Le monastère des Hiéronymites

Publié le 30 juin 2019 | Temps de lecture : 10 minutes
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Introduction

Le monastère des Hiéronymites (surnommé ‘monastère de Belém’) est un complexe muséal aménagé dans un monastère qui a échappé, en raison de son éloignement, aux grandes destructions du séisme de 1755 à Lisbonne.

Confié jusqu’en 1834 aux moines soumis à l’Ordre de Saint-Jérôme, le monastère porte le nom de ces religieux (les Hiéronymites).

D’ici à ce que le métro soit prolongé vers l’ouest, les visiteurs qui s’y rendent en autobus à partir de la station Cais do Sodré doivent descendre non pas à l’arrêt Betlém, mais plutôt à l’arrêt suivant, environ 400 mètres plus loin, appelée spécifiquement Mosteiro Jerónimos.

Ce diaporama met en vedette les différentes parties de ce complexe muséal :
• la sacristie,
• l’Igreja Santa Maria de Belém,
• le cloitre,
• le Museu Nacional de Arqueologia,
• le Museu de Marinha.

Un style spécifique au Portugal

Le monastère de Belém est l’œuvre la plus aboutie du style manuélin, du nom du roi Manuel Ier qui régna sur son pays de 1495 à 1521.

Édifié en pierre calcaire de Lioz, le monastère fut financé par la ‘taxe du poivre’ prélevée sur la vente des épices et des matières précieuses importées. Elle débuta à partir de 1502 et dura près d’un siècle.

Sous le règne de Manuel Ier, le Portugal est la première puissance maritime du monde. Grâce à la découverte de la route des Indes par Vasco de Gama et à la découverte du Brésil par Pedro Alvares-Cabral, des trésors sont ramenés des quatre coins du monde. Le Portugal est au sommet de sa puissance économique.

C’est une période heureuse pour le pays. Dans le domaine des arts, cet enthousiasme suscitera la naissance d’un style décoratif exubérant qui, en dépit du fait qu’il est contemporain du gothique flamboyant ailleurs en Europe, fait penser à des styles qui naitront ailleurs beaucoup plus tard.

Le style manuélin célèbre le triomphe des explorateurs maritimes portugais. Parmi les motifs favoris de ce style, mentionnons les cordages (incluant les colonnes torsadées), les vagues, les poissons, les coquillages — vus de l’extérieur, et non de l’intérieur comme ce sera le cas à l’époque rococo — les ancres, les instruments de navigation, etc.

La décoration manuéline est appliquée au pourtour des fenêtres et des portes, sur les colonnes et les piliers, de même que sur les arches intérieures de l’édifice. Cette exubérance contraste avec la sobriété des murs, laissés nus.

En raison de la durée de la construction, plusieurs styles se sont succédé à l’église Sainte-Marie.

Son premier architecte, Diogo Boitaca, de même que son successeur, João de Castilho (créateur de la voute et des piliers) marquèrent l’église du style manuélin. Aux bras du transept, Jérôme de Rouen imposa la sobriété relative du style baroque. À partir de 1565, le chœur initial de Diogo Boitaca est refait par Diogo de Torralva et achevé par Jerónimo de Ruão dans le style maniériste.

Le diaporama s’ouvre sur une œuvre de Felipe Lobo intitulée ‘Vue du monastère et de la plage de Belém’ (1657). On y voit des femmes puisant l’eau de la fontaine située devant le monastère.

La page-titre du diaporama (à 0:04) montre la fontaine qui l’a remplacée et qui se trouve depuis 1940 au milieu de la Praça do Império.

La sacristie (de 0:08 à 0:29)

De l’extérieur, on accède à la sacristie par une entrée située à l’est du monastère.

Conçue par João de Castilho, elle fut construite de 1517 à 1520.

Autour d’un pilier soutenant une voute gothique remarquable, la sacristie aligne les bahuts servant à entreposer la multitude des vêtements liturgiques nécessaires au culte et aux grandes occasions.

Les toiles au-dessus d’eux représentent des scènes de la vie de saint Jérôme. Dues au peintre maniériste Simão Rodrigues, elles furent réalisées entre 1600 et 1610.

L’Igreja Santa Maria de Belém (de 0:31 à 1:37)

Plan du monastère


Note : Pour consulter un guide illustré des termes techniques d’architecture religieuse, on cliquera sur ceci.

En forme de croix latine, les travées de l’église furent ajoutées vers l’ouest à l’instar du mouvement apparent du soleil (symbolisant le Christ) sur la voute céleste.

La nef se compose de trois vaisseaux; un vaisseau central flanqué de vaisseaux latéraux aussi hauts que lui (et qu’on ne peut pas appeler ‘bas-côtés’ pour cette raison). C’est le premier architecte de l’église, Diogo Boitaca, qui introduisit au Portugal le concept d’église-halle à Sebútal et, quelques années plus tard, au monastère de Belém.

Tabernacle du chœur en argent massif

Traversées par le vaisseau central, les deux dernières travées (à l’ouest) font office de vestibule contenant la chapelle dorée à Notre-Seigneur-des-marches (à 1:28), de même que les sarcophages de l’explorateur Vasco de Gama (de 1:22 à 1:26) et du poète Louís de Camões (de 1:12 à 1:18). Ces monuments funéraires furent sculptés au XIXe siècle par Antonio Augusto da Costa Mota dans le style néomanuélin.

S’étendant sur toute la largeur de l’église, la croisée du transept crée un volume impressionnant de plus de vingt-mille mètres cubes dégagé de tout pilier (à 0:38).

Tout comme sur les côtés du chœur, les bras du transept contiennent des niches où sont placées les tombes de membres de la famille royale.

Soutenus par deux éléphants de marbre et surmontés d’une couronne, on trouve le tombeau du roi cardinal Henri Ier de Portugal (au fond du bras gauche du transept) et celui (vide) de Sebastião Ier de Portugal (au fond du bras droit).

Si on exclut le passage discret de la sacristie à l’église (à 0:54), on entre dans l’église par deux portails richement décorés.

De 1:30 à 1:37, nous voyons le portail ouest, conçu par Diogo Boitaca et João de Castilho, puis exécuté par Nicolas Chantereine. À 1:32 se distinguent les statues de Manuel Ier agenouillé, derrière lequel se tient saint Jérôme et à 1:36, Marie d’Aragon, épouse du roi, agenouillée devant saint Jean Baptiste. Entre les deux, au-dessus de l’entrée, on peut voir trois niches représentant l’Annonciation, la Nativité et l’Adoration des Mages (à 1:34).

Haut de 32 mètres et large de 12 mètres, le portail sud (de 2:36 à 2:44) est de João de Castilho. Il est décoré de 40 statues représentant, entre autres, une Vierge à l’Enfant (à 2:38), les apôtres (2:40 et 2:44), alors que son tympan présente des bas-reliefs dédiés à saint Jérôme (à 2:42).

Le cloitre (de 1:39 à 2:24)

Adjacent au nord se trouve le cloitre du monastère. Carré, il s’étend sur deux étages et mesure 55 mètres de côté.

Son rez-de-chaussée a été construit par Diogo Boitaca. Celui-ci dote le cloitre de larges galeries dont les arcades s’ouvrent sur le jardin au travers de fines colonnes de pierre.

Le premier étage est de João de Castilho. Ses arcades sont moins profondes et sont décorées de remplages différents.

C’est par cet étage que les visiteurs peuvent accéder à la galerie à l’arrière de l’église — qu’on appelle jubé au Québec — (à 1:50) où les moines assistaient aux offices. C’est également par cet étage qu’on y accède à l’exposition consacrée à l’histoire du monastère (de 2:00 à 2:06).

De nos jours, la climatisation est une des principales dépenses énergétiques d’un immeuble. Le monastère de Belém est doté d’un système de climatisation parfaitement écologique.

Dès la tombée du jour, les murs épais accumulent la fraicheur de la nuit. Une fraicheur qu’ils libèrent durant le jour.

Enfants jouant par journée très chaude

Combiné à l’ombre des galeries extérieures et au fait que le cloitre est refermé sur lui-même (ce qui empêche le vent de dissiper au loin la fraicheur), cet effet est encore perceptible en fin d’après-midi.

Le Museu Nacional de Arqueologia (de 2:50 à 3:08)

À l’ouest de l’église, le long bâtiment qui complétait originellement l’ensemble a été endommagé au début du XIXe siècle par les troupes anglaises de Wellington venues s’opposer à l’envahissement du Portugal par les troupes napoléoniennes.

Cet édifice fut reconstruit en style néomanuélin au XIXe siècle. De nos jours, on y trouve deux musées.

Le premier est le Museu Nacional de Arqueologia. Sa salle principale est consacrée à la période romaine. On y présente beaucoup de statues décapitées, des stèles funéraires érodées et quelques mosaïques remarquables.

Vers le fond, on rencontre successivement le trésor (exposant essentiellement des bijoux archéologiques en bronze et en or), la salle des antiquités égyptiennes (salle très intéressante où sont en vedette deux sarcophages de bois peint et une momie enveloppée de bandelettes de lin), et finalement une exposition temporaire d’un intérêt limité (de 3:10 à 3:26).

Le Museu de Marinha (de 3:28 à 4:40)

Comme on pourrait s’y attendre d’un pays dont l’histoire est marqué par de grandes découvertes maritimes, le musée de la Marine est un musée attrayant dont on a soigné tous les aspects.

N’y cherchez pas des navires richement décorés qui seraient les équivalents maritimes des carrosses extravagants du Museu Nacional dos Coches; on y présente plutôt de belles maquettes (de différentes tailles) de tous les bateaux dont se sont servis les navigateurs portugais, leurs instruments de navigation, les uniformes des marins et de leurs officiers.

Bref, c’est un autre site touristique de qualité, à caractère encyclopédique, dont je recommande la visite.


Détails techniques : Le diaporama présente 137 photos réalisées à l’aide d’un appareil Olympus OM-D e-m5.

En ordre décroissant, les objectifs utilisés furent le M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (59 photos), le PanLeica 25 mm F/1,4 (44 photos), le M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (30 photos), le M.Zuiko 8 mm F/1,8 et le M.Zuiko 75 mm F/1,8 (2 photos chacun).

 

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Écrit par Jean-Pierre Martel