Les résultats de l’élection législative en Géorgie

Publié le 27 octobre 2024 | Temps de lecture : 7 minutes


 
Introduction

C’est hier qu’avaient lieu les élections législatives en Géorgie, un pays de Transcaucasie peuplé d’environ cinq-millions de personnes (en rose sur la carte ci-dessus).

Parmi la multitude des formations politiques en lice, c’est le parti au pouvoir (Rêve Géorgien) qui a obtenu le plus de votes, soit 54,1 %.

Cette victoire est d’autant plus remarquable que les quatre principaux partis d’opposition n’ont recueilli qu’un total de 37,6 % des votes. Et ce, alors que Rêve Géorgien est au pouvoir depuis plus d’une décennie.

Les lecteurs de ce blogue qui ont lu le troisième volet de la série consacrée à l’histoire récente de la Géorgie ne seront pas surpris de voir à quel point l’usure du pouvoir semble si peu avoir affecté la popularité de ce parti.

Nous y reviendrons.

La couverture médiatique en Occident

Comme c’est habituellement le cas lorsqu’une consultation populaire ne donne pas le résultat espéré par l’Occident, cette victoire a été rapportée négativement.

De Londres, The Guardian titre « L’opposition pro-européenne de Géorgie en appelle à protester contre les résultats électoraux ‘truqués’ ».

Faisant fi des guillemets qui nuancent la manchette du Guardian, CNN affirme : « L’opposition pro-européenne de Géorgie crie au scandale pendant que le parti au pouvoir soutient avoir gagné l’élection ».

La manchette de la BBC est presque identique; « L’opposition pro-européenne de Géorgie dénonce des élections volées alors que le parti au pouvoir revendique la victoire ».

Chez nous, Le Devoir parle d’un scrutin émaillé d’actes de violence.

Radio-Canada titre : « Après la victoire du parti au pouvoir, la Géorgie s’éloigne de l’UE ». Toutefois, l’article coiffé de ce titre relativement neutre reprend essentiellement les accusations des autres médias occidentaux.

Tout cela est basé sur les allégations trumpiennes des partis d’opposition.

Qu’en est-il véritablement ?

Le scrutin a effectivement été émaillé d’actes de violence.

De plus, des observateurs occidentaux ont raison d’affirmer vaguement qu’il y a eu des ‘inégalités entre les candidats, des pressions et des tensions’.

L’inégalité entre les candidats signifie que ceux dont la caisse électorale est mieux garnie ont davantage été enclins à acheter des votes.

Un peu comme Elon Musk organise aux États-Unis une loterie quotidienne d’un million de dollars en faveur de ceux qui s’engagent à voter pour Donald Trump.

Quant aux pressions, elles concernent les rappels aux fonctionnaires de voter du ‘bon bord’ (ce qui ne veut pas dire que, dans l’isoloir, ils cèdent à ces menaces).

Les mœurs politiques en Géorgie sont plus ‘viriles’ que les nôtres. C’est ainsi qu’il arrive que les députés en viennent aux coups lorsque les esprits s’échauffent au parlement.

Lors de l’élection législative précédente, après la réélection de Rêve Géorgien, un incident a été passé sous silence par nos médias.

Le 7 novembre 2020, le directeur de la Commission électorale d’un arrondissement de la capitale géorgienne a été assassiné après avoir refusé un pot-de-vin de 50 000 $US offert par deux militants de l’opposition pour qu’il prétende faussement que les élections législatives avaient été truquées.

En Géorgie, 50 000 $US représentent une somme considérable que seuls des organismes financés de l’Étranger peuvent se permettre.

Il faut donc prendre garde de la vision en blanc et noir de la propagande occidentale.

Les bousculades provoquées cette année par des agitateurs ne doivent pas nous impressionner. Ils ont pour but d’entacher la légitimité d’une élection perdue d’avance et de permettre aux partis d’opposition de faire en Géorgie ce que Trump fait depuis sa défaite électorale de 2020.

