Le bilan économique du gouvernement Marois

Publié le 12 décembre 2013 | Temps de lecture : 8 minutes


 
Du strictement point de vue économique, la principale qualité d’un gouvernement, c’est la prudence.

Cette prudence avait manqué au gouvernement Charest en 2003. Afin de dégager la somme de cinq milliards$ de réduction d’impôts promise sur cinq ans, le nouveau gouvernement Charest avait coupé à tort et à travers dans les dépenses publiques dès son accession au pouvoir.

Tout comme les coupures draconiennes du budget de l’État dans de nombreux pays européens les ont plongés dans la récession économique, les coupures québécoises de 2003-2004 — insuffisantes à provoquer une récession — ont néanmoins ralenti la croissance économique du Québec en deçà de la moyenne canadienne, après neuf années où elle fut, au contraire, au-dessus de cette moyenne sous différentes administrations péquistes.

La fin du chaos social

La plus brillante réussite du gouvernement Marois est incontestablement le retour de la paix sociale. De manière générale, les investisseurs institutionnels détestent l’insécurité politique. Or un État ne peut pas à la fois s’illustrer quotidiennement sur la scène internationale comme un haut lieu de l’insurrection et du même souffle, attirer des capitaux étrangers.

On a reproché à Mme Marois d’avoir acheté la paix sociale en capitulant devant les étudiants. Mme Marois a choisi la seule alternative à la surenchère répressive de l’État. C’était soit la capitulation ou soit crever plus d’yeux, briser plus de mâchoires, et fracturer plus de crânes.

Mais cette paix sociale est un mirage. Aux yeux d’une bonne partie de la jeunesse francophone, cette crise a montré l’État sous son jour le plus fourbe, le plus machiavélique et le plus cruel. Elle a montré un gouvernement corrompu à l’os qui n’hésite pas à susciter le chaos social à des fins électoralistes. Elle a fait naître un romantisme révolutionnaire chez une partie des jeunes adultes québécois qui pourrait resurgir à tout moment. Il suffirait d’une étincelle.

Le doigté et le réalisme politique de Mme Marois en sont d’autant plus méritoires.

L’abolition implicite du Plan Nord

Le Plan Nord s’annonçait comme le plus grand pillage du Trésor public québécois. Imaginez; 60 milliards$.

Ce plan de développement consistait à transférer sur le dos des contribuables, tous les obstacles à ce que l’exploitation d’une mine devienne rentable. C’était le développement minier à n’importe quel prix. Donc on devait payer les routes, les chemins de fer, et les aéroports, en plus des écoles, des hôpitaux et tout le reste, afin de provoquer un boom minier éphémère, c’est-à-dire d’ici à ce que la Chine et l’Inde (situés à l’autre bout du monde) aient découvert des gisements situés plus près d’eux.

On était même prêt à payer un port en eau profonde afin de faciliter l’exportation du minerai brut sans avoir à le transformer au Québec. Bref, on payait pour créer des emplois ailleurs.

Si le Plan Nord avait été mis en marche il y a cinq ans, nous aurions dépensé des milliards$ en infrastructures qui seraient totalement inutilisées aujourd’hui, les minières ayant stoppé tout développement ailleurs qu’en Afrique, en raison du ralentissement économique.

Et n’allez pas croire que le ralentissement actuel aurait empêché le gouvernement Charest, s’il avait été réélu, d’aller de l’avant. Il suffisait d’une contribution à la caisse électorale du Parti libéral du Québec pour que l’État paie n’importe quoi. On aurait simplement prétexté vouloir se préparer au prochain boom minier et planifier l’avenir prospère du Québec de demain.

Gentilly-2

Le deuxième plus important gaspillage des fonds publics devait être la réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2. Cette centrale n’a jamais été rentable et il n’y avait aucune possibilité pour qu’elle le devienne dans un avenir prévisible.

Ses couts de réfection auraient été de l’ordre de quatre milliards$ dont plus de 80% auraient été dépensé hors du Québec.

La corruption

À part quelques cas de favoritisme assez médiatisés mais relativement anodins, le gouvernement Marois a mis fin à la corruption gouvernementale, du moins à l’échelle où elle se pratiquait auparavant.

La corruption libérale, que la Commission Charbonneau n’aura pas le temps d’examiner, découlait d’une décision d’apparence anodine de M. Charest : l’obligation annuelle pour chaque ministre de susciter 100 000$ en contributions à la caisse électorale du Parti libéral.

Cela établissait, dès le départ, l’assujettissement de chaque ministre au parti; il devait lui rapporter 100 000$ par année.

Pour très peu d’entre eux, cet objectif était facilement réalisable. Mais pour beaucoup d’autres, c’était presque impossible.

C’est pourquoi on leur attribuait un ange gardien. Cet ange, c’est un collecteur de fonds. Le meilleur du comté. Et grâce à lui, le ministre conservait son poste. Ce petit ange faisait des miracles; il réussissait toujours à ramasser suffisamment d’argent.

Et s’il tournait les coins un peu ronds, le ministre n’avait pas intérêt à le découvrir.

Cette politique avait l’avantage de favoriser l’accessibilité des ministres auprès d’investisseurs. Les lourdes règles administratives relatives au démarchage étaient suspendues le temps d’une soirée.

Il suffisait de participer à une activité de collecte de fonds au profit du parti pour avoir un accès privilégié au ministre, le sensibiliser à un problème et possiblement, faire débloquer un dossier.

D’une certaine mesure, cela mettait l’État à l’écoute des gens d’affaires et probablement favorisait le développement économique de la province.

Le hic, c’était que l’État devenait à la solde des seuls contributeurs de fonds à la caisse du Parti libéral. Bien plus. Cela enlevait tout frein à la voracité des demandeurs. Quel ministre vulnérable pouvait risquer de perdre son poste en refusant d’accorder une subvention excessive ?

Si bien que la règle des 100 000$ a pavé la voie au plus grand pillage du Trésor public des dernières décennies.

Pensez seulement qu’on a accordé une série de contrats totalisant 360 millions$ — un tiers de milliard$ — sans appel d’offres pour loger des personnes âgées dans un foyer privé situé dans la région de Québec (propriété d’un contributeur à la caisse du Parti libéral).

Voilà comment on a pillé le trésor public pendant près d’une décennie. Avec des contrats gonflés par les dessous-de-table. Depuis que tout le monde se sent épié, le montant des contrats d’infrastructures a baissé de 30%. Seulement pour cette année, le ministère des Transports aurait économisé 240 millions$. Cet assainissement des finances publiques fait partie des réalisations « involontaires » du gouvernement actuel.

Conclusion

Lorsqu’on se dirige à pas de course vers le précipice, changer de direction est un grand pas dans la bonne direction.

Certains milieux accusent le gouvernement Marois ne pas avoir présenté un ambitieux plan de développement ou une nouvelle stratégie industrielle.

De tels projets macroéconomiques se décident après des années de consultation et d’études. Cela ne se fait pas dès qu’on arrive au pouvoir et cela ne peut pas être élaboré alors qu’on est dans l’opposition parce qu’on manque alors des ressources scientifiques que cela nécessite.

Dans les faits, l’amélioration du climat social, le renoncement à des projets ruineux, et la lutte à la corruption, rapportent des dividendes immédiats considérables.

Le reproche qu’on peut adresser au gouvernement Marois, c’est de manquer de modestie. Peut-être accepte-t-on plus facilement la grandiloquence de la bouche d’un homme que par celui d’une femme. Si c’est le cas, c’est dommage.

Le bilan économique du gouvernement Marois est remarquable. C’est une succession de décisions évidentes qui, à l’exclusion de la fermeture de Gentilly-2, n’ont rien de spectaculaire, mais qui pourtant sont le lot des gouvernements responsables.

Références :
Baie-James vs Plan Nord
La Commission Charbonneau se traine les pieds
Rapport du vérificateur général sur les CHSLD – Un généreux contrat sans appel d’offres
Sauver Gentilly-2 : un combat perdu d’avance

Paru depuis : L’UPAC n’arrive pas à ébranler financièrement le crime organisé

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Contre une enquête sur le Printemps érable

Publié le 21 mars 2013 | Temps de lecture : 5 minutes

À la lecture du Devoir d’hier matin, j’apprends qu’une soixantaine d’organismes réclament la tenue d’une enquête publique sur les agissements des policiers lors du Printemps érable. À mon avis, ce serait un gaspillage des fonds publics.

D’une part, il ne s’agit pas ici d’une opération policière secrète, douteuse quant à sa légalité, et révélée par une fuite : la répression des manifestations étudiantes s’est faite à la vue de tous. Aucune photo, aucune vidéo n’a été confisquée par les autorités. Les média québécois en ont parlé librement et abondamment. Conséquemment, tout le monde connait la manière avec laquelle cette répression s’est exercée.

D’autre part, on fait un procès pour réparer un tort mais on crée une enquête publique pour comprendre ce qui s’est passé. Or ici, on ne se trouve pas en présence d’une suite d’incidents au cours desquels les forces de l’ordre ont échappé à tout contrôle. Si cela s’était produit, il faudrait savoir pourquoi : une enquête publique serait appropriée. Mais ce n’est pas le cas; en gros, les policiers ont fait ce qu’on leur demandait.

Lorsqu’une manifestation vire à l’émeute, les policiers ont à peu près tous les droits. Les manifestants ont l’obligation stricte de quitter les lieux lorsque la police juge, à tort ou à raison, qu’un attroupement vire à l’émeute. Que les policiers aient alors utilisé la force pour disperser ceux qui refusent d’obtempérer, cela est tout à fait normal; ils sont payés pour ça.

Quant aux manifestants qui décident de passer outre l’ordre de se disperser, ils doivent être prêts à assumer le prix douloureux de leur rébellion, dans la mesure du raisonnable.

Or quelques ecchymoses, quelques blessures superficielles, quelques muscles endoloris, cela est raisonnable.

Par opposition, un œil crevé, une mâchoire fracturée, une commotion cérébrale, cela ne l’est pas. Dans ce dernier cas, il ne s’agit pas de bavures policières, mais des conséquences d’une volonté politique d’anéantir la contestation étudiante, entre autres par la brutalité policière. Trouvez-moi une seule déclaration des dirigeants politiques de l’époque blâmant les policiers ou les appelant à plus de retenue. Vous n’en trouverez pas parce que les policiers ont fait exactement ce qu’on attendait d’eux.

Alors qu’il y a tant à faire de plus utile, ce n’est pas vrai qu’on va dépenser des millions pour transformer les policiers en boucs-émissaires de cette crise sociale. Les véritables responsables sont connus. Ce sont les membres du gouvernement libéral de Jean Charest. C’est ce gouvernement qui a haussé substantiellement les frais de scolarité, sachant très bien que cela provoquerait un affrontement avec les étudiants. Mais on a présumé que cette contestation s’essoufflerait avec le temps et qu’il suffisait de l’ignorer.

C’est l’ex-Premier ministre lui-même qui, réalisant l’ampleur de cette contestation, a tenté de la récupérer à des fins politiques et de miser sur le chaos social pour favoriser sa réélection.

C’est son ministre de la sécurité publique qui, confronté à la violence de la répression des manifestants devant le Palais des congrès de Montréal, a permis à la Sécurité du Québec d’affronter les manifestants à Victoriaville avec des armes à mortalité réduite encore plus dangereuses que celles utilisées à Montréal. Et c’est ce même ministre, insensiblement confronté au désastre, qui invitait ceux qui s’en scandalisaient à s’adresser au Commissaire à la déontologie policière.

L’aveuglement de ce gouvernement était tel que même après avoir perdu le pouvoir, un ex-ministre trouvait le moyen de blâmer le Parti Québécois pour l’attentat terroriste au Métropolis — attentat qui visait à tuer les sympathisants de ce parti réunis pacifiquement pour fêter leur victoire électorale — alors qu’il s’agissait plutôt de la conséquence ultime de la propagande haineuse de son gouvernement déchu.

Bref, le meilleur moyen d’éviter la répétition des incidents fâcheux qui ont jalonné cette crise sociale, c’est d’éviter le retour au pouvoir du Parti libéral tant et aussi longtemps que cette formation politique ne se sera pas renouvelée de fond en comble.

Sur le même sujet :
Grèves étudiantes : l’ABC de l’émeute
L’attentat terroriste au Métropolis : un crime quelconque ?
L’aveuglement partisan d’un imbécile
Tirs de balles de plastique : attend-on de tuer quelqu’un ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le temps de l’homme de Cro-Magnon

Publié le 10 janvier 2013 | Temps de lecture : 2 minutes

Dans une entrevue publiée ce matin dans le Devoir, le nouveau député libéral de la conscription de LaFontaine et porte-parole de l’opposition officielle pour la Charte de la langue française qualifie de « Cro-Magnons », les participants à l’émeute de Victoriaville.

Ses propos exacts sont : « On peut ne pas être d’accord (avec nous), mais on ne justifiera jamais le fait de commencer à lancer des roches. Je veux dire : on ne retournera pas au temps des Cro-Magnons.»

Je ne ferai pas ici l’apologie de la violence, en particulier celle, excessive, qui a consisté à utiliser des armes à mortalité réduite pour mater cette révolte.

J’inviterais le député de LaFontaine à se demander comment creux il est prêt à aller pour faire respecter sa conception de la loi et de l’ordre ?

Lorsqu’on tient compte du taux de participation (57,4% en 2008 et 74,6% en 2012), le Parti libéral avait formé un gouvernement majoritaire avec l’appui de 24,6% des personnes aptes à voter, alors que le Parti québécois forme maintenant un gouvernement minoritaire grâce à 23,8% de la population adulte.

Le réalisme politique le plus élémentaire, c’est que lorsqu’on bénéficie d’assises populaires aussi faibles, on évite de déchainer les pouvoirs répressifs de l’État lorsqu’une mesure, même justifiée, rencontre une vive opposition. En somme, on recule, comme le fait si bien le gouvernement péquiste actuel.

C’est une grave erreur de jugement de que chercher à provoquer le chaos social dans l’espoir d’en retirer des gains politiques. Malheureusement, c’est la stratégie qu’avait choisie le Parti libéral et j’ai peine à imaginer à quoi ressemblerait l’actualité si ce parti avait été réélu.

Grâce au ciel, le régime autoritaire de M. Charest nous semble aujourd’hui aussi loin que la préhistoire à laquelle fait allusion le jeune député de LaFontaine…

Références :
Le gouvernement à l’essai
Qui sont les nouveaux élus? – Le rêve d’un petit garçon qui se réalise
Tirs de balles de plastique : attend-on de tuer quelqu’un ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le parti de l’exclusion

Publié le 26 juillet 2012 | Temps de lecture : 3 minutes

En réaction l’annonce de la candidature du leader étudiant Léo Bureau-Blouin pour le Parti québécois, le Premier ministre s’est efforcé de dépeindre l’opposition officielle comme un repaire d’extrémistes voués au chaos et l’anarchie.

Le Parti libéral n’est pas seulement le grand parti fédéraliste du Québec : depuis qu’il est au pouvoir, ce parti s’est transformé en parti de l’exclusion, un parti pour les membres d’une bande de pillards des fonds publics.

La Commission Bastarache — sur le processus de nomination des juges — nous a permis d’apprendre que seuls les avocats dont le dossier transmis au Conseil des ministres portait un auto-collant jaune (en fait, un Post-it note) pouvaient espérer être nommés juges. Or seuls les candidats qui ont fait du bénévolat pour le parti au pouvoir, qui ont contribué à la caisse électorale de ce parti ou qui sont parents avec des collecteurs de fonds du parti, bénéficiaient du précieux collant jaune apposé par Mme Chantal Landry (la Directrice-adjointe du cabinet du premier ministre). En somme, tous les candidats plus compétents étaient exclus s’ils ne faisaient pas partie de la bande libérale.

De plus, il semble bien que les permis de garderie soient attribués aux propriétaires qui contribuent à la caisse électorale du Parti libéral de préférence à ceux qui ne le font pas. En transformant l’appareil de l’État en machine à sous pour le Parti libéral, ce dernier s’est transformé en parti d’opportunistes et d’aventuriers attirés par l’odeur de l’argent.

Les contrats attribués à un contributeur à la caisse électorale du Parti libéral en contrepartie de l’hébergement pendant vingt ans de 256 personnes âgées à Québec est un autre cas d’exclusion puisque ces contrats (totalisant plus de 360 millions$. Vous avez bien lu : un tiers de milliards$) ont été attribués sans appel d’offres.

Le prêt consenti à un entrepreneur de l’Inde en vue de la réouverture de la mine Jeffrey est un autre cas où nos taxes sont attribués à un aventurier devenu membre de la bande simplement pour avoir organisé une levée de fonds en faveur du parti libéral à laquelle M. Charest a assisté.

Lorsque tous les demandes de subventions pour des équipement sportifs sont filtrés par le personnel politique de la Vice-première ministre avant que leur bien-fondé ne soit analysé par les fonctionnaires de son ministère, cela soulèvent bien des questions sur les critères sur lesquels on s’est basé pour exclure les autres demandes.

En somme, dans les années ’60, le Parti libéral était une coalition extraordinaire de gens aux horizons très différents, unis par un même désir de sortir le Québec de la Grande noirceur du gouvernement Duplessis. De nos jours, le PQ est un creuset de personnes unis par un même nationalisme et par un même désir de sortir de Québec d’une autre Grande noirceur, libérale cette fois-ci.

Note : Photo de M. Charest par le journal Le Devoir.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Dur contre les étudiants, mou contre la corruption et le gaspillage

Publié le 2 juin 2012 | Temps de lecture : 3 minutes
Ancienne bannière du site Web du PLQ

L’Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale est un organisme gouvernemental qui relève du ministère de la Santé. Entre autres, l’Agence coordonne la mise en place des services de santé et des services sociaux dans la région de Québec.

En 2004, Hyman Polansky, un homme d’affaires montréalais, verse 1 500$ à la caisse du Parti libéral du Québec.

En décembre 2005, l’Agence accepte de lui vendre un terrain situé à Québec. L’homme d’affaires démolit la bâtisse qui s’y trouve et décide d’y construire un centre privé d’hébergement de quelques centaines de places pour personnes âgées.

En 2006, M. Polansky verse 3 000$ à la caisse du Parti libéral du Québec.

En 2007, le taux d’occupation du centre de M. Polansky augmente subitement alors que l’Agence décide, sans appel d’offres, d’y louer 116 places pendant vingt ans, au coût total de 130 millions de dollars.

En 2008, l’Agence accorde un deuxième contrat à ce centre — toujours sans appel d’offres — afin d’y ajouter 58 places supplémentaires. En 2011, l’Agence fait encore ajouter 82 autres places, toujours sans appel d’offres.

Au total, ces trois contrats portent la facture de location des 256 places à 360 millions$ sur vingt ans, soit un coût annuel de 70 300$ par bénéficiaire.

En supposant, dans la meilleure hypothèse, qu’il s’agisse ici de cas lourds qui nécessitent beaucoup de soins, la question fondamentale est la suivante : Comment a-t-on pu engager la somme d’un tiers de milliard$ de l’argent des contribuables sans appel d’offres ?

Critiqué il y a quelques jours par le Vérificateur général du Québec, le ministre de la Santé s’en lave les mains : « Je réitère que la décision a été prise au niveau de l’Agence et que mon ministère n’a jamais participé à cette décision.»

En mars dernier, celui qui a occupé de 1999 à 2011 le poste de PDG de l’Agence — en d’autres mots, celui qui a accordé ces trois contrats, soit Michel Fontaine — a été promu Sous-ministre associé au ministère de la Santé : c’est une des 6,400 nominations politiques du gouvernement Charest.

Parmi les réactions à cette nouvelle sur le site du quotidien La Presse, le citoyen Samuel Marcotte écrit : « Quelle surprise de constater que c’est le CHSLD où mon grand-père résidait avant son décès. Pour la bouffe c’était bien. Pour les soins ce n’était pas fort; disons que les infirmières faisaient ce qu’elles pouvaient avec le personnel réduit, pour dégager plus de profit. Mais 360 millions sur 20 ans, pour 250 places, ça reviens à 72 000$/année par occupant, payé par le gouvernement? Et cela inclut-il la contribution payée par la famille? Le vrai scandale est à la fin du reportage : le PDG de l’Agence qui dilapide les fonds publics et qui engraisse quelques amis est nommé sous-ministre à la santé. Ça aussi, ça écœure.»

Références :
CHSLD Côté-Jardin: négligence et félicitations
Contrats de 360 millions de dollars sans appel d’offre
Nominations du Conseil des ministres
Rapport du vérificateur général sur les CHSLD – Un généreux contrat sans appel d’offres

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Me Sylvain Lussier, procureur-chef à la Commission Charbonneau : un choix judicieux ?

Publié le 27 février 2012 | Temps de lecture : 3 minutes

Le 18 novembre dernier, la juge France Charbonneau annonçait la nomination de quatre juristes qui l’assisteront dans le cadre de la commission d’enquête qu’elle préside sur la corruption dans l’industrie de la construction. L’un d’eux, Me Sylvain Lussier, était alors nommé procureur-chef de cette commission.

Me Lussier n’en est pas à sa première participation à une commission d’enquête. En effet, il fut l’avocat du gouvernement fédéral canadien lors du scandale des commandites. Rappelons que le programme des commandites avait été institué par le gouvernement libéral de Jean Chrétien dans le but de faire la promotion du fédéralisme canadien auprès des Québécois et ce, au coût de 332 millions$. Dans les faits, il s’agissait d’une immense magouille destinée à alimenter un système complexe de pots-de-vin profitant au Parti libéral du Canada. En d’autres mots, à la Commission Gomery, Me Lussier était du mauvais bord.

En plus d’être procureur en chef de la Commission Charbonneau, Me Lussier continuera d’agir comme avocat-conseil pour la Ville de Montréal. À ce titre, il est appelé à représenter l’administration Tremblay (qui dirige la métropole canadienne) dans l’épineux dossier de l’espionnage du vérificateur général de la ville.

Rappelons que l’administration Tremblay avait décidé d’épier ses fonctionnaires afin de surveiller l’attribution des contrats juteux qui permettent à des entrepreneurs véreux de se graisser la patte. Dans les faits, on en avait profité pour surveiller le vérificateur général, qui dispose d’un budget insignifiant (l’achat de papeterie pour son personnel et d’autres dépenses minimes).

En cautionnant l’espionnage du vérificateur général de la ville, le maire Tremblay faisait la démonstration que ce qui l’intéressait, ce n’était pas de s’attaquer à la corruption mais plutôt aux accusations de corruption. L’important pour son administration, ce n’était pas d’être honnête mais simplement de sembler l’être. Or c’est cette façon d’agir que Me Lussier pourrait être appelé à défendre à titre d’avocat de la ville de Montréal.

Le 18 novembre dernier, ce conflit d’intérêt avait été soulevé une première fois sur le site de Droit-Inc par un auteur anonyme dont les propos avaient passé inaperçus. Cette accusation prenait samedi dernier un relief plus percutant avec la publication dans Le Devoir d’une lettre signée par Me Paul Bégin, ex-ministre de la Justice du Québec, sommant publiquement Me Lussier de choisir entre les mandats de la Ville de Montréal ou celui de la commission Charbonneau.

Références :
Commission Gomery
Le Lys et le fumier
L’éthique en arrache ces jours-ci…
Commission Charbonneau : Lussier procureur en chef!
Sylvain Lussier

Complément de lecture : Intervention surprise de Me Lussier contre Jacques Duchesneau

Paru depuis : Commission Charbonneau : démission surprise du procureur en chef


Post-Scriptum : Me Sylvain Lussier a remis sa démission à titre de Procureur en chef de la Commission Charbonneau le 16 octobre 2012, soit huit mois après la publication du texte ci-dessus.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’unilinguisme anglais des Messageries DHL

Publié le 4 janvier 2012 | Temps de lecture : 3 minutes


 
J’ai reçu hier après-midi des DVD importés, essentiellement les deux premières saisons de la série policière « Nicolas Le Floch ».

Je ne sais pas par quel mécanisme une entreprise de livraison se voit attribué la tâche de dédouaner un colis et de l’acheminer au destinataire, mais dans ce cas-ci, c’est un livreur des messageries DHL Express qui s’est présenté à ma porte.

Malgré mes demandes répétées, ce livreur ne savait pas — ou ne voulait pas — parler français. Ce n’est pas la première fois que cette entreprise m’envoie un livreur unilingue anglais. Or porter plainte à l’Office de la langue française est une perte de temps depuis que le Parti libéral du Québec est au pouvoir.

En effet, depuis des années, l’Office ne fait plus respecter la loi 101. Celui-ci reçoit annuellement environ 400 plaintes relativement à la langue de service. Malgré le fait que 82% d’entre elles sont fondées, l’Office impose des amendes ou procède à des poursuites dans seulement 2% des infractions observées. Donc, tant que les Libéraux seront au pouvoir, Montréal continuera de s’angliciser.

Ceux parmi les Francophones qui jugent inacceptable de payer pour être servi en anglais au Québec, doivent donc prendre en main la défense du français. Lorsqu’on a affaire à une institution financière, on peut toujours retirer l’argent qu’on y a placé et le déposer ailleurs. C’est ce que j’ai fait relativement à la Banque Nationale : mes REER n’y sont plus.

Lorsqu’il s’agit d’un livreur de restaurant, je règle cela de manière très simple : je donne un pourboire dérisoire ou rien du tout.

Mais dans le cas des messageries, on n’a pas de pourboire à laisser, alors que faire ? J’ai passé la soirée à me demander ce que j’aurais dû faire et j’ai trouvé la solution.

C’est très simple : c’est de refuser d’accepter le colis. Cela oblige la messagerie à réexpédier le colis par un livreur qui parle français ou, en cas d’entêtement, à retourner le colis à l’expéditeur. C’est ce que j’aurais dû faire et ce que je ferai à l’avenir. À suivre…

Post-scriptum : À la livraison suivante par DHL, quelques semaines plus tard, celui qui m’a livré le colis parlait très bien français.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le congédiement de Jacques Duchesneau ou la vengeance de M. Charest

Publié le 30 octobre 2011 | Temps de lecture : 5 minutes

Afin d’éviter de mettre sur pied une commission d’enquête sur l’industrie de la construction, le Premier ministre Jean Charest créait en février 2010 une équipe multidisciplinaire spéciale appelée « Unité anticollusion au ministère des Transports du Québec » (UAC), dirigée par Jacques Duchesneau. Ce dernier est un ex-chef de police de Montréal réputé comme incorruptible.

Très tôt, l’UAC suscite le mécontentement et la grogne. Ses policiers posent beaucoup de questions. Trop de questions.

Les entrepreneurs enquêtés se plaignent d’être victimes de harcèlement policier. Les fonctionnaires disent qu’ils ne peuvent plus travailler en paix. Les firmes de génie conseil réclament qu’on mette fin à l’intrusion de l’UAC dans leurs affaires. De toutes parts, on parle d’État policier et on exige des changements. Les grands bailleurs de fonds à la caisse électorale du Parti libéral transmettent ces griefs en haut lieu.

En novembre 2010, M. Duchesneau est accusé publiquement d’avoir financé illégalement sa campagne électorale à la mairie de Montréal en 1998 : il est alors suspendu de ses fonctions. Après une enquête de trois mois, le Directeur général des élections du Québec blanchit M. Duchesneau de toute accusation. Conséquemment, celui-ci reprend ses fonctions.

M. Duchesneau a très bien compris que si cette affaire a refait surface douze ans plus tard, c’est qu’on voudrait qu’il s’écrase. C’est mal le connaître. Il revient à l’UAC plus déterminé que jamais. Ses policiers sont partout. Ils sentent dans tous les racoins, retournent toutes les pierres. 500 personnes seront interrogées. Du jamais vu.

À Québec, on juge que M. Duchesneau dépasse les bornes; il faut le neutraliser de toute urgence.

En mars 2011, le gouvernement décide de créer une Unité permanente anticorruption (UPAC), plus vaste, dirigé par un homme de main opposé à une commission d’enquête. Surtout, on décide d’assujettir l’UAC (et donc M. Duchesneau) à cette personne.

En septembre 2011, soit six mois plus tard, on sent une certaine fébrilité dans les couloirs du parlement. La cause ? M. Duchesneau doit remettre incessamment son rapport.

Tout est prévu. Il s’agit d’un rapport confidentiel qui sera remis au Premier ministre : ce dernier pourra en retarder la publication indéfiniment sous le prétexte de ne pas nuire au travail des policiers de l’Unité permanente. La réaction officielle du Premier ministre est déjà prête : c’est un bon rapport qui prouve que son gouvernement est sur la bonne voie et qu’il a raison de ne pas créer une commission d’enquête à ce sujet.

Mais voilà que tout dérape. Jacques Duchesneau a la dent longue : il se rappelle qu’on a tenté de l’éliminer. Il fait donc couler son rapport au quotidien La Presse. Ce rapport est dévastateur. Une véritable bombe.

Dans l’entourage du Premier ministre, c’est la panique. Il faut agir maintenant. Toutefois on ne s’entend pas sur la marche à suivre. Par défaut, M. Charest fait la déclaration pontifiante prévu à l’origine mais qui prouve qu’il n’a rien compris au rapport ou qu’il ne l’a pas lu.

Ridiculisé et critiqué de toutes parts, M. Charest finit par créer le 19 octobre une commission d’enquête castrée, dépourvue de pouvoirs et à qui il est même interdit d’adresser des reproches à qui que ce soit. Il faudra l’intervention de la corporation professionnelle des avocats du Québec — le Barreau — pour que M. Charest envisager la possibilité d’accorder à la commission au moins le pouvoir de contraindre à témoigner.

Mais M. Charest est rancunier. Il ne pardonne pas à M. Duchesneau de l’avoir forcé à créer cette commission d’enquête qui risque de faire la lumière sur les mécanismes de la corruption mis au point par son gouvernement afin de financer le Parti libéral. On veut sa tête. On s’affaire donc à intriguer entre M. Duchesneau et son supérieur hiérarchique jusqu’à ce que, finalement, ce dernier congédie M. Duchesneau vendredi dernier.

Ce que le public attend maintenant de celui qui a congédié M. Duchesneau, c’est qu’il fasse preuve du même zèle à combattre la corruption qu’il en met à se débarrasser de ceux qui lui font de l’ombre.

Références :
Jacques Duchesneau (policier)
Duchesneau s’en remet au jugement du DGE
Jacques Duchesneau congédié de l’Unité anticollusion
Jacques Duchesneau est congédié
Le rapport Duchesneau pour les nuls
Quebec anti-collusion crusader Duchesneau gets the chop
L’indépendance de Lafrenière remise en question
Robert Lafrenière à la tête de l’escouade anticorruption

Note : Photo de M. Charest par le journal Le Devoir.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La « patente à gosses »* de M. Charest

Publié le 20 octobre 2011 | Temps de lecture : 4 minutes

Le Premier ministre du Québec aurait quelque chose à cacher qu’il n’agirait pas différemment en créant sa commission d’enquête sur l’industrie de la construction.

Celle-ci aura pour objectifs :

  • d’identifier les stratagèmes et les possibles activités de collusion et de corruption dans l’octroi et la gestion de contrats publics dans le secteur de la construction, incluant notamment les organismes et les entreprises du gouvernement et les municipalités;
  • de dévoiler les liens possibles avec le financement des partis politiques;
  • de dresser un portrait de possibles activités d’infiltration de l’industrie de la construction par le crime organisé;
  • de faire des recommandations pour assurer de meilleures pratiques.

Celle-ci couvrira les activités des quinze dernières années : en d’autres mots, la période visée remontera aux derniers mandats péquistes.

À mon avis, cette obligation est un premier handicap. D’une part parce que cela est dépourvu d’intérêt : en supposant que le PQ était corrompu, cela n’excuse pas le Parti libéral du Québec, qui doit répondre, lui, de sa gestion désastreuse des finances publiques.

De plus, il est hautement improbable que le PQ ait été aussi corrompu que l’est le Parti libéral actuellement pour plusieurs raisons. Principalement parce que les règles présentement en vigueur — et qui visent à assurer l’intégrité du processus d’appel d’offres par l’État — ont été établies par le PQ; depuis son accession au pouvoir, le Parti libéral n’a cessé de les contourner, notamment en triplant le nombre de contrats accordés sans appel d’offre.

De plus, les liens entre le milieu des affaires d’ici et les gouvernements péquistes ont été essentiellement des mariages de raison : les milieux d’affaires québécois ont toujours été fédéralistes et si le PQ avait voulu établir un système de corruption généralisée, il n’aurait pas pu compter à la fois sur le silence complice de ces entrepreneurs et sur celui des organismes qui les représentent. Les fuites dans les médias auraient eu raison de cette omerta.

Et pour terminer, on ne doit pas oublier qu’il existait une opposition officielle (celle du Parti libéral) alors que le PQ était au pouvoir. Si cette opposition n’a jamais trouvé de scandale à l’époque, on n’en trouvera pas dix ans plus tard.

Donc l’obligation de revenir quinze ans en arrière est un premier boulet au pied de la commission.

Le deuxième boulet est l’absence de moyens coercitifs. Cette commission ne pourra obliger personne à témoigner, ne pourra saisir aucun document, ne pourra adresser aucun blâme et conséquemment, est dépourvue de moyens de nous apprendre quoi que ce soit de nouveau.

Finalement les travaux de la commission s’échelonneront sur deux ans, soit au-delà de la durée restante du mandat de M. Charest. Bref, quand on lira le rapport, le Premier ministre aura été réélu pour un autre mandat de cinq ans ou aura été battu sans que la commission ait pu contribuer de quelque manière que ce soit à cette défaite.

Bref, un autre exemple de gaspillage des fonds publics.

Références :
Charest lance la commission Charbonneau sur la construction
Industrie de la construction : Charest lance une commission d’enquête
Une commission émasculée
Une commission «taillée sur mesure»


* — Pour le bénéfice de nos lecteurs européens, une « patente à gosses » se définit comme suit : « Se dit de quelque chose dont on se demande à quoi ça sert; de quelque chose de mal fait, d’inefficace. Un drôle de bidule; un truc à la noix, un machin à la mords-moi le nœud; usine à gaz.» (Lionel Meney, Dictionnaire québécois-français, Guérin, p. 1264).

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le néo-libéralisme du ministère des Transports

Publié le 8 août 2011 | Temps de lecture : 4 minutes

Depuis l’accession au pouvoir du Parti libéral, le budget du ministère des Transports (MTQ) a augmenté de manière importante. C’est ce qui permet au Premier ministre d’affirmer que son gouvernement investissait quatre ou cinq fois plus en infrastructures que le Parti québécois.

En réalité, le Québec n’investit pas quatre fois plus : il dépense quatre fois plus. Ce n’est pas la même chose.

Le gouvernement Charest a triplé le nombre de contrats accordés sans appel d’offres. Le truc utilisé par le Parti libéral pour contourner la loi, c’est qu’il scinde les travaux en plusieurs sous-contrats, ce qui permet à chacun d’eux de se trouver sous le seuil au-delà duquel la loi exige des appels d’offre.

Les cyniques diront que si le Parti québécois avait été au pouvoir, il aurait fait pareil. C’est oublier que cette loi, destinée à réduire le patronage, a été adoptée par le Parti québécois : si ce dernier avait voulu un seuil plus élevé, c’est ce seuil-là qu’il aurait inscrit dans la loi.

De plus, le gouvernement Charest a transféré massivement l’expertise du ministère des Transports vers le secteur privé. En effet, 90 % du boulot d’inspection des chantiers routiers du MTQ est effectué de nos jours par du personnel à l’emploi de firmes de génie-conseil. C’est nettement plus que la moyenne des autres gouvernements provinciaux et états américains.

Les contribuables paient donc le salaire de ces inspecteurs — généralement plus élevé que ceux versés dans le secteur public — majoré des profits de la société qui l’emploie et de la contribution de cette société à la caisse du Parti libéral. Puisque tout se paie.

On se rappellera du contrat de construction d’un viaduc sur l’autoroute 50 qui avait été accordé à une entreprise dont un ministre libéral était actionnaire minoritaire (20%). Malheureusement le MTQ avait dû démolir ce viaduc peu après sa construction en raison de la mauvaise qualité du béton utilisé.

Et parce qu’un peu tout le monde se graisse la patte, le budget du MTQ a augmenté de manière très importante sous le gouvernement actuel sans qu’il soit évident que l’état de nos infrastructures s’améliore de manière notable. Des évènements récents nous incitent même à croire le contraire.

Sur les forums de discussion des médias québécois, les partisans libéraux (et parmi eux, probablement quelques firmes de relations publiques) s’affairent à accuser l’opposition officielle de ne pas avoir suffisamment investi dans notre système routier et par conséquence, être responsable de son état actuel.

Monsieur Charest a été élu Premier ministre avec les promesses, entre autres, de mettre fin aux listes d’attente des urgences de nos hôpitaux et de corriger l’état dans lequel se trouvait le système routier en 2003. En accusant le Parti québécois d’être responsable de nos problèmes actuels, ses partisans reconnaissent implicitement que le Premier ministre a manqué à ses promesses électorales d’il y a huit ans. Les Québécois l’ont élu pour corriger les lacunes qu’il dénonçait et non pour se contenter de blâmer des autres de son incurie.

En 2003, monsieur Charest nous disait que le gouvernement péquiste gaspillait l’argent des contribuables à faire la promotion de l’indépendance, qu’il y a avait trop de fonctionnaires payés grassement à ne rien faire, que le secteur privé était plus efficace et qu’il suffisait de déléguer au privé pour réduire la taille de l’État et permettre des réductions d’impôts.

En transférant du public au privé, cela devait coûter moins cher ou, si cela s’avérait plus dispendieux, nous devions en avoir beaucoup plus pour notre argent.

Huit ans plus tard, le budget du MTQ consacré aux infrastructures a quadruplé et nos viaducs s’effondrent. D’où la question : le néo-libéralisme du ministère, est-il dans notre intérêt collectif ou profite-t-il essentiellement aux firmes de génie-conseil et aux entrepreneurs qui contribuent à la caisse du Parti libéral ?

Références :
Franco Fava impliqué dans une autre affaire ?
Infrastructures – Les routes… et le reste
Infrastructures – Revoir les façons de faire au MTQ
L’opposition veut la tête de Whissell

Paru depuis : Florent Gagné pose le MTQ en «victime» (2014-04-26)

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Écrit par Jean-Pierre Martel