Le statut des provinces ukrainiennes conquises par la Russie

Publié le 13 avril 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Signés en septembre 2014 et en février 2015, les accords de Minsk visaient à faire cesser la guerre civile ukrainienne déclenchée précédemment par le coup d’État du 20 février 2014 et, dans sa foulée, par la décision de Kiev de retirer au russe son statut de langue officielle dans les provinces majoritairement peuplées d’Ukrainiens russophones.

Au cours de l’élection présidentielle de 2019, Volodymyr Zelensky n’a pas seulement fait campagne contre la corruption puisqu’il s’agissait d’un thème récurrent en politique ukrainienne auquel plus personne ne croyait.

S’il a été élu, c’est qu’il avait promis de faire respecter les accords de Minsk. En tant qu’Ukrainien russophone, il apparaissait particulièrement crédible pour ce faire. Surtout lorsqu’on sait que la guerre civile ukrainienne se déroulait dans son coin de pays.

Le résultat, c’est qu’il a obtenu le vote massif des électeurs russophones, de même que la grande majorité des électeurs ukrainophones.

Une fois élu, il a été empêché de réaliser cette promesse (à laquelle il croyait sincèrement).

Le mécène qui finançait sa campagne électorale était l’oligarque ukrainien Ihor Kolomoïsky, le 2e ou 3e homme le plus riche du pays. Et Juif comme Zelensky.

Cet oligarque était propriétaire de la chaine de télévision qui avait présenté la populaire série dans laquelle Zelensky s’est fait connaitre en tant qu’acteur.

Mais il était également le financier de la milice Azov, impliquée jusqu’au cou dans le massacre des Ukrainiens russophones dans l’Est de l’Ukraine depuis 2014. Leur haine antirusse était telle qu’il était hors de question pour ces miliciens de céder aux désirs de Zelensky.

Grâce aux pressions de Kolomoïsky, le président ukrainien croyait bien faire en incorporant ces milices dans l’armée ukrainienne.

Mais au lieu de professionnaliser ces brutes, ceux-ci ont plutôt répandu leur idéologie haineuse au sein de l’armée au fur et à mesure de leurs promotions, méritées en raison de leur bravoure.

Le 24 mars 2021, quand Zelensky signe le décret (ci-contre) ordonnant l’assaut contre les provinces séparatistes, Poutine y voit (à juste titre) l’annonce d’un ‘génocide’ contre la population russophone d’Ukraine.

D’où l’accumulation de son armada aux frontières ukrainiennes à partir d’avril 2021, et le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne le 24 février de l’année suivante.

Tout ceci pour dire qu’il n’y a rien à espérer d’une réconciliation nationale en Ukraine; jamais la population des provinces séparatistes d’Ukraine n’acceptera de faire confiance de nouveau à Kyiv.

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Même si la propagande occidentale répète à satiété que la guerre russo-ukrainienne est illégale, cette affirmation ne s’appuie sur aucune résolution du Conseil de sécurité de l’Onu (où la Russie a droit de véto), ni sur la condamnation d’un tribunal international.

Cette accusation repose sur des résolutions non contraignantes de l’Assemblée générale de l’Onu. Or celles-ci ne font pas partie du Droit international.

En tant qu’avocat, Vladimir Poutine est obsédé par la légalité des gestes qu’il pose (à l’exclusion de l’empoisonnement de ses rivaux politiques).

Même si le Droit international est de facto consultatif, il sait que ce droit peut être instrumentalisé pour justifier la confiscation (et non seulement la saisie) des avoirs de la Banque centrale de Russie en Occident.

Dans l’éventualité où un tribunal aurait à juger de la légalité de l’invasion russe en Ukraine, son argumentaire est résumé dans le tableau ci-dessus.

On peut y voir que le statut réservé aux ‘anciennes’ provinces ukrainiennes est celui de Républiques populaires au sein de la Fédération de Russie.

Références :
Ihor Kolomoïsky
L’engrenage ukrainien
Minsk II
Protocole de Minsk
Ukraine : l’histoire secrète de la révolution de Maïdan

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

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3 commentaires à Le statut des provinces ukrainiennes conquises par la Russie

  1. Jacques Légaré dit :

    Texte très éclairant.

    Cependant, j’aimerais que les faits relatés (les fautes graves prêtées à Zelensky) soient corroborés par des instances très crédibles comme le TPI.

    Enfin, « en tant qu’avocat, Vladimir Poutine est obsédé par la légalité des gestes qu’il pose (à l’exclusion de l’empoisonnement de ses rivaux politiques) » ! Un « obsédé » par le droit, à ce niveau-là, est un diplôme, pour ne pas dire une médaille, qu’aurait mérités Al Capone, ne trouvez-vous pas ?

    • Jean-Pierre Martel dit :

      Je ne vois pas ce qui justifierait une plainte contre Zelinsky devant la Cour pénale internationale.

      L’essentiel des massacres contre les Ukrainiens russophones de l’Est du pays ont été perpétrés avant son arrivée au pouvoir en 2019. De plus, une fois président, les milices néonazies l’accusaient de traitrise (et l’ont menacé de mort) parce sa politique de réconciliation nationale était contraire à la politique de nettoyage ethnique de son prédécesseur pro-européen (porté au pouvoir par le coup d’État de 2014).

      À l’exclusion de sa garde rapprochée, Zelinsky est entouré de gens qui veulent sa perte. La classe politique est derrière lui seulement parce qu’il ‘rapporte’.

      Qu’il rapporte quoi ? Des milliards de dollars d’aide occidentale qui alimente la corruption généralisée du pays et des armes dont une partie se retrouve sur le marché noir.

      Pensez que les milices néonazies ukrainiennes sont fières de montrer sur leurs sites web leur collection disparate de chars d’assaut volés à l’armée et qu’ils conservent précieusement loin du front, dans leur fief de l’ouest du pays.

      Bref, la vie publique de Zelinsky est une tragédie. C’est un homme qui assiste, impuissant, à la destruction de son pays et qui comprend que les dirigeants européens qui l’accueillent en souriant sont des hypocrites qui se servent de lui pour faire la guerre en versant le sang des autres.

      • Jacques Légaré dit :

        Bonjour Jean-Pierre,

        Je suis éclairé par ta réponse à mon commentaire, dans l’ignorance où je suis des faits les plus laids de la résistance ukrainienne à l’impérialisme grand-russe, repris d’ailleurs par les communistes.

        Staline ironisait et disait en substance à ses alliés de 1941-45 : « Je suis raisonnable. Mes chars ne sont pas allés plus loin que Berlin, mais en 1814 les Cosaques d’Alexandre 1er se sont rendus jusqu’à Paris ».

        Tant qu’une démocratie stable, pacifique et douce n’est pas installée dans un pays, toutes les menaces et corruptions sont plus que possibles, mais réelles.

        j.l.

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