Northvolt : le hold-up financier de la Goldman Sachs

Publié le 24 octobre 2024 | Temps de lecture : 4 minutes

De tous les projets de Northvolt à travers le monde, l’usine québécoise de Northvolt est celui qui bénéficie du meilleur financement.

Non seulement le Québec a entièrement financé l’achat du terrain de 240 millions de dollars sur lequel cette usine sera bâtie, mais Investissement Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec ont déjà investi 710 millions$ dans le projet.

Jusqu’ici, Nothvolt a défriché son terrain à Bécancour, mais l’usine n’est pas sortie de terre. Si bien que les caisses de la succursale québécoise de Northvolt sont pleines.

Pendant ce temps, la maison-mère suédoise se bat pour sa survie; elle manque de liquidités. Or dès qu’une compagnie a les caisses vides, c’est la faillite.

Le gouvernement Legault se fait rassurant en soulignant l’indépendance financière de la filiale québécoise (pleine aux as) de la maison-mère (qui lutte pour sa survie).

Cette indépendance est bien relative (nous y reviendrons).

Sous la pression de ses créanciers, Northvolt a réduit ses dépenses en coupant 1 600 postes à son usine suédoise. Ce qui représente le quart de ses effectifs mondiaux. De plus, elle a remis à plus tard tous ses projets actuels (dont celui du Québec, différé de 18 mois).

Elle a contacté tous ses investisseurs actuels (privés et publics) pour leur demander de contribuer à un financement d’urgence.

Avec 19,2 % des parts, la banque d’investissements Goldman Sachs est le deuxième plus important actionnaire de la maison-mère de Northvolt (un peu derrière Volkswagen, avec 21,0 % des parts).

Cette banque offre d’injecter la plus grande part des 300 millions $US nécessaires pour assurer la survie de Northvolt jusqu’au premier trimestre de 2015. Et ce, à deux conditions.

Premièrement, elle exige que le gouvernement du Québec renonce à ses garanties financières en cas de faillite de Northvolt. En somme, elle veut que le Québec n’ait pas priorité sur elle en cas de liquidation des actifs de la compagnie.

Et deuxièmement, elle exige que les succursales de Northvolt qui ont de l’argent de trop (ce qui vise spécifiquement la succursale québécoise) transfèrent leurs surplus à la maison-mère.

Voyons en détail ces deux exigences.

Le sauvetage d’urgence de la maison-mère n’assure pas la survie de Northvolt à long terme. En d’autres mots, même si le Québec renonce à ses garanties, il n’est pas plus avancé puisque Northvolt pourrait faire faillite quand même si l’ambitieuse campagne de financement projetée l’an prochain est un échec.

Quant au transfert des surplus, ce qui en décide, ce ne sont pas les actionnaires; c’est le Conseil d’administration (CA) de la filiale québécoise.

S’il décide d’investir des centaines de millions de dollars dans le capital-actions de la maison-mère, les actionnaires furieux pourront toujours limoger les membres du CA lors de l’assemblée annuelle des actionnaires. Mais il sera déjà trop tard.

Si la banque américaine réussit son coup, le Québec se retrouvera avec des garanties qui concerneront les avoirs d’une coquille vide que sera devenue la filiale québécoise de Northvolt.

Références :
Déboires de Northvolt : quels seront les impacts à Bécancour?
Northvolt : Une faveur pour sauver les meubles ?
Québec céderait ses garanties financières pour sauver Northvolt

Complément de lecture : Le bras dans le tordeur Northvolt

Un commentaire

| 2018-202X (années Legault), Économie, Politique québécoise | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel