Guerre au Proche-Orient et racisme woke

Publié le 11 juillet 2024 | Temps de lecture : 2 minutes

On apprenait hier qu’on organise sur les médias sociaux un boycottage des restaurants montréalais qui appartiennent à des Québécois de confession juive ou de descendance juive.

L’idée de boycotter les restaurants ‘juifs’ est née aux États-Unis.

L’appartenance ethnique est la fondation sur laquelle se sont édifiées les sociétés anglo-saxonnes; sous l’appellation de ‘multiculturalisme’ se cache un tribalisme qui sape la cohésion sociale de ces sociétés.

Ce tribalisme est omniprésent. Dans ces pays, même l’antiracisme (dont le wokisme) contribue à perpétuer involontairement l’enracinement profond de l’appartenance ethnique en tant que vecteur identitaire.

Lorsqu’on dit que ces restaurants sont ciblés en raison de leurs liens avec Israël, c’est faux; ils sont visés en raison de l’appartenance ethnique de leurs propriétaires.

Le boycottage des entreprises en Israël (ou celui des produits agricoles importés des colonies juives en Palestine) peut se justifier en raison de la relation entre la puissance économique d’Israël et sa puissance militaire.

Mais les restaurants ‘juifs’ de Montréal et leurs propriétaires ne paient pas d’impôt à l’État d’Israël. On peut présumer qu’il leur arrive de cotiser à des causes israéliennes, mais cela n’est qu’une présomption.

Ce boycottage est contraire à la Charte québécoise des droits et libertés. Son article 10 interdit toute discrimination fondée sur la religion et l’origine ethnique ou nationale.

Or, on a affaire ici à une discrimination ethnique qui se présente hypocritement sous le couvert de l’anticolonialisme et de l’appui à la cause palestinienne.

Que ce boycottage soit dirigé contre des entrepreneurs québécois de descendance juive, arabe, russe, chinoise ou autres, cela constitue une menace à la paix sociale québécoise. Une menace qui doit être condamnée dans les termes les plus sévères.

Références :
Boycottage de restaurants : Parce que « nous sommes juifs »
Europeans are experiencing a ‘wave of antisemitism’, survey finds
La convergence culturelle : communion et symbiose
Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes
McGill : protestataires vs donateurs

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La politique étrangère woke du Canada ou l’art de se peinturer dans le coin

Publié le 6 mars 2024 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

Québécois d’origine, Jean-François Caron est professeur de sciences politiques à l’université Nazarbayev du Kazakhstan.

Le 9 février dernier, il recevait l’invitation à se présenter à la séance du 14 février du Comité permanent des Affaires étrangères et du Développement économique de la Chambre des communes d’Ottawa.

Deux heures avant d’être entendu, M. Caron apprend de la greffière du comité que son nom a été retiré de la liste des personnes appelées à témoigner.

Pourquoi ?

C’est qu’une autre invitée, Stephanie Carvin — professeure de relations internationales à l’École des Affaires internationales Norman Paterson de l’université Carleton d’Ottawa — menaçait de ne pas se présenter si M. Caron n’était pas ‘désinvité’.

En principe, c’est le comité qui dresse la liste des personnes qu’il désire entendre. Si l’une d’elles déclare “C’est lui ou c’est moi”, le comité n’a pas à choisir entre les deux; il maintient ses invitations. Et si une personne décide de ne pas apparaitre, c’est son choix.

Mais le président libéral du comité en a décidé autrement.

Ce que M. Caron avait à dire

On trouvera sur le site de Libre-Média, le résumé de l’exposé que M. Caron s’apprêtait à présenter.

Dans l’entrevue qu’il a accordée à Stéphane Bureau, le professeur Caron précise ce qu’il aurait probablement ajouté en réponse aux questions.

Sa thèse est simple.

En 1995, le gouvernement de Jean Chrétien a présenté les piliers de la politique étrangère du Canada. Cette politique s’articule autour de trois axes :
• favoriser la prospérité au Canada par le biais du commerce et des échanges,
• contribuer à l’ordre international, et
• promouvoir les valeurs canadiennes.

Selon le professeur Caron, le troisième axe est devenu trop prédominant.

Le moralisme parfois bienvenu du Canada

À l’époque où l’apartheid était en vigueur en Afrique du Sud, c’est à l’initiative du Canada que ce pays a été expulsé du Commonwealth.

C’est également grâce au premier ministre Brian Mulroney que les membres de l’Onu ont décidé de ne plus vendre d’armement à ce pays. Un boycottage respecté par tous les pays sauf Israël.