Les raisons de la victoire de Rêve Géorgien

Dans son émission de ce matin sur CNN, le chroniqueur Fareed Zakaria soutenait que, de nos jours, les partis politiques américains ne s’opposent plus en fonction de leurs politiques d’intégration raciale ou de la répartition de la richesse.

L’électorat se divise maintenant en fonction de fractures sociales et de divisions culturelles.

Du côté démocrate, on aura davantage de diplômés d’études post-secondaires, des personnes urbanisées, des partisans de la laïcité, des femmes, et des électeurs de ‘gauche’.

Du côté républicain se retrouvent davantage de personnes moins instruites, de personnes provenant de milieux ruraux, de fervents croyants, des hommes et des électeurs de ‘droite’.

La même chose se rencontre en Géorgie.

Dans la capitale et, dans une moindre mesure, dans les villes de province, les jeunes branchées épousent avec enthousiasme la défense des minorités de genre et les causes à la mode en Occident.

Toutefois, la moitié du peuple géorgien vit sur de petites exploitations agricoles où sont partagées des valeurs traditionnelles, soit celles soutenues par le clergé orthodoxe.

Pour ces personnes, un sermon dominical rappelant l’importance des valeurs chrétiennes a plus d’influence que n’importe quel message posté sur un média social américain.

Or justement, la campagne électorale du parti au pouvoir s’est axée sur la défense des ‘valeurs géorgiennes’ : le travail, la foi, la famille (traditionnelle) et la condamnation des mœurs occidentaux, jugés décadents.

Divisés entre eux par leurs politiques économiques et sociales, les partis d’opposition n’ont pas su faire valoir autre chose que leur accusation simpliste contre le Rêve Géorgien d’être à la solde de Moscou.

Ce qui est extrêmement réducteur aux yeux des Géorgiens eux-mêmes qui, comme leurs dirigeants, voient en Ukraine ce qui arrive quand un pays limitrophe de la Russie choisit de devenir son ennemi militaire.

Bref, aussi anti-russes soient-ils (depuis la guerre russo-géorgienne de 2008, qui a duré neuf jours), les Géorgiens ont choisi la prudence plutôt que la témérité d’une jeunesse branchée qui s’empressera de fuir à l’Étranger si la guerre devait éclater dans leur pays.

Références :
Après la victoire du parti au pouvoir, la Géorgie s’éloigne de l’UE
Bidzina Ivanishvili Backs Anti-Western Policies, Threatens Repressions
Elon Musk’s daily $1 million giveaway to registered voters could be illegal, experts say
En Géorgie, une bagarre au Parlement pendant la discussion sur les « agents de l’étranger »
Georgia’s pro-EU opposition calls for protest over ‘rigged’ election result
Georgia’s pro-EU opposition cries foul as ruling party claims election victory
Georgia’s pro-EU opposition says vote stolen as ruling party claims victory
Two Detained on Bribing, Threatening Late District Election Commission Head

Parus depuis :
Preliminary Report of the International Election Observation Mission (2024-10-27)
Findings of the OSCE/ODIHR over parliamentary elections were overall positive – Irakli Kobakhidze (2024-11-01)
Final Report of the International Election Observation Mission (2024-12-20)

Pour consulter en ordre chronologique tous les textes de cette série consacrée à l’histoire récente de la Géorgie, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


De 2000 à 2020 : principal partenaire commercial

Publié le 26 octobre 2024 | Temps de lecture : 1 minute
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En vingt ans, le commerce international s’est recentré sur l’Asie.

Au début du millénaire, les États-Unis étaient le principal partenaire commercial de la majorité des pays du monde.

De nos jour, c’est la Chine.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Quelques fleurs de juillet 2024 – III

Publié le 25 octobre 2024 | Temps de lecture : 1 minute
Lis asiatique ‘Scarlett’
Souci des jardins
Mauve des bois
Nid de guêpes dans un poirier

 
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8
1re photo : 1/250 sec. — F/13,0 — ISO 1600 — 135 mm
2e  photo : 1/500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
3e  photo : 1/6400 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
4e  photo : 1/1000 sec. — F/2,8 — ISO 150 — 90 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Northvolt : le hold-up financier de la Goldman Sachs

Publié le 24 octobre 2024 | Temps de lecture : 4 minutes

De tous les projets de Northvolt à travers le monde, l’usine québécoise de Northvolt est celui qui bénéficie du meilleur financement.

Non seulement le Québec a entièrement financé l’achat du terrain de 240 millions de dollars sur lequel cette usine sera bâtie, mais Investissement Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec ont déjà investi 710 millions$ dans le projet.

Jusqu’ici, Nothvolt a défriché son terrain à Bécancour, mais l’usine n’est pas sortie de terre. Si bien que les caisses de la succursale québécoise de Northvolt sont pleines.

Pendant ce temps, la maison-mère suédoise se bat pour sa survie; elle manque de liquidités. Or dès qu’une compagnie a les caisses vides, c’est la faillite.

Le gouvernement Legault se fait rassurant en soulignant l’indépendance financière de la filiale québécoise (pleine aux as) de la maison-mère (qui lutte pour sa survie).

Cette indépendance est bien relative (nous y reviendrons).

Sous la pression de ses créanciers, Northvolt a réduit ses dépenses en coupant 1 600 postes à son usine suédoise. Ce qui représente le quart de ses effectifs mondiaux. De plus, elle a remis à plus tard tous ses projets actuels (dont celui du Québec, différé de 18 mois).

Elle a contacté tous ses investisseurs actuels (privés et publics) pour leur demander de contribuer à un financement d’urgence.

Avec 19,2 % des parts, la banque d’investissements Goldman Sachs est le deuxième plus important actionnaire de la maison-mère de Northvolt (un peu derrière Volkswagen, avec 21,0 % des parts).

Cette banque offre d’injecter la plus grande part des 300 millions $US nécessaires pour assurer la survie de Northvolt jusqu’au premier trimestre de 2015. Et ce, à deux conditions.

Premièrement, elle exige que le gouvernement du Québec renonce à ses garanties financières en cas de faillite de Northvolt. En somme, elle veut que le Québec n’ait pas priorité sur elle en cas de liquidation des actifs de la compagnie.

Et deuxièmement, elle exige que les succursales de Northvolt qui ont de l’argent de trop (ce qui vise spécifiquement la succursale québécoise) transfèrent leurs surplus à la maison-mère.

Voyons en détail ces deux exigences.

Le sauvetage d’urgence de la maison-mère n’assure pas la survie de Northvolt à long terme. En d’autres mots, même si le Québec renonce à ses garanties, il n’est pas plus avancé puisque Northvolt pourrait faire faillite quand même si l’ambitieuse campagne de financement projetée l’an prochain est un échec.

Quant au transfert des surplus, ce qui en décide, ce ne sont pas les actionnaires; c’est le Conseil d’administration (CA) de la filiale québécoise.

S’il décide d’investir des centaines de millions de dollars dans le capital-actions de la maison-mère, les actionnaires furieux pourront toujours limoger les membres du CA lors de l’assemblée annuelle des actionnaires. Mais il sera déjà trop tard.

Si la banque américaine réussit son coup, le Québec se retrouvera avec des garanties qui concerneront les avoirs d’une coquille vide que sera devenue la filiale québécoise de Northvolt.

Références :
Déboires de Northvolt : quels seront les impacts à Bécancour?
Northvolt : Une faveur pour sauver les meubles ?
Québec céderait ses garanties financières pour sauver Northvolt

Complément de lecture : Le bras dans le tordeur Northvolt

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Quelques fleurs de juillet 2024 – II

Publié le 23 octobre 2024 | Temps de lecture : 1 minute
Lis asiatique ‘Affiity’
Coquelicot
Iris japonais ‘Geisha Obi’
Iris ‘Rose Queen’

 
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8
1re photo : 1/400 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 106 mm
2e  photo : 1/2000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
3e  photo : 1/2000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
4e  photo : 1/2500 sec. — F/11,0 — ISO 150 — 75 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Quelques fleurs en juillet 2024

