Les traces de médicaments dans l’eau potable

Le 25 mars 2013

60 Millions de consommateurs et la fondation France Libertés, publient aujourd’hui une étude qui révèle la présence de traces de pesticides et de médicaments dans environ le cinquième des eaux embouteillées disponibles en France. Précisons que cette étude ne remet pas en cause leur potabilité puisqu’il ne s’agit que de traces infimes.

Le porte-parole déclarait : « C’est ce qui est très perturbant (…) Parce que normalement, on ne devrait pas retrouver ces traces-là (…) Quel est le plus beau symbole de pureté que l’eau minérale (…) Même de symbole de pureté là, il est maintenant touché par les polluants d’origine humaine. »

Depuis 1977, la présence de polluants dans l’eau potable est bien documentée, principalement à partir d’études réalisées en Grande-Bretagne : à l’époque, ce sont les sources approvisionnant la capitale britannique en eau potable qui faisaient l’objet de l’attention des chercheurs.

Ceux-ci avaient découvert que cette eau contenait des traces d’à peu-près tous les médicaments couramment utilisés, dans des proportions variables. C’est ainsi qu’avec une consommation normale d’eau du robinet, un Londonien de 70 ans aura consommé involontairement entre 4 et 16 grammes d’acétaminophène (appelé paracétamol en Europe) dans sa vie, soit l’équivalent de quatre à seize doses maximales de cet analgésique.

De manière générale, plus un médicament est utilisé, plus on en retrouve des traces importantes dans l’environnement. Toutefois, la présence dans l’eau potable sera influencée de manière déterminante par la solubilité du produit dans l’eau.

Il serait rassurant de se dire que depuis les études de ces pionniers, la situation a beaucoup évoluée. Autrefois, les médicaments étaient jetés aux égouts ou dans des sites d’enfouissement alors qu’aujourd’hui le public a pris l’habitude de rapporter les médicaments périmés à sa pharmacie pour être finalement incinérés.

Parce qu’elle n’est pas comparative, l’étude française ne nous dit pas si la situation a évoluée, mais seulement que le problème demeure. Et dans la mesure où les techniques d’analyse se perfectionnent plus rapidement que les méthodes de filtration des usines d’épuration, il est prévisible qu’on trouvera encore longtemps des résidus de médicaments dans nos eaux potables.

Contrairement aux produits chimiques industriels, les aliments et les médicaments sont généralement biodégradables. Toutefois, si les principaux nutriments (glucides, protéines et lipides) sont finalement dégradés par notre métabolisme en de petites molécules (eau, gaz carbonique, acide urique, sels minéraux, etc.), ce n’est généralement pas le cas des médicaments.

Les médicaments sont l’objet d’une transformation partielle. Celle-ci peut être très superficielle — visant à ajouter un radical destiné à augmenter la solubilité dans l’eau afin de faciliter le rejet dans l’urine — ou d’une dégradation qui ne rend pas jusqu’au niveau du gaz carbonique et de l’eau.

Conséquemment, l’immense majorité des médicaments sont rejetés partiellement transformés. Dans tous les cas, lorsque nos enzymes ne sont pas capables de les détruire complètement, les enzymes des microorganismes de la nature sont capables de faire le reste.

Même les médicaments jugés « non-biodégradables » par certains chercheurs, ne le sont que parce que la période d’analyse qu’ils ont choisie est trop courte. Contrairement aux plastiques et autres produits industriels, tous les médicaments sont biodégradables, certains plus lentement que d’autres.

Les médicaments périmés contribuent de manière insignifiante à la présence de substances médicamenteuses dans l’environnement. Plus de 99% des quantités retrouvées proviennent donc les selles et des urines de personnes soignées à l’aide de ces produits.

Les techniques d’épuration des eaux usées et les procédures de filtration des municipalités ont été conçues pour éviter la propagation des épidémies par le biais de l’eau potable. Le chlore détruit les bactéries pathogènes, tandis que le sable et d’autres substances filtrantes assurent la transparence de l’eau potable. Ces techniques, qui datent du XIXe siècle, n’ont jamais été conçues pour éliminer les polluants industriels. Ils éliminent les grosses molécules et laissent passer les petites (dont la très grande majorité des médicaments).

Or de plus en plus d’eaux embouteillées — particulièrement celles parfumées — ne sont que des eaux du robinet ozonisées, purifiées, édulcorées et parfumées. Quant à celles tirées des nappes phréatiques, elles sont parfois contaminées par ce qui suinte des sites d’enfouissement et, en montagne, des fosses septiques de ceux qui y vivent.

Et comme nous sommes à une époque où les États réduisent leur taille sous la pression de leurs créanciers, il ne faut pas s’attendre à ce que les municipalités mettent au point des moyens nouveaux et sophistiqués (donc coûteux) d’épuration des eaux potables qui seraient destinés à débarrasser l’eau de tous ses polluants.

En somme, la seule manière d’éliminer les médicaments de notre environnement, c’est de cesser d’en produire et d’en consommer, ce qui n’arrivera jamais.

Quant aux pesticides et insecticides (dont je n’ai pas parlés), on doit savoir qu’en cas d’interdiction, leur présence dans l’environnement peut être décelable plus d’une décennie après. Raison de plus pour s’y prendre tôt.

Références :
Des pesticides trouvés dans une bouteille d’eau sur cinq
Des traces de pesticides et de médicaments retrouvées dans des bouteilles d’eau
Richardson ML et Bowron JM. The fate of pharmaceutical chemicals in the aquatic environment. J. Pharm. Pharmacol. 1985, 37: 1-12.

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4 commentaires à Les traces de médicaments dans l’eau potable

  1. Pierre Pinsonnault dit :

    Je demeure à cinq minutes à pied du CLSC et du CHSLD de Saint-André-Avellin, Qc, Canada.

    Les données que vous fournissez sont inquiétantes. Je m’informe dès demain matin de ce qui se passe avec les déchets du CHLSD que j’ai fréquenté 18 mois pour aller voir ma mère quotidiennement.

    Il n’y a pas de doute, une énorme quantité de médicaments y sont consommés par cette clientèle vieillissante et non autonome. Ma mère, par exemple, devait en prendre neuf par jour.

    Espérons qu’on ne pourra pas conclure à l’existence moderne d’un nouveau principe (genre vases communicants) à savoir que les médicaments des uns rendent malades les autres. Amen !

  2. sandy39 dit :

    HISTOIRE D’EAUX

    La Vie vient de l’Eau ! 75% de notre corps est constitué d’eau alors on boit de l’eau quand on ne boit pas un bon verre de vin avec nos fromages…

    Revenons les pieds sur Terre avec les lèvres au bord de notre verre d’eau !

    Chez Nous, on a la carafe d’eau : on s’est mis aux cartouches BRITA (sans faire de pub !), vous connaissez ?, pour filtrer l’eau des Morts ! Comprenez-vous ce que je vous dit ?

    Il n’y a pas longtemps, je vous ai raconté une histoire originale que j’ai vécue, au bord du lac. L’eau que l’on boit provient de ce lac où elle est pompée. Actuellement, on ne peut pas y aller s’y baigner : le lac est encore gelé et certains prennent encore le risque de s’y aventurer…

    Au-dessus, dans la côte, il y a le cimetière par où s’écoule l’eau qui vient de plus haut, dans la Montagne.

    Mais, à la Maison, il y a toujours une bouteille d’eau au cas où il y aurait un invité. En ce moment, on a de VOLVIC (ici, je peux faire de la pub, c’est la France !), avec opération commerciale : 1 litre acheté donne 10 litres puisés au Sahel, UNICEF (c’est écrit sur l’étiquette). Et dans certains supermarchés, chaque semaine, il y a des actions. Par exemple, tel produit vous rapporte tant d’euros sur votre ticket de caisse, à déduire lors de votre prochain passage en caisse ou quand vous le voulez.

    On pourrait, aussi, parler des canalisations : le compteur d’arrivée d’eau, dans le garage, a été changé. Ils ont remplacé le plomb par du plastique. Je doute que tout ait été changé, en France.

    A propos de “60 millions de consommateurs” : Est-il vendu chez Vous ? Surtout, ne pas trop en lire (mais comment rester indifférent ?), on douterait de tout et on finirait par se flinguer !

    Mais, il faut reconnaître qu’une bouteille d’eau, à portée de mains, est toujours la bienvenue !

    Si l’EAU lave le CORPS, les MOTS lavent les MAUX de l’AME !

    STOP ! Désolée, je n’ai pas répondu aux questions mais il y a tant à dire quand une goutte de trop peut faire déborder tout le reste…

  3. sandy39 dit :

    Vous vous moquez de moi ! C’est certainement la goutte de trop qui m’a induit en erreur ! Ne soyez pas fâché, je ferai mieux la prochaine fois !

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