Madame Mary Simon est la première Autochtone à occuper le poste de gouverneur général du Canada. Sa nomination a suscité la controverse parce qu’elle ne parle pas le français.
Entre nous, si elle ne parlait ni le français ni l’anglais, si elle était même sourde et muette, est-ce que cela changerait quelque chose ? Du moment qu’elle peut voir le doigt qui pointe vers l’endroit où elle doit apposer la signature royale, c’est bien suffisant.
Le ‘scandale’ de sa méconnaissance du français, même trois ans après sa nomination, est essentiellement une indignation limitée à ceux qui n’ont pas encore compris ce qu’est le gouvernement canadien.
Pour ces derniers, ce qui leur vient à l’esprit lorsqu’on parle du fédéral, ce sont les traits de Justin Trudeau, de Mélanie Joly, de Pablo Rodriquez, de François-Philippe Champagne, entre autres.
Tous des Québécois à la mine sympathique.
En réalité, ces gens ne sont que l’interface ministérielle de l’État canadien. Derrière cette façade se cache une fonction publique qui, dans la capitale du pays, travaille en anglais.
Elle travaille en anglais parce qu’à Ottawa, elle est majoritairement composée d’Anglophones unilingues. Secondairement, on y trouve des Francophones bilingues et finalement des Anglophones bilingues. Tous ces fonctionnaires ont une chose en commun; la connaissance de l’anglais, leur langue de travail.
À la commission Rouleau (au sujet du ‘Convoi de la liberté’), tous les fonctionnaires francophones, sans exception, ont préféré témoigner en anglais, la langue qu’ils connaissent le mieux pour parler de leur travail.
Précisons que dans les portes satellites du fédéral au Québec, la majorité des employés sont des Francophones bilingues et secondairement des Anglophones (bilingues ou unilingues). Tous ces gens ont une chose en commun; la connaissance de l’anglais anglais puisque leurs rapports, destinés aux décideurs à Ottawa, doivent être rédigés dans cette langue.
Avant 1969, presque tous les jugements de la Cour suprême du Canada étaient publiés exclusivement en anglais. C’est l’élection d’un gouvernement indépendantiste à Québec en 1976 qui a sonné le réveil du plus haut tribunal du pays à l’importance du bilinguisme.
Depuis 1867, 17 des 30 gouverneurs généraux provenaient de la noblesse anglaise. Et à ce jour, tous les représentants de la monarchie britannique au pays (dont Mme Simon) ont une chose en commun : la connaissance de l’anglais.
L’adoption d’une nouvelle constitution canadienne en 1982 était une belle occasion d’abolir ce poste inutile. Mais puisqu’il a été reconduit, laissons donc cette pauvre Mary Simon terminer son mandat en paix.
À l’heure où un déluge migratoire voulu par Ottawa risque d’entrainer le déclin irréversible du français au Québec — et conséquemment, l’extinction du peuple francoQuébécois — il y a des combats plus importants que celui-là.
Références :
Anciens gouverneurs généraux
Aperçu du fonctionnement interne de l’État canadien
Français: la Cour suprême devrait être exemplaire
Incapable de parler français après trois ans comme gouverneure générale: les libéraux défendent leur nomination de Mary Simon
Incapacité à parler le français: le Bloc va demander à la gouverneure générale de témoigner en comité
La façade ministérielle de l’État canadien
Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.