Publié le 22 octobre 2024 | Temps de lecture : 1 minute
Scabieuse du Caucase ‘Perfecta Alba’
Lis ‘Erin Kate’
Astilbe
Lis asiatique ‘Sun Ray’

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8
1re photo : 1/4000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 135 mm
2e  photo : 1/1250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
3e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 64 mm
4e  photo : 1/320 sec. — F/11,0 — ISO 150 — 40 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Test à l’Helios 58mm F/2,0

Publié le 19 octobre 2024 | Temps de lecture : 1 minute

À la demande d’un internaute, j’ai effectué ce matin un test rapide de photographie infrarouge à l’aide d’un Helios 58mm.

C’est un objectif dont les caractéristiques ressemblent à celles de l’Helios 85mm, mais atténuées.

Voilà pourquoi je l’utilise rarement.

Voici ce que cette séance photographique a donné.






 
Détails techniques : Appareil Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet. objectif Helios 58mm F/2,0 + filtres à infrarouge Rose Bonbon (filtre bleu B+W KB20 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu 80c de Calumet)
1re photo : 1/400 sec. — F/2,0 — ISO 200 — 58 mm
2e  photo : 1/640 sec. — F/2,0 — ISO 200 — 58 mm
3e  photo : 1/1600 sec. — F/2,0 — ISO 200 — 58 mm
4e  photo : 1/1250 sec. — F/2,0 — ISO 200 — 58 mm
5e  photo : 1/400 sec. — F/2,0 — ISO 200 — 58 mm

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’infrarouge couleur, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La mort d’Imad, dans le nord de la bande de Gaza

Publié le 18 octobre 2024 | Temps de lecture : 2 minutes


Avertissement : le texte suivant peut heurter certaines sensibiltés.

Depuis le début de la réplique israélienne aux attaques du Hamas, le journaliste Rami Abou Jamous publie un journal de bord qui décrit sa vie devenue nomade dans la bande de Gaza et aide à comprendre concrètement le sort des Gazaouis.

Ce journal de bord peut être consulté en ligne sur le site d’OrientXXI.

Dans son texte d’hier, la passage suivant a attiré mon attention.

…Le père de ce cousin a un puits dans son jardin, et des panneaux solaires qui lui fournissent un peu d’électricité pour faire monter l’eau et remplir des citernes.

Quand il peut, il remplit les citernes de ses voisins. Le grand-père était en train de relier la pompe à une citerne [quand] un avion israélien est passé et a lâché une bombe directement sur eux.

Sur les dix personnes qui se trouvaient là, sept ont été tuées sur le coup et trois ont survécu […].

Quand les voisins et les secouristes sont venus, ils ont trouvé tout le monde, les morts et les survivants. Sauf le petit Imad, un des enfants de la famille.

Ils l’ont cherché pendant deux jours.

À un moment, dans une ruelle pas loin, ils voient une meute de chiens affairés autour de quelque chose : ils étaient en train de manger le cadavre du petit Imad, qui avait été projeté là par la bombe. Ils avaient déjà mangé une partie de sa tête et de son ventre.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le conflit indo-canadien

Publié le 17 octobre 2024 | Temps de lecture : 9 minutes

Introduction

Dans les années 1940, émergea en Inde un mouvement en faveur de la création du Khalistan, un pays encastré situé dans le nord du territoire indien actuel et où les personnes de confession sikhe seraient majoritaires.

Ce mouvement prit de l’ampleur à la suite de l’attaque en 1984 du Temple d’Or (un temple sacré) où s’étaient réfugiés des militants Sikhs armés. Cette attaque avait été ordonnée par Indira Gandhi, première ministre de l’Inde. À la suite de quoi, ses gardes du corps Sikhs l’ont assassinée.

Les 770 000 Canadiens de confession sikhe forment la plus importante communauté sikhe hors de l’Inde. Et c’est au sein de cette diaspora qu’on trouve les personnes les plus dévouées à la cause indépendantiste du Khalistan.

Fêter le meurtre d’Indira Gandhi

Selon le calendrier sikh, c’est en avril qu’on célèbre la fête de la Moisson qui, dans l’hémisphère sud, survient à cette période de l’année.

