Poupées aux couleurs de minorités chinoises
Dans presque tous les pays de monde, l’autorité de l’État se reflète dans le privé. Dans les pays autoritaires, on acceptera plus facilement que les parents le soient également. Plus les pouvoirs de l’État sont étendus, plus les parents régissent la vie de leur progéniture.
Et cela n’est pas nouveau. La représentation de l’autorité du père dans les pièces de Molière est le miroir des pouvoirs de Louis-XIV.
Par opposition, dans les démocraties libérales, l’autorité parentale (et le droit de correction qui en découle) est sévèrement limité; on ne peut pas battre un enfant, pas plus que l’État ne peut torturer ses prisonniers.
Mais qu’arrive-t-il dans les pays où l’État épie ses propres citoyens ? Eh bien ceux-ci font pareil.
Non seulement la délation était-elle encouragée et financée sous le Bloc soviétique mais de nos jours, la surveillance du citoyen prend un caractère épidémique en Chine.
Depuis quelques années, le prix des appareils électroniques de surveillance — tous fabriqués dans ce pays — a diminué de manière telle qu’ils sont devenus abordable pour des dizaines de millions de Chinois.
Mais contrairement à nos pays où l’utilisation privée des mouchards visent habituellement à documenter les aventures extra-maritales d’un conjoint, en Chine ce sont des outils d’avancement professionnel.
Dans ce pays, la corruption est tellement généralisée que de nombreux fonctionnaires ou cadres d’entreprise présument qu’elle atteint probablement leur supérieur hiérarchique ou leurs collègues de travail.
Alors on se mettra à épier les autres, à la recherche de l’information compromettante qui facilitera son avancement, tout en espérant ne pas être soi-même sous écoute électronique. C’est à celui qui en aura l’idée le premier.
Les fonctionnaires s’épieront afin d’être promus de préférence au collègue compromis. Ou ils feront tomber en embuscade le supérieur immédiat afin de lui succéder.
Alors que s’échangeront les millions cadeaux à l’occasion la nouvelle Année du serpent 2013, sous ce bel enrobage rouge et doré qui habille magnifiquement cette petite poupée d’aspect anodin, se cache peut-être un microphone ou une caméra qui provoquera la perte de son récipiendaire…
Référence : Des mouchards plein les murs
Détails techniques de la photo : Panasonic GH1, objectif Lumix 14-45mm — 1/30 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 14 mm