Dans son éditorial intitulé La sainte prédominance, Michel David termine en déclarant qu’un délégué au récent congrès du Parti québécois se serait opposé à ce qu’un gouvernement péquiste soit trop bon puisque cela rendrait confortable notre soumission à l’ordre canadien et conséquemment, enlèverait des raisons de faire l’indépendance.
Il m’arrive d’être un peu nono, mais pas à ce point-là…
Dans le contexte de la discussion au sujet du premier paragraphe de la résolution 412 (au sujet d’Énergie Est), j’ai effectivement déclaré : « Je suis contre le fait que le PQ fasse croire qu’on peut avoir tous les avantages de l’indépendance sans avoir besoin de la faire.»
Que dit cette résolution ?
Utiliser tous les leviers légaux, règlementaires, judiciaires et politiques pour freiner le projet Énergie Est et tout autre projet de transport de pétrole produit ou raffiné hors Québec à des fins exclusives d’exportation par oléoduc, par navire ou par rail.
Tel qu’il a été adopté, ce paragraphe est un bluff qui laisse croire que le Québec aurait le moyen d’empêcher ou de nuire à la construction de ce pipeline.
Actuellement, le transport de pétrole au Québec — que ce soit par train, par pipeline ou par pétrolier — est un domaine de compétence constitutionnelle exclusif du gouvernement fédéral.
Si Trans-Canada décide d’aller de l’avant avec son projet, seule l’indépendance pourrait empêcher la construction d’Énergie Est.
À preuve : si le Québec était déjà indépendant, Trans-Canada exporterait son pétrole par la Baie d’Hudson.
Énergie Est constitue donc un argument en or pour convaincre ses opposants à devenir indépendantistes s’ils ne le sont pas déjà.
À mon avis, le PQ se tire dans le pied en faisant croire que nous pouvons avoir, dans ce cas, tous les avantages de l’indépendance sans avoir à la faire.
Voilà très précisément le sens de mon intervention au congrès.
Ceci étant dit, l’article 6.4.1 du programme du PQ avoue, à juste titre, que « c’est Ottawa qui décide et le Québec n’a essentiellement rien à dire». À l’opposé, la résolution 412 à laquelle je me suis opposé — et l’article 6.4 du programme qu’elle remplace — constituent un bluff au sujet de pouvoirs que le Québec n’a pas.
J’inviterais donc le Conseil exécutif national du PQ à corriger la contradiction entre le bluff de l’article 6.4 et l’aveu d’impuissance de l’article 6.4.1 du programme.
De plus, à défaut de pouvoir empêcher la construction d’Énergie Est, le PQ peut au moins s’engager à éviter de favoriser la construction de ce pipeline.
Or pour éviter de favoriser sa construction, il suffit d’abroger l’infâme loi 106 du gouvernement Couillard qui accorde le droit d’expropriation aux pétrolières. Un engagement qui n’apparait nulle part dans le programme du parti.
Le Conseil exécutif pourrait en profiter pour corriger cette lacune.
Références :
Le gouvernement Couillard accorde le droit d’expropriation aux pétrolières
Projet de loi 106 : le ministre Arcand doit démissionner