En 2008, à Surrey, en Colombie-Britannique, la parade de cette fête comprenant une célébration de l’assassinat d’Indira Gandhi.

À la suite des protestations du gouvernement indien à ce sujet, le Canada a répondu que la célébration de la violence politique était compatible avec la liberté d’expression garantie par la constitution du pays.

En juin 2023, un défilé sikh à Brampton (en Ontario) mettait en vedette un char allégorique où cet assassinat politique était de nouveau représenté. Cela provoqua d’autres protestations de l’Inde, également rejetées du revers de la main par le Canada.

Le 6 juin dernier, à l’occasion de manifestations sikhes devant le consulat de l’Inde à Vancouver, on célébra de nouveau cet assassinat. Nouvelles protestations de l’Inde : nouveau haussement d’épaules d’Ottawa.

L’assassinat ciblé de Hardeep Dingh Nijjar

En 2007, un attentat survenu dans une salle de cinéma de la ville indienne de Ludhiana a fait six morts et quarante-deux blessés. Selon les autorités, les suspects arrêtés ont allégué que l’attentat était financé et dirigé par le Canadien Hardeep Dingh Nijjar.

En 2016, les médias indiens révélaient que M. Nijjar était soupçonné d’avoir dirigé, à partir du Canada, un attentat terroriste au Pendjab.

Si bien qu’Interpol a émis deux mandants d’arrestation (en 2014 et en 2016) contre M. Nijjar. Deux mandats auxquels le Canada n’a pas donné suite.

Au sud-est de Vancouver, M. Nijjar organisait des camps d’entrainement des Tigres du Khalistan, où les inscrits apprenaient le maniement des armes.


Aparté : En 2018, à l’occasion du voyage de Justin Trudeau en Inde, le Haut-commissariat canadien à New Delhi a organisé un diner d’honneur où était invité Jaspal Atwal, un extrémiste Sikh qui a été condamné à vingt ans de prison en 1986 pour la tentative d’assassinat d’un ministre indien en visite au Canada.

En 2019, Sécurité publique Canada — qui regroupe depuis 2003 toutes les agences fédérales responsables de la sécurité nationale — considérait que l’extrémisme sikh figurait au cinquième rang des menaces terroristes au pays. Toutefois, les députés fédéraux sikhs obtinrent que toutes les mentions de l’extrémisme sikh soient purgées de la version officielle du rapport.

Rappelons que le pire attentat terroriste de l’histoire canadienne, survenu en 1985, est l’explosion du vol 182 d’Air India, en partance de Montréal. Au cours de cet attentat, 329 personnes ont trouvé la mort, dont le pharmacien Gaston Beauchesne, de Hull. À ce jour, cet attentat sikh est demeuré essentiellement impuni.

En 2022, l’Agence de renseignement de l’Inde a accusé M. Nijjar d’avoir dirigé la tentative d’assassinat au Pendjab du prêtre hindou Kamaldeep Sharma.

Ces allégations sont basées sur les déclarations assermentées de suspects arrêtés en Inde. Toutefois, la World Sikh Organization of Canada (WSO) rejette ces allégations qui, selon elle, auraient été obtenues sous la torture.

Il faut noter ici que pour défendre sa cause contre M. Nijjar, l’Inde a dû partager sa preuve avec le Canada alors que la WSO n’a eu qu’à prétendre que cette preuve avait été obtenue sous la torture pour être crue sur parole par Ottawa.

En juin 2024, le quotidien torontois Globe and Mail révélait avoir obtenu des enregistrements de sermons de M. Nijjar où, en 2021, il en appelait à l’utilisation de la violence armée pour créer le Khalistan.

Depuis 1987, le Canada et l’Inde sont liés par un traité d’extradition.

Toutefois, le Canada a rejeté deux demandes d’extradition contre M. Nijjar afin de ne pas indisposer l’important communauté sikhe canadienne, très politisée, au sein de laquelle M. Nijjar était une personnalité respectée.

