Le Livre des merveilles

Publié le 31 août 2014 | Temps de lecture : 4 minutes
Cliquer sur la photo pour l’agrandir

En 1296, les villes de Venise et de Gênes sont en guerre. Au large de la Tunisie, un marchand vénitien est capturé. Il s’appelle Marco Polo.

Dans sa prison de Gênes, il dicte à un compagnon de détention — le romancier Rustichello de Pise — un étonnant récit d’aventures.

Intitulé « Devisement du monde » (où Devisement signifie Description), le manuscrit paraît deux ans plus tard en français, ou plus exactement dans une sorte de patois, très influencé par le français, utilisé par les commerçants méditerranéens. Pour se comprendre entre eux, ceux-ci utilisaient leur langue maternelle (dans ce cas-ci, le dialecte de Pise), truffée de mots français et empruntant une syntaxe à la française.

La mise en français correct est faite à Venise en 1307. Mais entretemps, le manuscrit a connu une popularité instantanée et a été copié dans tous les dialectes italiens. De nos jours, il reste encore environ 120 exemplaires de l’époque.

d8297686z2
 
Connu de nos jours sous le titre « Le livre des merveilles », il est un des premiers ouvrages importants en prose européenne, et le plus ancien qui fasse encore partie de la culture populaire.

Que dit ce livre ? Il se compose d’un prologue et de trois parties.

Détail de la page

Le prologue raconte le premier voyage que le père et l’oncle de Marco Polo firent sans lui en Asie de 1255 à 1269, avant de présenter le voyage qu’ils firent ensemble de 1271 à 1295.

La première partie décrit successivement les villes et provinces d’Orient traversées au cours de l’aller vers la Chine. Elle se termine par une description des us et coutumes des Tartares (c’est-à-dire des Chinois).

C’est dans cette partie qu’il est fait mention d’un minerai « dont on fait des étoffes lesquelles étant jetées dans le feu ne sauraient être brulées ». Évidemment ce minerai, qu’il appelle samamandre, est de l’amiante.

La seconde partie décrit le fonctionnement du gouvernement de l’empereur chinois Kubilai Khan, fondateur de la Dynastie des Yuan. À titre d’exemple, Marco Polo décrit comment la Chine a recours à la monnaie de papier, ce qui est plus commode que de transporter des pièces métalliques.

Il écrit qu’en Chine (appelée Cathay), on se chauffe avec des pierres qui brulent comme du bois mais dont la combustion dure beaucoup plus longtemps. De nos jours, ces pierres noires sont appelées… charbon.

La troisième partie décrit le Sud-Est asiatique, visité au cours du voyage de retour de l’explorateur. Il y décrit notamment le cannibalisme au Japon et des rhinocéros au Sumatra.

Au-delà du pittoresque et du merveilleux que raconte Marco Polo, son récit contient des informations tellement précises — et vérifiées depuis — qu’on a la certitude qu’il a fait ce voyage en Chine et qu’il a effectivement séjourné longuement dans ce pays. Marco Polo décrit le monde qu’il a vu, mais également connu par ouï-dire.

L’influence de Marco Polo est considérable. Pensez simplement que, des siècles plus tard, Christophe Colomb apporte une copie du livre de Marco Polo lorsqu’il part pour la Chine — qu’il compte atteindre par l’Ouest — alors qu’il sera stoppé dans son élan par un nouveau continent à découvrir que nous appelons Amérique.

Rappelons que l’exposition « Marco Polo : Le fabuleux voyage », élaborée à partir de ce livre, est présentement à l’affiche au Musée de Pointe-à-Callière de Montréal jusqu’au 26 octobre 2014.

Références :
Devisement du monde
Marco Polo
Marco Polo – Le fabuleux voyage

Détails techniques des trois photos : Appareil Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 320 — 27 mm

2 commentaires

| Culture, Exposition | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel