Le cout environnemental de la guerre

Publié le 20 janvier 2024 | Temps de lecture : 7 minutes


 
Introduction

Les guerres sont principalement des catastrophes humaines au cours desquels un grand nombre de personnes perdent la vie ou deviennent handicapées, physiquement ou moralement, pour le reste de leur vie.

Mais un des aspects dont on parle insuffisamment est le cout environnemental des conflits armés.

Les destructions matérielles

En Syrie

Trois ans après le début de la guerre en Syrie, 791 000 logements avaient été détruits dans ce pays, dont 58 % des habitations d’Alep, la ville la plus peuplée du pays à l’époque.

De nos jours, on estime que 98 % de l’économie syrienne a été détruite par cette guerre, du site d’extraction pétrolière à la petite boulangerie de quartier.

En Ukraine

Avant l’invasion russe du 24 février 2022, l’Ukraine était déjà le deuxième pays le plus pauvre d’Europe (après la Moldavie).

Au cours de la première année du conflit, le pays a enregistré une chute d’environ trente pour cent de son PIB.

De nos jours, l’État ukrainien vit sous le respirateur artificiel de l’Occident. Sans les sommes qui lui sont versées, Kyiv serait incapable de payer la solde des soldats, les salaires des professeurs, des médecins, des fonctionnaires, de même que la pension des retraités.

Dans la bande de Gaza

Il y a dix jours, entre 48 et 60 % de tous les bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits par les bombardements israéliens.

Cela comprend 70 % des écoles et lycées. De plus, 23 des 36 hôpitaux gazaouis ne sont plus en fonction.

Au cours des deux premiers mois de cette guerre, la riposte israélienne a généré 281 000 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de la combustion de plus de 150 000 tonnes de charbon.

De leur côté, les missiles du Hamas tirés sur Israël ont généré 713 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de la combustion de 300 tonnes de charbon.

Cette différence reflète le déséquilibre des forces en présence.

Un peu plus de la moitié de l’empreinte environnementale de la riposte israélienne vient… des États-Unis; l’appui inconditionnel de Washington a signifié, concrètement, le transport par cargo de 10 000 de tonnes de matériel militaire américain vers Israël.

Cela compte pour 133 650 des 281 315 tonnes de CO₂ de la riposte israélienne.

L’autre moitié, c’est l’essence brulée par les bombardiers, les chars d’assaut, et les véhicules de transport des soldats israéliens. Ce sont également les émissions de gaz à effet de serre généré par la fabrication et l’explosion des missiles utilisés.

De manière générale

Dans leurs engagements climatiques, les pays ne chiffrent jamais l’empreinte environnementale de leurs aventures guerrières à l’Étranger. Par exemple, les bombardements ‘humanitaires’ (sic) du Canada en Syrie n’ont jamais été comptabilisés dans le bilan carbone de notre pays.

En 2022, les bombardements américains au Moyen-Orient contre les infrastructures pétrolières de DAECH ont généré plus de gaz à effet de serre que les émissions totales de 150 pays.

Selon certaines estimations, l’empreinte carbone de la protection militaire américaine dont bénéficient les pays producteurs de pétrole au Moyen-Orient équivaut au cinquième de l’empreinte carbone de tout le pétrole qu’ils produisent.

C’est comme si les États-Unis utilisaient 20 % de tout le pétrole pompé au Moyen-Orient pour protéger les pays producteurs dans cette partie du monde.

À travers le monde, les forces armées produisent un peu moins de 5,5 % des gaz à effet de serre de la planète, soit presque autant que le bilan carbone combiné du transport aérien de passagers (2,9 %) et du transport maritime des marchandises (3 %).

La reconstruction éventuelle

En décembre dernier, l’Ukraine estimait à 150 milliards de dollars US le montant des dommages matériels subis par le pays.

En Syrie, on estime que la reconstruction du pays couterait entre 100 et 200 milliards de dollars. Dans la mesure où l’Occident a perdu la guerre contre le régime syrien, il est hors de question pour nos pays de réparer ce qu’ils ont détruit.

Dans la bande de Gaza, la reconstruction des 500 km du métro de Gaza — ce réseau de tunnels souterrains servant autant à des fins militaires qu’à l’importation clandestine d’objets de première nécessité — génèrera 176 000 tonnes de gaz à effet de serre.

De manière générale, la reconstruction des cent-mille édifices endommagés de la bande de Gaza génèrerait l’équivalent de trente-millions de tonnes de CO₂. C’est environ 40 % des GES produits annuellement par le Québec, selon les plus récentes données disponibles (soit celles de 2021).

Conclusion

La production d’armements nécessite le recours à des ressources matérielles importantes.

Il faut creuser le sol pour y extraire des métaux qui seront fondus à haute température en lingots. Puis il faut laminer ces lingots pour créer, entre autres, les carcasses de bombardiers et des cartouches d’obus ou de missiles.

Sans parler de l’extraction extrêmement polluante des métaux stratégiques nécessaires à la fabrication des circuits électroniques qui rendront ‘intelligentes’ les armes utilisées.

Malheureusement, aucune bombe n’est recyclable. Aucune poudre à canon n’est biologique. Aucun bombardier, aucun char d’assaut et aucun missile n’est alimenté par une source d’énergie renouvelable.

Bref, la guerre est polluante et quand on y recourt, on crée des ruines qu’il faut déblayer et qu’il faut habituellement remplacer. Ce qui exige de nouvelles ressources.

Bref, la guerre est non seulement une boucherie, c’est aussi un désastre environnemental d’origine humaine.

Si on veut sauver la planète, il faudra responsabiliser les va-t-en-guerre, les médias qui propagent leur idéologie haineuse, et les niais qui les applaudissent.

Il arrive que la guerre soit nécessaire. Mais c’est rarement le cas; sur la quarantaine de guerres régionales ou mondiales survenues au XXe siècle, on peut compter sur les doigts d’une main, les conflits armés dont c’était le cas. Les autres n’ont servi qu’à répandre le malheur, qu’à perpétuer les haines, et à polluer l’environnement.

Références :
A Multitemporal Snapshot of Greenhouse Gas Emissions from the Israel-Gaza Conflict
Après un an de guerre en Ukraine, une économie de la résilience
Cinq éléments qui influenceront la guerre en Ukraine en 2024
COP27 : le fret maritime est l’un des plus grands émetteurs de CO2, et il tarde à changer de cap
‘Elephant in the room’: The US military’s devastating carbon footprint
Emissions from Israel’s war in Gaza have ‘immense’ effect on climate catastrophe
Impact climatique du transport aérien
Interventions militaires des États-Unis dans le monde
Léger rebond des GES au Québec en 2021 par rapport à l’année précédente
L’énorme coût environnemental de la guerre en Ukraine
L’impact de 100 jours de guerre entre Israël et le Hamas, en chiffres et en cartes
Liste des guerres du XXe siècle
The numbers that reveal the extent of the destruction in Gaza

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Lutte contre l’État islamique : l’importance de la diplomatie française

Publié le 20 novembre 2015 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

Elle est finie l’époque où un pays déclarait la guerre à un autre en lui transmettant une déclaration par le biais d’un ambassadeur.

Le carnage du 13 novembre dernier à Paris a été une déclaration de guerre implicite de l’État islamique (ÉI) contre la France. Tout comme les attaques de Pearl Harbor en 1941 ont été une déclaration de guerre implicite du Japon envers les États-Unis.

Mais est-ce bien comparable ? L’ÉI est-il un État ?

Un pays officieux

Jusqu’ici, les gouvernements de nombreux pays (dont le Canada) préféraient qu’on parle des milices de l’État islamique plutôt que d’État islamique.

De nos jours, on parlera aussi de Daech, un acronyme basé sur la transcription phonétique de mots arabes Dawlat islamiya fi ’iraq wa sham qui signifient État islamique en Irak et au levant. Bref, du pareil au même.

Pendant un certain temps sur ce blogue, j’ai suivi cette directive non écrite; en septembre 2014, je parlais encore de l’organisation État islamique.

Mais il faut nous rendre à l’évidence; dans les faits, c’est un État. Ses frontières ont beau fluctuer au gré des combats, ce pays a beau ne jouir d’aucune reconnaissance officielle, ce qui ne change rien au fait qu’il a tous les attributs d’un État.

L’État islamique contrôle un territoire qu’il appelle califat. Il y assure l’ordre. Il y prélève des taxes et impôts. Il y distribue des services (dispensaires et enseignement coranique, notamment).

On pourra le conquérir et, une fois qu’il aura été défait, l’annexer à ce qu’on voudra : pour l’instant, c’est un pays.

L’efficacité de la diplomatie française

Lorsqu’on entre en guerre, toutes les forces de l’État n’ont qu’un seul but; vaincre l’ennemi. Or une des forces de la France, c’est la compétence et l’efficacité de son corps diplomatique.

Il faut s’enlever de l’esprit ce cliché voulant que le travail d’un ambassadeur consiste à courir les cocktails d’une ambassade à l’autre.

Les autorités françaises ont entrepris un important ballet diplomatique entre les grandes capitales et cette initiative commence déjà à porter fruit.

Jusqu’ici, la coalition militaire contre l’ÉI n’avait pas pour but d’anéantir le califat, mais de susciter le chaos et l’anarchie de manière à inciter les pays voisins de se protéger en achetant des armes auprès des dirigeants de cette coalition (qui sont des producteurs d’armements).

Si le but avait été d’anéantir l’ÉI, on l’aurait d’abord vulnérabilisé en sapant ses sources de financement, la principale étant la vente de pétrole extrait du territoire qu’il contrôle.

Grâce à la diplomatie française, les choses commencent à changer.

Cette semaine, le quotidien Le Monde nous apprend qu’après consultation avec les représentants français, le Pentagone avait décidé détruire les centres de distribution du pétrole tenus par l’ÉI, ainsi que leurs convois partant en direction de la Turquie. À noter : on parle ici de distribution et non de production.

Selon la revue Foreign Policy, les responsables militaires américains sont arrivés à la conclusion que la campagne aérienne contre les infrastructures pétrolières de Syrie — infrastructures qui ont rapporté des centaines millions de dollars à l’EI ces deux dernières années — avait été trop prudente (un euphémisme pour dire qu’ils n’ont rien fait).

On a donc mis sur pied d’une nouvelle opération baptisée Tidal Wave II, en référence à la campagne qui avait détruit les champs pétroliers de l’Allemagne nazie en Roumanie durant la Deuxième Guerre mondiale.

Le 15 novembre dernier, des frappes ont détruit 116 camions-citernes stationnés près de la frontière irakienne, à Abou Kamal.

En Syrie seulement, l’ÉI contrôle 253 puits de pétrole. À certains de ces puits, les camions-citernes en attente de ravitaillement forment des queues longues de six kilomètres.

On voit donc que la destruction de 116 camions-citernes n’est qu’un début. Ce qu’on cherche à faire pour l’instant, ce n’est pas de détruire les sites d’extraction, mais de faire en sorte que leur accès soit encombré par les carcasses des camions-citernes bombardés.

Dans le fond, on arrive au même résultat que le bombardement des puits de pétrole. L’opération Tidal Wave II possède l’avantage de pouvoir remettre en service ces sites pétroliers aussitôt l’ÉI vaincue, le cas échéant.

Le but de la guerre contre l’ÉI

Ira-t-on plus loin en détruisant les puits de pétrole eux-mêmes ? Du point de vue strictement militaire, cela n’est pas nécessaire; empêcher l’accès suffit. Toutefois la guerre est soumise à d’autres impératifs.

Le but de la guerre contre l’ÉI n’est pas d’anéantir le califat; en une décennie de guerre, les États-Unis ne sont pas venus à bout d’Al-Qaida.

Cette guerre a deux objectifs.

Le premier est de punir de manière spectaculaire l’ÉI en lui infligeant une vulnérabilité dont il ne se remettra jamais.

Le deuxième est de tracer aux yeux de tous les mouvements terroristes à travers le monde, une ligne rouge qui est la limite à ne pas dépasser.

Massacrez-vous entre milices hostiles : pas de problème. Massacrez des populations loin de nous et nous vous condamnerons du bout des lèvres sans qu’il ne vous arrive rien. Mais touchez à un cheveu de nos citoyens ici même sur le territoire national et notre colère sera terrible. Voilà le message.

Une leçon pour le Canada

Pendant les années du régime despotique de Steven Harper, le Canada a considérablement perdu de son influence internationale.

Obéissant à des politiques économiques à courte vue (basées exclusivement sur l’exploitation pétrolière), le Canada s’est présenté au monde comme un pays qui n’hésite pas à renier ses engagements, à tenter de saboter les conférences destinées à combattre le réchauffement climatique, et qui ferme les yeux sur toutes les violations des droits de l’Homme commises par des régimes d’extrême droite (dont l’Arabie saoudite).

En 2010, lorsqu’il s’est agi de combler une vacance à son Conseil de sécurité, l’ONU a infligé une gifle au Canada en préférant le Portugal à notre pays.

On ne sait jamais lorsqu’on aura besoin des autres. En devenant un pays en marge des préoccupations mondiales, le gouvernement Harper a placé le Canada dans une situation délicate.

Voilà pourquoi il est important de rétablir la réputation internationale de notre pays, ce à quoi s’emploie justement le nouveau gouvernement canadien.

Références :
Daesh gagnerait 50 millions de dollars chaque mois sur la vente du pétrole
Esclavage, rançons, pétrole, pillage… comment se finance l’Etat islamique
Hitting the Islamic State’s Oil Isn’t Enough
Le Canada reçoit une gifle à l’ONU
L’État islamique : un trou noir
Raids aériens pour « casser la machine » Etat islamique

Parus depuis :
Frappes d’une rare intensité en Syrie (2015-11-21)
La France exclut l’envoi de forces spéciales (2015-11-23)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’ABC de la guerre au Mali

Publié le 28 janvier 2013 | Temps de lecture : 1 minute

 

Voici un reportage du quotidien français Le Monde relatif à l’intervention armée de la France au Mali.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’Iran joue avec le feu

Publié le 7 janvier 2012 | Temps de lecture : 5 minutes
© 2009 — Pethrus (pour Wikipedia)

Du point de vue de la navigation maritime, le golfe persique est un cul-de-sac dont il n’existe qu’une seule issue : le détroit d’Ormuz.

C’est par là que transite le tiers du pétrole transporté par voie maritime dans le monde (et le cinquième du trafic, tous modes confondus). L’essentiel du pétrole exporté d’Arabie saoudite, d’Iran, des Émirats arabes unis, du Koweït et de l’Irak transite par ce passage étroit de 6,4 km.

Pendant dix jours à partir du 22 décembre dernier, l’Iran y menait officiellement des exercices militaires, sans toutefois interrompre le trafic maritime.

Mais voilà que quelques jours après le début des exercices, ce pays donne une idée de ce qui pourrait être ses véritables intentions. En effet, le premier vice-président iranien déclare que son pays n’hésitera pas à fermer le détroit si l’ONU devait adopter de nouvelles sanctions économiques contre son pays. Comme si cet exercice n’était qu’une préparation en vue de cette fermeture.

L’amiral Mahmoud Moussavi, porte-parole des manoeuvres navales, précise : « À partir (du 31 décembre), une majorité de nos unités navales — de surface, sous-marine et aérienne — vont se positionner selon une nouvelle formation tactique destinée à rendre impossible le passage de tout navire par le détroit d’Ormuz si la République islamique en décide ainsi. »

Or la libre circulation par ce détroit est essentielle à l’économie mondiale. Tout blocus iranien représente un risque certain d’un conflit armé dans la région.

Il existe deux alternatives terrestres à Ormuz; par le pipeline qui court d’Arabie saoudite vers la mer Rouge et par celui qui relie les Émirats arabes unis à la mer d’Oman. Mais ces alternatives ne concernent pas la production pétrolière du Koweït et du Qatar.

Le blocus du détroit est une arme à double tranchant puisqu’il toucherait aussi la production du pétrole iranien. Toutefois l’économie de l’Iran est beaucoup plus diversifié que celle de son grand rival régional, l’Arabie saoudite. En effet, le pétrole ne représente que 8% du Produit intérieur brut (PIB) de l’Iran — mais 80% de ses exportations — alors que le pétrole représente 53% du PIB d’Arabie (et 90% de ses exportations).

On comprend donc que l’Arabie saoudite, dont l’économie est à la merci de l’Iran, souhaite ardemment une guerre éclair qui anéantirait la menace iranienne. Rien ne ferait plus plaisir à l’Arabie que les « Impies » américains tuent des hérétiques iraniens (car à 89% chiites) pendant que l’Arabie saoudite (officiellement à 100% sunnite) assiste au spectacle gratuit de l’autre côté de la rive en sirotant son thé à la menthe.

Or il est très improbable que les États-Unis déclarent une troisième guerre en une décennie contre autant de pays musulmans. Pour plusieurs raisons.

Premièrement, le peuple américain a été très complaisant relativement à la guerre en Irak : il a supporté l’entrée en guerre comme il appuie généralement aveuglément son club de football local. Il regrette aujourd’hui cet engagement. C’est pourquoi une nouvelle guerre, aussi justifiée soit elle, est politiquement indéfendable auprès des Américains.

Deuxièmement, l’organisme National Priorities Project estime à plus de 800 milliards de dollars le coût de la guerre en Irak et à plus de 488 milliards de dollars le coût de la guerre en Afghanistan. Les guerres républicaines récentes représentent donc une dépense de plus de quatre mille dollars pour chaque Américain (homme, femme ou enfant). Or une guerre totale contre l’Iran sera définitivement plus coûteuse que la somme des deux guerres précédentes.

L’Iran a une population de 78 millions de personnes, soit d’avantage que l’Irak (31.2 millions) et l’Afghanistan (29.8 millions) réunis. Alors que le régime de Saddam Hussein ne pouvait pas compter sur la mobilisation enthousiaste des minorités qu’il avait faites massacrer — soit les Kurdes (dans le nord du pays) et les Irakiens chiites (au sud) — la population iranienne est beaucoup plus homogène du point de vue ethnique (perse à 70%, turcophone à 26%) et religieux (chiite à 89%). Des envahisseurs y rencontreraient une population beaucoup plus hostile et beaucoup plus unie derrière ses dirigeants.

Non seulement une telle guerre porterait le prix du pétrole à 150$ ou 200$ le baril, mais l’Iran pourrait être tenté d’envahir le sud de l’Irak afin de « délivrer » ses coreligionnaires chiites, victimes des attentats terroristes dans ce pays, et réunir des populations qui faisaient partie autrefois de la Perse antique (et qui se distinguent aujourd’hui par la langue; les Iraniens parlent surtout le perse alors que les Irakiens sont arabes).

Références :
Guerre d’Afghanistan (2001)
Guerre d’Irak
La guerre en Irak ou L’aveuglement collectif américain
L’Iran menace Ormuz pour éviter des sanctions
La guerre en Irak ou L’aveuglement collectif américain
L’Iran teste des missiles sur fond de nouvelles sanctions
Paix mondiale – L’Iran représente la plus grande menace, selon Harper
« Plus une goutte de pétrole ne passera par Ormuz » en cas de sanctions, avertit l’Iran

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Vente « record » d’armes à l’Arabie Saoudite

Publié le 26 novembre 2010 | Temps de lecture : 4 minutes
© 2010 — Google Maps

De 2001 à 2008, on a livré pour 285 milliards de dollars de matériel militaire à travers le monde.

Les principaux fournisseurs d’armes ont été les États-Unis (35,2%), la Russie (14,9%), la Grande-Bretagne (12,6%), la France (7,3%), l’Allemagne (6,2%), la Chine (3,1%), l’Italie (1,6%), les autres pays européens (10,5%) et le reste du monde (8,4%).

Au cours de cette période, la clientèle des pays en voie de développement a gagné en importance puisque la proportion des armes qui leur sont destinées est passée de 33,1% (2001-2004) à 40,2% (2005-2008) des ventes mondiales.

Parmi les pays en voie de développement, les principaux acheteurs d’armement furent l’Arabie Saoudite (36,7 milliards$), l’Inde (30,8 milliards$), les Émirats arabes unis (15,3 milliards$), la Chine (12,9 milliards$), l’Égypte (12,3 milliards$), le Pakistan (11,8 milliards$), Israël (7,1 milliards$), la Syrie (6,5 milliards$), le Venezuela (5,8 milliards$), et l’Algérie (4,9 milliards$).

Puisqu’il s’agit de données concernant les pays en voie de développement, voilà pourquoi la Grèce — cinquième plus important acheteur d’armes au monde de 2005 à 2009 — ne figure pas dans cette liste. De plus, ces données proviennent du Service de recherche du Congrès américain : or ce dernier fait figurer Israël et les Émirats arabes unis parmi les pays en voie de développement alors que la richesse qui y est produite per capita en 2005 était de 30,464$ pour Israël et de 29,141$ pour les Émirats arabes unis, soit davantage que la moyenne des pays de l’Union européenne (28,165$).

Ces jours-ci, le Congrès américain se prépare à approuver une importante vente d’armement à l’Arabie Saoudite. Il s’agit d’un contrat de 60 milliards$ comportant au moins 35% de retombées économiques pour l’Arabie. Ce contrat a été présenté comme étant la plus importante vente d’armes de l’histoire des États-Unis. Compte tenu des délais de livraison — qui s’échelonneront sur quinze à vingt ans — il s’agit, au contraire, d’un contrat relativement modeste.

En effet, si on va au-delà de la période 2001-2008, on s’aperçoit que de 1987 à 1997, l’Arabie saoudite a dépensé 262 milliards (en dollars de 1997) de dépenses militaires, ce qui a représenté 18% de son produit intérieur brut (alors que les dépenses militaires des États-Unis représentaient 4,6% de son PIB). Se sentant menacée par son voisin envahissant de l’époque (l’Irak), l’Arabie a commandité la première du golfe (1990-1991) à hauteur de plusieurs dizaines de milliards$ ; en d’autres mots, elle a financé l’armement et le coût des opérations des belligérants afin d’assurer sa protection.

En dépit de son budget militaire, l’Arabie Saoudite est probablement incapable de se défendre contre les pays qui représentent une menace pour elle et ce, en raison de sa faible population et de son grand territoire. En effet, il s’agit du 14e plus vaste pays du monde avec une superficie de deux millions de km² dont moins de 2 % des terres y sont cultivables. Officiellement, la population du pays est estimée à 27 millions d’habitants dont 5,5 millions de travailleurs étrangers. Des 22 millions de véritables saoudiens, 38% ont moins de quinze ans et à peu près personne n’a d’expérience de la guerre. En comparaison, l’Iran — un voisin qu’elle juge menaçant aujourd’hui — a une population de 66 millions de personnes.

Références :
Conventional Arms Transfers to Developing Nations, 2001-2008
Liste des pays par PIB (PPA) par habitant
Saudi Arabia
Trends in international arms transfers, 2009
US Congress notified over $60bn arms sale to Saudi Arabia
US made money from previous wars

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Écrit par Jean-Pierre Martel