L’abus du qualificatif ‘extrême droite’ par l’AFP

Publié le 1 avril 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Pour juger si un gouvernement était de droite ou de gauche, il suffisait autrefois de le regarder agir.

Si ses politiques fiscales avaient pour résultat de prendre l’argent des personnes fortunées et de la redistribuer aux personnes dans le besoin, c’était un parti de gauche.

À l’opposé, si ce parti prenait l’argent des classes moyennes pour financer des baisses d’impôt profitant aux personnes fortunées, c’était un parti de droite.

Sous l’influence du wokisme, cette distinction a volé en éclats.

La redéfinition des extrêmes

De nos jours, sont considérés de gauche les formations politiques, les ONG ou les groupes de réflexion qui militent pour la défense des minorités sexuelles ou des minorités de genre, ou encore qui s’opposent à ce qu’on limite les flux migratoires.

C’est ainsi qu’un parti municipal sera considéré de gauche en fonction de ce critère, malgré ses politiques extrêmement répressives à l’égard des sans-abris et des obstacles administratifs à la construction de logements sociaux (en dépit de ses promesses électorales du contraire).

À l’opposé, sur la scène internationale, on qualifiera d’extrême droite un gouvernement ou un parti politique qui est hostile à l’homosexualité et aux minorités de genre, ou qui veut restreindre sévèrement l’immigration. Et ce, même si ses politiques sociales favorisent la répartition de la richesse au profit des travailleurs et des milieux défavorisés.

Par exemple, il eut un temps où le Parti communiste français (PCF) préconisait un contrôle des flux migratoires afin de protéger les ouvriers de l’immigration incontrôlée. À cette époque, le PCF accusait les grands groupes industriels de vouloir créer des surplus de main d’œuvre afin de maintenir au plus bas les salaires des ouvriers.

Depuis que le PCF a modifié sa position à ce sujet, une partie de sa clientèle électorale a migré vers le Rassemblement national.

L’Agence France-Presse


 
Le mois dernier, un milicien russe coupable de crimes de guerre fut qualifié faussement de ‘néonazi’ par l’Agence France-Presse alors que les agences Reuters et Associated Press l’ont plutôt qualifié de nationaliste ou d’ultranationaliste (ce qui juste).

En réalité, un soldat ou un mercenaire russe qui se dirait néonazi serait immédiatement fusillé en tant que traitre. Prétendre que le néonazisme existe en Russie est une manière pour l’AFP de banaliser l’existence de cette idéologie haineuse en Ukraine.


 
D’autre part, après avoir participé sur le site de Radio-Canada à la discussion relative à l’inéligibilité de Marine Le Pen, j’ai remarqué que le communiqué de l’AFP utilisait cinq fois le qualificatif ‘extrême droite’ pour caractériser le Rassemblement national (RN).

Cette insistance à ancrer dans les esprits le danger de cette formation politique a fait naitre ma suspicion : en supposant que le Front national de Jean-Marie Le Pen était un parti d’extrême droite, est-ce le cas du RN de sa fille ?

L’extrême droite pour vrai

En vue d’un texte que j’écrirai peut-être, je m’intéresse depuis peu à l’extrême droite ukrainienne, et plus précisément aux milices néonazies qui œuvrent depuis des décennies dans l’ouest de ce pays.

Ce que je lis, c’est qu’avant la guerre, ces milices prenaient plaisir à attaquer des campements de Roms (appelés aussi Gitans ou Romanichels) pour en tuer quelques-uns. Qu’ils provoquaient des émeutes lors de défilés de la fierté gaie afin que les autorités municipales les interdisent au nom de la paix sociale. Qu’ils s’invitaient à des conférences au sujet de l’antisémitisme afin rosser le conférencier devant l’assistance horrifiée. Etc.

Est-ce que les partisans du RN leur ressemblent, même de très loin ?

D’autre part, après avoir détruit toutes les parcelles de sol fertile de la bande de Gaza, lorsqu’on instaure un blocus alimentaire total au point que la farine commence à manquer, n’est-ce pas une manière d’obtenir par la famine le même résultat que celui obtenu par l’emploi du Zyklon B dans des chambres à gaz ?

Voilà ce qu’est un gouvernement d’extrême droite. Est-ce que les politiques antimigratoires du RN s’apparentent à cela ?

Conclusion

Jusqu’à tout récemment, l’AFP était partiellement financée par l’USAID, par le biais d’Internews Network.

Qualifier le RN de parti d’extrême droite — alors qu’il n’est qu’un banal parti de droite — est typique de l’alarmisme de l’AFP qui sert à diaboliser les adversaires du pouvoir établi.

Plus précisément, la désinformation de l’AFP sert les intérêts des politiciens pro-européens et des va-t-en-guerre placés au pouvoir à l’époque de l’administration démocrate américaine.

Du fait que les dépêches de l’AFP sont déjà en français, cette agence de presse exerce malheureusement un monopole de facto sur l’information internationale publiée par nos quotidiens et qui façonne les esprits au Québec et en France.

Références :
Fear of famine looms after all Gaza bakeries run out of flour amid month-long Israeli blockade
La corruption de la presse occidentale par Washington
Le mythe du néonazisme russe
Marine Le Pen inéligible cinq ans et condamnée à quatre ans de prison

Un commentaire

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La corruption de la presse occidentale par Washington

Publié le 17 février 2025 | Temps de lecture : 9 minutes
Dépêche de l’Agence France-Presse (AFP)

Introduction

Fondée en 1961, la United States Agency for International Development (USAID) est une agence gouvernementale des États-Unis qui se consacre à la promotion des intérêts américains par le biais du développement international.

Elle relève du département d’État américain, soit l’équivalent du ministère des Affaires étrangères des États-Unis.

L’agence possède le monopole de l’aide humanitaire de Washington; des dizaines de milliers d’organismes à travers le monde dépendent de son financement.

Toutefois, le sigle de cet organisme porte à confusion. Les trois premières lettres d’USAID représentent le nom anglais des États-Unis. Les deux dernières (ID) signifient développement international et non aide internationale.

En d’autres mots, pour l’USAID, l’aide internationale n’est pas un but, mais un moyen de promouvoir les intérêts des États-Unis. Ce qui n’a rien de répréhensible.

Le côté obscur de la force

Afin de réaliser sa promesse de réduire les dépenses du gouvernement des États-Unis, Donald Trump a décidé d’abolir l’agence.

Ce qui a déclenché un tollé. On accuse son administration de retirer le pain de la bouche d’affamés à travers le monde pour financer sa baisse d’impôt projetée en faveur des Américains les plus riches.

Pour se justifier, l’administration Trump a décidé de lever le voile sur les opérations secrètes financées par USAID.

Menées indépendamment de ses activités caritatives, ces opérations avaient pour but d’assurer le contrôle et la manipulation de l’opinion publique occidentale par Washington.

Ce qui a nécessité des sommes colossales, comme nous le verrons dans quelques instants.

Compromises par ces révélations, les agences de presse occidentales et les médias traditionnels ont réussi, jusqu’ici, à en limiter l’impact en évitant d’en parler.

Internews Network, paravent de l’USAID

Décrite comme une ONG (c’est-à-dire une organisation non gouvernementale), Internews Network est une société financée par Washington.

Elle est ‘non gouvernementale’ uniquement dans le sens qu’elle échappe à l’examen de ses comptes par les congressistes américains.

Depuis 2008, elle a reçu 57 millions$ directement du département d’État et 415 millions$ indirectement, par l’intermédiaire d’USAID (qui relève du département d’État). Ce qui lui a permis de mener une opération mondiale de manipulation médiatique, de concert avec le secrétariat d’État et la CIA. Signalons que ‘secrétariat d’État’ désigne la haute direction du département d’État.

Dans le but d’inciter les jeunes Cubains à se révolter contre le gouvernement de leur pays, USAID a financé ZunZuneo, un réseau social de type Twitter (ou X) qui a opéré dans l’ile de 2010 à 2012.

Dans ce cas, l’USAID ne s’est pas servi d’Internews Network, mais de tout un réseau de sociétés-écrans destiné à détourner vers Cuba les millions de l’aide humanitaire destinée au Pakistan.

En 2014, à l’époque du massacre de la place de l’Indépendance de Kyiv (orchestré par la CIA), neuf des dix principaux médias ukrainiens dépendaient du financement d’Internews Network. Ce qui lui permettait de s’assurer que leurs journalistes soient pro-occidentaux et pro-Otan.

Jusqu’ici, Internews Network a collaboré avec 4 291 médias à travers le monde. Rien que pour 2023, il a formé neuf-mille journalistes.

Certains d’entre eux ont même travaillé à la ‘vérification des faits’ de grands quotidiens, une vérification où on qualifiait de fallacieux tout ce qui ne déviait du narratif de Washington.

Par exemple, VoxUkraine (financé par Internews Network) est le vérificateur officiel des faits au sujet de la guerre en Ukraine chez Meta (propriétaire de Facebook).

L’an dernier, le financement d’Internews Network a permis la création d’environ cinq-mille heures de propagande sous forme de documentaires et de reportages.

En 2023, l’Ukraine fut le principal bénéficiaire des fonds versés par l’USAID, soit 14,4 milliards de dollars (c’est le tiers du budget de l’agence). Ce qui permettait au Deep State de contourner le blocage au Congrès de l’aide vers l’Ukraine.

Quelques exemples

L’Agence France-Presse

Presque toutes les dépêches de l’Agence France-Presse (AFP) au sujet de la guerre en Syrie se terminaient par un récapitulatif fallacieux.

De 2009 à 2025, l’AFP a reçu 279 255 dollars de l’USAID. De manière plus importante, à partir de 2017, l’AFP a obtenu 9,8 millions$ d’autres agences américaines, principalement de l’US Agency for Global Media.

Selon l’AFP, ces sommes permettent au gouvernement américain d’utiliser, dans ses publications, des images prises par les photographes de l’AFP et pour lesquels ces derniers détiennent les droits d’auteur.

Thomson Reuters

C’est le président israélien Benyamin Netenyahou qui, le premier, qualifia de ‘pogrome’ l’émeute survenue à Amsterdam en novembre dernier. Et ce, afin de disculper les voyous israéliens qui l’ont provoquée.

L’accusation fut reprise par tous les médias occidentaux grâce aux photos et vidéos de l’agence de presse Reuters. Selon celle-ci, ces images prouvaient l’accusation de Netenyahou.

En particulier, un clip vidéo tourné par la vidéaste Annet de Graaf a fait le tour du monde. Selon Reuters (qui en assurait la distribution), ce vidéo montrait des manifestants pro-palestiniens qui pourchassaient et frappaient des partisans d’un club de foot de Tel-Aviv.


 
La créatrice de ce clip a accusé ceux qui le diffusent (au premier rang desquels, Reuters) de propager des nouvelles fallacieuses puisqu’il montre, au contraire, des citoyens d’Amsterdam pourchassés par des houligans du club israélien.

Depuis 2010, une succursale de Reuters basée à Toronto (la Thompson Reuters Special Services) a reçu 120 millions$ du gouvernement américain, dont 60 millions du ministère de la Défense et 55,8 millions$ du département de la Sécurité intérieure.

Selon Reuters, « le contrat avait pour but de protéger le gouvernement américain contre l’ingénierie sociale, soit une forme de cybermenace dans laquelle les personnes sont amenées à divulguer des renseignements sensibles

Précisons que l’ingénierie sociale est une méthode de manipulation psychologique qui cible le facteur humain, souvent considéré comme le maillon faible dans la sécurité des systèmes informatiques.

Reuters se défend en précisant que sa succursale possède son propre conseil d’administration et qu’elle est une entité juridique distincte.

Cela ne change pas le fait que lorsque cette succursale fait des profits grâce à ses contrats gouvernementaux, elle les redistribue à ses actionnaires, dont l’agence de presse Reuters.

Associated Press

Depuis 2008, l’agence de nouvelles Associated Press a reçu 37,5 millions de dollars d’agences gouvernementales américaines.

Appelée à couvrir la nouvelle qui la concerne, Associated Press nie que près de la moitié de cette somme (19,5 millions de dollars) ait été versée par USAID.

Habituée aux demi-vérités, Associated Press néglige de dire qu’USAID ne soudoyait pas directement les médias; elle procédait (comme on l’a vu plus tôt) par l’intermédiaire d’Internews Network.

Conclusion

À en juger par les références sur lesquels s’appuient les textes publiés par ce blogue, celui-ci serait peu de chose sans le travail des journalistes.

Le mois dernier, dans le texte ‘L’engouement pour la géopolitique’, on pouvait lire :

Au cours des dernières décennies, pendant que les médias traditionnels perdaient une bonne partie de leurs revenus publicitaires au profit des géants du Web, la première chose qu’ils ont sacrifiée, ce sont leurs journalistes et leurs correspondants à l’Étranger.

Et pour compenser cette perte, ils se sont abonnés à des agences de presse couvrant l’actualité internationale. Malheureusement, depuis toujours, celles-ci sont ces entreprises opaques qui véhiculent de la propagande.

Dans les pays totalitaires, il est facile de comprendre pourquoi les agences de presse sont des outils de propagande de l’État.

Mais par quel mécanisme, dans les pays démocratiques, nos médias sont-ils devenus les perroquets de la propagande américaine ?

Jusqu’ici, le mécanisme de cet assujettissement était inconnu.

Depuis que l’administration Trump a dévoilé les secrets compromettants de l’USAID, tout s’explique.

Toutefois, les agences de presse ont réussi à faire en sorte que ce scandale soit passé inaperçu.

Pour réaliser cette omerta, elles ont pu compter sur les milliers de journalistes formés pendant des années par d’Internews Network et qui peuplent maintenant les salles de nouvelles des quotidiens les plus respectables de la planète.

Ce n’est pas parce qu’ils apprennent aujourd’hui que leur formation était financée par Washington qu’ils vont renier des idées auxquelles ils croient jusqu’au plus profond d’eux-mêmes.

Références :
Claims about USAID funding are spreading online. Many are not based on facts
Bulldozer l’aide internationale
“Defend or be damned” : How a US company uses government funds to suppress pesticide opposition around the world
Did a Trump executive order just cripple the global US regime change network?
Global Aid Programs at Risk as US Freezes Foreign Assistance; USAID’s Vital Work in Georgia Affected
How USAID and Internews Orchestrate Global Media Control
L’aide des États-Unis à l’Ukraine bloquée par les républicains au Sénat
Le scandale de l’USAID ! (vidéo)
L’Incroyable scandale du financement des médias par Washington
No, Politico Did Not Receive ‘Substantial Funds’ from USAID
Pourquoi l’AFP a-t-elle reçu des centaines de milliers de dollars de l’USaid ?
Ukraine : l’histoire secrète de la révolution de Maïdan
Un ‘pogrome’ à Amsterdam : vraiment ?
USAID un jour sans fin… Internews Network : Une Opération Secrète de Contrôle Médiatique mondiale financée par l’USAID
US Defense Department contract ‘inaccurately represented’ on social media, says Thomson Reuters
ZunZuneo

Parus depuis :
En Europe de l’Est, la suspension des aides américaines met en danger de nombreux médias (2025-02-21)
USAid employees told to destroy classified documents, email shows (2025-03-11)
L’administration Trump veut annuler des contrats avec trois agences de presse mondiales (2025-03-13)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’engouement pour la géopolitique

Publié le 28 janvier 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Depuis toujours, on sait que la géographie détermine l’histoire des peuples. Voilà pourquoi la Suisse, pays enclavé, n’est jamais devenue une puissance maritime puisqu’elle n’a pas accès à la mer.

