Dans tous les pays, il existe différents types d’agents de la paix, placés sous administration locale, régionale ou nationale.
Le Département de la Sécurité intérieure des États-Unis a été créé en 2002 en réponse aux attentats du 11 septembre 2001.
Son but est d’organiser et d’assurer la sécurité intérieure des États-Unis; c’est l’équivalent d’un ministère de la Défense, mais contre les ‘ennemis’ du pays qui opèrent en sol américain.
Il dispose d’un budget de 40,6 milliards$ et compte plus de 229 000 employés.
Le 26 juin dernier, Donald Trump signait un décret présidentiel s’adressant spécifiquement au Département de la Sécurité intérieure.
Ce décret lui ordonne de protéger les monuments, les mémoriaux et les statues de propriété fédérale, et de combattre la violence criminelle récente (une allusion au vent de contestation qui a suivi l’assassinat policier de George Floyd).
Quelques jours plus tard, dans un mémo confidentiel daté du 1er juillet et révélé par l’hebdomadaire The Nation, le département annonce la création d’une force d’intervention appelée Protecting American Communities Task Force (PACT).
Dotée des pouvoirs découlant du Patriot Act, cette force d’intervention est libre des contraintes imposées aux corps policiers et à l’armée.
Afin de la créer, le Département de la Sécurité intérieure a puisé çà et là au sein de diverses formations militaires ou paramilitaires sous son autorité, dont les unités tactiques d’intervention frontalière (renommées pour leur brutalité).
Il y a moins d’une semaine, c’est à Portland que cette nouvelle force d’intervention a été à l’œuvre pour la première fois.
Lourdement armées, masquées, habillées d’uniformes de camouflage, sans badge d’identification ni de caméra de surveillance, les chemises brunes de Trump ont utilisé des gaz lacrymogènes et des armes à mortalité réduite contre des protestataires ou de simples passants. Ceux-ci étaient presque tous des protestataires pacifiques. Les autres ne s’en prenaient ni à des statues ni à des édifices fédéraux.
Les yeux bandés, les personnes arrêtées ont été transportées par fourgons banalisés dans des ‘lieux surs’ tenus secrets et relâchées quelques heures plus tard sans qu’elles aient pu bénéficier de l’assistance d’un avocat.
Au moins treize protestataires et un certain nombre de passants ont ainsi été arrêtés sans qu’on leur précise les motifs de leur arrestation.
Dans au moins un cas, ces agents ont nié avoir détenu un citoyen dont l’arrestation a pourtant été captée sur vidéo.
Non armé, un des protestataires a été hospitalisé en raison d’une fracture du crâne causée par l’utilisation d’armes à mortalité réduite.
Pour le maire de Portland, la violence exercée par les agents fédéraux contre les protestataires est une attaque contre la démocratie américaine dans la mesure où elle vise à réprimer la liberté d’expression.
Le dirigeant municipal a déclaré : « Leur présence cause plus de violence et plus de vandalisme. Cela n’aide pas du tout à calmer la situation. Ils ne sont pas les bienvenus et nous voulons qu’ils partent.»
Dans les jours qui viennent, 150 de ces agents seront déployés à Chicago.
C’est à suivre…
Références :
Département de la Sécurité intérieure des États-Unis
Federal Law Enforcement Use Unmarked Vehicles To Grab Protesters Off Portland Streets
Homeland Security set to deploy 150 agents in Chicago this week; scope of duty unknown
House Democrats call for ‘urgent’ investigation into federal policing in Portland
La Ville de Portland réclame le départ des troupes fédérales américaines
The Border Patrol Was Responsible for an Arrest in Portland
Trump says he signed executive order to protect monuments
United States Department of Homeland Security
Watching Trump’s paramilitary squads descend on Portland, it’s hard not to feel doomed
Complément de lecture :
Racisme systémique : la complicité de Washington à l’égard du KKK