Les textos unilingues anglais de Linen Chest

Publié le 5 décembre 2024 | Temps de lecture : 2 minutes

Je crois en l’importance d’encourager les commerces qui ont pignon sur rue.

Ceux-ci paient des taxes municipales, et des impôts à nos gouvernements supérieurs. Ils embauchent des gens d’ici. De plus, le fait pour le consommateur d’être en présence des articles offerts lui permet de s’assurer de leur qualité.

En raison de la concurrence vive du commerce électronique international, on devrait s’attendre à ce que les commerces d’ici redoublent leurs efforts pour séduire les consommateurs.

Au centre-ville de Montréal, lorsqu’on m’accueille par ‘Bonjour-Hi’, je réponds poliment ‘Bonjour’ et je sors aussitôt poursuivre mes emplettes ailleurs. Là où je me sens chez moi.

Lundi dernier, lorsque j’ai reçu deux textos unilingues anglais d’un magasin montréalais de literie et de décor intérieur, ma première réaction fut de signaler cela à l’entreprise.

Mais celle-ci s’est emmurée de manière à ce que la seule manière de communiquer avec elle est le clavardage. Sur son site web, on n’y trouve aucun numéro de téléphone, aucune adresse de courriel, ni même l’adresse civique de son siège social.

Ne pas avoir la décence de s’adresser à sa clientèle francophone dans sa langue n’est pas seulement une indélicatesse; c’est une insulte.

Toutefois, cette faute n’incombe pas nécessairement à Linen Chest; il est possible que celle-ci fasse affaire avec une compagnie de messagerie qui, dans ce cas-ci, a commis une bévue.

Il ne suffit pas pour Linen Chest de s’excuser et de promettre de ne plus recommencer. Elle doit démontrer son sérieux en cessant de faire affaire avec cette entreprise de messagerie afin que celle-ci apprenne de son erreur.

Par contre, si Linen Chest s’occupe elle-même de l’expédition de ses textos, elle doit congédier l’employé qui a terni sa réputation.

En attente de l’une ou l’autre de ces mesures, j’ai résolu de ne plus jamais magasiner chez Linen Chest.

Alors que l’anglicisation de Montréal se répand de manière inquiétante, il y a des fautes qu’on ne doit pas pardonner.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Comment assurer l’étiquetage en français ?

Publié le 14 novembre 2024 | Temps de lecture : 4 minutes

Le Journal de Montréal publiait hier une enquête effectuée dans un petit nombre de commerces situés dans la région montréalaise dans lesquels l’immense majorité des produits offerts étaient étiquetés dans diverses langues, mais pas en français.

La loi n’interdit pas l’étiquetage dans d’autres langues en plus du français. Mais le français est obligatoire.

La plupart des commerces montréalais offrent des produits généralement étiquetés correctement avec accessoirement un petit nombre de produits ‘déviants’.

Au début des années 1960, il était courant que des produits ne soient étiquetés qu’en anglais. Pour corriger cette situation, le gouvernement québécois avait adopté une loi qui bannissait l’étiquetage unilingue anglais.

En vertu de cette loi, n’importe quel consommateur pouvait porter plainte à la Cour des petites créances où il suffisait de se présenter et de soumettre l’étiquette unilingue, de même que le reçu de la caisse pour que, séance tenante, le commerçant soit condamné à payer une amende versée au plaignant.

C’est ainsi qu’un couple d’étudiants en droit avait financé leur formation universitaire en poursuivant les commerces fautifs. En quelques mois, il était devenu impossible à Montréal de trouver un seul produit étiqueté exclusivement en anglais. Ceux qui auraient pu l’être portaient dorénavant un collant qui traduisait en français la composition du produit et son mode d’emploi.

À l’époque, l’Office québécois de la langue française existait puisqu’il avait été créé en 1961.

Mais plutôt que d’embaucher des fonctionnaires pour recevoir les plaintes et des inspecteurs pour aller visiter les commerces fautifs afin d’y constater les infractions, l’État avait jugé plus efficace de remettre la défense du français entre les mains du peuple et surtout, de lui confier les moyens répressifs de faire appliquer la loi.

Ultérieurement, on a lui retiré ce pouvoir pour le confier exclusivement à l’Office.

En 2005, il a suffi au gouvernement de Jean Charest de nommer à la tête de l’Office une guenille libérale pour que l’Office cesse de jouer son rôle efficacement.

Aujourd’hui, il serait inutile d’essayer de refaire la même chose. Pourquoi ? Parce que, de nos jours, on doit attendre deux à trois ans pour qu’une cause soit entendue devant la Cour des petites créances.

Toutefois, on peut créer un mécanisme encore plus efficace en recourant au pouvoir de contravention.

Je m’explique.

Lorsqu’un policier — ou même un simple agent de la circulation qui n’a pas reçu de formation policière — constate qu’une voiture est mal garée, il ne porte pas plainte devant les tribunaux; il dresse un constat d’infraction et le glisse sous les essuie-glaces de la voiture.

Ce constat donne un délai au contrevenant pour faire parvenir l’amende à la ville à défaut de quoi il est poursuivi par les tribunaux. Ce qui coute beaucoup plus cher.

Au sujet de la langue d’étiquetage, une seule personne pour tout le Québec est capable de gérer des dizaines de plaintes reçues du public quotidiennement, soit cinq à dix-mille plaintes par année.

Pour ce faire, sa tâche doit être simple.

Sans quitter son bureau, il lui suffit de recevoir l’original de l’emballage du produit fautif, de même que le reçu de la caisse, pour être en mesure de délivrer un constat d’infraction, de sommer le contrevenant de lui faire parvenir un chèque émis au nom du plaignant, et de le poster à ce dernier par courrier recommandé.

Pour simplifier les choses, une plainte ne devrait concerner que la vente d’un seul produit même si plusieurs produits fautifs ont été achetés en même temps. Toutefois, le même produit ou un produit différent, acheté un autre jour, pourrait faire l’objet d’une autre plainte.

Pour prévenir les contestations juridiques, il suffit que l’amende soit raisonnable (disons 100 $ par plainte) pour qu’un commerçant comprenne rapidement le message et décide de retourner tous les produits fautifs à son grossiste afin qu’un collant en français soit apposé à leur emballage.

Références :
Du mandarin, du coréen, de l’anglais… et un peu de français chez T&T et Loblaw
Le doux sommeil de l’Office de la langue française

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Répartition territoriale des langues parlées à Montréal et à Laval

Publié le 21 septembre 2024 | Temps de lecture : 1 minute
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Référence : Cette carte montre la «superdiversité linguistique» unique de Montréal

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Francisation : l’insignifiance de la CAQ

Publié le 17 septembre 2024 | Temps de lecture : 9 minutes

Introduction

On apprend ce matin que la première décision du nouveau ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration est de couper l’allocation de 28$ par jour que le gouvernement de la CAQ offrait aux néoQuébécois qui assistent aux cours de francisation donnés par l’État.

Jean-François Roberge est un des plus brillants ministres de la CAQ. Et c’est un excellent communicateur; il pourrait vendre des réfrigérateurs aux Esquimaux.

Pour justifier sa décision, il affirme :

On n’a plus besoin de cette mesure incitative, nos listes d’attente débordent !

Le ministre oublie de dire que les listes débordent parce que son offre de francisation est nettement insuffisante.

Entre l’année fiscale 2018-2019 et l’année 2023-2024, le nombre de participants à ces cours a plus que doublé, passant de 30 734 à 68 844.

Malgré cette augmentation, le nouveau commissaire à la langue française estime que l’offre de francisation correspond à environ 5 à 6 % du nombre nécessaire pour que les immigrants temporaires puissent parler couramment français.

En d’autres mots, si on n’admettait plus aucun immigrant temporaire, cela prendrait seize à vingt ans pour franciser ceux qui sont déjà sur le territoire québécois.

Plus tôt cette semaine, le premier ministre a déclaré à l’Assemblée nationale que le nombre d’immigrants temporaires au Québec était passé (en gros) de 300 000 à 600 000 personnes en deux ans.

Le fiasco de la francisation

En Grande-Bretagne, un immigrant ne peut pas mettre le pied sur le sol britannique s’il n’a pas déjà la connaissance de l’anglais. De manière conséquente, un citoyen britannique ne peut pas faire venir son conjoint de l’Étranger si cette personne ne parle pas l’anglais.

La CAQ a choisi une autre approche. L’exigence préalable n’est pas demandée. Toutefois, le requérant à l’immigration doit s’engager à apprendre le français au cours des trois années qui suivent son arrivée au Québec. À défaut de quoi la CAQ exigera son expulsion du pays par le gouvernement canadien.

En d’autres mots, Québec demandera à Ottawa — où la majorité des fonctionnaires sont des Anglophones unilingues — d’expulser des gens dont le crime aura été d’être eux aussi des Anglophones unilingues.

C’est épouvantable; ils avaient dit qu’ils apprendraient le français” dira la CAQ. “Ya, big deal” répondront les fonctionnaires d’Ottawa en bâillant.

Lorsque la francisation est exigée préalablement, cela ne coute rien à l’État puisque ceux qui veulent venir au Québec se francisent à leurs frais dans leur pays d’origine… à l’exception des réfugiés, évidemment, en raison de l’urgence de leur situation.

Mais quand c’est l’État qui francise ceux qu’il a admis au pays, il faut des classes de francisation et des enseignants. Et quand cela ne suffit pas, il faut offrir une prestation financière. Tout cela est dispendieux.

Or l’expérience démontre l’échec de cette approche.

Avant même l’arrivée de la CAQ au pouvoir, on savait que :
• les deux tiers des immigrants qui ne pouvaient pas parler français à leur arrivée ne se donnaient même pas la peine d’assister aux cours gratuits qu’on leur offrait,
• le tiers des inscrits abandonnaient leur formation avant la fin, et
• dans 90 % des cas, ceux qui tenaient bon jusqu’à la fin étaient toujours incapables de fonctionner en français.

Bref, c’est un fiasco.

Lorsqu’une situation est désespérée et qu’on croit que ça ne peut pas être pire, il arrive souvent qu’on réalise que le pire est possible. En fait, ça peut toujours être pire; ça dépend de ce qu’on fait.

Le 10 aout dernier, on apprenait que la CAQ obligeait un certain nombre d’écoles à réduire ou à limiter le nombre de classes de francisation et ce, malgré l’explosion de la demande.

Et maintenant, le ministre Roberge coupe les allocations destinées à motiver les néoQuébécois à apprendre le français.

Est-il nécessaire d’avoir une boule de cristal pour prévoir la suite des choses ?

Les “prometteux” de la CAQ

En mai 2023, la CAQ annonçait son intention d’exiger la connaissance du français comme condition préalable à l’immigration.

Pour la première fois depuis que la CAQ est au pouvoir, je me réjouissais d’entendre cela.

Mais un détail m’avait échappé; la CAQ n’annonçait pas la mise en application d’une mesure, mais la simple intention de l’adopter.

Depuis, on attend.

Le 27 aout 2024, soit quinze mois plus tard, le quotidien Le Devoir révélait qu’il faudra attendre encore pour savoir concrètement comment la CAQ compte imposer préalablement la connaissance adéquate du français à ceux qui veulent immigrer au Québec.

La règlementation habilitante sera ‘pré-publiée’ cet automne en vue d’une entrée en vigueur souhaitée en 2025… si, évidemment, la CAQ n’y renonce pas d’ici là.

Bref, la politique linguistique de la CAQ est comme les éoliennes; elle change en fonction du vent.

La défense homéopathique du français par la CAQ

Le comble de l’insignifiance est cette campagne publicitaire — une grande mobilisation citoyenne, dit le ministre Roberge — invitant les citoyens à exiger d’être servis en français et d’exiger de travailler dans notre langue.

La langue de travail

La Loi 101 interdit à un employeur d’exiger de ses employés la connaissance de l’anglais à moins que cela soit strictement nécessaire.

En somme, pour franciser les milieux de travail, la Loi 101 exige l’unilinguisme français par défaut.

À tort ou à raison, 63 % des entreprises montréalaises exigent de leurs employés la connaissance de l’anglais. Et dans certains cas (notamment les entreprises fédérales), on embauche fréquemment des anglophones unilingues. Ce qui a pour effet de faire de l’anglais la langue de travail plutôt que le français.

Lorsque le ministre Roberge demande aux travailleurs francophones d’exiger de travailler dans leur langue, que veut-il dire exactement ?

Veut-il dire que, lors d’une entrevue d’embauche, celui qui aspire à un poste fasse savoir à l’employeur qu’il refusera de parler autre chose que le français ? Ou qu’il acceptera de parler anglais uniquement selon son bon vouloir ?

Veut-il dire que ceux qui ont déjà un emploi devraient dorénavant refuser de parler autre chose que la langue de Molière ?

Concrètement, je n’arrive pas à comprendre ce que veut dire ‘exiger de parler le français’ pour celui qui n’a généralement aucun recours s’il est congédié sauf de porter plainte au Tribunal du travail et d’attendre deux ou trois ans avant que sa cause soit entendue.

La langue de service

Notre ministre ponce-pilate veut remettre la défense du français entre les mains du citoyen. Bien.

Si le ministre veut que les citoyens aient la responsabilité de faire respecter la Loi 101, qu’il leur en donne les moyens, notamment l’accès direct aux tribunaux.

En d’autres mots, sans passer par la plainte à l’Office québécois de la langue française. Une plante qui, dans l’immense majorité des cas, ne donne rien.

Lorsque l’État transfert ses responsabilité sans transférer ses moyens répressifs, cela veut dire : arrangez-vous avec vos troubles.

Au contraire, il lui suffit de faire adopter une loi qui exempte, par exemple, le client de payer la note d’un restaurant s’il a été servi en anglais et c’est certain que les choses bougeront rapidement.

Pour défendre le français au Québec, les vœux pieux ne suffisent pas. Il faut que la personne responsable de cette défense (le ministre ou le peuple) dispose d’un pouvoir de coercition parce que cela ne se fera pas tout seul.

Conclusion

En théorie, le gouvernement québécois ne devrait rien dépenser du tout pour la francisation des néoQuébecois; à l’exception des réfugiés, aucun immigrant ne devrait mettre les pieds au Québec, sans connaitre préalablement le français.

Le message devrait être :

Bienvenue chez nous. Nous sommes heureux de vous accueillir alors que nous manquons de bras et de talents.

Toutefois, vous devez absolument prendre racine chez nous en français puisque nous refusons de devenir des étrangers dans notre propre pays.

En se dotant d’une politique linguistique couteuse et inefficace, la CAQ la soumet aux vicissitudes de la situation budgétaire de l’État québécois.

Les quinze ans de laisser-faire libéral auront donc été suivis par six ans d’hésitation caquiste.

Indépendamment de la question qui leur sera posée, la véritable question à laquelle les Québécois auront à répondre au prochain référendum sera, implicitement : «Préférez-vous affronter les tumultes d’une accession à l’indépendance ou renoncer à l’héritage de vos ancêtres et vous réfugier dans le confort d’une lente ‘louisianisation’ menant à l’extinction du peuple francoQuébécois ?»

Bref, c’est l’indépendance ou la mort.

Références :
Avec sa publicité sur la défense du français, le gouvernement Legault nous dit: «Débrouillez-vous», selon le Mouvement Québec français
Immigrants’ spouses ‘must speak English before entering UK’
La convergence culturelle : communion et symbiose
L’été est la saison des ‘p’titres vites’ : la CAQ manque d’argent pour franciser
L’immigration au Québec : enfin de bonnes décisions !
Manquer à ses promesses en francisation
Québec lance une nouvelle campagne publicitaire pour faire la promotion du français

Paru depuis : L’offre en francisation se réduit à Montréal, Granby et Sherbrooke (2024-10-17)


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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’été est la saison des ‘p’titres vites’ : la CAQ manque d’argent pour franciser

Publié le 28 août 2024 | Temps de lecture : 5 minutes

Le volet migratoire de toute politique linguistique au Québec doit viser à maintenir l’équilibre linguistique, soit 80 % de locuteurs francophones.

Immédiatement avant la pandémie au Covid-19, seulement 55 à 60 % des néoQuébécois parlaient notre langue à leur arrivée.

La moitié des autres parlait anglais tandis que le reste possédait une connaissance insuffisante à la fois du français et de l’anglais.

À défaut de posséder tous les pouvoirs en matière d’immigration — ce que le Québec aurait en faisant son indépendance — les cours de francisation destinés aux néoQuébécois et aux immigrants temporaires représentent un des rares moyens dont dispose le Québec pour éviter l’extinction du peuple francoQuébécois.

Depuis toujours, les cours de francisation sont facultatifs et ne comportent pas de récompense en cas de réussite.

L’année qui a précédé la défaite libérale de 2018, la vérificatrice générale concluait que la francisation des immigrants était un échec.

Remis en 2017, son rapport révélait que les deux tiers des immigrants qui ne pouvaient pas parler français à leur arrivée ne se donnaient même pas la peine d’assister aux cours gratuits qu’on leur offrait. Que le tiers des inscrits abandonnaient leur formation avant la fin. Et que dans 90 % des cas, ceux qui tenaient bon jusqu’à la fin étaient toujours incapables de fonctionner en français.

Depuis 2018, la Coalition Avenir Québec (CAQ) est au pouvoir. De 2019 à 2024, les sommes allouées par la CAQ à la francisation des immigrants ont augmenté de 50 %, passant de 69 à 104 millions de dollars.

Entre l’année fiscale 2018-2019 et l’année 2023-2024, le nombre de participants a plus que doublé, passant de 30 734 à 68 844.

Malgré cela, ces sommes demeurent très insuffisantes selon le nouveau commissaire à la langue française en raison du déluge migratoire voulu par Ottawa afin de faire passer la population canadienne de 36 à 100 millions de personnes d’ici 2100.

Dans le rapport qu’il a remis plus tôt cette année, celui-ci estime que le nombre d’heures réalisées en francisation correspond à environ 5 a 6 % du nombre nécessaire pour que tous les immigrants temporaires puissent parler couramment français.

En d’autres mots, si on n’admettait plus aucun immigrant temporaire, cela prendrait seize à vingt ans pour franciser ceux qui sont actuellement sur le territoire québécois… en supposant qu’ils demeurent temporairement chez nous tout ce temps.

Ceci étant dit, où est la ‘p’tite vite’ du titre ?

C’est qu’on apprenait le 10 aout dernier (donc, en plein été) qu’en raison d’une ‘impasse budgétaire’, la CAQ force un certain nombre d’écoles à réduire ou à limiter le nombre de classes de francisation et ce, malgré l’explosion de la demande.

En d’autres mots, après avoir gaspillé en 2019 un milliard de dollars afin que l’industrie du taxi devienne compatible avec le modèle d’affaires d’Uber, après avoir abaissé l’an dernier les taux d’imposition de manière à priver l’État de recettes fiscales représentant deux-milliards de dollars par année, après avoir gaspillé l’électricité du Québec en la vendant au coutant à des mineurs de cryptomonnaies et des centres de données, voilà que la CAQ manque d’argent pour franciser nos immigrants.

Jean de la Fontaine écrivait : « La Cigale, ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue…»

Parions que bientôt la CAQ ira crier famine chez la fourmi fédérale, sa voisine, la priant de lui prêter quelques grains pour subsister…

Comme tout cela est pathétique…

Références :
Anglicisation du Québec : l’omelette de la loi 96
Controversy over Chinese miners in B.C. prompts review
Couillard regrette d’avoir dit le fond de sa pensée: les ouvriers doivent tous parler anglais!
Défense du français : les tergiversations de la CAQ
Face à un achalandage record, les délais chez Francisation Québec explosent
Francisation des immigrants – Québec loin de ses objectifs
Hausse « phénoménale » des demandes, mais peu d’impacts sur le français
Immigration temporaire :choisir le français
Immigration temporaire: jusqu’à 13 milliards $ pour la francisation
La baisse d’impôt promise par la CAQ ne fait pas l’unanimité
La Cigale et la Fourmi
La francisation des immigrants au Québec est un échec, selon la vérificatrice générale
Le miracle impossible de la francisation
L’ubérisation du taxi québécois : le premier grand gaspillage de la CAQ
Moins de classes de francisation malgré une forte demande

Paru depuis : L’offre en francisation se réduit à Montréal, Granby et Sherbrooke (2024-10-17)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Postes Canada : langue de service vs langue de travail

Publié le 22 août 2024 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Lundi dernier, on apprenait l’intention de Postes Canada d’offrir davantage de services en anglais au Québec.

Cela est normal; la région montréalaise s’anglicise et conséquemment, la clientèle anglophone augmente. Postes Canada, comme toutes les entreprises qui offrent leurs services directement à la population, doit faire face à cette demande accrue.

La langue de service

La Loi 101 a pour but d’assurer qu’on puisse vivre en français au Québec, ce qui implique le droit d’un francophone d’être servi dans sa langue. Cette loi n’a jamais eu pour but d’empêcher un angloQuébécois d’être servi dans la sienne.

Parmi les locuteurs anglophones, l’État québécois peut distinguer entre les angloQuébécois ‘de souche’ et les autres.

Mais on ne doit pas s’attendre à ce qu’il soit nécessaire d’apporter son certificat de naissance pour pouvoir acheter un timbre en anglais au Québec.

Il en est autrement de la langue de travail.

La langue de travail


 
Plus de quatre-millions de Québécois sont unilingues français. Évidemment, ceux-ci peuvent baragouiner quelques mots d’anglais, mais ne peuvent pas postuler pour un poste où le bilinguisme est exigé.

Donc, toute exigence de la connaissance de l’anglais lorsque cela n’est pas nécessaire correspond à une discrimination à l’embauche exercée contre la moitié de la population québécoise.

Prenons un cas concret. Il est normal que les employés à la réception d’un hôtel montréalais soient tous bilingues. Et il est normal d’avoir une personne bilingue à la comptabilité au cas où un touriste voudrait des détails sur sa facture.

Mais il n’est pas normal d’exiger le bilinguisme à tout le personnel de son département de comptabilité au cas où il recevrait un appel en anglais : si cela arrive, on passera plutôt l’appel à la personne bilingue.

L’exigence abusive de l’anglais, c’est ce que font généralement les sociétés fédérales lors de l’embauche de leur personnel. Et c’est le cas à Postes Canada, que ce soit à l’embauche de personnes pour livrer le courrier que pour travailler à ses centres de tri.

Lorsqu’on apprend que Postes Canada viole la Loi 101 à l’embauche, il ne lui suffit pas de s’excuser; elle doit congédier la personne embauchée par erreur et la remplacer, selon le cas, par un francoQuébécois unilingue ou par un Québécois (francophone ou anglophone) bilingue.

Ce congédiement est un service qu’on rend à l’employé unilingue anglais puisque c’est la meilleurs manière de le motiver à apprendre la langue commune du Québec.

Règle générale, il faut parler la langue de Shakespeare pour s’épanouir dans les provinces anglaises du pays. De manière similaire, il n’y a pas de place pour l’unilinguisme anglais sur le marché du travail au Québec.

À preuve, la Loi 101 oblige même l’employeur anglophone à s’adresser en français à son personnel francophone. Donc, même un patron doit savoir parler français : à plus forte raison un employé.

Conclusion

La controverse au sujet de l’augmentation de l’offre de services en anglais par Postes Canada est une tempête dans un verre d’eau. Le problème est ailleurs.

Par contre, il est regrettable que nos taxes à Ottawa (qui épongent les déficits colossaux de Postes Canada) servent à angliciser le Québec, notamment par la discrimination à l’embauche exercée par les entreprises fédérales contre la moitié de la population québécoise.

C’est entre autres par ce moyen que s’exerce la colonisation anglaise du Québec.

Références :
Anglicisation de Montréal depuis quinze ans
Année 2023 – Postes Canada enregistre une perte de 748 millions avant impôt
Emplois «in English» à Postes Canada: «Une nouvelle preuve du mépris du gouvernement fédéral»
«C’est bourré d’unilingues»: pas besoin de parler français pour être facteur au Québec en 2024
Postes Canada offrira davantage de services en anglais au Québec

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La mauvaise foi du juge Galiatsatos

Publié le 28 mai 2024 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

Le 15 aout 2018, soit huit jours avant de déclencher des élections générales, le gouvernement libéral de Philippe Couillard faisait accéder cinq avocats à la magistrature. L’un d’eux est Dionisios (ou Dennis) Galiatsatos.

Depuis, l’honorable Galiatsatos a acquis une renommée internationale pour avoir, dans un de ses jugements, écrit qu’adresser un doigt d’honneur était un droit constitutionnel au Canada.

De quoi s’agissait-il ?

Un jugement hors sujet

Dans cette affaire, après avoir entendu le témoignage irréfutable de l’accusé, l’avocate de la poursuite, réalisant que sa cause était perdue, invitait elle-même le juge Galiatsatos à innocenter l’accusé.

Le magistrat aurait pu rejeter la plainte séance tenante. Mais il a plutôt décidé de prendre le tout en délibéré et de s’allouer deux semaines pour écrire un jugement dans lequel il déclare, effectivement, qu’adresser un doigt d’honneur est un droit constitutionnel.

Malheureusement, cette décision est hors sujet puisque ce qu’on reprochait à l’accusé, ce n’était pas d’avoir adressé un doigt d’honneur à ses voisins, mais de les avoir menacés de mort.

Voilà pourquoi il s’agissait d’une cause criminelle.

Alors pourquoi écrire 26 pages inutilement ?

Meubler son temps

À l’époque, le juge Galiatsatos — comme tous les juges de la Cour du Québec — avaient beaucoup de temps libre.

Un an avant le jugement en question, Me Lucie Rondeau, juge en chef de la Cour du Québec, ordonnait une grève du zèle des juges sous son autorité.

Pour forcer le ministre de la Justice du Québec à nommer plus de juges bilingues, Me Rondeau était prête à provoquer artificiellement une thrombose judiciaire pour parvenir à ses fins.

Zélé, le juge Galiatsatos avait décidé de se trainer les pieds.

Une ‘injustice’ tirée par les cheveux

Depuis l’adoption de la loi 96 — qui renforce timidement la Loi 101 — un grand nombre de juges ultra-fédéralistes trépignent à l’idée d’invalider une ou plusieurs de ses dispositions. Comme on l’a déjà fait pour des pans entiers de la Loi 101, devenue l’ombre d’elle-même.

Parmi ces juges ultra-fédéralistes, on compte l’honorable Galiatsatos.

