Environ 85 % de la population mondiale vit dans des pays qui n’ont pas adopté de sanctions contre la Russie et qui refusent de s’impliquer (en vert sur la carte). Non pas que ces peuples approuvent l’invasion russe, mais ils croient que c’est une guerre qui ne les concerne pas.
Un sondage de la firme Pew effectué du 18 au 24 janvier 2023 révèle qu’aux États-Unis, de mars 2022 à janvier 2023, la proportion des électeurs républicains qui estiment que leur pays en fait trop pour l’Ukraine est passée de 9 à 40 % alors que chez les électeurs démocrates, elle est passée de 5 à 15 %. Dans l’ensemble du pays, le changement est de 7 à 26 %.
Plus intéressante est l’appréciation de la dangerosité de cette guerre.
En mars 2022, la moitié seulement des adultes américains — peu importe leur allégeance politique — percevaient cette invasion comme un danger majeur pour les intérêts de leur pays.
Le mois dernier, l’opinion des Démocrates avait un peu diminué, passant de 50 à 43 % alors que chez les Républicains, elle chutait de 51 à 29 %.
Dans l’ensemble de la population américaine, ce pourcentage est passé de 50 à 35 %. Pour un nombre croissant d’Américains, la difficulté rencontrée par l’armée de la Russie à faire la conquête de l’Ukraine suggère qu’on a peut-être exagéré la dangerosité militaire de ce pays pour l’Occident.
Depuis son accession au pouvoir en 1999, la popularité de Vladimir Poutine a varié grandement, surtout au début de son régime. Mais depuis 2000, elle fluctue entre 61 et 84 %, avec, actuellement, un des sommets de popularité, soit 81 % en décembre dernier.
Au XXe siècle, une bonne partie de la population des pays en voie de développement reprochait aux pays occidentaux leur passé colonial et leur gestion brutale des affaires mondiales tout au cours de ce siècle.
Vue comme allié des classes populaires, la Russie jouissait d’un préjugé favorable. Toutefois, ces populations étaient rebutées par les valeurs russes, que ce soit sa laïcité ou le droit des femmes d’exercer des métiers non conventionnels.
Depuis quelques décennies, les valeurs morales de l’Occident — la défense des droits des minorités sexuelles, le respect de l’identité de genre indépendante de l’identité sexuelle — font en sorte que la grande majorité des pays en voie de développement ne voient plus l’Occident comme un modèle à imiter.
Par exemple, la décision de l’armée canadienne de permettre aux soldats non binaires de sexe masculin de se maquiller, de porter des faux cils, du vernis à ongles et une jupe, suscite la risée.
On apprécie donc la technologie occidentale, mais on estime que l’insistance des pays riches à faire changer les lois qu’ils jugent arriérées comme une nouvelle forme de colonialisme.
Depuis l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine, la Russie affiche un conservatisme à la fois religieux et moral — notamment par son homophobie et son machisme — qui rejoint les valeurs traditionnelles des pays du tiers-monde.
Puisque les mentalités évoluent beaucoup plus lentement que les lois, ces pays ont beau se soumettre aux dictats américains, leur population résiste à ces changements et refuse d’endosser la propagande occidentale contre la Russie, un pays qui leur semble plus respectueux de leur culture et de leurs traditions.
Références :
As Russian invasion nears one-year mark, partisans grow further apart on U.S. support for Ukraine
Do you approve of the activities of Vladimir Putin as the president (prime minister) of Russia?
L’inclusion et la diversité au fédéral
Paru depuis :
Pourquoi les pays du Sud sont ambivalents face à la guerre en Ukraine (2023-04-29)
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