Le congédiement de Jacques Duchesneau ou la vengeance de M. Charest

Le 30 octobre 2011

Afin d’éviter de mettre sur pied une commission d’enquête sur l’industrie de la construction, le Premier ministre Jean Charest créait en février 2010 une équipe multidisciplinaire spéciale appelée « Unité anticollusion au ministère des Transports du Québec » (UAC), dirigée par Jacques Duchesneau. Ce dernier est un ex-chef de police de Montréal réputé comme incorruptible.

Très tôt, l’UAC suscite le mécontentement et la grogne. Ses policiers posent beaucoup de questions. Trop de questions.

Les entrepreneurs enquêtés se plaignent d’être victimes de harcèlement policier. Les fonctionnaires disent qu’ils ne peuvent plus travailler en paix. Les firmes de génie conseil réclament qu’on mette fin à l’intrusion de l’UAC dans leurs affaires. De toutes parts, on parle d’État policier et on exige des changements. Les grands bailleurs de fonds à la caisse électorale du Parti libéral transmettent ces griefs en haut lieu.

En novembre 2010, M. Duchesneau est accusé publiquement d’avoir financé illégalement sa campagne électorale à la mairie de Montréal en 1998 : il est alors suspendu de ses fonctions. Après une enquête de trois mois, le Directeur général des élections du Québec blanchit M. Duchesneau de toute accusation. Conséquemment, celui-ci reprend ses fonctions.

M. Duchesneau a très bien compris que si cette affaire a refait surface douze ans plus tard, c’est qu’on voudrait qu’il s’écrase. C’est mal le connaître. Il revient à l’UAC plus déterminé que jamais. Ses policiers sont partout. Ils sentent dans tous les racoins, retournent toutes les pierres. 500 personnes seront interrogées. Du jamais vu.

À Québec, on juge que M. Duchesneau dépasse les bornes; il faut le neutraliser de toute urgence.

En mars 2011, le gouvernement décide de créer une Unité permanente anticorruption (UPAC), plus vaste, dirigé par un homme de main opposé à une commission d’enquête. Surtout, on décide d’assujettir l’UAC (et donc M. Duchesneau) à cette personne.

En septembre 2011, soit six mois plus tard, on sent une certaine fébrilité dans les couloirs du parlement. La cause ? M. Duchesneau doit remettre incessamment son rapport.

Tout est prévu. Il s’agit d’un rapport confidentiel qui sera remis au Premier ministre : ce dernier pourra en retarder la publication indéfiniment sous le prétexte de ne pas nuire au travail des policiers de l’Unité permanente. La réaction officielle du Premier ministre est déjà prête : c’est un bon rapport qui prouve que son gouvernement est sur la bonne voie et qu’il a raison de ne pas créer une commission d’enquête à ce sujet.

Mais voilà que tout dérape. Jacques Duchesneau a la dent longue : il se rappelle qu’on a tenté de l’éliminer. Il fait donc couler son rapport au quotidien La Presse. Ce rapport est dévastateur. Une véritable bombe.

Dans l’entourage du Premier ministre, c’est la panique. Il faut agir maintenant. Toutefois on ne s’entend pas sur la marche à suivre. Par défaut, M. Charest fait la déclaration pontifiante prévu à l’origine mais qui prouve qu’il n’a rien compris au rapport ou qu’il ne l’a pas lu.

Ridiculisé et critiqué de toutes parts, M. Charest finit par créer le 19 octobre une commission d’enquête castrée, dépourvue de pouvoirs et à qui il est même interdit d’adresser des reproches à qui que ce soit. Il faudra l’intervention de la corporation professionnelle des avocats du Québec — le Barreau — pour que M. Charest envisager la possibilité d’accorder à la commission au moins le pouvoir de contraindre à témoigner.

Mais M. Charest est rancunier. Il ne pardonne pas à M. Duchesneau de l’avoir forcé à créer cette commission d’enquête qui risque de faire la lumière sur les mécanismes de la corruption mis au point par son gouvernement afin de financer le Parti libéral. On veut sa tête. On s’affaire donc à intriguer entre M. Duchesneau et son supérieur hiérarchique jusqu’à ce que, finalement, ce dernier congédie M. Duchesneau vendredi dernier.

