Les zones de défense aérienne et la géopolitique

12 octobre 2021

En plus de leurs frontières terrestres, les pays qui ont accès à la mer possèdent des eaux territoriales (sur douze milles à partir de leurs côtes) et une zone économique exclusive (dont les limites sont à 200 milles de leurs côtes).

Encore plus étendue, la zone de défense aérienne (ZDA) sert à donner à un pays le temps de réagir à l’approche d’un aéronef éventuellement hostile.

En plus des États-Unis et du Canada (conjointement), plusieurs pays ont proclamé une ZDA : parmi eux, on compte le Bangladesh, la Chine, la Corée du Sud, l’Inde, l’Islande, le Japon, la Norvège, le Pakistan, le Royaume-Uni, et la Suède.

Contrairement aux espaces aériens nationaux (s’étendant sur douze milles nautiques ou 22,2 km à partir des côtes), les ZDA ne sont définies dans aucun traité et ne sont règlementées par aucun organisme international.

Puisque chaque pays définit la sienne selon son bon vouloir, il arrive que la ZDA d’un pays chevauche celle d’un autre.

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Dessinée par l’armée américaine, la ZDA de l’ile de Taïwan couvre partiellement le territoire de la Chine continentale. Voilà pourquoi les avions qui relient Shanghai à Hong Kong la survolent quotidiennement.

Ces jours-ci, des dizaines d’avions militaires chinois ont fait incursion près de Taïwan sans toutefois pénétrer dans son espace aérien.

En effet, l’ile est distante de 140 km de la Chine continentale, soit bien au-delà des limites des espaces aériens respectives de l’un et de l’autre.

Pour calmer les faucons de la guerre au sein du Congrès américain, Washington a fait fuiter l’information ultra-confidentielle selon laquelle toutes les simulations de guerre auxquelles s’est livré le Pentagon donnent les États-Unis perdantes s’ils se portaient à la défense de Taïwan en cas d’invasion chinoise.

Si Beijing avait réellement voulu faire la conquête militaire de Taïwan, ce serait déjà fait. Elle n’en serait pas à tourner autour du pot.

À mon avis, l’intimidation de Taïwan par Beijing est une erreur.

D’une part parce que l’ile est déjà consciente de sa vulnérabilité.

Et surtout parce que cette démonstration de force compromet des années d’efforts diplomatiques destinés à créer une Nouvelle route de la soie (terrestre) et le Collier de perles (portuaires), l’un et l’autre ayant pour but de faciliter l’exportation des marchandises chinoises et favoriser ainsi l’émergence de la Chine comme première puissance mondiale.

En somme, l’excès nationaliste de Xi Jinping est une aubaine pour les États-Unis.

La diplomatie chinoise a eu la vie facile à l’époque où les États-Unis étaient dirigés par un homme d’affaires totalement incompétent en matière de politique étrangère. Depuis l’élection de Joe Biden, les États-Unis sont fermement décidés à ne rater aucune occasion de contrer la montée en puissance de la Chine.

Quoi de mieux que d’inquiéter tous les pays qui l’entourent en la présentant comme une puissance expansionniste, ce que les démonstrations de force de Xi Jinping tendent eux-mêmes à prouver.

Références :
Frontière maritime
Zone d’identification de défense aérienne

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Écrit par Jean-Pierre Martel