De la même manière, les pays où l’excision était pratiquée ont été menacés d’être privés de l’aide du Canada s’ils ne réprimaient pas cette pratique au sein de leur population.

Par contre, les ‘valeurs canadiennes’ des gouvernements libéraux ne sont pas identiques à celles des gouvernements conservateurs. C’est ainsi que ces derniers ont retiré en Afrique le financement des ONG pro-choix au profit des ONG pro-vie. Un financement rétabli lorsque les Conservateurs ont perdu le pouvoir.

Le colonialisme moral du Canada

Le problème du Canada, c’est qu’il tient un discours moralisateur et menaçant qui est perçu dans les pays du Sud global comme une tentative de présenter leurs mœurs et leur culture traditionnelle comme arriérées.

Le Canada ne peut pas espérer se faire des amis en les insultant. Voilà pourquoi la diplomatie canadienne est dans un état pitoyable.

Malgré les progrès accomplis, les pays africains et asiatiques sont encore des pays à la fois misogynes, et répressifs à l’égard des minorités sexuelles.

Dans les pétromonarchies, l’homosexualité est punissable de la peine de mort. Et les mariages arrangés prévalent non seulement dans les pays musulmans, mais également dans presque tous les pays asiatiques.

Présentée comme la plus populeuse démocratie du monde, l’Inde est toujours un pays où les femmes sont victimes de viols d’une brutalité extrême.

Dans ce pays, il n’est pas rare qu’une femme soit la proie d’un viol collectif; après l’acte, la victime est étranglée, sa dépouille est brulée et son corps calciné est jeté dans un fossé ou sous un viaduc comme une ordure.

La théorie de genre

Il y a quatre jours, le texte Le wokisme et la paix ironisait au sujet d’un communiqué annonçant de nouvelles mesures d’aide à l’Ukraine.

Ce que le blogue évitait de dire, c’est que ce communiqué n’a pas été publié par le ministère des Affaires étrangères ni par le ministère de la Défense (comme on aurait pu s’attendre), mais rédigé et publié par le bureau du premier ministre.

C’est donc à dire que le wokisme prévaut au sommet de l’État canadien.


 
D’autre part, ce n’est pas pour rien que 85 % de la population mondiale vit dans des pays qui refusent de s’impliquer dans la guerre russo-ukrainienne.

Ces pays sont sensibles à la propagande de la Russie qui se présente comme la Troisième Rome (après Constantinople), victime d’une guerre civilisationnelle au cours de laquelle elle subit l’assaut des barbares décadents de l’Occident.

Les pays du Sud global se sentent beaucoup plus proches des valeurs traditionnelles et conservatrices de la Russie — la foi, la patrie, la famille et le travail — que des nôtres.

Et quand ces pays du Sud global regardent ce qui se passe dans la bande de Gaza, ils assistent au premier génocide télévisé de l’Histoire de l’humanité.

Un génocide auquel le Canada participe en aidant l’armée israélienne à rapatrier ses soldats de l’Étranger sur les ailes de l’Aviation royale canadienne, en vendant des armes à Israël et en favorisant la famine des Gazaouis en coupant les vivres à l’UNRWA.

Face à l’effondrement moral de l’Occident, le Canada peut bien tenter de se présenter comme le modèle messianique de la Vertu, il ne convainc personne.

Conclusion

Même si j’éprouve des réserves sérieuses quant aux exemples que donne le professeur Caron pour soutenir sa thèse, je suis d’accord avec elle quant au fond.

Le Canada a perdu son influence sur la scène internationale en raison d’une politique étrangère moralisatrice dans un monde où l’ordre mondial établi au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale craque de partout.

En somme, la politique extérieure du Canada devrait se recentrer sur la défense des intérêts canadiens.

Pour terminer, laissons le mot de la fin au journaliste Philippe Sauro-Cinq-Mars, résumant la thèse du professeur Caron :

L’avènement d’un monde multipolaire, où des pays aux sociétés demeurées très traditionnelles possèdent un immense pouvoir, rend définitivement caduques des politiques idéalistes fondées seulement sur la coopération internationale et la moralisation du tiers-monde.

Références :
Droits des personnes LGBT+ : l’homophobie est devenue, dans le Sud global, un instrument d’opposition à l’Occident
L’aide humanitaire à Gaza : l’hypocrisie du Canada
Le Comité permanent des affaires étrangères refoule un professeur invité pour une allocution qui s’était déplacé depuis le Kazakhstan
Le wokisme est entré au parlement canadien (vidéo)
Résumé de la présentation de M. Caron

Paru depuis : Droits des personnes LGBT+ : l’homophobie est devenue, dans le Sud global, un instrument d’opposition à l’Occident (2024-06-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel