Dépistage et vaccination des 5 à 11 ans

30 novembre 2021

Introduction

À plusieurs reprises, je me suis exprimé en faveur du dépistage obligatoire du Covid-19 à l’école primaire, tout en reconnaissant le droit des parents de s’y opposer : en pareil cas, l’enfant ferait ses classes à la maison.

Mais il existe une différence fondamentale entre le dépistage obligatoire et la vaccination obligatoire; cette dernière viole l’intégrité physique de la personne qui reçoit le vaccin.

La vaccination s’apparente donc, dans une certaine mesure, à une opération chirurgicale; toute personne apte à décider par elle-même doit y consentir de manière libre et éclairée sauf lorsque cette personne en a le devoir en raison de son métier.

Même s’il n’existe aucun doute dans l’esprit du vaccinateur quant à l’innocuité de son vaccin, ce n’est pas à lui d’en juger; la décision appartient à la personne destinée à le recevoir.

Voilà pourquoi la vaccination obligatoire des enfants du primaire est inappropriée; c’est une décision qui incombe aux parents et non à l’État.

Les hésitations parentales

Au sein d’une population, le consentement des parents est proportionnel au taux de vaccination chez les adultes. Les parents opposés à la vaccination pour eux-mêmes s’y opposent aussi pour leurs enfants. C’est logique. Quant aux parents vaccinés, une partie d’entre eux hésitent au sujet de leurs enfants.

En France — où le taux de double-vaccination est actuellement de 69,6 % — les sondages révèlent que 62 % des parents d’enfants de 6 à 12 ans sont défavorables à leur vaccination; or ce pourcentage correspond au 30,4 % d’opposition parentale (pour eux-mêmes) auquel on ajouterait un parent sur deux parmi ceux déjà vaccinés.

Au Québec, où la vaccination a été très bien accueillie, la vaccination volontaire des enfants ne suscite pas de controverse.

Mais beaucoup de parents hésitent.

Les causes de l’hésitation

À leur face même, les arguments invoqués pour les convaincre ne sont pas de nature à susciter leur adhésion enthousiaste.

Le danger pour les grands-parents

En prévision des rassemblements familiaux à l’occasion du temps des Fêtes, on dit aux parents qu’il serait dommage que les grands-parents soient contaminés par leurs petits-enfants.

Mais on se rappelle l’époque où les épidémiologistes nous disaient que les enfants atteints étaient beaucoup moins contagieux que les adultes. C’était à l’époque où les écoles étaient fermées et du coup, où les enfants avaient beaucoup moins d’occasions de transmettre la pandémie.

Depuis, on sait que cela n’est pas vrai; les enfants peuvent transmettre assez facilement le Covid-19. Essayez seulement de dire à un enfant de quatre ans de tousser dans son coude…

D’autre part, depuis le 18 juillet dernier, les personnes de 60 ans ou plus comptent pour 9,5 % des cas alors qu’ils forment 25,4 % de la population.

Nos médias nous répètent que la pandémie est actuellement une menace sérieuse pour les non-vaccinés; ceux-ci constituent l’immense majorité des personnes admises aux soins intensifs de nos hôpitaux.

Ce que le grand public comprend par cela, c’est que grâce à la vaccination, il n’y a presque plus de danger pour les vieillards.

Même si on lui révélait que la presque totalité des 280 Québécois morts du Covid-19 depuis le 1er septembre dernier étaient des vieux, étant donné que cette pandémie a déjà tué 11 579 Québécois, 280 morts, c’est presque une bonne nouvelle…

À Noël, les vieillards du Québec seront au maximum de l’immunité conférée par la 3e dose de vaccin qu’on leur administre ces jours-ci.

En définitive, la question qu’on doit se poser est la suivante; l’argument du danger pour les grands-parents, est-ce que cela incitera les grands-parents à annuler leur participation aux réjouissances des Fêtes ou incitera les parents à faire vacciner leurs enfants ?

La protection des petits écoliers

Autre argument en faveur de la vaccination : on dit que la vaccination des enfants de 5 à 11 ans les protègerait des dangers de la pandémie. Mais de quoi parle-t-on ?

Cela fait des mois qu’on justifie la faiblesse des mesures sanitaires à l’école primaire en laissant sous-entendre que de toute manière, cela n’a pas d’importance puisque leur contagion est anodine.

Le Covid-19 chez les enfants

Depuis le 18 octobre 2021, le nombre cumulatif d’enfants officiellement atteints par le Covid-19 est passé de 8 146 à 14 587, soit une augmentation de 79 % en six semaines. Essentiellement, il s’agit d’écoliers du primaire.


Le Covid-19 chez les jeunes Québécois de 0 à 9 ans depuis six semaines

  18 oct. 01 nov. 15 nov. 29 nov.
Nombre de cas 8 146 cas 9 584 cas 11 677 cas 14 587 cas
Pourcentage 18,6 % 19,1 % 19,9 % 20,9 %
par 100 000 filles 906 cas 1 063 cas 1 292 cas 1 614 cas
par 100 000 garçons 920 cas 1 086 cas 1 325 cas 1 656 cas

En comparaison avec l’ensemble de la population québécoise, les enfants comptaient pour 18,6 % du nombre cumulatif des cas au Québec. Ce pourcentage est passé à 20,9 % depuis.

Par cent-mille personnes, le nombre de fillettes atteintes est passé de 906 à 1 614. Chez les garçons, c’est passé de 920 à 1 656.

Toutefois, ces données sont des sous-estimations.

Pour ce qui est des enfants d’âge préscolaire, les délais s’allongent pour la prise de rendez-vous à des fins de dépistage.

Aux États-Unis, n’importe quel parent peut aller à la pharmacie acheter un test rapide en vente libre possédant un taux d’efficacité de 94 %, soit à peine moins qu’un test de laboratoire.

Pourquoi n’est-ce pas le cas au Québec ? Officiellement, parce que la Santé publique veut pouvoir comptabiliser les cas. Dans les faits, sa lourdeur administrative ne fait que dissuader les parents à faire tester leurs enfants. Ce qui contribue à améliorer les statistiques officielles.

Pour ce qui est des enfants du primaire, les écoles manquent de tests, manquent de préposés pour tester, et manquent même de formules de consentement parental.

La Santé publique a eu des mois pour se préparer à la rentrée scolaire mais a manqué de temps. On nous assure que tout sera parfait dès que la pandémie sera terminée…

Ceci étant dit, doit-on s’inquiéter de cette contamination ?

Depuis le début de la pandémie, 259 enfants de 0 à 9 ans ont été hospitalisés au Québec en lien avec le virus, dont 44 aux soins intensifs. Mais aucun n’en est mort.

Puisqu’on sait que le syndrome postcovid affecte une bonne partie de ceux qui attrapent gravement l’infection, il est raisonnable de présumer que ces 44 jeunes traineront des séquelles de cette pandémie une bonne partie, sinon toute leur vie.

Conclusion

Le nombre exact d’enfants atteints par le Covid-19 n’est pas connu en raison des lacunes du dépistage au Québec.

Les données officielles prouvent qu’un nombre croissant d’enfants attrapent la pandémie à l’école primaire.

Même s’ils n’en meurent pas, il est inexact de croire que le Covid-19 est inoffensif puisque 44 enfants de 0 à 9 ans se sont retrouvés aux soins intensifs de nos hôpitaux jusqu’ici.

Les parents qui hésitent à faire vacciner leurs enfants ont l’impression qu’on leur demande de ‘sacrifier’ leur enfant à la vaccination parce que cela faciliterait la tâche de ceux qui sont responsables de la lutte sanitaire.

Avant de penser à rendre la vaccination obligatoire pour les enfants — ce qui ne semble pas être dans les intentions ni du gouvernement ni de nos autorités sanitaires — il serait plus opportun de chercher à convaincre les parents que les vaccins sont relativement sécuritaires pour tous ceux en âge de les recevoir, y compris les enfants de cinq ans ou plus.

Et qu’ils peuvent les protéger contre les dangers rares (mais probablement persistants) de cette infection.

Références :
Covid-19 : une rentrée scolaire idéale en 2020
Pour les parents, le dilemme de la vaccination des enfants de moins de 12 ans contre le Covid-19
Le laisser-faire sanitaire à l’école primaire québécoise
Parfois difficile d’obtenir un rendez-vous de dépistage
Transmission of SARS-CoV-2 in K-12 Schools and Early Care and Education Programs – Updated
Vaccins contre la COVID-19 – L’Université Laval se « dissocie entièrement » des propos d’un professeur

Paru depuis :
En Allemagne et en Autriche, les enfants testés deux à trois fois par semaine (2021-12-09)

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Écrit par Jean-Pierre Martel