Ce que le public attend maintenant de celui qui a congédié M. Duchesneau, c’est qu’il fasse preuve du même zèle à combattre la corruption qu’il en met à se débarrasser de ceux qui lui font de l’ombre.

Références :
Jacques Duchesneau (policier)
Duchesneau s’en remet au jugement du DGE
Jacques Duchesneau congédié de l’Unité anticollusion
Jacques Duchesneau est congédié
Le rapport Duchesneau pour les nuls
Quebec anti-collusion crusader Duchesneau gets the chop
L’indépendance de Lafrenière remise en question
Robert Lafrenière à la tête de l’escouade anticorruption

Note : Photo de M. Charest par le journal Le Devoir.

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2 commentaires à Le congédiement de Jacques Duchesneau ou la vengeance de M. Charest

  1. Guillaume Tremblay dit :

    À LIRE ABSOLUMENT AVANT DE VOUS RENDRE VOTER!!!!!!!!!!!

    Rétrospective du gouvernement Charest

    1) La vente (secrète) de l’Île d’Anticosti par Hydro-Québec à Pétrolia, sous prétexte qu’il ignorait le potentiel gazier de 40 milliard de barils (100$ le baril = 4000 Milliards de dollars). Drôle d’adons, trois des membres du Conseil d’administration de Pétrolia sont d’ex-employés d’HydroQuébec qui ont fait la prospection…Érick Adam, entre autres.

    2) Perte de 40 milliards de dollars de la Caisse de dépôt et de Placement du Québec. (Exemple d’aberration dans ce dossier: La Caisse a continué d’acheter pour près de 900 millions de dollars de papier commercial adossé à des actifs (PCAA) en août 2007, après avoir été prévenue de l’effondrement imminent de ce marché.)

    3) Le Plan Nord en général. Investissements publics au profit de multinationales étrangères pour l’extraction de ressources non-renouvelables et destruction de territoires autochtones.

    4) 400 millions pour une mine de diamant chinoise (et aucune transformation au Québec)

    5) 30% de dépassement de coûts dans les chantiers de construction

    6) Corruption et enveloppes brunes à outrance (Ex: L’émission Enquête révèle (Plan nord) des appels d’offres frauduleux et des terrains vendus cinq fois moins chers que leur valeur marchande ainsi que des contacts à “vendre”, informations privilégiées, etc.)

    7) Ramollissement de la loi 101 (dans les institutions, l’affichage, le recule de la langue française (tsé, genre pas rap, c’t’évident men!…)

    8) Hausse des droits de scolarité de 82% (Personnification du débat, gestion catastrophique du conflit, débat idéologique plutôt que financier: les coûts du conflit dépasseront certainement les coûts de la hausse, et pourtant le gouvernement s’entête. Pourquoi, si ce n’est que pour conserver des votes? Besoins de la population vs votes, pour Jean Charest, le choix est facile.)

    9) Mauvaise gestion des universités, collèges et commissions scolaires (exemple: La clause 11-11 à l’Université de Sherbrooke permet à un département d’aller chercher un candidat sans passer par la voie normale du concours. Clause abusive. Donald Cuccioletta qui fut congédié pour plagiat par l’université d’État de New York à Plattsburgh en 2004. Il fut par la suite réengagé à la chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM. C’est ça, l’excellence universitaire du Québec?)

    10) Brutalité et répression policière sans aucun motif et aucune condamnation du Gouvernement

    11) Réforme de l’éducation pour niveler par le bas

    12) Subventions aux écoles privées et financement des écoles anglophones (30% du budget de l’éducation est destiné aux écoles anglophones, soit pour 8% de la clientèle étudiante. Le gouvernement finance plus les universités anglaises que francophones)

    13) Signature d’un accord de libre échange avec l’Union européenne sur nos ressources naturelles sans consultation de la population

    14) 850 millions pour la réfection de Gentilly-II alors qu’on n’a pas encore décidé s’il y aura réfection.

    15) 86 millions à CINQ méga-producteurs de porc (estimation annuelle) par le biais de la financière agricole.

    16) La famille Desmarais a donné 300 000$ au PLQ (Contrôle des médias).

    17) 1,78 millions en salaire pour Michel Sabia de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

    18) 400 000$ de dollars pour passer de la propagande anti-mouvement étudiant à la radio québécoise (2 pubs).

    19) 4,5 millions de dollars pour refaire l’image de Revenu Québec (image CORPORATIVE??).

    20) Le ministère de l’éducation paie 288 090 $ pour les services d’un conciliateur (contrat de gré à gré), c’est-à-dire sans appel d’offres, dans le cadre de la mise en oeuvre du plan Nord.

    21) Nomination partisane des juges et échange d’argent sale (Scandale Marc Bellemare, ancien ministre de la justice).

    22) 760 millions pour remplacer les panneaux routiers (appels d’offres lancés avant l’adoption des orientations du gouvernement quant aux accommodements de la population “vieillissante”.)

    23) Accommodements “raisonnables” (on supprime la religion catholique de nos institutions en laissant s’immiscer les religions musulmanes et juives dans notre nourriture, WTF!).

    24) Hausse de 2 % de la taxe de vente dont 1 % cette année, cotisation santé qui passe de 100 $ à 200 $ en juillet, augmentation de 1 ¢ par an de la taxe sur les carburants.

    25) Un ex-fonctionnaire du Conseil exécutif, vétéran du ministère de Jean Charest, occupe un poste clé au sein de la commission Charbonneau (hé ben, on s’étonne, on s’étonne).

    26) Création de Ressources Québec, une filiale d’Investissement Québec, qui deviendra le bras financier chargé de doubler les prises de participation publique dans les projets miniers, qui passeront de 500 millions $ à 1 milliard $ en cinq ans.

    27) Le député libéral d’Argenteuil et ancien ministre du Travail David Whissell quitte la politique. Il s’était retrouvé au coeur de la controverse lorsque des médias ont fait état des contrats publics de plusieurs centaines de milliers de dollars obtenus sans appel d’offres par ABC Rive-Nord.

    28) Retrait de la taxe sur le capital pour les institutions financières (perte de l’ordre de centaine de millions de dollars).

    29) Le taux d’impôt sur les profits des sociétés canadiennes a été réduit de moitié depuis 2000 (de 29 % à 15 %) et se révèle être aujourd’hui, de loin, le plus bas des pays du G7

    30) Scandale des garderies Toni Tomassi, ancien ministre de la famille (favoritisme dans l’attribution des places en garderie et autres fraudes en lien avec des contrats de construction sans appel d’offres).

    31) Le conjoint et la famille de Line Beauchamp (Alias ancienne ministre de l’Environnement et désormais célèbre ministre de l’éducation), ont des titres de Gaz Métro (GZM.UN) et de Enbridge (ENB), deux des partenaires du projet de gaz méthanier de Rabaska, à Lévis.

    32) Augmentation du taux d’imposition de 140 millions de dollars.

    33) Augmentation du coût du permis de conduire de 501 millions de dollars.

    34) Augmentation de la cotisation au régime Québécois d’assurance parentale de 124 millions de dollars.

    35) Augmentation des frais de garde de 170 millions de dollars.

    36) Augmentation des taxes scolaires de 165 millions de dollars.

    37) Augmentation du régime d’assurance médicament de 173 millions de dollars.

    38) Augmentation du prix de l’électricité de 971 millions de dollars.

    39) Québec a reçu depuis un an un pactole de 550 millions de dollars du gouvernement fédéral pour financer les bourses aux étudiants des cégeps et des universités. L’argent est utilisé à d’autres fins.

    40) Privatisation semi-avortée du mont Orford (Réduction de 459 hectares du parc du Mont Orford)

  2. Guillaume Tremblay dit :

    Voilà maintenant ce que vous endossez en votant Libéral.

    Je ne parlerai même pas de la loi 78 car l’ONU rappellera Mr. Jean Charest à l’ordre. Cette loi est inconstitutionelle, anti-démocratique et démagogique donc la respecter serait aller à l’encontre des valeurs que NOUS peuple Québecois chérissons.

    Qu’il soit bien clair que je n’appelle pas à la désobéisance civile mais au gros bon sens et le gros bon sens ne reconnait pas cette loi!!! Désolé, si je dois demander une injonction pour empêcher ce gouvernement de brimer mes droits les plus fondamentaux je le ferai. Ça marche pour une poignée de gens qui ne respectent pas la démocratie alors il doit y avoir des avenus juridiques de ce côté. Je vous encourage tous à prendre cette même avenue et de mon côté, je la défendrai avec vigueur. Merci!

    Un “VRAI” lucide.

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