est la Pologne qui a accueilli le plus grand nombre de réfugiés ukrainiens, soit 1,4 million de personnes.

Des centaines de milliers de Polonais ont été chercher en auto les familles ukrainiennes qui se présentaient à la frontière pour leur offrir l’hospitalité. Si bien que l’immense majorité de ces réfugiés logent chez l’habitant.

Pour leur éviter de devenir un fardeau social, l’État polonais leur a aussitôt délivré les permis de travail nécessaires à leur insertion immédiate sur le marché de l’emploi. Ce qui a permis de combler dans ce pays la majorité des demandes pour du personnel non qualifié.

La scolarisation des enfants ukrainiens a permis à leurs parents de travailler. Et ces nouveaux contribuables ont eu accès au système de santé car des ouvriers en santé travaillent de manière plus efficace que s’ils sont malades.

Le résultat, c’est que la croissance économique de la Pologne a été de 4,9 % en 2022. C’est un des taux de croissance les plus élevés parmi les pays occidentaux. À titre de comparaison, ce taux fut de 2,6 % en France, de 2,2 % aux États-Unis, de 1,9 % en Allemagne, et de 1,1 % au Japon.

Le contre-exemple canadien

Le Québec a accueilli en 2022 près de soixante-mille immigrants, dont plus de 39 000 par le chemin Roxham.

Ces derniers représentent 99 % de tous les demandeurs d’asile au Canada.

le permis de travail

Dès leur arrivée en sol canadien, ces immigrants auraient pu, comme en Pologne, contribuer au développement économique du pays. Mais ils ne le peuvent pas en raison de la lenteur d’Ottawa à leur délivrer un permis de travail.

Selon Me Stéphan Handfield, avocat spécialisé en droit de l’immigration depuis trois décennies, les délais d’attente pour un permis temporaire sont actuellement autour de douze à quatorze mois.

Selon cet avocat, les services frontaliers possèdent les compétences et le pouvoir de livrer des permis de travail sur-le-champ. Il suffirait de leur donner des directives claires et simples : exigez la présentation d’une pièce d’identité, vérifiez s’il existe un mandat d’arrestation contre cette personne. Si tout est beau, donnez immédiatement un permis de travail de deux ans.

la répartition territoriale des demandeurs d’asile

Après leur avoir accordé sur-le-champ un permis temporaire de travail, Ottawa aurait pu laisser ceux qui parlent déjà français être pris en charge par le Québec et transporter les autres vers les provinces anglophones du pays.

C’est la suggestion que nous faisions sur ce blogue en septembre 2022.

Mais s’abstenant de le faire, Ottawa faisait en sorte que cet afflux de réfugiés dépasse la capacité de nos classes de francisation et contribue à l’anglicisation du Québec.

Il a fallu une lettre du premier ministre du Québec cette semaine pour qu’Ottawa apprenne officiellement que les organismes québécois d’aide aux réfugiés étaient débordés et qu’il était devenu impossible de trouver des appartements décents pour loger ces nouveaux venus.

Alors qu’Ottawa commence à peine à les répartir à travers le pays, des villes signalent déjà leurs difficultés à les recevoir. D’une crise québécoise, tout cela dégénère rapidement vers une crise canadienne.

Pour l’instant, on trouvera bien quelques hôtels désaffectés pour les loger aux frais des contribuables. Mais ce n’est plus qu’une question de temps pour que la crise du logement épuise toutes les capacités d’accueil au pays.

l’urgence de construire des logements sociaux

En principe, les logements sociaux ne sont pas destinés à loger les néoQuébécois; dans les faits, ils le sont partiellement en raison de la longue disette que leur fait subir l’incurie du fédéral à délivrer des permis de travail.

Mais dès qu’ils obtiennent ce document, l’immense majorité des demandeurs d’asile sont prêts à accepter les emplois qu’on leur offre. Même ceux pour lesquels ils sont surqualifiés. Voilà pourquoi ils ne demeurent pas longtemps sur l’assistance sociale.

En vertu du grand jeu de chaises musicales qu’est le marché locatif, il est important de construire des logements sociaux pour libérer des appartements qu’occuperont ces nouveaux travailleurs que sont les demandeurs d’asile. Parce que notre économie dépend d’eux.

Conclusion

Quand Ottawa ouvre les bras à tous les malheureux de la Terre, ce geste d’empathie s’avère irresponsable quand, au-delà des belles paroles, le pays a négligé de se doter des moyens de les accueillir.

L’exemple polonais nous enseigne que pour être digne de sa réputation surfaite, le Canada doit se doter en premier lieu d’une administration nationale compétente.

Puis il doit se doter des infrastructures d’accueil qui lui sont nécessaires. Ce qui implique que les demandeurs d’asile trouvent là où loger et n’en soient pas réduits à l’itinérance et au travail au noir.

En 2022, la croissance économique du Québec a été de 3,1 %. C’est mieux de bien des pays. Mais cette croissance aurait été encore meilleure sans le boulet des lenteurs administratives d’Ottawa.

En matière d’immigration, le gouvernement québécois n’est pas à l’abri de tout reproche. Mais tant que le Québec n’accèdera pas à l’indépendance, les défauts de son gouvernement ‘provincial’ s’ajouteront à l’incurie qui règne à Ottawa.

Références :
Chemin Roxham: Legault augmente la pression sur Trudeau
Des délais d’attente jusqu’en 2025: plus de 25 000 demandeurs d’asile sans permis de travail
Hausses de loyers abusives: plus de 100 000 logements abordables disparus au Québec en cinq ans
La Pologne passe la barre de 1 million de travailleurs étrangers
Le logement social à Vienne
Le Québec aurait franchi le cap des 300 000 immigrants temporaires
Pénurie de main-d’œuvre: et si on émettait des permis de travail à la frontière?
Roxham Inc.

Parus depuis :
Chemin Roxham : Windsor ne peut plus accueillir de nouveaux demandeurs d’asile (2023-02-28)
Pénurie de main-d’œuvre : il manquerait 18 000 travailleurs immigrants en région (2023-03-06)
50 infirmières prêtes à venir en Gaspésie, mais n’ont pas de logements (2023-03-08)
Des étudiants ne pourront pas étudier à Rimouski, faute de logements: du «jamais-vu» pour l’université (2023-05-23)
Malgré la fermeture du chemin Roxham, un nouveau record de demandeurs d’asile se profile (2023-08-01)
Le Canada ne peut pas loger plus d’immigrants (2023-08-08)
Fermeture du chemin Roxham: «Ça n’a pas donné grand-chose», admet le ministre Roberge (2023-11-10)
Plus de 144 000 demandes d’asile déposées au Canada l’an dernier, un record (2024-01-19)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Roxham : les prières canadiennes adressées aux États-Unis

22 février 2023

Le chemin Roxham vu des États-Unis

Le chemin Roxham est cette voie terrestre qui relie à pied le Québec à l’État de New York. Elle est empruntée annuellement par des dizaines de milliers de demandeurs d’asile.

L’admission au Canada de réfugiés en provenance des États-Unis est régie par l’Entente sur les tiers pays surs (ETPS), conclue entre ces deux pays en 2002.

Elle s’applique aux réfugiés qui se présentent à un des postes frontaliers officiels du Canada. S’ils accèdent au pays par un point d’entrée non officiel (comme le chemin Roxham), l’entente ne s’applique pas à eux.

Depuis des semaines, on nous répète l’importance de colmater cette faille de l’ETPS. De plus, on presse le premier ministre canadien d’aborder cette question lors de la visite du président américain au Canada prévue le mois prochain.

En réalité, les États-Unis se servent du Canada comme déversoir pour atténuer la crise migratoire à laquelle ils sont confrontés. Que le Canada aime cela ou non, il devra ronger son frein puisque nos voisins du Sud ne voient pas l’intérêt de revoir cette entente qui, renégocié ou non, ne changera rien à leur situation.

La défense de la frontière canadienne

Ottawa feint d’ignorer que les traités internationaux ne servent pas à protéger les frontières; ce qui protège les frontières, ce dont les douaniers et les garde-frontières… de préférence, armés.

Pour la personne qui veut échapper à la guerre, à la persécution, à la misère, ou pour celle qui souhaite tout simplement quitter un pays où ses enfants n’ont aucun avenir, les rêves sont irrépressibles.

Voilà pourquoi, au péril de leur vie, des millions de personnes entreprennent des odyssées au cours desquelles ils traverseront des pays ou des mers dans le but d’atteindre une terre où, selon la Bible, coulent le lait et le miel. C’est, dit-on, le cas du Canada.

Tous les pays au monde aimeraient que leurs demandeurs d’asile se présentent à un point d’entrée unique (officiel ou non). Ce qui leur éviterait de dépenser une fortune à la surveillance de la migration transfrontalière.

La frontière sud du Canada (ce qui exclut celle avec l’Alaska) est longue de 6 414 kilomètres. Elle est facilement franchissable d’un bout à l’autre.

Au lieu de passer par le chemin Roxham, si les demandeurs d’asile pénétraient au Canada de partout, il faudrait des milliers de garde-frontières.

Si ces agents sont distants d’un kilomètre, tout réfugié qui passerait au milieu de deux d’entre eux aurait, dès le départ, un demi-kilomètre d’avance.

Sans compter que le garde-frontière qui se lancerait à sa poursuite devrait alors quitter son poste et laisser un trou (de deux kilomètres de frontière sans protection) entre son collègue à l’ouest et celui à l’est.

Bref, à deux gardes par kilomètre, et à trois duos qui se relaient sur 24 heures, il en faudrait plus de 64 000 pour protéger la frontière canadienne.

Sans compter les pilotes des hélicoptères et les appareils de surveillance sophistiqués à acheter pour traquer les malfaiteurs.

À un salaire de seulement 60 000$ par année, c’est une somme de 3,8 milliards qu’il faudrait dépenser annuellement pour remplacer ce qu’une poignée de garde-frontières font au chemin Roxham. Et ce, à un cout dérisoire.

Et puisque la frontière canado-américaine sera toujours une passoire, peu importe les moyens qu’on consacrera à la protéger, aucun parti politique au pouvoir n’acceptera de porter le blâme des lacunes qu’on constatera à répétition.

Donc, ce que fera Ottawa, c’est de privatiser le contrôle des frontières. Comme la sécurité des aéroports américains était assurée par des agences privée avant les attentats du 11 septembre.

Pour le prix du contrat, l’agence de sécurité (probablement américaine) acceptera implicitement de servir de bouc émissaire pour les lacunes qui, inévitablement, surgiront.

Conclusion

Il y a douze ans, au sujet du blogueur Raïf Badawi (emprisonné en Arabie saoudite), le ministre des Affaires étrangères du Canada ne ratait jamais une occasion de dire qu’il était en discussion avec le ‘gouvernement’ (sic) d’Arabie saoudite et qu’il avait bon espoir qu’il serait libéré par ‘Sa Majesté’ (sic) le prince ben Salmane.

Finalement, Raïf Badawi a purgé l’intégralité de sa peine de dix ans d’emprisonnement et il est toujours incapable de quitter son pays.

L’échec diplomatique du Canada à l’égard de l’Arabie saoudite donne un avant-gout de son impuissance anticipée à forcer les États-Unis à aller à l’encontre de leurs intérêts; en vérité, chaque demandeur d’asile qui emprunte le chemin Roxham est un problème de moins pour les États-Unis.

Plutôt que d’affronter l’opinion publique et de travailler à convaincre les Canadiens que le chemin Roxham est un moindre mal et qu’une bonne partie de ces demandeurs d’asile seront utiles à l’économie canadienne, Ottawa a choisi de nous faire croire qu’il a le pouvoir de convaincre les États-Unis d’aller à l’encontre de leurs intérêts.

Références :
Chemin Roxham: Legault augmente la pression sur Trudeau
Chemin Roxham: Ottawa doute qu’un accord soit conclu lors de la visite de Joe Biden
Des délais d’attente jusqu’en 2025: plus de 25 000 demandeurs d’asile sans permis de travail
Le ministre François-Philippe Champagne, paillasson de l’Arabie saoudite
Le Québec aurait franchi le cap des 300 000 immigrants temporaires
Roxham Inc.

Paru depuis : Déshabiller Roxham pour habiller l’aéroport Trudeau (2023-12-22)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le briquet et l’essence

16 février 2023

L’affaire Tigana Mbidi Kiata

Le 14 octobre 2020, peu après 16h30, une ainée de 82 ans effectuait sa promenade quotidienne quand elle fut heurtée mortellement par une voiture qui roulait à environ 80 km/h sur le trottoir.

L’accident est survenu dans l’arrondissement de Saint-Léonard, plus précisément dans une zone de 30 km/h en raison de la proximité d’une école primaire.

La voiture a d’abord frôlé deux piétons, puis est montée sur le trottoir pour ensuite percuter la victime et finalement s’écraser contre un arbre.

Même si son véhicule est une perte totale, le chauffard n’a pas été blessé en raison de sa ceinture de sécurité et de son sac gonflable.

Défendu par l’aide juridique, le chauffard a été accusé de conduite dangereuse ayant causé la mort.

L’accusé travaillait cinquante heures par semaine. L’accident est survenu après une journée de douze heures commencée à 4h du matin.

Après l’accident, l’accusé s’est endormi sur le siège arrière de la voiture de police qui le conduisait au poste pour interrogation.

Lors de son témoignage, l’accusé a affirmé n’avoir conservé aucun souvenir des instants qui ont précédé la collision.

À l’issue récente du procès, la juge Dominique-B. Joly de la Cour du Québec a estimé qu’elle était en présence d’un cas de perte momentanée de contrôle inexpliquée. Du coup, elle a déclaré l’accusé non coupable.

La clé de l’énigme

L’explication de cette perte de contrôle se trouve dans le témoignage des policiers; l’accusé s’est endormi sur le siège arrière de leur autopatrouille.

Même si l’accusé a témoigné sous serment qu’il n’était pas fatigué du tout pendant qu’il conduisait, on doit se poser la question suivante : comment un assisté social (puisqu’il avait droit à l’aide juridique) peut-il s’endormir après avoir subi la perte totale de sa voiture et après avoir tué quelqu’un ?

La réponse est simple; parce qu’il était épuisé. Et parce qu’épuisé, il s’est endormi au volant.

La médiocrité des juges libéraux

L’avocate Dominique-B. Joly a accédé à la magistrature en 2005 alors qu’elle fut nommée juge à la Cour municipale de la ville de Montréal par le gouvernement libéral de Jean Charest.

À l’époque, selon la Commission Bastarache, le critère premier pour être nommé juge, ce n’était pas la compétence; c’était d’avoir contribué à la caisse du Parti libéral du Québec.

En 2014, elle fut promue à la Chambre criminelle et pénale de la Cour du Québec par le gouvernement libéral de Philippe Couillard.

En huit ans à la Chambre criminelle, on peut présumer qu’elle a déjà entendu des témoins se parjurer.

Pourtant, lorsqu’un accusé affirme sous serment qu’il n’était pas du tout fatigué après son quart de travail, la magistrate le croit dur comme fer.

Ce serait donc les yeux grands ouverts que le chauffard aurait passé proche de tuer deux piétons, aurait dévié sa course sur le trottoir pour y heurter mortellement sa victime et se précipiter sur un arbre.

Tout s’est passé tellement rapidement, écrit la juge Joly, qu’il n’est pas étonnant que l’accusé ait peu de souvenirs des évènements.

Parions que si, au cours du procès, le policier qui assurait la sécurité des lieux avait soudainement dégainé son arme et tiré en direction de la juge Joly, celle-ci conserverait de ce bref moment un souvenir indélébile…

Meurtre ou conduite dangereuse ?

Selon le Code criminel, on ne peut condamner un accusé pour meurtre que s’il n’existe aucun doute quant à sa culpabilité. Et dans le cas précis d’une accusation de meurtre au premier degré, on doit prouver la préméditation et l’intention coupable.

Dans l’accusation de conduite dangereuse ayant causé la mort, il faut, hors de tout doute raisonnable, prouver seulement deux choses. Premièrement, que la conduite était dangereuse; or rouler en voiture à 80 km/h sur un trottoir est clairement une conduite dangereuse. Et deuxièmement, que cette conduite dangereuse ait causé la mort de quelqu’un; or l’ainée est réellement morte d’avoir été happée par le véhicule conduit par l’accusé.

Prouver l’intention coupable n’est pas nécessaire. Pourtant, dans son jugement, la juge Dominique-B. Joly écrit :

« Il n’y a aucune preuve démontrant la moindre intention délibérée de créer un danger pour les autres usagers de la route. Il y a perte momentanée de contrôle inexpliquée. Tout ce qui a précédé semble toutefois s’inscrire dans le comportement usuel de tout conducteur automobile.»

Il n’est pas exclu de penser qu’en plus de la personne happée, cet accident de la route ait fait une deuxième victime; le conducteur lui-même, exploité par un employeur qui l’oblige à travailler indument, et dont le véhicule est une voiture de fonction.

Serait-ce par pitié que la juge Dominique-B. Joly a innocenté l’accusé ?

On en trouve peut-être des indices dans le texte de la magistrate, un document dont je n’ai pu obtenir de copie malgré mes très nombreuses démarches.

En dépit de cela, instaurer une jurisprudence selon laquelle tout automobiliste peut tuer un piéton du moment qu’il ne le fait pas par exprès est une connerie.

Les conséquences

Le 24 octobre 2021 dans un village de trois-mille habitants situé à 50 km à l’est de Montréal, un adolescent de 15 ans roulant en scooter était tué par le conducteur d’un véhicule utilitaire qui avait dévié de sa route.

La preuve recueillie par les policiers démontrait que le chauffard était en train d’utiliser son téléphone avant et pendant l’impact mortel. Ce que le conducteur a lui-même reconnu aux policiers lorsque ces derniers sont arrivés sur les lieux.

Le 13 février dernier — soit deux semaines après le jugement dans l’affaire Tigana Mbidi Kiata — l’avocat de la Direction des poursuites criminelles et pénales (la DPCP) annonçait sa décision d’abandonner ses accusations dans ce cas-ci.

Pour expliquer cette décision, la porte-parole de la DPCP a déclaré : « À la suite d’une analyse complète du dossier d’enquête, la DPCP a conclu qu’aucune accusation ne pouvait être portée relativement à cet évènement tragique, n’ayant pas la conviction d’une perspective raisonnable de condamnation.»

En d’autres mots, puisque la jurisprudence établie récemment par la juge Dominique-B. Joly exige qu’on prouve hors de tout doute raisonnable l’intention coupable d’un chauffard lorsqu’il happe mortellement un piéton, un cycliste ou un motocycliste, nous abandonnons la cause puisque nous n’avons pas la preuve qu’il l’a fait par exprès.

La plainte privée

Lorsque la DPCP refuse de porter plainte, les citoyens peuvent recourir à un processus rarement utilisé, soit la plainte privée.

Michel Gauvin est le père de Caroline, grièvement blessée dans un accident d’auto impliquant des tracteurs de déneigement en 2013.

Après que la DPCP eut refusé de poursuive les responsables de l’accident, M. Gauvin a décidé de donner une seconde chance au système judiciaire en déposant une plainte privée.

Mais devant les tribunaux criminels, seule la DPCP est habilitée à porter plainte. Mais si la DPCP avait remporté cette cause privée, elle aurait démontré sa faute à intenter d’elle-même les poursuites contre les coupables.

Après une préenquête bâclée, la DPCP a ordonné un arrêt de procédure pour insuffisance de preuve. Or il ne peut y avoir de procès sans plaignant. On peut avoir tous les témoins qu’on veut, pas de plaignant, pas de procès.

Au lieu d’acquiescer sommairement à la demande de la DPCP, le juge a néanmoins décidé de justifier une décision qu’il rendait à contrecœur.

Inconduite flagrante, partialité évidente, conduite répréhensible. Voilà les mots utilisés par le magistrat pour blâmer la DPCP d’avoir commis un abus de procédure en nuisant à un père de famille en quête de justice pour sa fille.

Les tribunaux civils

Lorsque les tribunaux criminels refusent de jouer leur rôle, les conjoints et les enfants endeuillés peuvent se tourner vers les tribunaux civils afin d’obtenir justice.

Se pose alors le problème de l’accessibilité économique au système judiciaire.

Dans une cause criminelle, c’est l’État (par le biais de la DPCP) qui se charge de punir les conducteurs fautifs d’avoir causé la mort d’un autre utilisateur de la voie publique.

Toutefois, dans une cause civile, les proches de la victime, en plus d’assumer leur deuil, doivent se choisir un avocat et entreprendre à leurs frais de longues et couteuses démarches juridiques en vue d’obtenir réparation. Ce qui peut prendre des années.

Dans les faits, les personnes aisées sont les seules qui peuvent se permettre le luxe d’entreprendre de telles procédures.

Pour l’assisté social, le travailleur à faible revenu et même le travailleur moyen — bref, pour la grande majorité de la population — la seule voie qui reste, c’est de se faire justice soi-même.

Quand l’État refuse d’assumer ses responsabilités, les citoyens doivent se tourner vers le privé. Or dans une cause criminelle, le privé, c’est le briquet et l’essence.

Se sortir de la faillite de l’État canadien

L’ordre professionnel des avocats du Québec (appelé le Barreau) déposait en 2018 une requête (financée en sous-main par Ottawa) qui était destinée à faire invalider toutes les lois du Québec. Cette entreprise insensée fut arrêtée par un vote obtenu de justesse lors d’une assemblée générale spéciale des membres du Barreau.

D’autre part, plus récemment, Julie Rondeau, juge en chef de la Cour du Québec, a ordonné une grève du zèle de tous les magistrats sous son autorité en leur demandant de ne siéger qu’un jour sur deux alors qu’en Ontario et en Colombie-Britannique, les juges en Chambre criminelle consacrent deux fois et demie plus de temps à entendre les causes qui leur sont soumises.

En favorisant une thrombose judiciaire, la juge Rondeau veut forcer le ministre de la Justice du Québec à instaurer une discrimination à l’embauche contre tous les avocats québécois qui ne sont pas parfaitement bilingues alors qu’un avocat unilingue anglais peut librement accéder à la magistrature au Canada anglais.

Bref, la profession juridique est minée de l’intérieur par un cancer que sont tous ces juges incompétents nommés par le fédéral ou par le Parti libéral du Québec.

Le seul moyen de s’en débarrasser est de faire table rase de cette monarchie constitutionnelle sclérosée qu’est le Canada et de repartir à neuf en créant un nouveau pays, digne du XXIe siècle, où le système judiciaire sera au service du peuple.

Références :
Acquitté après avoir fauché une piétonne en roulant sur le trottoir à 80 km/h
Adolescent happé mortellement en scooter: le conducteur distrait par son téléphone ne sera pas accusé
Aînée happée mortellement : «Le véhicule s’en venait rapidement»
L’esprit de caste de la juge Lucie Rondeau
Ottawa finance la demande d’invalidation de toutes les lois du Québec
L’utilité de la Commission Bastarache
Un chauffard tue une aînée dans une zone de 30 km/h
Un procureur du DPCP malmené par un juge

Postscriptum : Pendant que ce texte était l’objet d’une révision de dernière minute, Paul-Jean Charest, conseiller en communications de la Cour du Québec, nous expédiait une copie de la décision de la juge Dominique-B. Joly. À sa lecture, ce jugement ne remet pas en question le texte publié.

Ceci étant dit, nous remercions M. Charest pour son aimable collaboration.

Référence : Décision de l’honorable Dominique-B. Joly

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le témoignage de Mme Lambropoulos justifie une enquête policière

6 février 2023

Ce qui retient l’attention dans l’actualité récente, c’est le témoignage de la députée libérale Emmanuella Lambropoulos devant le comité qui étudie le projet de loi fédéral C-13 sur la réforme de la Loi sur les langues officielles.

Celle-ci a révélé le cas d’une citoyenne anglophone de sa circonscription à qui on a refusé des services médicaux en anglais.

Selon la députée, une médecin soignante dispensait ses soins en anglais avant l’adoption de la loi 96 du Québec (qui vise à renforcer la Loi 101) mais ne le fait plus par crainte d’une plainte si elle parle une langue autre que le français dans l’exercice de sa profession.

Lorsque la loi 96 n’était encore qu’à l’état de projet de loi, le ministre Simon Jolin-Barette avait tenu compte des craintes libérales à ce sujet et fait ajouter expressément une disposition qui garantit la fourniture de soins de santé en anglais aux angloQuébécois.

Si la députée libérale dit vrai, il s’agit non seulement d’une violation de la loi 96, mais également de la Charte québécoise des droits et libertés. De toute évidence, cela justifie la tenue d’une enquête policière à ce sujet.

On s’attend à ce que la députée libérale collabore à cette enquête dont le but sera de protéger les droits des angloQuébécois.

Évidemment, elle pourrait être réticente à révéler le nom de la patiente dont les droits ont été brimés. Mais elle a l’obligation de dénoncer la docteure qui a violé la loi. Quitte à ce qu’on émette une citation à comparaitre si la députée hésite à témoigner contre une professionnelle de sa circonscription.

Mais…

S’il s’avère que tout cela est un canular démagogique inventé par Ottawa pour braquer les angloQuébécois contre la loi 96, cette enquête révèlera jusqu’où le colonialisme canadian peut s’abaisser pour tenter de faire obstacle à notre volonté de protéger notre langue et notre culture.

Références :
Emmanuella Lambropoulos revient à la charge avec des propos controversés
La libérale Emmanuella Lambropoulos veut quitter le comité des langues officielles

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Amira Elghawaby : la pitbull antiquébécoise d’Ottawa

2 février 2023

Être antimusulman ou être islamophobe

L’Islam est une religion qui comporte deux courants principaux; sunnisme et le chiisme. La version rigoriste de l’islam sunnite est le wahhabisme.

D’abord limitée à quelques tribus nomades de la péninsule arabique, cette secte intégriste, misogyne et salafiste prit de l’importance quand l’Arabie fut créée en 1932 à l’occasion du démantèlement par les puissances occidentales de l’Empire ottoman et quand la Grande-Bretagne confia ce nouveau pays à la dynastie des Saoud (dont le wahhabisme était la religion). D’où le nom d’Arabie saoudite.

Promu au rang de religion d’État, le wahhabisme s’est lentement propagé à travers le monde grâce aux milliards de dollars que la dictature saoudienne consacre annuellement à sa promotion.

Le wahhabisme prétend être la seule vraie religion musulmane. Du coup, les imams inféodés à son idéologie — notamment ceux dont la mosquée a été construite grâce à des fonds saoudiens — estiment que toute critique du wahhabisme est de l’islamophobie.

Car le mot islamophobie est ambigu. D’une part, il peut signifier la peur ou l’hostilité à la religion musulmane et d’autre part, la peur ou la haine à l’égard de ceux qui la pratiquent.

Jouant sur cette ambigüité, le gouvernement canadien à proclamé en 2021 que la date du 29 janvier serait la Journée nationale de commémoration de l’attentat à la mosquée de Québec et d’action contre l’islamophobie.

Il est clair que l’attentat terroriste de Québec doit être condamné dans les termes le plus vifs et que la proclamation d’une journée rappelant ce triste évènement est une bonne décision.

Mais au lieu d’avoir fait également de cette journée une condamnation plus générale de la haine contre les Musulmans canadiens — une condamnation qui aurait fait consensus — Ottawa a préféré susciter la réprobation de toute critique à l’égard de la religion musulmane (dont l’idéologie haineuse qu’est le wahhabisme).

À la Révolution, la France fut le premier pays au monde à légaliser le blasphème, dont le droit de tenir des propos qui offensent les croyances religieuses des autres. Deux siècles plus tard, en consacrant le 29 janvier à la lutte contre l’islamophobie, le Canada chemine dans le sens opposé de l’Histoire.

L’influence grandissante du wokisme américain

Bochra Manaï — nouvelle commissaire du Bureau de lutte contre le racisme et les discriminations systémiques créé en 2021 par la mairesse Valérie Plante — estime en effet que toute critique de l’Islam est de l’islamophobie.

À l’instar de Montréal, Ottawa a créé en juin 2022 le poste de représentant spécial de la lutte contre l’islamophobie auprès du premier ministre canadien.

Après un appel de candidatures, c’est la militante et activiste Amira Elghawaby — renommée pour son dénigrement incessant du peuple francoQuébécois — qui fut choisie le 26 janvier dernier. À ce titre, elle recevra un salaire annuel compris entre 162 700 $ et 191 300 $.

Rappelons qu’il y a huit mois, Joseph Heath, professeur de philosophie de l’Université de Toronto, publiait un commentaire selon lequel les Canadiens français avaient été, selon lui, le plus important groupe de victimes du colonialisme britannique au Canada.

Encore de nos jours, quatre-millions de francoQuébécois unilingues sont victimes de discrimination à l’embauche puisque la fonction publique fédérale n’en embauche jamais (sauf pour vider les corbeilles, laver les chiottes ou nettoyer les vitres).

Mais cette défense du peuple francoQuébécois par le professeur Heath — qui nous fait passer du statut de peuple oppresseur (parce que ‘Blancs’) à celle de peuple opprimé (parce que conquis et dépossédés) — est une hérésie selon l’idéologie woke américaine, pour qui tous les ‘Blancs’ sont des oppresseurs.

En réplique au professeur Heath, Mme Elghawaby a avoué qu’à la lecture de son commentaire, elle avait eu envie de vomir tellement sa révulsion était grande.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la nouvelle conseillère du premier ministre canadien ne connait pas grand-chose de l’histoire de notre pays.

Une constitution imposée à la colonie québécoise

Mme Elghawaby serait probablement incapable d’expliquer comment l’ethnie dominante du pays a pu adopter sans nous une nouvelle constitution canadienne à la suite d’une ultime séance de négociation tenue secrète et à laquelle nous n’étions pas invités…

L’explication est pourtant simple; le Canada est une puissance coloniale qui, à la différence des autres, ne possède pas ses colonies sous les tropiques. Celles-ci sont plutôt incrustées dans son territoire; ce sont des dizaines de réserves indiennes régies par un apartheid juridique et le Québec dont on favorise l’anglicisation par le moyen de l’immigration non francophone.

Le multiculturalisme

Née dans les intrigues et la fourberie, cette constitution consacre le multiculturalisme, c’est-à-dire le tribalisme des peuples anglo-saxons. Effectivement, cette idéologie vise à exacerber l’appartenance à sa ‘tribu’ en tant que facteur identitaire.

Cette obsession tribale est telle que le chef du Nouveau Parti démocratique n’hésite pas à qualifier Mme Elghawaby de femme racisée. Mais de quelle ‘race’ parle-t-il ?

En vertu du multiculturalisme, chacune des ‘communautés culturelles’ du pays est alors centrée sur ses intérêts propres, perdant de vue l’intérêt général de la société dans laquelle elle évolue.

C’est ainsi que pour Mme Elghawaby, le summum de la persécution religieuse au Canada est le cas de quelques dizaines de Musulmanes à qui on demande de retirer, dans l’exercice de leur métier d’enseignantes, les manifestations extérieures de leur foi. Comme on le fait pour tous les enseignants. Et comme c’est l’usage dans de nombreux pays européens, dont la France.

Pour Mme Elghawaby, cette discrimination est un scandale. Par contre, la discrimination à l’embauche exercée contre nous par la fonction publique fédérale la laisse indifférente puisque nous n’appartenons pas à sa tribu.

Conclusion

Les peuples européens ont consenti avec enthousiasme aux expéditions coloniales de leurs pays respectifs parce qu’on a prétendu qu’elles visaient à apporter les lumières de la civilisation à des contrées lointaines.

Notamment, la traite des ‘Noirs’ et le pillage des richesses africaines se sont opérés sous le couvert de la déshumanisation des peuples africains et du mépris pour leurs cultures.

De la même manière, la population anglocanadienne sera d’autant plus hostile aux moyens que nous prenons pour protéger notre culture et notre langue qu’elle estimera que l’anglicisation du Québec est un phénomène positif qui consistera à remplacer un peuple jugé arriéré et incapable de s’adapter au monde moderne.

Mme Elghawaby est la personne idéale pour y contribuer. Le zèle qu’elle a manifesté pendant des années à traiter les Québécois de racistes dénote une conviction profonde et sincère dont Ottawa espère tirer profit dans la lutte idéologique qu’il mène afin d’amener les Québécois à partager l’idéologie tribale que représente le multiculturalisme canadien.

On a tort de penser que la nomination de Mme Elghawaby est une erreur de jugement de Justin Trudeau. Ce dernier connaissait bien ses positions clivantes antérieures. Mais il a besoin de pitbulls comme elle pour défendre idéologiquement la constitution illégitime dont son père a doté le pays.

Références :
Amira Elghawaby s’excuse, mais c’est insuffisant, dit Québec
Analyse de la haine antimusulmane au Québec
Calife
Funérailles montréalaises de trois des victimes de l’attentat de Québec
«I want to puke»
Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes
Proclamation demandant de faire du 29 janvier de chaque année la Journée nationale de commémoration de l’attentat à la mosquée de Québec et d’action contre l’islamophobie
Quatre-millions de Québécois victimes de discrimination à l’embauche
Québec solidaire sur la défensive dans l’affaire Elghawaby
Wahhabisme

Paru depuis : Association musulmane du Canada : des liens « troublants » avec un réseau de soutient du Hamas (2023-11-13)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Justin Trudeau et la camisole de force constitutionnelle de 1982

25 janvier 2023

Introduction

La clause dérogatoire est un article qui permet de soustraire une loi provinciale ou fédérale aux exigences de la Canadian Constitution et lui éviter d’être déclarée anticonstitutionnelle par les tribunaux.

Au cours d’une entrevue accordée récemment à La Presse, le premier ministre canadien a reproché aux provinces de recourir abusivement à cette clause et réitéré son intention d’obtenir de la Cour suprême une jurisprudence qui en limiterait l’usage.

Sans attendre qu’une cause concrète soit présentée devant la Cour suprême, le gouvernement fédéral veut l’obliger à se prononcer à ce sujet par le moyen d’une requête spéciale appelée renvoi.

Le moteur du renouvèlement constitutionnel canadien

C’est l’adoption de la Loi 101 par le gouvernement péquiste de René Lévesque en 1977 qui a motivé le gouvernement canadien à entreprendre la rédaction d’une nouvelle constitution. Celle-ci est entrée en vigueur cinq ans plus tard.

Jusque là, le British North America Act, voté par le parlement de Londres en 1867, faisait office de constitution canadienne et régissait le fonctionnement du pays.

Mais la Loi 101 était une loi révolutionnaire qui ajoutait au droit canadien la notion de droits collectifs; elle établissait les bases juridiques du droit du peuple francoQuébécois d’assurer sa survie en protégeant le français au Québec.

Pour contrer la Loi 101, les stratèges d’Ottawa eurent l’idée d’une nouvelle constitution dont l’élément central fut une charte des droits et libertés.

Celle-ci vise à consacrer la suprématie absolue des droits individuels puisque ceux-ci comprennent implicitement le droit de s’assimiler au groupe linguistique de son choix.

Ce principe — le droit de s’assimiler au groupe linguistique de son choix — était à la base de la loi 63 adoptée en 1969 par le gouvernement québécois de l’Union Nationale.

En ouvrant toutes grandes les portes de l’école publique anglaise à n’importe qui, elle forçait le peuple francoQuébécois à financer sa propre extinction.

Le Québec tout entier fut scandalisé par la stupidité du gouvernement de l’Union Nationale. À l’élection suivante, ce parti politique fut rayé de la carte.

Droits fondamentaux vs caprices constitutionnels

Dans leur zèle à consacrer la suprématie des droits individuels sur les droits collectifs, les rédacteurs de la Charte canadienne des droits ont élevé de simples caprices au rang de droits constitutionnels.

À titre d’exemple, il est indéniable que croire en une religion est un droit fondamental. De la même manière, se réunir dans un lieu de culte l’est également.

Mais les manifestations extérieures de la foi — porter des breloques ou des bijoux en forme de symboles religieux — ne sont pas des droits, mais de simples caprices décoratifs.

Dans son entrevue à La Presse, on aurait aimé que le premier ministre canadien nous précise ce qu’il a à l’esprit lorsqu’il déclare : « On est en train de banaliser la suspension des droits fondamentaux.». Quels droits fondamentaux ?

l’abolition du droit de grève en Ontario

S’il parle de la décision du premier ministre ontarien (à laquelle il a aussitôt renoncé) de retirer le droit de grève à certains employés du secteur public, on voit mal la différence entre cette décision et l’adoption d’une loi spéciale qui force le retour au travail des grévistes, ce qui est parfaitement constitutionnel et revient au même.

En réalité, le tabou au sujet de la clause dérogatoire vise à préserver le mythe selon lequel Pierre-Elliot Trudeau (le père du premier ministre actuel) serait descendu de la colline parlementaire avec une constitution sacrée sous le bras comme Moïse est descendu du mont Sinaï avec la Table des dix commandements…

la loi 96 du Québec

S’il parle de la loi 96, destinée à renforcer la Loi 101, quels sont les droits fondamentaux que violerait cette loi ?

Le droit de nos petits Rhodésiens de ne pas apprendre le français à l’école anglaise ?

Le droit des entreprises montréalaises d’imposer le bilinguisme à leurs employés lorsque cette exigence n’est pas nécessaire, exerçant ainsi une discrimination à l’embauche contre quatre-millions de francoQuébécois unilingues ?

Est-ce que c’est ça que monsieur Trudeau veut perpétuer ?

la loi 21 du Québec

Cette loi interdit l’expression publique d’une appartenance confessionnelle aux fonctionnaires en position d’autorité et aux enseignants du secteur public. Et ce, seulement dans l’exercice de leurs fonctions.

Les interdits de cette loi sont ceux qu’on trouve déjà dans des lois analogues adoptées par de nombreuses démocraties européennes. Des interdits déjà validés par leurs plus hautes instances juridiques.

Or de simples croyances, qui ne sont retrouvées dans aucun texte sacré — par exemple, la croyance en l’obligation de porter le niqab ou la burka — ont été promues au Canada au rang de droits constitutionnels, au même titre que le droit à la vie.

Conséquemment, la Canadian Constitution élève des fixations identitaires (le port de chiffon et de breloques) au rang de droits fondamentaux.

Plutôt que de regretter que les auteurs de la Canadian Constitution n’aient pas vu la montée de l’intégrisme religieux financé par l’Arabie saoudite, le premier ministre canadien désavoue implicitement les centaines de milliers d’Iraniennes qui, ces jours-ci, risquent leur vie en protestant contre un voile qu’une théocratie obscurantiste veut leur imposer.

Les incohérences idéologiques d’Ottawa

Dans son entrevue à La Presse, le premier ministre s’objecte à ce que les provinces invoquent la clause dérogatoire de manière préventive.

À son avis, il serait préférable qu’elles attendent qu’une loi soit déclarée anticonstitutionnelle avant de lui ajouter une clause dérogatoire (si elles jugent toujours cette loi nécessaire).

Et du même souffle, il réitère son intention de procéder à un renvoi auprès de la Cour suprême au sujet de l’utilisation de la clause dérogatoire par les provinces.

Or un renvoi est essentiellement préventif; il consiste à demander l’avis de la Cour suprême avant même qu’elle ait à se prononcer dans le cadre d’une cause concrète présentée devant elle.

De plus, pour bien alerter les lecteurs de La Presse au sujet des menaces qui planent sur les droits fondamentaux à travers le monde, il donne l’exemple de l’invalidation récente de l’arrêt Roe c. Wade (au sujet de l’avortement) par la Cour suprême des États-Unis.

Comble de l’incohérence, il professe sa foi dans les tribunaux pour protéger les droits fondamentaux. Malheureusement pour lui, ce que cet exemple démontre, c’est précisément qu’on ne peut pas compter sur eux.

En 1982, le gouvernement canadien et les provinces anglophones du pays adoptaient une nouvelle constitution à l’issue d’une séance ultime de négociation tenue secrète et à laquelle le Québec n’avait pas été invité.

Limiter le recours à la clause dérogatoire par les provinces, c’est limiter la capacité du Québec d’échapper à la camisole de force constitutionnelle que l’ethnie dominante du Canada lui a imposée pour contrer son pouvoir de protéger notre langue et notre culture.

Puisque cette constitution est leur constitution et non la nôtre, on ne voit pas pourquoi nous devrions hésiter à déroger d’un contrat que nous n’avons pas signé.

Références :
Actes de l’Amérique du Nord britannique
Disposition de dérogation – Legault reproche à Trudeau de vouloir « s’attaquer au peuple québécois »
Disposition de dérogation – Trudeau envisage de se tourner vers la Cour suprême
Laïcité : juges contre démocratie
Le compromis oublié
Le défilé des Rhodésiens
Loi 101
Loi constitutionnelle de 1982
Loi 63
Lois d’exception au Québec depuis 1986
Quatre-millions de Québécois victimes de discrimination à l’embauche

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les États-Unis nous emmerdent !

3 décembre 2022
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Profiter de nos égouts

Jeudi dernier, l’émission Enquête révélait que des matières fécales humaines (appelées biosolides) sont utilisées pour la fertilisation des terres agricoles.

En principe, ceci est une bonne chose. Qu’il s’agisse de fumier animal ou humain, le compost créé à partir d’eux contient de l’azote, du phosphore et du potassium (comme dans les engrais chimiques), mais également des oligoéléments, c’est-à-dire des sels minéraux essentiels au métabolisme des plantes.

Dans tous les cas, on doit simplement éviter que ces engrais organiques contiennent des niveaux élevés de contaminants toxiques.

Par mesure de prudence, la règlementation québécoise stipule également que lorsque du compost est fait à partir de fumier humain, il ne doit pas servir à engraisser des sols où poussent des plantes destinées à l’alimentation humaine.

Autre avantage : leur utilisation à titre de fertilisants évite que les résidus de nos usines d’épuration soient déversés dans nos cours d’eau. Ce que des municipalités comme Montréal et Longueuil font occasionnellement.

Voilà pourquoi les municipalités paient des entreprises spécialisées pour que celles-ci les débarrassent des résidus solides de leurs usines d’épuration.

Cela est tellement payant que celles-ci donnent littéralement ces engrais aux agriculteurs qui acceptent de s’en servir.

Or cela tombe bien.

La guerre en Ukraine

Sous l’influence de la vice-première ministre, Chrystia Freeland (de descendance ukrainienne), le Canada est le seul pays du G7 à imposer des tarifs sur les engrais russes.

Si les provinces de l’Ouest produisent de la potasse, cette production est insuffisante à alimenter les producteurs de l’Est du pays.

Avant l’imposition des tarifs canadiens, 85 à 90 % des engrais utilisés au Québec provenaient de Russie. En catastrophe, nos importateurs se sont tournés vers d’autres pays (dont l’Algérie et l’Égypte) qui leur en vendent maintenant à prix d’or.

Dans ce contexte, le don d’engrais naturels à nos agriculteurs tient du miracle.

L’an dernier, le Canada a importé 70 000 tonnes de matières fécales des États-Unis. Annuellement, on estime que 2 300 camions chargés d’excréments américains traversent la frontière canadienne.

Encore un peu et le Canada offrira gratuitement des laxatifs aux Américains pour aider nos agriculteurs…

Pour l’instant, ce trafic est beaucoup plus répandu en Ontario qu’au Québec.

Autre différence, cette fois majeure, c’est que l’Ontario importe ses résidus solides d’États du Midwest américain alors qu’au Québec, nous les recevons de la Nouvelle-Angleterre.

Or, en Amérique du Nord, les contaminants éternels (nous y reviendrons) sont principalement produits dans le Midwest américain. Et c’est là qu’ils ont davantage contaminé les humains et l’environnement.

Les contaminants éternels

En 2009, la Convention de Stockholm a classé le PFOS (l’acide perfluorooctane sulfonique) et ses sels comme des polluants organiques éternels en raison de leur nature omniprésente, persistante, bioaccumulable et toxique.

Depuis, leurs fabricants les ont remplacés par des dérivés à chaine courte (les PFOA), également considérés comme des polluants majeurs.

Il est à noter que dans la rubrique qu’il leur consacre, Wikipédia affirme qu’en 2006, une étude de Santé Canada concluait en leur innocuité, ce qui est faux. Au contraire, partout à travers le monde, ces substances sont considérées comme préoccupantes.

En vertu du principe de précaution, l’État du Maine a totalement interdit leur utilisation et a condamné les terres agricoles (de même que le bétail) contaminées par ces substances.

Les entreprises qui en faisaient le commerce ont donc cherché d’autres débouchés et se sont tournées vers le Québec.

Le contraste entre les réactions

Au gouvernement québécois

À la suite du reportage de Radio-Canada, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a déclaré :

Dans les prochaines semaines, on va modifier la règlementation pour interdire l’épandage des biosolides qui nous parviennent des États-Unis, notamment.
Et pour ce qui est des biosolides québécois, on va passablement resserrer la règlementation pour s’assurer qu’on ne compromet pas l’intégrité nos terres agricoles [et] qu’on ne menace pas la santé humaine.

Au gouvernement fédéral

Le premier ministre Justin Trudeau s’est dit troublé par les révélations de Radio-Canada et assuré que son gouvernement ‘va faire les suivis’.

En d’autres mots, c’est inquiétant mais nous allons rester, pour l’instant, assis à regarder passer le train.

De son côté, Marie-Claude Bibeau, sa ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire a été plus explicite :

Quand on parle de la gestion des matières résiduelles, c’est vraiment de juridiction provinciale. Si on a un rôle à jouer au niveau fédéral, on va prendre les actions rapidement.

Dieu merci, lorsque j’ai entendu la déclaration de la ministre fédérale, c’était au Téléjournal de 18h et non à celui de 22h parce que dans le cas contraire j’aurais mal dormi tellement cette réponse à la Ponce-Pilate m’a rendu furieux.

Comment peut-on être ministre au fédéral et ignorer ceci :

Le transport transfrontalier des marchandises est un domaine de compétence exclusive du gouvernement canadien.

Si le Québec est pris à adopter une règlementation que les États-Unis pourraient contester en vertu des traités de libre-échange conclus par Ottawa, c’est parce que ce dernier ne fait pas son job de protéger la population canadienne des dangers provenant de l’Étranger.

Conclusion

Le gouvernement canadien est toujours prompt de se servir de son pouvoir de dépenser pour envahir des domaines de compétence des provinces et ainsi leur dicter ses volontés.

Mais quand vient le temps de faire son job — délivrer des passeports ou empêcher les États-Unis de se servir du Canada comme d’une toilette — le voilà qui se soustrait à ses responsabilités.

En réalité, si le Québec veut que ses frontières servent à quelque chose, il ferait bien de penser à s’en occuper lui-même, c’est-à-dire devenir un pays indépendant.

Références :
Québec resserrera la réglementation sur l’épandage des biosolides dans les champs
Rapport d’évaluation écologique préalable sur le sulfonate de perfluorooctane, ses sels et ses précurseurs
Substances per- et polyfluoroalkylées
Tarifs sur les engrais russes : « On se pénalise nous-mêmes! »

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’inclusion et la diversité au fédéral

27 novembre 2022

La lutte contre la discrimination sexuelle

Le Conseil de recherches en Sciences naturelles et en Génie du Canada (CRSNG) est un organisme subventionnaire du gouvernement fédéral.

Conformément aux directives d’Ottawa destinées à faire une plus grande place à la diversité, le CRSNG a ajouté à ses demandes de subventions la question obligatoire suivante :
« Sélectionnez l’orientation sexuelle qui correspond le mieux à la façon dont vous vous percevez présentement.»
❏ Asexuel/Asexuelle
❏ Bisexuel/Bisexuelle
❏ Gai/Gaie
❏ Hétérosexuel/Hétérosexuelle
❏ Lesbienne
❏ Pansexuel/Pansexuelle
❏ Allosexuel/Allosexuelle (“Queer”)
❏ Bispirituel/Bispirituelle
❏ Je ne m’identifie à aucune option proposée
❏ Je préfère ne pas répondre.

Le CRSNG s’assure ainsi que son attribution des fonds n’entraine pas de discrimination à l’égard des minorités sexuelles du pays.

Au ministère de la Défense

L’actuelle titulaire du poste de ministre de la Défense du Canada est l’honorable Anita Anand.

Afin de combattre la culture machiste qui règne dans nos armées et leur permettre d’accueillir enfin les personnes non binaires, celle-ci a décidé dernièrement de permettre aux soldats dits ‘masculins’ — c’est-à-dire aux soldats dotés d’un pénis — de porter une robe, du maquillage, des faux-cils, du vernis à ongles, de même que des boucles d’oreilles discrètes (moins de 2,5 cm de diamètre).

De plus, le port des sous-vêtements est maintenant facultatif à la condition que cela ne se voie pas.

Néanmoins, au cours des exercices militaires et au combat, chausser des souliers à talons hauts est encore défendu. Cet interdit se justifie pour des raisons sécuritaires… même si marcher sur une mine antipersonnelle donne le même résultat, peu importe les chaussures qu’on porte.

L’écriture woke

Le gouvernement canadien a dernièrement dévoilé un nouveau guide de rédaction de la correspondance française destiné à ses fonctionnaires et aux organismes parapublics fédéraux. Pour l’instant, ce guide est facultatif. Mais il pourrait ultérieurement devenir obligatoire.

Parmi toutes les mesures qu’on peut utiliser pour avoir l’air inclusif, rien n’est plus ostentatoire que l’adoption de l’écriture dite ‘inclusive’.

L’écriture inclusive est un ensemble de procédés de rédaction dont l’immense majorité est justifiée.

Toutefois, parmi ces procédés, le guide suggère l’utilisation de l’écriture woke. Celle-ci vise à combattre l’invisibilisation grammaticale des femmes, une source de grande injustice au pays.

C’est ainsi qu’au lieu d’écrire “Les bâtisseurs culturels montréalais”, on préfèrera écrire “Les bâtisseur·euse·s culturel·le·s montréalais·e·s”.

Les Francophones qui auront de la difficulté à lire la correspondance fédérale écrite de cette manière conserveront leur droit d’exiger qu’Ottawa communique avec eux en anglais.

Conclusion

Le fonctionnement interne de la fonction publique fédérale se fait essentiellement en anglais.

En ordre décroissant, ce qu’on trouve dans la fonction publique fédérale, ce sont des Anglophones unilingues, des Francophones bilingues et des Anglophones bilingues. En somme, des gens qui ont en commun la connaissance de l’anglais.

On peut y faire carrière toute sa vie comme unilingue anglais, mais pas si on est unilingue français puisque dans ce cas, on n’y est jamais embauché.


 
Avant de se prétendre inclusif parce que son armée est ouverte au recrutement d’une poignée de soldats non binaires, Ottawa devra faire cesser sa discrimination à l’embauche qu’il exerce contre quatre-millions de francoQuébécois unilingues.

De la même manière, il serait temps d’abolir l’Apartheid juridique et constitutionnel dont sont victimes les peuples autochtones du pays.

Il est inacceptable que la Charte canadienne des droits et libertés ne s’applique pas aux peuples autochtones du pays, régis plutôt par le droit autochtone, un droit mesquin et infantilisant qui a valeur constitutionnelle et qui est indépendant des règles juridiques qui s’applique au reste de la population canadienne.

L’inclusion et la diversité dont se vante Ottawa ne servent qu’à couvrir le pays de ridicule sur la scène internationale. Mais cela ne s’attaque pas aux problèmes fondamentaux du colonialiste canadian contre le peuple francoQuébécois et les peuples autochtones du pays.

Références :
Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada
Instructions sur la tenue
Notre sexualité ne vous regarde pas !
Pensionnats autochtones : la honte canadienne
Quatre-millions de Québécois victimes de discrimination à l’embauche
Un catalogue de vêtements non genrés pour les militaires canadiens
Un pas de plus pour l’écriture inclusive au Canada grâce aux lignes directrices du fédéral

Parus depuis :
Ottawa accusé de retarder l’immigration francophone (2023-05-18)
Immigration: le Canada répond «in English only» (2023-05-19)
GRC : de hauts gradés unilingues à des postes bilingues (2023-10-03)
Protection des enfants autochtones : des milliers de réclamations non traitées (2024-01-12)

Complément de lecture :
Banque Scotia : un questionnaire d’embauche qui indispose (2022-12-19)

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