Le premier paragraphe de l’article 10 de la loi 96 se lit comme suit :

Une version française doit être jointe immédiatement et sans délai à tout jugement rendu par écrit en anglais par un tribunal judiciaire lorsqu’il met fin à une instance ou présente un intérêt pour le public.

En d’autres mots, lorsqu’un jugement est rendu en anglais au Québec, il doit être accompagné de sa traduction française. De plus, leur publication conjointe doit se faire promptement.

Concrètement, il ajoute une nouvelle tâche aux magistrats; celle de s’assurer de la traduction française d’une décision en anglais afin de publier les deux conjointement.

Traduire officiellement une décision juridique prend habituellement quelques jours.

Dans un jugement de 34 pages rendu en anglais plus tôt ce mois-ci, le juge Galiatsatos a estimé que ce retard prolongera l’anxiété des Anglophones en attente d’un jugement puisqu’ils devront attendre la traduction française avant de connaitre la décision du tribunal rédigée en anglais.

Selon la traduction de Radio-Canada, le juge écrit :

Ultimement, dans un monde réel, les accusés anglophones seront moins bien traités que les accusés francophones puisqu’ils devront attendre plus longtemps avant de connaitre leur sort.

Dans cette cause, une automobiliste anglophone était accusée d’avoir entrainé la mort d’une cycliste francophone.

Puisque le décompte pour porter un jugement en appel commence à partir de la date du jugement (le 24 mai, dans ce cas-ci), et non de la date de sa traduction (qu’on attend toujours), pourquoi la famille francophone de la cycliste décédée devrait-elle avoir moins de temps que l’accusée anglophone pour analyser le jugement et pour décider ou non de porter la cause en appel ?

À partir du 1er juin prochain, l’article 10 de la loi 96 entrera en vigueur. Dans une cause semblable à celle-ci, cet article ne corrigera-t-il pas l’injustice dont nous venons de parler puisqu’alors, les deux parties prendront connaissance du jugement en même temps ?

Quant à savoir pourquoi cette exigence ne s’applique pas aux jugements en français, c’est que si tous les jugements étaient systématiquement accompagnés de leur traduction, le Québec serait une province bilingue. Ce qui n’est pas le cas.

Pour terminer, le juge estime que c’est Ottawa qui a autorité sur le Code criminel et conséquemment, que le Québec a outrepassé ses pouvoirs en exigeant la traduction française systématique des jugements en anglais rendus dans des causes criminelles.

En réalité, c’est Ottawa qui détermine ce qui constitue un crime en vertu du Code criminel. Mais ce sont les provinces qui administrent l’appareil judiciaire et régissent son fonctionnement.

Conclusion

L’an dernier, le juge Galiatsatos se trainait les pieds dans le but de contribuer au combat corporatiste mené par la juge Rondeau. Le voilà maintenant soucieux de rendre jugement le plus rapidement possible.

S’il est vrai qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, il arrive parfois que ce soit prématuré.

Puisque l’article 10 entrera en vigueur dans quelques jours, la charge du juge Galiatsatos contre cet article de loi est tout simplement prématurée et hors sujet.

Évidemment, le juge Galiatsatos aurait pu se trainer les pieds au-delà de cette date pour rendre son jugement. Et là, évidemment, il aurait pu accuser la loi 96 de retarder la justice.

Mais il n’a pas pu résister à l’envie de faire parler de lui.

Si bien que sa décision à ce sujet est aussi futile que sa décision de reconnaitre le doigt d’honneur comme un droit fondamental au Canada.

Dans ce cas-ci, cela oblige le procureur général à porter ce jugement en appel. Ce qui pénalise l’accusée anglophone qui devra assumer de nouveaux honoraires afin que son avocat plaide pour elle devant la Cour d’appel du Québec. En plus d’avoir à attendre pour connaitre la décision définitive des tribunaux.

Le regard tourné vers son nombril, le juge Galiatsatos ne se rend pas compte qu’il nuit à la cause qu’il croit défendre.

En faisant prématurément flèche de tout bois, la mauvaise foi de ce juge contribue au préjugé selon lequel une partie des magistrats au Québec sont de petits soldats du colonialisme canadian et à ce titre, ne ratent jamais l’occasion d’essayer de saboter les efforts légitimes que nous entreprenons pour assurer la pérennité du français au Québec.

Références :
Anglicisation du Québec : l’omelette de la loi 96
Bilinguisme des magistrats : la capitulation du ministre Simon Jolin-Barrette
Les familles Caïn et Abel
Juge et partie
Présenter un doigt d’honneur constitue un droit fondamental, estime un juge québécois
Prosecutor who convicted Richard Henry Bain nominated as judge
Texte final de la loi 96
Un juge du Québec décrète que la loi 96 est incompatible avec le Code criminel

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les collabos du colonialisme canadian (2e partie) : l’ensemble des députés libéraux à Ottawa

Publié le 15 mai 2024 | Temps de lecture : 11 minutes

L’adoption de la constitution de 1982

À la suite d’une séance ultime de négociation tenue secrètement en l’absence du Québec, les provinces anglophones du Canada et le gouvernement canadien ont adopté une nouvelle constitution, entrée en vigueur en 1982.

On verrait mal la Grande-Bretagne se doter d’une constitution sans l’assentiment de l’Écosse, du pays de Galles ou de l’Ulster. Mais la députation québécoise à Ottawa — composée à l’époque de 74 députés libéraux et d’un seul député conservateur — n’ont pas vu de problème à changer la loi fondamentale du pays sans l’assentiment du Québec.

Rien n’est plus révélateur du statut colonial du Québec au sein du Canada que l’adoption de cette constitution par l’ethnie dominante du pays. Tout comme n’importe quelle métropole n’hésite pas à imposer sa volonté à ses colonies.

Mais pourquoi Ottawa a-t-il soudainement senti la nécessité d’adopter une nouvelle constitution alors que, jusque-là, celle de 1867 semblait convenir ?

C’est qu’en 1977, le parlement québécois adoptait la Loi 101. Or celle-ci introduisait une nouvelle notion juridique, celle des droits collectifs, plus précisément ceux nécessaires à la protection du français au Québec.

D’où l’urgence, pour Ottawa, d’adopter une constitution qui, au contraire, proclamerait la suprématie absolue des droits individuels, dont celui de s’assimiler au groupe ethnique de son choix.

Pour défendre la légitimité de cette camisole de force constitutionnelle, Ottawa s’est servi des députés fédéraux du Québec comme caution morale.

Puisque 74 députés du Parti libéral du Canada (PLC) couvraient la presque totalité du territoire québécois, Ottawa estimait que ceux-ci étaient aussi représentatifs de la volonté populaire que les députés de l’Assemblée nationale du Québec puisque la population québécoise avait à la fois voté pour les uns et les autres.