Las de l’inertie canadienne, l’ambassade l’Inde au Canada a procédé en juin 2023 à l’assassinat ciblé d’Hardeep Dingh Nijjar. Depuis ce temps, les relations entre le Canada et l’Inde se sont détériorées.

Les assassinats ciblés

Couramment, la Russie tue à l’Étranger ses dissidents politiques, autrefois à la ricine, de nos jours au Novitchok.

Le Canadien Gerald Bull, expert en balistique, a été tué à Bruxelles par le Mossad (israélien) en 1990. De nos jours, Israël procède à des assassinats ciblés contre des dirigeants ennemis réfugiés au Qatar, en Syrie ou en Iran. Et il les tuerait ailleurs s’ils s’y trouvaient.

En octobre 2018, le dissident politique Jamal Khashoggi a été dépecé à la tronçonneuse par un commando saoudien en Turquie.

Le même commando a été intercepté quelques jours plus tard à l’aéroport d’Ottawa. Un agent a trouvé suspect que ces personnes, prétendant effectuer un voyage touristique au Canada, apportaient dans leurs valises des instruments de dissection.

Leur victime devait être Saad Aljabri, ancien numéro deux des services de renseignement saoudiens, réfugié au Canada.

Les tueurs étaient accompagnés d’un diplomate saoudien qui a poursuivi sa route et qui n’a pas été expulsé par le Canada comme il aurait dû l’être. De plus, cet incident n’a pas suscité l’indignation de Justin Trudeau.

Parmi la multitude de leurs assassinats ciblés, les États-Unis ont assassiné en 2020 le général Qassem Soleimani à Bagdad.

Bref, l’assassinat ciblé est pratiqué par tous les pays qui en sont capables.

Conclusion

Le Canada représente pour l’Inde ce que l’Afghanistan représentait pour les États-Unis au moment des attentats du 11 septembre 2001; la base arrière d’extrémistes, voire de terroristes ennemis.

Tant qu’Ottawa se montrera indifférent aux préoccupations sécuritaires de l’Inde et refusera de s’attaquer au tabou canadien de l’extrémiste sikh, l’Inde sera tentée de se faire justice.

Ce qui est d’autant plus facile que le Canada est dirigé par un gouvernement dysfonctionnel, incapable de s’acquitter de ses responsabilités.

Ceci étant dit, le monde de demain sera celui de l’Indo-Pacifique.

Or le bilan diplomatique de Justin Trudeau est un désastre; il a réussi à se mettre à dos, entre autres, la Chine et l’Inde, piliers des BRICS.

En 1970, Pierre-Elliott Trudeau avait été un des tout premiers dirigeants occidentaux à reconnaitre la Chine communiste. Son fils a gaspillé le capital de sympathie amassé par son père en participant au rapt de Meng Wanzhou (une dirigeante de Huawei). Depuis, le Canada et la Chine sont à couteaux tirés.

En 2020, le Canada s’est mêlé des affaires intérieures de l’Inde en appuyant officiellement les manifestations de fermiers (principalement Sikhs) contre trois lois agricoles du gouvernement de Narendra Modi.

Et voilà que Justin Trudeau crée une crise diplomatique majeure autour d’un banal assassinat ciblé.

Sa réaction outrée, c’est celle qu’aurait n’importe quel chef d’État si on assassinait un de ses ministres. Pas un simple citoyen. Dans ce dernier cas, une indignation feinte suffit.

Au pouvoir depuis 2015, Justin Trudeau n’a pas encore compris que la scène internationale est le théâtre de la brutalité des nations. Le jour où il l’aura compris, il sortira enfin de l’adolescence.

Références :
Air India serial bomb threats: Why is it significant amid Canada tensions?
Canada’s Assassination Claim Further Divides Its Indian Diaspora
Canada’s Justin Trudeau backs farmers’ protest; India says remarks ‘ill-informed’
Des assassins saoudiens ont été envoyés à Ottawa
Des « ateliers » sur les normes juridiques du Canada pour des fonctionnaires indiens
Droit international et géopolitique (deuxième partie)
Général iranien tué : comment Donald Trump a pris la décision
Gerald Bull
Hardeep Singh Nijjar
India angered by apparent Sikh parade float in Canada portraying assassination
India complains to Canada about controversial images at Sikh parade
Jamal Khashoggi
Khalistanis burn Indian flag, celebrate Indira Gandhi’s assassination in Canada
L’affaire Huawei : dure pour le Canada, la vie de caniche américain
Le chef du Hamas inhumé au Qatar, « jour de colère » contre Israël
Le multiculturalisme et la guerre des diasporas au Canada
Pro-Khalistan Canadians glorify Indira Gandhi assassination; wield sword, burn Indian flag in Vancouver
The Nijjar enigma
Novitchok
Trudeau en Inde: un voyage diplomatique qui tourne au fiasco
Vol Air India 182
Who was Canadian Sikh leader Hardeep Singh Nijjar?
Who was Hardeep Singh Nijjar, the Sikh activist whose killing has divided Canada and India?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Jardins de lumière 2024 (2e partie)

Publié le 14 octobre 2024 | Temps de lecture : 3 minutes

Au Jardin des Premières-Nations





 
Cette année, le Jardin des Premières-Nations a repris les éléments qui étaient les siennes les années précédentes.

Au Jardin de Chine

Le clip vidéo présenté cette année au Jardin de Chine dure sept minutes. Il raconte la légende tragique d’une jeune fille — Zhu Yingtai, promise en mariage au fils d’un riche notable — qui tombe amoureuse de Liang Shanbo, un garçon de son âge.

Apprenant cette promesse de mariage, ce dernier se laisser mourir de faim.

Le jour de son mariage, la jeune fille vient se recueillir sur la tombe de son amant. Dans un fracas de tonnerre, la sépulture s’ouvre, la jeune fille s’y engouffre et les amants réunis se métamorphosent en papillons, puis s’envolent vers l’infini.


 
Projeté sur un écran d’eau (ci-dessus, à gauche), le clip se divise en trois parties.

La trame musicale de la première est Pranda Adventures, de Brand X Music. Celle de la deuxième partie est Tsao Dynasty des mêmes créateurs. Quant à la trame de la troisième partie, Shazam n’a pas réussi à l’identifier.





 
Voici quelques-unes des lanternes chinoises disposées dans le bassin central du Jardin de Chine.





 
L’exposition Jardins de lumière est une rare occasion d’effectuer une visite nocturne des principaux jardins spécialisés du Jardin botanique.



 
Et enfin, voici quelques lanternes chinoises disposées sur le long du chemin menant au Jardin de Chine.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II + objectifs M.Zuiko 25 mm F/1,2 (6e, 8e et 9e photos), Voigtländer 17,5 mm F/0,95 (5e, 11e, 14e et 15e photos), et M.Zuiko 12 mm F/2,0 (les autres photos)
  1re photo : 1/50 sec. — F/2,0 — ISO 6400 — 12 mm
  2e  photo : 1/15 sec. — F/2,0 — ISO 6400 — 12 mm
  3e  photo : 1/13 sec. — F/2,0 — ISO 6400 — 12 mm
  4e  photo : 1/60 sec. — F/2,0 — ISO 6400 — 12 mm
  5e  photo : 1/30 sec. — F/0,95 — ISO 6400 — 17,5mm
  6e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
  7e  photo : 1/60 sec. — F/2,0 — ISO 2000 — 12 mm
  8e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 400 — 25 mm
  9e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 250 — 25 mm
10e  photo : 1/60 sec. — F/2,0 — ISO 6400 — 12 mm
11e  photo : 1/100 sec. — F/0,95 — ISO 1250 — 17,5 mm
12e  photo : 1/60 sec. — F/2,0 — ISO 3200 — 12 mm
13e  photo : 1/50 sec. — F/2,0 — ISO 6400 — 12 mm
14e  photo : 1/200 sec. — F/0,95 — ISO 200 — 17,5 mm
15e  photo : 1/125 sec. — F/0,95 — ISO 200 — 17,5 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel