Lac-Mégantic : le silence étrange du sénateur Boisvenu

Publié le 3 août 2013 | Temps de lecture : 6 minutes


 
Depuis l’assassinat de sa fille Julie, le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu s’est fait le défenseur des victimes. Pendant des années, cet apôtre de la vengeance a utilisé toutes les tribunes à sa disposition pour réclamer des peines toujours plus sévères, allant même jusqu’à souhaiter publiquement qu’on laisse à chaque assassin une corde disponible dans sa cellule pour qu’il se pende, s’il le désire.

Le sénateur Boisvenu est membre du Comité sénatorial permanent des Transports et des Communications. À ce titre, il a adopté article par article, l’encadrement législatif du transport ferroviaire au pays. De plus, en tant qu’homme politique, il a défendu bec et ongles les politiques de dérèglementation du gouvernement Harper, politiques responsables de la tragédie de Lac-Mégantic.

Évidemment, il existe une grande différence entre un meurtre froidement exécuté et un accident involontaire. Mais jusqu’ici, le degré de responsabilité du tueur n’a jamais intéressé M. Boisvenu; en présence d’un homicide, qu’il soit volontaire ou non, le sénateur réclamait vengeance dans tous les cas.

Puisqu’un homicide se définit comme l’action de tuer un être humain, la tragédie de Lac-Mégantic s’est soldée, entre autres, par l’homicide de 47 personnes, toutes aussi attachées à la vie que sa petite Julie.

On aurait pu imaginer le sénateur Bienvenu réclamant l’emprisonnement à vie des dirigeants de la MMA et la saisie de leurs actifs. Il aurait pu réclamer la démission du ministre des Transports de l’époque ou de celle du gouvernement Harper, responsable par son laxisme de cette tragédie humaine.

Celui qui n’hésitait pas à pointer un doigt accusateur contre la Commission des libérations conditionnelles (qui avait remis en liberté l’assassin de sa fille), s’est transformé aujourd’hui en une limace qui glisse silencieusement dans l’ombre de ce gouvernement qui l’a utilisé comme un pion pour promouvoir son idéologie.

Références :
À chaque assassin sa corde?
Délibérations du Comité sénatorial permanent des Transports et des communications
Le sénateur Boisvenu, apôtre de la vengeance
Le sénateur Boisvenu retire ses propos controversés sur l’option du suicide donnée aux assassins

Entete_Boisvenu
Bonjour effectivement je garde silence. Je me remets lentement d’une crise médiatique qui a touché ma vie privée et ma santé cette année. Avoir été présent, j’aurais été critiqué. Ne pas l’être, je le suis quand même. Donc, d’une manière ou d’une autre, on m’aurait critiqué.

Ayant perdu deux filles dans des circonstances dramatiques aussi, je comprends la douleur des familles et mes prières quotidiennes sont avec elles.

Je saurai être près d’elles quand les caméras s’en seront éloignées.

Merci de me publier sur votre blogue.

Pierre-Hugues Boisvenu
Estrien d’adoption et de cœur,
Sénateur canadien

Entete_Boisvenu_2
Jean-Pierre,

Je n’avais pas lu encore votre blog quand je vous ai envoyé mon commentaire par courriel.

Après l’avoir lu, je constate votre ignorance de la chose politique et surtout votre mauvaise foi.

Comment pouvez-vous me traiter d’apôtre de la vengeance ? Sans doute parce je suis un conservateur convaincu. Comment pouvez-vous affirmer que je ne peux faire la différence entre un meurtre prémédité et un homicide involontaire ?

La preuve de votre ignorance: aucune commission de libération conditionnelle a libéré l’assassin de ma fille….il a été libéré par le directeur de la prison provinciale de Gaspé.

Je vous demande, si vous avez 5 onces d’honnêteté intellectuelle de retirer ce texte de votre blog.

Merci.

Pierre-Hugues Boisvenu
 
Réponse_JPM
 
Le rôle du gouvernement fédéral est, entre autres, de protéger la population canadienne contre ceux qui violent l’ordre public.

Lorsqu’un train fou tue 47 personnes, déverse 1,7 million de litres de pétrole brut, pollue une rivière qui constitue la principale source d’eau potable de plusieurs municipalités riveraines, et cause des dommages estimés entre 500 millions$ et un milliard$, cela s’appelle troubler l’ordre public.

Ce n’est pas vrai que nous, contribuables québécois, allons payer plus de 500 millions$ pour une catastrophe qui ne serait pas survenue si votre gouvernement s’était acquitté correctement de sa responsabilité de garantir la sécurité du transport ferroviaire.

Monsieur le Sénateur, je vous accuse publiquement, vous et vos complices, de nous avoir trahi. La population canadienne a élu le gouvernement Harper croyant que ce gouvernement la protégerait.

Au contraire, il a préféré dérèglementer l’industrie ferroviaire et remettre notre sécurité entre les mains d’aventuriers. Avec, comme résultats, 47 morts et la pire catastrophe environnementale de l’histoire du Canada.

Laissez-moi vous dire qu’il faudra plus que vos prières quotidiennes pour vous faire pardonner.

Le gouvernement Harper est, après la MMA, responsable de ce désastre. C’est à lui de payer la totalité des frais reliés à cette catastrophe, et non le minable 60 millions$ qu’il a annoncé afin d’aider à la reconstruction de la ville.

Au XIXe siècle, les compagnies minières n’hésitaient pas à risquer la vie de leurs travailleurs : en cas d’effondrement ou d’explosion, on se contentait d’envoyer des couronnes de fleurs mortuaires aux familles des victimes. De nos jours, le gouvernement Harper fait pareil avec nous.

Tant que ce sera plus économique pour lui de s’aplatir devant les compagnies de broche-à-foin qui mettent nos vies en péril — quitte à nous donner quelques cacahouètes en cas de problème — il poursuivra son aveuglement bienveillant à leur égard.

La seule manière de nous assurer que votre gouvernement prendra ses responsabilités à l’avenir, c’est que la tragédie de Lac-Mégantic lui coûte cher.

Le gouvernement fédéral n’a pas payé un sou des 421 millions$ qu’a couté la crise du verglas : cette fois-ci, il devra payer la totalité des sommes impliquées dans le désastre dont il est responsable et récupérer ce qu’il peut des compagnies imputables au premier degré.

Si vous pensez que le Québec acceptera le passage sur son territoire de matières dangereuses par train ou par pipeline à destination d’autres provinces, tout en assumant le prix des catastrophes éventuelles que votre laxisme aura causées, vous nous prenez vraiment pour des imbéciles.

47 morts, ça suffit !

Jean-Pierre Martel, blogueur

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Écrit par Jean-Pierre Martel