Les services à visage découvert et les droits constitutionnels

Publié le 14 septembre 2017 | Temps de lecture : 5 minutes

Voile_islamique
 
Lors de la cause célèbre de Zunera Ishaq, les tribunaux canadiens ont établi qu’une personne peut prêter le serment d’allégeance au pays en portant le niqab, à la condition qu’elle se soit dument identifiée au préalable.

Depuis ce temps, on sait que le port du niqab est un droit constitutionnel. Mais s’agit-il d’un droit fondamental ?

La réponse est oui si on pense que rien n’est plus fondamental qu’un droit constitutionnel.

Mais si on croit que seuls les droits de l’Homme universels sont des droits fondamentaux, la réponse est différente.

Le port du niqab et de la burka est un droit constitutionnel au Canada. Mais ce n’est pas un droit constitutionnel en France. Ce n’est pas un droit constitutionnel en Belgique. Ce n’est pas un droit constitutionnel en Allemagne. Et ce n’est même pas un droit constitutionnel au Maroc, pourtant pays musulman.

Essentiellement, les idéologues qui ont rédigé la Canadian Constitution voulaient consacrer la suprématie absolue des droits individuels pour deux raisons.

Premièrement, parce que cela permettait d’ajuster le système juridique canadien au néolibéralisme triomphant de l’époque.

Et secondairement, parce que cela permettait de bloquer une loi québécoise révolutionnaire basée, au contraire, sur la suprématie des droits collectifs, soit la Loi 101.

Ce faisant, ces idéologues n’ont pas su prévoir la montée de l’intégrisme musulman. L’intégrisme religieux a toujours existé mais le wahhabisme a pris en Occident une influence considérable, grâce aux sommes colossales que la dictature saoudienne consacre à sa promotion.

Par son projet de loi 62, le gouvernement Couillard se propose d’obliger que la demande et que la fourniture de services gouvernementaux soient faites à visage découvert.

Lorsqu’on accuse le Québec de brimer ainsi les droits constitutionnels des femmes niqabées et de celles qui portent la burka, ce qu’on fait, c’est qu’on exige la soumission du Québec à l’ordre constitutionnel dicté par le Canada anglais.

On ne se demande pas si l’interdiction du niqab et le la burka est justifiée : on constate simplement que cette interdiction est contraire à la Canadian Constitution et on voudrait que nous nous inclinions béatement devant cette dernière.

Comme s’il s’agissait d’un texte sacré que l’ancien premier ministre Pierre-Elliott Trudeau — tel Moïse descendant de la colline Parlementaire — aurait confié à son peuple de la part de Dieu.

Au contraire, la Canadian Constitution est une loi ethnique votée par l’ethnie dominante du Canada à l’issue d’une séance ultime de négociation à laquelle le Québec n’a pas été invité.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que le Canada est un pays colonial. Mais à la différence des autres — qui ont leurs colonies au loin, sous les tropiques — le Canada a les siennes dispersées sur son territoire.

Ce sont des poches autochtones régies par un apartheid juridique dont le but est leur lente extermination et le Québec dont on soutire 50 milliards$ de taxes et d’impôts en contrepartie de 9 à 12 milliards$ de péréquation s’il se tient tranquille.

Cette loi ethnique fut adoptée sans nous de la même manière qu’une colonie ne décide pas des lois que la métropole désire lui imposer.

Que l’ethnie dominante ait pu en catimini négocier une nouvelle constitution et l’adopter sans le Québec dit tout de notre statut au sein de ce pays dont les politiques multiculturelles n’arrivent pas à masquer la nature profondément raciste de ses institutions.

Dans le texte de cette constitution, il y a une clause dérogatoire. Elle peut être invoquée pour tout sauf l’article 23 qui, très précisément, est celui qui prescrit la lente extinction linguistique du Québec.

Mais on peut invoquer cette clause dérogatoire pour tout le reste. Nous serions stupides de nous en priver.

Et si les élites canadiennes anglaises ne sont pas d’accord, c’est leur problème et non le nôtre.

Dans tous les cas, il est clair qu’un Québec indépendant aura la liberté de se doter d’une constitution d’inspiration européenne plutôt que d’être enchainé à la constitution absurde adoptée par le Canada anglais en 1982.

Références :
La burka au volant : est-on devenu fou ?
Énergie au Québec
L’Allemagne interdit le voile intégral dans la fonction publique
Le Canada, un projet colonial réussi
Le Maroc interdit la fabrication et la vente de la burqa
Le prosélytisme de l’Arabie saoudite
Port du voile en hausse parmi les musulmanes au Canada
Zunera Ishaq, who challenged ban on niqab, takes citizenship oath wearing it

Parus depuis :
Sondage: les Canadiens et les Québécois favorables au projet de loi 62 (2017-10-27)
Denmark passes law banning burqa and niqab (2018-05-31)
L’Algérie interdit le port du niqab sur le lieu de travail (2018-10-21)
Switzerland to ban wearing of burqa and niqab in public places (2021-03-07)

Pour consulter les textes de ce blogue consacrés au prix à payer pour l’appartenance au Canada, veuillez cliquer sur ceci

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| 2014-2018 (années Couillard), le prix du fédéralisme, Politique québécoise, Sociologie | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


En marge du débat sur le voile islamique intégral

Publié le 23 février 2010 | Temps de lecture : 3 minutes

Si une femme désire se couvrir la tête d’un voile qui laisse à découvert son visage, cela ne me regarde pas. En effet, qu’il s’agisse d’une femme musulmane, d’une femme juive orthodoxe portant une perruque (ce qui revient au même), ou d’une religieuse chrétienne en tenue traditionnelle, qui suis-je pour décider de la tenue vestimentaire des autres ?

Toutefois, s’il s’agit d’un voile qui cache totalement le visage — ce que portent les femmes afghanes — ou qui ne laisse que les yeux à découvert, cela est différent. Avant de répondre pourquoi cela serait différent, j’aimerais faire une parenthèse.

Parenthèse

Il n’est pas fréquent — mais il n’est pas rare non plus — de voir des gens masqués dans le métro de Montréal. La dernière fois que j’en ai vu un, c’était il y a moins d’une semaine. Il s’agissait d’un homme âgé entre 16 et 30 ans, la tête recouverte d’un capuchon. En plus, cet homme portait une cagoule qui ne lui révélait que les yeux.

Il était assis, les pieds sur le siège devant lui et un sac à dos sur celui à ses côtés. Lorsque j’ai vu le siège sur lequel il avait déposé ses bottes, je lui ai fait savoir par un « Pardon » que je voulais m’y assoir. Pour toute réponse, il m’a fait un signe de la main pour m’indiquer le siège d’en face qui était disponible. Effectivement, ce siège — que je n’avais pas vu en raison des gens debout qui le cachaient — était vacant. Je m’y suis donc assis.

Cet homme masqué aurait pu être recherché par la police, voire même être un criminel notoire, sa cagoule lui permet d’échapper aux recherches policières et de circuler librement dans la ville.

Alors j’aimerais qu’on m’explique pourquoi on ne parle jamais (ou presque) des hommes qui circulent masqués dans les lieux publics alors que les femmes masquées — extrêmement rares au Québec — font l’objet de débats passionnés. Cela est-il dû à notre tradition judéo-chrétienne qui impute aux femmes — depuis Ève — la responsabilité de tous les maux de l’Humanité ? Fin de la parenthèse.

Suite et fin

Alors pourquoi suis-je contre le port de tout masque en public — c’est-à-dire ailleurs qu’à la maison ou dans des lieux de culte — par toute personne en âge de commettre un méfait ?

Pour des raisons de sécurité. Permettre d’être masqué sur la place publique pour d’autres raisons que médicales ou climatique, c’est permettre aux évadés de prison, aux bandits et à tous ceux qui sont recherchés par la police (en particulier aux êtres violents et dangereux) de circuler librement parmi nous sans crainte de se faire reconnaître. De plus, cela prive les victimes d’actes criminels de moyens de contribuer à l’arrestation de malfaiteurs qu’elles pourraient reconnaître sur la rue.

En somme, je crois qu’on devrait interdire à tout adolescent et à tout adulte de circuler masqué en public, quitte à invoquer la clause nonobstant de la Constitution canadienne pour y parvenir.

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Écrit par Jean-Pierre Martel