La dernière salle de l’exposition montréalaise du British Museum a pour thème le déclin de la civilisation égyptienne.
En l’an 332 avant notre ère, Alexandre le Grand fait du royaume pharaonique une colonie grecque. Trois siècles plus tard, l’Égypte devient une colonie romaine.
Momie de la sixième salle
Dépourvue de décoration, cette momie date de l’époque romaine.
C’est celle d’un adolescent mesurant 149 cm décédé entre l’âge de 17 et 20 ans. La seule anomalie découverte est une carie dentaire.
Ce jeune homme pourrait avoir été emporté par une infection (ce qui est invisible à la tomodensitométrie).
Près du bord droit de la première photo, on voit le couvercle d’un cercueil en bois foncé qui était peut-être destiné à être placé debout.
Datant également de l’époque romaine, le cercueil représente un homme aux cheveux courts, vêtu à la mode grecque.
La base de cette sculpture porte des symboles qui imitent des hiéroglyphes sans en être vraiment. Comme si des artisans avaient voulu ajouter une décoration pour ‘faire’ égyptien sans trop savoir ce que ces signes voulaient dire.
Masques en cartonnage
Depuis la conquête, on prend l’habitude de simplement déposer sur la momie un masque ou un cartonnage couvrant le haut du corps plutôt que d’envelopper toute la momie de cartonnage.
Masque en cartonnage doré (entre 100 avant notre ère et 100 depuis)
Le masque représentait une image idéalisée du défunt. Même si ce masque est de style ancien, on n’y voit aucun hiéroglyphe. La perruque est représentée par un simple aplat de couleur et le maquillage des yeux et des sourcils est plus léger qu’à l’époque pharaonique.
Masque en plâtre d’une femme (vers 90 avant notre ère)
À l’époque romaine, les masques en plâtre se substituent souvent aux masques en cartonnage.
La chevelure bouclée tombant aux épaules, le bord des yeux souligné de khôl sans que le maquillage s’étende jusqu’aux tempes (à la mode égyptienne), le rouge aux lèvres et la pâleur ostentatoire de la peau font que cet objet ressemble plus à un masque de théâtre grec ou romain qu’au masque représentant une personne originaire du nord de l’Afrique.
Masque en cartonnage d’une femme (vers l’an 50 à 70)
Ce masque a été créé pour la momie d’une Égyptienne de vingt ans prénommée Aphrodite en l’honneur de la déesse grecque homonyme.
Sa coiffure, ses vêtements et ses bijoux dénotent l’influence des puissances occupantes du pays.
Portraits sur plaque de bois (époque romaine)
Destinées à être déposés sur le visage de momies, ces portraits sont saisissants de réalisme.
Ils témoignent de la perte d’identité de la société égyptienne. Sous l’influence des nouveaux dirigeants du pays, on adopte de plus en plus les modes et la façon de penser des conquérants.
La civilisation égyptienne a prospéré pendant trois millénaires. Mais elle n’a pas survécu à trois siècles de domination gréco-romaine. Son sort est celui de presque tous les peuples conquis.
Du point de vue culturel, cette civilisation est morte lors de la conversion du dernier temple égyptien — le temple d’Isis à Philæ — en église chrétienne en 535 (et sa fermeture en 551).
Rappelons qu’une copie du portail de ce temple décore la première salle de cette exposition. Comme quoi tout se tient dans cette exposition.
Conclusion
L’exposition égyptienne que présente le British Museum à Montréal est particulièrement réussie.
Chaque salle porte sur un thème qui n’est pas précisé mais qui devient évident dès qu’on s’y attarde.
Des murs sombres et une scénographie discrète laissent toute la place aux objets en vedette.
Présentées à la hauteur de vue des enfants, les momies leur donnent l’impression de presque pouvoir toucher ces objets précieux.
L’éclairage incident qui lèche la surface des stèles rehausse leurs gravures.
De minuscules détails sculptés dans la pierre qui, normalement, passeraient inaperçus, prennent tout leur sens grâce à ces mêmes objets, en vrai, placés à proximité.
Bref, je vous invite chaleureusement à visiter cette exposition s’il vous est possible d’y assister. Elle se termine le 29 mars 2020.
Détails techniques des photos : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs PanLeica 8-18 mm (1re et 3e photos) et M.Zuiko 25 mm F/1,2 (les autres photos)
1re photo : 1/50 sec. — F/3,6 — ISO 6400 — 15 mm
2e photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 800 — 25 mm
3e photo : 1/80 sec. — F/3,4 — ISO 2500 — 12 mm
4e photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 320 — 25 mm
5e photo : 1/200 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
6e photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 250 — 25 mm
7e photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 400 — 25 mm
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