De ces trois mots, il en existe un qui n’a pas de rapport aux deux autres. Pouvez-vous deviner lequel ?
Ordinateur
Au début de l’histoire de l’informatique, les ordinateurs n’étaient que de puissantes machines à calcul. On les appelait justement computer en anglais et calculateur en français.
Dans la mentalité légèrement machiste de l’époque, les comptables des petites entreprises effectuaient leurs calculs sur les calculatrices de bureau. Mais lorsqu’on voulait effectuer des calculs complexes sur des machines puissantes, il fallait évidemment quelque chose de plus masculin, d’où le mot calculateur…
En 1955, François Girard n’est pas satisfait. Responsable de la publicité chez IBM France, il anticipe le potentiel des machines IBM au-delà de leur utilité mathématique.
Afin de trouver un nom plus approprié, il s’adresse à son ancien professeur de lettres à la Sorbonne, Jacques Perret. Ce dernier est également philosophe et spécialiste du latin.
Il prendra un vieux mot, ordinateur, et proposera de lui donner un sens nouveau.
Du latin ordinator (celui qui commande, qui donne des ordres), ordinateur apparait en français à la fin du XVe siècle dans le sens de celui qui organise, qui met en ordre.
Le mot sera si peu utilisé qu’on ne se donnera même pas la peine d’en parler dans le dictionnaire de l’Académie française de 1935.
La suggestion du professeur Perret sera adoptée d’autant plus facilement que le directeur d’IBM France est également un de ses anciens élèves.
La compagnie tentera de faire breveter le nom afin de distinguer ses produits de ceux de ses concurrents. Sans succès puisqu’on démontra que le mot existait déjà en français depuis longtemps.
Le géant informatique se résolut à le promouvoir en tant que nom commun.
Informatique
Créé par la fusion d’information et d’automatique, le mot informatique est né en France sept ans après ordinateur. L’Académie française l’adoptera dès 1967.
On doit ce mot à la compagnie BULL qui, à l’époque, était le grand concurrent d’IBM.
Si ordinateur (et ses déclinaisons) n’a pas été tellement plus loin que la France et l’Espagne, le succès d’informatique a été mondial.
Digital
En français, l’adjectif digital qualifie ce qui est relatif aux doigts. Exemple : nos empreintes digitales.
En anglais, ‘digital’ se rapporte aux chiffres, appelés ‘digits’. En réalité, il y a deux mots en anglais pour parler d’un chiffre : ‘digit’ et ‘numeral’.
C’est ainsi que le nombre 127 est un ‘numeral’ composé des ‘digits’ 1, 2 et 7. Alors que 2 est un ‘numeral’ composé d’un ‘digit’, ‘two’ (écrit au long) est un ‘numeral’ composé des lettres ‘t’, ‘w’ et ‘o’, mais d’aucun ‘digit’.
Conclusion
Des trois mots du titre, ‘digital’ est le seul qui n’ait pas de rapport aux deux autres. En informatique et en électronique, l’adjectif ‘digital’ est un anglicisme qui doit être remplacé par numérique.
Références :
Jacques Perret (philologue)
Numbers, Numeral and Digits