En réalité, le parlementarisme d’inspiration britannique soumet les députés à la discipline du parti. Cette discipline s’exerce en privant le député dissident de la rémunération rattachée à la représentation de son parti sur les comités du parlement.

Or à Ottawa, les députés libéraux du Québec sont toujours minoritaires au sein de leur formation politique. Quand vient le temps de défendre les intérêts du Québec, ils le peuvent seulement dans la mesure où leurs collègues anglophones, majoritaires, y consentent.

Ce qui signifie que lorsque le Parti libéral du Canada est au pouvoir, ses députés québécois sont condamnés à défendre ses politiques, même si cela les oblige à trahir les intérêts du Québec.

Ce fut le cas en 1982.

La nouvelle loi sur les langues officielles

De 2006 à 2016, l’usage du français a reculé parmi les 185 500 travailleurs québécois qui œuvrent dans les 3 210 entreprises privées de compétence fédérale établies au Québec.

Au cours de cette période, alors que l’usage du français reculait légèrement dans l’ensemble du marché du travail au Québec (passant de 82,9 % à 80,7 %), ce recul a été beaucoup plus accentué au sein des entreprises de compétence fédérale, chutant de 77,9 % à 71,9 % en une décennie.

Ce recul a été particulièrement marqué dans les secteurs des télécommunications, de la défense, et du transport ferroviaire.

Pour contrer ce déclin, l’Assemblée nationale du Québec a adopté en mars 2021 la loi 96. Parmi ses dispositions, l’une d’elles assujettit les entreprises privées de compétence fédérale à la Loi 101.

Aussitôt, Ottawa a été saisi de l’urgence de moderniser sa propre loi sur les langues officielles. Cette modernisation a pris la forme de la loi C-13, adoptée par le parlement canadien en juin 2023.

Au sujet de la langue de travail, la loi fédérale laisse aux entreprises privées de compétence fédérale le choix de se soumettre soit à la loi C-13 fédérale ou soit à la loi 96 québécoise.

Au niveau des principes régissant la langue de travail, l’une et l’autre sont assez semblables.

La différence fondamentale est dans l’application concrète de la loi.

Au sujet des entreprises privées soumises à son autorité, le fédéral fonctionne sur le principe de l’auto-règlementation; Ottawa exige seulement que les entreprises se dotent de procédures vertueuses et compte sur elles pour les mettrent en application.

C’est ce qui fait que le transporteur ferroviaire MMA, par exemple, a pu opérer de manière très dangereuse pendant des années sans être inquiété par le fédéral, jusqu’à la catastrophe de Lac-Mégantic, conséquence inévitable du laisser-faire d’Ottawa.

Pour revenir au respect du français par une entreprise de compétence fédérale, lorsque celle-ci sera l’objet d’une plainte — du public au sujet de la langue de service ou d’un employé quant à la langue de travail — cette plainte subira un sort bien différent selon que cette plainte sera adressée à Ottawa ou à Québec.

Au sein de la fonction publique québécoise, tous les fonctionnaires parlent français, qu’ils soient francoQuébécois ou angloQuébécois. Dans la fonction publique fédérale, il en est autrement.

La fonction publique fédérale

Avec ses 357 000 fonctionnaires, le gouvernement canadien est, de loin, le principal employeur du pays.

Les fonctionnaires fédéraux se répartissent en deux groupes; ceux qui travaillent dans la capitale nationale (42,6 %) et ceux qui travaillent dans les postes satellites répartis un peu partout sur le territoire canadien.

Dans les postes satellites (ou régionaux)

Ceux qui travaillent dans les postes satellites sont ceux à qui le public s’adresse, par exemple, lorsqu’il appelle ou écrit au ministère fédéral du Revenu ou au ministère de l’Immigration.

Dans d’autres cas, ces fonctionnaires n’ont pas de contact avec le public.

Les postes satellites du Québec sont bilingues au sens où toute personne qui recourt à leurs services sera servie dans la langue officielle de son choix.

Dans les bureaux québécois, les employés se répartissent en trois groupes ethniques; on y rencontre des Francophones bilingues, des Anglophones bilingues et des Anglophones unilingues.

On n’y embauche jamais de Francophones unilingues (soit la moitié de la population du Québec) puisque les fonctionnaires qui y travaillent prennent rarement des décisions importantes; leur rôle est d’étoffer en anglais les dossiers qui seront transmis à Ottawa pour décision.

Dans une cause où un fonctionnaire francophone s’était plaint de n’avoir jamais pu travailler en français, le tribunal a reconnu que la prime au bilinguisme que le fédéral accorde à ses fonctionnaires francophones bilingues correspond en réalité à une somme qui leur est allouée pour la renonciation à leur droit de travailler en français.

Dans la capitale nationale

À Ottawa, les principaux groupes ethniques sont, en ordre décroissant : les Anglophones unilingues, des Francophones bilingues et des Anglophones bilingues.

Les Anglophones unilingues y sont majoritaires pour une raison très simple; le fédéral puise ses effectifs dans la population du pays, majoritairement unilingue anglaise. Autrement, il exercerait une discrimination à l’embauche à l’égard de sa propre population.

Parmi les groupes minoritaires, les Francophones bilingues sont plus nombreux que les Anglophones bilingues parce que c’est également le cas au sein de la population canadienne.

À chaque fonctionnaire francophone qui s’est présenté à la barre des témoins de la commission Rouleau — au sujet du ‘Convoi de la Liberté’ — les commissaires prenaient soin de préciser, dès le départ, que celui-ci était libre de s’exprimer dans sa langue. Pourtant tous ces fonctionnaires francophones ont témoigné en anglais.

Ils ont préféré l’anglais parce que c’est la langue qu’ils parlent habituellement au travail et conséquemment, c’est la langue dans laquelle ils sont le plus familiers pour parler de ce qu’ils font.

De manière générale, il est impossible de faire fonctionner une entreprise lorsqu’on met ensemble des travailleurs qui ne se comprennent pas. D’où la nécessité d’avoir une langue commune. Cette langue est l’anglais à Ottawa et c’est le français à Québec.

Au parlement canadien, on a beau mettre en évidence un conseil des ministres qui reflète la diversité culturelle du pays, dans les faits ceux-ci ne sont que l’interface ministérielle derrière laquelle se cache une machine étatique majoritairement unilingue anglaise et qui fonctionne essentiellement en anglais.

Les plaines relatives aux infractions à la nouvelle loi fédérale sur les langues officielles seront reçues par des fonctionnaires fédéraux, majoritairement unilingues anglais. Pouvez-vous imaginer leur zèle à sanctionner la ‘méchante’ compagnie qui fait travailler ses employés en anglais. What’s the problem ?

Conclusion

Dès que le gouvernement du Québec se dote de moyens législatifs destinés à assurer la pérennité du français au Québec, Ottawa s’empresse de changer la constitution ou d’adopter des lois afin de rendre les lois québécoises inopérantes.

Dans son désir de saboter les efforts du Québec, le gouvernement canadien — toujours dirigé dans ces moments-là par le Parti libéral — peut compter sur sa députation servile du Québec, liée par la ‘discipline du parti’.

En 2016, quand la députée libérale Mélanie Joly, à titre de ministre du Patrimoine canadien, déclare que le premier ministre John-A. Macdonald était un visionnaire qui ‘valorisait la diversité’ alors qu’il a mis en place les politiques génocidaires du Canada à l’égard des Autochtones, il est clair qu’elle ne pensait pas un traitre mot de ce qu’elle disait.

Mais c’est ce que ses fonctionnaires ont écrit pour elle. Alors, au risque de se couvrir de ridicule, elle a obéi. Parce qu’elle est payée pour ça.

La députée libérale Emmanuella Lambropoulos niait récemment le déclin du français au Québec. Quelques jours plus tard, elle en rajoutait en racontant cette histoire invraisemblable du refus d’un médecin de prodiguer des soins en anglais à une angloQuébécoise.

Au fédéral, quand des députés nient le déclin du français au Québec, comment se fait-il que les ‘négationnistes’ soient toujours des libéraux et jamais des députés d’autres formations politiques ?

C’est que les députés québécois du Parti libéral du Canada n’hésitent jamais à servir de façade aux attaques de l’État canadian contre les mesures que nous prenons pour défendre notre langue.

Ils sont les équivalents québécois des hommes de paille du maréchal Pétain au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

« Nous serons toujours là pour défendre les droits des minorités » aime à répéter le premier ministre canadien. Depuis toujours, son parti feint d’ignorer que la plus importante minorité du pays, c’est le peuple francoQuébécois et non l’annexe québécoise de la majorité anglo-canadienne, sujette de tous les soins d’Ottawa…

Références :
Aperçu du fonctionnement interne de l’État canadien
Déclaration de la ministre Joly
109 000 fonctionnaires de plus sous Trudeau
Des entreprises à charte fédérale esquiveront la loi 96
Des libéraux fédéraux montent aux barricades pour les anglophones du Québec
Emmanuella Lambropoulos revient à la charge avec des propos controversés
GRC : de hauts gradés unilingues à des postes bilingues
Immigration Canada recrute des agents uniquement anglophones au Québec
La Commission Rouleau : là où le français relève de l’utopie
La façade ministérielle de l’État canadien
La faillite de la dérèglementation ferroviaire du gouvernement fédéral
Les fonctionnaires fédéraux mal à l’aise d’utiliser le français au bureau
Loi constitutionnelle de 1982
L’OQLF déjà prêt à imposer la loi 101 dans les entreprises de compétence fédérale
L’unilinguisme anglais à Immigration Canada
Le bilinguisme, « l’affaire des francophones » dans la fonction publique fédérale

Paru depuis : Rendre le Québec officiellement bilingue, une idée qui ne passe pas au BQ et au PCC (2024-05-31)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les collabos du colonialisme canadian (1re partie) : Francis Drouin, député fédéral libéral

Publié le 12 mai 2024 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

Le 6 mai dernier, le chercheur Frédéric Lacroix et le professeur Nicolas Bourdon se présentaient devant le Comité permanent sur les langues officielles d’Ottawa afin de soutenir la thèse — basée sur les données de Statistique Canada — selon laquelle faire ses études dans un Cégep ou une université anglophone augmentait statistiquement la probabilité de mener par la suite sa vie en anglais.

Prenant la parole, le député libéral Francis Drouin les a qualifiés d’extrémistes et de ‘pleins de marde’.

Les faits

L’assimilation linguistique s’opère principalement par le biais du marché du travail et de l’école.

Au sujet de l’école, si la Loi 101 oblige les francoQuébécois et les néoQuébécois à fréquenter l’école publique française au primaire et au secondaire, cette loi est muette au post-secondaire, c’est-à-dire au niveau des Cégeps et des universités.

Malheureusement, après avoir été scolarisés en français au primaire et au secondaire, une proportion croissante de jeunes francoQuébécois font leurs études post-secondaires en anglais.

Chez les adolescents de langue maternelle française qui ont entrepris un parcours scolaire destiné à les mener à l’université — en somme, ceux qui ne sont pas inscrits à un DEC technique — 80 % de ceux qui font leurs études collégiales en anglais s’inscrivent à une université anglaise alors que ce pourcentage est de 13 % chez ceux qui ont fait leurs études collégiales en français.

En somme, le Cégep anglais constitue un choix de vie définitif; la plupart des adolescents inscrits à un Cégep anglais espèrent travailler en anglais à la suite de la remise de leurs diplômes.

Cela s’explique facilement. Les détenteurs d’une formation collégiale ou universitaire seront plus à l’aise, pour le reste de leur vie, de s’exprimer en anglais dans leur domaine de compétence puisque les termes techniques, les concepts et les notions apprises l’auront été dans cette langue.

Dans son premier rapport annuel, le nouveau commissaire à la langue française note que l’utilisation de l’anglais par les francoQuébécois et les néoQuébécois est liée au fait d’avoir étudié dans un Cégep ou dans une université anglaise.

Le mécanisme de l’assimilation

En 2009, plus de 3 200 étudiants provenant principalement de sept Cégeps de l’ile de Montréal ont répondu à un questionnaire comptant plus de quarante questions et portant leurs comportements linguistiques.

Pour ce qui est de leurs préférences cinématographiques, les collégiens anglophones ne sont pas intéressés par les films en français (d’ici ou d’ailleurs), peu importe la langue de leurs études.

Toutefois, autant chez les collégiens francophones qu’allophones, l’intérêt pour le cinéma en français chutait de manière importante chez ceux qui fréquentent les Cégeps anglais.

Ce phénomène se retrouvait également (mais avec une chute d’intérêt moindre) quant aux émissions de télévision.

On peut présumer que ce qui était vrai pour la télévision en 2009 est probablement vrai de nos jours pour les sites internet.

Les auteurs de cette étude concluaient que la fréquentation d’un Cégep anglais est fortement corrélée avec l’utilisation prédominante de l’anglais dans l’ensemble des situations quotidiennes.

Une fois diplômés, une bonne partie de ceux qui fréquentaient les Cégeps ou les universités anglaises sont devenus indifférents à être servis dans une autre langue que le français.

En d’autres mots, ils se désolidarisent des francoQuébécois unilingues qui sont victimes de discrimination à l’embauche, ceux-ci étant vus comme des pleurnichards qui n’ont qu’à apprendre l’anglais.

Les quelques années qui sont nécessaires pour effectuer des études post-secondaires en anglais ne sont pas suffisantes pour transformer un étudiant francoQuébécois en angloQuébécois.

Mais cette formation anglaise est associée à une propension plus grande à écouter par la suite des films en anglais, à assister à des spectacles en anglais, à lire des livres en anglais, à consulter des quotidiens anglais, et à écouter les actualités en anglais.

Une fois diplômé, le cercle d’amis d’un Francophone qui a fait ses études en anglais est habituellement composé de collègues avec lesquels il a étudié, soit des personnes bilingues et des angloQuébécois unilingues, c’est-à dire un groupe au sein duquel l’anglais est la seule langue commune.

À s’exposer à l’idéologie qui prévaut chez les angloCanadiens, on en vient peu à peu à penser comme un angloQuébécois, au fur et à mesure que son vocabulaire en français — de moins en moins utilisé — se rétrécit au point qu’on devient plus à l’aise de s’exprimer dans la langue de Shakespeare.

N’est-ce pas ce qu’on appelle l’assimilation ?

Conclusion

Le ‘distingué’ député Drouin souffre d’aveuglement volontaire en refusant de croire les faits, c’est-à-dire que les Cégeps et universités anglophones de Montréal — ces dernières grassement financées par Ottawa — sont au cœur de la machine assimilatrice à l’anglais.

Au Québec, Ottawa verse 2 663$ par étudiant anglophone à plein temps et 1 430$ pour un étudiant francophone à plein temps.

Le résultat, c’est que les Cégeps et universités anglaises ont 56 % plus d’argent pour former chacun de leurs étudiants. Cela entraine des classes plus spacieuses, des laboratoires mieux équipés, et plus de moyens pour favoriser la réussite des travaux de recherche.

Pas étonnant qu’un nombre croissant d’adolescents francoQuébécois choisissent un parcours scolaire qui conduira à leur assimilation linguistique.

Tant que le peuple francoQuébécois paiera des taxes et des impôts à Ottawa — autrement dit tant que Québec ne deviendra pas un pays indépendant — notre argent servira à favoriser notre lente extinction.

Merci au député Drouin de nous donner l’occasion d’y réfléchir…

Références :
Le défilé des Rhodésiens
Les cégeps français à Montréal : le début de la fin ?
Protection du français : Témoins « pleins de marde » : « Non, je ne m’excuse pas », dit le député
Québec préfère les universités anglaises
Rapport d’activités 2022-2023 – Commissaire à la langue française
Sans l’indépendance, pas d’avenir pour le français comme langue nationale
Une analyse des comportements linguistiques des étudiants du collégial sur l’ile de Montréal
Universités anglophones: 200 M$ par année pour angliciser le Québec

Paru depuis : Le député libéral Francis Drouin annonce qu’il ne se représente pas (2024-07-25)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les fabricants craignent la Loi 101, dit-on

Publié le 14 mars 2024 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Il y a six décennies, le Québec interdisait l’étiquetage unilingue anglais. Parce qu’à l’époque, on trouvait, par exemple, des produits alimentaires dont le mode d’emploi et la liste des ingrédients étaient entièrement rédigés en anglais.

En vertu de cet interdit, il suffisait au consommateur de porter plainte contre le marchand auprès de la Cour des petites créances — où la présence d’un avocat est superflue — de présenter en preuve le contenant du produit et le reçu de la transaction pour que le marchand soit automatiquement condamné.

Le plaignant empochait alors la pénalité imposée par le tribunal. Si bien qu’un couple d’étudiants en droit avait financé la totalité de leur formation universitaire en portant toute une série de plaintes.

La réaction des marchands fut de prendre soin de vérifier chaque produit reçu de leur grossiste et retourner aussitôt les articles en anglais.

Confrontés à la masse de leurs invendus, les fabricants ont refait leurs étiquettes et les importateurs ont simplement apposé un collant bilingue par-dessus l’étiquette fautive.

En moins de deux ans, sans avoir à embaucher des inspecteurs pour faire respecter la loi, on n’arrivait plus à trouver au Québec un seul produit unilingue anglais.

Lorsque le fédéral a adopté sa loi obligeant l’étiquetage bilingue à travers tout le pays, la législation québécoise devenait caduque.

Toutefois, il a suffi au fédéral — dont la majorité des fonctionnaires à Ottawa sont unilingues Anglais — de ne pas faire d’inspections et de ne jamais donner suite aux plaintes reçues pour que l’unilinguisme anglais revienne peu à peu.

De nos jours, on le trouve fréquemment sur les jouets pour enfants et sur les gros électroménagers. Et grâce au commerce en ligne, c’est généralement le cas de ce qui vient de l’Étranger.

Les craintes du Conseil du patronat

Le gouvernement de la CAQ a dernièrement fait connaitre son intention d’obliger, par voie de règlement, les fabricants d’électroménagers à franciser les inscriptions qui apparaissent sur leurs produits.

À l’achat de mon microonde actuel, celui-ci venait avec un collant qui permettait à tous ses boutons d’apparaitre en français (ou de demeurer en anglais si cela avait été ma préférence).

Mais l’Association canadienne des fabricants d’électroménagers rétorque que les autocollants risquent de fondre à la chaleur. Comme s’il n’existait aucune colle au monde capable de résister à la chaleur.

De son côté, le Conseil du patronat s’inquiète des ventes perdues par les commerçants d’ici quand les consommateurs se tourneront vers l’internet pour se faire livrer par la poste les modèles de laveuse ou de sécheuse que les fabricants cesseront d’offrir au Québec.

On s’étonne que la mairesse de Montréal, au nom de l’inclusion et de la diversité, n’ait pas encore signalé le danger que des personnes vulnérables soient incapables d’utiliser leur grille-pain au petit déjeuner et se laissent mourir de faim, faute de connaitre le français…

De manière générale, on fait valoir que le Québec ne représente que deux pour cent du marché nord-américain. Cela passe sous silence les 230 millions de consommateurs francophones à travers le monde. À titre d’exemple, les laveuses de Samsung en Belgique affichent des réglages bilingues français/néerlandais.

Tout en disant du bout des lèvres être conscient de l’importance de défendre le français, le Conseil du patronat souligne les graves dangers de le faire.

Il y a toujours eu un gouffre entre les petits commerçants — près du peuple et conséquemment, qui partagent ses préoccupations — et le riche ‘milieu des affaires’, collabo du colonialisme canadian, et que le cinéaste Pierre Falardeau mettait en vedette dans son documentaire ‘Le temps de bouffons’.

Référence : Nouvelle loi sur l’affichage en français: des fabricants menacent de retirer leurs électroménagers du marché québécois

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Écrit par Jean-Pierre Martel