La campagne électorale au Québec : les 5 et 6 août 2012

Publié le 10 août 2012 | Temps de lecture : 8 minutes


 
Jacques Duchesneau passe à la CAQ

La nouvelle circulait déjà depuis deux jours. C’est aujourd’hui que la Coalition avenir Québec (CAQ) lâche une véritable bombe politique : Jacques Duchesneau, symbole de la lutte anti-corruption au Québec, se présente sous la bannière de cette formation politique.

Avec l’arrivée de deux candidats vedettes — le Dr Gaétan Barrette (Président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec) et Jacques Duchesneau — l’équipe ministrable de la CAQ se renforce considérablement. De plus, ce parti acquiert ainsi une crédibilité nouvelle dans l’opinion publique.

Pour le Parti libéral, c’est une catastrophe. L’ex-policier passerait le reste de la campagne électorale à réciter l’annuaire du téléphone, que sa simple apparition sur nos écrans de télévision suffirait à raviver le souvenir des accusations de corruption qui pèsent lourdement sur le gouvernement sortant.

Quant au Parti québécois, la remontée prévisible de la CAQ dans les intentions de vote brouille les cartes : la Coalition n’est plus seulement le refuge d’électeurs libéraux qui ont honte de leur parti et d’anciens partisans du parti disparu de Mario Dumont (l’ADQ) : la Coalition avenir Québec séduira aussi un nombre accru d’électeurs francophones — surtout parmi les moins nationalistes — qui cherchent une alternative au régime corrompu de M. Charest et qui, autrement, auraient voté pour le PQ.

Selon les explications fournies par M. Duchesneau lui-même, il semble que la déclaration de M. Charest, en début de campagne, de s’attribuer une note de 8 sur 10 dans la lutte contre la corruption a piqué au vif M. Duchesneau et l’a convaincu, impulsivement, de sauter dans l’arène politique.

On peut présumer que la charge stupide de l’avocate du PQ contre M. Duchesneau à la Commission Charbonneau, n’est pas étrangère au choix de ce dernier de se présenter sous la bannière de la CAQ plutôt que celle du PQ.

Si le Parti québécois devait prendre le pouvoir à l’issue de la présente élection, Mme Marois pourrait songer à la possibilité de répéter le coup d’éclat du Premier ministre Robert Bourassa qui, en 1970, avait nommé Jean Cournoyer, ministre du travail quelques mois plus tôt dans le gouvernement d’un parti rival, à ce même poste dans son propre cabinet nouvellement élu.

Références :
Jean Charest ouvre la porte de la CAQ à Duchesneau
Jean Cournoyer

M. Charest subventionnera des garderies d’entreprise

M. Charest annonce qu’un gouvernement libéral aidera les entreprises qui voudront créer des garderies sur place au bénéfice de leurs employés. Et ce, au tarif maximal de 8$ par jour pour les utilisateurs.

De manière générale, le tarif quotidien des garderies, actuellement à 7$, sera indexé à l’augmentation du coût de la vie. Rappelons que le coût véritable d’une place en garderie subventionnée est de l’ordre de 37$.


 
Le Parti libéral accordera 100$ aux familles pour l’achat de matériel scolaire

Jean Charest promet de doubler le budget du programme qui permet aux enfants d’obtenir de l’aide pour faire leurs devoirs; ce budget passera donc de 20 à 40 millions$.

De plus, il a annoncé que les parents québécois recevront 100$ par enfant pour l’achat de matériel scolaire, une mesure dont le coût total est évalué à 45 millions$ annuellement.

M. Charest déclare : « C’est un montant qui sera déboursé à chaque année, au mois d’août, pour aider et appuyer les familles qui préparent la rentrée scolaire de leurs enfants, pour tous les enfants du primaire qui sont dans le réseau public. C’est un montant d’argent qui sera non imposable. Ça va rejoindre environ 450 000 enfants.»

À mon avis, il s’agit d’une très bonne mesure. Toutefois, on peut faire mieux.

À la place, j’aurais plutôt favorisé l’édition électronique des manuels scolaires. Je sais qu’il s’agit d’une question délicate pour les maisons d’édition québécoises. Toutefois si le gouvernement subventionnait plutôt le téléchargement des manuels scolaires obligatoires, à partir d’un portail gouvernemental unique, on épargnerait des tonnes de papier, on s’assurerait de retombées économiques à 100% pour le Québec — puisque les sommes seraient versées à des auteurs et des éditeurs québécois et non à l’achat de crayons-feutres de Chine — et on soulagerait encore plus le fardeau financier des familles; en effet, à aux seuls, les manuels scolaires coûtent une fortune.

Référence : Charest promet 100 $ aux familles pour la rentrée

Le Parti québécois indécis quant au gisement pétrolier Old Harry


 
De passage aux Îles-de-la-Madeleine, Pauline Marois a déclaré qu’un gouvernement péquiste serait prêt à renoncer à exploiter la portion québécoise du site pétrolier Old Harry, situé dans le golfe du Saint-Laurent. La chef péquiste préfère attendre les résultats de l’évaluation environnementale en cours avant de trancher définitivement.

J’appelle cela parler pour ne rien dire : veut-on ou ne veut-on pas développer Old Harry ?

Ce gisement chevauche la frontière qui sépare deux provinces : le Québec et Terre-Neuve. Cette dernière permet déjà l’exploitation de ce gisement et en retire des millions$ en redevances. Le Québec n’a pas le choix : renoncer à exploiter la portion québécoise du gisement équivaut à donner le monopole d’Old Harry à Terre-Neuve. Lorsque l’Humanité sera passée aux énergies renouvelables, il sera trop tard pour tirer profit de ce qui dort chez nous au fond du golfe, loin des nappes phréatiques d’eau potable.

La CAQ favorisera sans hésitation l’exploitation pétrolière au Québec

Un éventuel gouvernement caquiste affecterait la totalité des redevances gazières et pétrolières au remboursement de la dette. La CAQ espère ainsi ramener progressivement la dette québécoise (49,9% de son PIB) au niveau des autres provinces les plus endettées, la Nouvelle-Écosse (35,3%) et l’Ontario (35,0%).

M. Legault déclare : « On ne peut pas se permettre le luxe, au Québec, de ne pas regarder l’exploitation pétrolière. C’est peut-être la chance ou jamais de rembourser la dette qu’on a, une dette qui est la plus importante de toutes les provinces canadiennes.»

Rappelons que les deux principaux gisements pétroliers du Québec sont situés respectivement sur l’Île d’Anticosti (40 milliards de barils) et dans le Golfe du Saint-Laurent (« Old Harry », 6 milliards de barils). Globalement, une faible partie du pétrole québécois (environ 10%) peut être extrait.

Le chef de la CAQ étudierait également les moyens d’accélérer le processus d’évaluation environnementale menant à l’approbation des projets de ressources naturelles. En d’autres mots, on veut que les environnementalistes se tiennent tranquilles.

Finalement, on créerait un Fonds de développement des ressources naturelles de cinq milliards$, qui serait administré par la Caisse de dépôt et placement du Québec pour permettre à l’État d’acquérir une participation dans les projets miniers et pétroliers québécois.

Références :
CAQ: le pétrole pour s’attaquer à la dette
Quand François Legault spécule sur le pétrole

Le Plan de développement économique présenté par Québec Solidaire

Cette formation politique présentait aujourd’hui son Plan de développement économique. Celui-ci prévoit la création de 166 000 nouveaux emplois, propose de développer un réseau de trains électriques express, de prolonger le métro de Montréal, de créer 40 000 nouvelles places en garderie, et de construire 50 000 nouveaux logements sociaux. Entre autres, Québec solidaire entend financer ce plan de 1,5 milliard$ par une redevance sur l’eau payée par les utilisateurs industriels de cette ressource.

Depuis 2011, les entreprises qui utilisent beaucoup d’eau — les embouteilleurs et sociétés minières — paient une redevance de 70$ par million de litres d’eau utilisé, soit sept millièmes de sous (0,00007$) par litre d’eau. Cela rapporte annuellement la modeste somme de 9 millions$. Québec solidaire propose de faire passer cette redevance à 5 000$ par million de litres, soit un demi sous du litre.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : les 3 et 4 août 2012

Publié le 9 août 2012 | Temps de lecture : 8 minutes


 
La CAQ promet d’assigner un médecin à chaque famille

Tout le monde, dès la première année d’un mandat caquiste, se verra assigner un médecin. Ce parti forcera chaque médecin de famille à suivre, en moyenne, mille patients. La liste des noms sera établie par l’État et aucun omnipraticien ne pourra refuser.

C’est un peu ce qui se fait déjà en Grande-Bretagne : non seulement les médecins se voient attribuer les habitants d’un territoire précis mais on leur offre des incitations monétaires s’ils y améliorent la santé des gens qui y vivent, plus précisément s’ils réduisent leur consommation en médicaments et leur besoin en soins hospitaliers.

François Legault déclare : « Au Québec, on a 8 000 médecins de famille. Si vous faites un petit calcul, ça donne plus de 100 médecins par 100 000 habitants. C’est plus que dans le reste du Canada.»

En effet, le Québec se classe au 4e rang des provinces canadiennes quant au nombre de médecins par 100 000 habitants mais au dernier rang pour ce qui est du pourcentage de sa population qui possèdent un médecin de famille; seulement les trois quarts des Québécois ont accès à un médecin de famille. Avec moins de médecins, l’Ontario fait mieux puisque 91% des gens y possèdent un médecin de famille.

Toutefois, l’assignation d’un médecin ne garantit pas sa disponibilité à des rendez-vous. La CAQ promet donc aux médecins, les ressources et la rémunération nécessaires. Des Centres de médecine familiale, ouverts sept jours par semaine jusqu’à 22h, seraient créés dans chaque région du Québec afin de minimiser le recours aux urgences des hôpitaux comme lieux de traitement de première ligne.

Pour terminer, signalons que selon Statistique Canada, la moitié de ceux qui n’ont pas de médecin de famille admettent ne pas en avoir cherché.

Le PQ augmentera les redevances minières

La fiscalité québécoise permet à la moitié des minières québécoises de ne payer aucun impôt. Plus précisément, les redevances de l’industrie minière ne couvrent même pas les coûts de restauration des sites abandonnés.

Le PQ propose une redevance minimale de 5% sur la valeur brute de la production de minerai. De plus, au-delà d’un profit de 8%, la minière devra payer une taxe de 30% sur les profits subséquents.

La journaliste de Radio-Canada attitrée à la campagne péquiste déclare : « Pendant des mois, le PQ a fait la guerre au projet de loi sur les mines du gouvernement libéral. Et il n’a pu être adopté. C’est que le PQ, sentant venir les élections, espérait mettre en place ses propres politiques.»

Vraiment ? Comment un parti d’opposition peut-il forcer un gouvernement majoritaire à adopter quoi que ce soit ?

Le régime fiscal auquel sont soumises les minières québécoises les incite à utiliser des stratagèmes, tout à fait légaux, qui font en sorte qu’elles ne paient aucun impôt. Alors que le Parti libéral est complice de ce pillage de nos richesses naturelles, le PQ entend, au contraire, y mettre fin.

Références :
Gaz de schiste : des redevances « élevées » ou « justes » ?
Plan nord : redevances basées sur les profits ou sur la valeur brute ?

Le Parti libéral veut favoriser l’embauche des travailleurs âgés

S’ils sont réélus, les libéraux veulent garder les personnes de 55 ans et plus sur le marché du travail. Dans ce but, on promet d’investir plus de 400 millions$. À tire d’exemple, les entreprises bénéficieraient de baisses d’impôt — jusqu’à 1 000$ par année par employé — si elles choisissent des candidats de plus de 65 ans.

La journaliste de Radio-Canada attitrée à la campagne libérale, Martine Biron, déclare : « Sur la route électorale, on est conscient qu’une pénurie de main d’œuvre est à nos portes.» Si tel était le cas, on voit mal la nécessité d’une mesure illégale — reposant sur une discrimination basée sur l’âge — alors que cette pénurie anticipée, si elle survient, provoquera une demande accrue de main-d’œuvre et une croissance de sa rémunération. Cela devrait suffire à garder sur le marché, les personnes aptes au travail. Pourquoi donc gaspiller 400 millions$ ?

Il est à noter que cette promesse extravagante représente à elle seule, plus de la moitié des revenus anticipés de la hausse des frais universitaires.

Référence : L’augmentation des frais de scolarité

Québec Solidaire présente autant de candidates que de candidats

Françoise David annonce que sa formation politique présente autant de candidates que de candidats. : « À ce jour, si vous allez sur le site des autres partis politiques (…) le Parti libéral présente 39% de candidates, le Parti québécois 29%, la Coalition pour l’avenir du Québec 19%, et Option nationale 22%.»

Incidemment, rendons à César ce qui appartient à César : M. Charest a nommé plus de femmes au sein de ses trois gouvernements successifs qu’aucun autre de ses prédécesseurs.

Le PQ et les soins à domicile

Le Parti québécois promet de dégager une somme de 100 millions$ par année pendant cinq ans pour offrir des soins aux personnes âgées qui veulent demeurer à domicile. Au baume, entre autres, pour les aidants naturels.

Les libéraux veulent faire travailler les assistés sociaux

Sous le thème de « Valoriser le travail », le chef libéral propose des mesures pour aider les bénéficiaires de l’aide sociale âgés entre 18 et 21 ans et les personnes seules, à reprendre le travail.

M. Charest déclare : « Nous allons vouloir (sic) lever les barrières pour certains Québécois pour qui l’accès au marché du travail peut être un peu plus difficile.»

Il a promis des mesures pour favoriser le retour au travail des assistés sociaux de 18 à 21 ans. De plus, il s’est engagé à bonifier la prime au travail pour les personnes seules; le montant maximal passerait de 532$ à 732$ par année.

Le chef libéral a souligné que le taux d’assistance sociale est à son plus bas niveau depuis 1976. Mes informations sont plutôt que le chômage au Québec diminue depuis 1992. Dans tous les cas, on voit mal la nécessité de dépenser l’argent des contribuables à corriger un problème en régression.

Taux de chômage au Canada, de 1988 à 2008

Références :
Duchesneau: «Une arme de destruction massive», dit Gignac
Grand parleur, petit faiseur

La CAQ veut intéresser les jeunes à la culture

François Legault promet non seulement d’épargner le Ministère des Affaires culturelles de son plan d’assainissement des finances publiques, mais s’engage à y investir 100 millions$ supplémentaires, dont 50 millions$ pour initier les écoliers aux productions d’ici. L’autre moitié servira à la promouvoir les artistes québécois à l’étranger.

« Il faut que tous nos jeunes aient la chance, au moins une fois par année, d’assister à un concert de musique classique, de voir une pièce de théâtre…»

Je suis un peu partagé au sujet de ces promesses. D’une part, il est évident qu’en augmentant les subventions au milieu artistique, la CAQ compense pour les coupures récentes du gouvernement fédéral à ce sujet (en évacuant un champ de compétence qui ne lui appartient pas).

Il est donc heureux que la CAQ fasse une priorité du rayonnement international de la culture québécoise. Mais je n’aime pas qu’on insinue que les jeunes manquent de culture. À 20 ans, on a eu trois fois moins d’occasions de s’abreuver de culture que si on en avait 60. Cela est mathématique. Mais cela ne veut pas dire qu’on est destiné à devenir inculte.

En réalité, les jeunes sont curieux et ont une grande soif de culture. Mais ils s’intéressent à la culture vivante d’aujourd’hui, que ce soit la télévision, le cinéma et la musique populaire, entre autres. À cet âge, on s’intéresse moins aux créations du passé présentées habituellement par les troupes de théâtre, les orchestres symphoniques ou les musées.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : le 1er et 2 août 2012

Publié le 8 août 2012 | Temps de lecture : 13 minutes


 
Bilan économique du gouvernement Charest

Lors de l’annonce de la date du scrutin, mercredi dernier sur les ondes de RDI, le Premier ministre du Québec a déclaré que sous sa gouverne, notre province avait mieux traversé la crise économique actuelle que l’ont fait l’Europe et les États-Unis. De plus, selon M. Charest, le Parti libéral a réussi, en période de crise économique, à faire mieux que le Parti québécois en période de prospérité.

D’avance, je vous le dis : si cela est vrai, je vote libéral. Mais est-ce bien vrai ?

Le Québec et la crise économique actuelle

Le Canada a mieux traversé la crise économique actuelle que l’Europe et les États-Unis. Cela est le cas de toutes les provinces canadiennes, que celles-ci soient dirigées par des gouvernements conservateurs, libéraux ou néo-démocrates.

Ce que M. Charest n’a pas dit — mais qu’il dira sans doute ultérieurement au cours de la compagne électorale — c’est que le Québec a même fait mieux que l’Ontario.

La raison de cette bonne performance, c’est que les gouvernements québécois précédents (péquistes comme libéraux) ont modernisé la structure industrielle du Québec au cours des dernières décennies, abandonnant le textile (par exemple) et misant sur le multimédia, la biotechnologie et l’aéronautique. Ce que n’a pas fait l’Ontario, qui dépend tout autant de l’industrie automobile, durement affectée par la récession.

Au Québec, si l’aéronautique a souffert de la dernière récession et de la concurrence du Brésil, ce ne fut pas le cas du multimédia (en particulier des jeux vidéo) et de la biotechnologie. En d’autres mots, M. Charest a surfé sur la vague des changements industriels sur lesquels ont travaillé ses prédécesseurs.

Mais peut-on dire qu’il a fait mieux en dépit des temps difficiles actuels que le Parti québécois en période de prospérité ?

Le Québec, province quêteuse

Sous la gouverne des Premiers ministres péquistes Parizeau, Bouchard et Landry, la croissance économique du Québec était supérieure à la moyenne canadienne. Si bien que le Québec était devenu la quatrième province la plus riche du pays quant au revenu par personne. Conséquemment, le gouvernement fédéral avait même diminué légèrement la péréquation versée au Québec. En effet, seules les provinces pauvres peuvent bénéficier de ce mécanisme de redistribution de la richesse canadienne. Lorsqu’une province devient moins pauvre, elle reçoit moins de péréquation.

Dès son accession au pouvoir, le gouvernement Charest s’est mis à couper à tort et à travers dans les dépenses publiques afin de dégager un milliard de dollars, afin de réaliser sa promesse de réduire les impôts des riches. Ces coupures — tout comme celles auxquelles procèdent actuellement la Grèce, l’Espagne et l’Italie — provoquèrent une contraction de la croissance économique.

Cette contraction n’a pas été suffisante pour provoquer une récession, mais a suffi à ralentir la croissance économique du Québec et à faire revenir cette croissance sous la moyenne canadienne. Cela fut vrai dès la première année du gouvernement Charest. Et cela n’a pas cessé d’être le cas jusqu’en 2008.

De 2008 à 2011, la croissance a toutefois été de 4,7% au Québec (vs 3,5% pour l’ensemble du pays). Cet avantage d’un pour cent ces dernières années n’a pas été suffisant pour réparer les dommages subis de 2003 à 2008, ce qui a fait chuter le Québec à l’avant-dernier rang canadien (devant l’Île-du-Prince-Édouard) quant au revenu disponible par personne.

Donc il est totalement faux de prétendre que le Parti libéral fait mieux que le PQ. Au contraire; M. Charest a hérité d’une situation exceptionnelle et l’a gâchée par aveuglement idéologique. Grâce à M. Charest, nous sommes maintenant plus pauvres que les gens du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle Écosse.

Des pertes de 40 milliards$ à la Caisse de dépôt et de placement

Là où la performance économique du gouvernement Charest a été pitoyable, c’est relativement à l’effondrement des actifs de la Caisse de dépôt et de placement. Rappelons que toutes les sommes épargnées en vue de notre retraite, sont versées et gérées par cet organisme d’État. Or dans la crise, toutes nos épargnes ont perdu 25% de leur valeur, comparativement à 18,4% pour la moyenne des grandes caisses de retraite canadiennes.

Lorsqu’on l’interroge à ce sujet, M. Charest a l’habitude de répondre que cela n’est pas de sa faute — jamais rien n’est de sa faute — et que la Caisse est indépendante de l’État. En réalité, il est vrai que le gouvernement ne se mêle pas de la gestion quotidienne des actifs de la Caisse. Toutefois le gouvernement a le pouvoir de nommer et de destituer le Président de la Caisse. S’il s’abstient de le faire, c’est qu’il le veut bien.

Le gouvernement Charest a destitué presque toutes les personnes nommées avant lui par le Parti québécois sauf le président de la Caisse. Ce dernier, Henri-Paul Rousseau, avait la réputation d’être un magicien qui réussissait à obtenir des rendements équivalent à ceux obtenus par le Fonds de pension des enseignants ontariens (parmi les plus performants au pays).

En réalité, ce dirigeant avait transformé la Caisse en repère de spéculateurs. Sans trop savoir de quoi il s’agissait, les courtiers de la Caisse achetaient à tour de bras des actifs toxiques — la Caisse détenait le tiers de tous les PCAA détenus au Canada — pour la simple raison qu’ils donnaient des rendements élevés. Un régime de bonus incitait ceux-ci à prendre des risques de plus en plus grands. Et comme la spéculation finit inexorablement par la faillite, le laisser-faire de M. Charest a mené aux pertes colossales qu’on connait.

Avisé confidentiellement par M. Rousseau lui-même au sujet des pertes catastrophiques de la Caisse, M. Charest a préféré devancer les élections de 2008 afin que la nouvelle ne soit connue qu’après sa réélection.

La balance commerciale du Québec

Historiquement, le Québec a toujours dégagé d’importants surplus dans ses échanges internationaux. En 2004 — soit un an après l’arrivée au pouvoir de M. Charest — pour la première fois de son histoire, le Québec s’est retrouvé avec un déficit commercial de 600 millions. Puis, avec un déficit de 6 milliards en 2005, 17 milliards en 2008, et 12 milliards en 2009. En 2010, ce déficit fut de 16,4 milliards, soit 5% du PIB.

Une partie importante de ce déficit est lié aux importations d’hydrocarbures. En effet, les importations de pétrole et de gaz ont passées de sept milliards$ en 2000 à 18 milliards$ en 2008, soit une augmentation de près de 257% en huit ans seulement, en dépit des politiques vertes du gouvernement québécois.

Un déficit commercial, c’est de l’argent qui quitte le Québec pour aller créer des emplois ailleurs.

Du strict point de vue économique, le régime de M. Charest est le gouvernement plus incompétent que le Québec ait connu depuis celui de Jean-Jacques Bertrand, à la fin des années 1960.

Conclusion

En somme, il est à prévoir que M. Charest répétera ad nauseam, tout au long de la campagne électorale, ces mensonges ou ces demi-vérités jusqu’à ce qu’elles deviennent évidentes pour un bon nombre d’électeurs.

Machiavel disait : « Mentez, mentez : il en restera toujours quelque chose.»

Références :
Économie du Québec : une illusion dangereuse
Grand parleur, petit faiseur
La Caisse saigne: presque 40 milliards perdus
Sables bitumineux: les investissements de la Caisse pointés du doigt
Vers un choc économique 

M. Charest et le droit à l’éducation

En entrevue sur les ondes du Téléjournal de Radio-Canada, M. Charest a déclaré : « Je crois tellement à l’éducation, puis au droit à l’éducation, que je ne crois pas que dans une classe où il y a 20 étudiants sur 25 qui boycottent, qu’on puisse empêcher les 5 autres d’avoir accès à leur salle de cours, tellement que c’est fondamental, le droit à l’éducation.»

M. Charest attache une grande importance à l’accessibilité physique aux salles de cours. Mais il est muet quant à l’accessibilité économique à l’éducation. Qu’est-ce que ça donne de pouvoir entrer dans une bâtisse universitaire si on n’a pas les moyens de s’y inscrire ?

Les études ont démontré que la principale raison qui explique que le taux de décrochage soit plus élevé dans les milieux défavorisés, est d’ordre culturel; on y sous-estime grandement la valeur de l’enseignement supérieur. « Oh, je connais plein de personnes qui ont des diplômes longs comme le bras et qui sont en chômage.»

En réalité, le taux de chômage chez les détenteurs de baccalauréat est moindre que celui de la population en général. Mais, dans les milieux défavorisés, on se plait à soutenir le contraire, peut-être pour minimiser inconsciemment sa propre responsabilité dans sa condition socio-économique.

Mais l’accessibilité économique aux études supérieures est le second facteur le plus important. Alors peut-on imaginer l’effet d’une augmentation substantielle des droits de scolarité — généralement payés par les parents — sur la détermination d’un jeune, originaire d’un milieu défavorisé, à poursuivre ses études ?

Quant à l’idée de payer des professeurs pour enseigner aux 5 étudiants dissidents et de les payer de nouveau pour répéter le tout aux 20 autres quand la grève sera terminée, cela est une de ces belles idées dépourvues de sens pratique, typique du gaspillage libéral. 

M. Charest, promet-il la création de 250 000 emplois ?

Au deuxième jour de la campagne électorale, M. Charest déclare : « Un gouvernement libéral, dans le prochain mandat, va créer 250 000 nouveaux emplois… aider à créer, devrais-je dire. » Quel beau lapsus qui abaisse cette belle promesse au niveau d’un vœu pieux.

La journaliste de Radio-Canada qui couvre la campagne libérale ajoute : « Jean Charest promet donc, s’il est réélu, le plein emploi d’ici cinq ans.» On enchaine avec M. Charest : « Et notre chance à nous, c’est qu’on en un Plan Nord. Nous avons un plan. Nous avons un projet économique. Ailleurs dans le Monde, ils nous l’envient.»

Autrefois, les politiciens avaient honte de dilapider l’argent des contribuables : l’idée géniale de M. Charest, c’est de transformer le gaspillage en promesse électorale formatée par des experts en mise en marché.

Référence : Baie-James vs Plan Nord 

Le PQ et les frais de scolarité

La chef du Parti québécois rappelle la position de son parti :
• annulation de l’augmentation de la hausse des frais de scolarité décrétée par le gouvernement et
• abolition de la loi 78 (inopérante, de toute façon).

Le PQ propose l’organisation d’un sommet au sujet de la gestion et du financement des universités. La chef du PQ déclare : « Il faut donc parler de gestion avant de parler de sous-financement ou de hausse des frais de scolarité. Si, après ce sommet, il y a lieu d’augmenter les droits de scolarité, nous prenons aussi l’engagement de ne pas le faire au-delà de l’indexation au coût de la vie.» 

Tolérance zéro de la CAQ à l’égard de la corruption

Lors du lancement de sa campagne dans la circonscription de L’Assomption, M. François Legault s’est engagé à ce que la première loi de son gouvernement porte sur l’intégrité. La mesure resserrerait les règles relatives au démarchage, de l’attribution des contrats gouvernementaux, et du financement des partis politiques. 

Biais du Téléjournal de Radio-Canada contre la Coalition Avenir Québec

Alors que la présentatrice Céline Galipeau ironisait sur la solution « miracle », selon elle, de la CAQ d’éliminer l’attente aux urgences des hôpitaux québécois, le reporter attitré à la campagne caquiste — Patrice Roy, reconnu pour ses sympathies libérales — menait dans un centre commercial de Terrebonne, une entrevue à ce sujet avec un candidat-vedette de cette formation politique, le Dr Gaétan Barrette.

Contrairement au chef libéral, généralement présenté en plan rapproché, Radio-Canada nous présente donc dans le même plan, à la fois le Dr Barrette répondant aux questions, et le journaliste dont tout le langage corporel témoigne de son scepticisme à l’égard des propos du médecin. Or, la veille, la société d’État n’a pas cru bon confronter M. Charest au sujet des 250 000 emplois qu’il a « promis » au cours d’un prochain mandat.

Cela n’est pas très professionnel. En tant qu’auteur d’un blogue, je peux me permettre d’afficher mes sympathies et faire preuve, si je le désire, d’une outrageuse partialité.

Mais Radio-Canada est payé par les taxes de tous les contribuables, peu importe de leurs allégeances politiques. En tant que service public, c’est le devoir de Radio-Canada d’informer les électeurs au sujet de ce que les divers partis politiques se proposent d’accomplir.

En plus, elle peut aussi présenter un volet sur l’envers du décor, c’est-à-dire un segment qui révèle les mensonges et les exagérations des politiciens. C’est ce qu’elle fait déjà dans son volet « Épreuve des faits ». Donc je ne vois pas l’intérêt de saboter, en plus, la campagne de certains partis politiques dans le segment qui se veut objectif.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’augmentation des frais de scolarité

Publié le 25 mars 2012 | Temps de lecture : 11 minutes

Plus tôt cette année, le gouvernement du Québec a annoncé son intention de majorer les frais de scolarité universitaire de 325$ par année pour les cinq prochaines années. En supposant une formation universitaire de trente crédits, cela signifie que les frais annuels de scolarité passeront de 2 168$ à 3 793$ dans cinq ans, soit une majoration totale de 75%.

En présumant que cette hausse n’aura pas de conséquence sur le nombre d’étudiants inscrits à l’université, le dégel des frais de scolarité représente pour les étudiants une dépense supplémentaire de 658 millions$ pour les quatre prochaines années : 90 millions$ en 2012-2013, 144 millions$ en 2013-2014, 193 millions$ en 2014-2015, et 231 millions$ en 2015-2016. Par la suite, la hausse des droits rapportera aux universités 265 millions$ par année.

Depuis quarante ans, les frais de scolarité universitaire ont varié par paliers; des augmentations brutales mettant fin à de longues périodes de gel. Si les intentions gouvernementales se matérialisent, les frais dans cinq ans rejoindront ceux qu’ils seraient si on les avait indexés depuis 1968.


 
Invoquant la nécessité de démocratiser l’accessibilité aux études supérieures, les étudiants manifestent depuis leur opposition à ce projet, opposition qui recueille la sympathie de la moitié de la population québécoise.

Aussi importante soit-elle, cette augmentation doit toutefois être replacée dans le contexte global de l’ensemble des dépenses auxquelles doivent faire face les étudiants universitaires d’aujourd’hui.

Le niveau de vie des étudiants

Une dépense supplémentaire de 1 625$ n’a pas le même impact si on est millionnaire que si on est pauvre. D’où l’importance de connaitre le coût de la vie à Montréal (où sont situées la majorité des universités québécoises).

À l’intention des étudiants étrangers, l’Université de Montréal a préparé un document qui fait la liste des déboursés annuels auxquels ceux-ci doivent s’attendre en effectuant leurs études dans la métropole canadienne. De ce budget-type, j’ai retranché les frais médicaux qui sont gratuits pour les citoyens québécois.


Tableau du coût de la vie étudiante à Montréal

Frais d’arrivée et d’installation
     300$ : Arrivée (déplacements, logement temporaire, restaurant)
     600$ : Installation (équipement pour logement, caution du téléphone, etc.)
     600$ : Vêtements d’hiver

Frais de subsistance
  6 000$ : Loyer et charges
  4 200$ : Nourriture
     720$ : Transport
  1 800$ : Divers

Autre
  1 000$ : Livres et fournitures scolaires

Droits de scolarité et couverture médicale
  2 168$ : Frais de scolarité (30 crédits)
     120$ : Assurance pour soins dentaires

17 508$ : Total
 

 
Évidemment, certains étudiants vivent à Montréal dans la maison de leurs parents et n’ont pas à débourser pour se loger, se nourrir, pour s’habiller, etc. Dans ce cas, à l’exception du loyer, leurs parents paient le reste pour eux, ce qui revient au même.

On voit donc que cette majoration de 325$ par an représente une hausse annuelle de 1,86% de leur train de vie, ce qui est insignifiant. Toutefois, en ignorant l’inflation, dans cinq ans, l’augmentation des frais de scolarité de 1 625$ provoquerait ultimement une hausse de 9,3% du coût de la vie étudiante, en supposant que ce mode de vie ne puisse pas souffrir d’aucune compression.

Comparaison avec les autres provinces canadiennes

Toutes les données publiées par le gouvernement du Québec sont basées sur une formation universitaire de trente crédits annuels. Mais puisque j’ignore à combien de crédits les étudiants s’inscrivent réellement, j’ai préféré utiliser les données de Statistiques Canada.


 
En frais de scolarité seulement, il en coûte en moyenne 5 146$ au Canada pour obtenir un baccalauréat universitaire. Comme l’indique de graphique ci-dessus, de toutes les provinces canadiennes, c’est au Québec que ces coûts sont les moindres, soit 2 411$.

Ils sont moindres parce qu’ici, les frais imposés aux étudiants ne représentent que 12,7% (en 2008-2009) du coût réel de leur formation. Le reste est assumé principalement par les contribuables. C’est donc à dire que la société québécoise subventionne plus qu’ailleurs la formation de ses universitaires.

Même en augmentant de 75% les frais imposés aux étudiants, le Québec se trouverait sous la moyenne canadienne. Mais cette majoration a comme conséquence inéluctable d’augmenter le niveau d’endettement des étudiants.

Même en tenant compte des dépenses que le reste de la population ne trouve pas essentielles, il est certain que de manière générale, les étudiants des universités québécoises ne dépensent pas 1 625$ par année de tatouage, de piercing, de rave et de bière, pour ne nommer que cela.

Si les étudiants trouvent inacceptable d’être obligés de s’endetter pour s’instruire, cela signifie qu’au cours des années qui viennent, ils vont continuer à s’instruire en pelletant la majorité du coût de leur formation universitaire sur le dos des contribuables. D’où la question : Pourquoi le Québécois moyen devrait-il s’endetter à leur place?

L’endettement des ménages québécois

En excluant les prêts hypothécaires, l’Institut de statistiques du Québec a calculé que l’endettement par consommateur québécois est de 18 025$. Cela est beaucoup mieux que la moyenne canadienne, qui est de 25 597$. De plus, le taux d’endettement — c’est-à-dire le montant de la dette comparé au revenu disponible — demeure moindre au Québec que dans le Canada en général.

La raison de cela se trouve sans doute dans le fait que certaines des dépenses assumées ailleurs par les familles (frais de garderie et coût des traitements médicamenteux, par exemple) sont assumées chez nous par l’État, ce qui augmente le revenu disponible et réduit le niveau d’endettement.

Quant au niveau d’endettement de l’État québécois, même s’il est inquiétant, il se compare avantageusement à celui des États-Unis, comme nous l’avons vu récemment.

En somme, le Québec pourrait se permettre de continuer d’être aussi généreux à l’égard de ses étudiants. Toutefois, si on souhaite transférer sur le dos des contribuables une bonne partie des frais d’implantation des compagnies minières dans le Nord québécois afin de favoriser à tout prix le développement minier du Québec, il faut couper quelque part.

Puisque le gouvernement a choisi de sabrer dans le financement des études universitaires, cette décision nous amène à remettre en question le « modèle québécois » du financement des études universitaires.

Pourquoi subventionner autant la formation universitaire ?

La société québécoise — c’est-à-dire nous tous — subventionne les études universitaires parce qu’elle croit que des frais de scolarité élevés constituent un obstacle économique qui freine l’accès à la formation dispensée sur nos campus.

Si les étudiants payaient le prix réel de ce que cela coûte pour s’instruire, seuls les fils de riches auraient les moyens d’accéder aux études supérieures. Et s’il en était ainsi, nous serions tous perdants parce que le Québec manquerait alors d’ingénieurs, de professionnels et, de manière générale, d’experts dans tous les domaines.

Une société ne peut atteindre son plein potentiel de développement si elle sacrifie les talents d’une partie de ses citoyens. C’est ainsi que tous les pays où les femmes sont reléguées aux travaux domestiques sont des pays qui se tirent dans le pied.

Mais en contrepartie, les jeunes doivent poursuivre et compléter leurs études; en somme, ils ont une obligation de réussite. Pourquoi devrions-nous travailler et payer des taxes s’ils ne tirent pas profit de la générosité des contribuables ?

D’après les données de Statistique Canada, de 2007 à 2010, le taux de décrochage scolaire est plus élevé au Québec (11,7%) que dans l’ensemble du Canada (8,9%). Selon d’autres données de Statistique Canada citées par La Presse (mais que je n’ai pas réussi à trouver), le taux de décrochage serait plutôt de 20% au Canada et de 22,5% au Québec. Dans tous les cas, ce qu’on doit retenir, c’est qu’en dépit de barrières économiques moindres au Québec, l’abandon des études y est plus élevé.

Et lorsqu’on parle de décrochage scolaire, on ne parle pas seulement des jeunes qui n’ont pas de baccalauréat. Le Québec a autant besoin de techniciens en aéronautique ou de créateurs de jeux multimédia (diplômés d’études techniques) que d’ingénieurs ou d’avocats (diplômés universitaires).

Le décrochage scolaire dont on parle ici concerne ceux qui quittent nos écoles sans diplôme d’études secondaires.

Ces données nous amènent à remettre en question l’à-propos des subventions aux études supérieures : le gouvernement libéral n’est-il pas justifié de dégeler les frais de scolarité quand les jeunes eux-mêmes ne sont pas conscients de l’importance d’acquérir un diplôme ?

Le problème, c’est qu’en dégelant ces frais, on punit les mauvaises personnes; on ne punit pas les décrocheurs, mais ceux qui sont des exemples pour les autres jeunes.

Conclusion

Michel Girard a publié dans La Presse un billet convainquant en faveur du prolongement du gel des frais de scolarité, dans une perspective purement économique. Malgré son plaidoyer, il me reste encore du chemin à faire avant de partager l’hostilité des jeunes au dégel des frais de scolarité.

Je ne vous cacherai pas que je suis très déçu que, malgré la générosité des travailleurs qui subventionnent le coût de leurs études, trop de jeunes préfèrent entrer prématurément sur le marché du travail et être handicapés toute leur vie pour ne pas avoir complété leurs études.

On dit souvent que les jeunes ne sont pas politisés. En réalité, ils jugent que les partis politiques sont tous du pareil au même et que si un gouvernement osait s’attaquer à eux, il leur suffirait d’un peu de désobéissance civile pour que ce gouvernement cède à leurs revendications. L’avenir nous dira s’ils ont raison.

Toutefois, si le gouvernement libéral devait s’avérer intransigeant, les étudiants risquent d’apprendre à leurs dépens que les citoyens de ce pays ont un droit extraordinaire, soit celui de choisir ses dirigeants. Et que la contrepartie de ce droit, c’est le devoir de voter.

Je souhaite donc que les étudiants aient de la mémoire et acquièrent la résolution de s’acquitter de leurs devoirs civiques, dont celui de de voter aux prochaines élections et surtout, de réussir leurs études.

L’avenir du Québec dépend d’eux : on ne bâti pas une nation forte sur des abrutis mais plutôt sur des citoyens qui expriment toute l’étendue de leurs talents.

Références :
Décrochage scolaire: le Canada fait piètre figure
Droits de scolarité: le gel, un bon investissement gouvernemental
L’endettement des ménages québécois
Droits de scolarité selon les provinces
Sondage: la population souhaite un dénouement à l’impasse
Vivre à Montréal — Coût de la vie et budget type

Paru depuis : Une étude donne raison aux carrés rouges (2014-09-02)

Sur le même sujet :
Crise étudiante : le gouvernement doit donner l’exemple
Grèves étudiantes : l’ABC de l’émeute
Grèves étudiantes : l’échéance du Grand Prix de Montréal
Le coût des études pour les étudiants étrangers
Tirs de balles de plastique : attend-on de tuer quelqu’un ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le commerce entre la Chine et le Québec

Publié le 5 septembre 2011 | Temps de lecture : 3 minutes

De 1990 à 2010, la valeur de l’ensembles des biens et services produits par la Chine a augmenté de 1,647% (passant de 357 à 5,878 milliards$) alors qu’au cours de la même période, le produit intérieur brut (PIB) québécois doublait, passant de 153 à 318 milliards$. De nos jours, le PIB par habitant est de 4,260 $ en Chine et d’environ huit fois plus au Québec.

Exportations québécoises en Chine

En 2008, les Etats-Unis achetaient 19,2% de toute la production québécoise, soit un peu plus que les achats des autres provinces canadiennes (16,6%). Ces deux principaux clients du Québec représentent respectivement 43,6% et 39,6% de nos exportations.

Loin derrière, nos autres clients sont la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l’Italie, l’Allemagne, la France, et la Chine.

L’édition du 27 août dernier de La Presse présente la Chine comme le troisième client du Québec. Cela est extrêmement douteux puisque selon ce même quotidien, la Chine n’achète que 1,7 milliards$ de biens et services québécois, ce qui équivaut à un modeste 0,53% de notre PIB et 1,3% de nos exportations.

Importations de Chine

En 2010, le Québec a importé pour 7,3 milliards$ en provenance de Chine. C’est quatre fois plus que ce que nous y exportons.

Les importations québécoises proviennent principalement des autres provinces canadiennes (37,1% de nos importations) et des Etats-Unis (31,1%). En troisième place vient donc la Chine, avec 4,4% de nos importations.

Déficit commercial

À l’heure actuelle, le Québec enregistre un déficit commercial, non seulement avec la Chine, mais envers de nombreux autres pays.

Historiquement, le Québec a toujours dégagé d’importants surplus ou de légers déficits dans ses échanges internationaux. Pour la première fois de son histoire, en 2004, le Québec s’est retrouvé avec un déficit commercial de 600 millions. Puis, avec un déficit de 6 milliards$ en 2005, 17 milliards$ en 2008, 12 milliards$ en 2009 et 16,4 milliards$ en 2010 (soit 5% du PIB).

Il s’agit d’un déficit commercial préoccupant dans la mesure où il est proportionnellement plus important que celui, colossal, des États-Unis. En effet, la population québécoise est de 2,6% de celle des États-Unis et notre PIB est de 2,1% du PIB américain : pourtant notre déficit commercial annuel est devenu 3,3% de celui des États-Unis.

Références :
Économie du Québec
Patience et longueur de temps: le parcours de la Sun Life en Chine
Produit intérieur brut (PIB), Canada, provinces et territoires, 1990, 1995, et 1999 à 2008
Vers un choc économique

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le palmarès des bandits du Québec

Publié le 10 mai 2011 | Temps de lecture : 1 minute
© 2011 — Gouvernement du Québec

En septembre 2005, la Sûreté du Québec sollicitait la collaboration de divers services de police dans le but d’accroitre la visibilité de des criminels et de favoriser leur arrestation.

En juin 2006, le programme « Les 10 criminels les plus recherchés du Québec » a été mis sur pied. Ce programme utilise différents moyens de communication pour transmettre à la population des informations se rapportant aux criminels recherchés.

La Gendarmerie royale du Canada, la Sûreté du Québec, le Service du renseignement criminel du Québec, de même que les Services de police des villes de Montréal, Laval, Québec, Longueuil et de Gatineau ont donc uni leurs forces pour créer un site web où sont présentés ces bandits.

Pour tout détail susceptible de favoriser leur arrestation : 1-800-659-4264 ou cic@surete.qc.ca

Référence : Les dix criminels les plus recherchés du Québec

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Écrit par Jean-Pierre Martel