© — Bombardier
En tant que partisan de la CSeries et critique de la contribution pingre du fédéral à ce sujet, j’ai été gêné par l’annonce des augmentations de rémunération phénoménales que les dirigeants de Bombardier se sont accordées.
On nous dit que les bons administrateurs, capables de faire des redressements d’entreprise coutent cher. Toutefois, à partir de quand passe-t-on de cher à trop cher ?
À mon avis, il y a beaucoup plus de créativité et de mérite chez ces entrepreneurs qui créent de nouvelles entreprises à partir d’une idée de génie qu’ils ont eu.
C’est certainement de cas de Joseph-Armand Bombardier, de Bill Gates et de Steve Jobs, par exemple.
Beaucoup de nos petits entrepreneurs québécois sont en réalité des artistes et des créateurs, à leur manière.
Mais c’est un mythe de croire que les nouveaux riches à la tête des grandes corporations internationales sont des êtres d’exception.
Au contraire, ce sont trop souvent des automates qui appliquent tous la même recette. Une recette dont les résultats varient en fonction d’impondérables qui ne dépendent pas d’eux.
Cette recette, c’est couper la force ouvrière de leur compagnie — et, dans le cas précis des entreprises de service, presser la clientèle comme des citrons — afin de dégager des profits immédiats qui feront grimper la valeur spéculative des actions de l’entreprise afin de justifier aux yeux des actionnaires repus les faramineuses augmentations de salaire et de primes qu’ils s’accordent.
Et quand la recette tourne mal, ils s’accordent les mêmes augmentations en dépit de déficits records sous le prétexte cette fois qu’il faut des dirigeants forts pour traverser les crises.
Sous la pression populaire, le président du Conseil d’administration de Bombardier a renoncé à ce que son salaire passe de 3,8 millions$US à 5,2 millions$US.
À titre de comparaison, son homologue d’Airbus gagne 254 000$US et celui de Boeing, 326 000$US.
Certains porte-paroles québécois du milieu des affaires reprochent aux protestataires de s’immiscer dans la gestion interne des entreprises. De plus, selon eux, le Québec risquerait d’apparaitre hostile au grand capital et ainsi faire fuir les investissements étrangers.
En réalité, jusqu’à ce que Bombardier s’affranchisse du soutien financier de gouvernement du Québec, cette compagnie est un assisté social corporatif. À ce titre, elle est sujette au jugement des contribuables qui lui permettent de traverser une période délicate de son évolution.
De plus, les protestations publiques au Québec font partie d’un mouvement mondial d’exaspération contre la montée des inégalités sociales.
Au lieu de le combattre, le milieu des affaires aurait intérêt à en tenir compte.
Références :
La CSeries de Bombardier
Les miettes fédérales à Bombardier
Les pratiques de rémunération de Bombardier sont «saines», dit un administrateur