Au début de ce voyage, la propriétaire de mon studio m’avait invité chez elle à prendre le porto. J’avais suggéré que cette soirée ait lieu un jour de pluie.
Mais voilà, je n’avais pas prévu qu’il ferait ensoleillé continuellement pendant presque trois semaines à Porto.
Hier, on annonçait de la pluie pour aujourd’hui. Nous avons donc fixé notre rencontre pour ce soir à 21h.
Et comme son époux doit me fait gouter à un porto vieux de plus d’un siècle, je me suis fixé comme but aujourd’hui de compléter la formation que j’ai reçue hier chez Cálem afin d’en connaitre le plus possible au sujet des portos et d’être ce soir à la hauteur de l’honneur qu’on doit me faire.
Aperçu des chais de Sandeman
Chez Cálem, c’était simple; la visite régulière à 10 € et, pour 5 € de plus, la version de luxe à l’issue de laquelle on a le droit de gouter à un troisième porto.
Chez Sandeman, il y a quatre possibilités, de 10 à 21 €. Par exemple, en ajoutant 7 € au cout de la visite classique, on a le droit de visiter non seulement les chais à Gaia (au sud de Porto) mais également le vignoble de Sandeman dans la vallée du Douro. Toutefois, cela ne comprend pas le transport.
En d’autres mots, pour 7 € de plus, on gagne un magnifique voyage à pied de 90 km. J’ai préféré me reposer.
Aperçu des chais de Sandeman
Chez Sandeman, des guides multilingues expliquent verbalement ce qu’il faut savoir au sujet du porto. Contrairement à Cálem où cela se faisait par une présentation multimédia interactive. D’autre part, les chais sont ici éclairés de manière plus recherchée.
La dégustation chez Sandeman
À l’issue de la visite classique, on a droit de déguster deux portos, un blanc et un ruby : le premier ne sert qu’à mettre en valeur le second.
Aperçu des chais de Taylor’s
Sur une carte géographique, Taylor’s se trouve à proximité. Mais sur la carte seulement. De la rive du Douro (où se trouve son rival Sandeman), il vous faudra escalader une pente interminable à 45 degrés à l’issue de laquelle vous aurez l’impression d’avoir vieilli de dix ans. Prenez un taxi.
Au prix fixe de 12 €, la visite chez Taylor’s se fait à l’aide d’un audioguide.
Contrairement à ses rivaux dont les chais sont sur du bois ou du granite, les chais de Taylor’s sont sur un gravier de schiste. En y entrant, on est saisi par une odeur désagréable de roche mouillée.
Site de la dégustation chez Taylor’s
La montée épuisante chez Taylor’s est gratifiée d’un site champêtre qui surplombe la ville et qui sert de cadre enchanteur pour la dégustation des deux portos offerts aux visiteurs de ses chais.
Portos offerts chez Taylor’s
Je ne me rappelle plus du gout du premier porto offert (à droite sur la photo). Le deuxième m’a semblé gouter le moisi en plus d’avoir un gout de roche analogue à l’odeur de schiste mouillé à l’entrée des chais. Bref, je n’ai bu que la moitié de la dose du second verre.
Exposition Porto & Douro Altravés da Lente
En descendant de chez Taylor’s, je croise une exposition photographique (prix d’entrée de 5 €). Dans une usine désaffectée, on présente un grand nombre de clichés réalisés dans la région de Porto par l’Écossais Frederick-William Flower entre 1849 et 1859.
En dépit de sa présentation rudimentaire, j’ai trouvé cette exposition intéressante, notamment la vue de places de Porto qui étaient autrefois végétalisées et qui sont devenues purement minérales depuis.
À la fin, le visiteur a droit à un porto. Celui offert est porto rose. C’est la plus récente création des producteurs de porto. Cela se veut être le porto à boire en après-midi sur une terrasse ensoleillée.
Au Prato Xeio
Je prends le taxi pour Prato Xeio, ce petit restaurant de quartier que j’avais bien aimé au 9e jour de ce voyage.
Au menu, une soupe aux légumes et, en plat principal, les filets de poulet grillé, des croustilles maison et du riz blanc. Le tout accompagné d’un généreux verre de rouge. Prix : 5 €.
Puis je me présente à l’heure convenue chez la propriétaire de mon studio pour la dégustation promise d’un porto séculaire. Cela ne se refuse pas.
Avec la maitresse des lieux, nous parlons de la porcelaine haut de gamme de Vista Alegre et des œuvres d’art qui décorent les lieux. Sans savoir que je suis collectionneur de vieux livres, son mari me présente quelques-uns de ses trésors (dont un livre du XVIe siècle dont la typographie est admirable.
Deux des portos chez la propriétaire
On devait me faire gouter à un porto de 1871. En réalité, on m’a offert trois portos différents et une petite portion de vin produit à sa propriété. J’ignorais qu’il était viticulteur.
Le premier porto était un vin jeune, agréable, acheté à l’épicerie (celui à gauche sur la photo).
Le deuxième était un porto d’une quarantaine d’années au gout de compote aux pommes, d’ananas, de mangue, et de fruits divers. J’ai refusé l’invitation de passer aussitôt au ‘clou’ de la soirée, puisque ce deuxième porto laissait en bouche un gout plaisant qui a pris plus de cinq minutes à se dissiper.
Dès la première gorgée de porto de 1871 (celui de droite sur la photo), la maitresse des lieux s’est empressée de dire qu’il goutait plutôt comme le deuxième. Je n’étais pas de cet avis. Et je me demande même, à postériori, s’il ne s’agissait pas d’un piège destiné à vérifier si j’étais complètement nul en porto. Celui-ci avait un gout de caramel, d’épices et de chocolat. Son époux partageait mon avis.
Puis le mari et moi avons parlé de généalogie (la sienne et la mienne) et de politique jusque vers 0h30 du matin pendant que les yeux de madame sont devenus de plus en plus petits au fil des heures.
Évidemment, je vous raconte ceci (qui est d’ordre personnel) pour illustrer l’hospitalité du peuple portugais.
Cimbalinho et pâtisserie à l’Empério
Le lendemain matin, j’ai voulu vérifier l’affirmation catégorique de mon hôte, faite la veille, selon laquelle le Portugal produit le meilleur café au monde grâce à sa composition en grains importés d’Angola.
Puisque mon hôte est non seulement un viticulteur, mais également un avocat, fils d’un juge, il me semble très imprudent de mettre en doute sa parole.
Mais j’entends déjà les protestations de mes amis italiens, néerlandais, et autres. Or jusqu’ici, les seuls cafés que j’ai bus à Porto sont les expressos produits à l’aide de ma petite cafetière à capsules.
Pour en avoir le cœur net, je me suis rendu au café Empério sur la Rua de Santa Catarina. Ses cimbalinhos — c’est comme ça qu’on appelle les expressos à Porto — sont fait à partir de grains torréfiés à la rôtisserie Sanzala, la meilleure de Porto. Pour juger, il n’y a pas plus authentique. Mon verdict ? Difficile à dire sans comparer successivement les cafés des autres…
Vue de Porto à partir du téléférique, les chais de Cálem au premier plan
Puis je me rends à Gaia (la municipalité-jumelle de Porto) afin d’essayer le téléférique qui effectue la navette entre deux points séparés d’un peu plus d’un demi-kilomètre au-dessus de la rive sud du Douro. En tant que photographe amateur, j’ai préféré le point de vue sur la ville qu’offre gratuitement le pont Dom Luís I que celui, payant, du téléférique.
Le prix de 6 € comprend la dégustation d’un porto. Je n’ai pas pris le mien; écoutez, quand on en rendu à déguster des portos de 146 ans, on ne peut plus boire n’importe quoi sous le prétexte que c’est gratuit… Sérieusement, cette dégustation avait lieu à un site que je n’ai pas trouvé.
Chais de Ramos Pinto
Au cout de 10 €, on peut visiter le musée et les chais d’un petit producteur de porto appelé Ramos Pinto. Plus que ses concurrents, le musée de cette maison présente le succès de son fondateur, un petit génie du markéting qui, au début de la vingtaine, a su faire parler de lui en utilisant avantageusement l’esthétique sensuelle de l’art nouveau et ce, dans un Portugal très conservateur.
Étonnamment, c’est le premier des deux portos offerts aux visiteurs — celui qui sert habituellement de faire-valoir — qui est le plus remarquable des deux.
Au Mesa No 56
Et pour cette dernière soirée à Porto, quoi de plus authentique que d’y manger de la sardine. À cette fin, je vais sur l’autre rive du Douro, à Porto, au restaurant Mesa No 56. Soupe aux légumes, quatre sardines grillées, pommes de terre bouillies et demie-bouteille de blanc pour 18 €.
Voilà ce qui complète ce voyage.
Dans le prochain texte, je résumerai ce que j’ai retenu de ce voyage.
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (1re, 2e, 4e, 11e, 12e et 13e photos), M.Zuiko 25 mm F/1,2 (3e, 9e et 10e photos) et M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 3200 — 11 mm
2e photo : 1/50 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 12 mm
3e photo : 1/6 sec. — F/8,0 — ISO 6400 — 25 mm
4e photo : 1/30 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 14 mm
5e photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 250 — 15 mm
6e photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 12 mm
7e photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1250 — 12 mm
8e photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 15 mm
9e photo : 1/60 sec. — F/5,6 — ISO 2000 — 25 mm
10e photo : 1/60 sec. — F/5,6 — ISO 2000 — 25 mm
11e photo : 1/1250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 7 mm
12e photo : 1/25 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 7 mm
13e photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 9 mm
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