Les repères nutritionnels français

Publié le 25 janvier 2017 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

Depuis 1942, le gouvernement du Canada élabore une série de recommandations nutritionnelles appelée Guide alimentaire canadien. Sa dernière mise à jour date de 2007.

À l’origine, ce guide était élaboré exclusivement par des experts. La dernière version, née sous le gouvernement Harper, a été élaborée par un comité de douze personnes dont le quart étaient des employés de l’industrie alimentaire.

En France, le guide alimentaire porte le nom de Repères de consommations alimentaires (ou Repères nutritionnels). Ces repères sont spécifiquement adaptés pour chacune des catégories suivantes : les adultes, les enfants, les femmes enceintes, et les personnes âgées.

La plus récente mouture relative à l’alimentation des adultes a été remise aux autorités françaises le 12 décembre dernier et rendue publique hier. Près d’une centaine d’experts ont participé à son élaboration.

Elle tient compte des plus récentes connaissances scientifiques dans le domaine.

À privilégier : les céréales

La consommation de produits céréaliers complets diminue probablement les risques de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de cancer colorectal.

On encourage donc la consommation de produits céréaliers complets sans fixer de quantité minimale quotidienne. Toutefois, la consommation de féculents raffinés est trop élevée et devrait être diminuée (pp. 29 et 52).

À privilégier : les poissons

La consommation de poissons diminue probablement le risque de maladies cardiovasculaires; un repas hebdomadaire diminuerait leur mortalité de 6% et chaque repas supplémentaire ajouterait un autre 4% de protection.

De plus, un tel aliment protègerait probablement contre la démence sénile.

Par contre, la consommation de poisson cuit à forte température, salé ou fumé, pourrait être associée à une augmentation du risque de cancer de la prostate.

Bref, on suggère la consommation hebdomadaire de deux repas de poissons, dont un de poisson gras (p. 52).

À privilégier : les légumineuses

Les experts jugent que la consommation moyenne actuelle de légumineuses est insuffisante et devrait être considérablement augmentée. Elle devrait être plurihebdomadaire (p. 52).

À privilégier : les fruits et légumes

La consommation de fruits et légumes diminue le risque de maladie cardiovasculaire. Sans être concluantes, les études suggèrent un effet favorable contre l’obésité, le cancer colorectal, le cancer du sein et le diabète de type 2.

Contre les maladies cardiovasculaires, les bénéfices sont observés dès la consommation d’une portion quotidienne (80g). Toute portion supplémentaire diminue le risque d’environ 4%.

On préconise la consommation quotidienne d’au moins 400g de fruits et de légumes, en privilégiant les légumes et les fruits frais (pp. 29 et 52).

À privilégier : les huiles riches en omégas-3

La consommation moyenne actuelle d’huiles végétales et de margarines pauvres en omégas-3 est trop élevée. Elle devrait être diminuée.

Au contraire, la consommation d’huiles végétales riches en omégas-3 — huile de canola (ou colza) et huiles de noix — devrait être considérablement augmentée, ce qui entrainerait une augmentation de la consommation totale d’huiles végétales.

Il est à noter que la ‘diète méditerranéenne’ (basée sur l’huile d’olive) est plutôt riche en omégas-6. Depuis des années, le Dr Richard Béliveau décrit les oméga-6 comme des substances inflammatoires, et les omégas-3 comme antiinflammatoires. Pour cette raison, l’expert canadien recommandait les huiles riches en omégas-3, une suggestion cautionnée par les experts français.

Pas de recommandation : les produits laitiers

La consommation totale de produits laitiers (dont le lait) diminue probablement le risque de diabète de type 2, avec une diminution du risque de l’ordre de cinq à dix pour cent pour chaque augmentation de 400g de produits laitiers par jour.

En ce qui concerne les différents produits laitiers, la relation semble mieux démontrée pour les yogourts, le fromage et les produits laitiers à teneur réduite en matière grasse.

La consommation totale de produits laitiers semble être associée à une diminution du risque de maladies cardiovasculaires mais à une augmentation du risque de cancer de la prostate.

Les experts européens évitent donc de faire des recommandations au sujet des produits laitiers, ce qui contraste avec les recommandations du Guide alimentaire canadien (pp. 30-1 et 53).

À limiter : toutes les viandes sauf la volaille

Sauf la volaille, toutes les viandes augmentent les risques de cancer colorectal. De plus, elles augmentent probablement les risques de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2. On les soupçonne d’augmenter les risques de cancer du sein et de la prostate.

On distingue les viandes transformées de celles qui ne le sont pas puisque les limites de consommation sont différentes.

Viandes transformées

Les viandes transformées sont les viandes qui ont subi une transformation — par le séchage, la salaison, la fermentation ou le fumage — dans le but d’améliorer leur conservation et/ou d’en développer les arômes.

Les viandes transformées comprennent le jambon, les saucisses, le bacon, les charcuteries, les pâtés, le bœuf séché, et les viandes en conserve.

Pour les viandes transformées, les études rapportent une augmentation statistiquement significative des risques au-delà d’une consommation quotidienne de 25g. Cette quantité devient donc la limite maximale recommandée (p. 28).

Viandes non transformées, sauf la volaille

On appelle ‘viande hors volaille’, les viandes rouges (bœuf, mouton, agneau, chèvre, cheval, bison, etc.), le porc et le veau. On suggère de limiter leur consommation à 70g par jour (p. 27).

Il est à noter qu’il est recommandé de limiter la consommation de viandes cuites à haute température (sur le gril, friture, etc.) et de varier les modes de cuisson. De manière générale, plus une viande est cuite à basse température, moins elle est nocive.

À limiter : les boissons sucrées

Les boissons sucrées comprennent les sodas sucrés (non édulcorés artificiellement) et les véritables jus de fruits, en passant par les nectars et les cocktails à base de jus.

Leur consommation augmente le risque d’obésité; chaque verre de boisson sucrée par jour est associé à une prise de poids de l’ordre de 200g par année.

Un verre par jour est associé à une augmentation des risques de maladies cardiovasculaires et de diabète de l’ordre de 20% par rapport à une consommation nulle.

La limite supérieure de consommation des boissons sucrées est fixée à 263 ml pour les hommes et 216 ml pour les femmes (p. 29).

Il s’agit d’une limite fixée sans grande conviction puisqu’il semble que le remplacement de toute boisson sucrée par de l’eau serait préférable.

À limiter : le sel

Les experts jugent insuffisante la baisse des teneurs en sel de certains produits alimentaires, en dépit des recommandations officielles adoptées depuis des années. On suggère l’adoption de mesures règlementaires afin d’obtenir une diminution de sel dans les aliments offerts aux consommateurs (p. 55).

Références :
Actualisation des repères du PNNS : révision de consommations alimentaires
Canada’s Food Guide is broken – and no one wants to fix it
Le Guide alimentaire canadien critiqué
Les guides alimentaires canadiens, de 1942 à 1992
Moins de viande, de sel, de sucre… les recommandations de l’agence sanitaire

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Écrit par Jean-Pierre Martel