Qui paie les canapés ?

Publié le 27 mai 2011 | Temps de lecture : 3 minutes

LVM est une filiale de Desseau, un groupe d’ingénieurs-conseils. Le 18 mai dernier, Desseau et sa filiale LVM donnaient une réception à un bain public de Montréal auquel étaient invités leurs employés, de même que des clients du secteur public dont des cadres d’Hydro-Québec.

La firme Desseau considère acceptable d’inviter — dans la sobriété, précise-t-elle — des représentants de l’État qui attribuent des contrats publics. « Nous avons invité des êtres humains avant tout, avec qui nous avons une relation d’affaires. Il ne s’agissait pas de les remercier, mais de souligner le cinquantième anniversaire de LVM » a souligné la porte-parole de la compagnie.

En 2010, LVM a obtenu — sans appel d’offres — onze contrats d’une valeur totale de 18,9 millions de dollars au chantier de la centrale hydroélectrique Eastmain.

Le 6 mai 2011, Dessau, LVM, Technisol et Dunton-Rainville (firme très présente à Laval notamment), avaient réservé pour eux l’Aquarium de Québec afin d’y inviter les maires à une expérience gastronomique aux fruits de mer — qualifiée d’inoubliable dans le programme imprimé du congrès — à l’occasion des assises de l’Union des municipalités du Québec.

Roche — une autre firme de génie-conseil — était partenaire « bronze » de ces assises. En février dernier, les policiers de la SQ arrêtaient France Michaud, vice-présidente de Roche, lors d’une opération concernant la Ville de Boisbriand. Elle fait face à treize chefs d’accusation, entre autres de corruption d’élus et de fonctionnaires.

Le Commissaire au lobbyisme du Québec considère que ce type de rencontre est un cadre propice pour les communications d’influence. Selon lui, les titulaires de charges publiques demeurent titulaires de ces charges même en dehors de leurs heures de travail. Si un démarcheur (c’est-à-dire un lobbyiste) tente d’influer sur l’une de leurs décisions, ni le lieu ni le moment n’ont d’importance ; il s’agit alors d’une communication qui doit faire l’objet d’une inscription au registre des lobbyistes.

Cet avis n’est pas partagé par le gouvernement Charest qui a expressément exclu les services professionnels (en d’autres mots, les firmes d’avocats et d’ingénieurs) de l’obligation d’inscrire leurs démarcheurs dans le registre du Commissaire au lobbyisme du Québec.

Dès juin 2009, dix plus grandes sociétés de génie québécoises refusaient de se soumettre volontairement aux lois sur le lobbyisme invoquant qu’elles n’y sont par obligées par la loi.

Références :
Dessau et Roche commanditent les assises annuelles de l’UMQ
Dessau invite encore ses «amis» du secteur public
Projet hydroélectrique Eastmain – Dessau à la fois gérant et sous-traitant
Une question pour Jean-Marc Fournier

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Écrit par Jean-Pierre Martel


« Tourner le dos » au tsunami

Publié le 3 mars 2011 | Temps de lecture : 4 minutes

Dans une entrevue accordée hier au Devoir, Gérard Bouchard — l’ex-coprésident de la Commission sur les accommodements raisonnables — met en garde les Québécois contre le danger de « tourner le dos » à l’anglais, ce qu’il juge impropre, voire criminel.

Pour ce qui est de l’importance de la connaissance de l’anglais parmi les francophones québécois, il n’y a personne — même parmi les indépendantistes purs et durs (dont je ne fais pas partie) — qui soutienne qu’il vaut mieux ne pas connaître cette langue.

La musique populaire écoutée au Québec est en grande partie anglophone. La majorité des chaines télévisées disponibles par câblodistribution sont anglophones. La très grande majorité des sites Web sont anglophones. La majorité des livres de référence recommandés lors d’études universitaires au Québec sont en anglais. Dans la région montréalaise, tous les emplois disponibles dans la vente au détail ou dans le service à la clientèle exigent une bonne connaissance de l’anglais. D’ici à ce que la Chine émerge comme première puissance mondiale, l’anglais demeurera la langue universelle des échanges et des communications internationales.

D’autre part, parmi ses responsabilités, l’Office de la langue française commande et publie des études sociologiques qui permettent de mesurer l’importance démographique des francophones québécois. On se rappellera qu’en 2008, une partie des experts avaient démissionné avec fracas du Comité de suivi de l’Office. Peu après, on avait appris que la présidente de l’Office — une des 6,400 nominations politiques du gouvernement Charest — ne rendait public que les études rose-bonbon afin de ne pas troubler la paix linguistique au Québec. Si bien que le seul moyen de percevoir le recul du français à Montréal, c’est avec nos oreilles. Or ce qu’elles nous révèlent est inquiétant.

Depuis plusieurs décennies, j’habite le quartier d’Hochelaga, situé dans l’est de l’île de Montréal. À l’époque, ce quartier était presque totalement francophone. Il s’agit maintenant d’un des plus importants quartiers touristiques du Québec, grâce à la présence du stade olympique, du Jardin botanique, de l’insectarium, du Château Dufresne, du Biodôme, etc. Donc il est normal d’y entendre parler anglais durant la saison estivale, alors que des centaines de milliers d’Américains viennent à Montréal assister aux nombreux festivals qui s’y déroulent.

Hormis la saison touristique, ce sont les résidents qu’on entend dans les lieux publics. Or dans mon quartier, je n’ai jamais autant entendu parler anglais que depuis l’accession au pouvoir du Parti libéral. Évidemment, cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Mais il est devenu fréquent, lorsque je prends le métro pour aller vers le centre-ville, que la majorité des passagers parlent anglais, même en hiver.

De plus, je ne connais personne au Québec qui ne sache pas, au minimum, se débrouiller en anglais : par opposition, je rencontre de plus en plus souvent — des livreurs de restaurant par exemple — qui sont incapables de me parler français ou qui refusent de le faire alors que je suis leur client.

Bref, je ne sais pas quel tabac fume M. Bouchard mais promouvoir la connaissance de l’anglais au Québec de ces temps-ci, c’est comme prêcher l’importance bénéfique de l’eau aux victimes d’un tsunami.

Références :
Anglicisation du Québec : Monsieur Charest préfère chanter et jouer de la lyre…
Des commerces qui ne servent pas en français
Gérard Bouchard au Devoir – Tourner le dos à l’anglais serait «criminel»

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Un combat d’arrière-garde du gouvernement libéral

Publié le 27 janvier 2011 | Temps de lecture : 5 minutes

La traçabilité correspond à la capacité de suivre les déplacements d’un aliment, de sa production à sa distribution aux consommateurs ; en d’autres mots, de la fourche à la fourchette. Elle vise à mieux qualifier les produits mis sur le marché, à une meilleure maîtrise des dangers et à abaisser les niveaux de risques.

Depuis l’an dernier, la loi américaine exige que chacun des intervenants dans la chaine de production documente la source d’approvisionnement d’un aliment et à qui celui-ci a été vendu. Cette exigence est destinée à faciliter la tâche du gouvernement américain dans les cas de rappel ou de saisie. Afin de lutter contre le bioterrorisme, une exigence analogue existait déjà pour les aliments importés aux État-Unis. Dans l’Union européenne, la traçabilité va plus loin puisque chacun des intervenants a accès à cette information.

En 2004, lors d’un voyage à Paris, je me trouvais dans un restaurant où j’avais commandé de la raie (un poisson aujourd’hui sur la liste des espèces menacées). Alors que je racontais au serveur comment il était difficile de trouver de la raie fraîche au Québec, celui-ci m’apprenait que son restaurant était en mesure de savoir quand et où le poisson avait été pêché, par quel(s) entrepôt(s) il avait transité, et finalement l’heure approximative où il était arrivé chez son fournisseur à Paris ce matin-là. Exactement comme n’importe quel colis de FedEx ou d’UPS.

Deux ou trois ans plus tard, je me trouvais à l’épicerie Métro située près de chez moi. J’avais remarqué la pile de brocoli en spécial alors que la veille, Radio-Canada annonçait le rappel aux États-Unis de brocoli californien contaminé. Ce matin-là comme toujours, rien en n’indiquait la provenance. L’employé à qui je m’étais informé ne savait pas d’où ce brocoli provenait et ne savait pas qui pouvait me répondre à ce sujet. Toutefois, il m’assurait que cela ne venait pas de Californie. Je présume qu’il avait entendu parler du rappel lui aussi.

Dans mon billet d’hier, je me plaignais de la difficulté de connaître la provenance de ce que nous mangeons. Le 3 octobre dernier, je rapportais le scoop relatif au maïs transgénique toxique qui, réduit en poudre, pourrait bien être exporté de Chine et se retrouver dans nos croustilles au maïs.

J’apprenais ce matin dans Le Devoir que le gouvernement Charest s’inquiétait « de la rigidité de l’Union européenne sur la certification des produits industriels exportés par le Canada et sur les règles qui permettent d’établir le pays d’origine d’un produit — dans le secteur alimentaire notamment. Le gouvernement Charest espère que les Européens accepteront de faire preuve de flexibilité sur ces questions. »

Quelle connerie. Je ne peux pas croire que le gouvernement Charest soutient ce combat d’arrière-garde de l’industrie agroalimentaire visant à maintenir tout le monde dans la noirceur totale quant à la qualité de ce que nous mangeons.

Il a fallu une loi fédérale — présentée par le NPD — pour obliger la divulgation de la teneur des gras trans dans nos aliments : ces gras ont presque disparu depuis qu’on est en mesure d’éviter d’en consommer. On est donc loin du jour où les OGM seront identifiés à l’épicerie : l’industrie ne veut même pas que nos gouvernements sachent quand ils s’apprêtent à nous vendre des produits impropres à la consommation et conserver ainsi le pouvoir discrétionnaire de retirer ou non ces aliments sur leurs tablettes — sauf quand un inspecteur zélé décide d’enquêter sans avoir reçu de plainte au préalable (ce qui n’arrive à peu près jamais).

Au lieu de préparer nos industries à faire face au futur, le gouvernement Charest préfère se faire l’allié des éléments les plus réactionnaires de l’industrie alimentaire. Ces derniers, on s’en doute, agitent le spectre des millions de dollars que la mise en place de la traçabilité coûtera, prédisent la croissance vertigineuse du prix des aliments et les émeutes populaires qui en résulteront. Bref le Québec courrait ainsi à sa perte alors que nos principaux partenaires commerciaux évoluent calmement dans le sens opposé.

Décidément, le gouvernement Charest a un faible pour les politiques à courte vue…

Références :
Libre-échange avec l’Europe – Charest se défend d’abuser des exclusions
Traçabilité agroalimentaire
Traceability rule represents big adjustment for food industry

Parus depuis :
L’importance de la traçabilité des aliments (2015-03-21)
Toujours pas de normes adéquates de traçabilité, selon un rapport (2020-11-05)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’utilité de la Commission Bastarache

Publié le 21 janvier 2011 | Temps de lecture : 4 minutes

Depuis le dévoilement de ses conclusions mercredi dernier, la Commission d’enquête sur le processus de nomination des juges est l’objet de diverses critiques qui vont jusqu’à remettre en question le bien-fondé de la création d’une telle commission.

Je ne veux pas parler des coûts que cela a occasionnés. Il est clair que si les Québécois avaient eu le choix entre payer pour cette commission (6 millions$) ou pour une élection provinciale (90 millions$), ils auraient sans doute préféré payer pour se débarrasser du gouvernement le plus corrompu depuis Duplessis et ainsi corriger plusieurs problèmes à la fois.

Mais nous n’avons pas eu ce choix. D’où la question suivante : cette commission, était-ce une bonne idée ? Peu importe le résultat, ma réponse est que cette commission était nécessaire.

Dans un pays démocratique, les citoyens doivent avoir confiance envers leur système judiciaire. Or la crédibilité de notre système a sérieusement été ébranlée — à juste titre, si on en juge par ce qu’on a appris depuis — par les accusations de l’ex-ministre de la Justice du Québec, Me Marc Bellemare.

Sans que cela ait été prévisible au moment de sa création, cette commission a fait la lumière sur les mécanismes intimes du favoritisme politique relatif à la nomination des juges. On sait maintenant que le gouvernement Charest a modifié les règles qui prévalaient au Québec depuis des décennies.

Les règles antérieures visaient à protéger le processus de la cabale des candidats et à minimiser la politicaillerie. Les règles instaurées par le gouvernement actuel visaient, au contraire, à prendre dorénavant en considération « l’allégeance politique » des candidats à la magistrature.

Concrètement, au Cabinet du premier ministre, Mme Landry avait pour tâche de vérifier les contributions à la caisse électorale du Parti libéral du Québec, le bénévolat lors des campagnes électorales du Parti, les services rendus lors des levées de fonds du Parti, pour finalement faire en sorte que ces futilités soient prises en considération par le Conseil des ministres.

Bref, il s’agissait d’une parmi les nombreuses mesures qui visaient à transformer l’appareil de l’État en machine à sous pour le Parti libéral du Québec.

Grâce aux travaux de la commission, tout cela a été révélé honteusement. On doit maintenant se demander si ce rapport aura des suites ? Je le crois.

Déjà, dans le domaine des contributions politiques, le gouvernement Charest a diminué le maximum permis par la Loi et a renforcé les mesures contre les prête-noms. Cela est bien.

Dans ce cas-ci, l’ex- juge Bastarache — reconnu pour une prudence que certains jugent excessive — a qualifié le système actuel de «perméable aux interventions et influences de toute sorte, notamment celles de députés, de ministres, de membres de partis politiques, d’avocats ou des candidats eux-mêmes». La liste est longue. Il a formulé 46 recommandations. L’avenir nous dira quelle est l’importance que le gouvernement Charest attache à rétablir la confiance des citoyens dans le processus d’accès à la magistrature.

Si le gouvernement actuel désire avoir de meilleures chances d’être réélu, il devra s’appliquer dorénavant à travailler plus activement dans l’intérêt national. L’ex-juge Bastarache lui en donne l’occasion…

Références :
Combien coûte une élection?
Commission d’enquête sur le processus de nomination des juges du Québec
Le processus est à revoir parce que «perméable aux influences»
Nomination des juges – Vade retro, Satanas

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Anglicisation du Québec : Monsieur Charest préfère chanter et jouer de la lyre…

Publié le 16 décembre 2010 | Temps de lecture : 2 minutes

Lundi dernier, la ministre responsable de la Charte de la langue française annonçait la création d’un site Web permettant aux entrepreneurs d’obtenir tous les renseignements sur les programmes, services et subventions disponibles pour la francisation de leurs entreprises.

Mme Christine St-Pierre a expliqué que l’approche incitative avait été préférée à la voie législative pour défendre le français au Québec.

En somme, les entreprises qui veulent se franciser pourront le faire plus facilement, tandis que ceux qui ne le veulent pas ou qui s’en fichent pourront dormir en paix.

Après avoir sabré dans les cours de français destinés aux immigrants allophones — tout en maintenant, paradoxalement, les cours d’anglais aux immigrants originaires du Maghreb afin d’augmenter leur employabilité — après avoir légalisé l’accès à l’école anglaise aux allophones, le gouvernement libéral réitère l’approche douce comme pilier fondamental de sa politique linguistique.

Le problème, c’est que le laisser-faire libéral a déjà fait ses preuves. Il aura suffi au gouvernement Charest de deux mandats successifs pour que Montréal — la deuxième plus importante ville française au monde il y a huit ans — soit devenue majoritairement anglophone.

Alors que les francophones montréalais ont de plus en plus de difficulté de s’y faire servir en français, monsieur Charest préfère imiter l’empereur Néron qui regardait bruler Rome en chantant et en jouant de la lyre.

Références :
Amir et la loi 101
Des commerces qui ne servent pas en français
Guy A. Lepage s’inquiète du recul du français
L’anglais bien présent à la Banque Nationale
Québec – L’immigration au pifomètre

Parus depuis :
Incapable d’être servi en français (2020-11-13)
Être servi en anglais, «ça fait dur» (2020-11-14)
Français au Québec: «Comment pouvons-nous être stupides au point de financer notre propre disparition linguistique?» (2020-11-27)
Quand il faut parler anglais pour travailler à Montréal (2021-03-10)

Photo d’un buste de Néron, tirée de Wikipédia (© 2008 — Mistersunshine)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Charest, parrain du Parti libéral du Québec

Publié le 20 novembre 2010 | Temps de lecture : 2 minutes

Samedi dernier, à l’ouverture du 9e congrès annuel de l’Action démocratique du Québec (ADQ), le chef Gérard Deltell a reproché au Premier ministre du Québec de se comporter comme le « parrain » de la famille libérale.

Grand promoteur des PPP, le Premier ministre serait-il devenu lui-même un exemple de PPP (Parrain d’un Parti Pourri) ?

Le mardi suivant, André Pratte (l’éditorialiste en chef de La Presse) s’indignait de voir M. Deltell « créer, sournoisement, une association entre M. Charest et le crime organisé.» Apparemment, l’éditorialiste de La Paresse vient de se réveiller ; pour lui le Président de l’ADQ est la première personne au monde à créer une telle association. De toute évidence, l’éditorialiste ne lit pas les journaux. Quel mauvais exemple.

Aujourd’hui, Gil Courtemanche (son homologue du Devoir), ironise sur le même sujet. Dans un éditorial drôle et cinglant qui mérite à lui seul l’achat de l’édition de fin de semaine, M. Courtemanche écrit : « Jean Charest s’est comporté comme un parrain idéal pour sa famille. Il a même engagé (…) Chantal Landry, qui dresse pour le parrain (…) la liste des membres méritants de la famille.»

Pour ceux qui n’ont pas suivi les travaux de la Commission Bastarache, rappelons que Mme Landry est directrice-adjointe du cabinet du premier ministre. Pour le bénéfice du Conseil des ministres, c’est elle qui vérifie l’allégeance politique et les contributions à la caisse de Parti libéral du Québec des personnes à nommer à la magistrature ou aux conseils d’administration des organismes relevant de l’État.

Références :
Charest ne mérite pas ça
Charest se comporte en «parrain», dit Deltell

Note : Photo de M. Charest par le journal Le Devoir.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le coût de la corruption

Publié le 19 novembre 2010 | Temps de lecture : 2 minutes


 
Avant-propos : voici une réplique que j’ai publiée aujourd’hui sur le site de Radio-Canada en réponse à un message d’une personne dont le pseudonyme est Luc017.

Luc017 écrit :

Savez-vous pourquoi Pauline Marois tient tant à une commission d’enquête?

Madame Marois n’est qu’une parmi les millions de québécois qui réclament une commission d’enquête. Sa motivation personnelle n’a pas d’importance.

Le gouvernement Charest est le plus corrompu que le Québec ait connu depuis Duplessis. À la différence que les mentalités ont changé depuis cinquante ans.

Autrefois, on considérait normal d’offrir un présent pour rendre hommage aux puissants dont on voulait obtenir la faveur. Dans la bible chrétienne, n’est-ce pas ce que les rois mages ont fait en rendant visite à l’enfant Jésus à Bethléem ?

Mais les temps ont considérablement évolués. Aujourd’hui, on considère que nos élus sont là pour gérer le bien collectif dans l’intérêt de tous. Nous ne sommes pas devenus cyniques à l’égard des politiciens : on est devenu plus exigeant. Cela est très différent.

Quand des entrepreneurs pillent le trésor public avec la complicité des élus (moyennant une petite contribution amicale), les citoyens crient au scandale. À juste titre : c’est leur argent qu’on gaspille ainsi.

Le budget annuel du Parti libéral québécois est de quelques millions par année. Dans l’ensemble de l’économie québécoise, cette somme est insignifiante.

Mais à partir du moment où il s’agit de la contribution des invités au sac des finances publiques — en vertu de quoi, moyennant quelques milliers de dollars, on obtient le droit à l’admission à la magistrature, le droit à des contrats sans appel d’offre, le droit de dépasser les coûts des contrats qu’on a obtenus, le droit de piller nos richesses naturelles (Mont-Orford, gaz de schiste), etc.,— cela représente des sommes colossales.

Et c’est ce gaspillage de notre argent que nous sommes exaspérés de voir. Sommes-nous si déraisonnables ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Des faits plutôt que des clichés

Publié le 20 octobre 2010 | Temps de lecture : 2 minutes

Avant-propos : voici une réplique que j’ai publiée aujourd’hui sur le site du quotidien Le Devoir en réponse à un message posté plus tôt.

bourgeoisgentilhomme écrit :

les péquistes (…) décrèteront des moratoires sur à peu près tout,
ils donneront plus de places en garderies, donneront davantage
à tous les pauvres. Au bout d’un an, on sera le pays le plus endetté
et le moins industrialisé en Amérique du Nord.

Durant neuf des dix dernières années de l’administration Landry (du Parti québécois), la croissance économique du Québec a dépassé la moyenne canadienne. À telle enseigne que le gouvernement fédéral avait décidé (à juste titre) de réduire légèrement la péréquation versée à notre province.

Aussitôt arrivé au pouvoir, le gouvernement Charest a coupé à tort et à travers dans les dépenses publiques afin de dégager (sans succès) le milliard de dollars promis comme réduction d’impôts aux riches contribuables, provoquant ainsi une contraction de l’économie. Résultat? La croissance économique du Québec est redevenue sous la moyenne dès la première année de son accession au pouvoir et n’a pas cessé de l’être depuis.

Alors monsieur le bourgeoisgentillomme, cessez ces tirades ridicules dignes de Molière et arrivez dans la réalité d’aujourd’hui, celle d’un gouvernement dont la bilan économique est désastreux (40% de perte à la Caisse de dépôt et de placement, par exemple)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


En mémoire aux victimes des viaducs du Souvenir et de la Concorde

Publié le 7 octobre 2010 | Temps de lecture : 4 minutes

En juin 2000, une poutre du viaduc du Souvenir, à Laval (une municipalité située au nord de Montréal), s’effondre sur une voiture, tuant Gilbert Vinson et blessant deux autres passagers. Personne n’a été tenu responsable de la catastrophe du Souvenir. Il y a bien eu des blâmes et des reproches, mais aucune accusation. La famille de Gilbert Vinson attend toujours des excuses publiques pour pouvoir faire le deuil de sa disparition, dix ans après l’effondrement.

Six ans plus tard, plus précisément le 30 septembre 2006, un autre viaduc s’effondre (toujours à Laval) tuant cette fois cinq personnes dont une femme enceinte. Ce viaduc, appelé viaduc de la Concorde, est un cas unique dans l’histoire du génie ; c’est le seul pont en béton au monde qui se soit effondré de lui-même, sans choc extérieur.

La Commission Johnson, créée pour faire la lumière à ce sujet, a révélé que l’armature d’acier du viaduc n’avait pas été installée conformément aux plans. Plus précisément, il y avait toute une rangée de tiges d’acier qui ne faisait pas la jonction avec le reste de l’armature du viaduc, créant une ligne de fracture et rendant l’effondrement inévitable. Mais à qui la faute ?

Au cours de l’enquête, le contractuel a blâmé le sous-traitant qui lui, a blâmé le sous-sous-traitant qui à son tour, a blâmé le sous-sous-sous-traitant, etc. Bref, tout le monde s’en a lavé les mains.

À mon avis, lorsqu’une entreprise obtient un contrat, elle est responsable de son exécution. Si cette entreprise choisit de déléguer cette tâche à quelqu’un qui ne mérite pas sa confiance, ceci est une erreur. Et la faute de toute erreur incombe à celui ou celle qui la commet. Dans ce cas-ci, l’erreur a été commise par l’entreprise qui, originellement, s’est vue octroyer le contrat.

Le reste ne m’intéresse pas ; si le contractuel principal, une fois condamné, veut poursuivre ceux à qui il a délégué l’exécution du travail, c’est son affaire. Mais il demeure au premier chef responsable des travaux qu’il avait promis d’exécuter.

Le plus pathétique dans cette affaire, ce n’est pas de voir toutes ces entreprises se blâmer les unes les autres : c’est de constater que Mathieu Goyette, Véronique Binette (sa conjointe enceinte), Gilles Hamel et son frère Jean-Pierre Hamel, de même que l’épouse de ce dernier, Sylvie Beaudet, sont morts pour rien.

En s’abstenant de prendre toute poursuite criminelle contre les responsables de la catastrophe du viaduc du Souvenir et de celle, plus meutrière, du viaduc de la Concorde, quel est le message que le gouvernement du Québec a lancé aux entreprises qui obtiennent des contrats publics ? Ce message, il est clair. Après avoir obtenu un contrat de l’État, épargnez sur la qualité des matériaux ou sur la qualité du travail effectué : même si vous tuez des gens, nous vous protègerons en ne déposant aucune accusation contre vous.

L’enquête que presque tous les Québécois réclament au sujet de l’industrie de la construction, est nécessaire pour responsabiliser les entrepreneurs québécois afin d’éviter la répétition de telles tragédies et pour savoir si cette impunité a eu une contrepartie.

Références :
Le fil des événements
Soupçons de négligence criminelle
Une très longue enquête
«Un 11-Septembre routier»
Viaduc de la Concorde

Paru depuis :
Viaduc de la Concorde: «Je suis très désolé», dit Couillard (2016-09-26)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le lapsus de Monsieur Charest

Publié le 6 octobre 2010 | Temps de lecture : 1 minute

Le Premier ministre du Québec, monsieur Jean Charest, anime une chronique hebdomadaire sur les ondes radiophoniques du 98,5.

Soucieux de promouvoir le développement économique du Québec, M. Charest y annonçait récemment, en grande primeur, la création d’une nouveau secteur industriel où le Québec a pris une avance considérable sur les autres pays développés, soit l’industrie de la corruption — à moins qu’il voulait parler de l’industrie de la construction, ce qui est pareil comme tout le monde le sait.

Jugez-en par vous-même…

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Écrit par Jean-Pierre Martel