De la même manière, on peut dire que si Montréal est une ville presque deux fois plus populeuse qu’Amsterdam, c’est en raison de sa proximité avec le marché américain. Une proximité qui lui permet de générer une activité économique suffisante pour nourrir 1,8 million de personnes.

Toutefois, la géopolitique dépasse le cadre étroit du déterminisme géographique.

De nos jours, la géopolitique est une discipline académique à cheval entre la géographie, les sciences politiques et la stratégie militaire.

La compréhension du réel

On devrait s’attendre à ce que la lecture méticuleuse des nouvelles internationales suffise à la compréhension ce qui se passe à travers le monde.

Ce n’est pas le cas.

Au cours des dernières décennies, pendant que les médias traditionnels perdaient une bonne partie de leurs revenus publicitaires au profit des géants du Web, la première chose qu’ils ont sacrifiée, ce sont leurs journalistes et leurs correspondants à l’Étranger.

Dépêche de l’Agence France-Presse (AFP)

Et pour compenser cette perte, ils se sont abonnés à des agences de presse couvrant l’actualité internationale. Malheureusement, depuis toujours, celles-ci sont ces entreprises opaques qui véhiculent de la propagande.

En Occident, l’Agence France-Presse, Associated Press et Reuters (entre autres) véhiculent de la propagande occidentale. L’Agence Tass et Sputnik véhiculent de la propagande russe. Et ainsi de suite.

Cela ne veut pas dire que ce qu’elles écrivent est faux. La plupart du temps, leurs dépêches ne font que présenter la partie de la vérité qui correspond au narratif occidental. Mais parfois, ce qu’elles propagent est totalement faux.

L’exemple du ‘pogrome’ d’Amsterdam

Pour s’en convaincre, on peut prendre un exemple récent qui ne devrait pas être de nature à susciter la controverse; le fameux ‘pogrome’ d’Amsterdam

Pour qu’il y ait pogrome, il faut qu’au moins un Juif soit tué.

Je ne dis pas qu’il est regrettable qu’aucun Juif n’ai été tué à Amsterdam. Je dis : pas de Juif tué, pas de pogrome.

De plus, comparer les émeutes d’Amsterdam à la Nuit de Cristal survenue les 9 et 10 novembre 1938 est une grossière exagération : il y a 86 ans, des centaines de Juifs ont été tués, 267 synagogues furent réduites en cendres, et sept-mille commerces juifs ont été pillés ou détruits.

Il n’y a pas eu l’ombre de tout cela à Amsterdam en novembre dernier.

Pourtant, toutes les agences de presse occidentales (et conséquemment, tous les médias qui publient leurs dépêches) ont relayé comme un fait avéré l’accusation du gouvernement israélien selon laquelle, les Pays-Bas ont été complices d’un ‘pogrome’ en novembre dernier.

Bref, tous nos journaux nous ont menti.

Nouvelles internationales et géopolitique

L’intérêt de la géopolitique, c’est qu’elle permet de comprendre le fond des choses. En plus de s’appuyer sur les faits, elle vise à expliquer le pourquoi et le comment.

Voilà pourquoi cette disciple est à ce point populaire, notamment sur YouTube.

Mais comme tout ce qui s’avère à la mode sur les médias électroniques, elle est aussitôt contaminée par des propagandistes.

Comment reconnaitre les imposteurs ? Par leur usage de l’adjectif.

L’analyse objective n’a pas besoin d’une abondance d’adjectifs. Par contre, si on veut susciter l’indignation et la haine, l’exagération et l’abus de l’adjectif sont indispensables.

De plus, si un texte est un plaidoyer en faveur de la supériorité morale d’une partie des protagonistes d’un conflit, c’est que ce texte substitue la foi à la vérité.

Référence : Un ‘pogrome’ à Amsterdam : vraiment ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La fabrication du consentement politique : un exemple américain

Publié le 27 janvier 2019 | Temps de lecture : 5 minutes

En 1980, l’Irak est dirigé par le président sunnite Saddam Hussein. Craignant que la Révolution en Iran (le pays voisin) incite la majorité chiite de son pays à se soulever contre lui, Saddam Hussein déclenche la guerre Iran-Irak.

Celle-ci s’est déroulée de 1980 à 1988 et s’est soldée par un nombre de morts estimé entre un demi-million et 1,2 million.

L’effort de guerre de l’Irak a été soutenu par l’Arabie saoudite par crainte d’une contagion révolutionnaire de sa propre minorité chiite. C’est ainsi que la dictature saoudienne a déboursé près de 25 milliards$ pour financer l’armée de Saddam Hussein entre 1980 et 1988.

Malgré le financement saoudien, l’Irak s’est retrouvé en très mauvaise situation financière à l’issue de cette guerre.

Pour renflouer ses coffres, l’Irak décida d’envahir et d’annexer le Koweït en 1990 et d’y déposséder sa richissime pétromonarchie.

L’Arabie saoudite, menacée cette fois par la cinquième plus forte armée du monde, appelle les États-Unis à l’aide.

Dans l’éventualité où les armées irakiennes poursuivraient leur route en se lançant à la conquête de l’Arabie saoudite, l’imprévisible Saddam Hussein constituerait une menace sérieuse pour la stabilité du Monde.

D’où la guerre du Golfe — celle du père Bush et non de G.W.— également financée par la dictature saoudienne.

Alors que les États-Unis déplacent une formidable armada vers le golfe persique, le public américain est déjà convaincu de la nécessité de guerroyer contre Saddam Hussein.

Mais ce consentement est rationnel. Pour convaincre des dizaines de milliers de jeunes Américains de risquer leur vie, il faut une noble cause à défendre.

La stabilité de l’approvisionnement en hydrocarbures des compagnies pétrolières n’est pas susceptible de rallier les jeunes écologistes américains à cette guerre. Il faut une cause qui touche le cœur.

C’est alors que se met en marche la fabrication du consentement politique américain.

En Californie, on tourne un court métrage montrant des soldats gravissant dans l’ombre les marches à l’entrée d’un édifice.

Plus tard, on dira que ces images ont été tournées lors de l’invasion du Koweït par l’Irak et qu’elles montrent très précisément l’entrée de soldats irakiens dans un hôpital pédiatrique koweïtien.

Parallèlement, dans les bureaux d’une firme de relations publiques de New York, une jeune femme pleure. Elle pleure en répétant le rôle d’une jeune infirmière venue visiter sa sœur hospitalisée et qui s’est retrouvée à assister malgré elle à un drame déchirant.

Sous ses propres yeux, des soldats de Saddam Hussein ont ordonné qu’un retire tous les prématurés de leurs incubateurs et qu’on les dépose sur le plancher froid de l’hôpital, condamnant ces pauvres chérubins à une mort certaine par hypothermie.

Juste à l’invocation de ce drame, le regard de la jeune femme se voilait de larmes.

Pendant ce temps à Washington, la Chambre des représentants convoquait une commission chargée d’examiner les motifs qui justifiraient l’intervention américaine au Koweït.

Lorsque la commission fut prête à entendre des témoignages, on fit en sorte qu’une jeune femme appelée Nayirah fut une des premières personnes entendues.

Fraichement descendue de l’avion, la jeune fille s’était précipitée aux pieds de la commission, mue par l’urgent besoin de témoigner de la cruauté de Saddam Hussein.

C’est alors qu’elle raconta qu’au Koweït, alors qu’elle était venue visiter sa sœur hospitalisée, elle s’était retrouvée à assister malgré elle à un drame…

Mais… n’est-ce pas ce qu’on disait plus tôt au sujet de la comédienne de New York ?

Eh oui. De plus, pour documenter son témoignage, on avait ce court métrage qui montre les soldats de Saddam Hussein pénétrant justement dans cet hôpital pédiatrique…

Répété en boucle par la télévision américaine, ce faux témoignage suffit à convaincre des milliers de jeunes Américains qu’ils avaient une occasion unique de participer à changer le cours de l’Histoire en délivrant le monde d’un dangereux tyran.

Plus tard, aucune enquête officielle ne fut entreprise lorsqu’on apprit que la jeune femme en question était la fille de l’ambassadeur du Koweït aux États-Unis et que la priorisation de son témoignage au Congrès avait nécessité la complicité de tout un réseau d’influences.

Références :
Affaire des couveuses au Koweït
Guerre Iran-Irak
Invasion du Koweït

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La fabrication du consentement politique : un exemple chinois

Publié le 26 janvier 2019 | Temps de lecture : 3 minutes
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À l’aéroport de Hong Kong — d’où j’allais partir pour Montréal — j’avais acheté un volumineux coffret consacré au cinéma chinois.

Ses soixante DVDs dataient des premières décennies qui ont suivi l’accession au pouvoir du Parti communiste chinois.

Très tôt, j’ai réalisé que cette somme était composée essentiellement de films de propagande; deux tiers de navets et quelques films plutôt intéressants, du moins pour un cinéphile sinophile.

Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, pourquoi le cinéma japonais a-t-il produit ses plus grands chefs-d’œuvre alors que la Chine produisait presque exclusivement des films de propagande ?

La réponse est simple. En 1949, après l’accession au pouvoir de Mao Zedong, la priorité du cinéma chinois n’était pas de produire des œuvres d’art mais de contribuer à l’unité du pays, divisé par une guerre civile qui avait débuté en 1927.

Celle-ci s’était soldée par environ six-millions de morts, causées presque également par chacun des deux camps adverses.

On ne pouvait pas s’attendre à ce que les centaines de millions de survivants hostiles au communisme se rallient soudainement à la nécessité de rebâtir le pays sous la gouverne de leurs pires ennemis, contre lesquels ils étaient prêts à mourir voilà peu de temps.

Tout comme les plus grands artistes français se sont prêtés à la glorification du règne de Napoléon Bonaparte, les cinéastes chinois ont prêté leur talent à la glorification des héros de la Révolution chinoise… ou ont été forcés d’exercer un autre métier.

Parfois, il s’agissait de raconter une histoire édifiante. Comme celle de ce villageois qui a convaincu ses concitoyens de construire ensemble un système d’irrigation.

Le plus souvent, ces films dépeignent les combats livrés par les contrerévolutionnaires du Kuomintang, fourbes et cruels, contre les héros communistes qui s’illustrent par leur bravoure et leur dévouement au peuple.

Dans tous les cas, ces films sont tournés en décors naturels ce qui permet de voir l’état en ruine de l’habitat chinois dans les campagnes du pays (où vivait la grande majorité de la population).

Cette fabrication du consentement, destinée à rallier les anciens ennemis à leurs nouveau maitres, peut se faire de différentes manières.

Mais la manière douce, semblable à un lavage de cerveau, est la plus efficace.

De nos jours, des clips vidéos, vus en peu de temps par un grand nombre d’internautes, amènent ces derniers, comme des automates, à publier des milliers de messages haineux, à se déplacer afin d’insulter ceux qui s’apprêtent à voir un spectacle honni, ou à boycotter un produit parce que ses fabricants ont heurté la sensibilité des gens de notre époque.

Comme quoi la fabrication de la discorde, parfois orchestrée de l’Étranger, utilise les mêmes moyens que la fabrication du consentement.

Références :
Guerre civile chinoise
La propagande de « l’usine à trolls » russe

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Écrit par Jean-Pierre Martel