Le mythe du néonazisme russe

Publié le 15 mars 2025 | Temps de lecture : 6 minutes


 
Introduction

Un tribunal finlandais de première instance condamnait hier le Russe Vojislav Torden (né Ian Petrovski) pour des faits survenus en Ukraine le 5 septembre 2014, c’est-à-dire il a plus d’une décennie.

Ce qui a attiré mon attention, ce sont les titres des articles qui, unanimement, qualifient de ‘néonazis’ l’accusé, de même que la milice Roussitch qu’il dirigeait à l’époque.

En réalité, Roussitch fait partie des milices armées hypernationalistes — et non néonazies — qui servaient de supplétifs à l’armée russe. En Ukraine, ces milices ont commis des crimes de guerre. Comme tous les belligérants dans ce conflit.

Nationalisme russe vs néonazisme

La différence fondamentale entre le nationalisme russe et le néonazisme, c’est que le premier glorifie la Russie (de même que sa culture) et s’oppose aux pays qui la menacent, alors que le second est une idéologie haineuse à l’égard de ‘races’ ou de groupes ethniques.

Autrefois dans l’URSS et aujourd’hui dans la Fédération de Russie, la haine interethnique est une menace à la cohésion sociale. Voilà pourquoi elle y est combattue.

D’où le fait qu’à l’éclatement de l’URSS, une multitude de conflits ethniques (longtemps réprimés) ont éclaté en ex-Yougoslavie, en Ukraine et en Géorgie.

La diabolisation du néonazisme en Russie

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, entre 22 et 27 millions de Russes ont perdu la vie, soit entre treize et seize pour cent de la population du pays.

Depuis ce temps, le nazisme est diabolisé en Russie. Et toute personne qui se réclamerait de cette idéologie y serait aussitôt considérée comme un traitre et arrêtée.

Le contexte ukrainien en 2014

Le 23 février 2014, le parlement ukrainien annonçait son intention de retirer au russe son statut de langue officielle dans les régions du pays où les Ukrainiens russophones étaient majoritaires.

Si le gouvernement canadien avait le pouvoir de retirer au français son statut de langue officielle au Québec, il provoquerait l’indépendance du Québec.

Pour écraser la révolte dans l’Est de l’Ukraine, Kyiv a secrètement payé des milices néonazies œuvrant dans l’ouest de l’Ukraine pour qu’elles viennent massacrer les insurgés russophones à l’autre extrémité du pays.

Voilà pourquoi, entre 2014 et 2022, cette guerre civile a fait entre quatorze et seize-mille morts, très majoritairement parmi la population russophone de l’Est du pays.

L’accusation contre Vojislav Torden

Le 5 septembre 2014, la milice Roussitch a pris en embuscade un convoi transportant des soldats du bataillon néonazi Aïdar, incorporé dans les forces de défense ukrainienne.

À cette occasion, vingt-deux miliciens sont morts et quatre ont été blessés.

Vojislav Torden a été condamné hier pour avoir exécuté un des prisonniers, fait mutiler un autre (mort depuis de ses blessures), et fait publier sur les médias sociaux des photos sur lesquelles ses miliciens posaient fièrement devant le cadavre d’un de leurs prisonniers (ce qui est interdit par la Convention de Genève).

Une compétence extraterritoriale ?

En Droit international, seule la Cour pénale internationale (située à La Haye, aux Pays-Bas) a autorité pour juger les personnes responsables de crimes de guerre.

Vojislav Torden n’était pas visé par un mandat international de cette cour et les crimes pour lesquels il a été condamné en Finlande n’ont pas été commis dans ce pays. De plus, l’accusé n’est pas Finlandais, et ses victimes ne le sont pas non plus.

Si ce jugement est présenté contre une grande victoire contre l’impunité des criminels de guerre, c’est surtout un précédent en vertu duquel le système judiciaire de n’importe quel pays peut prétendre à l’extraterritorialité de la compétence de ses tribunaux.

Conclusion

Pour justifier la présence avérée de milices néonazies en Ukraine, la propagande occidentale essaie depuis plus de dix ans de nous faire croire que le néonazisme existerait aussi en Russie.

Le message implicite est le suivant : pourquoi la Russie se plaint-elle de la présence de milices néonazies en Ukraine quand elle-même les tolère sur son propre territoire ?

Ce qui étonne, c’est l’unanimité de la presse occidentale — notamment les grands quotidiens alimentés par l’Agence France-Presse (AFP) — à répéter le mensonge grossier qui consiste à confonde le nationalisme russe à du néonazisme alors que les deux sont complètement différents.

Références :
Alexeï Miltchakov
Droit international et géopolitique (première partie)
En Ukraine, la milice russe néo-nazie Rusich encourage la torture des prisonniers ukrainiens
Finlande : un néonazi russe condamné à la pérpétuité pour des crimes de guerre en Ukraine
Guerre en Ukraine : Qui est ce néonazi russe condamné en Finlande pour crimes de guerre ?
Guerre en Ukraine : un néonazi russe condamné à perpétuité, « une étape-clé dans la lutte contre l’impunité »
Groupe Roussitch
Un néonazi russe condamné à la pérpétuité en Finlande pour des crimes de guerre en Ukraine
La condamnation d’un néonazi russe en Finlande pour des crimes de guerre commis en Ukraine, un procès qui pourrait faire jurisprudence
La nostalgie nazie en Ukraine
Pertes humaines pendant la Seconde Guerre mondiale
Russian Neo-Nazi Leader Receives Life Sentence in Finland for War Crimes in Ukraine
Ukraine : la Finlande soupçonne un néonazi russe de crime de guerre en 2014
Ukraine : l’histoire secrète de la révolution de Maïdan
Un néonazi russe condamné à la pérpétuité en Finlande pour des crimes de guerre en Ukraine (L’Express)
Un néonazi russe condamné à la pérpétuité en Finlande pour des crimes de guerre en Ukraine (TV5 Monde)
Un paramilitaire néonazi russe condamné à la perpétuité en Finlande pour des crimes de guerre en Ukraine
24e bataillon d’assaut « Aidar »

Complément de lecture : La corruption de la presse occidentale par Washington

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les Français sont-ils prêts à mourir pour l’Ukraine ?

Publié le 13 mars 2025 | Temps de lecture : 2 minutes
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Sous le thème ‘Macron, on ne mourra pas pour l’Ukraine’, plus d’un millier de protestataires ont défilé à Paris samedi dernier contre l’idée d’Emmanuel Macron d’envoyer des troupes françaises en Ukraine.

Et ce, malgré l’assurance donnée par le président de la République que celles-ci ne participeraient pas aux combats.

À l’appel d’un minuscule parti politique français (Les Patriotes), la manifestation a réuni principalement des personnes qui ne sont plus d’âge à être appelées sous les drapeaux.

On peut présumer que les télévisions de la région parisienne ont couvert l’évènement. Toutefois, les agences de presse occidentales n’ont pas jugé que cette nouvelle était digne d’intérêt. Conséquemment, aucun quotidien du Québec (à ma connaissance) n’en a parlé.

C’est par le biais de l’agence de presse Pravda (pro russe), de YouTube et du logiciel de messagerie Telegram que la nouvelle s’est répandue sur l’internet.

Références :
Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron assure que «la France ne s’apprête pas à envoyer des troupes au sol belligérantes»
Guerre en Ukraine : Macron prêt à “envoyer des mecs à Odessa”
Mobilisation contre Macron : Les Français rejettent son soutien à la guerre ! (vidéo)
Manifestation Nationale « MACRON, on ne mourra pas pour l’Ukraine !” (vidéo)
«Pas de Français en Ukraine» : manifestation massive à Paris contre l’ingérence française dans le conflit en Ukraine

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La détermination du Canada à soutenir l’Ukraine

Publié le 9 mars 2025 | Temps de lecture : 7 minutes


 
Introduction

Le 24 février dernier, Ottawa annonçait la fourniture à l’Ukraine de vingt-cinq véhicules de combat LAV III de fabrication canadienne (ci-dessus), de même que quatre simulateurs de vol pour les chasseurs-bombardiers F-16.

De plus, le Canada mettra à la disposition de l’Ukraine cinq-milliards de dollars provenant d’actifs russes saisis.

L’utilité des blindés légers en Ukraine

Ces véhicules d’assaut se distinguent des chars d’assaut par le fait que les premiers sont à roues alors que les seconds roulent habituellement sur chenilles.

Puisque le sable abime les engrenages métalliques, il devient nécessaire de démanteler, de nettoyer et d’assembler les chenilles des chars d’assaut après seulement quelques heures d’utilisation.

Par contre, l’entretien des véhicules sur roues est beaucoup plus facile. Comme c’est le cas de tous les véhicules tout terrain.

Ils sont très utiles pour se déplacer au cours de guerres de type insurrectionnel, comme c’était le cas en Afghanistan.

Au combat, dans le cas d’une guerre entre des États (où l’ennemi dispose de missiles puissants), leur protection est limitée. De plus, ce que la guerre en Ukraine nous a appris, c’est que des engins explosifs légers, largués de drones, suffisent à les rendre inopérants.

En avril 2024, l’Ukraine annonçait qu’à la demande des États-Unis, elle avait retiré du front leurs chars Abrams — les plus puissants au monde — peu de temps après leur déploiement. Pourquoi ? Parce que 5 des 31 chars reçus avaient déjà été détruits par l’armée russe.

Or toute guerre est une vitrine technologique qui permet aux belligérants de démontrer, auprès d’acheteurs potentiels, l’efficacité du matériel militaire qu’ils produisent. Puisque le fiasco des Abrams nuisait à leur promotion, on les a retirés discrètement du front.

Dans l’annonce fédérale du 24 février dernier, on ne précise pas si l’Ukraine recevra des blindés neufs ou d’occasion (choisis parmi les centaines que possède déjà l’armée canadienne).

D’année en année, leur fabricant (General Dynamics) apporte de légères améliorations à ses blindés légers.

Il est probable que l’armée canadienne se départit de ses vieux modèles pour en obtenir des modèles légèrement plus perfectionnés.

Dans tous les cas, le contrat n’est pas conclu entre General Dynamics et l’Ukraine. Ce pays étant de facto en faillite, c’est le gouvernement canadien qui se porte garant de l’Ukraine.

Les chances que le Canada recouvre cet argent sont à peu près nulles.

L’autorisation nécessaire de Washington

La revente interétatique de matériel militaire américain n’est possible qu’après son autorisation par Washington.

Cela concerne non seulement de l’armement fabriqué aux États-Unis, mais également celui fabriqué ailleurs s’il comporte des composants fabriqués aux États-Unis.

Dans l’éventualité où le Donald Trump signerait un décret qui interdirait toute vente d’armement (même non américain) à l’Ukraine — ce qu’il n’a pas encore fait au moment où ces lignes sont écrites — l’extraterritorialité du droit américain fait en sorte que cela affectera les contrats conclus en dollars américains ou négociés à l’aide de logiciels de messagerie américaine.

Gel, saisie et expropriation

Lorsque des avoirs sont gelés, leur détenteur en perd temporairement l’accès. Mais il en demeure le propriétaire.

Par le biais de pouvoirs conférés par une loi à un ministre — celui de la Justice ou celui de l’Économie, par exemple — l’État peut saisir des biens sans avoir à obtenir l’autorisation préalable d’un tribunal.

Toutefois, la saisie par l’État n’est que la première étape d’une expropriation. L’État doit obligatoirement s’adresser aux tribunaux pour que les biens saisis deviennent des propriétés de l’État et que ce dernier puisse en disposer à sa guise.

La confiscation d’avoirs russes

En décembre 2022, le Canada annonçait fièrement qu’il serait bientôt le premier pays du G7 à confisquer des biens appartenant à un oligarque russe.

Le 24 février dernier, Ottawa annonçait son intention de mettre à la disposition de l’Ukraine la somme de 5 milliards de dollars provenant d’actifs russes saisis dans le cadre des sanctions économiques contre la Russie.

Il y a une semaine, Ottawa annonçait être sur le point de s’adresser enfin aux tribunaux dans le but d’exproprier des biens russes saisis.

Puisque cela fait trois fois qu’Ottawa annonce la même intention, cela signifie qu’Ottawa n’a rien fait depuis vingt-six mois.

Ottawa promet ainsi des milliards de dollars que les tribunaux (indépendants, dit-on, du pouvoir politique) ne lui ont pas encore accordés.

Dans les pays occidentaux, le droit de propriété est sacré. L’idée qu’on peut déposséder quelqu’un de ses biens du simple fait qu’il est ami avec quelqu’un d’autre (Poutine) qu’on déteste, est totalement dépourvue de bases juridiques.

De plus, le droit international permet qu’on gèle les avoirs de la banque centrale d’un pays ennemi, mais leur confiscation est interdite, même en temps de guerre.

Voilà pourquoi, depuis des mois, Washington ne parle plus de financer la reconstruction de l’Ukraine grâce à la vente des avoirs russes saisis.

On parle maintenant de financer cette reconstruction à partir des revenus de l’exploitation des ressources minières de l’Ukraine. En d’autres mots, l’Ukraine paierait sa propre reconstruction.

Conclusion

Selon le recensement de 2021, la diaspora ukrainienne au Canada compte 1,3 million de personnes. Ceux qui sont en âge de voter participeront à l’élection fédérale prévue d’ici quelques mois.

L’annonce d’Ottawa concernant l’Ukraine est évidemment un encouragement pour les soldats ukrainiens qui combattent au front. Mais cette nouvelle a peu de chances de se réaliser.

C’est plutôt un message envoyé aux électeurs canadiens quant à la détermination du Parti libéral canadien de soutenir l’effort de guerre de l’Ukraine.

Références :
Confisquer les avoirs d’un oligarque russe n’est pas sans risque, selon un expert
Guerre en Ukraine : on vous explique le débat sur l’utilisation des avoirs russes gelés dans l’Union européenne pour aider Kiev
La saisie fictive des avoirs d’oligarques russes au Canada
Le Canada entame le premier processus pour bloquer et confisquer les biens d’un oligarque russe sanctionné
L’Occident ne veut pas payer pour reconstruire l’Ukraine
L’oligarque russe Mikhaïl Fridman réclame 14,5 milliards d’euros au Luxembourg
Redistribution en Ukraine des avoirs russes saisis au Canada: un test en droit
Trudeau n’exclut pas l’envoi de troupes en Ukraine, pour y maintenir la paix
VBL III

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Sommet de Londres au sujet de l’Ukraine

Publié le 4 mars 2025 | Temps de lecture : 9 minutes

Une réunion convoquée dans l’urgence

À la suite de la décision de Washington de cesser de financer la guerre en Ukraine, le gouvernement britannique a décidé de convoquer un Sommet destiné à créer une coalition de pays désireux de ‘défendre la paix’ (sic).

Puisqu’on ne peut pas défendre ce qui n’existe pas, cette coalition visait plutôt à trouver le moyen de prolonger la guerre.

Étaient présents hier à Londres : le secrétaire général de l’Otan, la présidente de la Commission européenne, le premier ministre du Canada et les chefs d’État de quinze pays membres de l’Union européenne, de même que Volodymyr Zelensky.

Le résultat du Sommet

À l’issue de la rencontre, le premier ministre britannique a déclaré que les participants avaient décidé :
• de concevoir un plan de paix destiné à être soumis à Washington,
• de réclamer la présence de l’Ukraine à la table des négociations,
• de maintenir leur aide militaire à l’Ukraine, et
• poursuivre cette fourniture au-delà d’un accord de paix afin de dissuader la Russie d’envahir de nouveau ce pays.

Dans le cas de la Grande-Bretagne, celle-ci a accordé un crédit équivalent à deux-milliards de dollars américains pour permettre à l’Ukraine d’acquérir cinq-mille missiles britanniques.

De son côté, au cours d’une entrevue au Figaro, le président français a fait savoir qu’il aimerait que soit décrétée unilatéralement une trêve destinée à tester la bonne foi de la Russie.

Pour le démontrer, la Russie renoncerait à ce qui fait sa force (les bombardements de missiles sol-sol), tandis que cette trêve n’interdirait pas les combats rapprochés entre les belligérants ni les attaques de drones.

À l’issue de cette trêve, si la Russie se comporte correctement aux yeux de la France, cette dernière souhaite le déploiement d’une force d’interposition, à la manière des Casques bleus de l’Onu.

Les Casques bleu blanc rouge

En 1957, le diplomate Lester-B. Pearson (qui deviendra premier ministre canadien de 1963 à 1968) recevrait le prix Nobel pour avoir convaincu l’Onu de créer une force d’interposition lors de la crise du canal de Suez.

Depuis, chaque fois que l’Onu a déployé des Casques bleus, c’est avec l’assentiment des belligérants, las de guerroyer. Autre condition essentielle : que ces soldats proviennent de pays neutres dans le conflit.

La suggestion d’Emmanuel Macron, c’est que des pays ennemis de la Russie envoient des soldats pour séparer Russes et Ukrainiens.

Jusqu’ici, ces pays ont expédié des quantités colossales d’armement à l’Ukraine. Évidemment, le but était qu’elle s’en serve. Et qu’elle s’en serve comment ? Concrètement, en ‘tuant du Russe’.

La diplomatie française espère donc que l’armée russe accueillera les soldats d’un pays ennemi en faisant pleuvoir sur eux des pétales de roses et en faisant danser autour d’eux des nymphes en déshabillé vaporeux.

Comme c’est charmant…

Mais sérieusement, que fera-t-on après que la Russie aura décimé le premier lot de soldats français ? Eh bien, on enverra un deuxième lot, évidemment plus nombreux. Et s’ils sont éliminés eux aussi ? On en enverra encore davantage.

La Russie ne veut pas de l’Otan en Ukraine. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner qu’elle ne veut pas non plus qu’on amasse des milliers de soldats de l’Otan à 500 km de Moscou.

Pour protéger l’Ukraine, ces soldats devront être déployés non seulement à l’Est, mais également au Nord de ce pays. Et la frontière nord de l’Ukraine est à 500 km de Moscou.

Bref, la suggestion d’Emmanuel Macron mène tout droit à la Troisième Guerre mondiale. Déjà endettée à 114 % de son PIB, on voit mal comment la France financerait son effort de guerre.

L’aigle occidental à deux têtes

À la suite de la rencontre orageuse entre Trump et Zelensky au Bureau ovale, la Haute responsable européenne aux Affaires étrangères déclarait :

Il est maintenant clair que le monde libre a besoin d’un nouveau leadeur. C’est à nous, Européens, de relever ce défi.

On ne sait pas trop à qui Mme Kaja Kallas pense. Mais c’est à Ursula von der Leyen, on doit se rappeler que la présidente de la Commission européenne est simplement désignée par le parlement européen; les peuples d’Europe n’ont jamais coché son nom sur un bulletin de vote. Bref, elle ne possède aucune légitimité populaire.

Si l’Union européenne était à la table des négociations, elle y siègerait avec les États-Unis; la première réclamant la capitulation de la Russie, tandis que les seconds réclamant la capitulation de l’Ukraine.

Quel autre spectacle réjouissant pour la délégation russe…

En réalité, à la table des négociations, l’Occident parlera d’une seule voix. Et cette voix sera celle de Donald Trump. Qu’on le veuille ou non.

Le financement de la guerre en Ukraine

Selon Radio-Canada, les États-Unis ont versé jusqu’ici 140 milliards de dollars US pour aider l’Ukraine, tandis que les pays de l’Union européenne ont versé 145 milliards US. Donc, pour simplifier les choses, disons que c’est moitié-moitié.

Depuis des années, le gouvernement ukrainien est sous le respirateur artificiel occidental. Sans cette aide, l’Ukraine serait incapable de payer la solde de ses soldats, de même que le salaire des enseignants, des fonctionnaires, des policiers, des éboueurs, etc.

Malgré cette aide cumulée de 285 milliards $US, le résultat est que l’Ukraine n’est pas en train de gagner cette guerre. Après trois ans à essayer. En perdant la moitié de ce financement, le ciel s’obscurcit sur l’armée ukrainienne.

On append aujourd’hui, que non seulement l’administration Trump n’entend pas accorder des crédits supplémentaires à l’Ukraine, mais elle interrompt l’expédition des équipements militaires vers l’Ukraine, y compris ceux qui se trouvent tout près, en Pologne, ou qui sont en transit par voie aérienne ou maritime.

De plus, Washington s’apprête à interdire le partage des données de géolocalisation qui sont essentielles pour guider les missiles ukrainiens vers leurs cibles russes.

Si l’Union européenne — devenue la nouvelle ‘leadeuse’ du monde libre — doublait son financement afin de compenser le retrait américain, l’Ukraine ne serait pas plus avancée qu’actuellement.

Fin du conflit ou trêve momentanée ?

Habituellement, une guerre s’arrête lorsque le faible capitule au plus fort.

La suggestion européenne de négocier un cessez-le-feu ne servira qu’à prolonger la guerre. Un cessez-le-feu permet d’évacuer les blessées ou les civils menacés par un assaut imminent. Par ailleurs, une trêve permet aux belligérants de refaire leurs forces et de reprendre plus tard les combats avec une vigueur renouvelée.

Lorsqu’une guerre se termine par la simple suspension des hostilités — comme en Corée — on se retrouve devant un volcan prêt à entrer en éruption au moindre incident de frontière.

Ce n’est pas ce que veut Washington. L’administration Trump veut pacifier définitivement l’Europe et se tourner vers le Pacifique.

Il est donc hors de question de laisser les Européens alimenter cette guerre.

La fabrication du consentement

Pour que les pays occidentaux se rangent derrière Washington et cessent eux aussi de fournir des armes à l’Ukraine, l’argument-choc viendra sans doute de la révélation d’un secret de Polichinelle.

Ce secret, c’est qu’une partie de l’aide militaire envoyée en Ukraine — le deuxième pays le plus corrompu d’Europe — ne s’est jamais rendue au front et a été détournée par des mains criminelles.

La plupart des gens ignorent que cela se produit dans toutes les guerres depuis des siècles.

Cette fois-ci, ce qui pourrait frapper l’imagination populaire, c’est la taille colossale de cette fraude; des dizaines de milliards de dollars (avec ou sans exagération) détournés par des gens qui ont vu dans ce conflit un moyen d’enrichissement personnel.

Dès ce scandale révélé, l’opinion publique européenne et canadienne deviendra hostile à ce qu’on continue de jeter aveuglément des milliards$ dans ce grand trou noir qu’est l’aide occidentale à l’Ukraine et exigera que les va-t-en-guerre européens procèdent à une reddition de compte au sujet de l’argent dépensé jusqu’ici.

Références :
France suggests partial one-month truce between Russia and Ukraine
Les pays européens se divisent sur l’envoi des troupes en Ukraine
L’Occident ne veut pas payer pour reconstruire l’Ukraine
Non, les États-Unis n’ont pas dépensé 350 milliards $ US en Ukraine
Russia-Ukraine war: What’s a ‘coalition of the willing’, Europe’s new plan?
Sommet européen sur l’Ukraine : les faits saillants
« Vous n’êtes pas seuls » : des dirigeants européens appuient Zelensky face à Trump
Washington met de la pression sur l’Ukraine en suspendant son aide militaire

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Ukraine : la cruauté de la défaite

Publié le 28 février 2025 | Temps de lecture : 2 minutes

Les fins de guerre sont les plus cruelles; c’est là que sont commis les gestes les plus désespérés.

Pensez à ces gens qui s’accrochaient au fuselage du dernier avion américain qui partait d’Afghanistan. Ou, en 1975 au Vietnam, au dernier hélicoptère qui quittait le toit de l’ambassade américaine à Saigon.

En Ukraine, après avoir vu un grand nombre de ses frères d’armes tomber au combat, le soldat ukrainien apprend que les États-Unis et la Russie s’entendent secrètement pour mettre fin à la guerre.

Pendant ce temps, ce soldat, dehors en plein hiver, doit continuer de guerroyer comme si cela servait encore à quelque chose…

Voilà pourquoi, dès qu’elles sont connues, les négociations de paix doivent se conclure rapidement.

Dans la catégorie des gestes désespérés, on pourrait aussi ranger la tentative de Volodymyr Zelensky de plaider à la Maison-Blanche en faveur du prolongement de l’aide militaire américaine.

Et c’est avec une infinie tristesse que j’ai pris connaissance du désastre diplomatique que cette rencontre avait occasionné plus tôt aujourd’hui. Un désastre qui annonce la fin de Zelensky.

S’il demeure à son poste, l’administration Trump révèlera (pour le discréditer) l’ampleur des détournements de fonds de l’aide occidentale à l’Ukraine. L’aide déjà versée atteint 285 000 000 000 dollars.

De plus, aux yeux de l’Histoire, il sera le signataire de la capitulation de l’Ukraine à la Russie.

S’il quitte son poste dès maintenant, il sera l’agneau mystique sacrifié sur l’autel de la cupidité américaine. On louera (à juste titre) son dévouement inlassable à la défense de son peuple et son incarnation du courage dont ont fait preuve les soldats ukrainiens dans cette guerre.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La première joute diplomatique de Trump à l’Onu

Publié le 26 février 2025 | Temps de lecture : 6 minutes


 
En première période

Il y a quatre jours, l’Ukraine et les États-Unis soumettaient à l’Assemblée générale de l’Onu deux résolutions concurrentes.

Première débattue fut la résolution ukrainienne.

Depuis le début de ce conflit, l’Ukraine fait adopter annuellement une résolution qui condamne l’invasion de la Russie dans ce pays.

Longue de 22 paragraphes, cette résolution reprend l’ensemble des reproches occidentaux contre la Russie à ce sujet.

En vain, les États-Unis ont fait pression sur l’Ukraine pour qu’elle retire sa résolution. Aux yeux de Donald Trump, celle-ci reflète l’esprit de confrontation qui caractérisait l’administration de son prédécesseur et de laquelle il désire s’éloigner en vue d’une désescalade du conflit.
 

 
Au final, la résolution ukrainienne a été adoptée par 93 voix pour (dont le Canada et tous les membres de l’Union européenne), 18 voix contre (dont les États-Unis et la Russie) et 65 abstentions (dont la Chine et l’Inde).

En deuxième période

Puis vint le tour de la résolution américaine. Proposée par les États-Unis et appuyée par la Géorgie, cette résolution se lit comme suit :

Le Conseil de sécurité…
– déplorant les tragiques pertes en vies humaines qu’a causées le conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine,
– réaffirmant que l’Organisation des Nations Unies a pour but premier, comme l’énonce la Charte des Nations Unies, de maintenir la paix et la sécurité internationales et de régler les différends par des moyens pacifiques,

…demande instamment qu’il soit mis fin au conflit dans les plus brefs délais et plaide pour une paix durable entre l’Ukraine et la Fédération de Russie.

Normalement, au sein d’un organisme comme l’Onu, se prononcer en faveur de la paix devrait faire consensus.

Intitulée ‘Une Voie vers la paix’, la nouvelle résolution américaine marque un changement d’époque; Donald Trump veut pacifier l’Europe afin de passer à autre chose.

La toute première étape qui mène à la paix est l’abandon du langage guerrier; ce n’est plus le temps des reproches, des rancœurs et des accusations.

Mais le Canada et les pays européens voient les choses autrement. Pour eux, cesser de battre le tambour de la guerre est un recul. Aussi se sont-ils employés à amender la résolution américaine au point d’en trahir l’esprit.

Les États-Unis, qui s’étaient opposés aux amendements européens, ont fini par s’abstenir de voter en faveur de leur propre texte.

Amendée, celle-ci a finalement été adoptée avec 93 voix pour, 8 voix contre et 73 abstentions. Ce qui constitue un autre revers diplomatique pour l’administration Trump.

En troisième période

Puis, le débat s’est déplacé en après-midi au Conseil de sécurité de l’Onu. Les États-Unis y présentaient le même texte que celui qu’ils avaient introduit plus tôt dans la journée à l’Assemblée générale.

Précisons que les résolutions de l’Assemblée générale sont dites ‘non contraignantes’. En clair, ce sont des vœux pieux. Seules les résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu font partie du Droit international.

Ce qui veut dire que les deux buts comptés lundi dernier dans le filet de Washington ne comptent pas. Ce sont comme des buts comptés lors d’une séance d’entrainement.

Échaudés par leur expérience plus tôt à l’Assemblée générale, les États-Unis avaient savoir qu’ils opposeraient leur droit de véto à tout amendement à leur résolution.

Faisant fi de la menace américaine, les pays européens membres du Conseil (le Danemark, la France, la Grande-Bretagne, la Grèce et la Slovénie) ont proposé les mêmes amendements qui, cette fois-ci, se sont heurtés au véto… russe.

Au Conseil de sécurité, la résolution américaine fut adoptée par 10 voix pour et 5 abstentions (tous alliés européens des États-Unis).

C’est la première fois que le Conseil de sécurité se prononce au sujet de la guerre en Ukraine depuis son déclenchement.

Conclusion

Pour la première résolution américaine de l’ère Trump à l’Onu, la nouvelle administration américaine avait choisi de soumettre une courte résolution qui invitait essentiellement l’Assemblée générale de l’Onu à se prononcer en faveur de la paix en Ukraine.

L’humiliation subie par Washington à l’Assemblée générale est l’œuvre d’alliés militaires menacés par Washington d’une guerre économique.

Ces pays semblent avoir oublié que Donald Trump est jaloux du prix Nobel que Barak Obama a reçu en 2009. Il ambitionne d’en recevoir un pour le récompenser d’avoir mis fin à la guerre en Ukraine et d’avoir pacifié l’Europe.

En cas de réussite, même si la Fondation Nobel devait décider de ne pas le nobéliser, l’Histoire, elle, s’en souviendra.

Donald Trump pardonne facilement à ces ennemis lorsque ceux-ci font amende honorable en lui baisant les mains.

Mais il est probable qu’il se rappellera longtemps de l’humiliation que le Canada et ses alliés européens lui ont fait subir futilement à l’Assemblée générale de l’Onu.

De la part de pays dont le Plan A consiste à tout miser en vue d’une victoire toujours plus lointaine de l’Ukraine et qui n’ont pas prévu de Plan B, on peut se demander à quoi servent ces enfantillages dans les antichambres de l’Onu…

Références :
At UN, Georgia Breaks with EU, Ukraine, Backs Toned Down U.S. Resolution on War
L’ONU rejette la résolution américaine qui demande la fin de la guerre en Ukraine sans mentionner l’agression russe
Résumé de géopolitique mondiale (1re partie)
Résumé de géopolitique mondiale (2e partie et fin)
Ukraine : après trois ans de guerre totale, l’ONU théâtre de divergences dans l’alliance transatlantique
Ukraine : Washington propose à l’ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit
Ukraine: trois ans exactement après l’invasion par la Russie, le Conseil de sécurité adopte une première résolution demandant la fin du conflit dans les plus brefs délais

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les dépenses militaires en 2023

Publié le 25 février 2025 | Temps de lecture : 3 minutes
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Avant-propos : Dans le texte qui suit, les cas du Soudan et du Congo ne sont pas pris en considération.

Les dépenses militaires comprennent la solde des soldats, le cout des opérations, l’achat d’armement, les infrastructures militaires (comme les bases militaires), de même que la recherche et le développement d’armes de pointe.

En 2023, les dépenses militaires s’élevaient à 2,4 mille-milliards de dollars, soit 306$ par être humain. C’est 2,3 fois que ce qu’on dépensait par personne en 2000 (soit 130$).

Les 31 pays membres de l’Otan représentaient 55 % des dépenses militaires mondiales.

À lui seul, le budget militaire des États-Unis était supérieur aux budgets combinés des huit autres pays les plus dépensiers.

De manière générale, au Proche et au Moyen-Orient, les dépenses militaires ont augmenté de 9,0 % pour atteindre 200 milliards de dollars en 2023. Il s’agit de la plus forte augmentation annuelle jamais enregistrée dans la région au cours des dix dernières années.

À ce sujet, Israël dépense 5,3 % de son PIB et 14,6 % du budget de l’État. C’est 2 997 $ par Israélien. Comparativement, aux États-Unis, c’est un peu moins, soit 2 694 $ par Américain.

En raison du déclenchement de la guerre à Gaza, c’est dans les derniers mois de 2023 qu’Israël a accru massivement ses dépenses militaires. Pour l’ensemble de l’année, c’est une augmentation de 24 % (pour atteindre 27,5 milliards de dollars).

Pour être considéré en économie de guerre, un pays doit dépenser vingt pour cent de PIB à guerroyer. C’est le cas de l’Ukraine. Ce pays dépense à ce sujet 36,7 % de son PIB et 58,2 % du budget de l’État.

L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) — de qui proviennent les données du présent texte — écrit :

En 2023, les dépenses militaires de l’Ukraine représentent 59 % de celles de la Russie. Cependant, l’Ukraine a également reçu au moins 35 milliards de dollars d’aide militaire au cours de l’année, dont 25,4 milliards de dollars des États-Unis. Ensemble, cela équivaut à environ 91 % des dépenses militaires russes.

Devenu le plus pauvre d’Europe en raison de la guerre, l’Ukraine est également au troisième rang quant aux dépenses militaires par personne, soit 1 762 $.

Après l’Ukraine, c’est le Liban, l’Algérie, et l’Arabie saoudite qui complètent le quatuor des pays qui consacrent le plus grand pourcentage de leur PIB à des dépendes militaires, soit respectivement 8,91 %, 8,2 %, et 7,1 % (devant la Russie à 5,9 % et Israël à 5,3 %).

Incapables de résoudre la violence des gangs et celle des trafiquants par des moyens conventionnels, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont eu recours de manière croissante à l’armée. Ce qui s’est reflété dans leurs budgets militaires.

Références :
Les dépenses militaires mondiales augmentent dans un contexte
de guerre, d’escalade des tensions et d’insécurité

Which countries are the top military spenders and where does Europe rank?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Déchiffrer Donald Trump

Publié le 21 février 2025 | Temps de lecture : 10 minutes

Introduction

Le 3 février dernier, la couverture du Journal de Montréal a fait le tour du monde.

Imaginer que l’homme le plus puissant du monde soit stupide, voilà ce qui peut faire du bien à ceux qui sont frustrés par ses décisions, mais cela n’aide personne à comprendre la logique qui l’anime, si logique il y a.

La géographie condamne les Québécois à partager leur sort avec Donald Trump. Et le meilleur moyen de rendre cette promiscuité supportable est d’anticiper ses attentes pour mieux s’y préparer.

Le quotient intellectuel de Trump

Personne ne connait le QI du président américain.

Un indice nous en est donné par le fait qu’il a réussi son admission à l’école Wharton de l’Université de Pennsylvanie. C’est une des écoles de commerce les plus prestigieuses au monde. Et conséquemment, une des maisons d’enseignement les plus sélectives des États-Unis.

Précisons qu’il en est sorti avec un baccalauréat en économie et en anthropologie.

Le vocabulaire du citoyen Trump

Dans un article paru la semaine dernière dans La Presse, Marie-France Bazzo écrit que 62 % des mots utilisés par Trump sont monosyllabiques.

Cette information est capitale; la clé de la compréhension de Trump est qu’il lit peu. Ce qui fait qu’il n’a pas de vocabulaire. Or on ne peut pas développer une pensée complexe à partir d’un vocabulaire limité.

En contrepartie, c’est un excellent communicateur. À preuve : il a réussi à convaincre la majorité des Américains de voter pour lui. Ce qui l’aide, c’est justement qu’il utilise des mots simples et familiers que tout le monde comprend.

Les obsessions présidentielles

Si l’absence de vocabulaire est essentielle à la compréhension de la personne qu’est Donald Trump, les politiques apparemment irrationnelles de son administration deviennent beaucoup plus cohérentes si on émet l’hypothèse que le président des États-Unis est obsédé par quatre préoccupations majeures : la dette du gouvernement américain, son déficit courant, le déficit de la balance commerciale du pays et la menace chinoise à l’hégémonie américaine.

La dette du gouvernement américain

Le déficit accumulé du gouvernement des États-Unis s’élève à plus de 33,4 mille-milliards de dollars, soit environ 121 % de son PIB.

Cet endettement nuit à la justification de la réduction des recettes fiscales (au profit des riches) à laquelle Trump entend procéder.

Jusqu’en 1971, le dollar américain était adossé à l’or. Cela signifie que chaque fois que la Banque fédérale américaine imprimait un billet de banque, elle s’assurait de détenir son équivalent en or.

À l’époque, le PIB américain était de 1,16 mille-milliards de dollars (en dollars courants). En 2023, il était de 27,72 mille-milliards$, soit 24 fois plus.

Pour soutenir les échanges commerciaux, il est normal que la masse monétaire augmente au fur et à mesure que s’accroit le PIB.

Malheureusement, depuis que le dollar américain n’est plus adossé à l’or, les États-Unis se sont servis de la planche à billets pour éponger leurs déficits; au lieu de multiplier la masse monétaire de 24 fois, ils l’ont augmentée de 30 fois, soit six fois plus que nécessaire.

La partie qui sommeille dans les réserves de devises des banques centrales à travers le monde s’élève à elle seule à 6,8 mille-milliards de dollars, soit 24,8 % du PIB américain.

Ce qui fait que les États-Unis sont le pays le plus endetté au monde (en montant absolu) et un des plus endettés en pourcentage de son PIB (après l’Ukraine, le Japon, le Soudan, Singapour et la Grèce).

Non seulement les réserves d’or du Trésor américain sont inférieures à la masse monétaire en circulation, elles sont même inférieures à la dette officielle des États-Unis.

Ce qui signifie que si tous les créanciers du gouvernement américain se présentaient demain pour être payés en or, les États-Unis seraient alors en défaut de paiement.

Voilà pourquoi la dédollarisation de l’économie mondiale est une menace existentielle à l’hégémonie américaine.

Le déficit budgétaire du gouvernement américain

En 2024, le déficit budgétaire du gouvernement américain fut le troisième plus élevé de son histoire, à 6,4 % du PIB.

Le moyen le plus logique de réduire la dette d’un gouvernement, c’est de dégager des surplus budgétaires. Ce qui est impossible sans une réingénierie de l’État américain.

C’est ce à quoi s’applique présentement Elon Musk.

L’abolition de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) est la première étape de cette réingénierie.

Faire appel à l’empathie de Donald Trump — si cette vertu existe chez lui — pour lui faire réaliser que cela condamne à la famine des millions de miséreux à travers le monde n’y changera rien.

Pareillement, on pourrait invoquer le fait que l’USAID est une partie importante du Soft Power des États-Unis et que l’abolition de l’Agence laisse le champ libre à la Russie et à la Chine pour courtiser les pays du Sud Global. Trump le sait déjà.

Mais cette décision est un choix politique; le gouvernement américain n’a plus les moyens de consacrer autant d’argent à combattre la misère dans le monde.

On peut anticiper qu’une autre étape de cette réingénierie sera la fermeture de nombreuses bases militaires américaines et le rappel de la majorité des cent-mille soldats américains stationnés dans une Europe pacifiée grâce à lui.

Cela entraine une réduction de la puissance militaire des États-Unis.

Encore là, les protestations des analystes et des experts n’y changeront rien. Dès son premier mandat, Donald Trump a fait pivoter la politique étrangère des États-Unis vers le Pacifique. Or ce basculement implique qu’on abandonne des bases militaires devenues superflues.

De la même manière, on peut s’attendre à ce que plusieurs mesures sociales dont bénéficie le peuple américain passent à la déchiqueteuse.

Dans un autre ordre d’idée, Donald Trump semble s’entendre très bien avec d’autres dirigeants autoritaires. L’explication facile est que le président américain est un être narcissique qui voit en eux des alter ego.

Mais on peut aussi avancer l’hypothèse que les États-Unis ne peuvent plus assurer seuls le respect de l’ordre mondial et qu’ils jugent nécessaire de partager implicitement cette responsabilité avec les puissances qui en sont capables.

La volonté de réduire de manière draconienne le déficit du gouvernement américain par le moyen de décrets présidentiels soulève une question fondamentale; le président des États-Unis en a-t-il le pouvoir constitutionnel ? C’est une question à laquelle les tribunaux américains auront à répondre.

Toutefois, par le moyen de la ‘procédurite’, les avocats ont transformé l’appareil judiciaire des États-Unis en machine à sous au profit de leur caste sociale. Et ce, en contrepartie d’une lenteur extrême. Conséquemment, un jugement définitif à ce sujet pourrait prendre des mois, voire des années. À l’issue de quoi les tribunaux risquent d’être placés devant le fait accompli.

D’où la vitesse avec laquelle Elon Musk réduit la taille de l’État américain.

Le déficit commercial des États-Unis

Donald Trump est obsédé par le déficit de la balance commerciale américaine.

À ses yeux, les États-Unis se comparent à une compagnie dont les dépenses sont supérieures à ses revenus. Or il sait qu’en pareil cas, l’entreprise se dirige vers la faillite.

Il s’attaque donc à tous les pays — amis ou non — dont la balance commerciale est excédentaire à l’égard des États-Unis.

Il le fait par le biais de tarifs douaniers.

Depuis des années, Donald Trump fait campagne contre les taxes et les impôts (qu’il promet de réduire ou d’abolir). Voilà pourquoi son administration préfère aujourd’hui parler de ‘tarifs’ (douaniers) et non de ‘taxe à l’importation’.

Toujours dans le but de réduire le déficit commercial des États-Unis, Donald Trump entend imposer aux pays vassaux des États-Unis le paiement d’un tribut sous forme d’achats obligatoires d’armements américains.

La menace chinoise à l’hégémonie américaine

L’économie américaine est la plus importante au monde, suivie par celle de la Chine. En 2023, leurs PIB ont été respectivement de 27,7 mille-milliards de dollars et de 17,8 mille-milliards$, loin devant l’Allemagne, en troisième place, avec un PIB de 4,5 mille-milliards$.

L’écart entre les deux se rétrécit d’année en année puisque le taux de croissance de l’économique chinoise est supérieur à celui des États-Unis (environ 5,0 % vs 2,8 % en 2024).

Bref, à moins d’un bouleversement inattendu, la Chine redeviendra la première puissance économique du monde, une place qu’elle a perdue dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

Pour les États-Unis, cette perspective est inacceptable.

La guerre commerciale voulue par Trump contre la Chine est d’un autre niveau que celle qu’il compte déclencher contre les pays ‘amis’.

Même si le marché américain était complètement fermé aux produits chinois, si la Chine devenait la première puissance économique mondiale grâce à son commerce avec le reste du monde, ce serait pareil aux yeux de Trump.

Il y a cinq ans, le géopoliticologue Guillaume Pitron prédisait :

«…on bascule dans un monde où c’est la Chine qui va être capable de fabriquer les technologies vertes. Et c’est ce qu’elle fait; elle fabrique la majorité des panneaux solaires. Elle fabrique la majorité des batteries des voitures électriques aujourd’hui.

Elle fabriquera demain la majorité des voitures électriques.»

Or un des moyens de retarder l’émergence de la Chine au titre de première puissance mondiale, c’est justement de retarder le basculement vers les énergies vertes en prolongeant l’âge d’or des hydrocarbures… peu importe les conséquences climatiques.

Conclusion

Le but du présent texte n’est pas de faire aimer Trump, mais de déchiffrer ses grandes orientations politiques.

Son agressivité à l’égard de l’élite intellectuelle de son pays vient du complexe d’infériorité qu’il ressent face à ceux qui tiennent un discours articulé contre lequel il est incapable de rivaliser.

Si on juge Donald Trump à ses actes plutôt qu’à ses déclarations, notre hypothèse est que quatre préoccupations — la dette du gouvernement américain et son déficit courant, de même que le déficit commercial du pays et la menace chinoise à l’hégémonie américaine — seront les grands thèmes de son administration.

Références :
Chine : la croissance économique tombe à 5% en 2024, l’un des plus faibles taux en trois décennies
Currency Composition of official Foreign Exchange Reserves
Dette publique des États-Unis
Leçon de grammaire
Le déficit budgétaire des États-Unis atteint 6,4% du PIB
Les conséquences géostratégiques du basculement vers les énergies vertes
L’or et la Banque centrale du Canada
PIB ($ US courants)
Quels sont les pays les plus endettés en 2024 ?
Qu’est-ce que l’USAID, l’agence visée par Trump et Musk ?
Wharton School

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Un tournant majeur dans la guerre en Ukraine

Publié le 19 février 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Le 12 février dernier, lors d’un appel téléphonique, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont entendus pour entamer incessamment des pourparlers en vue de mettre fin à la guerre en Ukraine.

Depuis, les dirigeants européens ont appris qu’à la table des négociations, l’Occident parlera d’une seule voix. Et cette voix sera celle de Donald Trump.

En clair : les ténors de l’administration Trump excluent toute participation de l’Europe aux pourparlers.

Le grand problème de l’Union européenne (UE), c’est qu’elle s’est peinturée dans le coin. Elle n’a pas anticipé le bouleversement de la politique étrangère qu’occasionnait l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.

Plus précisément, la diplomatie de l’UE a été confiée le 27 novembre dernier à Kaja Kallas. À l’époque où celle-ci était première ministre d’Estonie, elle s’était fait remarquer par sa rhétorique particulièrement belliqueuse à l’égard de la Russie.

Depuis qu’ils ont adhéré à l’Otan, les chihuahuas baltes sont protégés par le bouledogue américain. Enhardis par cette protection, ils n’ont cessé de japper contre la Russie et de réclamer des sanctions de plus en plus sévères contre elle alors qu’eux n’y ont contribué que de manière marginale.

Le basculement de la politique étrangère des États-Unis vers l’Asie, décidé par Donald Trump dès son premier mandat, nécessite que son pays pacifie le continent européen afin de passer à autre chose.

En s’entêtant à poursuivre cette guerre coute que coute, l’Europe s’est disqualifiée comme partenaire des États-Unis en vue de régler le conflit.

En catastrophe, Emmanuel Macron a décidé de réunir de manière informelle à l’Élysée les principaux chefs d’État européens en vue de discuter de la situation en Ukraine.

Malheureusement pour lui, le concert des impuissants n’enterrera jamais la voix des deux grandes puissances qui menaient cette guerre jusqu’ici et qui ont décidé de faire cesser ce carnage.

Au final, Ursula von der Leyen aura peut-être droit à un joli strapontin derrière les vrais négociateurs et Volodymyr Zelinsky signera là où les États-Unis lui diront de signer.

Références :
Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron annonce des nouvelles réunions organisées en France ce mercredi
Guerre en Ukraine : Trump et Poutine lancent les négociations de paix, mais sans les alliés
Kaja Kallas
Lâchés par Trump, les Européens cherchent la parade face à Poutine
L’intégrale du discours de Vance à Munich en anglais et en français !

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La corruption de la presse occidentale par Washington

Publié le 17 février 2025 | Temps de lecture : 9 minutes
Dépêche de l’Agence France-Presse (AFP)

Introduction

Fondée en 1961, la United States Agency for International Development (USAID) est une agence gouvernementale des États-Unis qui se consacre à la promotion des intérêts américains par le biais du développement international.

Elle relève du département d’État américain, soit l’équivalent du ministère des Affaires étrangères des États-Unis.

L’agence possède le monopole de l’aide humanitaire de Washington; des dizaines de milliers d’organismes à travers le monde dépendent de son financement.

Toutefois, le sigle de cet organisme porte à confusion. Les trois premières lettres d’USAID représentent le nom anglais des États-Unis. Les deux dernières (ID) signifient développement international et non aide internationale.

En d’autres mots, pour l’USAID, l’aide internationale n’est pas un but, mais un moyen de promouvoir les intérêts des États-Unis. Ce qui n’a rien de répréhensible.

Le côté obscur de la force

Afin de réaliser sa promesse de réduire les dépenses du gouvernement des États-Unis, Donald Trump a décidé d’abolir l’agence.

Ce qui a déclenché un tollé. On accuse son administration de retirer le pain de la bouche d’affamés à travers le monde pour financer sa baisse d’impôt projetée en faveur des Américains les plus riches.

Pour se justifier, l’administration Trump a décidé de lever le voile sur les opérations secrètes financées par USAID.

Menées indépendamment de ses activités caritatives, ces opérations avaient pour but d’assurer le contrôle et la manipulation de l’opinion publique occidentale par Washington.

Ce qui a nécessité des sommes colossales, comme nous le verrons dans quelques instants.

Compromises par ces révélations, les agences de presse occidentales et les médias traditionnels ont réussi, jusqu’ici, à en limiter l’impact en évitant d’en parler.

Internews Network, paravent de l’USAID

Décrite comme une ONG (c’est-à-dire une organisation non gouvernementale), Internews Network est une société financée par Washington.

Elle est ‘non gouvernementale’ uniquement dans le sens qu’elle échappe à l’examen de ses comptes par les congressistes américains.

Depuis 2008, elle a reçu 57 millions$ directement du département d’État et 415 millions$ indirectement, par l’intermédiaire d’USAID (qui relève du département d’État). Ce qui lui a permis de mener une opération mondiale de manipulation médiatique, de concert avec le secrétariat d’État et la CIA. Signalons que ‘secrétariat d’État’ désigne la haute direction du département d’État.

Dans le but d’inciter les jeunes Cubains à se révolter contre le gouvernement de leur pays, USAID a financé ZunZuneo, un réseau social de type Twitter (ou X) qui a opéré dans l’ile de 2010 à 2012.

Dans ce cas, l’USAID ne s’est pas servi d’Internews Network, mais de tout un réseau de sociétés-écrans destiné à détourner vers Cuba les millions de l’aide humanitaire destinée au Pakistan.

En 2014, à l’époque du massacre de la place de l’Indépendance de Kyiv (orchestré par la CIA), neuf des dix principaux médias ukrainiens dépendaient du financement d’Internews Network. Ce qui lui permettait de s’assurer que leurs journalistes soient pro-occidentaux et pro-Otan.

Jusqu’ici, Internews Network a collaboré avec 4 291 médias à travers le monde. Rien que pour 2023, il a formé neuf-mille journalistes.

Certains d’entre eux ont même travaillé à la ‘vérification des faits’ de grands quotidiens, une vérification où on qualifiait de fallacieux tout ce qui ne déviait du narratif de Washington.

Par exemple, VoxUkraine (financé par Internews Network) est le vérificateur officiel des faits au sujet de la guerre en Ukraine chez Meta (propriétaire de Facebook).

L’an dernier, le financement d’Internews Network a permis la création d’environ cinq-mille heures de propagande sous forme de documentaires et de reportages.

En 2023, l’Ukraine fut le principal bénéficiaire des fonds versés par l’USAID, soit 14,4 milliards de dollars (c’est le tiers du budget de l’agence). Ce qui permettait au Deep State de contourner le blocage au Congrès de l’aide vers l’Ukraine.

Quelques exemples

L’Agence France-Presse

Presque toutes les dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) au sujet de la guerre en Syrie se terminaient par un récapitulatif fallacieux.

De 2009 à 2025, l’AFP a reçu 279 255 dollars de l’USAID. De manière plus importante, à partir de 2017, l’AFP a obtenu 9,8 millions$ d’autres agences américaines, principalement de l’US Agency for Global Media.

Selon l’AFP, ces sommes permettent au gouvernement américain d’utiliser, dans ses publications, des images prises par les photographes de l’AFP et pour lesquels ces derniers détiennent les droits d’auteur.

Thomson Reuters

C’est le président israélien Benyamin Netenyahou qui, le premier, qualifia de ‘pogrome’ l’émeute survenue à Amsterdam en novembre dernier. Et ce, afin de disculper les voyous israéliens qui l’ont provoquée.

L’accusation fut reprise par tous les médias occidentaux grâce aux photos et vidéos de l’agence de presse Reuters. Selon celle-ci, ces images prouvaient l’accusation de Netenyahou.

En particulier, un clip vidéo tourné par la vidéaste Annet de Graaf a fait le tour du monde. Selon Reuters (qui en assurait la distribution), ce vidéo montrait des manifestants pro-palestiniens qui pourchassaient et frappaient des partisans d’un club de foot de Tel-Aviv.


 
La créatrice de ce clip a accusé ceux qui le diffusent (au premier rang desquels, Reuters) de propager des nouvelles fallacieuses puisqu’il montre, au contraire, des citoyens d’Amsterdam pourchassés par des houligans du club israélien.

Depuis 2010, une succursale de Reuters basée à Toronto (la Thompson Reuters Special Services) a reçu 120 millions$ du gouvernement américain, dont 60 millions du ministère de la Défense et 55,8 millions$ du département de la Sécurité intérieure.

Selon Reuters, « le contrat avait pour but de protéger le gouvernement américain contre l’ingénierie sociale, soit une forme de cybermenace dans laquelle les personnes sont amenées à divulguer des renseignements sensibles

Précisons que l’ingénierie sociale est une méthode de manipulation psychologique qui cible le facteur humain, souvent considéré comme le maillon faible dans la sécurité des systèmes informatiques.

Reuters se défend en précisant que sa succursale possède son propre conseil d’administration et qu’elle est une entité juridique distincte.

Cela ne change pas le fait que lorsque cette succursale fait des profits grâce à ses contrats gouvernementaux, elle les redistribue à ses actionnaires, dont l’agence de presse Reuters.

Associated Press

Depuis 2008, l’agence de nouvelles Associated Press a reçu 37,5 millions de dollars d’agences gouvernementales américaines.

Appelée à couvrir la nouvelle qui la concerne, Associated Press nie que près de la moitié de cette somme (19,5 millions de dollars) ait été versée par USAID.

Habituée aux demi-vérités, Associated Press néglige de dire qu’USAID ne soudoyait pas directement les médias; elle procédait (comme on l’a vu plus tôt) par l’intermédiaire d’Internews Network.

Conclusion

À en juger par les références sur lesquels s’appuient les textes publiés par ce blogue, celui-ci serait peu de chose sans le travail des journalistes.

Le mois dernier, dans le texte ‘L’engouement pour la géopolitique’, on pouvait lire :

Au cours des dernières décennies, pendant que les médias traditionnels perdaient une bonne partie de leurs revenus publicitaires au profit des géants du Web, la première chose qu’ils ont sacrifiée, ce sont leurs journalistes et leurs correspondants à l’Étranger.

Et pour compenser cette perte, ils se sont abonnés à des agences de presse couvrant l’actualité internationale. Malheureusement, depuis toujours, celles-ci sont ces entreprises opaques qui véhiculent de la propagande.

Dans les pays totalitaires, il est facile de comprendre pourquoi les agences de presse sont des outils de propagande de l’État.

Mais par quel mécanisme, dans les pays démocratiques, nos médias sont-ils devenus les perroquets de la propagande américaine ?

Jusqu’ici, le mécanisme de cet assujettissement était inconnu.

Depuis que l’administration Trump a dévoilé les secrets compromettants de l’USAID, tout s’explique.

Toutefois, les agences de presse ont réussi à faire en sorte que ce scandale soit passé inaperçu.

Pour réaliser cette omerta, elles ont pu compter sur les milliers de journalistes formés pendant des années par d’Internews Network et qui peuplent maintenant les salles de nouvelles des quotidiens les plus respectables de la planète.

Ce n’est pas parce qu’ils apprennent aujourd’hui que leur formation était financée par Washington qu’ils vont renier des idées auxquelles ils croient jusqu’au plus profond d’eux-mêmes.

Références :
Claims about USAID funding are spreading online. Many are not based on facts
Bulldozer l’aide internationale
“Defend or be damned” : How a US company uses government funds to suppress pesticide opposition around the world
Did a Trump executive order just cripple the global US regime change network?
Global Aid Programs at Risk as US Freezes Foreign Assistance; USAID’s Vital Work in Georgia Affected
How USAID and Internews Orchestrate Global Media Control
L’aide des États-Unis à l’Ukraine bloquée par les républicains au Sénat
Le scandale de l’USAID ! (vidéo)
L’Incroyable scandale du financement des médias par Washington
No, Politico Did Not Receive ‘Substantial Funds’ from USAID
Pourquoi l’AFP a-t-elle reçu des centaines de milliers de dollars de l’USaid ?
Ukraine : l’histoire secrète de la révolution de Maïdan
Un ‘pogrome’ à Amsterdam : vraiment ?
USAID un jour sans fin… Internews Network : Une Opération Secrète de Contrôle Médiatique mondiale financée par l’USAID
US Defense Department contract ‘inaccurately represented’ on social media, says Thomson Reuters
ZunZuneo

Parus depuis :
En Europe de l’Est, la suspension des aides américaines met en danger de nombreux médias (2025-02-21)
USAid employees told to destroy classified documents, email shows (2025-03-11)
L’administration Trump veut annuler des contrats avec trois agences de presse mondiales (2025-03-13)

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Écrit par Jean-Pierre Martel