Le cout environnemental de la guerre

20 janvier 2024


 
Introduction

Les guerres sont principalement des catastrophes humaines au cours desquels un grand nombre de personnes perdent la vie ou deviennent handicapées, physiquement ou moralement, pour le reste de leur vie.

Mais un des aspects dont on parle insuffisamment est le cout environnemental des conflits armés.

Les destructions matérielles

En Syrie

Trois ans après le début de la guerre en Syrie, 791 000 logements avaient été détruits dans ce pays, dont 58 % des habitations d’Alep, la ville la plus peuplée du pays à l’époque.

De nos jours, on estime que 98 % de l’économie syrienne a été détruite par cette guerre, du site d’extraction pétrolière à la petite boulangerie de quartier.

En Ukraine

Avant l’invasion russe du 24 février 2022, l’Ukraine était déjà le deuxième pays le plus pauvre d’Europe (après la Moldavie).

Au cours de la première année du conflit, le pays a enregistré une chute d’environ trente pour cent de son PIB.

De nos jours, l’État ukrainien vit sous le respirateur artificiel de l’Occident. Sans les sommes qui lui sont versées, Kyiv serait incapable de payer la solde des soldats, les salaires des professeurs, des médecins, des fonctionnaires, de même que la pension des retraités.

Dans la bande de Gaza

Il y a dix jours, entre 48 et 60 % de tous les bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits par les bombardements israéliens.

Cela comprend 70 % des écoles et lycées. De plus, 23 des 36 hôpitaux gazaouis ne sont plus en fonction.

Au cours des deux premiers mois de cette guerre, la riposte israélienne a généré 281 000 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de la combustion de plus de 150 000 tonnes de charbon.

De leur côté, les missiles du Hamas tirés sur Israël ont généré 713 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de la combustion de 300 tonnes de charbon.

Cette différence reflète le déséquilibre des forces en présence.

Un peu plus de la moitié de l’empreinte environnementale de la riposte israélienne vient… des États-Unis; l’appui inconditionnel de Washington a signifié, concrètement, le transport par cargo de 10 000 de tonnes de matériel militaire américain vers Israël.

Cela compte pour 133 650 des 281 315 tonnes de CO₂ de la riposte israélienne.

L’autre moitié, c’est l’essence brulée par les bombardiers, les chars d’assaut, et les véhicules de transport des soldats israéliens. Ce sont également les émissions de gaz à effet de serre généré par la fabrication et l’explosion des missiles utilisés.

De manière générale

Dans leurs engagements climatiques, les pays ne chiffrent jamais l’empreinte environnementale de leurs aventures guerrières à l’Étranger. Par exemple, les bombardements ‘humanitaires’ (sic) du Canada en Syrie n’ont jamais été comptabilisés dans le bilan carbone de notre pays.

En 2022, les bombardements américains au Moyen-Orient contre les infrastructures pétrolières de DAECH ont généré plus de gaz à effet de serre que les émissions totales de 150 pays.

Selon certaines estimations, l’empreinte carbone de la protection militaire américaine dont bénéficient les pays producteurs de pétrole au Moyen-Orient équivaut au cinquième de l’empreinte carbone de tout le pétrole qu’ils produisent.

C’est comme si les États-Unis utilisaient 20 % de tout le pétrole pompé au Moyen-Orient pour protéger les pays producteurs dans cette partie du monde.

À travers le monde, les forces armées produisent un peu moins de 5,5 % des gaz à effet de serre de la planète, soit presque autant que le bilan carbone combiné du transport aérien de passagers (2,9 %) et du transport maritime des marchandises (3 %).

La reconstruction éventuelle

En décembre dernier, l’Ukraine estimait à 150 milliards de dollars US le montant des dommages matériels subis par le pays.

En Syrie, on estime que la reconstruction du pays couterait entre 100 et 200 milliards de dollars. Dans la mesure où l’Occident a perdu la guerre contre le régime syrien, il est hors de question pour nos pays de réparer ce qu’ils ont détruit.

Dans la bande de Gaza, la reconstruction des 500 km du métro de Gaza — ce réseau de tunnels souterrains servant autant à des fins militaires qu’à l’importation clandestine d’objets de première nécessité — génèrera 176 000 tonnes de gaz à effet de serre.

