Le passeport vaccinal et les restaurants

Publié le 29 août 2021 | Temps de lecture : 2 minutes

Plus de trois-cents personnes se sont réunies hier dans la ville de Matane pour protester contre l’obligation de présenter le passeport vaccinal québécois afin de bénéficier de certains services non essentiels.

Un des organisateurs de cette manifestation, le restaurateur Yannick Ouellet, se dit fatigué de ‘jouer à la police’ pour la Santé publique.

Dans les cinémas du Québec, une preuve d’identité avec photo est exigée de tous les adolescents qui se présentent pour voir un film réservé aux plus de seize ans. Les préposés des salles de cinéma font donc respecter la loi comme s’ils étaient policiers.

Dans tous les endroits où on vend du tabac ou de l’alcool, un jeune doit prouver qu’il a dix-huit ans ou plus. Les caissiers de ces établissements font donc eux aussi respecter la loi.

Les succursales de la Société québécoise du cannabis n’admettent que les personnes de plus de 21 ans et exigent de voir une pièce d’identité, peu importe son âge. Les gardiens de sécurité à l’entrée des succursales ‘jouent’ donc à la police.

Tant que durera cette pandémie, vérifier la possession d’une preuve vaccinale avant d’entrer dans un restaurant, ce n’est pas la mer à boire.

Comme toute menace collective, le combat contre le Covid-19 exige la collaboration de tous. Cela s’appelle avoir le sens civique.

Chez les animaux grégaires que sont les humains, ce sens est inné. En d’autres mots, il est déjà dans chacun de nous.

Mais il arrive qu’il soit moins développé chez certaines personnes. Voilà pourquoi on impose des amendes; pour développer le sens civique.

Référence : Dans les rues de Matane contre le passeport vaccinal

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Passeport vaccinal, discrimination et port du masque

Publié le 24 mai 2021 | Temps de lecture : 3 minutes

Lorsqu’on épouse quelqu’un, on exerce une discrimination à l’égard de toutes les personnes qu’on n’épouse pas. De la même manière, à l’épicerie, quand on achète une bière, on exerce une discrimination à l’égard de toutes les autres. Car choisir, c’est discriminer.

Dans un autre ordre d’idée, il est acceptable qu’un évènement social soit interdit à toute personne qui ne respecte pas une consigne; par exemple, être costumé ou porter de manière prédominante des vêtements d’une couleur.

Un lieu de culte a parfaitement le droit d’exiger une tenue vestimentaire décente.

En somme, la discrimination est normale. Elle fait partie de la vie.

Ce qui n’est pas normal, ce sont certaines formes précises de discrimination. La Charte québécoise des droits et libertés de la personne en dresse la liste; sont illégales les discriminations basées sur le sexe, sur le groupe ethnique, sur l’orientation sexuelle, sur l’âge, sur la religion, etc.

Mais la discrimination basée sur l’état de la vaccination n’en fait pas partie.

Ce qui ne veut pas dire qu’on peut librement pénaliser les personnes non vaccinées, notamment en les privant d’un droit.

Prenons un exemple : lorsqu’un vaccin sera homologué pour eux, pourra-t-on interdire l’école aux élèves non vaccinés ?

Tout enfant d’âge scolaire a droit à l’école. En contrepartie, toute personne possède le droit à la santé. Si l’élève qui n’est pas vacciné est une menace à la santé de ses camarades, son droit à l’éducation peut être respecté par l’apprentissage en ligne.

D’autre part, une fois l’immunité grégaire atteinte chez les écoliers, celui qui n’est pas vacciné n’est plus un danger que pour la minorité d’écoliers qui, comme lui, ont choisi de courir le risque de la non-vaccination en temps de pandémie.

En d’autres mots, une discrimination peut être acceptable maintenant et cesser de l’être dans quelques mois. Tout dépend du contexte.

Décerné à toute personne complètement immunisée contre le Covid-19, le passeport vaccinal rend possible la discrimination à l’égard de ceux qui ne le sont pas.

Lorsqu’une telle discrimination est justifiée — notamment dans les milieux de travail où la pandémie a occasionné d’importantes pertes économiques — le passeport vaccinal répond à un besoin.

En date d’hier, 39,6 % de la population des États-Unis est complètement vaccinée. Dans ce pays, un passeport vaccinal trouve toute sa justification.

Dans ce pays comme au Québec, les restaurateurs peinent à convaincre leurs employés de retourner au travail. Soumis à la chaleur de leurs fours, les cuisiniers, par exemple, détestent le port inconfortable du masque.

Voilà pourquoi l’exigence d’une preuve vaccinale est adoptée par un nombre croissant de restaurateurs américains. De plus, cela permet de rassurer leur clientèle en lui garantissant que personne autour d’eux n’est dangereux.

Au Québec, seuls 4,4 % des Québécois sont complètement vaccinés. Un restaurateur qui voudrait faire pareil se tirerait dans le pied puisque cela équivaudrait à interdire son restaurant à presque tout le monde.

Toutefois, dans la mesure où la vaccination au Québec comble lentement le retard qu’elle a pris comparativement à celle aux États-Unis, on doit se préparer à ce que la présentation d’une preuve vaccinale remplace peu à peu l’exigence du port du masque dans certains endroits publics.

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Écrit par Jean-Pierre Martel