La folie guerrière d’Ottawa

Publié le 5 décembre 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

La décision du Canada de consacrer un certain pourcentage de son PIB à des dépenses militaires est souvent justifiée au nom de ses ‘obligations’ internationales.

En réalité, que ce soit 2 % (en 2014) ou 5 % (de nos jours), ces pourcentages sont des engagements volontaires pris par le Canada à l’Otan. Mais ce ne sont pas des obligations.

C’est ainsi que l’armée de l’Islande — pays de 343 500 habitants et membre de l’Otan depuis 1949 — est forte de 250 soldats et dispose d’un budget militaire proche de 0 % de son PIB.

Jamais un pays n’a été expulsé de l’Alliance atlantique parce qu’il n’en faisait pas assez : on lui fait des reproches lors des sommets de l’Otan et on le gronde sur la place publique. Mais un pays fort, sûr de lui, sait se tenir droit et ignorer les pressions qui s’exercent sur lui.

On apprend aujourd’hui qu’Ottawa a décidé d’acheter pour 3,7 milliards de dollars de bombes aux États-Unis, dont quelques milliers d’ogives haut de gamme.

Ces obus sont compatibles avec l’un et l’autre des modèles de chasseurs-bombardiers dont le Canada espère se doter.

Il existe bien une manufacture d’obus au Québec, à Salaberry-de-Valleyfield. Mais l’annonce d’aujourd’hui ne la concerne pas.

Pour guerroyer à travers le monde

L’administration Trump a décidé de changer le nom de son ministère de la Défense à celui de ‘ministère de la Guerre’. Le Canada devrait en faire autant.

Le Canada est un des très rares endroits au monde qui, par leur situation géographique, sont peu ou pas menacés par le risque d’une invasion étrangère, exception faite d’une improbable invasion américaine.

Ce qui ne veut pas dire que le Canada est immunisé contre des calamités d’une guerre.

C’est ainsi qu’au cours d’une Troisième Guerre mondiale, il est certain que des cibles stratégiques situées au Canada seront bombardées par des missiles intercontinentaux tirés par des pays hostiles (Corée du Nord, Chine ou Russie).

Pour s’en prémunir, le Canada a besoin de missiles antimissiles (ou missiles sol-air).

On ne connait pas en détail la ‘liste d’épicerie’ du ministère de la Défense, mais il ne semble pas que le Canada ait jugé bon s’en doter.

Ce que le Canada cherche à obtenir, c’est plutôt ce dont il aura besoin pour assister les États-Unis dans leurs aventures guerrières à travers le monde. En somme, pour bombarder d’autres pays.

Et, théoriquement, pour nous protéger quand tout le reste du globe aura été conquis et qu’il ne restera plus que le Canada à soumettre.

Dans le cas des bombes américaines que nous achetons, elles pourraient également être données à des pays tiers (comme l’Ukraine)… en espérant qu’elles se rendent au front.

S’armer comme en 1939-1945

Depuis plusieurs décennies, Ottawa s’équipe de capacités militaires dont il a besoin pour mener à l’Étranger des guerres de type insurrectionnel. C’est-à-dire des guerres où le Canada et ses alliés ont préalablement pris le contrôle de l’espace aérien du pays attaqué.

Mais le Canada n’a pas tiré les leçons de la guerre russo-ukrainienne et ne s’est pas demandé de quoi il a besoin pour participer à une guerre moderne.

Ce dont il espère se doter, c’est de l’équipement semblable à celui qu’il a utilisé au cours de la Seconde Guerre mondiale; des chasseurs-bombardiers, des chars d’assaut, des obus, et ainsi de suite.

Au XXIe siècle, acheter cela, c’est l’équivalent d’acheter des sabres pour la cavalerie canadienne.

Conclusion

Le débat autour des achats militaires du Canada esquive une question fondamentale; s’agit-il de la meilleure manière de dépenser l’argent des contribuables ?

En effet, l’achat d’armements est un choix politique. Dans la mesure où les revenus de l’État ne sont pas illimités, notre choix est entre des investissements utiles — écoles, hôpitaux, construction domiciliaire, infrastructures (dont le transport en commun), adaptation aux changements climatiques — ou des dépenses certainement bénéfiques pour nos alliés militaires mais qui ne servent à rien pour nous et qui comportent très peu de retombées économiques.

Références :
Hausse des dépenses militaires : la fabrication du consentement
La dangerosité de la Russie pour un Québec libre
Le Canada achète pour 3,7 milliards $ de bombes aux États-Unis
Munitions et équipement militaire : General Dynamics renforce sa position au Québec

Paru depuis : Saint-Jean-sur-Richelieu fourbit ses armes pour attirer les investissements en défense (2025-12-06)

Compléments de lecture :
Défense: Ottawa veut signer le contrat d’achat des nouveaux sous-marins d’ici juin 2026
Un rapport estime qu’Ottawa devrait opter pour des sous-marins allemands

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Un commentaire

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Ukraine : quand l’Europe sabote les efforts de paix de Trump

Publié le 30 novembre 2025 | Temps de lecture : 13 minutes

Le premier sabotage européen

Trois semaines après son retour au pouvoir, plus précisément le 12 février 2025, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont entendus pour entamer incessamment des pourparlers en vue de mettre fin à la guerre en Ukraine.

Trois autres semaines plus tard, seize pays et deux organisations supranationales (l’Union européenne et l’Otan) participaient au Sommet de Londres sur l’Ukraine. De plus, ce 2 mars 2025, les pays européens les plus belliqueux se regroupaient en ‘Coalition des volontaires’.

Selon Wikipédia, ce sommet avait pour but la rédaction d’un plan de paix dans le cadre du conflit russo-ukrainien.

Sans qu’on sache très bien à quoi cela ressemble à un plan de paix, ces pays ont résolu de maintenir l’aide militaire à l’Ukraine et même de poursuivre cette fourniture au-delà de tout accord de paix afin de dissuader la Russie d’envahir de nouveau ce pays.

Le 7 mars 2025, Donald Trump cessait la fourniture d’armes et de données satellitaires à l’Ukraine. Et ce, à la stupéfaction de ses alliés occidentaux puisque la précision des frappes ukrainiennes réalisées à l’aide d’armement européen en dépend.

En somme, la décision de Trump équivalait à priver l’armée ukrainienne de nouvelles livraisons d’armes et du pouvoir utiliser les armes les plus puissantes qu’elle avait déjà.

Après un intense ballet diplomatique de part et d’autre de l’Atlantique, la fourniture des données américaines fut reprise quatre jours plus tard.

Pendant que Trump répétait une énième fois son intention de terminer cette guerre, la Coalition de volontaires proposait l’idée d’envoyer sur la ligne de front une force d’interposition destinée à faire respecter un cessez-le-feu imposé unilatéralement à la Russie sous menace de sanctions en cas de refus.

Alors résumons.

La Russie a déclaré la guerre à l’Ukraine parce qu’elle juge que le déploiement des armées de l’Otan à 500 km de Moscou est un risque sécuritaire inacceptable pour elle.

Malgré cela, elle accepterait que ces mêmes pays de l’Otan (mais pas l’Otan elle-même) déploient leurs armées à 500 km de Moscou.

Concrètement, quelle est la différence ?

L’intervention européenne auprès de Trump équivalait à lui dire : ‘Laissez-nous essayer notre méthode — un mélange de sanctions plus sévères et de livraison d’armes plus puissantes — et vous verrez; l’Ukraine gagnera d’ici peu parce que la Russie est à bout de souffle.

Évidemment, tout cela n’a rien donné si ce n’est de gagner du temps.

Le deuxième sabotage européen

Le 26 octobre dernier, la télévision russe diffusait en entier un entretien entre Vladimir Poutine et général Valery Guerassimov.

À l’occasion de cet exercice de propagande, le chef militaire déclarait que dans les villes de Koupiansk et de Pokrovsk, environ 10 500 soldats ukrainiens étaient totalement encerclés et étaient en voie d’être anéantis par l’armée russe.

Jusque-là, Washington s’était fié aux comptes-rendus rassurants de Kyiv. Or l’analyse des données satellitaires américaines donnait plus de poids aux affirmations de Moscou qu’à celles de Kyiv.

Selon le géopoliticologue Jaques Baud, la perspective d’un effondrement du front ukrainien (au nord et au centre) aurait suscité une très vive inquiétude au sein de l’administration Trump. Ce qui l’aurait incité à concocter en toute urgence un cadre pour le règlement du conflit.

Le 18 novembre dernier, le média électronique Axios révélait que l’administration Trump préparait un plan secret en 28 points destiné à servir de base à des négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine.

Après un nombre incalculable de sanctions, Washington n’a plus de levier pour forcer la Russie à accepter quoi que ce soit. Voilà pourquoi le document américain fait une place de choix aux exigences russes.

Conformément aux vœux de Washington, Vladimir Poutine s’est dit favorable à ce que la position américaine serve de base à des négociations ultérieures. Un appui qu’il a accordé avec d’autant plus d’empressement qu’il présumait, à juste titre, que le plan américain serait jugé totalement inacceptable par Kyiv.

Pour faire contrepoids aux consultations avec la Russie, la diplomatie américaine a procédé plus tôt cette semaine à des pourparlers avec l’Ukraine, accompagnée de ses plus importants partenaires européens.

Ceux-ci ont préparé le 23 novembre un document en 19 points où tout ce qui ne convenait pas aux dirigeants ukrainiens a été purgé. Si bien que cette contre-offre est l’antithèse du plan que Trump a soumis aux belligérants.

La contre-offre européenne (COE)

La taille de l’armée ukrainienne après la guerre

La COE propose que l’Ukraine puisse se doter d’une armée de 800 000 hommes en temps de paix, soit davantage que ce que propose l’administration Trump (600 000 hommes).

On doit savoir que les deux membres de l’Union européenne qui possèdent les plus grosses armées sont l’Italie et la France, avec respectivement 338 et 304 mille hommes.

En raison de la présence menaçante de son redoutable voisin, l’Ukraine pourrait donc se doter, au maximum en temps de paix, d’une armée équivalente à celle combinée de ces deux pays.

Pertes territoriales ukrainiennes

Les différentes versions du plan américain divergent quant à l’étendue exacte des pertes territoriales que subirait l’Ukraine. En gros, elles représentent les zones déjà conquises par l’Armée rouge.

Au contraire, la COE veut que le territoire de l’Ukraine revienne à ce qu’il était au moment de l’indépendance du pays en 1991.

Le principe qui guide les alliés européens de Kyiv, c’est que le crime doit être puni. Puisque la Russie est un envahisseur, la dernière chose à faire est de la récompenser pour son crime, disent-ils.

À entendre l’indignation des pays membres de la Coalition des volontaires face à l’invasion russe, on ne croirait jamais que ce sont d’anciennes puissances coloniales…

La reconstruction de l’Ukraine

En vertu du Droit international, un pays peut saisir les avoirs d’un pays ennemi, mais pas de les confisquer. En d’autres mots, on peut empêcher la Russie d’accéder à ses biens, mais on ne peut pas en disposer à sa place.

La banque centrale de Russie possède des réserves de change évaluées à environ 270 milliards d’euros, dont 210 milliards logés dans ses comptes à Euroclear, un organisme international de dépôts de fonds établi en Belgique. Les 60 milliards restants se trouvent aux États-Unis, au Japon, au Royaume-Uni, en Suisse et en Australie.

Selon le plan de Trump, cent-milliards de dollars seraient prélevés des fonds russes gelés à Bruxelles et seraient utilisés à la reconstruction de l’Ukraine.

La moitié de cette somme serait confiée à des gestionnaires d’actifs (comme BlackRock) qui accorderaient les contrats de reconstruction à des firmes américaines et peut-être quelques miettes à des entreprises européennes.

La Russie n’a pas du tout l’intention de payer pour la reconstruction de l’Ukraine. Mais plutôt que s’opposer frontalement à Trump, Poutine a choisi d’appuyer son plan à titre de base de discussion. Ce qui ne veut pas dire qu’il consent à toutes ses dispositions.

La COE propose plutôt que ces fonds servent à financer l’effort de guerre de Kyiv.

Puisque l’administration Trump a décidé de ne plus donner d’armes à l’Ukraine, mais à les vendre à l’Otan (qui refilerait la note à l’Union européenne), cette dernière aimerait financer cela en pillant les avoirs bruxellois de la Russie.

Les garanties de sécurité pour l’Ukraine

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, l’Italie n’a pas eu besoin de ‘garanties de sécurité’. Elle a simplement abandonné sa rhétorique belliqueuse contre ses ennemis d’hier et décidé de reprendre ses liens commerciaux avec eux.

L’administration Trump s’oppose à l’entrée de l’Ukraine dans l’Alliance atlantique (comme s’y opposait également l’administration Biden) et ne veut pas que l’Otan stationne des troupes dans ce pays.

Au contraire, les alliés européens de Kyiv souhaitent que l’Otan puisse y stationner des troupes (mais ‘pas de manière permanente’), et désirent que l’Otan poursuive son expansion vers l’Est.

Ce qui signifie qu’éventuellement, l’Ukraine pourrait en faire partie.

D’ici là, la COE propose que l’Ukraine soit protégée par l’article 5 du Traité de l’Otan, c’est-à-dire qu’elle dispose de tous les avantages de l’adhésion à l’Otan sans en faire partie.

Puisqu’un des deux prérequis à toute participation de la Russie à des négociations de paix est la renonciation définitive de l’Ukraine à adhérer à l’Otan, la stratégie poursuivie par la Coalition des volontaires consiste donc à s’assurer que ces négociations n’auront pas lieu et donc, à saboter l’effort de paix de Washington.

Préparer la guerre de revanche

À l’issue de la Première Guerre mondiale, la France a récupéré l’Alsace-Lorraine, un territoire qu’elle avait perdu lors de la guerre franco-prussienne de 1870.

Aux yeux des hypernationalistes ukrainiens, la protection offerte par l’article 5 du traité de l’Otan (proposée par la COE) est capitale afin de permettre à l’Ukraine de procéder en toute impunité à son réarmement en vue d’une guerre de revanche contre la Russie.

Déclenchée quelques années plus tard, celle-ci permettrait à l’Ukraine de récupérer les territoires perdus à l’issue de cette guerre-ci.

La camisole de force de Zelensky

On s’imagine généralement qu’il suffit de mettre ensemble les chefs d’État de deux pays belligérants, de les empêcher de s’échapper avant la conclusion d’un accord de paix, pour qu’ils finissent par s’entendre.

Malheureusement, ce n’est pas cela que les choses se passent dans la vraie vie.

Quand une guerre oppose deux pays éloignés — les États-Unis et le Vietnam ou l’Afghanistan — le conflit peut s’arrêter quand l’envahisseur plie bagage et rapatrie ses troupes.

Mais une guerre entre deux pays limitrophes ne s’arrête que lorsque le perdant capitule. Or dans ce cas-ci, le perdant, c’est l’Ukraine.

Le problème, c’est que l’article 2 de la Constitution ukrainienne déclare que le territoire national est indivisible. De plus, la loi ukrainienne interdit toute participation à des rencontres internationales où serait négociée une partition du territoire ukrainien.

C’est donc à dire que Zelensky se trouve dans un carcan juridique qui l’oblige à ne rien céder. En somme, à espérer une défaite russe qui n’arrivera pas et, entretemps, à assister, impuissant, à l’anéantissement progressif de son pays.

Comment un pays capitule-t-il ?

Juridiquement, la meilleure issue à cette guerre est la nomination par le parlement ukrainien d’un délégué plénipotentiaire — il s’agit généralement du chef des armées — dont le mandat est de négocier la paix sans que cela implique l’arrêt des hostilités au cours de cette négociation.

De plus, le parlement lui accorderait l’immunité contre toute poursuite ultérieure.

L’acte de capitulation du Troisième Reich a été signé par le général Alfred Jodl au nom du Haut commandement des forces armées allemandes. L’armistice italien a été signé par le général Giuseppe Castellano au nom du gouvernement italien.

À l’issue des négociations secrètes, ce délégué, investi de tous les pouvoirs (d’où son qualificatif de plénipotentiaire), signe l’acte de capitulation.

L’idéal serait que cette capitulation soit inconditionnelle. Ce qui lui éviterait de négocier les pertes territoriales de l’Ukraine.

Et parce que ce traité est supranational, il a juridiquement préséance sur les dispositions contraires de la constitution ukrainienne et des lois qui en découlent.

Théoriquement, Zelensky pourrait être investi des pouvoirs d’un délégué plénipotentiaire. Mais avec son taux d’impopularité, il n’a pas l’autorité de faire déposer les armes aux irréductibles qui voudront continuer le combat.

Seul un militaire de haut rang, estimé de ses troupes, pourra faire entendre raison aux mutins et écraser impitoyablement ceux qui tenteront de renverser le pouvoir intérimaire placé à la tête du pays d’ici de nouvelles élections.

Conclusion

Depuis son retour au pouvoir le 20 janvier de cette année, Donald Trump a tenté deux fois de régler le conflit russo-ukrainien.

Chaque fois, les dirigeants européens les plus belliqueux ont saboté ses efforts en espérant retarder l’heure de vérité.

L’heure de vérité, c’est lorsque les peuples d’Europe se demanderont à quoi ont servi les milliards d’euros que leurs dirigeants ont englouti dans une guerre perdue d’avance. Dans une boucherie qui aura fait inutilement plus d’un million de morts.

Quel respect portera-t-on à ces chefs d’État qui se seront avérés impuissants à modifier le cours de l’Histoire et qui ont révélé, aux yeux de tous, l’étendue de la vassalisation de leur pays à l’hégémonie américaine ?

C’est dans un contexte comme celui-ci que les régimes tombent…

Références :
Coalition des volontaires
Comment les occidentaux comptaient-ils démembrer la Russie ? (vidéo)
Jacques Baud – Le plan de Paix Américain en 28 points (vidéo)
Gel des avoirs russes : au nom du droit, de la justice et des intérêts
Les États-Unis annulent des livraisons d’armements vers l’Ukraine
Le sommet Poutine-Trump à Anchorage : un ‘anchoragement’ modeste
Maxar rétablit l’accès de l’Ukraine aux données satellitaires
Pourparlers sur l’Ukraine : des avancées, mais encore beaucoup de travail
Putin trying to negotiate an end to Ukraine war as he cannot win it on battlefield, says EU’s Kallas
Renseignement et satellites d’observation : arrêt sur image en Ukraine…
Russia-Ukraine war: What’s a ‘coalition of the willing’, Europe’s new plan?
Scoop: Trump plan asks Ukraine to cede additional territory for security guarantee
Sommet de Londres sur l’Ukraine
Sommet européen sur l’Ukraine : les faits saillants
Ukraine : Pokrovsk, l’effondrement d’un récit et la réalité d’une armée à bout de souffle
Un tournant majeur dans la guerre en Ukraine
« Vous n’êtes pas seuls » : des dirigeants européens appuient Zelensky face à Trump
Washington met de la pression sur l’Ukraine en suspendant son aide militaire
Zelensky est plus impopulaire que jamais après près de trois ans de guerre : les grands médias l’admettent
Zelensky says revised peace plan “doable” after key changes

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Ukraine : la réhabilitation des mots ‘négociations de paix’

Publié le 29 novembre 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Avant le retour au pouvoir de Donald Trump, aucun chef d’État européen n’osait utiliser les mots ‘négociations de paix’ car c’eut été un bris de solidarité avec les autres pays de l’Otan.

C’était à l’époque où on croyait que les sanctions financières de l’Occident feraient s’écrouler l’économie russe, provoqueraient la révolte des Russes incapables d’encaisser leurs chèque de paie ou de pension, et entraineraient renversement du régime de Vladimir Poutine.

Comme dans la fable ‘La Laitière et le pot au lait’, on salivait déjà à l’idée du démantèlement de la Fédération de Russie et de la spoliation de ses richesses naturelles par des sociétés occidentales.

Dans les forums de discussion et sur les médias sociaux, n’importe quel participant pacifiste était aussitôt qualifié de ’Munichois’, en référence à ces dirigeants européens qui pensaient amadouer Hitler en lui permettant (par l’accord de Munich) d’annexer une partie de la Tchécoslovaquie.

On se rappellera du scandale provoqué par la visite du premier ministre hongrois à Moscou en juillet 2024 dans le cadre, disait-il, d’une mission de paix. À l’époque, les dirigeants de l’UE dénonçaient toute politique d’apaisement; l’Europe soutenait alors la poursuite de la guerre jusqu’au dernier soldat ukrainien vivant.

Depuis trois ans, les partisans de la ligne dure à l’égard de Moscou — l’Otan et les dirigeants de l’Union européenne, de même que ceux de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne — n’entretenaient plus aucune relation diplomatique officielle avec le Kremlin.

Sans le dire explicitement, ce qu’on soutenait, c’était une guerre totale avec la Russie, c’est-à-dire une guerre dont l’issue ne serait rien d’autre que l’expulsion de l’Armée rouge du territoire ukrainien.

Mais le 12 février 2025, lors d’un appel téléphonique, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont entendus pour entamer incessamment des pourparlers en vue de mettre fin à la guerre en Ukraine.

Estomaqués d’apprendre par les médias que cette guerre pouvait se régler sans eux, les dirigeants européens se sont métamorphosés en apôtres de la paix… à la condition d’en pervertir le sens.

Dans leur bouche, les mots ‘négociations de paix’ signifiaient ’négociations en vue de la capitulation de la Russie’ en sachant très bien que cela n’arrivera pas.

Pour l’Ukraine, le choc était encore plus brutal puisqu’une négociation de paix, c’est comme un buffet; quand on est pas autour de la table, c’est qu’on est au menu…

Et c’est de cette manière que des mots que plus personne n’osait prononcer refont leur apparition dans la bouche des dirigeants de nos pays.

Références :
Accords de Munich
« La Russie n’a pas subi l’“effondrement” économique annoncé par Bruno Le Maire, fin février 2022 »
Ukraine : Poutine ferme sur ses exigences avec Orban à Moscou, vives critiques de l’UE

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le mystère des drones en Europe occidentale

Publié le 27 novembre 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Plus tôt, en Europe de l’Est

Après que l’Ukraine eût subi une attaque de 458 drones et missiles dans la nuit du 9 au 10 septembre dernier, au moins 19 drones russes ont pénétré l’espace aérien de la Pologne et, dans un cas, celui de la Roumanie trois jours plus tard.

Immédiatement, les agences de presse occidentales ont accusé la Russie d’être responsable de ces provocations. L’argument est connu; ce ne peut qu’être que les Russes.

Puisque l’Otan n’a pas jugé bon de publier le trajet précis emprunté par ces drones avant de frapper la Pologne et la Roumanie, des indices publiés sur des chaines Telegram ukrainiennes portent à croire que ces missiles auraient plutôt été tirés d’Ukraine.

L’explication la plus probable est que l’Ukraine ait récupéré des drones-leurres russes après leur chute au sol, leur aurait fait faire le plein de carburant et les aurait tirés vers la Pologne et la Roumaine (deux pays membres de l’Otan) dans l’espoir de pousser l’Alliance atlantique à entrer en guerre directement contre la Russie.

Vers la fin du même mois, d’autres drones suspects sont apparus au-dessus de bases militaires et d’aéroports d’Europe occidentale.

Quels types de drones ?

Pendant quelques jours, les agences de presse demeurèrent muettes quant à la nature des drones observés au Danemark, le premier pays touché en Europe occidentale.

S’agissait-il de drones militaires, alimentés par du carburant, qui possèdent l’autonomie nécessaire pour avoir été tirés de Russie ? Ou s’agissait-il de petits drones à batterie qui ne peuvent qu’avoir été utilisés localement ?

En réalité, des vidéos sur YouTube montraient des drones en état géostationnaire. Donc des drones à batterie.

Le 25 septembre, la nature de ces drones fut révélée après avoir trouvé une explication crédible pour accuser la Russie; trois navires ayant des liens directs ou indirects avec la Russie auraient servi de plateformes de lancement en mer Baltique, près du Danemark.

Le problème, c’est que bien après que ces navires eurent quitté la région, d’autres drones survolèrent des aéroports et des bases militaires en Allemagne, en France, en Norvège, et aux Pays-Bas. Des drones qu’on ne réussit jamais à abattre. Et des méfaits dont on n’arrive pas à trouver les auteurs.

On peut toujours supposer que ces drones à batterie aient été tirés par des agents russes infiltrés au cœur de l’Europe occidentale. Mais peut-on également imaginer que tout cela soit une mise en scène destinée à nous manipuler ?

Le cas d’une base militaire française

Le 2 octobre dernier, dix jours après une première incursion, la base militaire de Mourmelon-le-Grand a été survolée par des drones non identifiés.

Le quotidien L’Indépendant nous apprend que cette base de dix-mille hectares abrite depuis mars 2025 une centaine de centres d’entrainement au maniement de drones et que c’est également là qu’ont été formés 2 300 soldats ukrainiens.

On peut facilement croire que des espions russes veuillent épier le fonctionnement de cette base.

