Couillard à Lac-Mégantic : acheter des votes avec l’argent des contribuables

Publié le 8 mai 2018 | Temps de lecture : 3 minutes

C’est vendredi prochain que le premier ministre Justin Trudeau annoncera un investissement de 133 millions$ destiné à construire une voie ferroviaire de contournement à Lac-Mégantic.

Il s’agit d’un projet conjoint du gouvernement fédéral et du gouvernement du Québec : Ottawa paiera 80 millions$ tandis que Québec paiera les 53 millions$ restants.

Au moment où ces lignes sont écrites, il n’est pas clair s’il s’agit d’un don public au transporteur ferroviaire qui a pris la relève de la défunte MMA ou si la voie de contournement sera de propriété étatique.

Dans ce dernier cas, s’agit-il d’une propriété conjointe des deux gouvernements ? Et si c’est le cas, le transporteur ferroviaire aura-t-il à payer des droits de passage pour l’emprunter ?

La dérèglementation du transport ferroviaire — amorcée par les gouvernements libéraux fédéraux et poussée jusqu’à l’absurde par les conservateurs — consistait, entre autres, à remettre la sécurité des Canadiens entre les mains d’aventuriers. Avec le résultat qu’on sait.

Bref, après la MMA, le fédéral est, au second degré, le responsable de la catastrophe humaine et environnementale de Lac-Mégantic.

Dans tous les déraillements antérieurs à celui de Lac-Mégantic, le fédéral payait la totalité des frais lorsque le transporteur ferroviaire était inapte à le faire.

Mais à Lac-Mégantic, le fédéral a décidé de refiler 50 % de la facture à Québec (qui, pourtant, n’y était pour rien). Nos règles ont changé, disait Stephen Harper.

Les Québécois ont donc payé le 50 % refilé au provincial, en plus du 12 % de leur part du fédéral, soit 62 % de la facture.

Maintenant, pour la voie de contournement, Québec investira 53 millions$ dans un domaine de compétence exclusive du fédéral.

Indépendamment de l’opportunité de cette voie de contournement, il est clair que ce n’est pas à Québec de payer pour réparer les pots cassés du fédéral.

Durant les trois premières années au pouvoir, Philippe Couillard a saigné à blanc partout dans les champs de compétence du Québec. Et en cette année du père Noël, le voilà qui ne sait plus où il pourrait semer au vent nos dollars.

Sa générosité comble jusqu’au gouvernement fédéral. Qui en a tellement besoin.

Ces 53 millions$ que le fédéral épargne grâce à la bonté servile du gouvernement Couillard, il pourra les investir au développement économique du reste du pays.

Et inversement, c’est autant d’argent que le gouvernement du Québec n’aura pas pour s’acquitter de ses responsabilités.

C’est ce qui arrive lorsqu’on n’a pas de stratégie industrielle; on ne sait pas où dépenser.

Référence :
La voie de contournement de Lac-Mégantic sera annoncée vendredi

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Écrit par Jean-Pierre Martel


MMA : Maudite justice de merde !

Publié le 3 avril 2018 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

On apprend aujourd’hui la décision des autorités d’abandonner toutes les poursuites criminelles contre la compagnie ferroviaire Montréal Maine & Atlantic Railway (MMA).

Rappelons que la MMA était propriétaire de ce train fou qui, dévalant à toute vitesse une pente en pleine nuit du 5 au 6 juillet 2013, a déraillé à Lac-Mégantic y tuant 47 personnes brulées vives en plus de causer la pire catastrophe environnementale de l’histoire canadienne.

Une compagnie ‘broche à foin’

La MMA était propriétaire d’un petit réseau ferroviaire en ruine qui jouissait de la bienveillance aveugle du gouvernement fédéral pour poursuivre ses opérations.

Depuis sa création en 2002 jusqu’en 2013, les autorités américaines lui avaient imposé vingt-huit amendes totalisant près de 146 950$.

Mais aucune pénalité n’avait été imposée par les autorités canadiennes. Pour une simple et bonne raison; le gouvernement Harper s’en remettait à l’autodiscipline des transporteurs ferroviaires; Transport Canada estimait qu’un transporteur respectait les exigences d’un système de gestion de la sécurité dès qu’il s’était doté un tel système.

En raison de ce laxisme, le Canada avait permis à la MMA d’opérer ses trains avec un seul employé à bord. Jamais les États-Unis ne lui ont accordé cette permission, jugeant ce récidiviste indigne de confiance.

La compagnie refusait même de profiter des subventions fédérales pour améliorer ses installations parce que cela l’aurait obligé à en payer une partie.

Par endroits, les clous destinés à immobiliser le rail sur ses traverses de bois pouvaient être soulevés par deux doigts. Occasionnellement, la chambre de combustion de ses locomotives, rafistolée sommairement, pouvait prendre en feu spontanément. Et ses freins rouillés n’étaient plus fiables.

En vertu du manuel des procédures de la MMA, sur le train qui a déraillé à Lac-Mégantic — long de 1,4 kilomètre — le conducteur aurait dû appliquer neuf freins manuels. En réalité, en raison de leur corrosion, il aurait fallu en appliquer entre vingt et trente.

Le déraillement à Lac-Mégantic fut le deuxième d’une série de trois en quelques mois. Le premier à Frontenac, deux mois plus tôt. Et le dernier, à Nantes, au mois de décembre suivant.

Les prétextes de la DPCP

À la suite de la catastrophe de Lac-Mégantic, des poursuites civiles et criminelles ont été intentées.

La DPCP, responsable d’intenter des poursuites criminelles au Québec, a d’abord choisi de poursuivre trois employés de la MMA.

Dans le cas particulier du conducteur, celui-ci conduisait les locomotives de la compagnie au risque de sa vie. Seul à bord du train du matin jusqu’à très tard le soir, il effectuait un trajet parsemé d’innombrables occasions de déraillements en raison de l’état déplorable de la voie ferrée.

De toute évidence, au procès des employés, les jurés étaient invités à condamner des boucs émissaires. Ce qu’ils ont sagement refusé de faire.

Après avoir tenté de livrer de simples subalternes en pâture à l’opinion publique, la DPCP invoque aujourd’hui leur acquittement pour justifier l’abandon de poursuites contre la MMA.

Une procureure de la DPCP explique : « Il faut comprendre [que] les dispositions du Code criminel — en ce qui concerne la responsabilité criminelle des compagnies en matière de négligence — doit passer par le comportement des agents de la compagnie.»

En d’autres mots, vous avez refusé de condamner nos boucs émissaires, alors c’est de votre faute si on ne poursuit pas la compagnie.

Mais qui a eu l’idée de ne pas poursuivre les hauts dirigeants de la MMA ? Plus précisément, comment se fait-il que le président de la compagnie n’a jamais été accusé criminellement ?

Si les employés subalternes de la MMA avaient été condamnés, certains pourraient dire que ce jugement prouve que les coupables de la tragédie, ce sont eux. Nul besoin de chercher ailleurs. De plus, poursuit-on des patrons quand le seul reproche qu’on peut leur adresser, c’est d’avoir négligé de congédier des employés irresponsables pendant qu’il en était temps.

Si la DPCP avait gagné ce procès, voilà probablement les prétextes insignifiants qu’elle nous servirait aujourd’hui, à en juger par les prétextes tout aussi insignifiants qu’elle nous sert après l’avoir perdu.

En vérité, le procès contre les employés subalternes n’aurait jamais dû avoir lieu : personne n’est dupe de la tentative de diversion de la DPCP.

En refusant de condamner les employés subalternes, les jurés ne laissaient à la DPCP qu’une seule voie pour trouver des coupables; poursuivre les hauts dirigeants de la compagnie.

Mais la DPCP a été trop lâche pour agir contre eux. Si bien que finalement, personne n’est criminellement responsable de ces 47 homicides.

Conclusion

Au XIXe siècle, quand les patrons d’une mine obligeaient leurs employés à travailler dans des conditions extrêmement dangereuses, jamais ces patrons n’étaient inquiétés par la Justice à la suite d’un coup de grisou. Au Noël suivant, ces dirigeants se contentaient d’envoyer une dinde aux veuves.

De nos jours, le MMA ne s’est même pas donné la peine d’envoyer une dinde. La police d’assurance de la compagnie a servi à dédommager les pétrolières américaines qui lui avaient confié le transport de leurs hydrocarbures. Pas un sou de cette somme n’est allé aux victimes.

Et maintenant, ce système judiciaire — responsable du maintien d’un ordre social qui profite surtout aux entreprises et à leurs riches dirigeants — affiche sa partialité lorsque vient le temps pour lui de s’attaquer aux excès contemporains du capitalisme sauvage.

Comment se fait-il que si on vole un pain à l’épicerie, on risque une accusation criminelle mais que si une compagnie étrangère tue 47 des nôtres, personne ne soit condamné ?

C’est quoi ce système judiciaire de merde ?

Il y a seulement dans un pays colonisé qu’une compagnie étrangère peut venir faire autant de morts et s’en tirer aussi facilement.

En somme, le message envoyé par le gouvernement québécois au grand capital international est le suivant. N’hésitez pas à opérer des entreprises qui mettent en péril la vie des gens d’ici. Si jamais vous tuez des nôtres, il ne vous arrivera rien. Les responsables que nous avons nommés pour administrer la justice dans cette province sont des pissous qui n’oseront pas toucher à un poil de votre tête.

Références :
Conduire un train de la MMA : bienvenue en enfer
La lourde responsabilité du gouvernement Harper dans la catastrophe de Lac-Mégantic
Rapport du BST
Tragédie de Lac-Mégantic : la MMA évite le procès criminel

Parus depuis :
« Garde la tête haute, Tom! » ou l’amitié en temps de tragédie (2018-06-29)
Comment on étouffe légalement une affaire (2023-02-04)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Lac-Mégantic : dans l’attente de la sanction des vrais responsables

Publié le 23 janvier 2018 | Temps de lecture : 5 minutes


 
À l’issue de leur procès, trois employés de MMA ont été reconnus non coupables des accusations qui pesaient contre eux. Rappelons que la MMA est cette compagnie ferroviaire responsable de la catastrophe de Lac-Mégantic qui a couté la vie à 47 personnes.

On se demande pourquoi un tel procès a eu lieu.

Il portait sur des accusations de négligence criminelle. Or pour prouver cela, il faut que les gestes des accusés démontrent une insouciante déréglée ou téméraire (en d’autres mots, excessive ou dangereuse) face à la vie ou la sécurité d’autres personnes. En somme, il faut prouver qu’ils l’ont fait exprès.

Dans le cas du conducteur du train, l’enquête a prouvé qu’il n’avait appliqué que sept freins au lieu de neuf stipulés par les procédures de la MMA pour un convoi de 70 à 79 wagons-citernes et locomotive.

Toutefois, même si le conducteur avait respecté scrupuleusement les directives de la compagnie, les tests réalisés par le Bureau de la sécurité des transports ont révélé qu’il aurait fallu en serrer plus d’une vingtaine pour retenir le train en place.

En effet, afin de minimiser ses frais d’exploitation, la MMA négligeait de remplacer les freins atteints de corrosion (ce qui était le cas de la majorité d’entre eux).

Parce que la compagnie économisait même sur le lubrifiant, la minorité de freins manuels qui fonctionnent correctement n’étaient pas suffisamment lubrifiés. Conséquemment, il était extrêmement difficile de les appliquer.

Les autorités américaines ont imposé 146 950$ d’amendes à la MMA depuis sa création en 2002. Jugée non fiable en raison de ses nombreux manquements à la sécurité, la MMA n’a jamais été autorisée aux États-Unis à faire circuler ses trains avec un seul employé à bord.

Au Canada, aucune amende n’a été payée par la MMA puisque la politique de dérèglementation du transport ferroviaire du gouvernement fédéral reposait (aveuglément) sur l’autodiscipline des transporteurs. Les trains de la MMA pouvaient donc circuler avec un seul employé à bord.

Après une journée d’enfer à rouler sur un réseau ferroviaire en ruine, le conducteur s’est arrêté finalement vers 23h à Nantes où il a dû appeler les pompiers parce que sa locomotive avait pris en feu. Cet incendie spontané résultait d’un défaut d’alimentation en carburant, défaut rafistolé maladroitement par la compagnie.

Laissé seul cette nuit-là comme le prévoyaient les procédures de la compagnie, le train s’est mis en marche et a ensuite dévalé à toute vitesse la pente jusqu’à Lac-Mégantic où il a déraillé dans une courbe au centre-ville.

La question fondamentale à laquelle le jury devait répondre est la suivante : le conducteur n’a appliqué que sept freins, mais le savait-il vraiment ? Épuisé, avec personne pour l’aider, a-t-il réalisé qu’il appliquait un nombre insuffisant de freins ?

Après neuf jours de délibération, le jury en est arrivé à la conclusion que les trois employés de la MMA ne pouvaient pas être tenus criminellement responsables de la catastrophe. Ni le conducteur et encore moins les autres.

En réalité, appliquer sept ou neuf freins, cela n’aurait rien changé à l’issue dramatique. D’où la futilité de ce procès. Espérons que ce jugement ne sera pas porté en appel.

Puisque qu’aucune poursuite criminelle n’est intentée contre le ministère fédéral des Transports — secondairement responsable de cette catastrophe en raison son laxisme — il ne reste plus qu’à attendre les poursuites contre les dirigeants de la MMA pour que justice soit faite.

Références :
Lac-Mégantic : camouflage de la vérité derrière l’échec de la réglementation
Lac-Mégantic: le jury blanchit les trois accusés
Procès Lac-Mégantic : les trois accusés blanchis par le jury
Tragédie de Lac-Mégantic: les mauvais coupables
Tragédie à Lac-Mégantic – Quand cesseront-ils de se renvoyer la balle ?

Sur le même sujet, sur ce blogue :
La sécurité du transport ferroviaire (2013-07-09)
La responsabilité du gouvernement Harper dans la cinquantaine de décès au Lac-Mégantic (2013-07-11)
Lac-Mégantic : les calculs du gouvernement Harper (2013-07-24)
Pour une réforme complète des chemins de fer canadiens (2013-07-26)
La lourde responsabilité du gouvernement Harper dans la catastrophe de Lac-Mégantic (2013-07-30)
Plaidoyer pour la saisie des actifs de la MMA (2013-07-31)
Lac-Mégantic : le silence étrange du sénateur Boisvenu (2013-08-03)
Les déraillements ferroviaires et la roulette russe du gouvernement Harper (2014-01-20)
La faillite de la dérèglementation ferroviaire du gouvernement fédéral (2014-08-20)
Conduire un train de la MMA : bienvenue en enfer (2014-08-29)
Le mépris du Canadien Pacifique (2014-10-04)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le mépris du Canadien Pacifique

Publié le 4 octobre 2014 | Temps de lecture : 3 minutes

Monsieur Hunter Harrison, président
Canadien Pacifique
7550 Ogden Dale Road S.E.
Calgary, AB T2C 4X9

Monsieur le Président,

Je suis outré d’apprendre qu’au nom de votre transporteur ferroviaire, vous estimez démesurée la réaction des autorités fédérales à la tragédie de Lac-Mégantic, dont vous imputez la responsabilité à une seule personne, soit le conducteur de la locomotive.

Les gestionnaires qui élaborent des politiques parfaites sur papier mais qui ne tiennent pas compte de l’imperfection de la nature humaine, sont responsables de négligence.

Il ne suffit pas de dire : « Nous avions adopté des procédures parfaites. Elles n’ont pas été suivies à la lettre. Nous nous en lavons les mains; c’est la faute de nos employés.»

D’après le Code civil, toute entreprise est responsable des dommages causés par ses employés, à moins que leurs actes aient été commis malicieusement.

Dans le cas précis de la MMA, il s’agit d’une entreprise qui a abusé du cadre réglementaire déficient du gouvernement Harper pour ne pas entretenir son réseau, pour effectuer des réparations inacceptables de son matériel roulant, pour ne pas s’assurer suffisamment et pour exiger de ses conducteurs qu’ils risquent leur vie à tout moment en acheminant des matières explosives sur un réseau en ruine.

Et vous avez l’audace de qualifier de démesurée la réaction à 48 morts et à la pire catastrophe environnementale du Canada ?

Auriez-vous oublié que le déraillement de Lac-Mégantic est le deuxième d’une série de trois déraillements de la MMA : celui de Frontenac (le 10 juin 2013), celui de Lac-Mégantic (le 6 juillet 2013) et celui de Nantes (le 9 janvier 2014) ?

Monsieur le Président, je ne crois pas que vous ayez le jugement nécessaire à diriger une entreprise de la taille du Canadien Pacifique.

Conséquemment, je crois que vous devez des excuses à la population de Lac-Mégantic ou, à défaut, vous devriez remettre votre démission à titre de président de cette entreprise.

Pour l’instant, j’ai donné l’ordre à mon courtier de vendre tous les fonds mutuels dont le portefeuille contient des actions ou des obligations de votre compagnie.

Jean-Pierre Martel

Référence : Lac-Mégantic: Ottawa récuse l’analyse du patron du CP

Paru depuis :
Tragédie de Lac-Mégantic: Québec poursuit le CP pour 409 M$ (2015-11-27)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Conduire un train de la MMA : bienvenue en enfer

Publié le 29 août 2014 | Temps de lecture : 6 minutes

Dans l’édition d’aujourd’hui du quotidien Le Devoir, on apprend que les dirigeants du syndicat qui représente les trois employés de la MMA accusés de négligence criminelle ayant causée la tragédie de Lac-Mégantic, réclament l’abandon des poursuites intentées contre eux.

Revoyons le cas du conducteur de la locomotive.

Le 10 juin 2013, un train de la MMA déraille à Frontenac. Un mois plus tard, un autre déraille à Lac-Mégantic et tue 47 personnes. Après que les trains de la MMA aient été de nouveau autorisés à circuler, le 18 décembre 2013, un troisième déraille à Nantes, 22 jours plus tard.

Après des années de manque d’entretien toléré par le gouvernement Harper — alors que la MMA a été condamnée à payer plus de 150,000$ d’amendes aux États-Unis — le réseau privé de la MMA est en ruine.

Le jour de la catastrophe, le conducteur de la locomotive, seul à bord, a une journée d’enfer. En raison de l’état des voies, il doit ralentir à 10km/h à certains endroits. À d’autres, monter à 25 km. Puis ailleurs, circuler normalement. Un moment d’inattention et son train déraille.

Sur son parcours, la locomotive perd de l’huile. Arrivée à Nantes, sa locomotive prend en feu parce que ces fuites atteignent la chambre de combustion, rafistolée tant bien que mal par des réparations hors-normes que les inspecteurs fédéraux, en nombre insuffisant, n’ont pas remarquées.

Arrivé tard cette nuit-là à Nantes, il devrait stationner son train sur une voie de desserte. Mais elle est déjà occupée. De plus, son train fait 1,4km de long. Simplement avancer, puis reculer sur cette voie, il en aurait eu pour une heure de plus. Or le lendemain, il devra se lever tôt car son train a pris du retard et sa précieuse cargaison est attendue au Nouveau-Brunswick.

Puisqu’il est contraint de laisser son train sur la voie principale, le conducteur applique sept freins manuels, soit sur chacune des cinq locomotives, sur le wagon de service et sur le wagon-tampon. Les procédures de la MMA exigeaient que deux freins de plus soient appliqués sur un convoi de 70 à 79 wagons-citernes et locomotives.

Malheureusement, même si le conducteur avait respecté scrupuleusement les directives de la compagnie, les tests réalisés par le Bureau de la sécurité des transports ont révélé qu’il aurait fallu serrer entre deux et trois fois plus de freins manuels pour retenir le train en place que ce que prévoyaient les normes de la compagnie.

En effet, afin de minimiser ses frais d’opération, celle-ci a négligé de remplacer le grand nombre de freins atteints de corrosion. De plus, les freins manuels qui fonctionnent correctement n’ont pas été suffisamment lubrifiés. Conséquemment, ils sont extrêmement difficiles à appliquer afin d’assurer un effort de freinage suffisant.

Aurait-il dû laisser le moteur de la locomotive en marche afin de profiter des freins électriques Westinghouse ? Non répondent unanimement les pompiers de Nantes, qui viennent d’étouffer l’incendie de la locomotive et qui ne veulent pas courir le risque d’un deuxième incendie susceptible de provoquer l’embrasement de toute la cargaison de ce train qu’on laisserait sans surveillance toute la nuit.

Alors oui, si on cherche bien, on trouvera des puces à ce conducteur.

Lui et ses collègues sont exactement dans la même situation que ces mineurs qui, à la fin du XIXe siècle, descendaient équipés de lampes au pétrole dans des trous où la moindre fuite de gaz naturel provoquait un coup de grisou.

Pour permettre à du pétrole américain explosif — en raison de sa forte teneur en gaz naturel — de se rendre au Nouveau-Brunswick parce que les raffineries américaines ne suffisent plus à en raffiner suffisamment, et inversement, pour permettre aux manufacturiers locaux de pouvoir exporter leur production aux États-Unis et faire travailler les gens de la région, les conducteurs de la MMA mettaient à chaque instant leur vie en péril.

À mon avis, ce sont des héros. Car les héros existent ailleurs que dans les films américains. Mais ce sont des héros imparfaits et sans gloire, parce que réduits à l’humiliation d’exercer un métier sale et dangereux pour faire vivre leur famille. Comme ces milliers d’êtres anonymes qui travaillent dans les mines d’or ou de diamants, et dont aucun bijoutier aux gants blancs ne connait le nom.

La sécurité du transport ferroviaire est une responsabilité exclusive du gouvernement fédéral. Les vrais coupables de la tragédie de Lac-Mégantic, ce sont ceux qui, gantés de blanc, ont abandonné leurs responsabilités et ont remis notre sécurité entre les mains d’aventuriers et de parvenus.

Les coupables, ce sont ceux qui bientôt se vanteront de faire économiser de l’argent aux contribuables canadiens alors que leur dérèglementation aveugle et stupide a effectivement sauvé quelques millions$ de salaires d’inspecteurs, au prix de 48 morts et d’une catastrophe environnementale dont le coût est estimé à 1,5 milliard$.

Le gouvernement Harper, trouvera-t-il un juge complaisant qui, en condamnant le conducteur de la locomotive, permettra à ce gouvernement de sauver la face ? C’est possible. Mais si tel est le cas, au tribunal de l’opinion publique, cette mascarade de justice ne trompera personne.

Référence : Lac-Mégantic : des accusations injustifiées?

Sur le même sujet, sur ce blogue :
La sécurité du transport ferroviaire (2013-07-09)
La responsabilité du gouvernement Harper dans la cinquantaine de décès au Lac-Mégantic (2013-07-11)
Lac-Mégantic : les calculs du gouvernement Harper (2013-07-24)
Pour une réforme complète des chemins de fer canadiens (2013-07-26)
La lourde responsabilité du gouvernement Harper dans la catastrophe de Lac-Mégantic (2013-07-30)
Plaidoyer pour la saisie des actifs de la MMA (2013-07-31)
Lac-Mégantic : le silence étrange du sénateur Boisvenu (2013-08-03)
Les déraillements ferroviaires et la roulette russe du gouvernement Harper (2014-01-20)
La faillite de la dérèglementation ferroviaire du gouvernement fédéral (2014-08-20)

Paru depuis : Lac-Mégantic : les dessous de l’enquête technique du BST (2014-12-07)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La faillite de la dérèglementation ferroviaire du gouvernement fédéral

Publié le 20 août 2014 | Temps de lecture : 6 minutes

C’est hier matin que le Bureau de la sécurité des transports du Canada rendait public son rapport de 219 pages sur la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic.

Rappelons qu’à cette occasion, un train mesurant 1,4km —
 transportant 7,7 millions de litres de pétrole de schiste — a déraillé. Ce déraillement a provoqué le déversement de six millions de litres de brut qui ont pris feu, détruisant 40 édifices et 53 véhicules. De plus, 100 000 litres de pétrole brut ont contaminé une bonne partie du sol du centre-ville de Lac-Mégantic ainsi que la rivière Chaudière adjacente, et le lac qui donne son nom à la ville.

Par-dessous tout, cette catastrophe a tué 48 personnes et provoqué l’évacuation d’environ deux mille autres. Bref, c’est la pire catastrophe environnementale de l’histoire du Canada.

La cause profonde de cette catastrophe est le laisser-faire des organismes responsables d’assurer la sécurité du transport ferroviaire. Précisons qu’il s’agit d’une responsabilité exclusive du gouvernement fédéral.

Dans les faits, cette tâche est assumée par trois organismes fédéraux aux responsabilités complémentaires; le Bureau de la sécurité des transports du Canada (qui enquête en cas de catastrophe), l’Office des transports du Canada (qui émet ou révoque les permis d’exploitation appelés certificat d’aptitude), et Transport Canada (qui voit au bon fonctionnement du système). Le plus important est ce dernier.

Depuis une quinzaine d’années, le transport ferroviaire est l’objet d’une dérèglementation, partout en Occident. Au Canada, cette dérèglementation a été entamée par des gouvernements dirigés par le Parti libéral du Canada, mais s’est considérablement accélérée depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement Harper.

L’idéologie conservatrice est à l’effet que l’État est, par sa nature même, mauvais. L’État serait une multitude de fonctionnaires paresseux, généreusement rémunérés grâce à nos taxes, et qui empêchent, par leurs exigences tatillonnes, les entrepreneurs de faire ce dans quoi ils excellent : créer de la richesse pour eux et des emplois pour les autres.

Au Canada, le transport ferroviaire de pétrole brut est passé d’environ 500 wagons complets en 2009, à 160 000 wagons complets en 2013, soit une augmentation de 32 000%. Pendant ce temps, le gouvernement Harper réduisait très légèrement le nombre d’inspecteurs de Transport Canada.

Dépourvu d’effectif adéquat, Transport Canada s’en remettait à l’autorèglementation des compagnies ferroviaires. Celles-ci devaient lui soumettre un « Système de gestion de la sécurité » à défaut de quoi, elles devenaient sujettes à des poursuites.

Mais une fois que les compagnies soumettaient un tel document, les règlements adoptés par le gouvernement Harper interdisaient à Transport Canada de poursuivre les compagnies en raison de lacunes observées dans la mise en œuvre de leur plan.

La MMA — un transporteur ferroviaire appartenant à des intérêts américains — a présenté le sien à Transport Canada en 2002, mais n’a commencé à le mettre en place qu’en 2010. Pendant sept ans, Transport Canada n’a rien fait d’autre que de recommander des améliorations.

Pendant ce temps, les autorités américaines n’hésitaient pas à lui imposer plus de 146 000$ d’amendes pour l’inciter à sécuriser ses activités ferroviaires du côté américain de la frontière.

L’enquête approfondie menée par le Bureau de la sécurité des transports du Canada à la suite de la catastrophe de Lac-Mégantic, a révélé des lacunes beaucoup plus inquiétantes que toutes celles découvertes par Transport Canada :
– une usure des rails sur la voie principale largement supérieure aux normes de l’industrie;
– des réparations non standard;
– une pratique systémique de laisser des trains sans surveillance sur la voie principale et sur une pente descendante pendant plusieurs heures sans mesure de défense en profondeur pour empêcher tout mouvement involontaire;
– des lacunes qui n’étaient pas analysées en profondeur par la MMA, de sorte qu’ils se perpétuaient.

Bref, le rapport accablant du Bureau de la sécurité ferroviaire démontre la faillite de la dérèglementation ferroviaire à laquelle le gouvernement fédéral a procédé, une dérèglementation qui se solde par 48 morts et le pire désastre environnemental de l’histoire canadienne.

En se trainant les pieds après la catastrophe, Ottawa a permis à la MMA de filer à l’anglaise sans verser un sou à la population de Lac-Mégantic. De plus, en évitant de saisir les actifs de la MMA, il lui a permis de les vendre à une autre compagnie américaine, empochant 15,8 millions$ pour son réseau ferroviaire en ruine.

Sous des habits de défenseur du contribuable, le gouvernement Harper n’est rien d’autre que le valet du capitalisme international et l’ennemi du peuple canadien.

Références :
Rapport d’enquête ferroviaire R13D0054
Sale of railroad blamed in Lac-Mégantic disaster finalized

Parus depuis : Les raisons de la colère (2014-08-23)
Lac-Mégantic : le BST minimise la responsabilité de Transports Canada, soutient un groupe de réflexion (2015-01-19)

Sur le même sujet, sur ce blogue :
La sécurité du transport ferroviaire (2013-07-09)
La responsabilité du gouvernement Harper dans la cinquantaine de décès au Lac-Mégantic (2013-07-11)
Lac-Mégantic : les calculs du gouvernement Harper (2013-07-24)
Pour une réforme complète des chemins de fer canadiens (2013-07-26)
La lourde responsabilité du gouvernement Harper dans la catastrophe de Lac-Mégantic (2013-07-30)
Plaidoyer pour la saisie des actifs de la MMA (2013-07-31)
Lac-Mégantic : le silence étrange du sénateur Boisvenu (2013-08-03)
Les déraillements ferroviaires et la roulette russe du gouvernement Harper (2014-01-20)
MMA : Maudite justice de merde ! (2018-04-03)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les déraillements ferroviaires et la roulette russe du gouvernement Harper

Publié le 20 janvier 2014 | Temps de lecture : 3 minutes

Dans les jours qui ont suivi la catastrophe de Lac-Mégantic — la plus importante catastrophe ferroviaire et environnementale de l’histoire canadienne — n’importe quel gouvernement responsable aurait pris immédiatement les mesures suivantes :
— la saisie des actifs de la compagnie de transport en raison d’une couverture de risque insuffisante,
— la création d’un fonds d’indemnisation indépendant de la compagnie mais financé conjointement par elle et par la compagnie mère américaine, et
— l’interdiction d’emprunter son réseau privé en ruine jusqu’à ce qu’il soit réparé.

Cela implique que les compagnies qui dépendent du transport ferroviaire pour acheminer leur production soient obligées d’utiliser le transport routier, beaucoup plus onéreux.

On aurait pu s’attendre à ce que le gouvernement Harper, responsable au second degré de ce désastre, paie la totalité des frais de cette catastrophe et dédommage les compagnies affectées pour les déboursés supplémentaires que cela leur occasionne.

Mais le gouvernement Harper ne l’entend pas ainsi. Il a remis la sécurité du transport ferroviaire entre les mains d’aventuriers dans le but d’économiser et n’entend payer que des cacahouètes pour la catastrophe qu’il a causée indirectement.

Après le déraillement d’un train à Frontenac le 10 juin 2013, impliquant un train de la compagnie MMA et transportant du pétrole, il a préféré attendre les résultats des enquêtes — habituellement lentes et laborieuses — de Transport Canada plutôt que d’ordonner l’inspection d’urgence de son réseau. Il a espéré que cela ne se reproduise pas.

Deux mois plus tard, 47 personnes décédaient à Lac-Mégantic, tuées par un train fou de la MMA. Encore là, le gouvernement Harper s’est trainé les pieds. Il a même autorisé la MMA à poursuivre ses opérations, reprises le 18 décembre 2013, se croisant les doigts pour que cela ne se reproduise pas.

Et voilà que 22 jours plus tard, plus précisément le 9 janvier 2014, un troisième train de la MMA déraillait à Nantes, sans toutefois faire de victime. Depuis, toujours rien d’Ottawa : on prie pour que cela ne se reproduise pas.

Combien faudra-t-il de morts supplémentaires pour que le gouvernement Harper prenne enfin ses responsabilités ?

De toute évidence, tant que les citoyens de Lac-Mégantic choisiront la voie du dialogue positif et de l’à-plat-ventrisme suggérée par leurs gens d’affaires, ils devront malheureusement s’attendre à être les sujets d’un calcul cynique : mettre leur vie en danger coûte moins cher que de la protéger.

Références :
Déraillement… discret!
Déversement de diesel près de Lac-Mégantic
Lac-Mégantic : des citoyens prennent la parole
Plaidoyer pour la saisie des actifs de la MMA

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La décontamination des sols

Publié le 7 août 2013 | Temps de lecture : 2 minutes

Depuis des années, des chercheurs universitaires se consacrent à la dépollution des sols contaminés par des métaux lourds et par des hydrocarbures.

Pour ce qui est des métaux lourds, les nettoyeurs les plus efficaces sont certaines variétés de saules. Plantés à 25cm d’intervalle, ces arbustes créent un réseau touffu de racines qui absorbent les métaux lourds : ceux-ci finissent entreposés dans les cellules de ces plantes.

À l’automne, on fauche les arbustes et on brule leurs tiges et leurs feuilles : les cendres concentrent alors ces polluants. Après une période de trois à dix ans, le sol est complètement décontaminé.

La décontamination des hydrocarbures est plus compliquée. Peu de bactéries aiment le pétrole. Mais certains champignons en raffolent. Alors comment fait-on pour trouver les microorganismes capables de digérer le pétrole ?

C’est simple : on va sur un site hypercontaminé et on recueille les microorganismes qui s’y développent. Parmi ces derniers, il y a ceux qui se multiplient en dépit du pétrole et ceux qui se multiplient grâce à celui-ci. Il suffit de distinguer ces derniers pour obtenir d’habiles dépolluants.

Mais l’écueil à éviter, c’est de chercher un microorganisme qui, à lui seul, ferait tout. Non seulement le pétrole est une soupe de milliers de substances apparentées mais tout être vivant rejette des déchets qui s’accumulent.

C’est ainsi que les levures qui transforment le jus de raisin en vin dégagent de l’alcool qui, en s’accumulant, finit par arrêter leur multiplication.

Aux moisissures qui dégradent le pétrole, il faut donc associer des bactéries qui se nourriront de leurs déchets et qui leur éviteront d’être empoisonnées par eux.

Le choix de ces microorganismes complémentaires est un art et une science en plein développement.

Ici même au Québec, des chercheurs universitaires ont acquis une expérience inestimable. C’est grâce à leur talent qu’une ville dévastée comme Lac-Mégantic symbolisera dans quelques années, le triomphe de la vie sur la désolation.

Références :
Des champignons qui se nourrissent de pétrole
GENOREM: How willows decontaminate soils

Sur le même sujet : Le jambon de pétrole

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Lac-Mégantic : le silence étrange du sénateur Boisvenu

Publié le 3 août 2013 | Temps de lecture : 6 minutes


 
Depuis l’assassinat de sa fille Julie, le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu s’est fait le défenseur des victimes. Pendant des années, cet apôtre de la vengeance a utilisé toutes les tribunes à sa disposition pour réclamer des peines toujours plus sévères, allant même jusqu’à souhaiter publiquement qu’on laisse à chaque assassin une corde disponible dans sa cellule pour qu’il se pende, s’il le désire.

Le sénateur Boisvenu est membre du Comité sénatorial permanent des Transports et des Communications. À ce titre, il a adopté article par article, l’encadrement législatif du transport ferroviaire au pays. De plus, en tant qu’homme politique, il a défendu bec et ongles les politiques de dérèglementation du gouvernement Harper, politiques responsables de la tragédie de Lac-Mégantic.

Évidemment, il existe une grande différence entre un meurtre froidement exécuté et un accident involontaire. Mais jusqu’ici, le degré de responsabilité du tueur n’a jamais intéressé M. Boisvenu; en présence d’un homicide, qu’il soit volontaire ou non, le sénateur réclamait vengeance dans tous les cas.

Puisqu’un homicide se définit comme l’action de tuer un être humain, la tragédie de Lac-Mégantic s’est soldée, entre autres, par l’homicide de 47 personnes, toutes aussi attachées à la vie que sa petite Julie.

On aurait pu imaginer le sénateur Bienvenu réclamant l’emprisonnement à vie des dirigeants de la MMA et la saisie de leurs actifs. Il aurait pu réclamer la démission du ministre des Transports de l’époque ou de celle du gouvernement Harper, responsable par son laxisme de cette tragédie humaine.

Celui qui n’hésitait pas à pointer un doigt accusateur contre la Commission des libérations conditionnelles (qui avait remis en liberté l’assassin de sa fille), s’est transformé aujourd’hui en une limace qui glisse silencieusement dans l’ombre de ce gouvernement qui l’a utilisé comme un pion pour promouvoir son idéologie.

Références :
À chaque assassin sa corde?
Délibérations du Comité sénatorial permanent des Transports et des communications
Le sénateur Boisvenu, apôtre de la vengeance
Le sénateur Boisvenu retire ses propos controversés sur l’option du suicide donnée aux assassins

Entete_Boisvenu
Bonjour effectivement je garde silence. Je me remets lentement d’une crise médiatique qui a touché ma vie privée et ma santé cette année. Avoir été présent, j’aurais été critiqué. Ne pas l’être, je le suis quand même. Donc, d’une manière ou d’une autre, on m’aurait critiqué.

Ayant perdu deux filles dans des circonstances dramatiques aussi, je comprends la douleur des familles et mes prières quotidiennes sont avec elles.

Je saurai être près d’elles quand les caméras s’en seront éloignées.

Merci de me publier sur votre blogue.

Pierre-Hugues Boisvenu
Estrien d’adoption et de cœur,
Sénateur canadien

Entete_Boisvenu_2
Jean-Pierre,

Je n’avais pas lu encore votre blog quand je vous ai envoyé mon commentaire par courriel.

Après l’avoir lu, je constate votre ignorance de la chose politique et surtout votre mauvaise foi.

Comment pouvez-vous me traiter d’apôtre de la vengeance ? Sans doute parce je suis un conservateur convaincu. Comment pouvez-vous affirmer que je ne peux faire la différence entre un meurtre prémédité et un homicide involontaire ?

La preuve de votre ignorance: aucune commission de libération conditionnelle a libéré l’assassin de ma fille….il a été libéré par le directeur de la prison provinciale de Gaspé.

Je vous demande, si vous avez 5 onces d’honnêteté intellectuelle de retirer ce texte de votre blog.

Merci.

Pierre-Hugues Boisvenu
 
Réponse_JPM
 
Le rôle du gouvernement fédéral est, entre autres, de protéger la population canadienne contre ceux qui violent l’ordre public.

Lorsqu’un train fou tue 47 personnes, déverse 1,7 million de litres de pétrole brut, pollue une rivière qui constitue la principale source d’eau potable de plusieurs municipalités riveraines, et cause des dommages estimés entre 500 millions$ et un milliard$, cela s’appelle troubler l’ordre public.

Ce n’est pas vrai que nous, contribuables québécois, allons payer plus de 500 millions$ pour une catastrophe qui ne serait pas survenue si votre gouvernement s’était acquitté correctement de sa responsabilité de garantir la sécurité du transport ferroviaire.

Monsieur le Sénateur, je vous accuse publiquement, vous et vos complices, de nous avoir trahi. La population canadienne a élu le gouvernement Harper croyant que ce gouvernement la protégerait.

Au contraire, il a préféré dérèglementer l’industrie ferroviaire et remettre notre sécurité entre les mains d’aventuriers. Avec, comme résultats, 47 morts et la pire catastrophe environnementale de l’histoire du Canada.

Laissez-moi vous dire qu’il faudra plus que vos prières quotidiennes pour vous faire pardonner.

Le gouvernement Harper est, après la MMA, responsable de ce désastre. C’est à lui de payer la totalité des frais reliés à cette catastrophe, et non le minable 60 millions$ qu’il a annoncé afin d’aider à la reconstruction de la ville.

Au XIXe siècle, les compagnies minières n’hésitaient pas à risquer la vie de leurs travailleurs : en cas d’effondrement ou d’explosion, on se contentait d’envoyer des couronnes de fleurs mortuaires aux familles des victimes. De nos jours, le gouvernement Harper fait pareil avec nous.

Tant que ce sera plus économique pour lui de s’aplatir devant les compagnies de broche-à-foin qui mettent nos vies en péril — quitte à nous donner quelques cacahouètes en cas de problème — il poursuivra son aveuglement bienveillant à leur égard.

La seule manière de nous assurer que votre gouvernement prendra ses responsabilités à l’avenir, c’est que la tragédie de Lac-Mégantic lui coûte cher.

Le gouvernement fédéral n’a pas payé un sou des 421 millions$ qu’a couté la crise du verglas : cette fois-ci, il devra payer la totalité des sommes impliquées dans le désastre dont il est responsable et récupérer ce qu’il peut des compagnies imputables au premier degré.

Si vous pensez que le Québec acceptera le passage sur son territoire de matières dangereuses par train ou par pipeline à destination d’autres provinces, tout en assumant le prix des catastrophes éventuelles que votre laxisme aura causées, vous nous prenez vraiment pour des imbéciles.

47 morts, ça suffit !

Jean-Pierre Martel, blogueur

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Plaidoyer pour la saisie des actifs de la MMA

Publié le 31 juillet 2013 | Temps de lecture : 4 minutes

De toute évidence, la compagnie ferroviaire responsable du désastre de Lac-Mégantic pourrait faire faillite sans payer un sou pour les dommages qu’elle a causés.

La MMA a bien des défauts mais son président a le mérite d’être un homme franc et courageux : « You won’t get a penny from us. Go to hell.». Voilà le message qu’il n’a pas cessé de nous répéter. En d’autres mots. Qui n’a pas encore compris ?

Pendant qu’il en est encore temps, je propose la saisie de ses actifs. Que cela se fasse par le biais d’une nationalisation ou par un autre mécanisme, cette saisie devrait se faire en absence de compensation monétaire pour la compagnie. Et pour cause; cette compagnie ne vaut rien. Ses actifs sont un réseau ferroviaire en ruine et un matériel roulant vétuste.

Le but de l’opération est de faire en sorte que l’État devienne bénéficiaire de la (ou des) police(s) d’assurance de la compagnie sans pour autant transférer sur le dos des contribuables la responsabilité de la catastrophe que ce transporteur a causée (et dont nous paieront le prix de toute façon).

Selon les précisions fournies par la MMA, elle serait assurée pour 25 millions$. Si nous ne faisons rien, la compagnie dédommagera ses précieux clients américains pour le pétrole qu’elle a répandu. Pas un sou ne sera versé aux sinistrés de Lac-Mégantic.

Malheureusement, le gouvernement du Québec ne peut pas saisir les actifs de a MMA. Ce serait illégal.

En effet, sous Pierre-Elliott Trudeau, la Caisse de dépôt et de placement du Québec s’apprêtait à acheter un bloc important d’actions du Canadien pacifique (CP) et favoriser la prise de contrôle de cette compagnie par Paul Desmarais (c’est-à-dire Power Corporation).

Le président du CP téléphona au Premier ministre Trudeau et ce dernier fit adopter par le Parlement fédéral une loi qui interdit aux provinces et à leurs sociétés d’État d’investir dans les compagnies ferroviaires.

Voilà pourquoi la Teachers Pension Plan (privée et ontarienne) peut investir dans les transporteurs ferroviaires que sont le Canadien national et le Canadien pacifique, mais pas la Caisse de dépôt et de placement (publique et québécoise).

Donc seul le gouvernement Harper peut saisir les actifs de la MMA, quitte à ordonner au CN ou au CP de continuer à assurer la déserte ferroviaire sur le réseau nationalisé de la MMA.

Il est évident que pour un gouvernement comme celui de M. Harper, l’étatisation d’une entreprise privée représente une volteface idéologique. Son dilemme dans un tel cas serait donc de choisir entre l’aveuglement idéologique ou la loyauté envers la population canadienne.

En période de crise, le temps n’est pas aux déchirements cornéliens mais plutôt à l’action. J’invite donc M. Harper à faire preuve d’empressement à agir, cet empressement qui lui a fait si défaut jusqu’ici.

Sur le même sujet :
La sécurité du transport ferroviaire (2013-07-09)
La responsabilité du gouvernement Harper dans la cinquantaine de décès au Lac-Mégantic (2013-07-11)
Lac-Mégantic : les calculs du gouvernement Harper (2013-07-24)
Pour une réforme complète des chemins de fer canadiens (2013-07-26)
La lourde responsabilité du gouvernement Harper dans la catastrophe de Lac-Mégantic (2013-07-30)
Lac-Mégantic : le silence étrange du sénateur Boisvenu (2013-08-03)
Les déraillements ferroviaires et la roulette russe du gouvernement Harper (2014-01-20)

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Écrit par Jean-Pierre Martel