Le débat des chefs à Radio-Canada

Publié le 20 août 2012 | Temps de lecture : 7 minutes

Au cours de la présente campagne électorale, les chefs des principaux partis politiques auront eu l’occasion de s’affronter lors de quatre rencontres télévisées : une à Radio-Canada et trois à Télé-Métropole.

La plus importante avait lieu hier soir. Après une brève présentation, les chefs devaient débattre de quatre thèmes, puis terminer par une courte conclusion.

Au départ, les chefs m’ont laissé les impressions suivantes :
• Françoise David m’est apparue calme et rassurante,
• Jean Charest avait les yeux roses comme s’il avait pleuré juste avant le débat,
• François Legault s’exprimait simplement et clairement,
• Pauline Marois utilisait une voix feutrée (qu’elle a conservée durant presque tout le débat) et avait l’air décidée.

Premier thème : Les enjeux économiques

Le premier échange qui m’a plu est celui relatif à la croissance économique du Québec.

Jean Charest : « Tous les Québécois ont un revenu disponible plus élevé aujourd’hui (que celui) qu’ils avaient depuis 2003, incluant la classe moyenne ».

Ceci est une demi-vérité. Depuis la crise des années 1930, les salaires ont toujours été plus élevés dix ans plus tard que dix ans plus tôt. La réplique suivante remet les pendules à l’heure.

François Legault : « Pendant que le Québec marche, les autres provinces courent. La réalité, c’est que quand monsieur Charest est arrivé au pouvoir en 2003, le Québec était la 4e province pour son revenu disponible (par personne). Aujourd’hui, c’est rendu le 9e. Il y a seulement l’Île-du-Prince-Édouard qui a un revenu disponible (par personne) bas que le nôtre. »

Monsieur Legault a raison. Sous la gouverne de monsieur Charest, la croissance économique du Québec a été, dans l’ensemble, inférieure à la moyenne canadienne, alors que c’était le contraire au cours de la décennie qui a précédé son accession au pouvoir.

Cette vérité est fondamentale. Pourtant, je lis partout les textes d’éditorialistes qui répètent comme des perroquets que le Québec a bien traversé la crise économique (ce qui est vrai) mais qui oublient de dire que dans l’ensemble des neuf années du gouvernement Charest, celui-ci a été une calamité du strict point de vue économique.

Une autre chose qui a attiré mon attention, c’est l’obstination à promettre que les redevances minières serviront au remboursement de la dette.

Quand j’entends un chef de parti promettre que la totalité de ces redevances y seront consacrées, ma réaction est de me dire : « Mais d’où viendra l’argent pour la restauration des sites abandonnés par les compagnies minières ? Les redevances actuelles sont à peines supérieures au coût des restaurations.»

Doit-on comprendre que si le prix des matières premières devait s’effondrer alors que les autres secteurs de l’économie seraient en plein essor, on cessera de rembourser la dette parce qu’on ne reçoit plus de redevances ?

En réalité, tous les items au budget de l’État sont des vases communicants. Les redevances devraient être versées au Trésor public et l’État allouera ses revenus de manière appropriée, incluant le remboursement de la dette. Ce qui compte, c’est l’engagement à rembourser la dette et non de préciser un pourcentage des redevances minières qu’on pourrait y consacrer.

Deuxième thème : La gouvernance

À mon avis, l’intervention la plus remarquable a été celle de la chef de Québec Solidaire.

Françoise David : « J’aimerais ça rappeler qu’il y a déjà deux ans, on a publié une première recherche qui a conduit en fait à la mise à l’amende de la compagnie Axor pour avoir utilisé des prête-noms pour envoyer de l’argent aux trois partis politiques qui étaient en poste depuis bien des années : le Parti libéral, le Parti québécois et l’Action démocratique du Québec.»

« On est revenu ce printemps avec un autre rapport très fouillé qui démontre sans l’ombre d’un doute qu’effectivement depuis 30 ans, il y a collusion et corruption dans les partis politiques. Nous proposons de réduire de façon importante les dépenses électorales pour qu’il y ait moins de tentation à l’avenir.»

En réponse à cette accusation (et à celles de ses autres adversaires), monsieur Charest a sorti des boules à mite le rapport Moisan, que je n’ai pas lu mais que je me propose de lire. D’ici là, j’ai comme l’impression qu’argumenter au sujet de ce rapport, c’est utiliser l’arbre pour cacher la forêt. Et la forêt, c’est que le gouvernement Charest est corrompu à l’os.

Troisième thème : Les politiques sociales

Dans l’ensemble, j’ai trouvé que les interventions de Françoise David démontraient chez elle une vision globale plus cohérente et moins anecdotique que celle de ses collègues.

La discussion a beaucoup portée sur la promesse de la CAQ de garantir un médecin de famille à chaque Québécois.

J’aimerais profiter de l’occasion pour réfuter un argument que monsieur Charest répète inlassablement depuis qu’il est au pouvoir.

Jean Charest : « Il en manque mille médecins de famille au Québec. (…) Pourquoi il en manque mille ? Parce que monsieur Legault avec madame Marois ont passé la scie à chaine dans le système de santé quand ils étaient là. Puis ils ont mis des médecins à la retraite. Et des infirmières. Et des techniciens. Et nous en payons encore le prix aujourd’hui.»

En 1996, lorsque le gouvernement fédéral a coupé de manière importante ses transferts aux provinces relativement aux dépenses de santé, celles-ci ont coupé en catastrophe dans leurs budgets respectifs. L’Ontario a fermé des hôpitaux et le Québec a mis à la retraite une partie de ses médecins. Était-ce la meilleure décision à prendre ? J’en doute. Toutefois, lorsque cette mesure a été prise, les médecins mis à la retraite étaient déjà âgés. Aujourd’hui une partie d’entre eux sont décédés et l’autre partie se déplace en marchette.

À moins que les médecins décédés soient morts de chagrin, insinuer que s’ils n’avaient pas été mis à la retraite, ces vieux médecins seraient là, 16 ans plus tard, à prêter main forte aux médecins d’aujourd’hui, cela est une insulte à l’intelligence de ceux qui veulent croire monsieur Charest

Troisième thème : Question nationale et identité

Il s’agit d’une question importante. Mais je n’ai pas trouvé intéressante la discussion s’y rapportant, trop axée sur de belles professions de foi.

Conclusion

Dans ce débat, Françoise David a été excellente. Je lui donnerais la première étoile.

Pauline Marois a axé sa conclusion sur l’aptitude de son équipe à gouverner. Je lui donnerais la deuxième étoile.

J’aurais aimé que la conclusion de monsieur Legault soit moins critique envers ses adversaires et qu’il en profite pour parler comme un chef d’État. Malgré cela, je lui donnerais la troisième étoile.

Jean Charest a bien présenté les sujets favoris de sa campagne, dont l’importance de réélire un gouvernement dédié à l’économie afin traverser le mieux possible un contexte mondial incertain. Je lui donnerais une mention d’honneur pour son habilité à défendre si vaillamment son gouvernement.

Laissez un commentaire »

| Élection québécoise de 2012 | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : le samedi 18 août 2012

Publié le 19 août 2012 | Temps de lecture : 4 minutes

Parce qu’ils se préparent au premier débat contradictoire télévisé, les candidats des principales formations politiques ont pris congé hier.

Seul monsieur Charest a fait une promesse en matinée, celle de créer 11 500 nouvelles places de stationnement incitatif dans la grande région de Montréal (dont 1 500 sur le territoire de Laval), afin de favoriser l’utilisation du transport en commun.

Je profite donc de ce répit pour parler de la confrontation de la semaine, celle qui a opposé le maire de la ville de Saguenay, Jean Tremblay, à la candidate du PQ dans le comté de Trois-Rivières, Djemila Benhabib, sur les ondes de Radio-Canada.

L’intégrisme qu’on ne voit pas

Il y a quelques années, agacés par ce qu’ils percevaient comme étant de la propagande chrétienne, des Américains d’autres confessions religieuses avaient convaincu des grands magasins de cesser d’utiliser le mot « Christmas » (qui veut dire « Noël » mais qui se traduit littéralement « Messe du Christ ») et de parler plutôt de la « Saison du temps des Fêtes » (« Holiday Season »).

Cette nouvelle souleva l’indignation des milieux fondamentalistes chrétiens du Sud des États-Unis qui menacèrent de boycotter tous les magasins qui, au contraire, cesseraient d’utiliser le mot controversé.

Coincées entre ces deux groupes, les magasins ont préféré opter pour le groupe majoritaire et continuer d’utiliser « Christmas », mais de manière plus discrète, le mot étant noyé dans les décorations tappe-à-l’oeil du temps des Fêtes.

Il y quelques jours, j’écoutais l’entrevue que donnait Monsieur Jean Tremblay à l’animateur radiophonique Paul Arcand. Le maire de la ville de Saguenay y qualifiait la candidate péquiste Djemila Benhabib d’intégriste.

Condamnée à mort par les Islamistes algériens, sa famille a quitté le port d’Oran en 1994 pour se réfugier en France en 1994. Au Québec depuis 1997, Mme Benhabib y a écrit deux livres dénonçant le fondamentalisme musulman (Ma vie à contre-Coran et Une femme témoigne sur les islamistes).

Mais voilà que Mme Benhabib est traîtée elle-même d’intégriste par le maire de Saguenay. Ce qui nous amène à nous demander c’est quoi, l’intégrisme.

Ce terme désigne une intransigeance extrême en vue d’imposer ses règles à la totalité de la société et régenter la vie de chacun selon celles-ci.

Le maire Jean Tremblay a été condamné à payer une amende et des frais totalisant la somme de 33 500$ pour avoir imposé une prière publiquement à l’ouverture des séances de son Conseil municipal.

Les tribunaux estiment que dans l’exercice de ses fonctions, un représentant de l’État ne peut imposer à quiconque l’obligation d’assister à un rituel de nature religieuse, quel qu’il soit. Par opposition, on peut imposer un moment de recueillement que chacun pourra utiliser à sa manière.

Malgré cette condamnation, le maire de Saguenay persiste à réciter sa prière, plaçant la Volonté présumée de Dieu au-dessus des lois humaines. Cette attitude a été qualifiée de courageuse par le ministre et candidat libéral de la région, Serge Simard.

Monsieur Tremblay serait sans doute insulté d’être qualifié d’intégriste mais la triste vérité c’est qu’il répond parfaitement à la définition du terme. Évidemment, il y a intégrisme et intégrisme. Le sien est une forme mineure, un peu folklorique, qui ne menace pas la vie de personne, et qu’on pourrait qualifier également de zèle religieux excessif et déplacé, tenté d’une xénophobie stupide.

Parce que tout cela est anodin, l’intégriste léger ne se perçoit pas comme intégriste. En fait, même l’intégriste pur et dur ne se perçoit pas comme tel parce que pour lui, il est impossible de trop aimer Dieu et qu’il n’y a rien de répréhensible à vouloir ardemment réaliser sa Volonté.

En somme, l’intégrisme, c’est comme l’accent. Les autres parlent avec un accent : jamais nous.

Si Mme Benhabib réclamait qu’on remplace le crucifix de l’Assemblée nationale par un croissant musulman, ce serait de l’intégrisme. À titre personnel, elle croit que ce crucifix devrait être retiré. C’est également mon avis. Mais à titre de candidate du PQ, elle épouse la politique de cette formation politique, qui est de ne pas toucher au crucifix.

Si, comme je présume, monsieur le maire de Saguenay est un homme d’honneur, lui doit donc des excuses publiques.

Références :
Djemila Benhabib
La prière publique aux assemblées municipales

Laissez un commentaire »

| Élection québécoise de 2012 | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : le vendredi 17 août 2012

Publié le 18 août 2012 | Temps de lecture : 6 minutes


 
Le Parti libéral présente son cadre financier

Le programme électoral du PLQ fait 28 pages dont les trois dernières représentent le cadre financier de ses engagements électoraux. On y présente les grandes lignes du budget projeté pour l’année 2013-2014 et le détail des dépenses et pertes de revenus occasionnées par ces promesses lors de la cinquième année d’un quatrième mandat libéral.

Puisque monsieur Charest ne s’est jamais rendu à la cinquième année de ses trois mandats précédents, je ne commenterai pas les deux pages spéculatives du budget de l’an 5. Il reste donc la page concernant l’année 2013-2014.

En manchette : le Parti libéral compte atteindre l’équilibre budgétaire en 2013-2014. Rappelons que cet équilibre existait déjà avant l’accession de monsieur Charest au pouvoir.

En 1996, le premier ministre péquiste Lucien Bouchard faisait adopter la « Loi sur l’équilibre budgétaire » (surnommée Loi du déficit zéro). En mars 1999, le ministre des Finances Bernard Landry annonçait fièrement que le gouvernement du Québec avait réalisé son premier surplus financier depuis quarante ans. Cette orientation fut maintenue lorsque Pauline Marois succéda à Bernard Landry aux finances du Québec.

Lors de la crise économique mondiale, le gouvernement Charest avait fait adopter — sous le bâillon — son projet de Loi 40 (qui suspendait l’application de la Loi du déficit zéro).

De nos jours, les trois principaux partis politiques se proposent d’atteindre l’équilibre budgétaire au cours des prochaines années. Mais, comme on vient de le voir, monsieur Charest a bien tort de laisser entendre que seul un gouvernement libéral peut y parvenir.

Le Parti libéral évalue le coût de ses promesses électorales à 1,2 milliards$ qui, réparties sur cinq ans, donnent une moyenne annuelle de 245 millions$. Pour financer cela, monsieur Charest abaissera la croissance de l’ensemble des dépenses de l’État à 2% alors que le présent budget de l’État prévoit une croissance de 3% : ce ralentissement de croissance dégagera une marge de plus de 600 millions de dollars$ annuellement… à la condition que la croissance des revenus de l’État se maintient au niveau actuel, soit 2% par année.

Quant à cette croissance anticipée des revenus, elle se fonde sur une croissance économique anticipée de 2% annuellement pour les cinq prochaines années, ce qui est extrêmement douteux, du moins dans un avenir prévisible. Bref, de la foutaise.

Références :
Budget du gouvernement québécois pour l’année 2000-2001
Budget du gouvernement québécois pour l’année 2001-2002
Dévoilement du programme électoral et du cadre financier
Cadre financier : Jean Charest joue la carte de la rigueur

La CAQ présente son cadre financier

Tout comme le chef libéral, François Legault présentait hier le cadre financier de ses promesses électorales, les plus couteuses des trois principales formations politiques. Ce document de six pages porte exclusivement sur ce cadre financier : il est donc plus détaillé que celui du Parti libéral, qui n’en réservait que trois à cette fin. Pour être franc, il est admirablement bien présenté.

À l’exclusion de l’année 2014-2015, la CAQ prévoit des surplus budgétaires pour chacune des cinq ans d’un gouvernement caquiste.

Puisque les promesses caquistes ne seront pas toutes mises en œuvre dès la première année, on trouvera ci-dessous que le sommaire pour l’année 2013-2014 seulement.

Afin de financer ces engagements, la CAQ prévoit près d’un milliard$ de revenus supplémentaires :
• 416 millions$ en diminuant de moitié l’exonération sur le gain en capital (sauf pour le secteur agricole et la vente d’une propriété principale),
• 127 millions$ en réduisant les crédits d’impôt pour dividendes,
• 200 millions$ en réduisant les crédits d’impôt aux entreprises,
• 150 millions$ en augmentant les redevances minières.

Cette formation politique prévoit également des coupures importantes dans les dépenses de l’État :
• 110 millions$ grâce à des gains d’efficacité chez Hydro-Québec (en fait, des coupures de postes),
• 250 millions$ à la réduction des honoraires des pharmaciens,
• 50 millions$ à la diminution de la consommation des médicaments,
• 30 millions$ à l’abolition des agences de santé et des services sociaux,
• 10 millions$ à l’amélioration de la gestion des achats et des immobilisations effectués par les maisons d’enseignement.

Bref, le total de ces économies et de ces nouveaux revenus financerait les dépenses caquistes. Toutefois, tout ce bel échafaudage repose sur une croissance anticipée de 2% annuellement pour l’économique québécoise pendant les cinq prochaines années, ce qui est totalement irréaliste, du moins dans un avenir prévisible. Bref, de la comptabilité sous l’influence du LSD.

Référence : Legault ne reniera aucune promesse

Le PQ dévoilera son cadre financier plus tard dans la campagne

Jusqu’à maintenant, le Parti Québécois est celui qui a promis le moins de nouvelles dépenses. Madame Marois a indiqué que sa formation politique dévoilera plus tard au cours de la campagne électorale, le cadre financier de ses promesses.

Puisqu’il n’y a rien à dire, on me permettra de commenter une déclaration de François Legault relative au PQ. Le chef de la CAQ a affirmé : « Contrairement au Parti Québécois, on n’est pas obsédé à gagner le prochain référendum puis à faire des compromis avec tous les groupes de pressions pour les mettre de notre côté.»

Depuis le début de la campagne, le parti qui s’expose le plus à l’accusation de chercher à acheter le vote par des promesses dépensières, c’est la CAQ et non le PQ.

De plus, le Parti libéral et le PQ, minimisent tous deux l’impact de leurs coupures budgétaires — purement administratives, disent les Libéraux — alors que la CAQ souligne, au contraire, qu’il s’agit d’un grand ménage, au grand plaisir d’un électorat ulcéré par le gaspillage et la corruption.

On peut donc anticiper qu’une fois au pouvoir, un gouvernement caquiste aurait plus de mal à rassurer ses partenaires sociaux et à leur faire accepter ses réformes. Le chef du Parti libéral n’a donc pas complètement tort en accusant la CAQ d’être le parti de la chicane, une accusation inusitée de la part d’un Premier ministre qui comptait sur le conflit étudiant pour se faire réélire.

Référence : Marois fera pour 1 milliard de promesses

Laissez un commentaire »

| Élection québécoise de 2012 | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : le jeudi 16 août 2012

Publié le 17 août 2012 | Temps de lecture : 5 minutes


 
Le PQ favorisera l’indépendance énergétique du Québec

Sans annoncer d’engagements précis, le Parti Québécois promet de favoriser l’indépendance énergétique du Québec. En particulier, le PQ se propose de réduire de 30% l’importation de pétrole d’ici 2020 et de 60% d’ici 2030. Les importations d’hydrocarbures sont principalement responsables du déficit commercial du Québec.

Historiquement, le Québec a toujours dégagé d’importants surplus dans ses échanges internationaux. En 2004, pour la première fois de son histoire, le Québec s’est retrouvé avec un déficit commercial de 600 millions$. Puis, avec un déficit de 6 milliards$ en 2005, 17 milliards$ en 2008, 12 milliards$ en 2009 et 16,4 milliards$ en 2010.

Dans le but s’arrêter cette saignée, le PQ entend prioriser l’économie d’énergie et l’efficacité énergétique, de même que le développement des énergies vertes et du transport en commun.

Conséquemment, un gouvernement péquiste abandonnerait le projet d’un terminal méthanier à Lévis, démantèlerait la centrale nucléaire de Gentilly-2 et décréterait un moratoire sur les gaz de schiste.

À mon avis, tout cela est très bien. Toutefois, un gouvernement péquiste serait sage de faire cesser également la recherche d’hydrocarbures là (et seulement là) où il est hostile à leur exploitation : il est inutile de laisser les minières gaspiller des millions à chercher une ressource si l’industrie n’aura jamais l’autorisation gouvernementale de s’en servir.

Références :
Faut-il réparer Gentilly-2 ?
Pauline Marois veut l’indépendance énergétique

Jean Charest : 500 millions$ pour Montréal

Le chef du Parti libéral a annoncé ses engagements pour Montréal, promettant d’y injecter 500 millions$ sur cinq ans, dont la majorité pour l’amélioration du transport en commun :
• 35 millions$ pour faire passer de 180 à 480 le kilométrage de voies réservées aux autobus, taxis et véhicules de covoiturage,
• 50 millions de subventions pour l’achat de véhicules électriques ou hybrides destinés à servir de taxis, et
• 325 millions (qui s’ajoutent aux sommes déjà prévues) pour la rénovation des stations de métro : remplacement des escaliers mécaniques, amélioration de la sonorisation des stations, aménagements pour les personnes à mobilité réduite, et mise à niveau des infrastructures pour accueillir les nouveaux wagons.

Le reste de ce 500 millions$ serait principalement constitué d’améliorations à l’offre touristique de la métropole :
• création d’un cinquième écosystème au Biodôme,
• nouvelle serre au Jardin botanique,
• agrandissement de l’Insectarium (qui en a bien besoin),
• aménagement d’une promenade riveraine panoramique le long du fleuve, au Parc Jean-Drapeau,
• construction d’une lucarne d’observation au sommet de l’Oratoire Saint-Joseph,
• construction d’un nouveau pavillon au Musée des beaux-arts de Montréal, et
• mise en valeur des derniers sites historiques du Vieux-Montréal.

Puisque d’une dépense de 100 millions$ par année pour une ville de l’importance de Montréal, cela n’a rien d’extravagant, je ne veux pas commenter les détails de cette annonce qui, globalement, m’apparait bonne.

Référence : Jean Charest promet un demi-milliard de dollars pour Montréal

Engagements agricoles de la CAQ

Précisant les détails de sa politique agricole, la Coalition avenir Québec a promis qu’Investissement Québec consacrerait une partie de ses placements (deux milliards$ de capital-actions) à soutenir la modernisation et la croissance des fermes du Québec.

Implicitement, le secteur agricole ferait donc exception à la politique de la CAQ qui, le 10 août, souhaitait qu’Investissement Québec serve à créer des emplois à 20, 30, ou 40$ de l’heure (puisqu’il n’y a pas de ferme au Québec ayant les moyens de payer de tels salaires).

Il a promis également de faire en sorte que l’exonération de 750 000 $ sur le gain en capital s’applique aux parents agriculteurs qui vendent leur exploitation à leurs enfants. Cette promesse ne coûtera rien au Trésor public puisque c’est déjà le cas, si j’en juge par la promesse du Parti libéral, faite le 13 août, de hausser ce plafond d’exonération à un million$ dans le cas du secteur agricole.

En plus de maintenir le monopole syndical de l’Union des producteurs agricoles, monsieur Legault prône un étiquetage plus voyant des produits alimentaires et effectuerait une vaste campagne pour promouvoir l’achat de produits locaux.

Même sur le site de la CAQ, je n’ai pas réussi à savoir dans quelle mesure « prôner » serait ici coercitif. Si c’est seulement facultatif, on a affaire à un vœu pieux puisque l’industrie agroalimentaire peut déjà nous informer au sujet de la provenance des aliments et de la présence d’OGM. Elle ne le fait pas parce ce qu’elle refuse obstinément de donner suite au souhait de la très grande majorité des consommateurs québécois.

Références :
La CAQ veut un meilleur étiquetage des aliments québécois
Legault maintiendrait le monopole de l’UPA
Legault veut traiter les agriculteurs comme des entrepreneurs

Complément de lecture : Pour un registre des semences de maïs transgénique

Laissez un commentaire »

| Élection québécoise de 2012 | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : le mercredi 15 août 2012

Publié le 16 août 2012 | Temps de lecture : 5 minutes


 
Le Parti libéral propose dix heures de bénévolat en 5e année du primaire

En fait, l’annonce du Parti libéral comprenait deux volets :
• dix heures de bénévolat obligatoire à la cinquième année du primaire et
• un cours d’entreprenariat en 4e et 5e années.

Le bénévolat obligatoire est inscrit au programme scolaire de l’Ontario et de certains états américains. Quant au cours d’entreprenariat, il vise à favoriser l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. Dans ce dernier cas, il s’agit d’une promesse faite également par la CAQ le 10 août dernier.

Référence : Charest jette les gants le premier

Pauline Marois veut électrifier le transport

Concrètement, d’ici 2020, le PQ promet :
• de créer 300 kilomètres de voies réservées pour les autobus et le covoiturage dans la région de Montréal,
• de prolonger la ligne bleue du métro vers l’Est, de l’arrondisement de Rosemont à l’arrondissement d’Anjou, et
• de prolonger le train de l’Est vers Mascouche.

Le PQ fait donc sien les projets de développement de la Société de transport de Montréal (STM), annoncé dans son plan stratégique de décembre 2010.

Pour financer ces promesses, ce parti modifierait le plan québécois d’investissement en transport déjà en place jusqu’en 2016 en déplaçant une partie des sommes prévues pour le transport routier (près de 16 milliards$) au profit du transport en commun (qui ne devait recevoir que 3 milliards$).

Il peut sembler étonnant que le rapport des déboursés actuellement prévues d’ici 2016 (16 vs 3 milliards$) soient si défavorables au transport en commun mais on doit comprendre qu’il est difficile de départager quelle partie de l’amélioration du système routier profite aux automobiles et quelle partie profite au transport en commun (autobus et taxis). La réalité est donc un peu plus nuancée que ce que suggèrent ces chiffres.

Ce qu’on doit retenir, c’est que le PQ entend promouvoir le transport en commun. Le Québec n’a pas le choix.

Historiquement, le Québec a toujours dégagé d’importants surplus dans ses échanges internationaux. En 2004 — soit un an après l’arrivée au pouvoir de M. Charest — pour la première fois de son histoire, le Québec s’est retrouvé avec un déficit commercial de 600 millions. Puis, avec un déficit de 6 milliards en 2005, 17 milliards en 2008, et 12 milliards en 2009. En 2010, ce déficit fut de 16,4 milliards, soit 5% du PIB.

Une partie importante de ce déficit est lié aux importations d’hydrocarbures. En effet, les importations de pétrole et de gaz ont passées de sept milliards$ en 2000 à 18 milliards$ en 2008, soit une augmentation de près de 257% en huit ans seulement, en dépit des politiques vertes du gouvernement québécois.

Or un déficit commercial, c’est de l’argent qui quitte le Québec pour aller créer des emplois ailleurs. Il n’y a qu’une manière de stopper cette hémorragie, c’est de développer le transport en commun.

Références :
Transports : quand le PQ s’inspire de plans stratégiques existants
Vers un choc économique

La CAQ veut que l’État gère tous les fonds de pension obligatoires

Les Québécois épargnaient 12% de leurs revenus en 1993, alors que cette proportion qui est tombée à 2% l’an dernier. Le chef François Legault a dénoncé le faible taux d’épargne des Québécois.

Ce que la CAQ oublie de dire, c’est que les taux d’intérêt réel étaient de 4,43% en 1993, et de -0.3% en 2010. Pour stimuler l’économie en dépit de la stagnation des revenus du citoyen moyen, les gouvernements ont favorisé son endettement. En d’autres mots, dans notre société de consommation, on a stimulé l’économie actuelle grâce à des revenus dépensés d’avance.

Mais la conférence de presse de la CAQ portait moins sur l’épargne en général et plus spécifiquement sur l’épargne-retraite.

Afin de remédier au fait que les Québécois n’épargnent pas assez en vue de leur retraite, le gouvernement libéral a permis la création des Régimes volontaires d’épargne-retraite (RVER). Ce programme, qui entrera en vigueur en janvier, oblige chaque employeur ayant au moins cinq employés à créer, d’ici à 2015, un fonds auquel lui-même ne sera pas tenu de cotiser. Dans la formule actuelle, les fonds seront confiés à des gestionnaires privés.

Un gouvernement caquiste confierait plutôt la gestion du régime à la Régie des rentes du Québec. La CAQ estime que les frais de gestion des sociétés d’État québécoises sont quatre fois moins élevés que ceux des gestionnaires de fonds privés. Si un travailleur épargne 4% de son salaire pendant 35 ans, cette seule différence de frais se traduirait par une économie supplémentaire de 35 000$ en vue de sa retraite.

Il est plaisant d’entendre la CAQ reconnaître que, dans certains domaines, l’État peut être plus efficace et moins coûteux que l’entreprise privée. Cela nous change du discours monolithique de la Droite québécoise pure et dure.

Références :
Les Québécois doivent épargner davantage, dit Legault
Taux d’intérêt réel en 1993

Laissez un commentaire »

| Élection québécoise de 2012 | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : le mardi 14 août 2012

Publié le 15 août 2012 | Temps de lecture : 8 minutes


 
Charest : 395 millions$ pour des infrastructures dans la région de Québec

S’il est réélu, monsieur Charest promet de dépenser 395 millions$ pour des infrastructures dans la région de Québec.

On consacrera 95 millions$ aux infrastructures de proximité — un stade de soccer, deux gymnases, une piscine et un centre communautaire — et 200 millions$ au prolongement de la promenade Samuel-de-Champlain, qui longe le fleuve Saint-Laurent, l’amenant jusqu’aux chutes Montmorency.

Référence : Charest dit «oui» aux demandes d’infrastructures de Labeaume (quotidien Le Soleil)

Le PQ propose une charte de la laïcité

Enfin une promesse qui ne coûtera pas cher.

À une cinquantaine de kilomètres d’Hérouxville — dont le code de vie à l’intention des néoQuébécois avait fait grand bruit en 2007 — madame Marois promet l’adoption d’une Charte de la laïcité.

Tout comme la Charte de la langue française (connue sous le nom de Loi 101), un gouvernement du Parti québécois adopterait une super loi destinée à affirmer la neutralité religieuse de l’État et la suprématie de l’égalité entre les femmes et les hommes.

La liberté de religion ne pourrait plus être invoquée pour enfreindre l’égalité hommes-femmes, ni pour nuire au bon fonctionnement des institutions publiques et parapubliques. Ainsi, on ne pourrait plus (pour des motifs religieux) refuser de payer une contravention sous le prétexte que celle-ci a été délivrée par une policière.

En vertu de cette charte, les employés de l’État ne pourraient pas porter de signes religieux ostensibles, comme le hijab ou le turban. Ils ne devraient pas non plus accommoder un usager qui refuserait de se faire servir par une personne du sexe opposé. Réciter la prière avant l’ouverture d’un conseil municipal ne serait pas toléré non plus.

J’inviterais le PQ à la prudence à ce sujet.

La France possède déjà une législation qui interdit à tout représentant de l’État auprès de citoyens (cela va du fonctionnaire au professeur d’école) d’afficher des signes ostentatoires d’appartenance religieuse.

Dans ce pays, les principes fondamentaux qui soutiennent l’État sont hérités de la Révolution française. Lors de cette révolution, on abolissait non seulement la monarchie, mais également la religion. C’est ainsi qu’une église pouvait devenir un « Temple à l’Amour filial », à moins de déchoir en entrepôt de munition ou de céréales. C’est donc sans hésitation qu’on a détruit les vitraux de la basilique Saint-Denis (qu’on n’a jamais retrouvés) parce qu’on avait besoin de plomb pour faire des balles.

Le Québec est différent. Nous sommes régis par une constitution à l’anglaise, où les droits individuels ont beaucoup plus d’importance. Interdire les signes ostentatoires d’appartenance religieuse, c’est un euphémisme pour permettre le petit crucifix doré porté en pendentif mais interdire les signes de modestie musulmane, beaucoup plus visibles. En somme, il s’agit d’une mesure discriminatoire déguisée qui révèle les contradictions internes d’une société déchirée à ce sujet. Avec une constitution différente, la France peut se le permettre, pas le Québec.

À mon avis, le principe qui doit nous guider, c’est « vivre et laisser vivre ». Si quelqu’un est coiffé d’un turban ou d’une calotte juive, cela ne me regarde pas. Tant que cette personne n’exige pas que moi aussi, je porte sa coiffure, je ne vois pas où est le problème.

Pour certains, la neutralité de l’État exige qu’on ne puisse pas deviner l’appartenance religieuse de ses représentants. Pour moi, cette neutralité peut s’affirmer d’une autre manière, soit en laissant la liberté de chacun de vivre sa religion comme il l’entend, du moment que cela ne porte pas atteinte aux droits des autres de vivre selon leurs principes à eux. C’est donc une autre forme de neutralité : en n’intervenant pas.

En d’autres mots, les employés de l’État reflèteraient la diversité de la Nation. Cela signifie plusieurs pigmentations de la peau, des personnes de sexes différents, des croyants de diverses dénominations religieuses, des tenues vestimentaires variées, des colorations capillaires semblables à ce qu’on voit dans la rue, et des accents linguistiques qui reflètent mon pays. Voilà comment l’État peut être neutre sans imposer une homogénéité artificielle.

Malgré tout, afin de refléter les limites de notre propre tolérance, il serait interdit aux serviteurs de l’État d’être masqués lorsqu’ils exercent leurs fonctions. De plus, la croix au sommet du Mont-Royal resterait là, de même que les grands crucifix qui décorent déjà nos routes de campagne. Quand au crucifix de l’Assemblée nationale (qui date des années 1930), à part les députés, tout le monde ignorait son existence avant qu’on fasse un drame de la possibilité qu’il soit retiré. Il devrait donc être confié à un musée, tant il s’est avéré inefficace à guider nos élus dans la voie de l’éthique et de l’intégrité…

Références :
La prière publique aux assemblées municipales
Le PQ propose une charte de la laïcité

Paru depuis :
Charte de la laïcité – Quand un séparatiste se sépare (2012-09-22)

Le scandale des propos que François Legault n’a pas tenus

À table dans la maison d’un citoyen, sous le regard des caméras de télévision, le chef caquiste a déclaré : « Si les Asiatiques sont très travaillants, puis que nous, on se dit qu’on veut faire la belle vie, on va mal se réveiller.»

Ces propos anodins ont soulevé une tempête médiatique. Les adversaires politiques de M. Legault se sont offensés qu’il traite ainsi, selon eux, les jeunes de paresseux. Malheureusement, strictement parlant, ce n’est pas ce qu’il a dit.

Précisant sa pensée, le chef caquiste déclare : « C’est un blâme à l’égard des valeurs que nous, parents, transmettons à nos enfants.(…) Au Québec, on ne valorise pas assez l’éducation et l’effort.»

C’est vrai. Les études ont démontré que la principale raison qui explique que le taux de décrochage soit plus élevé dans les milieux défavorisés, est d’ordre culturel; on y sous-estime grandement la valeur de l’enseignement supérieur. « Oh, je connais plein de personnes qui ont des diplômes longs comme le bras et qui sont en chômage quand même.»

En réalité, le taux de chômage chez les détenteurs de baccalauréat est moindre que celui de la population en général. Mais, dans les milieux défavorisés, on se plait à soutenir le contraire, peut-être pour minimiser inconsciemment sa propre responsabilité dans sa condition socio-économique.

Parmi les parents néoquébécois, au contraire, on est convaincu de l’importance de la compétence pour réussir. Ceux-ci sont d’importants motivateurs dans la réussite scolaire de leurs enfants.

Selon le recensement de 2011, 35% des Québécois détiennent un diplôme professionnel ou collégial (le 2e taux le plus élevé au pays) et 20% possèdent un diplôme universitaire (le 4e rang canadien), soit une diplomation totale de 55% (deux points de plus que la moyenne canadienne). Toutefois, dans le cas précis de la diplomation universitaire, le taux est plus élevé parmi les néoCanadiens que dans la population canadienne en général.

L’exemple donné par François Legault est donc juste et approprié. Il faut toutefois éviter de généraliser son reproche à l’ensemble des étudiants.

Quant à «…nous, parents…», j’y vois davantage une figure de style qui consiste à s’auto-blâmer afin de ne heurter la susceptibilité de personne. Bref, une tempête dans un verre d’eau.

Référence :
Effort à l’école : Legault fait la leçon aux parents; Marois et Charest le rabrouent

Laissez un commentaire »

| Élection québécoise de 2012 | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : le lundi 13 août 2012

Publié le 14 août 2012 | Temps de lecture : 5 minutes


 
Charest : un cadeau pour les entrepreneurs qui contournent les lois anticorruption

Lorsque le propriétaire d’une entreprise se prend un salaire (ce qui est légitime), il doit payer de l’impôt. Toutefois, s’il se prend un salaire plus modeste et choisit de réinvestir la différence dans son entreprise, cette différence n’est pas imposable puisqu’il n’en a pas joui. En principe, cela n’a pas d’importance puisque lorsqu’il vendra son entreprise, le fisc prend alors sa revanche : l’entrepreneur devra payer de l’impôt sur ses gains de capital (c’est-à-dire sur l’augmentation de la valeur de son entreprise).

Dans les faits, les gens d’affaires ont obtenu une exonération d’impôt — jusqu’à concurrence de 750 000$ — sur la vente à une personne qui n’a pas de lien avec eux (mais pas dans le cas où il veut vendre son entreprise à ses enfants). Monsieur Charest promet de réparer cette « injustice » et d’étendre l’exonération d’impôt sur les gains en capital lors de la vente d’une entreprise aux membres d’une même famille.

Cette mesure existe déjà dans le secteur agricole, étant donné le caractère typiquement familial de la plupart des fermes du Québec. Pour ce secteur, le plafond d’exonération d’impôt serait porté à un million$ sous un gouvernement libéral réélu.

Voyons cela avec un certain recul. On a affaire à un gouvernement qui répète haut et fort que tout le monde doit faire sa juste part. Sauf le cas particulier des cultivateurs (avec lequel je suis entièrement d’accord), on apprend que non seulement monsieur Charest exempte d’impôt les millions$ de profit que font les riches en vendant leurs entreprises à des investisseurs étrangers mais en plus, il voudrait étendre ce passe-droit à toutes les ventes d’entreprises ? Est-ce bien cela, « payer sa juste part » ?

Il y a quelques jours, les journaux nous apprenaient qu’après avoir renommé ses compagnies de construction afin de pouvoir continuer à obtenir des contrats du gouvernement Charest, un entrepreneur condamné par le gouvernement fédéral pour fraude, avait décidé de vendre ses entreprises à sa fille. Voilà qu’aujourd’hui, le chef libéral annonce qu’il va d’exempter d’impôt les profits réalisés lors de la vente d’une entreprise entre les membres d’une même famille. Décidément, monsieur Charest ne manque pas d’audace…

Référence : Le Parti libéral compte favoriser le transfert familial d’entreprises

PQ : Gel du tarif des garderies

Le réseau de garderies publiques a été mis sur pied en 1997 par Pauline Marois, alors Ministre de l’éducation au sein du gouvernement péquiste de Jacques Parizeau.

Quinze ans plus tard, Mme Marois promet 15 000 nouvelles places en garderies, s’ajoutant aux 15 000 déjà annoncées dans le budget libéral de 2011-2012. De plus, elle promet de compléter le réseau d’ici quatre ans, soit 250 000 places au total, en privilégiant les Centres de la petite enfance — des institutions sans but lucratif — pour l’octroi de nouvelles places. Le coût de cette mesure est évalué à 177 millions$.

Références :
Le Parti québécois promet une place en garderie par enfant

CAQ : privilégier les soins à domicile pour les ainés

Monsieur Legault veut favoriser le maintien à domicile des personnes âgées. Ultimement, il aimerait que 80% des ressources gouvernementales destinées aux ainés aille à ceux qui vivent à domicile, et 20% à ceux dans les centres d’hébergement. Cette proportion est l’exact contraire de ce qui prévaut actuellement au Québec, a-t-il fait valoir.

Pour le chef de la CAQ, cette promesse ne représente pas l’annonce d’une nouvelle dépense gouvernementale, mais plutôt d’un moyen d’économiser.

François Legault déclare : « On le sait, ça a été démontré : ça coûte moins cher offrir des services à domicile que de placer une personne âgée dans un centre d’hébergement. Donc, à long terme, on est même gagnant financièrement.» Des centres d’hébergement seront toujours nécessaires, mais ils doivent être réservés aux cas les plus lourds, a précisé le chef caquiste.

Selon ce dernier, 16 400 ainés québécois attendent actuellement de recevoir des services à domicile (sans compter ceux qui se résignent à ne pas en demander) alors que 4 300 ainés attendent actuellement une place en centre d’hébergement.

Référence : Legault préconise de meilleurs soins à domicile pour les ainés

Laissez un commentaire »

| Élection québécoise de 2012 | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : les 11 et 12 août 2012

Publié le 13 août 2012 | Temps de lecture : 10 minutes


 
Jean Charest : la moitié des redevances minières au remboursement de la dette

Profitant du rassemblement de l’aile jeunesse de son Parti, monsieur Charest a promis de consacrer la moitié des redevances minières à la réduction de la dette québécoise.

À mon avis, tous les items au budget de l’État sont des vases communicants. Si les redevances, plutôt que nos impôts, servent à rembourser la dette, c’est que nos impôts serviront moins à la dette et plus à construire des routes, des lignes de chemin de fer et des ports en eau profonde au profit de compagnies minières internationales qui s’empresseront de faire transformer leur minerai ailleurs qu’au Québec. En somme, c’est du pareil au même.

Mais au-delà de cette annonce bidon, ce que cherchaient les stratèges libéraux, c’était de suggérer que le Plan Nord va rapporter beaucoup d’argent au peuple du Québec, ce qui n’est absolument pas le cas.

On justifie le Plan Nord par l’opportunité qui s’offre au Québec de mettre en service de nouvelles mines visant principalement à satisfaire les besoins gargantuesques de la Chine en matières premières.

À long terme, la principale menace à la rentabilité des mines du Plan Nord, c’est la découverte de nouvelles mines situées plus près des marchés d’exportation. Les pays limitrophes de la Chine sont déjà l’objet d’intenses efforts de prospection afin d’y trouver les ressources dont la Chine a besoin. Dès qu’on découvrira du minerai en Mongolie, en Sibérie ou dans n’importe quelle partie d’Extrême-Orient, les mines québécoises nées pour répondre aux besoins de la Chine et de l’Inde deviendront non-rentables et cesseront leurs activités bien avant l’épuisement de la ressource.

Les contribuables de la vallée du Saint-Laurent auront alors déboursé les 60 à 80 milliards$ d’aménagements prévus dans le cadre du Plan Nord (pour construire des routes, des voies ferrées, des écoles, des hôpitaux, des réseaux de distribution d’eau potable, des égouts, des aéroports, des installations portuaires, etc.). Nous serons pris à payer cette facture bien après la fermeture de la mine puisque les redevances payés par la compagnie durant ses quelques années d’opération couvriront à peine les coûts reliés à la décontamination du site après le départ de l’entreprise.

Au lieu que les deniers publics servent à développer des industries de pointe comme le multimédia, l’aéronautique ou la biotechnologie, on va dépenser entre 60 et 80 milliards de dollars — environ 10,000$ par Québécois, homme, femme et enfant — pour favoriser un boom minier éphémère, pour alourdir considérablement la dette publique québécoise, pour subir une décote prévisible des agences de notation et pour enfoncer le Québec dans une pauvreté durable qui nous laissera à la merci des coupures de péréquation du gouvernement fédéral canadien.

Depuis l’accession au pouvoir de M. Charest, le Québec est passé du 4e rang à l’avant-dernière place des provinces canadiennes au chapitre du revenu per capita. Grâce au Plan Nord, le gouvernement Charest pourra compléter son saccage de l’économie québécoise et son pillage du Trésor public.

Référence : Baie-James vs Plan Nord

Corruption : Jean Charest promet des lois plus étanches

Le chef libéral a présenté aujourd’hui son plan de lutte contre la corruption. Jean Charest déclare : « Nous allons nous assurer que les contrats publics de construction sont octroyés à des entrepreneurs au-dessus de tout soupçon.»

Je reviendrai sur le cas précis de l’industrie de la construction. Pour l’instant, j’aimerais aborder le thème de la corruption de manière plus générale.

On fait souvent la distinction entre la collusion, le copinage et la corruption. Pour moi, la frontière entre les trois est souvent floue.

L’avocat nommé juge, le propriétaire de garderie qui obtient un permis, les dirigeants des firmes d’ingénierie qui décrochent des contrats, ne sont pas nécessairement des amis personnels ou même des connaissances des ministres libéraux. Même, ils ne sont peut-être pas membres du Parti libéral. Il n’y a donc pas nécessairement eu copinage. Mais il y a eu contribution à la caisse du Parti libéral ou service rendu. On se trouve en présence d’une décision gouvernementale favorable, prise à la suite d’une contribution (monétaire ou autre) à des élus. Dans ce sens, il y a corruption ou apparence de corruption.

À part quelques entrepreneurs véreux, les personnes qui contribuent à la caisse du Parti libéral sont déjà au-dessus de tout soupçon. Ce sont des gens honnêtes. Ils exercent leur métier consciencieusement. Leur contribution a été considérée comme légale au cours des neuf années de pouvoir de ce parti. Et ils ont obtenu légalement leur permis de garderie, leur contrat de construction ou leur nomination à la magistrature. Aucune de ces personnes n’a éveillé le moindre soupçon dans l’esprit de M. Charest.

Alors les pourris, ce ne sont pas les propriétaires de garderie, les ingénieurs ni même les avocats libéraux : les pourris, ce sont les dirigeants du Parti libéral — et au premier chef M. Charest — qui ont transformé l’appareil de l’État en machine à sous pour le Parti libéral en faisant en sorte qu’une contribution au Parti soit un prérequis pour bénéficier d’une décision favorable de leur part.

Donc les mesures annoncées par M. Charest — qui arrivent bien tard — ne s’attaquent qu’à une partie de la corruption.

Quant aux constructeurs ratoureux, ils ont bénéficié d’une totale impunité depuis neuf ans. Jean Charest s’est défendu de sa lenteur à sévir en blâmant le gouvernement fédéral — c’est toujours la faute des autres — qui a déjà condamné voilà longtemps ces constructeurs à des amendes de plusieurs millions$ mais qui refuse de transmettre sa preuve au gouvernement du Québec.

Monsieur Charest n’aurait eu qu’à modifier la loi de manière à ce qu’une condamnation pour fraude au fédéral soit admissible comme preuve de culpabilité au niveau provincial pour que ce problème soit réglé il y a longtemps. On n’aurait pas besoin de refaire la preuve de culpabilité : une personne est condamnée, donc elle est coupable.

Si cette condamnation est une erreur juridique, que le condamné aille en appel, qu’il convainque le système juridique de lui ouvrir un nouveau procès. Mais tant qu’il est condamné — surtout à la suite d’un plaidoyer de culpabilité — c’est qu’il est coupable. C’est simple.

Mais monsieur Charest a préféré étier le temps. Aujourd’hui, il se présente à nous revêtu des habits de sa nouvelle virginité : la lumière de Dieu l’a terrassé au déclenchement des élections et le voilà métamorphosé en nouveau champion de l’éthique. « La personne accusée aura pour effet de contaminer toutes les entreprises qu’elle possède ou qu’elle dirige » déclare-t-il. Bravo !

Malheureusement, lorsque l’entrepreneur débrouillard vend son entreprise à ses enfants, celle-ci ne lui appartient plus. De plus, si son nom n’apparait pas dans la liste des nouveaux dirigeants, c’est qu’il a cessé de la diriger officiellement. Alors la loi promise par M. Charest sera donc sans effet. Est-ce bien surprenant ?

La CAQ publie son programme électoral

La CAQ dévoilait aujourd’hui une brochure présentant son programme politique et ses promesses électorales.

Je ne vous parlerai pas des nouvelles promesses que ce document dévoile puisque je présume que le chef caquiste aura l’occasion de les détailler au cours du reste de sa campagne.

Le PQ promet une nouvelle loi 101

La plus grande nouvelle de la fin de semaine, c’est la présentation, par le Parti québécois, de sa politique linguistique.

Francisation des entreprises

Dans les cent premiers jours d’un mandat péquiste, les dispositions de la Loi 101 relatives à la langue de travail seraient étendues à toutes les entreprises de plus de dix employés alors que le seuil actuel est de cinquante employés. Cela affecterait dorénavant 54 000 commerces ou entreprises québécoises.

Je me suis déjà prononcé en faveur de l’application de la loi 101 à toutes des entreprises de plus de cinq employés : la volonté du PQ de placer ce seuil à onze employés m’apparait donc comme un compromis acceptable.

Abolition des écoles passerelles

Le PQ abolirait la loi légalisant écoles passerelles. On se rappellera que le gouvernement libéral avait utilisé la guillotine — c’est-à-dire le bâillon — pour forcer l’adoption de cette légalisation par l’Assemblée nationale en octobre 2010.

Les écoles dites « passerelles » sont des institutions d’enseignement qu’on qualifie ainsi parce qu’elles permettent aux personnes qui n’y ont pas droit, d’accéder aux écoles publiques anglaises. En effet, il suffit d’un passage de quelques mois ou même de quelques semaines dans une de ces institutions privées, pour donner le droit d’accéder à l’école anglaise publique (donc gratuite). Ce droit est automatiquement donné non seulement à cet élève, mais également à ses frères et sœurs, de même que tous leurs descendants.

En rétablissant l’illégalité des écoles passerelles, le PQ mettrait ainsi fin à cette anglicisation du Québec financée majoritairement par les contribuables francophones.

À mon avis, cette nouvelle est excellente mais ne va pas assez loin.

Le gouvernement québécois devrait déclarer qu’il considère dorénavant la Constitution canadienne comme étant la constitution du Canada anglais seulement (puisqu’adoptée par toutes les provinces canadienne sauf le Québec). Du même souffle, le Québec déclarerait qu’il se soumettra de bonne grâce à toutes ses dispositions sauf celles qui menacent son avenir, c’est-à-dire celles relatives à la langue d’enseignement au Québec.

Les condamnations de la Cours suprême pour outrage au tribunal seraient sans lendemain, comme l’ont été les injonctions des tribunaux lors de la grève étudiante.

Références :
Fuck la Cour suprême !
Les écoles passerelles

Les CÉGEPs publics anglais réservés aux Anglophones

À l’heure actuelle, n’importe qui peut envoyer ses enfants à l’école privée de son choix. Toutefois, la 101 ne permet l’accès à l’école primaire ou secondaire anglaise qu’à la minorité anglophone actuelle du Québec. En d’autres mots, s’ils veulent envoyer leurs enfants à l’école publique, les Néo-québécois doivent choisir l’école française.

Le PQ veut étendre cette obligation aux CÉGEPs (soit les lycées du Québec). Il ne serait donc plus possible pour un parent francophone d’envoyer ses enfants à un CÉGEP public anglais.

Québec solidaire et les soins de santé

Québec Solidaire promet de consacrer une somme de 600 millions$ pour renforcer le réseau des CLSC. Une autre tranche de 200 millions serait consacrée à valoriser la profession d’omnipraticien et les inciter à s’établir en région. Finalement 300 millions$ seraient alloués à réduire le temps d’attente aux soins médicaux.

Laissez un commentaire »

| Élection québécoise de 2012 | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : les 9 et 10 août 2012

Publié le 12 août 2012 | Temps de lecture : 7 minutes


 
La CAQ favoriserait l’école secondaire de 9h à 17h

La Coalition avenir Québec suggère que les étudiants du secondaire passent plus de temps à l’école. On souhaite que les écoles soient ouvertes de 9h à 17h afin de favoriser l’aide aux devoirs et la conciliation travail-famille, particulièrement pour les chefs de famille monoparentale.

Implantée graduellement à partir de 2014, cette mesure facultative pourrait coûter annuellement 290 millions$. Cette somme servirait à la rémunération du personnel qui aurait à travailler les 90 minutes supplémentaires lorsque l’école, sur une base volontaire, en déciderait ainsi.

François Legault déclare : « Ce qu’on annonce aujourd’hui, c’est que les fameux autobus jaunes ne partiraient plus à 3h30. Ils vont partir à 5h00 (de l’après-midi). »

Les 90 minutes supplémentaires seraient donc consacrées aux devoirs ou à des activités culturelles ou sportives. « On pense que ça va créer un sentiment d’appartenance chez les jeunes et que ça aiderait à diminuer le décrochage scolaire », ajoute M. Legault.

Dans son reportage à ce sujet, Radio-Canada ajoute que cela représente un problème de sécurité pour les étudiants du secondaire qui reviennent à la maison à pied auraient à le faire à la noirceur durant les mois d’hiver.

Dans les cas particulier de l’île de Montréal, les élèves empruntent généralement le métro et l’autobus. À l’aller et au retour de l’école, ils se retrouveraient à accroitre l’achalandage du transport en commun aux heures de pointe.

La CAQ précise que l’école secondaire de 9h à 17h ne serait jamais une contrainte mais serait simplement un modèle à s’inspirer. La CAQ veut donc appuyer les institutions scolaires du secondaire qui voudraient adopter cette suggestion.

Le PQ souhaite que le fonds de retraite des Québécois soutienne davantage l’économie de la province

Le Parti québécois souhaite que la Caisse de dépôt et de placement du Québec — l’organisme qui gère le fonds de retraite public de tous les Québécois — revienne à sa mission de soutenir l’économie de la province.

S’il est élu, le PQ créerait un fonds d’investissement stratégique de 10 milliards$, géré par la Caisse, destiné à être investi dans des entreprises québécoises. C’est le double de ce la CAQ se promet de faire. La participation publique souhaitée par le PQ servirait, entre autres, à protéger les entreprises québécoises des prises de contrôle par des intérêts étrangers.

Au cours des années désastreuses d’Henri-Paul Rousseau à la direction de la Caisse, celle-ci avait réduit substantiellement ses investissements au Québec, préférant le mirage des rendements plus élevés des titres toxiques (PCAA) vendus par de grandes institutions financières américaines. Pour ces dernières, c’était une façon de se débarrasser de créances hypothécaires douteuses, que nos petits génies de la Caisse se sont empressés s’acheter. La Caisse détenait le tiers de tous les PCAA détenus au Canada. Lorsque ces titres spéculatifs se sont effondrés, la Caisse a perdu 25% de la valeur de ses investissements, comparativement à 18,4% pour la moyenne des grandes caisses de retraite canadiennes.

Il est évident que si le portefeuille de la Caisse avait contenu davantage d’actions québécoises, elle n’aurait pas perdu 40 milliards$ dans le krach de 2007 – 2008 puisque cette baisse boursière est essentiellement liée à des titres américains.

Depuis la venue de Michael Sabia à la direction de la Caisse en 2009, celle-ci préfère des placements plus sûrs. Si bien que de son propre chef, la Caisse a augmenté substantiellement ses investissement au Québec : 41,2 milliards$ au 31 décembre 2011 vs 33,4 milliards$ en mars 2009. L’institution a maintenant plus d’argent placé au Québec qu’aux États-Unis.

Malgré cela, les placements en actions dans trois entreprises du secteur des sables bitumineux albertains représentent à eux seuls presque le double de tous les placements que la Caisse possède dans des entreprises québécoises cotées en Bourse.

Le PQ veut qu’on aille plus loin en créant un fonds spécifique d’investissements au Québec. Pourquoi un fonds spécifique ? Afin de protéger ce fonds d’un autre « Henri-Paul Rousseau » à la direction de la Caisse.

Références :
Caisse de dépôt et placement: virage pro-Québec
Se sortir la tête du sable. La contribution de la Caisse de dépôt et placement du Québec au développement des énergies fossiles au Canada

Le PQ abolira la taxe santé

Comme l’a fait la CAQ, il y a trois jours, le PQ promet d’abolir la taxe santé instaurée en par le gouvernement Charest. Cette taxe est de 200$ par contribuable, indépendamment de son revenu.

Les sommes qu’elle génère seront remplacées par ceux de deux niveaux supplémentaires d’imposition pour les hauts salariés; ceux qui gagnent annuellement plus de 130 000$ et ceux qui gagnent plus de 250 000$. C’est un milliard$ qu’on remet dans les poches de la classe moyenne.

Québec Solidaire promet un budget équilibré

Québec Solidaire mise aussi sur deux nouveaux paliers d’imposition et sur l’augmentation des redevances payées par les minières pour faire en sorte que le budget de l’État québécois dégage un surplus d’un milliard$ dès la première année d’un gouvernement dirigé par cette formation politique. Celle-ci promet également l’abolition de la taxe santé et l’annulation de la hausse des frais de scolarité.

Le Parti libéral créera un fonds de formation à distance pour le Plan Nord

Afin de répondre aux besoins spécifiques en main-d’œuvre des compagnies minières impliquées dans le Plan Nord, M. Charest allouera 50 millions$ en cinq ans pour développer la formation à distance.

De cette somme, 15 millions$ seront consacrés à la création d’un « Réseau universitaire du Plan Nord », afin d’offrir aux résidents du Nord des programmes d’études universitaires de qualité équivalente à ceux du Sud. Le Premier ministre n’a pas précisé le montant des frais de scolarité qui seront exigés par ce réseau.

Référence : Jean Charest promet un fonds de formation à distance, et attaque Legault

CAQ : Amiante, abolition partielle des crédits d’impôt, et cours d’entreprenariat

Comme tous les autres partis politiques à l’exception du Parti libéral, la CAQ s’est prononcée contre l’exploitation de l’amiante au Québec.

Sur les quatre milliards de dollars qui sont donnés en crédits d’impôt aux entreprises, la CAQ veut en retrancher la moitié, soit 2 milliards$, qui seraient confiés annuellement à Investissement Québec. Cet organisme d’État (qui existe déjà) deviendrait le guichet unique pour toutes entreprises qui demandent des subventions afin de moderniser leurs moyens de production, de rehausser la productivité et de créer des emplois payants.

François Legault déclare : « L’objectif au Québec, c’est d’arrêter de créer des emplois à 10$ de l’heure, comme le fait Jean Charest, et de créer des emplois à 20, 30, ou 40$ de l’heure. C’est ça qui manque au Québec et c’est ça qui doit être aidé.»

Finalement, la CAQ propose des cours d’entreprenariat et d’économie dans les écoles secondaires afin de donner aux jeunes le goût de se lancer en affaires.

Références :
Amiante: Legault voudrait faire cesser l’exploitation du minerai
Legault couperait la moitié des crédits d’impôt des entreprises

Complément de lecture : Le Québec doit faire son deuil de l’amiante

Laissez un commentaire »

| Élection québécoise de 2012 | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : les 7 et 8 août 2012

Publié le 11 août 2012 | Temps de lecture : 9 minutes


 
La CAQ baisserait les impôts en mettant à la porte 7 000 fonctionnaires

Un éventuel gouvernement caquiste éliminerait dans un premier temps la taxe santé qui a été adoptée par le gouvernement Charest. Cette taxe, actuellement de 200$ par personne, est imposée à tous les contribuables, indépendamment de leur revenu.

Une fois la taxe santé éliminée, soit au bout de deux ans, un gouvernement de la CAQ baisserait l’impôt sur le revenu de 100$ par année, par contribuable, lors des trois années subséquentes.

Les bénéficiaires seraient les couples dont le revenu annuel total est de moins de 100 000$ — ai-je bien compris : la limite est de 50 000$ de revenu moyen par personne mariée ? — et les célibataires qui gagnent annuellement moins de 100 000$. Donc, vive le célibat !

Cette mesure, dont le coût est estimé à 1,8 milliards$, serait financée par des compressions budgétaires : en tout, 7 000 fonctionnaires seraient mis à la porte.

Depuis vingt ans, les partis qui aspirent à prendre le pouvoir nous promettent des baisses d’impôts financées par une réduction de la fonction publique. La terminologie utilisée varie selon les époques; on parlera de « couper dans le gras », de « réingénierie gouvernementale » et maintenant de « faire le ménage ». C’est un peu facile.

La dernière fois qu’un chef de parti a fait une telle promesse — c’était M. Charest en 2003 — ce dernier, après avoir essayé vainement, a dû se résoudre, en désespoir de cause, à utiliser les sommes provenant de la péréquation fédérale pour réaliser sa promesse électorale.

À l’heure actuelle, le Québec compte 25 fonctionnaires provinciaux et municipaux par mille habitants vs 28 pour l’Ontario ce qui, dans ce dernier cas, correspond aussi à la moyenne canadienne.

Sur ce blogue, j’ai déjà eu l’occasion de critiquer sévèrement ce genre de promesse simpliste.

Un des problèmes majeurs du gouvernement québécois, c’est qu’il manque de gens compétents. Cette pénurie découle du fait qu’on a cru longtemps qu’il n’était pas essentiel pour l’État de disposer de ses propres experts. Certains croyaient qu’il était beaucoup plus avantageux de recourir au privé et de faire appel de manière ponctuelle aux serviteurs de l’État, en cas de besoin.

Le résultat, c’est que dans de nombreux secteurs économiques, par manque d’expertise, l’État québécois est à la solde d’intérêts privés.

On a donc trop coupé. On a trop coupé dans l’enseignement, dans les hôpitaux, dans les infrastructures, bref, dans à peu près tous les secteurs de compétence provinciale. Si bien que nos hommes politiques font de leur mieux, entourés de conseillers dont les plus brillants sont en nombre insuffisant. Les décisions ministérielles reflètent donc la médiocrité de l’expertise à leur disposition…

Si on juge les idéologies par leurs résultats, la conclusion est claire : continuons à priver l’État de ressources et nous devrons accepter la médiocrité de nos gouvernements comme la conséquence de nos choix.

Le gouvernement Charest a reconnu implicitement la faillite de sa « réingénierie gouvernementale » en embauchant massivement de nouveaux fonctionnaires au Ministère des transports après l’effondrement du Tunnel Ville-Marie, causée directement par les décisions malheureuses adoptées par ce ministère.

Et voilà la Coalition avenir Québec qui reprend le flambeau libéral à sa manière. Mon Dieu que ça fait pitié…

La CAQ peut financer toutes ses promesses électorales simplement en mettant la hache dans le gaspillage des fonds publics représenté par le Plan Nord (40 à 63 milliards$) et la réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2 (deux milliards$ officiellement, mais en réalité probablement le double ou le triple). Et j’en passe.

Références :
Lisée JF. Comment mettre la droite K.-O. en 15 arguments. Montréal: Stanké, 2012 (p. 63).
Fonction publique : coupe-t-on encore dans le gras ?
François Legault promet 500$ de réduction d’impôt par contribuable sur cinq ans
Le néo-libéralisme du ministère des Transports
Tunnel Ville-Marie : Sam Hamad et Anne-Marie Leclerc doivent démissionner

Intervention surprise de Me Lussier contre Jacques Duchesneau

Depuis l’annonce de la candidature de M. Duchesneau, le Parti libéral cherche plus que jamais à le discréditer. Le tâcheron de cette sale besogne est aujourd’hui Me Sylvain Lussier, procureur-chef de la Commission Charbonneau.

Il ne s’agit pas ici d’une confidence imprudente ébruitée par un journaliste en manque de scoop, mais plutôt d’une charge délibérée puisque Me Lussier s’est déplacé expressément dans les studios de Radio-Canada pour la faire.

Me Sylvain Lussier, un libéral notoire, a cru bon intervenir dans la campagne électorale pour reprocher publiquement à Jacques Duchesneau d’avoir décrit les mécanismes de la corruption gouvernementale sans préciser de noms, lors de son témoignage devant cette commission.

Contrairement à ce que font les gouvernements lorsqu’ils veulent inciter les gens à témoigner, le gouvernement Charest n’a pas cru bon garantir l’immunité aux témoins de la commission.

Conséquemment, si M. Duchesneau avait commis l’imprudence de préciser les noms des coupables de la corruption au Québec, il croulerait aujourd’hui sous le poids des procès pour diffamation, un moyen commode de faire taire les personnes qui parlent trop.

J’inviterais donc Me Lussier à mettre autant d’énergie à combattre la corruption au Québec qu’il en met à s’attaquer aux rares et précieux témoins de sa commission.

Complément de lecture : Me Sylvain Lussier, procureur-chef à la Commission Charbonneau : un choix judicieux ?

Jean Charest propose un crédit d’impôt pour la rénovation verte

Le Parti libéral désire instaurer un nouveau crédit d’impôt en vertu duquel l’État subventionnerait partiellement les travaux relatifs à l’isolation, à l’étanchéisation des fondations et des portes et fenêtres, au système de chauffage ou à la conservation de l’eau.

Le gouvernement rembourserait 20% des dépenses supérieures à 1 000$. Pour toucher l’aide maximale de 3 000$, les travaux devraient s’élever à 17 000$.

Environ 35 000 ménages pourraient bénéficier de cette mesure fiscale, applicable seulement aux résidences principales. La mesure serait en vigueur pendant une seule année et coûterait 50 millions$.

Le pseudo-scandale diffusé par Radio-Canada

L’actualité politique d’aujourd’hui est dominé par un « scandale » révélé par les journalistes de l’émission Enquête de Radio-Canada.

En résumé, il s’agit d’un ex-dirigeant du syndicat FTQ-Construction, sous surveillance policière en 2009 et dont la filature a été mystérieusement suspendue — par un ordre venu d’en haut — après que ce dirigeant syndical ait murmuré quelques mots à l’oreille du Premier ministre lors d’une rencontre avec des représentants autochtones.

C’est mince. C’est très mince.

Soyons francs : Monsieur Charest n’est pas un enfant de cœur. Au gouvernement fédéral, il a dû démissionner en 1990 comme Ministre d’État à la Condition physique et au Sport amateur pour avoir tenté de faire pression sur le juge Macerola au sujet d’un procès contre l’entraineur Marc Saint-Hilaire. De plus, devenu Premier ministre du Québec, il a perverti le mécanisme de nomination des juges en soumettant les recommandations du Ministère de la Justice aux desiderata de ses conseillers politiques et des collecteurs de fonds de son parti. Finalement, il a créé une commission d’enquête sur la corruption dans l’industrie de la corruption qui, originellement, n’avait même pas le pouvoir de contraindre des personnes à témoigner, soulevant ainsi l’indignation du Barreau du Québec.

Donc, Monsieur Charest n’est pas reconnu pour son respect du processus judiciaire. Mais l’accusation d’être intervenu auprès des hauts dirigeants de la Sécurité du Québec pour faire interrompre une filature repose sur aucune preuve directe. C’est de diffammation à l’état pur. Qui a donné l’ordre ? Où sont les preuves ?

Conséquemment, il est inacceptable que Radio-Canada révèlent ce pseudo-scandale en manchette, en pleine campagne électorale.

D’ailleurs, entre nous, avons-nous besoin de cette « preuve » supplémentaire pour nous faire une idée de la corruption du gouvernement sortant ?

Références :
Jean Charest
La « patente à gosses » de M. Charest
L’utilité de la Commission Bastarache

Parti libéral : soins dentaires gratuits et divulgation des temps d’attente des médecins spécialistes

Présentement, dix ans est l’âge maximal pour recevoir gratuitement des soins dentaires de base (ce qui exclut l’orthodontie). S’il est réélu, M. Charest promet que cet âge maximal serait porté à seize ans. Le coût de cette mesure est estimé à 58 millions$ par année

Autre promesse : s’il est réélu, Jean Charest ferait en sorte qu’on publierait sur un portail Web le temps nécessaire afin d’obtenir un rendez-vous chez chaque médecin spécialiste. Cela permettrait au public de choisir un spécialiste dont les délais d’attente sont plus courts.

Référence : Jean Charest veut élargir la couverture des soins dentaires

La CAQ promet un congé parental rémunéré de cinq jours par année

François Legault promet un congé payé de cinq jours par année à tous les parents d’enfants de moins de 6 ans pour leur permettre de répondre à leur obligation parentale. Actuellement, les normes du travail prévoient qu’un parent puisse s’absenter dix jours par année, mais à ses propres frais.

Le chef de la CAQ déclare : « Pendant longtemps, on a eu au Québec des familles où seulement un des deux parents travaillait. Aujourd’hui, dans beaucoup de familles, les deux parents travaillent. Il arrive que des jeunes soient malades et qu’un des deux parents doive s’absenter du travail.»

Le coût de cette mesure est évalué à 350 millions de dollars, à la charge des employeurs.

Référence : Cinq congés payés pour les parents d’enfants de moins de six ans, promet Legault

Laissez un commentaire »

| Élection québécoise de 2012 | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel