Petit guide de la culture des violettes africaines

Publié le 28 janvier 2017 | Temps de lecture : 10 minutes
Violette africaine sauvage

Pots, sols et transplantation

On doit planter les violettes africaines dans des pots où l’eau pourra s’écouler librement. Dans l’eau stagnante d’un pot mal drainé, leurs racines pourriront.

Si vous n’aimez pas l’apparence des pots troués disponibles sur le marché, vous pouvez recourir aux cache-pots.

Est-ce mieux d’utiliser des pots en terre cuite ou en plastique ?

Les pots en terre cuite ont l’avantage de permettre l’aération du sol car ils sont poreux. Mais le terreau y sèche plus rapidement.

À l’opposé, les pots en plastique ne peuvent pas être attaqués par de la moisissure.

Le choix entre ces deux types de contenants est personnel; on obtient de bons résultats avec l’un ou l’autre de ces deux genres de pots.

Les violettes miniatures doivent être cultivées à l’étroit dans de petits pots. Transplantées dans des pots trop grands pour eux, elles perdent partiellement leur caractéristique.

Certains horticulteurs font pousser et livrent leurs violettes africaines dans un sol composé exclusivement de mousse de sphaigne. Ces terreaux se reconnaissent à leur couleur homogène. Associée à un arrosage riche en phosphore et un éclairage optimal, la mousse de sphaigne favorise une croissance très rapide et une floraison spectaculaire au moment de la livraison de la violette chez le fleuriste.

Malheureusement, à la longue, la mousse de sphaigne se décompose et durcit. Si bien que la violette finit par étouffer et mourir.

Dès que la violette aura récupéré des traitements subis afin de favoriser sa mise en marché, sa floraison s’estompera substantiellement. C’est alors le temps idéal pour changer son terreau. Il suffira de disperser la mousse de sphaigne dans de l’eau et d’ensevelir les racines à nu dans un terreau pauvre, léger et poreux, spécialement conçu pour les violettes africaines. Un tel terreau se reconnait à la vermiculite (ressemblant à du mica) et à la perlite (des petites billes blanches) qu’il contient.

Certains des sols offerts au rempotage sont dits ‘stérilisés’, c’est-à-dire dépourvus d’insectes et de microorganismes (bactéries, moisissures, virus, etc.).

Bien entendu, leurs fabricants exagèrent un peu car on y trouve (rarement, il est vrai) des insectes, ce qui est la preuve évidente que leur stérilisation est douteuse.

Si votre pot est destiné à reposer sur une soucoupe (et non sur une grille), n’oubliez pas de mettre du gravier au fond du pot ou entre le pot et le fond de la soucoupe. Ce gravier (de même que le pot, s’il est en terre cuite) doit avoir été préalablement ébouillanté pour éviter qu’il ne s’avère ultérieurement avoir été une source de maladie.

La propagation

On peut propager des violettes africaines par la bouture des feuilles ou à partir de graines. Nous ne parlerons ici que de la multiplication à partir des feuilles, ce qui est très facile.

Aux débutants, je suggère de s’attaquer à une variété de violettes dont le feuillage est foncé.

Prélever une feuille de taille moyenne, avec ou sans la tige. Éviter de prendre des jeunes pousses au centre de la plante ou des grosses feuilles à la périphérie. Choisissez plutôt une feuille intermédiaire, bien en santé.

A) Une feuille et sa tige

Taillez le bout de la tige en biseau à l’aide d’une lame de rasoir très propre. Plus l’inclinaison est grande, mieux c’est. Puis immergez la tige en conservant la feuille hors de l’eau.

Lorsque cette tige aura donné naissance à des racines de plus de 3 cm, enterrez ces racines, de même que le début de cette tige, dans un sol bien trempé. Faites en sorte que la feuille ne repose pas sur le sol.

Autrement, on peut planter la tige (accompagnée de sa feuille) sans lui donner l’occasion de prendre racine au préalable dans de l’eau. Dans ce cas, on taille également la tige en biseau — ce qui la débarrasse des cellules meurtries au moment de l’arrachage de la plante — mais on l’enterre un peu plus profondément que par la méthode précédente.

Dans les deux cas, on conservera le sol très humide jusqu’à l’émergence de boutures hors du sol.

B) Une feuille coupée, sans tige

À l’aide d’une lame de rasoir très propre, coupez horizontalement le tiers inférieur de la feuille. Prenez le reste, le bout pointu vers le haut, et enterrez peu profondément, à 45 degrés, le bord fraichement coupé de la feuille. Le sol doit demeurer bien humide au cours des premiers jours.

Soyez patient et arrosez un peu plus souvent au début, puis comme vous le faites d’habitude pour vos autres violettes. Après un mois ou deux, vous verrez apparaitre des bébés violettes.

Dès que leur taille atteindra entre 1,5 et 3 cm, transplantez-les individuellement.

La technique A donne naissance à beaucoup moins de pousses que par la technique B. En effet, quelques boutures seulement apparaissent au pied d’une tige alors que des dizaines naissent le long du bord d’une feuille.

Séparées au moment approprié dans leur propre pot, les pousses atteindront l’âge adulte dans un an, peut-être moins.

En temps normal, vous noterez sur les plants adultes la présence de ramifications entre les tiges de deux feuilles. C’est comme si une jeune violette y avait été greffée.

Lorsque vous savez qu’il ne s’agit pas d’un bourgeon de fleurs, ne tolérez pas ces rejetons; extirpez-les sans merci. J’utilise une pince à épiler que je glisse latéralement pour enlever ces ramifications. Avec l’expérience, vous les reconnaitrez immédiatement.

Autrement, la plante ainsi ramifiée devient inélégante et fleurit moins souvent, concurrencée par cette progéniture envahissante quant à la captation de la lumière.

D’autre part, il arrive souvent qu’apparaissent au sol des violettes-sœurs collées au tronc de la plante principale.

Dès que celles-ci ont environ 3 cm, séparez-les lorsque le sol est sec (avant un arrosage) en glissant la lame d’un économe (appelé petit couteau à patate, au Québec) entre la violette-sœur et le tronc de la plante principale.

Enterrez chaque violette-sœur dans son propre pot. Vous aurez de cette manière une violette adulte plus rapidement qu’à partir d’une tige, d’une feuille ou d’une graine.

Éclairage et température

Les violettes ont beau venir d’Afrique, elles proviennent plus précisément des plateaux tempérés de Tanzanie. Elles préfèrent donc les températures comprises entre 15 et 20°C.

Sous l’influence des guides américains d’horticulture, on écrit souvent qu’il faut éviter l’éclairage direct. Cela n’est pas tout à fait vrai.

Sous un climat tempéré — au Québec et dans la moitié nord de la France, par exemple — la violette fleurira davantage l’hiver si elle reçoit de l’ensoleillement direct. En fait, plus elle sera au soleil, plus elle fleurira.

Mais l’été, même sous nos climats, les rayons du soleil deviennent trop puissants; on offrira la pleine clarté du soleil à la plante, en évitant donc l’éclairage direct.

Par contre, les lecteurs qui vivent sous des climats tropicaux devront protéger en tout temps leurs violettes des rayons du soleil.

Comme beaucoup de plantes, la violette africaine a tendance à dresser ses feuilles vers la source lumineuse. Pour lui faire conserver sa symétrie, on tournera la plante d’un quart de tour à chaque arrosage.

L’arrosage

La violette africaine déteste les brusques changements de température. Conséquemment, l’eau d’arrosage doit être strictement à la température de la pièce où se trouve la plante. Le moyen le plus simple est donc de toujours conserver à proximité l’eau du prochain arrosage.

Doit-on éviter à tout prix que l’eau d’arrosage touche les feuilles ? En Tanzanie, il arrive qu’il pleuve. Toutefois, lorsque l’eau du robinet se dépose sur une feuille de nos violettes cultivées, il laissera en séchant un cerne calcaire inélégant. De plus, si la violette reçoit du soleil direct, les gouttelettes d’eau agiront comme des loupes qui concentreront les rayons solaires, ce qui brulera la feuille.

Il faut éviter à tout prix la présence d’eau stagnante à la couronne de la violette. Là où apparaissent les nouvelles feuilles, l’eau fera pourrir la couronne, ce qui condamne la violette à une mort lente. Si de l’eau y tombe, on l’enlèvera à l’aide d’un papier absorbant.

Selon l’humidité ambiante, l’arrosage se fera régulièrement une ou deux fois par semaine, à jours fixes. Une heure après l’arrosage, retirez l’eau excédentaire de la soucoupe.

Maladies et soins divers

Les maladies qui peuvent affecter les violettes sont tellement nombreuses qu’elles dépassent le cadre du présent guide.

Vos violettes peuvent être infestées (par des insectes, notamment la cochenille) ou infectées (par des moisissures ou des virus).

Certaines infestations se guérissent facilement en frottant doucement la région atteinte avec un coton-tige imbibé d’alcool puis en rinçant à l’eau tiède. Répété pendant quelques jours consécutifs, ce traitement doux viendra à bout de nombreuses infestations.

Mais parfois, il faudra recourir à un insecticide. Aucun d’eux n’est efficace contre tous les prédateurs possibles. Il sera préférable de demander conseil auprès de votre fleuriste.

Les feuilles mourantes sont la porte d’entrée de certaines maladies. Il faut les enlever.

Avec la perte de feuilles au bas de la plante, le tronc dégarni finit par s’étirer et se courber. On rempotera la violette de temps en temps et ce, après avoir gratté au vif la partie du tronc destinée à être enterrée. D’apparence cruelle, cet écorchage est nécessaire pour que la plante donne naissance à des racines tout le long du tronc. En théorie, ces lésions pourraient être des portes d’entrée pour certaines maladies : dans les faits, cela n’arrive à peu près jamais.

Certaines violettes africaines ont un excès de feuilles qui leur donne la forme d’une pelote d’aiguilles. Cette surabondance nuit à leur floraison. Pour rétablir celle-ci, on enlèvera un anneau de feuille, c’est-à-dire une série de feuilles qui irradient à peu près à la même hauteur. Très visibles au début, les marques de ce prélèvement disparaitront complètement lorsque les feuilles du dessus se seront affaissées et que la plante aura retrouvé sa forme d’origine.

Doit-on parler à ses violettes africaines ou leur faire entendre de la musique classique ? Les violettes aiment l’humidité, la lumière et les sels minéraux dont elles ont besoin. Lorsqu’elles ont déjà cela, n’hésitez pas à leur parler si cela vous fait du bien à vous. Mais n’espérez pas qu’elles fleuriront davantage en réponse à l’amour que vous leur portez.

De plus, pendant des millénaires, les violettes ont proliféré sans l’aide de l’Orchestre symphonique de Tanzanie. Toutefois, elles étaient soumises aux vibrations de la nature et aux sons du chant des oiseaux : la musique classique jouerait-elle le même rôle ?

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8 + multiplicateur de focale MC-14 — 1/100 sec. — F/4,0 — ISO 320 — 56 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel