Entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, lequel est pire ?

Publié le 3 avril 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Avant-hier, un de mes amis m’a écrit pour me demander de commenter un certain nombre d’affirmations au sujet du Rassemblement national.

Ces affirmations sont présentées ici sous forme de questions et de réponses.

Macron est-il de droite ?

Oui.

Marine Le Pen, est-elle à droite de Macron ?

Il est périlleux de comparer un chef d’État en exercice avec une personne qui n’a pas dû faire face aux vicissitudes du pouvoir. Je suis enclin à penser que Macron est pire.

Mon critère est la violence étatique

Les accords de Minsk, visant à faire cesser la guerre civile dans l’Est de l’Ukraine, ont été signés sous François Hollande en 2014. La France et l’Allemagne étaient garants de son application. Mais Hollande et Macron n’ont rien fait pour les faire respecter.

Kyiv payait alors des milices néonazies pour faire tuer ses propres citoyens dans l’Est du pays. Résultat ? Environ seize-mille morts, principalement des Ukrainiens russophones. Et donc, avec la complicité passive de la France.

Si Macron avait fait respecter ces accords, la guerre russo-ukrainienne n’aurait pas été déclenchée. Il est donc partiellement responsable du million (?) de morts qu’a fait ce conflit jusqu’ici. Sans parler des veuves, des orphelins et de le prédation américaine du pays sur ses terres arables et ses richesses minérales.

Par contre, Le Pen veut la fin de cette guerre, perdue d’avance. Le Pen au pouvoir, ce sont ces vies sauvées, autant du côté russe qu’ukrainien.

D’autre part, depuis des mois, Macron aide l’ex-présidente de la Géorgie (Salomé Zourabichvili) à opérer son coup d’État destiné à ouvrir un deuxième front contre la Russie. D’autres morts en perspective s’il réussit.

Pour terminer, on oublie généralement que la répression des Gilets jaunes par Macron a été d’une extrême violence.

Comme lors de la répression des Carrés rouges au Québec, les forces de l’ordre françaises ont utilisé des armes à mortalité réduite. Avec le même résultat; des dents cassées, des mâchoires fracturées, des commotions cérébrales, et la perte de l’usage d’un œil par un protestataire (comme au Québec).

Cette violence a été occultée par l’AFP et les principaux quotidiens français (propriétés des oligarques qui ont placé Macron au pouvoir).

Y a-t-il une gradation dans l’extrême droite ?

Quand on qualifie n’importe quoi d’extrême droite (comme le fait l’AFP), on voit évidemment des différences.

En réalité, les extrêmes droites (les vrais) se différencient beaucoup plus par les moyens utilisés que par l’idéologie.

Le régime hitlérien a fait le maximum de morts qu’il pouvait. Au Proche-Orient, l’État dominant n’a pas la même machine génocidaire. Autrement, il n’y en aurait plus un seul Palestinien de vivant.

Marine Le Pen et Donald Trump, du pareil au même ?

Probablement. Mais en plus cohérent du côté français.

Le Rassemblement national, est-ce la droite, l’extrême droite ou l’extrême droite au carré ?

La droite, c’est l’intolérance. L’extrême droite, c’est la haine, et plus précisément une haine qui n’hésite pas à tuer.

Le Rassemblement national est né d’un parti d’extrême droite. Mais il s’est assagi au fil des années. L’expulsion du père (pourtant fondateur du parti) est l’illustration de cet adoucissement.

Il est toujours possible que le naturel revienne au galop. Mais c’est improbable; le RN est déjà au pouvoir dans bien des villes, des villages et des communes de France. Et ceux-ci n’ont pas été mis à feu et à sang comme le prédisaient les cassandres de nos grands médias et comme l’auraient fait sans hésitation les chemises brunes nazies.

Tout au plus, a-t-on exploité le sentiment antimusulman en retardant l’émission des permis pour l’ouverture de mosquées et en accusant de troubler l’ordre public, les Musulmanes qui allaient à la place en portant un burkini (un maillot de bain qui couvre tout le corps sauf le visage).

À partir du moment où on traite les immigrants comme de la […], on commence à parler d’extrême droite solide… Pas besoin de tuer pour être extrémiste; déporter, intimider, rabaisser, humilier peuvent être suffisants.

Pas d’accord; tuer et renvoyer quelqu’un dans son pays d’origine ne sont pas pareils. Tous les pays du monde expulsent des gens (au Canada, surtout lorsqu’ils sont francophones).

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les tribunaux, remparts de la Démocratie 
par Jacques Légaré, ph.d. en philosophie politique

Publié le 1 avril 2025 | Temps de lecture : 3 minutes


Préambule : Voici un texte que Jacques Légaré a écrit en réponse au texte ‘L’inéligibilité de Marine Le Pen’. En raison de sa qualité, j’ai choisi d’en faire un billet ‘officiel’ du blogue.

À l’avenir, je n’écarte pas la possibilité de faire de même pour d’autres commentaires de lecteurs.

 
La position de Monsieur Martel, pourtant bien argumentée en droit comparatif, aboutit au pire : l’électorat devient juge.

Or la démocratie grecque, il y a 2500 ans, donnait à l’Ecclésia qui est l’assemblée du peuple en démocratie directe, un pouvoir judiciaire.

Elle fit exécuter sur le champ les généraux, pourtant au retour d’une grande victoire, qui s’étaient présentés devant elle pour recevoir tous les honneurs de la victoire. Accusés de n’avoir pas secouru leurs propres marins naufragés, ils furent exécutés sur le champ.

Très mauvais quand une institution cumule des pouvoirs qui nécessitent leur stricte séparation pour agir en toute cohérence, à défaut de sérénité. Les juges au tribunal sont plus sereins que les élus en assemblée.

Les juges ne sont pas mus par l’intérêt, la passion partisane ou le carriérisme. Uniquement par la vertu de justice et celle qu’ils réussissent à trouver dans les lois qui les encadrent et qu’ils appliquent.

Enfin, l’électeur veut voir sur son bulletin de vote que des gens intègres. Pas de criminels condamnés qui viennent par la bande lui commander une immunité par le suffrage universel.

La célébrité ou la notoriété ne sont pas des chèques en blanc pour l’impunité

Trump a réussi ce coup fumeux et vicieux, très vicieux. Les Canadiens, et même les Américains, ont déjà commencé à en manger les fruits pourris.

Que des mains propres comme candidats. Dehors les arrivistes, les populistes, les fascisants, les fourbes et les ratoureux qui détournent les fonds publics ou mentent comme ils respirent.

Seuls Poutine, Orban et Musk les appuient publiquement, de même que leurs partisans, indignes parce qu’ils sont justement des crapules (dans les faits avérés ou dans l’âme).

Pas beau notre avenir qui s’en vient.

Terminons donc ce texte par les alexandrins suivants :

La Justice est vertu avant d’être appareil.
Qui l’oublie, bien ou mal est devenu pareil.
On ne peut se laver par la célébrité,
Sinon un grand mafieux deviendra député.
En éducation même on aura pédophile
Un élu bien servi en enfants à la file.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’inéligibilité de Marine Le Pen

Publié le 31 mars 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

C’est plus tôt aujourd’hui que Marine Le Pen (la cheffe du Rassemblement national) et huit de ses eurodéputés ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics.

Madame Le Pen a été condamnée à une peine d’inéligibilité de cinq ans et à une peine d’emprisonnement de quatre ans, dont deux sous bracelet électronique.

La législation québécoise au sujet du financement politique relève du Code civil (québécois) et non du droit criminel (canadien). Or le droit civiliste considère la fraude politique comme un délit et non comme un crime.

Ce qui évite que les tribunaux québécois soient instrumentalisés à des fins politiques, comme ils le sont dans d’autres pays (en Roumanie, par exemple).

Promulguée le 9 décembre 2016, la loi française surnommée Sapin-II stipule à son article 19 que les magistrats ont l’obligation de retirer l’éligibilité des politiciens condamnés pour fraude politique. Le législateur français commettait ainsi une grave erreur en faisant du pouvoir discrétionnaire des procureurs un outil de répression politique.

Après avoir accepté ce cadeau empoisonné, les tribunaux se retrouvent aujourd’hui dans la nécessité d’invoquer le respect de l’État de droit pour faire avaler au peuple français l’érosion de son pouvoir souverain.

Imaginez qu’à la suite du rapport Gomery (au sujet du scandale des commandites), le système judiciaire canadien ait profité de l’élection du gouvernement conservateur de Steven Harper pour faire emprisonner une bonne partie du cabinet libéral de Paul Martin, le Canada aurait passé pour une république de bananes.

Ceci étant dit, personne ne réclame ici l’impunité de Marie Le Pen. Elle a fraudé : eh bien, qu’elle paie.

Toutefois, si les tribunaux français avaient condamné le Rassemblement national à rembourser les 2,9 millions d’euros de la fraude, majorés d’une pénalité importante, ce parti serait en faillite. Et ses dirigeants auraient à rebâtir à neuf une nouvelle formation politique, une corvée dont ils se souviendraient longtemps.

Ce faisant, les tribunaux n’auraient pas privé le peuple français de son droit de choisir ses dirigeants, aussi imparfaits soient-ils.

En confiant aux tribunaux le pouvoir d’empêcher le peuple français de s’exprimer par voie démocratique, ils ne lui laissent que le choix d’imposer sa volonté par des voies qui ne le sont pas, et notamment par la violence (aidé discrètement par l’ami américain).

Références :
Article 19 de la loi Sapin-II
Inéligibilité : que prévoient les lois de 2016 et 2017 ?
La volonté populaire en Europe soumise à la dictature des juges : le cas de la Roumanie
Marine Le Pen inéligible cinq ans et condamnée à quatre ans de prison

Paru depuis : Condamnation de Marine Le Pen : Jean-Luc Mélenchon rejoint les critiques de la droite et de l’extrême droite sur la justice (2025-03-31)

Complément de lecture : Kadhafi a-t-il « investi » dans Sarkozy ? (2025-04-06)

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Écrit par Jean-Pierre Martel