De manière générale, la reconstruction des cent-mille édifices endommagés de la bande de Gaza génèrerait l’équivalent de trente-millions de tonnes de CO₂. C’est environ 40 % des GES produits annuellement par le Québec, selon les plus récentes données disponibles (soit celles de 2021).

Conclusion

La production d’armements nécessite le recours à des ressources matérielles importantes.

Il faut creuser le sol pour y extraire des métaux qui seront fondus à haute température en lingots. Puis il faut laminer ces lingots pour créer, entre autres, les carcasses de bombardiers et des cartouches d’obus ou de missiles.

Sans parler de l’extraction extrêmement polluante des métaux stratégiques nécessaires à la fabrication des circuits électroniques qui rendront ‘intelligentes’ les armes utilisées.

Malheureusement, aucune bombe n’est recyclable. Aucune poudre à canon n’est biologique. Aucun bombardier, aucun char d’assaut et aucun missile n’est alimenté par une source d’énergie renouvelable.

Bref, la guerre est polluante et quand on y recourt, on crée des ruines qu’il faut déblayer et qu’il faut habituellement remplacer. Ce qui exige de nouvelles ressources.

Bref, la guerre est non seulement une boucherie, c’est aussi un désastre environnemental d’origine humaine.

Si on veut sauver la planète, il faudra responsabiliser les va-t-en-guerre, les médias qui propagent leur idéologie haineuse, et les niais qui les applaudissent.

Il arrive que la guerre soit nécessaire. Mais c’est rarement le cas; sur la quarantaine de guerres régionales ou mondiales survenues au XXe siècle, on peut compter sur les doigts d’une main, les conflits armés dont c’était le cas. Les autres n’ont servi qu’à répandre le malheur, qu’à perpétuer les haines, et à polluer l’environnement.

Références :
A Multitemporal Snapshot of Greenhouse Gas Emissions from the Israel-Gaza Conflict
Après un an de guerre en Ukraine, une économie de la résilience
Cinq éléments qui influenceront la guerre en Ukraine en 2024
COP27 : le fret maritime est l’un des plus grands émetteurs de CO2, et il tarde à changer de cap
‘Elephant in the room’: The US military’s devastating carbon footprint
Emissions from Israel’s war in Gaza have ‘immense’ effect on climate catastrophe
Impact climatique du transport aérien
Interventions militaires des États-Unis dans le monde
Léger rebond des GES au Québec en 2021 par rapport à l’année précédente
L’impact de 100 jours de guerre entre Israël et le Hamas, en chiffres et en cartes
Liste des guerres du XXe siècle
The numbers that reveal the extent of the destruction in Gaza

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La pollution atmosphérique à Montréal en juillet 2023

1 août 2023


 
Du début des grands feux de forêt québécois jusqu’à la fin du mois de juin, ceux-ci ont occasionné d’importantes variations quotidiennes dans la qualité de l’air, probablement à cause des changements dans la direction des vents.

Du 28 mai au 30 juin, l’air a été de bonne qualité plus de la moitié du temps dans le sud du Québec, plus précisément 19 jours sur 34.

Le mois dernier, il en fut différemment.

Autrefois, de la nacelle de ballons atmosphériques, on pulvérisait des sels d’argent afin de condenser l’humidité dans l’air et favoriser la pluie.

Cette année, les grandes quantités de particules fines en suspension dans l’air (les PM2,5) nous ont donné un mois de juillet pluvieux et frais alors que ce mois est habituellement chaud et humide.

Ce qui a eu pour effet de niveler les variations quotidiennes de la qualité de l’air.

Le mois dernier, aucune journée ne fut franchement mauvaise. Mais l’air y fut de bonne qualité dans moins du tiers des cas, soit 9 jours sur 31.

Le 30 juillet fut un cas particulier.

J’étais en train de travailler à l’ordinateur les fenêtres grandes ouvertes quand j’ai remarqué vers 16h une petite odeur de fumée.

Distrait par mon travail, je n’y ai pas porté attention jusqu’au moment où j’ai réalisé que mon appartement empestait le bois brulé.

J’ai immédiatement fermé toutes mes fenêtres. Évidemment, les choses ont cessé d’empirer.

Mais l’air vicié qui avait eu le temps d’entrer a fait en sorte que pour la première fois depuis le début de la pandémie au Covid-19, j’ai porté un masque N95 alors que j’étais seul dans mon appartement.

Ces masques n’atténuent pas l’odeur des parfums. Toutefois, l’odeur de bois brulé semble liée à la présence des particules fines puisqu’en portant un masque N95, on ne sent plus cette odeur.

Deux heures plus tard, alors que l’air extérieur était redevenu sain, j’ai fait aérer mon appartement.


 
Dans le graphique de IQAir, ce qui est indiqué comme étant survenu entre 22h et minuit est plutôt arrivé entre 16h et 18h.

Voilà pourquoi cette journée, représentée en jaune à droite dans le premier graphique, fut en continuité avec les deux jours précédents et celui qui a suivi, c’est-à-dire une journée agréable (normalement indiquée en vert), sauf pour deux heures en fin d’après-midi.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


S’habiller pollue

29 août 2019

Avant propos : la version originale de ce texte incluait un court documentaire vidéo que j’ai retiré le lendemain parce qu’il manquait de rigueur.

Importance de l’industrie textile

En 2014, la valeur des exportations mondiales de textile a été de 314 milliards$US.

En milliards de dollars américains, les cinq principaux pays exportateurs ont été :
• la Chine (124),
• l’Union européenne (25,5),
• l’Inde (20),
• les États-Unis (15,5) et
• la Turquie (14,4).

De 1994 à 2014, en ne considérant que les fibres textiles — ce qui exclut le cuir et la fourrure — la mode des tissus innovants, voire ‘intelligents’ a fait passer l’importance des fibres synthétiques de 51 % à 71 % de toutes les fibres produites.

Au cours de cette période, l’importance du coton déclinait de 45 % à 28 %.

Loin derrière, la production de laine passait de 4% à 1%.

Chaque année, on produit cent-millions d’articles de mode (vêtements et d’accessoires) à travers le monde, soit le double qu’il y a quinze ans.

Afin d’éviter l’apparition d’un marché gris, la maison H&M brule 60 000 tonnes d’invendus par année.

Empreinte environnementale

En raison de la croissance des ventes, l’industrie de la mode est devenue une des plus polluantes. Sa production de gaz à effet de serre est moindre que celle de l’ensemble des moyens de transport, mais dépasse spécifiquement l’impact des transports maritime et aérien réunis.

La production d’un kilo de coton exige l’utilisation de 2 700 à 5 000 litres d’eau. Au premier abord, cela parait beaucoup. Toutefois, c’est autant que pour produire un kilo de légumineuses (4 055 litres) ou de poulet (4 325 litres).

Là où le coton se distingue, c’est quant à l’utilisation des pesticides et des engrais; de toutes les productions végétales, la culture cotonnière est la plus gourmande.

La mondialisation

De plus, entre la plante et le vêtement, le coton voyage beaucoup.

Entre sa production (en Chine, principalement), son tissage (en Chine ou en Inde), sa coloration très polluante quelque part au Tiers-Monde, sa confection (au Bangladesh, au Pakistan ou au Vietnam) et son acheminement sur les marchés internationaux, le coton aura parcouru des dizaines de milliers de kilomètres.

Cette mondialisation repose sur le bas cout des hydrocarbures.

En plus, dans le cas des fibres synthétiques, celles-ci sont des produits de l’industrie pétrochimique.

Si le prix des hydrocarbures augmentait de manière dramatique, les distances parcourues diminueraient tout autant, le prix des vêtements augmenterait et les consommateurs les choisiraient judicieusement et prolongeraient leur durée de vie.

Pour maintenir bas le prix du pétrole — essentiel à cette mondialisation — nos pays doivent provoquer la guerre dans les pays producteurs d’hydrocarbures afin de les motiver à maximiser leur production pour soutenir l’effort de guerre.

Le cout humain et environnemental des conflits armés nécessaires à la mondialisation n’est jamais comptabilisé. C’est un tabou. Aucun organisme environnemental n’en tient compte.

Il est anormal qu’un litre d’essence provenant de Moyen-Orient coûte à peu près le même prix qu’un litre québécois d’eau embouteillée. Lorsque le prix de l’essence sera devenu exorbitant, on produira et consommera localement.

Ce qui réduira d’autant l’empreinte environnementale de l’industrie textile. On ne se mettra pas à produire du coton au Québec ou en France, mais on évitera de le transporter aux quatre coins du monde entre la production de la plante et la confection du vêtement.

Le recyclage insuffisant

En Europe, 80 % des vêtements en fin de vie sont jetés et exportés vers les sites d’enfouissement ou d’incinération dans les pays du Tiers-Monde. Ce qui augmente encore leur empreinte environnementale.

Entre 15,6 % et 20 % connaissent une deuxième vie. Cette seconde vie prend plusieurs aspects :
• la vente dans des boutiques de vêtements d’occasion,
• le découpage pour la fabrication de chiffon,
• la récupération des fibres pour tisser des textiles neufs,
• l’effilochage des fibres à des fins de rembourrage ou d’isolation thermique,
• la réutilisation des fibres en papeterie ou en cartonnage, et
• la combustion à des fins de chauffage dans des incinérateurs.

Quelques conseils

Afin de prolonger la durée de vie des vêtements, il est suggéré :
• de ne pas les laver trop souvent,
• d’éviter les cycles à consommation excessive d’eau,
• de laver à l’eau froide,
• d’éviter d’ajouter des quantités excessives d’eau de Javel (ce qui abime les fibres) ou de savon,
• d’éviter si possible le nettoyage à sec,
• de privilégier le séchage au vent (puisque les sécheuses électriques représentent environ 15 % de la dépense énergétique d’un ménage, exclusion faite du chauffage) et
• de choisir des assouplisseurs de tissus écologiques,

Il est également suggéré de réparer ses vêtements ou, à défaut, de les amener chez une couturière même si, bien souvent, les retouches finissent par couter aussi cher que l’achat d’un vêtement neuf. Au moins, cela fait vivre des gens de notre quartier.

Références :
Combien d’eau est utilisée pour produire les aliments?
Des services de location de vêtements pour aider l’environnement
Pourquoi s’habiller pollue la planète
Rapport de l’Union des industries textiles
Réduisons de gaspillage textile
Sécher son linge au vent, à Shanghai

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La décontamination des sols

7 août 2013

Depuis des années, des chercheurs universitaires se consacrent à la dépollution des sols contaminés par des métaux lourds et par des hydrocarbures.

Pour ce qui est des métaux lourds, les nettoyeurs les plus efficaces sont certaines variétés de saules. Plantés à 25cm d’intervalle, ces arbustes créent un réseau touffu de racines qui absorbent les métaux lourds : ceux-ci finissent entreposés dans les cellules de ces plantes.

À l’automne, on fauche les arbustes et on brule leurs tiges et leurs feuilles : les cendres concentrent alors ces polluants. Après une période de trois à dix ans, le sol est complètement décontaminé.

La décontamination des hydrocarbures est plus compliquée. Peu de bactéries aiment le pétrole. Mais certains champignons en raffolent. Alors comment fait-on pour trouver les microorganismes capables de digérer le pétrole ?

C’est simple : on va sur un site hypercontaminé et on recueille les microorganismes qui s’y développent. Parmi ces derniers, il y a ceux qui se multiplient en dépit du pétrole et ceux qui se multiplient grâce à celui-ci. Il suffit de distinguer ces derniers pour obtenir d’habiles dépolluants.

Mais l’écueil à éviter, c’est de chercher un microorganisme qui, à lui seul, ferait tout. Non seulement le pétrole est une soupe de milliers de substances apparentées mais tout être vivant rejette des déchets qui s’accumulent.

C’est ainsi que les levures qui transforment le jus de raisin en vin dégagent de l’alcool qui, en s’accumulant, finit par arrêter leur multiplication.

Aux moisissures qui dégradent le pétrole, il faut donc associer des bactéries qui se nourriront de leurs déchets et qui leur éviteront d’être empoisonnées par eux.

Le choix de ces microorganismes complémentaires est un art et une science en plein développement.

Ici même au Québec, des chercheurs universitaires ont acquis une expérience inestimable. C’est grâce à leur talent qu’une ville dévastée comme Lac-Mégantic symbolisera dans quelques années, le triomphe de la vie sur la désolation.

Références :
Des champignons qui se nourrissent de pétrole
GENOREM: How willows decontaminate soils

Sur le même sujet : Le jambon de pétrole

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Pollution atmosphérique : London, Montréal et Londres

9 avril 2012

London, Ontario

La région de London est la plus polluée de l’Ontario. Annuellement, 160 332 tonnes de polluants, dont 8 050 tonnes de substances toxiques, y sont crachées par année, sans compter ceux que le vent apporte des industries américaines.

Au 2e rang ontarien, on trouve la région de Toronto avec 57 987 tonnes de polluants dont 5 750 tonnes de substances toxiques.

La liste des polluants est assez longue et comprend notamment des gaz à effet de serre et des gaz qui contribuent aux pluies acides. Toutefois, si on ne considère que les produits chimiques, dans l’ensemble des Grands Lacs, le Canada rejette annuellement dans l’atmosphère :
 • Xylène est ses isomères : 2 056,9 tonnes
 • Toluène : 1 906,6 tonnes
 • Benzène : 309,1 tonnes
 • Formaldéhyde : 208,5 tonnes
 • Plomb : 42,0 tonnes
 • Arsenic : 12,8 tonnes
 • Total de tous les produits chimiques : 32 583,6 tonnes

Montréal

Il y a peu d’industrie lourde dans la région montréalaise. La pollution qu’on y trouve provient principalement de la combustion de l’essence par les véhicules et de la pollution apportée par le vent en provenance des grands lacs.

Pourtant, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Montréal est la deuxième grande ville canadienne où la pollution atmosphérique est la plus importante, tout juste derrière Sarnia, en Ontario. Comment expliquer cela ?

Il faut préciser que le palmarès de l’OMS ne tient pas compte de la composition chimique du « smog », mais se base exclusivement sur la concentration des particules en suspension dans l’air.

Dans le cas de Montréal, environ 30% de cette pollution est apportée par le vent en provenance de Toronto et autant des zones industrielles américaines du Midwest américain.

Pour ce type précis de pollution, la qualité de l’air à Montréal se compare avantageusement à celle de nombreuses autres villes à travers le monde.

Concentration — en microgrammes par mètre cube d’air ambiant — des particules de 2,5 microns ou moins :
 • Ottawa : 5,2
 • Toronto : 7,1
 • Québec : 7,3
 • Stockholm : 10,6
 • Montréal : 11,2
 • Sarnia : 11,4
 • New York : 12,7
 • Londres : 13,5
 • Zurich : 14,7
 • Copenhague : 14,8
 • Salzburg : 16,7
 • Prague : 17,3
 • Rotterdam : 17,9
 • Rome : 19,7
 • Berlin : 20,8
 • Paris : 22,9
 • Beijing : 121 particules de 10 microns ou moins
 • Bombay : 132 particules de 10 microns ou moins

Globalement, la pollution serait à l’origine de plus de 4 000 décès chaque année au Canada, dont 1 500 dans la région de Montréal.

Londres, Grande-Bretagne

Au Royaume-Uni, la pollution cause annuellement 29 000 morts, dont 4 300 seulement pour la capitale britannique (soit autant que tout le Canada).

Selon un comité gouvernemental, la pollution atmosphérique serait un facteur contributif, parmi d’autres, dans le décès de 200 000 personnes dans ce pays en 2008. Les coûts sur le système de santé seraient de l’ordre de 12,7 à 27 milliards$ par année.

Depuis la révolution industrielle, basée en Angleterre sur la force motrice libérée par la combustion du charbon, Londres a toujours été une ville polluée. Aussi récemment que les années 1940, environ 90% de la production électrique du Royaume-Uni provient du charbon, le pétrole fournissant le reste.

Même de nos jours, ce pays dépend du charbon de manière appréciable. En 2007, la production d’énergie se partageait entre le pétrole à 38%, le gaz naturel à 37,7%, le charbon à 16,7%, l’énergie nucléaire à 5,8% et les énergies renouvelables à seulement 1,8%.

Depuis quelques années, on s’est employé à soulager la circulation automobile dans le centre de Londres. Indirectement, cela a eu des répercussions positives au niveau de la pollution. Mais la qualité de l’air et elle-même constitue une priorité secondaire des divers gouvernements en Angleterre, ces dernières étant préoccupées à réduire les déficits publics.

Parmi les mesures mises en œuvre afin de réduire la pollution à Londres, la plus farfelue a consisté en l’application d’un enduit collant sur la chaussée de plusieurs voies rapides dans le but de séquestrer les particules en suspension. Avec un succès très limité.

Normalement la pluie lave l’air d’une partie de sa pollution. Mais le mois dernier, un système de haute pression a recouvert le nord-ouest de l’Europe. Ce système a fait en sorte que la pluie a été rare. De plus, l’air pollué des centres industriels s’est accumulé et a circulé en vase clos au-dessus des Pays-Bas, de la Belgique, du nord de la France, et du Royaume-Uni. Si bien que les taux londoniens les plus élevés de pollution atmosphérique depuis trois ans y ont été enregistrés le mois dernier.

On doit donc prévoir la possibilité que les athlètes canadiens qui participeront aux Jeux olympiques de Londres aient à performer, comme les autres participants, en dépit des inconvénients des lieux, comme cela fut le cas aux Jeux olympiques de Beijing en 2004.

Références :
Air quality: A followup report
Données de l’Organisation mondiale de la Santé
Énergie au Royaume-Uni
London air pollution worst in Ontario
Pollutionwatch: UK experienced top levels of air pollution in March
Protecting the Great Lakes – St. Lawrence River Basinand Drinking Water Sources
Qualité de l’air à Londres de 1993 à 2012
Qualité de l’air : Montréal au deuxième rang des villes canadiennes les plus polluées
Qualité de l’air – Montréal mal classée au bilan de l’OMS
Which mayoral candidate will tackle London’s air pollution?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le prix de la pollution pour les Chinois

15 février 2012
Parc du Stade olympiquePollution au Parc olympique de Beijing, le 7 octobre 2009 à 11h04

Exprimé en dollars constants de 1997, l’impact économique sur la santé des Chinois causé par la pollution au sol — c’est-à-dire la pollution respirée par la population chinoise — est passé en trois décennies de 22 milliards$ (en 1975) à 112 milliards$ (en 2005). Voilà les résultats d’une étude du Massachusetts Institute of Technology publiée dans l’édition de février de la revue Global Environmental Change.

Contrairement à la pollution en haute atmosphère, la pollution au sol y est principalement causée par l’ozone et les particules microscopiques en suspension dans l’air. Ces dernières échappent aux mécanismes de défense du corps et ont la propriété de se rendre profondément dans les poumons.

Dans les années 1980, la concentration des particules était de dix à seize fois plus élevée en Chine que les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. En 2005, cette concentration avait été ramenée à cinq fois celle recommandée. Malgré tout, en 2007, on estimait que cette pollution avait été responsable du décès de 656,000 Chinois, pour cette année-là seulement.

L’urbanisation de la population chinoise durant cette période a augmenté l’exposition à l’ozone. En effet, on trouve ce gaz en grandes quantités dans les basses couches de l’atmosphère, surtout autour des centres urbains : il y est principalement produit par la réaction des hydrocarbures imbrulés et des oxydes d’azote des gaz d’échappement des véhicules avec l’oxygène de l’air sous l’influence de la lumière solaire.

Références :
China
China’s pollution puts a dent in its economy
Health damages from air pollution in China
Impressions de Chine (3e partie) : La pollution
MIT: China’s pollution costs $112B in annual health care
Ozone

Parus depuis :
La Chine injecte 275 milliards pour combattre la pollution de l’air (2013-07-25)
La pollution tue plus de 4000 personnes par jour en Chine, selon une étude (2015-08-14)
Pourquoi l’action climatique de la Chine nous concerne tous (2021-11-01)

Détails techniques de la photo : 
Panasonic GH1, objectif Lumix 14-45mm — 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 100 — 16 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Pollution et gaz de schiste : c’est pas moi, je le jure

9 décembre 2010

En août dernier, deux familles de Parker (un comté du nord du Texas) se sont adressées aux autorités pour se plaindre que l’eau de leur puits artésien avait changé de goût. Une enquête fut menée conjointement par la Commission des chemins de fer du Texas et l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA).

On découvrit que leur eau était contaminée, entre autres, par du méthane et du benzène. Les soupçons se sont portés sur Range Resources, une compagnie qui fait de l’exploration des gaz de schiste dans ce comté.

L’agence fédérale américaine, qui a les pouvoir d’intervenir, ne le fait pas habituellement, laissant le soin aux autorités locales d’agir. Mais les autorités texanes refusent d’agir puisque la compagnie a effectué des tests qui prouvent, selon elle, qu’elle n’est pas responsable de cette contamination.

Si bien que depuis des mois, ces deux familles ne peuvent pas boire leur eau, le benzène étant cancérigène et le méthane explosif.

Mardi dernier, l’EPA donnait 48 heures à Range Resources pour fournir gratuitement de l’eau potable aux familles affectées et pour résoudre le problème, sous peine d’une amende quotidienne de 16,000$.

Les autorités du Texas condamnent cette décision qu’ils trouvent prématurée puisque la responsabilité de Range Resources n’est pas établie hors de tout doute.

Référence :
Range Resources Must Repair Texas Gas-Well Leak, EPA Says

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Impressions de Chine (3e partie) : La pollution

11 janvier 2010
Parc olympique de Beijing, le 7 octobre 2009 à 11h04

Quel choc ! Je savais que Beijing était pollué mais rien jusqu’ici dans ma vie ne m’avait préparé à ce que j’allais voir dans la capitale chinoise : un smog inodore, laiteux, qui laisse un film de poussière sur les voitures, sur la végétation et sur toute surface plate, qui permet de regarder le soleil de face pendant plusieurs secondes sans empreinte sur la rétine, et qui prive presque les gens de leur ombre.

À titre d’exemple, la photo ci-dessus n’a pas été prise peu après la levée du jour (alors que le soleil n’aurait pas eu le temps de dissiper les brumes de l’aurore), mais plutôt à 11h05 du matin.

À mon retour, si on m’avait prêté une Bible, j’aurais juré avoir connu trois jours de smog continu à Beijing. Lorsque je regarde mes photos et mes vidéos, elles me contredisent : il semble que le soleil a percé ça et là mais je n’en ai conservé aucun souvenir. En fait, l’air n’est véritablement devenu propre qu’au sixième jour de mon voyage, le matin du départ de Xi’an : cette nuit-là, un vent de Sibérie a fait chuter les températures et a nettoyé l’air.

Aux actualités, lorsqu’on nous montre des Chinois portant un masque, nous pensons qu’ils sont atteints de la grippe ou, au contraire, qu’ils souhaitent s’en protéger. Il ne nous vient pas à l’esprit que ce puisse être dans le but de se protéger de la pollution. Mais lorsqu’on est sur les lieux, la raison paraît évidente. Ceci étant dit, moins de 5% des Pékinois portent un masque.

Notre guide de Chongqing nous a déclaré que certains citoyens de cette ville n’ont jamais vu de ciel bleu de leur vie.

Au sujet de la pollution spectaculaire de Beijing, ce qui me rassure, c’est que les dirigeants chinois et leurs familles la respirent. Je ne vois pas de meilleure motivation que l’état de santé de leurs enfants pour les inciter à travailler à améliorer la qualité de l’air de leur ville.

La montée des eaux du Yangzi, causée par le Barrage des Trois gorges, a englouti des centaines de villages riverains. Des millions de tonnes de matière organique sont en suspension dans l’eau de ce fleuve et de ses affluents. Dans quelques années, toutes ces particules se seront déposées au fond du fleuve, mais pour l’instant l’eau du Yangzi est vert laiteux.

Par contre, des parties de la Chine m’ont apparues comme des paradis inviolés. Lors d’une croisière sur la rivière Li, on pouvait voir des bateliers faire la récolte d’algues. Non pas ces algues laineuses brunes verdâtres comme celles des rivières polluées du Québec, mais des algues lustrées filiformes qu’on nous sert au restaurant. Je vous invite à voir la vidéo Chine16 — La rivière Li qui montre la pureté exceptionnelle des eaux de ce cours d’eau.

Compléments de lecture :
Des millions d’internautes chinois se rebiffent contre la pollution
Pollution record à Pékin

Parus depuis :
La Chine injecte 275 milliards pour combattre la pollution de l’air (2013-05-25)
En Chine, la mégalopole Harbin paralysée par la pollution (2013-10-21)
Schoolchildren ordered indoors as air pollution cloaks Shanghai (2013-12-06)
Nouvel épisode d’«airpocalypse» à Pékin (2014-01-16)
Pourquoi l’action climatique de la Chine nous concerne tous (2021-11-01)

Détails techniques de la photo : 
Panasonic GH1, objectif Lumix 14-45mm — 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 100 — 16 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel