L’été est la saison des ‘p’tites vites’

Publié le 26 août 2024 | Temps de lecture : 4 minutes
Salle du Conseil municipal de Montréal

Pour les politiciens au pouvoir, le meilleur temps pour faire passer en douce des mesures controversées, c’est de le faire quand la population a la tête ailleurs.

Et pendant que l’actualité était tournée vers le bilan des Jeux olympiques de Paris et le sort des Gazaouis, la ville de Montréal décidait de modifier les règles concernant la rémunération des élus municipaux. Très peu de médias en ont parlé.

Jusqu’ici, la rémunération des élus était ajustée à l’inflation. Ce qui évitait qu’ils aient à voter sur leur propre salaire.

Le 19 aout dernier, l’administration Plante adoptait un nouveau règlement qui stipule qu’à partir de maintenant, la majoration de la rémunération des élus serait basée sur l’augmentation qu’ils ont consentie aux employés municipaux l’année précédente.

Concrètement, pour l’année 2024, le salaire des élus montréalais est gelé puisque la ville a gelé le salaire de ses employés l’an dernier.

Toutefois, à partir de maintenant, les élus montréalais ont un intérêt personnel à ce que la ville perde le contrôle de sa politique salariale.

D’où la question : peut-on imaginer que nos représentants municipaux puissent faire passer leur intérêt personnel avant l’intérêt des contribuables ?

Pour répondre à cette question, prenons un cas précis : celui de l’élue montréalaise Valérie Plante. Celle-ci cumule les postes de mairesse de Montréal et de mairesse de l’arrondissement Ville-Marie (qui comprend le Centre-Ville et le Vieux-Montréal).

À la suite du décès de la petite Mariia Legenkovska sur le chemin de l’école, Mme Plante avait été incapable d’expliquer pourquoi l’arrondissement Ville-Marie avait systématiquement refusé les demandes des parents du quartier en vue de sécuriser les traverses écolières aux intersections les plus dangereuses de leur arrondissement.

Lors de l’incendie à la place d’Youville, Mme Plante a appris à la lecture d’un quotidien torontois que le service des incendies de l’arrondissement Ville-Marie n’effectuait plus de visites de routine pour vérifier la sécurité des bâtiments, notamment pour s’assurer de la présence d’avertisseurs de fumée. Ce que, par contre, le service des incendies de mon quartier (Mercier-Hochelaga-Maisonneuve) fait de manière exemplaire.

Il y eut une époque où Ville-Marie possédait son propre maire d’arrondissement.

En mars 2023, nous avons soutenu l’idée que cumuler les fonctions de mairesse de Montréal et de mairesse de l’arrondissement Ville-Marie était trop pour une seule personne.

Officiellement, l’administration Plante soutient que le cumul de ces deux fonctions permet à l’arrondissement Ville-Marie d’être mieux représentée au Conseil municipal.

En réalité, Mme Plante préfère cumuler les deux fonctions parce que cela lui permet d’empocher deux salaires.

En désespoir de cause, n’importe quel citoyen de Montréal — sauf s’il habite dans Ville-Marie — peut frapper à la porte de leur ‘maire de proximité’ (ou prendre rendez-vous avec lui) quand rien d’autre ne semble faire l’affaire.

Le citoyen de Ville-Marie ne le peut pas. S’il veut communiquer avec sa mairesse de proximité, il devra plutôt le faire à partir du site web général de la ville. Or Mme Plante est protégée par un mur électronique qui empêche tout citoyen de véritablement entrer en contact avec elle.

Ceci étant dit, revenons au sujet principal de notre texte.

L’intérêt personnel de Mme Plante est de cumuler les salaires de deux postes à plein temps et de boire du vin à 60$ la bouteille aux frais des contribuables lorsqu’elle est voyage officiel à Vienne.

Son mauvais exemple est éloquent.

Comment peut-elle s’imaginer que les élus de sa formation politique sauront résister dorénavant à la tentation de se graisser la patte en cédant mollement aux demandes salariales des employés municipaux ?

Références :
Controverse des allocations de dépenses – Plante : « Je m’excuse sincèrement »
Douche froide pour des terrasses de la rue Peel
Le feu à la place d’Youville : pour la scission de l’arrondissement Ville-Marie
Ville de Montréal : les élus auront les mêmes hausses salariales que les employés

Paru depuis : Centre-ville de Montréal : « On a perdu le contrôle » (2024-09-03)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, hypergone M.Zuiko 8mm F/1,8 — 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 200 — 8 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Deux nouvelles sous le thème de la diversité sociale

Publié le 6 juillet 2024 | Temps de lecture : 4 minutes

Une bonne nouvelle de Grande-Bretagne

Ce matin, le nouveau premier ministre britannique annonçait la composition de son Conseil des ministres.

Comme c’est souvent le cas en Angleterre, Keir Starmer a adressé son premier discours à la nation dans la rue, devant sa résidence officielle du 10 de la rue Downing.

Sa formation politique, le Parti travailliste, étant de la gauche traditionnelle, l’accent a été mis sur la diversité sociale. En effet, son cabinet fait une large place à des personnes issues de familles modestes formées à l’école publique.

En faisant cette annonce, le premier ministre a déclaré :

« Pendant trop longtemps, nous avons ignoré les personnes qui se comportaient en bons citoyens, qui travaillaient dur tous les jours. Je veux dire très clairement à ces personnes [qu’avec moi] elles ne seront plus ignorées. Notre mission de renouveau est urgente et nous commençons aujourd’hui.»

En Amérique du Nord, les règles qui régissent les mises en candidature politique sont des barrières économiques qui empêchent les classes laborieuses d’accéder au pouvoir.

C’est ainsi que le Congrès américain est exclusivement composé de millionnaires, généralement masculins à la peau pâle.

Ici même à Montréal, vous ne trouverez pas de travailleurs manuels ou d’assistés sociaux au sein de l’administration de Valérie Plante; ce sont tous de jeunes parvenus, qui aiment commander des huitres à Paris ou boire des vins dispendieux à Vienne, et qui ont été choisis pour composer un portrait de famille représentant toutes les nuances de la pigmentation humaine.

Lorsque l’avocate Cathy Wong — à l’époque, deuxième personne en ordre d’importance au sein de l’administration Plante — demande à un conseiller municipal de confession juive de ne pas se représenter aux élections afin de faire place à la ‘diversité’, elle veut dire qu’il nuit à ce portrait de famille. Parce que les Juifs, apparemment, ne font pas partie de la ‘diversité’.

L’an dernier, la ville de Montréal a démantelé 240 campements d’itinérants pour les forcer à aller dans des refuges qui, en réalité, n’acceptent plus personne parce que débordés par la crise du logement.

Le résultat, c’est que, expulsés des terrains vacants sous les ponts, ils se dispersent plutôt dans les quartiers centraux de la ville où ils agressent les passants et traumatisent les enfants des garderies ou des écoles à proximité.

De la même manière, l’administration Plante s’est acharnée contre Guylain Levasseur, ce bon samaritain qui alimente gratuitement les itinérants dans les campements ‘illégaux’ et conséquemment, fait concurrence aux travailleurs sociaux patentés de la ville.

Une mauvaise nouvelle des États-Unis

Mais par-dessus tout, la nouvelle du jour qui m’a fait le plus sursauter est ce clip vidéo, publié sur TikTok, dans lequel John McEntee — responsable du personnel de la Maison-Blanche sous Donald Trump — s’est vanté de faire l’aumône aux itinérants qu’il rencontre en leur donnant des billets contrefaits de 5$ afin qu’ils se fassent arrêter par la police en voulant s’en servir. Ce qui lui permet de faire œuvre utile en débarrassant les rues de ces gens-là.

Rappelons que George Floyd a été assassiné lors d’une arrestation policière après avoir effectué un achat payé avec un billet de banque contrefait. Or, on n’a jamais su si Floyd savait que son billet était un faux.

Je soupçonne que John McEntee a simplement voulu faire parler de lui comme aime le faire son ancien patron à la Maison-Blanche. Mais le simple fait que, de nos jours, on puisse sentir le besoin de publier des messages aussi outrageants, cela est le signe d’une société profondément malade.

Références :
Au Royaume-Uni, le nouveau premier ministre travailliste Keir Starmer forme un gouvernement marqué par la diversité sociale
En marge du meurtre de George Floyd
Guylain Levasseur vs l’hypocrisie bourgeoise de l’administration Plante
Le manque de jugement de l’avocate Wong
Les itinérants-campeurs et la gestion du risque
Montée du nombre de cas de COVID-19 dans les refuges pour itinérants à Montréal
Plus de 240 campements d’itinérants démantelés depuis le début de l’année à Montréal

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Écrit par Jean-Pierre Martel


À Montréal, bloquer la construction domiciliaire est payant

Publié le 2 juin 2024 | Temps de lecture : 6 minutes
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Tomber des nues

Le 28 mai dernier, le quotidien La Presse révélait l’importance des délais pour obtenir un permis de construction à Montréal.

Là où cela prend en moyenne plus d’un an, la mairie de l’arrondissement est aux mains d’une personne élue sous la bannière du parti municipal de Valérie Plante dans cinq cas sur six (en jaune dans le graphique).

Là où cela prend entre neuf mois et douze mois, là encore c’est cinq arrondissements sur six.

Mais là où c’est le moins lent, c’est l’inverse; cinq arrondissements sur sept sont aux mains de l’opposition.

Lorsqu’on calcule la moyenne de ces moyennes, celle-ci est de 364 jours dans les arrondissements dirigés par une personne alliée de Mme Plante et de 253 jours (le tiers plus vite) lorsque le maire ou la mairesse d’arrondissement est d’une autre formation politique.

En prenant connaissance de cette nouvelle de La Presse, Valérie Plante tombe des nues : “ C’est inacceptable ” dit-elle.

On se rappellera qu’à la suite de l’incendie du 226 de la place d’Youville, Mme Plante avait appris en lisant le Globe and Mail que dans le quartier du Vieux-Port, le service des incendies avait suspendu dès 2018 l’application de la règlementation concernant les sorties de secours.

En prenant cela du quotidien torontois, Valérie Plante tombait des nues : “ C’est inacceptable ” disait-elle.

C’est à se demander si Mme Plante sait ce qui se passe dans sa ville. Heureusement qu’il y a des journalistes pour le lui apprendre…

Comment en est-on arrivé là ?

Mme Plante fut élue mairesse en novembre 2017 sous la promesse, entre autres, de construire six-mille logements sociaux.

En réalité, son intention était de ne rien dépenser à ce sujet, mais plutôt de forcer les entrepreneurs en construction à réaliser sa promesse à elle.

Comment ? En refusant de délivrer des permis de construction aux grands projets domiciliaires à moins qu’ils comprennent 20 % de logements sociaux, 20 % de logements abordables et 20 % de logements familiaux.

Une fois élue, l’administration Plante mit trois ans et demi pour peaufiner le règlement à ce sujet, finalement adopté en avril 2021. Durant tout ce temps, les entrepreneurs ont été maintenus dans l’incertitude quant à savoir ce que la ville appelait un logement ’social’, ‘abordable’ ou ‘familial’.

Incapables de juger de la profitabilité de leurs projets montréalais, la majorité des entrepreneurs se sont consacrés à la construction domiciliaire en banlieue.

Si bien qu’à l’élection municipale suivante, en moyenne 271 logements sociaux avaient été construits annuellement. Pour un total de 1 082 logements sociaux achevés et habités en quatre ans, soit 18 % des six-mille promis.

Apprenant la nouvelle dans le Journal de Montréal, Mme Plante ne tomba pas des nues cette fois, mais déclara plutôt que tous les logements sociaux promis (les six-mille) étaient construits ou en voie de l’être. Comme si on pouvait déménager dans un logement en voie de devenir habitable.

À l’élection municipale suivante, Mme Plante en promit encore davantage. Mais après avoir appris que son adversaire en promettait plus qu’elle (50 000 nouveaux logements, dont dix-mille sociaux), la mairesse sortante haussa sa promesse à 60 000 logements ‘abordables’, de manière à être celle qui en promettait le plus.

Depuis l’adoption de son règlement en 2021, un seul projet social, totalisant 86 appartements, a été mis en chantier.

Au total, les mises en chantier dans le Grand Montréal sont passées de 32 300 logements en 2021 à 15 200 en 2023. Comme elles ont chuté partout au pays en raison de la hausse des taux d’intérêt.

En dépit de cela, les promoteurs qui aimeraient aller de l’avant plutôt que d’attendre une baisse éventuelle des taux d’intérêt font face à un obstacle insurmontable; la lenteur de la ville de Montréal à accorder de nouveau permis de construction.

Plus de quatre-mille mises en chantier sont bloquées par les arrondissements de la ville, les plus pointilleux desquels étant ceux dirigés par des maires d’arrondissement élus sous la bannière du parti municipal de Valérie Plante.

Dans les autres, on respecte à contrecœur le règlement de l’administration Plante. Ce qui fait qu’on l’applique en tournant les coins ronds. Résultat ? Les effets néfastes du règlement se font moins sentir.

Mais puisque le règlement en question prévoit des pénalités importantes pour les entrepreneurs qui diffèrent leurs projets, dans les arrondissements détenus par le parti de Valérie Plante, le règlement est essentiellement une source de revenus.

C’est ainsi que la ville a collecté 26 millions$ de pénalités au cours des deux premières années de son application. Et c’est sans compter l’économie des frais de pavage, des raccordements d’eau potable et d’égout qu’elle aurait assumés si ces nouveaux ensembles résidentiels avaient vu le jour.

À long terme, un boom immobilier majeur (comme celui qui est nécessaire pour faire face à la crise du logement) est une source de revenus pour la ville.

Mais à court terme, c’est le contraire puisqu’il oblige la ville à dépenser une fortune pour construire les infrastructures municipales qui sont nécessaires pour desservir tous ces nouveaux logements.

Pour éviter l’endettement ou, au contraire, la hausse des taxes, l’administration Plante semble préférer l’étalement progressif de la construction domiciliaire en bloquant les projets en cours. Ce qui lui permet entretemps de collecter les pénalités.

C’est ainsi que le responsable de l’habitation au comité exécutif de la ville déclarait fièrement : “ On a amassé 26 millions$ en deux ans [de pénalités]. Presque autant que dans les quinze années précédentes. Alors c’est quand même un succès.

Évidemment, présenté comme ça…

Références :
Délais pour permis de construction — « Ce n’est pas satisfaisant, c’est inacceptable », dit Valérie Plante
Des chantiers sur pause malgré la pénurie
Le feu à la place d’Youville : pour la scission de l’arrondissement Ville-Marie
Le logement social à Montréal : les promesses en l’air
Moratoire d’inspection des pompiers: Valérie Plante appelle le contrôleur général à la rescousse
Permis de construction à Montréal — Des « délais interminables »
Règlement « 20-20-20 » — le dur test de la réalité pour Valérie Plante
Un seul projet de logement social approuvé en deux ans

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Valérie Plante et le wokisme d’affaires

Publié le 24 mai 2024 | Temps de lecture : 3 minutes

Introduction

Puisque chaque personne est unique, tous les humains contribuent à la diversité de notre espèce.

Toutefois, dans le vocabulaire woke, le mot ‘diversité’ possède un sens particulier. Il désigne l’ensemble des personnes qui ne sont pas des hommes hétérosexuels à la peau pâle.

En novembre 2020, l’avocate Cathy Wong — la deuxième personne en ordre d’importance à la ville (après la mairesse) — demandait officiellement au conseiller municipal de l’arrondissement de Snowdon de ne pas se représenter à l’élection municipale de 2021 ‘afin de faire place à la diversité’.

Parce que, selon l’administration Plante, les Juifs ne font pas partie de la diversité.

L’approvisionnement inclusif

Dernièrement, Montréal a dévoilé les principes qui guideront l’attribution de ses contrats d’ici la fin de la décennie.

Dans le document ‘Approvisionnement responsable : Plan d’action 2030’, on y apprend qu’en matière d’acquisition, la ville favorisera progressivement les fournisseurs issus de la diversité. L’an dernier, la ville en comptait déjà 950 dans le fichier de ses fournisseurs.

Pour en faire partie, l’entreprise doit être détenue et exploitée dans une proportion de plus de 50 % par des membres d’une minorité visible, ethnique ou ‘racisée’, par des femmes, par des membres d’une communauté autochtone, par des handicapés ou par des personnes de la
communauté LGBTQ2+.

Mais si les acheteurs de la ville ont à choisir entre deux fournisseurs, l’un dirigé par une lesbienne ‘blanche’ asthmatique et l’autre par un hétérosexuel ‘noir’ manchot, à qui doit-on accorder le contrat ?

Pour ce faire, le comité chargé d’attribuer le contrat devra procéder à une analyse différenciée ‘intersectionnelle’ au cours de laquelle, guidés par des experts en sciences sociales, les décideurs prendront en compte ces différentes réalités.

Malgré cela, le document de la ville demeure imprécis.

Si, de l’avis des experts, il vaut mieux être lesbienne asthmatique que ‘noir’ manchot, jusqu’à combien le prix de la soumission de la première peut-il être supérieure à celui du deuxième et obtenir quand même le contrat ?

Dans le cas des personnes dont l’identité de genre est fluctuante, si Bianca (par exemple) est redevenue Serge mais a oublié d’en aviser les responsables du fichier des fournisseurs, s’agit-il d’une fraude et, si c’est le cas, les procureurs de la ville s’adresseront-ils aux tribunaux pour récupérer les sommes versées à Serge par erreur ?

Conclusion

Le document ‘Approvisionnement responsable : Plan d’action 2030’ est merveilleusement bien écrit. On perdrait son temps à y chercher un mot ou une phrase susceptible de heurter la sensibilité des personnes si promptes à se sentir victimisées.

Mais sous un enrobage sucré, très certainement conçu par une firme de relations publiques, se cache une politique où les décisions d’affaires de la ville se prendront dorénavant par des gens qui traineront le boulet de l’idéologie woke.

Références :
Approvisionnement responsable : Plan d’action 2030
Le manque de jugement de l’avocate Wong

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le laisser-faire de l’administration Plante face aux chauffards

Publié le 25 juin 2023 | Temps de lecture : 4 minutes

Les excès de vitesse, en général

En ordre décroissant d’importance, les quatre causes des accidents mortels impliquant de piétons à Montréal sont :
• l’excès des voitures dans nos rues,
• les angles morts des véhicules utilitaires et des camions,
• la vitesse des voitures et,
• l’absence presque totale de répression policière.

On estime que 70 % des conducteurs dépassent la limite de vitesse dans les zones de 30 km/h, soit près des parcs et des écoles.

Là où la limite est de 40 ou 50 km/h (dans les zones résidentielles), cette limite est dépassée dans 50 % des cas. Sur les autoroutes du Québec, la proportion des conducteurs qui excèdent la limite permise grimpe à 75 %.

En 2022, les policiers de Montréal ont donné 47 770 constats d’infraction reliés à des excès de vitesse. Cela représente moins d’un dixième de un pour cent des déplacements effectués à vitesse excessive cette année-là sur l’ile de Montréal.

En somme, l’immense majorité des chauffards peuvent y rouler en toute quiétude.

Les excès de vitesse près des écoles

À Montréal, depuis des années, les demandes de citoyens pour ajouter des passages piétons supervisés par des brigadiers scolaires sont presque systématiquement refusées.

Quant aux pétitions des citoyens, la ville a adopté à leur sujet des exigences telles qu’elles rendent impossible leur recevabilité.

Mais puisque les excès de vitesse sont, de l’avis même des policiers, une cause importante de la mortalité sur nos routes, comment les forces de l’ordre protègent-elles nos enfants sur leur chemin vers l’école ?

Depuis 2019, l’administration Plante a diminué le nombre d’agents affectés au respect des règles de circulation automobile.

En 2018, les agents de circulation donnaient douze-mille contraventions pour excès de vitesse dans les zones scolaires de la métropole. L’an dernier, ils en ont émis 5 299, soit moins de la moitié.

La répression policière à ce sujet se fait surtout à l’occasion d‘opérations de surveillance. Évidemment, deux patrouilleurs peuvent spontanément partir à la course pour arrêter une voiture qui leur file sous le nez à toute vitesse. Mais l’essentiel de la répression policière se fait lors d’opérations concertées.

À titre d’exemple, au cours des douze mois qui ont précédé l’homicide de Mariia Legenkovska, seuls trois constats pour vitesse excessive ont été délivrés par la police de Montréal à l’intersection où l’écolière devait être happée mortellement.

Et ces contraventions ont toutes trois été données entre 7h55 et 8h33 le 8 septembre 2022. En d’autres mots, à part cette opération policière d’une demi-heure, l’intersection a été livrée au bon vouloir et au laisser-faire pendant plus d’un an.

Plus grave encore, des sept écoles situées sur le territoire desservi par le poste de quartier No 22, seule celle de Mariia Legenkovska a été protégée pendant 38 longues minutes en 2022; les autres écoles ont été laissées totalement à la merci des chauffards.

Références :
Fillette happée à Montréal : « Ça fait des années qu’on dit que c’est dangereux »
Les Québécois roulent beaucoup trop vite, martèlent les directeurs de police
L’intersection où est morte la petite Mariia toujours aussi dangereuse
Normes et procédure pour l’implantation de ralentisseurs
Pourquoi si peu de dos-d’âne dans les rues résidentielles de Montréal ?
Rapport 2022 du Service de police de la ville de Montréal
Sécurité des piétons : réduire la vitesse ou implanter le péage ?
Seulement trois excès de vitesse ont été punis en un an près de l’école de la petite Mariia

Paru depuis : Les gros véhicules augmentent le risque de décès (2023-09-01)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’administration Plante : inclusion et diversité de façade

Publié le 24 octobre 2021 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

La cohésion sociale est impossible à obtenir quand un grand nombre de personnes sont victimes de discrimination. Voilà pourquoi l’inclusion sociale est une nécessité pour toute nation qui veut vivre en paix.

Quant à la diversité, on l’obtient tout naturellement en faisant une juste place à chaque personne talentueuse, peu importe son origine.

Derrière la façade

L’administration Plante se veut une administration moderne, ouverte à la diversité et à l’inclusion.

La diversité ethnique est évidente à la vue de la gamme des pigmentations de la peau des candidats du parti municipal de Mme Plante. Mais au-delà de l’épiderme, il n’y a pas grand-chose.

Par aveuglement partisan, lorsque l’avocate Wong, présidente du Conseil municipal, demande à un conseiller juif (de l’opposition) de ne pas se représenter afin de faire place à la diversité, on se demande quel sens devrait avoir le mot ‘diversité’.

Il en est de même de la diversité sociale.

Les itinérants

Officiellement pour leur bien, la ville a chassé les itinérants des terrains vagues qu’ils occupaient le long de la rue Notre-Dame.

En pleine pandémie, l’administration Plante a estimé qu’au lieu d’être au grand air, ce serait mieux qu’ils soient dans des refuges.

Une des plaintes reçues contre eux était formulée ainsi : ‘Je ne me suis pas acheté un condo d’un demi-million$ pour me retrouver à côté d’une bande de pouilleux’.

Donc on a transformé des hôtels en refuges afin de maintenir la valeur foncière de la propriété de certains plaignants.

C’est maintenant d’autres citoyens qui, à juste titre, se plaignent des seringues jetées ça et là et de la sollicitation des mendiants auprès de leurs enfants au retour de l’école. Ce qui n’était pas le cas lorsqu’ils habitaient à l’écart, sur des terrains vagues.

Les piétons

L’attitude répressive contre les itinérants s’est étendue, dans une moindre mesure, aux piétons.

Depuis quatre ans, l’administration Plante a multiplié les transformations sur la voie publique qui ont rendu la ville moins conviviale à l’égard des piétons.

Or il est futile de signaler au bureau de la mairesse des irritants à corriger; pour faire bouger l’administration Plante, il faut que cela soit rapporté par les médias conventionnels.

En comparaison, à la suite de mon seul courriel à l’ex-maire Michael Applebaum (qui ne fut maire que six mois), celui-ci m’a répondu avoir transféré mon message au responsable. Celui-ci m’a contacté et le problème a été corrigé.

Voilà ce qui s’appelle être à l’écoute du simple citoyen.

Les assistés sociaux

Après les itinérants et les piétons, l’administration sortante s’est désintéressée des assistés sociaux. Des six-mille logements sociaux promis à la dernière élection (ce qui était déjà peu), on n’en a complété que 18 % en quatre ans.

Quant au règlement municipal qui oblige les promoteurs à consacrer 20 % de leurs appartements à du logement social, il n’a été adopté qu’en avril dernier.

Il est donc trop tôt pour savoir si on peut compter sur des promoteurs privés pour construire du logement social ou si ce sera plus intéressant pour eux d’aller maximiser leurs profits ailleurs.

L’intégration des néoQuébécois

Pour se donner un vernis de diversité et d’inclusion, Mme Plante a soigné les apparences en généralisant dans toutes les sphères de l’administration municipale le bégaiement ‘inclusif’ (ex.: ‘étudié.e.s’).

Par sa richesse, le français n’est pas la langue la plus simple à maitriser. Tout ce qui la complique inutilement nuit à son apprentissage.

Or nuire à la lisibilité du français, c’est nuire à son apprentissage par les néoQuébécois. Ultimement, c’est nuire à leur insertion sociale et les motiver à apprendre plutôt l’anglais.

Conclusion

Selon la rubrique (peu flatteuse) que Wikipédia lui consacre, l’ex-maire Denis Coderre laisse très peu de réalisations concrètes.

Pourtant, de nos jours, on le retrouve au coude-à-coude dans les intentions de vote avec Valérie Plante dont l’administration a été beaucoup plus transformatrice.

Toutefois, l’équipe de Mme Plante, aussi diversifiée qu’elle soit du point de vue ethnique, manque de diversité sociale.

Ce sont de jeunes parvenus, beaux et souriants, qui veulent bien faire mais qui sont sourds aux problèmes que rencontrent les citoyens ordinaires (qu’ils ne fréquentent qu’en les croisant sur la rue).

Ce manque de diversité sociale fait en sorte que beaucoup de citoyens insatisfaits ont l’impression de ne pas être écoutés. Voilà pourquoi ils caressent l’espoir qu’un autre maire ferait mieux.

Peu importe les arguments que pourrait avancer l’administration Plante, il arrive que l’espoir soit plus fort que la raison…

Références :
Denis Coderre
Le banc de la discorde
La crise des piétons tués durera huit ans
L’écriture inclusive
Le logement social à Montréal : les promesses en l’air
Le manque de jugement de l’avocate Wong
Les itinérants-campeurs de la rue Notre-Dame
Une idéologie sectaire à Espace pour la vie

Parus depuis :
Violence et itinérance dans le Village : « On touche le fond du baril » (2021-06-18)
« On est en train de voir naître un Downtown Eastside à Montréal » (2021-07-07)
Les itinérants au Palais des congrès de Montréal, « c’est rendu fou » (2021-07-18)
Débordé, un centre pour sans-abri suspend les nouvelles admissions (2024-12-07)
Un homme retrouvé mort à Hochelaga, le SPVM soupçonne l’hypothermie (2024-12-15)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le logement social à Montréal : les promesses en l’air

Publié le 21 octobre 2021 | Temps de lecture : 7 minutes

Actuellement, on estime que 23 000 familles montréalaises sont en attente d’un appartement dans un HLM (habitation à loyer modique). Or des appartements en HLM, il en existe seulement 20 000 selon La Presse, déjà tous occupés.

La crise du logement qui frappe la ville est le résultat de six décennies de sous-investissement dans le logement social. Le dernier projet d’envergure à ce sujet, ce sont les Habitations Jeanne-Mance, inaugurées en 1959.

Situé au nord-est de l’intersection du boulevard Saint-Laurent et de la rue Sainte-Catherine, ce complexe comprend 788 logements dispersés dans cinq tours de douze étages (occupées principalement par des personnes âgées), de même que quatorze multiplex en rangées de trois étages et neuf maisons de ville (occupés principalement par des familles avec enfants).

À Vienne, la ville a construit l’équivalent de deux Habitations Jeanne-Mance par année pendant quarante ans.

Au cours de la présente campagne à la mairie, Denis Coderre promet la construction de 50 000 logements au cours des quatre prochaines années, dont 10 000 logements sociaux.

À cette fin, M. Coderre mise, entre autres, sur la création d’un Fonds d’investissement d’impact de Montréal pour l’habitation sociale et communautaire doté de plus de 125 millions$ provenant de la Ville de Montréal et d’investisseurs institutionnels (comme les fonds de retraite).

Le talon d’Achille de cette promesse, c’est que si ce fonds n’est pas très rentable, aucun investisseur institutionnel n’y investira. Or on ne peut pas espérer faire beaucoup d’argent en louant des appartements à des pauvres.

Pour ne pas être en reste, la mairesse sortante renchérit; c’est 60 000 logements abordables — abordables pour qui ? — qu’elle fera construire au cours ‘des prochaines années’.

Qu’on en promette mille ou un million, il ne se fera pas de logements sociaux en nombre suffisant tant que le fédéral ne décidera pas de payer pour leur construction.

C’est à Ottawa que se trouve le seul gouvernement qui possède la marge de manœuvre budgétaire suffisante pour lancer un vaste chantier de construction de logements sociaux à travers le pays.

Les promesses des deux candidats à la mairie sont des promesses en l’air. En réalité, leurs promesses sont conditionnelles aux largesses du gouvernement fédéral, par l’intermédiaire du gouvernement québécois puisque légalement, les villes sont des créatures de l’État québécois.

À la dernière élection municipale, Mme Plante avait promis 6 000 logements sociaux et autant de logements abordables.

Des six-mille promis, seuls 1 082 logements sociaux sont construits et habités (soit 18 %). Le 82 % restant est à l’état de projet, en voie d’adoption, ou en chantier. Bref, ce n’est toujours pas fait, quatre ans plus tard.

Toujours il y a quatre ans, Mme Plante promettait de faire adopter un règlement municipal qui obligerait les promoteurs de complexes résidentiels à consacrer 20 % de leurs appartements à du logement social, 20 % à du logement abordable, et 20 % à du logement familial.

En avril 2021, le règlement promis il y a quatre ans est finalement adopté. À la veille du renouvèlement de son mandat, au lieu du 20-20-20, c’est devenu du 20-10-05. Et comme ce règlement n’a que sept mois, il n’a produit aucune réalisation concrète. Bref, du vent.

L’idée de compter sur des entrepreneurs privés pour construire des logements sociaux est une fausse bonne idée. En effet, une telle politique les incite à construire leurs immeubles résidentiels là où leur investissement sera plus rentable, c’est-à-dire hors de Montréal.

En réalité, toute construction résidentielle est de nature à soulager la crise du logement. Ceux qui y aménagent libèrent leur logement actuel. En retour, ce dernier devient disponible pour d’autres. Et par un jeu de chaises musicales, des logements moins luxueux deviennent disponibles pour des gens dont le revenu est moindre.

De son côté, Denis Coderre promet de supprimer ces exigences qui constituent selon lui une entrave à la construction domiciliaire.

Ce qui est logique; vaut mieux un tiens cher que deux tu l’auras gratuits. Mais cela ne règlera pas la pénurie de logements abordables à Montréal dans un avenir prévisible.

Tout au plus, en augmentant l’offre de logements (peu importe leur prix), on diminue le déséquilibre entre l’offre et la demande et les pressions inflationnistes sur le prix des loyers.

J’imagine que si la loi exigeait la destitution de toute administration municipale qui n’a pas réalisé le quart de chacune de ses promesses dès la première année de son mandat, Mme Plante et M. Coderre y penseraient deux fois avant de promettre n’importe quoi pour se faire élire.

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Selon les données de 2019, environ 156 000 logements ne respectent pas les règles de salubrité de la ville. Il est probable que les pires d’entre eux sont inhabités.

Au lieu d’attendre que les logements négligés par leurs propriétaires deviennent des taudis, la ville devrait saisir (sans compensation financière) les logements les plus insalubres, y effectuer des rénovations éclair afin de les mettre à niveau, et les offrir en tant que HLM.

En étatisant sans compensation financière, la ville soulage des propriétaires de logements déficitaires. Or aucun propriétaire n’intentera des procédures couteuses pour conserver la propriété d’un bien qui ne vaut rien. Il peut menacer, mais il ne le fera pas.

Donc la ville ne devrait pas hésiter.

Une telle mesure devrait suffire à loger toutes les familles montréalaises en attente d’un appartement en HLM.

Références :
Crise du logement: «La politique de l’autruche doit cesser», selon le FRAPRU
Le logement social à Vienne
Les murales peintes des Habitations Jeanne-Mance
Logement social : les leçons de Vienne

Parus depuis :
Logement social : 1 milliard de fonds dans le flou (2021-11-01)
L’équivalent de 7000 HLM inutilisés au Québec (2022-01-11)
Valérie Plante veut faire la paix avec les promoteurs immobiliers (2022-02-08)
Un promoteur du centre-ville se vide le cœur (2022-04-30)
Logements sociaux cherchent financement (2022-06-20)
« La Ville n’a pas respecté les règles du jeu » (2022-08-26)
Où sont passés les logements promis ? (2022-12-06)
Un condo à 568 000$ jugé «abordable» par l’administration Plante (2023-01-23)
Règlement «20-20-20» à Montréal: les promoteurs ne veulent pas s’engager à construire des logements abordables (2023-02-01)
Hausses de loyers abusives: plus de 100 000 logements abordables disparus au Québec en cinq ans (2023-02-21)
« SVP, rénovez mon HLM » : mobilisation contre la détérioration coûteuse des logements (2023-02-27)
Logement social : c’est la faute à… Québec ! (2023-02-28)
Les promoteurs préfèrent payer plutôt que de construire du logement social à Montréal (2023-08-22)
Logement social : le milieu des affaires tire à boulets rouges sur le règlement montréalais (2023-11-10)
Le tiers des inspections prévues dans les HLM ont été menées, dit la VG de Montréal (2024-06-17)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Loi 101 et Montréal : la mairesse tombe des nues

Publié le 24 octobre 2020 | Temps de lecture : 3 minutes

Contrairement à ce qu’exige la Loi 101 depuis dix-huit ans, dix des dix-neuf arrondissements de Montréal, ainsi que la ville-centre, n’ont toujours pas de certificat de conformité à la Charte de la langue française.

Les arrondissements non conformes sont :
• la ville-centre de Montréal
• Ahuntsic-Cartierville
• Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce
• Lachine
• LaSalle
• Montréal-Nord
• Pierrefonds-Roxboro
• Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles
• Saint-Laurent
• Saint-Léonard
• Sud-Ouest.

Entre autres, la Loi 101 exige que le français soit la langue exclusive de travail à l’interne de toutes les administrations publiques.

Le principe est simple : tous les Francophones sont chez eux au Québec, qu’ils soient bilingues ou non. Exiger inutilement la connaissance de l’anglais à l’embauche constitue une discrimination à l’encontre des quatre millions de Québécois unilingues français.

Selon l’Office québécois de la langue française, la majorité des arrondissements montréalais exigent inutilement la connaissance de l’anglais à l’embauche. De plus, le cinquième d’entre eux exigent que certains de leurs employés parlent anglais avec leurs collègues et leurs supérieurs hiérarchiques.

Jeudi dernier, l’Assemblée nationale du Québec adoptait unanimement une résolution présentée par Simon Jolin-Barette (le ministre responsable de la langue française), pressant la ville de Montréal de se conformer à la Loi 101.

En conférence de presse, la mairesse de Montréal a déclaré :

Je m’explique mal cette motion parce que j’ai moi-même discuté avec M. Jolin-Barette.

La plupart des arrondissements de ma formation politique sont à jour ou sur le point de l’être.

Montréal est surement la capitale francophone de l’Amérique du Nord. Et on a bien l’intention de continuer à l’être et de travailler en collaboration avec le gouvernement du Québec.

Que veut dire ‘la plupart (…) sont à jour ou sur le point de l’être’ ? Cela veut dire que depuis dix-huit ans, certains arrondissements de Montréal n’ont même pas entrepris de se conformer à la loi.

Quant à ceux qui seraient sur le point de se conformer, combien de décennies supplémentaires leur faudra-t-il pour assurer à leurs employés francophones le droit de travailler dans leur langue ?

Références :
Plus de 50% des arrondissements de Montréal ne respectent pas la Charte de la langue française
Quatre-millions de Québécois victimes de discrimination à l’embauche

Parus depuis :
Incapable d’être servi en français (2020-11-13)
Être servi en anglais, «ça fait dur» (2020-11-14)
Français au Québec: «Comment pouvons-nous être stupides au point de financer notre propre disparition linguistique?» (2020-11-27)
Quand il faut parler anglais pour travailler à Montréal (2021-03-10)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’anglicisation du Québec, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Analyse de la victoire de Valérie Plante à la mairie de Montréal

Publié le 7 novembre 2017 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Pour la première fois, les Montréalais ont élu une femme pour occuper le poste de premier magistrat de la ville.

Si beaucoup de personnes voient dans cette élection, les signes d’une évolution des mentalités, je crois que l’élection de Mme Plante tient essentiellement à ses qualités personnelles et au programme politique qu’elle défendait, mais très peu à son sexe.

Depuis 375 ans, il n’y a eu que deux femmes qui furent candidates à la mairie de Montréal. Les Montréalais auraient peut-être déjà élu une mairesse s’il en avait eu davantage l’occasion. Ailleurs, d’autres Québécois l’ont déjà fait, précisément parce qu’ils le pouvaient.

Ce qui, évidemment, n’enlève rien au caractère historique de la victoire de Mme Plante.

Denis Coderre, un maire superficiel

Denis Coderre était un maire sympathique et un habile communicateur. Son excellent flair politique le protégeait de son impulsivité.

Face à l’intimidation syndicale, il a su faire preuve d’un courage remarquable.

Mais il avait une opinion sur tout et s’éparpillait dans toutes les directions. Plus précisément, il ne sentait pas le besoin d’en connaitre davantage sur un sujet municipal dès qu’il se savait capable de vendre sa position en 140 caractères. En deux mots, c’était un maire qui ne connaissait pas ses dossiers.

Sa volteface au sujet de l’éclairage urbain à DEL a été révélatrice de sa superficialité.

Contrairement aux apparences, Denis Coderre n’était pas à l’écoute de ses citoyens. Sous l’œil des caméras, il distribuait généreusement les poignées de main : mais dans les faits, il ne répondait aux lettres du citoyen ‘ordinaire’ que par des accusés-réceptions automatisés.

Je n’ai écrit qu’une seule fois à son prédécesseur, Michael Applebaum, au sujet des dangers sécuritaires du festival Juste pour rire.

Au nom du maire Applebaum, la directrice des communications m’avait répondu avoir transmis mon courriel au responsable de la sécurité de l’arrondissement. Et l’été suivant, ce festival était chassé du Quartier des spectacles (sans que j’aie la certitude que ma lettre y était pour quelque chose).

Voilà un exemple de ce que doit faire un gouvernement de proximité.

Une campagne désastreuse

Au cours de la campagne électorale qui a opposé Coderre à Plante, la course de la Formule E d’une part, et le projet de ligne rose du métro d’autre part, ont dominé l’actualité.

Au point que le maire sortant s’est lui-même caricaturé comme un défenseur du transport individuel (même électrique) alors que sa rivale incarnait la défense du transport en commun.

Sous les administrations Tremblay et Coderre, la qualité du service en métro s’est considérablement dégradée. Le manque de fiabilité du métro fait en sorte que beaucoup d’utilisateurs sentent le besoin d’arriver plus tôt que nécessaire au travail. Au cas où…

D’autres doivent trouver en catastrophe un taxi dès qu’une panne importante se produit. Tout cela représente des frais.

De leur côté, les automobilistes sont confrontés à la multitude des cônes orange dans nos rues. Et même si la grande majorité d’entre eux sont très attachés à leur véhicule, ils rêvent que les autres abandonnent le leur, ce qui faciliterait leurs propres déplacements.

Donc même ceux qui n’utilisent jamais le métro ont avantage à son amélioration.

En s’enlisant au sujet de la Formule E et en attaquant le projet de ligne rose de sa rivale, Denis Coderre a donné au transport en commun une importance démesurée parmi tous les sujets susceptibles d’être discutés au cours de cette élection.

Si bien que sa campagne a été un rappel constant d’une des principales lacunes de son administration (même si, techniquement, le transport en commun ne relève pas uniquement de l’autorité de la ville).

Dans un tel contexte, la victoire de Mme Plante était prévisible.

Références :
Insatisfaction croissante sur la 747: la faute aux chantiers, dit la STM
La navette du 747 : un service pourri
Métro de Montréal : les statistiques de la désinformation
Métro : les statistiques ne doivent pas nous aveugler
Près de mille interruptions de service en 2011 dans le métro de Montréal

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Écrit par Jean-Pierre Martel