Mais on peut également suspecter que l’Ukraine ait déployé en Europe plusieurs commandos de dronistes très expérimentés avec la mission de survoler des bases militaires et des aéroports de divers pays, sachant que ces pays réagiraient de manière prévisible en accusant la Russie.

Et des pays heureux de justifier l’augmentation importante de leurs dépenses militaires, même au prix de coupes dans leur filet de protection sociale.

Références :
Drones au-dessus du Danemark : tous les chemins maritimes mènent à la Russie ?
Le Danemark dénonce des « attaques hybrides » après de nouveaux survols de drones
« Poutine monte d’un cran » : la France accuse la Russie d’être derrière une nouvelle incursion de drones qui ont survolé une base militaire française
Violations par la Russie de l’espace aérien de pays d’Europe de l’Est

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Drones : quand la russophobie tourne à la névrose

Publié le 20 octobre 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

La semaine dernière, un quotidien montréalais publiait un texte visant à souligner la vulnérabilité du Canada aux drones.

On comprend que le survol d’un aéroport danois par un drone d’origine inconnue puisse paralyser temporairement ses opérations. Ou que le survol d’une base militaire ou d’un site ultrasecret européen puisse compromettre la sécurité nationale d’un pays.

Toutefois, on peut se demander quel serait l’intérêt d’un pays ennemi (dirons la Russie) à survoler l’Arctique canadien. Nuire à la chasse aux phoques ? Perturber la migration des troupeaux de caribous ?

Il est indéniable que dans le cadre d’une Troisième Guerre mondiale, la Russie chercherait à détruire, par des missiles, nos barrages hydroélectriques puisque cela perturberait non seulement l’alimentation électrique du Québec, mais également celle des États américains qui dépendent partiellement de notre électricité.

Mais le survol de notre territoire par des drones est d’une importance militaire très limitée.

Drones domestiques vs drones militaires

Il faut distinguer les petits drones domestiques (qui fonctionnent à pile) des drones militaires (qui fonctionnent au carburant).

Lorsqu’on allume une voiture électrique dans des conditions hivernales, la première chose qu’elle fait est de réchauffer les cellules de sa batterie puisque ses performances chutent à basse température. Ce que ne font pas les drones domestiques.

De plus, la distance minimale séparant les côtes russes des côtes québécoises dépasse 3 600 km, soit la distance entre Montréal et Vancouver.

Aucun drone domestique n’est capable d’une telle autonomie. En clair, dans l’Arctique, leur dangerosité pour le Canada est nulle.

C’est ce que Norad a tenté de faire comprendre à la journaliste.

Après s’est fait dire que pour que Norad intervienne contre un drone, l’incident doit être d’une ampleur telle qu’il nécessite une réponse de défense nationale, l’expert Éric Sauvé va plus loin et lui précise subtilement : « En bas d’un certain seuil [de dangerosité], ce n’est pas une préoccupation pour le Norad

Un autre expert consulté ajoute que le fait que faire voler des drones dans le froid polaire représente un défi, en raison de la faible autonomie des batteries et de la glace qui peut se former sur les ailes.

Interrogé quant à savoir si le Canada était capable de détecter la présence de drones sur l’ensemble du territoire canadien, particulièrement en Arctique, le ministère de la Défense ne s’est même pas donné la peine de répondre.

Quant aux drones militaires, un des experts déclare : « un drone de 1,5 mètre, quels dommages ça peut faire ? Pratiquement rien. […] En termes de capacité de collecte [d’informations], c’est très limité aussi

Ce qui est amusant à la lecture de cet article, c’est à quel point la journaliste est sourde à ceux qui tentent de lui faire comprendre la futilité de sa quête.

Elle se laisse donc convaincre par une entrepreneur qui travaille à développer une technologie capable de détecter les drones dans l’Arctique.

Quand celui-ci lui déclare que si un brise-glace hostile naviguant dans les eaux internationales envoyait un drone dans l’espace aérien canadien, il est plus que probable qu’on n’en saurait rien, il ne vient pas à l’esprit de la journaliste que les eaux internationales dans l’Arctique, cela n’existe pas.

En effet, depuis 1986, le Canada estime que les eaux de l’archipel arctique constituent des eaux intérieures, sous souveraineté du Canada. Ce que la Russie ne conteste pas, mais que refusent de reconnaitre les États-Unis.

D’autre part, tous les brise-glaces russes et tous les navires chinois qui naviguent au-delà du cercle polaire le font dans l’Arctique russe, navigable une bonne partie de l’année, et non dans l’Arctique canadien, bloqué onze mois par année.

Conclusion

Depuis 2014, l’Otan, les chefs d’État atlantistes, et les agences de presse occidentales (financées secrètement par Washington) font valoir la nécessité d’augmenter substantiellement nos dépenses militaires.

Déjà, cette fabrication du consentement a rallié une bonne partie des journalistes canadiens.

Le texte du Devoir en est un exemple.

Il est coiffé d’un titre qui ressemble beaucoup plus à une hypothèse de départ qu’à la conclusion d’une démonstration irréfutable. Son plus grand défaut est d’escamoter les couts nécessaires à pallier la menace, mineure selon le Norad, des drones russes.

Parce fondamentalement, nous sommes en présence d’un choix politique; voulons-nous consacrer des sommes colossales à nous protéger d’une invasion militaire russe qui, du moins au Québec, n’arrivera pas ou voulons-nous consacrer cet argent à des fins plus utiles ?

Références :
En Arctique, le Canada vulnérable aux drones
Hausse des dépenses militaires : la fabrication du consentement
La géopolitique de l’Arctique

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Aperçu de l’idéologie de Juan Branco

Publié le 14 octobre 2025 | Temps de lecture : 3 minutes
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Présentation

Juan Branco est un des plus brillants intellectuels français. Les 90 premières minutes de cette entrevue exposent ses vues d’une extrême lucidité sur différents sujets.

Dans le reste de l’entretien, M. Branco aborde ses problèmes juridiques, ce qui en diminue l’intérêt.

Pour ceux qui ne voudraient pas se donner la peine d’écouter l’intégralité de cette vidéo, voici la transcription de deux extraits importants.

La démocratie parlementaire (à partir de 57:32)

La démocratie représentative consiste à créer une caste qui peut être héritière de la bourgeoisie ou, si elle ne l’est pas, qui va, par nature, s’embourgeoiser.

Quand vous gagnez 6 000 euros par mois en tant que député, vous n’appartenez plus au corps du peuple dont vous êtes issu, y compris si vous étiez ouvrier.

Et le passage des années va nécessairement éroder votre capacité à représenter et à ressentir ce que ressentent ceux qui vous ont élu.

Il est évident que la démocratie représentative porte en elle l’embourgeoisement et donc, quelque part, l’effacement du peuple qui est censé la constituer.

Le déclin des partis de gauche (à partir de 1:08:24)

La gauche sociale-démocrate que l’on connait aujourd’hui est en train de s’effondrer en Occident pour des raisons qui sont parfaitement compréhensibles; parce qu’elle n’arrive pas à substituer [l’abandon de l’espoir émancipateur de la redistribution de la richesse par] autre chose.

Elle essaie de le faire par une extension toujours plus infinie de la perspective égalitariste, notamment avec les grands combats pour l’égalité sexuelle, mais jusqu’à des niveaux qui deviennent aberrants.

Jusqu’à […] normaliser des faits de société parfaitement minoritaires, voire marginaux. Et les rendre centraux — comme la transsexualité […] — dans l’espace public et en faire les points de clivage avec les autres forces politiques.

Alors que ce sont des questions fondamentales pour ceux qui sont concernés — [les personnes atteintes de] troubles d’identité [sexuelle] qu’il faut évidemment protéger — mais on ne peut pas en faire des instruments d’un clivage politique.

Parce que, ce faisant, non seulement on les instrumentalise et […] on accroit la violence [politique] qui va s’appliquer sur eux, mais en plus, on leur donne un rôle qu’ils ne peuvent pas occuper parce qu’ils sont justement dans un phénomène qui […] ne concerne pas la majorité de la population. […]

C’est très intéressant parce que la gauche, tout d’un coup, quand on la met face à cet abandon de son logiciel idéologique, […] essaie de contre-attaquer en disant : “Ah, vous êtes confusionistes. Vous essayez de…

Au-delà du fait qu’il faille se méfier des ‘—ismes’, en général, qui sont des catégories appauvrissantes de la pensée, on voit bien que c’est une sorte [de moyen] de la dernière chance pour essayer de s’aveugler face à ses propres insuffisances et son incapacité à faire corps à nouveau [avec] la société.

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| Géopolitique, Opinion | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Les Palestiniens libérés : la nouvelle traitrise du gouvernement israélien

Publié le 13 octobre 2025 | Temps de lecture : 2 minutes

Après avoir tenté de faire dérailler les négociations de paix en assassinant sournoisement les négociateurs palestiniens réunis au Qatar, le gouvernement israélien vient de se livrer à une nouvelle fourberie.

En échange des 48 Israéliens encore retenus dans la bande de Gaza, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou avait convenu de libérer 250 Palestiniens (surtout de la bande de Gaza, mais aussi de Cisjordanie) condamnés à perpétuité par les tribunaux israéliens.

À cela devaient s’ajouter 1 700 otages Gazaouis qui ne sont accusés d’aucun crime mais qui ont été capturés par l’armée israélienne dans le seul but de servir de monnaie d’échange avec le Hamas.

On apprend aujourd’hui que 154 des 250 condamnés ne retourneront pas dans leurs familles, mais seront plutôt déportés par Israël dans un pays tiers.

Puisque ces exilés ne possèdent que la citoyenneté palestinienne, leur déportation dans un pays tiers est une nouvelle violation du Droit international par le gouvernement israélien.

En janvier dernier, à l’occasion d’un échange précédent de prisonniers, douze Palestiniens avaient été déportés dans des pays du Maghreb et du Proche-Orient, nommément en Algérie, en Tunisie et en Turquie.

On peut penser que cette nouvelle perfidie sert à saboter les autres volets du plan américain, de manière à permettre la poursuite de la guerre coloniale qu’Israël livre en Palestine depuis plus de 75 ans.

Références :
Frappes au Qatar : comment Israël pulvérise les perspectives de négociations sur Gaza
‘Inhumane’: 154 freed Palestinian prisoners forced into exile by Israel
Israël et le Hamas s’accordent sur une liste de prisonniers palestiniens à libérer

Paru depuis : Gaza medics find signs of torture on Palestinian bodies returned by Israel (2025-10-13)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’ingérence étrangère en Moldavie

Publié le 8 octobre 2025 | Temps de lecture : 19 minutes

Importance géostratégique

La Moldavie est un pays enclavé entre la Roumanie et l’Ukraine.

Avant le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, c’était le pays le plus pauvre d’Europe.

La Moldavie n’est pas productrice de pétrole ni de minéraux critiques. De manière générale, elle ne produit rien d’essentiel à l’économie mondiale. De plus, avec sa population de 2,8 millions d’habitants, c’est un marché d’exportation secondaire pour n’importe quel de ses voisins.

D’autre part, l’article 11 de sa constitution se lit comme suit :

La République de Moldavie proclame sa neutralité permanente. Elle n’admet pas la présence de troupes militaires d’autres États sur son territoire.

Tout cela confère à la Moldavie une importance géostratégique mineure, essentiellement limitée à sa position géographique, plus précisément à une position entre deux blocs hostiles; l’Otan (à l’ouest) et la Russie (à portée de missile).

À l’Est, le long de sa frontière avec l’Ukraine, une longue bande de son territoire correspond à sa province sécessionniste de Transnistrie. C’est là où se trouve une bonne partie sa minorité russophone. Celle-ci compte pour quatre pour cent de la population moldave, le pays étant à 82 % roumanophone.

Précisons que la Transnistrie n’est reconnue par aucun pays. Pas même par la Russie.

En raison de sa neutralité militaire, le pays est doté du budget militaire le plus faible d’Europe (0,5 % de son PIB).

En somme, la Moldavie ne compte que sur sa diplomatie pour se maintenir en équilibre entre les rivalités hégémoniques des empires qui l’entourent, des empires qui n’hésitent pas à s’immiscer dans ses affaires intérieures dans le but de modifier cet équilibre à leur avantage.

Le référendum constitutionnel de 2024

À la suite du Sommet de l’Otan à Bucarest en 2008, Vladimir Poutine avait fait savoir que l’adhésion de la Biélorussie ou de l’Ukraine à l’Otan serait une menace existentielle aux intérêts stratégiques de la Russie et constituerait un casus belli.

En réaction à l’invasion de l’Ukraine, la Suède et la Finlande se sont empressées de devenir membres de l’Otan.

La Moldavie n’a pas pu faire de même en raison de sa constitution.

De plus, le 2 février 2023, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que la Moldavie pourrait subir le sort de l’Ukraine (c’est-à-dire être envahie par la Russie) si la Moldavie décidait de rejoindre l’Otan.

Plutôt que de supprimer l’article 11 de sa constitution (et ainsi risquer une guerre), les dirigeants du pays ont plutôt choisi d’ajouter à la constitution des dispositions d’apparence anodine qui, dans les faits, font contrepoids à l’article 11.

En 20 octobre 2024, les électeurs moldaves étaient invités à se prononcer sur la pertinence d’amender la Constitution moldave afin d’y stipuler le caractère irréversible du cheminement de la Moldavie en vue de son adhésion à l’Union européenne (UE).

Le bulletin de vote précisait le texte des amendements à apporter à la constitution :

Le préambule [de la constitution] est complété par les nouveaux paragraphes suivants :

RECONFIRMANT l’identité européenne du peuple de la République et l’irréversibilité du parcours européen de la République de Moldavie.

DÉCLARANT l’intégration dans l’Union européenne comme objectif de la République de Moldavie.

La constitution est complétée par un titre V dont le contenu est le suivant :

TITRE V : INTÉGRATION DANS L’UNION EUROPÉENNE

Article 140 : Adhésion aux traités fondateurs […] de l’Union européenne.

(1) L’adhésion de la République de Moldavie aux traités fondateurs de l’Union européenne […] est établie par le parlement par le biais d’une loi organique.

(2) En raison de cette adhésion, les dispositions des traités fondateurs de l’Union européenne […] l’emportent sur toute disposition contraire des lois nationales […].

Comme nous le verrons plus loin, le cheminement vers l’intégration à l’UE est indissociable du cheminement vers l’adhésion, d’une manière ou d’une autre, à l’Otan.

Un référendum sous influence

L’influence occidentale

À dix jours du référendum, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a tenté d’en influencer le résultat en se rendant dans la capitale moldave pour y annoncer une aide sans précédent de 1,8 milliard d’euros sur deux ans (2025-2027) en faveur de la Moldavie.

Cette aide est principalement constituée d’un prêt dont les versements peuvent en tout temps être différés si le cheminement de la Moldavie vers l’UE laisse à désirer selon Bruxelles.

Le taux de participation au référendum fut de 50,69 %, soit 1,5 million de votants sur 3,0 millions d’inscrits (comprenant la diaspora moldave). De plus, le ‘oui’ l’emporta avec 50,35 % des voix exprimées. Ce qui veut dire que seulement 25,5 % de la population adulte du pays a voté ‘oui’.

Ce faible taux d’approbation s’explique moins par le désintérêt des électeurs que par les embuches dressées contre leur participation au scrutin.

Alors que la diaspora moldave en Amérique du Nord a pu voter électroniquement et alors que des centaines de bureaux de vote ont été ouverts afin de permettre à la diaspora moldave en Occident de voter, seulement deux bureaux de vote ont été mis à la disposition de la diaspora moldave en Russie, généralement pro-russe. Or cette dernière, forte d’environ un demi-million d’expatriés, est presque aussi importante que la diaspora moldave en Occident (entre 500 000 et 600 000 personnes).

Cette parcimonie est un choix politique des autorités moldaves puisque Moscou n’avait pas intérêt à ce que la diaspora de Russie connaisse des difficultés à s’exprimer.

L’influence russe et sa répression

L’oligarque israélo-moldavien Ilan Șor (qu’on prononce ‘Chor’) est un escroc extrêmement populaire en raison de son mécénat. En 1998, il fonda un parti politique à son nom, un parti qu’il dirigea en Moldavie de 2016 à 2019, et à partir de Russie entre 2019 et 2023.

En 2017, il fut condamné à 7,5 années de prison pour fraude. Pendant que la cause était portée en appel, il s’enfuit en Israël en 2019, puis en Russie. Sa peine fut doublée à 15 ans par la Cour d’appel de Moldavie en 2023.

Dès septembre 2022, son parti organisa d’importantes protestations contre le gouvernement pro-européen au pouvoir en raison de la crise énergétique qui secouait le pays.

Le 3 octobre 2024, les dirigeants moldaves accusaient Ilan Șor d’avoir, à coup de millions d’euros provenant de Russie, tenté d’acheter les votes de 130 000 personnes en vue du référendum. Ce qui constitue une accusation ridicule puisque, dans le secret de l’isoloir, l’électeur demeure libre de voter pour qui il veut.

Étant donné que les avoirs d’Ilan Șor en Moldavie ont été saisis par la Justice parce qu’acquis frauduleusement, l’argent qu’Ilan Șor dépense en Moldavie provient évidemment de Russie, sans qu’on puisse déterminer si cet argent est le sien ou s’il dépense des sommes que lui verse le Kremlin.

Au lieu de servir à acheter des votes, cet argent servait plutôt à rémunérer des journalistes, des influenceurs sur les médias sociaux, des prêtres orthodoxes, et toute personne capable de modifier le résultat du scrutin. Ce qui constitue de l’ingérence étrangère au sens strict du terme puisqu’Ilan Șor, citoyen moldave, dépense cet argent à partir de l’Étranger.

Ajoutons toutefois que l’Union européenne fait pareil par le biais des ONG moldaves à sa solde.

Le 8 novembre 2022, le gouvernement du pays entama des procédures afin de bannir le parti Șor. Ces procédures aboutiront le 19 juin de l’année suivante; la Cour constitutionnelle de Moldavie interdit alors ce parti, accusé de participer aux tentatives de ‘déstabilisation’ du pays par la Russie puisque toute protestation contre la politique étrangère du gouvernemental pro-européen est jugée subversive par les tribunaux.

Entretemps, le 19 décembre 2022, afin d’assurer ‘la sécurité de l’espace informationnel’ (sic), le Conseil de l’audiovisuel décidait de retirer temporairement les permis de diffusion aux six chaines en langue russe que possédait l’oligarque Ilan Șor (Prime TV, RTR Moldova, Accent TV, NTV Moldova, TV6 et Orhei TV).

Même si la minorité russophone de Moldavie ne compte que pour quatre pour cent de sa population, l’auditoire de ces stations est beaucoup plus vaste puisque les deux tiers des adultes moldaves sont trilingues (incluant le russe).

Les élections législatives de 2025

Le 28 septembre dernier, les Moldaves étaient appelés aux urnes pour élire leurs députés.

Précisons que l’élection présidentielle s’est tenue l’an dernier, en même temps que le référendum dont nous venons de parler. La présidente actuelle y a été élue grâce au vote de la diaspora en Occident puisqu’en Moldavie même, son adversaire a obtenu 51 % des suffrages.

Aux élections législatives du mois dernier, le Parti Action et Solidarité (PAS), fondé en 2016 par la présidente, a été reporté au pouvoir.

Ont participé à l’élection, 52,2 % des inscrits. Le PAS a obtenu 50,3 % de ceux qui ont voté, soit 26,3 % de la population adulte du pays.

Au cours des mois qui ont précédé le scrutin, la présidente du pays a accusé le Russie de mener une campagne sans précédent pour faire dérailler le cheminement de la Moldavie vers son intégration européenne. À défaut de moyens de mesurer précisément l’ampleur de l’ingérence russe, il est certain que Moscou tente d’influencer à sa manière la politique Moldave.

Thèmes électoraux

En plus des thèmes économiques communs à toutes les campagnes électorales, la vie politique moldave n’oppose pas des partis pro-européens à des partis pro-russes, mais plutôt des partis pro-UE à des partis nationalistes.

Cela rappelle le référendum français de 2005 (au sujet du Traité de Rome-II) où s’affrontaient les partisans de l’intégration européenne à ceux qui s’opposaient à la perte de souveraineté du peuple français au profit de Bruxelles.

C’est là une différence fondamentale avec les élections législatives récentes en Géorgie où s’affrontaient d’une part un parti opposé aux valeurs sociétales condamnées vivement par l’Église orthodoxe, et d’autre part une opposition qui promeut le mariage gai et défend les droits des minorités de genre.

C’est également une différence avec les élections en Ukraine où, de l’indépendance à 2014, tous les partis étaient pro-européens mais s’opposaient sur l’opportunité de l’adhésion du pays à l’Otan.

En théorie, la Moldavie pourrait adhérer à l’UE sans abandonner sa neutralité militaire. Dans les faits, cela est impossible.

On doit savoir que depuis 1945, l’UE n’a admis parmi ses membres que des pays qui étaient déjà membres de l’Otan ou, dans le cas des pays qui possédaient le statut de pays neutres (comme la Finlande et la Suède), qui avaient préalablement conclu avec l’Alliance un Partenariat pour la paix.

L’intégration militaire de ce Partenariat est tel qu’en cas d’abandon de sa neutralité, un pays est instantanément admis à l’Otan s’il le souhaite.

En aout 2025, l’Otan et la Moldavie menaient des exercices militaires conjoints sur le territoire moldave, en totale violation de l’article 11 de la constitution. Et ce, grâce à la complicité des dirigeants pro-UE du pays.

Si les Moldaves sont si méfiants à l’égard de l’Union européenne, c’est moins parce qu’ils ont compris que l’UE est la ‘carotte’ de l’Otan que par le fait que l’opposition mène une campagne de peur.

Déjà, les sanctions contre la Russie ont considérablement appauvri la Moldavie. La crainte véhiculée par les partis nationalistes, c’est que l’augmentation considérable des dépenses militaires liée à la perte de la neutralité du pays appauvrisse encore davantage le peuple moldave.

Par-dessus tout, cette crainte est basée sur la présomption d’une volonté cachée de l’UE d’entrainer le pays dans une guerre avec la Russie. Comme les politiciens atlantistes, soutenus par Washington, l’ont fait en Ukraine.

L’ingérence de Merz, Tusk et Macron

Le 27 aout dernier, le Jour de l’indépendance moldave — mais, coïncidence, à un mois des élections législatives — le chancelier allemand, le premier ministre polonais et le président français se sont rendus en Moldavie pour faire campagne en faveur des partis pro-européens moldaves.

À cette occasion, ils se sont adressés à la foule réunie lors d’un concert dans la capitale retransmis en direct sur la télévision d’État.

Le chancelier allemand s’est exprimé en anglais alors que le premier polonais, de même qu’Emmanuel Macron, se sont exprimés en roumain.

Dernier des trois à parler, le président de la République française a terminé son discours par les paroles suivantes (traduites ici par Google Translation) :

Demain, notre Union européenne sera plus forte avec [l’adhésion de] la Moldavie. Et elle sera aussi, avec l’Europe, plus forte et plus prospère. Ensemble, nous allons écrire un nouveau chapitre de la Moldavie et de l’Europe.

Nous sommes aujourd’hui à vos côtés et aux côtés de la présidente Maia Sandu qui se bat depuis le premier jour, avec beaucoup de courage, pour une Moldavie indépendante, forte, démocratique et ancrée à l’Europe.

Vive la Moldavie ! Vive l’Europe ! Vive la Moldavie dans l’Europe ! Vive une Moldavie indépendante ! Vive l’Europe unie !

L’ingérence de l’Union européenne

Le 11 mars 2025, le Parlement européen approuvait un plan de soutien pour la Moldavie de 1,9 milliard d’euros sur deux ans. En plus précis, c’est essentiellement le même plan qu’Ursula von der Leyen annonçait l’an dernier, à dix jours du référendum. Comme quoi une promesse qui fait de l’effet peut toujours servir deux fois.

Ce plan comprend un don de 520 millions d’euros. Pour comprendre l’importance de cette somme, précisons que le budget de l’État moldave comprend des revenus de 3,3 milliards d’euros et des dépenses de 3,9 milliards. À titre de comparaison, le budget de la Moldavie correspond à la moitié du budget de la ville de Montréal.

Pour entrer en vigueur, ce plan devait être approuvé par la Commission européenne.

C’est à l’occasion d’une visite dans la capitale moldave que la présidente de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen, en a fait l’annonce officielle, le 9 octobre dernier, soit trois semaines avant le scrutin.

Cette proximité temporelle ne doit pas être interprétée, nous dit-on, comme une ingérence de l’Union européenne dans les affaires internes de la Moldavie. Vraiment ?

Des partis politiques interdits à deux jours du vote

En avril 2024, de son exil en Russie, Ilan Șor mit sur pied une coalition politique de quatre partis nationalistes appelée Victoire.

À la demande du ministre de la Justice, la Commission électorale de Moldavie a interdit deux partis politiques (dont ‘Cœur de Moldavie’, membre de cette coalition) à deux jours du scrutin. Et ce, à partir de soupçons de financement illégal.

Puisque les bulletins de vote avaient déjà été imprimés, on ignore comment les électeurs ont été avisés de ce bannissement de dernière minute et dans quelle mesure ils y ont cru.

Dans tous les cas, on peut penser que cela a nui à la participation au scrutin de ceux ou celles qui se proposaient de voter pour l’un ou l’autre de ces deux partis.

Les obstacles au vote en Transnistrie

À la frontière de la Transnistrie, seulement 12 bureaux de vote ont été ouverts pour permettre à la population moldave de Transnistrie de voter, alors qu’on en avait ouvert 41 lors du référendum constitutionnel.

De mystérieux appels à la bombe ont provoqué la fermeture de nombreux ponts qui permettaient aux électeurs de Transnistrie de traverser la frontière administrative moldave pour y voter. Les ponts ont été rouverts trente minutes avant la fermeture des bureaux de vote. De nombreux Transnistriens n’ont donc pas pu voter.

Les obstacles au vote de la diaspora

La diaspora moldave comprend entre 1,2 et 2 millions de citoyens, soit le quart de la population du pays.

Puisque la diaspora en Occident est exposée à la propagande occidentale, on peut présumer qu’elle est surtout pro-européenne. De la même manière, on peut présumer que la diaspora en Russie, exposée à la propagande russe, est surtout pro-russe.

En Russie, où la diaspora moldave compte un demi-million de personnes, seuls deux bureaux de vote ont été ouverts, soit le même nombre qu’au Japon où le nombre d’expatriés est très faible.

En comparaison, on a ouvert plusieurs centaines de bureaux de vote en Occident, dont 73 en Italie, 36 en Allemagne et 26 en France.

Conclusion

La Moldavie se trouve au voisinage de deux pays qui ont suivi des parcours très différents; l’Ukraine et la Géorgie, deux pays que Washington cherchait, depuis des décennies, à transformer en ennemis militaires de la Russie.

En Ukraine, le coup d’État de 2014 a définitivement fait basculer le pays dans le giron occidental et amené l’Ukraine à la guerre. À la manière de la fable ‘La Laitière et le pot au lait’, le mirage de la belle prospérité européenne s’est dissipé pour faire place à un champ de ruines.

En Géorgie, après des années de rapprochement avec l’UE, le parti au pouvoir s’est lassé de l’instabilité politique causée par la guerre culturelle que Bruxelles menait dans le pays par le biais d’ONG à sa solde.

Après sa volteface nationaliste, le PIB de la Géorgie s’est accru au rythme annuel de 8 à 10 % depuis trois ans, soit bien au-delà de la croissance des économies européennes, plombées par les sanctions économiques contre la Russie.

En Moldavie, les amendements constitutionnels de 2024 constituent une camisole de force qui oblige les élus, même nationalistes, à taire leurs réticences à l’égard de la perte de souveraineté de leur pays au profit de Bruxelles à défaut de quoi ils sont sujets à la destitution au motif de menace à l’ordre constitutionnel par la Cour constitutionnelle moldave, aussi interventionniste en politique que sa collègue de Roumanie.

De plus, en refusant de se protéger contre toute ingérence étrangère (comme l’a fait la Géorgie), la Moldavie laisse libre cours à la propagande de l’UE qui aura tôt fait de l’entrainer sur la pente glissante de l’hostilité envers la Russie.

Bref, dans un pays exposé à la fois à la propagande russe et à celle — beaucoup plus apparente — de l’Occident, la lutte biaisée contre l’ingérence étrangère sert de prétexte au trucage des élections par les forces politiques et judiciaires pro-européennes du pays.

Références :
« Après la Roumanie, la Moldavie » : pourquoi le patron de Telegram Pavel Durov accuse la France de « tentative d’ingérence »
Avant la présidentielle, l’UE dévoile une aide record à la Moldavie
Crise constitutionnelle moldave de 2019
Crise énergétique moldave de 2022-2024
Emmanuel Macron apporte un « soutien déterminé » à la Moldavie et dénonce les « mensonges » russes
En août [2025], la Moldavie hébergera des exercices conjoints avec deux pays de l’Otan
Entrevue avec Maia Sandu (vidéo)
Guerre en Ukraine. Sergueï Lavrov évoque une potentielle extension du conflit en Moldavie
Ilan Shor
La Laitière et le pot au lait
La Moldavie dans l’UE ? Un élargissement problématique
La présidente von der Leyen annonce un plan de croissance ambitieux en faveur de la Moldavie à l’occasion d’une visite à Chișinău
La volonté populaire en Europe soumise à la dictature des juges : le cas de la Roumanie
Le Parlement de Moldavie a approuvé le budget de la république pour 2025 avec un déficit
Le Parlement [européen] approuve un nouveau plan de soutien pour la Moldavie
L’importance géostratégique de la Moldavie
Macron en Moldavie : la guerre des ingérences (vidéo)
Manifestations de 2022-2023 en Moldavie
Moldavie
Moldavie : Des élections législatives truquées ? La victoire du parti proeuropéen remise en question par le bloc prorusse
Moldavie : le parti pro-européen gagne les législatives avec plus de 50 % des voix
Moldavie : outre les soupçons d’ingérences russes, l’extrême droite roumaine s’immisce dans les élections législatives
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Moldovan president calls for tougher policing to tackle pro-Russia protests
Moldova’s pro-EU party wins vote mired in claims of Russian interference
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Relations entre la Moldavie et l’OTAN
The pro-European party won Moldova’s election but obstacles to join the EU remain
UE-OTAN : quels rapports ? Les élargissements de l’OTAN donnent le rythme de ceux de l’UE
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Écrit par Jean-Pierre Martel


Suède : protection militaire vs protection sociale

Publié le 28 septembre 2025 | Temps de lecture : 4 minutes


 
De 2023 à 2024, les dépenses militaires de la Suède sont passées de 8,7 à 12,0 milliards de dollars US, soit une augmentation de 37,5 %.

Ce qui a eu pour effet d’augmenter de deux pour cent la dette publique exprimée en pourcentage du PIB, passant de 31,6 % à 33,5 %.

Ce mois-ci, le premier ministre suédois a annoncé que le budget militaire du pays passerait l’an prochain à 18,7 milliards de dollars US.

Amorcée en 2014, la course aux armements des pays de l’Otan s’est accélérée en 2022 à la suite de l’invasion russe en Ukraine.

Dans les pays européens dont l’endettement est jugée préoccupante par les agences de notation, cette priorité à l’armement les obligent à des cures d’austérité.

Plutôt que de laisser la dette nationale exploser et de forcer les Suédois à des choix difficiles lorsque celle-ci sera devenu insoutenable, la Suède a choisi de poursuivre la rigueur budgétaire qui le caractérise depuis toujours et de sabrer dès maintenant son filet de protection sociale.

Mais comment convaincre le peuple suédois de payer pour des services que l’État leur fournissait gratuitement jusqu’ici ?

Depuis les élections législatives d’octobre 2022, le pays est dirigé par une coalition minoritaire de droite qui, pour survivre, dépend du soutient (sans participation) d’un parti qualifié d’extrême droite (les Démocrates de Suède).

L’argumentaire du gouvernement actuel est simple; le filet de protection sociale de la Suède est trop généreux. Selon lui, les mesures adoptées visent à « réduire les facteurs d’attraction pour les migrants qui souhaitent se rendre en Suède dans le but d’y être pris en charge.»

Sans entrer dans les détails, il est à noter que dans le cas particulier de la Suède, cette rhétorique antimigratoire n’est pas totalement dépourvue de fondement.

Toutefois, c’est un écran de fumée.

Le gouvernement suédois n’a pas l’intention de redonner aux contribuables les sommes économisées sous forme de réductions d’impôts. Au contraire, les économies serviront à financer le seul poste budgétaire à forte croissance; celui du ministère de la Défense.

Les généraux suédois ont raison de dire que dans le cadre d’une guerre entre la Russie et la Suède (trois fois moins peuplé que l’Ukraine), le pays capitulerait en moins d’un mois. Ce qu’ils oublient de dire, c’est qu’une guerre limitée à ces deux pays n’arrivera pas.

Toutefois, dans le cadre d’une Troisième Guerre mondiale, la puissance militaire combinée des pays occidentaux dépasse déjà de plusieurs fois celle de la Russie, malgré la montée en puissance de son industrie de l’armement depuis trois ans.

Donc la paranoïa qui s’est emparée des Suédois à l’occasion du déclenchement de la guerre en Ukraine — et qu’on entretient ces jours-ci par des nouvelles invraisemblables — vise à les déposséder au profit du complexe militaro-médiatique.

Après avoir abandonné sa neutralité militaire, vieille de deux siècles, la Suède est en train de découvrir que le prix de l’adhésion à l’Otan, c’est la liquidation de son filet de protection sociale, devenu trop onéreux.

Références :
Dépenses militaires de la Suède
En Suède, la droite devra composer avec l’extrême droite pour gouverner
Gouvernement Kristersson
La Suède a l’intention d’augmenter à nouveau ses dépenses militaires de 18 % en 2026
La Suède réduit ses aides sociales dans l’espoir de restreindre l’immigration
Le complexe militaro-médiatique
L’immigration modifie le modèle social suédois
Suède

Paru depuis : Pour augmenter leurs dépenses militaires, les pays européens tentés de réduire l’Etat-providence (2025-09-30)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Violations par la Russie de l’espace aérien de pays d’Europe de l’Est

Publié le 20 septembre 2025 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

Après que l’Ukraine eût subi une attaque de 458 drones et missiles dans la nuit du 9 au 10 septembre dernier, au moins 19 drones russes ont pénétré l’espace aérien de la Pologne et, dans un cas, celui de la Roumanie trois jours plus tard.

Il n’existe pas de preuve que ces drones visaient à détruire des installations situées en sol polonais ni que ces drones se dirigeaient vers l’Ukraine en effectuant un détour par la Pologne.

Au contraire, plusieurs chaines Telegram ukrainiennes ont rapporté que trois engins quittaient la région de Volhynie pour la Pologne. Cette région est située au nord-ouest de l’Ukraine.

Il y a donc deux possibilités. Soit que ces drones ont été tirés de Russie avant de dévier vers la Pologne après un bref survol du territoire ukrainien. Ou soit que leur point de départ était situé en sol ukrainien et n’ont pas été tirés par la Russie.

La violation par des drones

Lors de ses attaques massives, la Russie utilise deux sortes de drones.

Il y a d’abord les leurres. Ceux-ci ne transportent pas de charge explosive.

Tirés dès le début de l’offensive, leur rôle est d’épuiser les défenses ukrainiennes afin d’augmenter les chances que les drones suivants (ceux armés, trois fois moins nombreux) atteignent leurs cibles.

Puisqu’il est impossible de distinguer les drones-leurres des drones armés, l’armée ukrainienne ne peut prendre de risque. Donc, elle recourt indistinctement à ses missiles sol-air afin, idéalement, de tous les détruire.

Dans plus de 83 % des cas, les systèmes de missiles sol-air occidentaux détruisent leurs cibles.

Toutefois, leur cout est astronomique, pouvant atteindre cinq-millions de dollars par missile. Par contre, les drones iraniens et chinois utilisés par la Russie lui coutent de dix-mille à quatre-vingt-mille dollars chacun.

La Russie n’utilise pas des drones-leurres puis soudainement, des drones armés. La transition entre les deux se fait progressivement. Donc, il n’y a pas de moment précis avant lequel l’armée ukrainienne pourrait ‘laisser faire’ et le moment où il faudrait absolument les détruire.

Dans le cas des drones-leurres, ils ne sont pas destinés à revenir en Russie après avoir échappé aux défenses de l’Ukraine parce que cela nécessiterait que la Russie les équipe de deux fois plus de carburant (pour leur permettre d’effectuer le voyage de retour). Or si plus de 80 % sont détruits à l’aller, autant le seraient au retour. Ce qui fait qu’à peine trois ou quatre pour cent d’entre eux reviendraient à leur point de départ.

En somme, les drones qui se sont écrasés en Pologne n’effectuaient pas un voyage de retour en Russie en faisant le détour par la Pologne ou la Roumanie.

Pour expliquer leur présence en Pologne, il y a deux hypothèses.

La première suppose que la défense ukrainienne soit capable de brouillage électromagnétique qui perturbe la navigation de ces drones et les fasse dévier de leur destination prévue.

L’autre hypothèse veut que l’Ukraine récupère les drones-leurres qui s’écrasent au sol en bon état après avoir épuisé leur carburant, leur fasse le plein d’essence et les reprogramme afin qu’ils survolent l’espace aérien de la Pologne dans le but de pousser l’Otan à entrer en guerre directement contre la Russie.

Étant donné que ce n’est pas la première fois que l’Ukraine s’essaie, l’Otan en a vu d’autres.

De plus, il est hautement improbable que l’Alliance atlantique déclenche une Troisième Guerre mondiale au motif que ces ‘attaques’ — qui n’ont fait aucune victime — ont percé le toit de quelques bâtiments agricoles.

Par contre, l’Otan n’allait pas manquer l’occasion d’en faire un drame. C’est ainsi que la Pologne a porté l’affaire au Conseil de sécurité de l’Onu où elle se butera au véto russe. Lorsqu’on tient compte des destructions israéliennes dans la bande de Gaza, on se rend compte de la futilité de la plainte polonaise à l’Onu.

La violation par des MIG-31


 
Hier, des chasseurs-bombardiers de l’Otan ont intercepté trois MIG-31 russes qui survolaient l’espace aérien de l’Estonie.

À aucun moment, les avions russes n’ont survolé le sol estonien; toutefois, ils ont pénétré pendant douze minutes l’espace aérien situé au-dessus de son territoire maritime.

Sur la carte ci-dessus, la Finlande et l’Estonie sont situées de part et d’autre du golfe de Finlande. En vertu du Droit international, l’espace aérien de chacun d’eux s’étend dans le golfe sur une distance de douze milles nautiques (équivalent à environ vingt-et-un kilomètres).

Le problème, c’est que la distance minimale qui sépare les rives de ces deux pays est de 45 km. Ce qui signifie que par endroits, les eaux internationales n’ont que trois kilomètres de large, le reste étant constitué des territoires maritimes de la Finlande et de l’Estonie.

Tracez une ligne droite entre Saint-Pétersbourg et la mer Baltique et vous avez nécessairement une intrusion dans l’espace aérien maritime d’un de ces pays.

Voilà pourquoi les ‘violations’ de l’espace aérien en golfe de Finlande sont devenues fréquentes depuis trois décennies.

Avant l’effondrement de l’URSS (en 1991), le golfe de Finlande et la mer Baltique formaient presque une mer intérieure soviétique puisque de la Russie à l’Allemagne de l’Est, tous les pays riverains étaient soit des républiques soviétiques, soit des pays neutres.

Depuis l’expansion de l’Otan vers l’Est et l’adhésion de la Suède et la Finlande à l’Alliance atlantique, cette mer intérieure a basculé dans le giron otanien.

La conséquence de ce basculement géostratégique majeure, c’est la multiplication des incidents entre ces deux blocs ennemis.

Ce qui prouve que deux empires militaires hostiles devraient toujours être séparés par des pays tampons.

Les pays baltes (dont l’Estonie) devraient être du nombre. Mais depuis que l’Otan a commis l’erreur de les admettre parmi ses membres, ils se sentent invulnérables. Et comme des chihuahuas, ils ne cessent de japper contre le bouledogue russe. S’il n’en tenait qu’à eux, la Troisième Guerre mondiale serait déjà déclenchée.

Fait à noter : l’Otan n’a pas rendu publique la trajectoire précise des trois avions russes au-dessus de la zone maritime estonienne. Ce qui nous empêche d’évaluer l’importance de cette intrusion.

Selon plusieurs experts, les violations mineures de l’espace aérien estonien par la Russie seraient volontaires et serviraient à tester les règles d’engagement des pays de l’Otan, notamment quant au sort à réserver à un avion qui pénètre l’espace aérien d’un membre de l’Alliance.

Références :
Ce que l’on sait des drones russes abattus en Pologne
Infographie : Des drones russes s’incrustent dans des pays de l’OTAN
Intrusion de drones : la Pologne met en garde contre un « conflit ouvert » avec la Russie
Intrusion de drones : le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit à la demande de la Pologne
La Russie passe les frontières de l’OTAN (vidéo)
Les missiles Patriot américains : caractéristiques, prix, puissance et répartition dans le monde
L’OTAN intercepte trois avions de chasse russes en Estonie

Paru depuis : Guerre en Ukraine : le virage des nouvelles règles d’engagement de l’OTAN face aux incursions russes (2025-09-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel