Le glyphosate plein l’assiette

2 décembre 2020


 
Les céréales sont à la base de l’alimentation humaine. Ils sont tellement importants que le gouvernement canadien n’a jamais autorisé la commercialisation de blé transgénique au pays.

En février 2019, l’émission La semaine verte nous apprenait que les agriculteurs de la Saskatchewan utilisaient le glyphosate (le Roundup™ de Mosanto) en prérécolte.

Puisque le glyphosate est mortel pour le blé (ce dernier n’étant pas transgénique), que vient faire le glyphosate dans la culture de cette céréale ?

C’est qu’aucun champ n’est parfaitement plat. Après la pluie, certaines parties du champ demeurent détrempées plus longtemps. Et les plantes qui y poussent murissent plus lentement.

Pour ne pas avoir à attendre après les ‘retardataires’, on tue tous les plants à l’herbicide. Ils sèchent en quelques jours. Puis on les récolte.

Si le blé n’était pas réduit en farine, il serait impossible de semer ses grains; ils sont empoisonnés au glyphosate.

Apparue en Saskatchewan, cette technique agricole s’est répandue au Québec cet été.

Non seulement est-elle pratique pour l’agriculteur, mais elle aussi très économique; l’assurance récolte du Québec — payée à 60 % par les contribuables — rembourse l’achat des herbicides et les couts de pulvérisation.

C’est ainsi que 99 agriculteurs québécois ont obtenu dernièrement un remboursement moyen de 1 047 $ pour l’achat de pesticides et les couts de pulvérisation. Aucune demande n’a été refusée par le ministère de l’Agriculture.

Le remboursement concerne non seulement le glyphosate (cancérogène probable selon l’OMS), mais également l’épandage du Diquat (un herbicide interdit en Europe en raison de sa toxicité).

On invoque des raisons climatiques particulières cette année. Mais qu’on ne s’y trompe pas; cela n’est qu’un prétexte. L’an prochain, on invoquera d’autres raisons.

La décision de rembourser l’épandage de glyphosate en prérécolte a été prise à la suite des représentations de Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec.

Celui-ci est également un lobbyiste enregistré dont les démarches visent officiellement à libéraliser l’utilisation des pesticides.

Puisqu’au Québec, on ne peut acheter de pesticide que sur ordonnance d’un agronome, de plus en plus d’agriculteurs achètent ces produits sur l’internet.

Ceux qui continuent de s’approvisionner au Québec obtiennent facilement une ordonnance à ce sujet en raison de la corruption généralisée des agronomes québécois (dont l’Ordre professionnel aurait dû être mis sous tutelle il y a bien longtemps).

Autrefois, il suffisait d’acheter du pain fait avec de la farine de blé du Québec (comme ceux de la boulangerie St-Méthode) pour éviter de consommer du pain fait avec du blé empoisonné au glyphosate.

Depuis que les agriculteurs d’ici sont tombés dans la facilité, la manière de consommer du pain sain est soit de le faire soi-même à partir de farine bio ou d’acheter du pain bio (comme ceux que vend Première Moisson).

Incidemment, leur pain intégral au levain (à 6,29$ la miche de 625 g) et leur pain de blé Khorasian biologique (à 5,20$ la miche de 500 g) sont chaudement recommandés.

Références :
Du glyphosate dans nos aliments
La corruption généralisée des agronomes québécois
L’argent des Québécois a payé l’usage controversé de pesticides
Les céréales canadiennes contaminées au glyphosate
Notre pain contaminé par les herbicides

Parus depuis :
Santé Canada veut autoriser plus de pesticide glyphosate sur des aliments (2021-07-19)
Encore et toujours plus de glyphosate (2021-07-22)

Paru depuis :
Cancers liés au Roundup — Bayer perd de nouveau en appel (2021-08-10)

Détails de la photo : Droits appartenant à Matt Gibson. Photo distribuée par la banque d’images OnePixel.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les céréales canadiennes contaminées au glyphosate

22 février 2019


 
Le temps des illusions

Au début de cet après-midi, je me suis acheté six kilos de gruau bio du Québec, un kilo de farine de sarrasin bio canadien et un format de 500 g de spaghettis bios italiens.

Et en soirée, se sont ajoutés un kilo de macaronis et un kilo de spaghettinis, tous deux bios et italiens.

Par contre, j’ai purgé mon garde-manger de toutes les pâtes et les céréales qui s’y trouvaient.

Et je l’ai fait avec la rage de l’épouse trompée qui jette par la fenêtre les vêtements de son époux volage.

Jusqu’ici, je croyais avoir pris d’assez bonnes précautions afin de minimiser mes ingestions de glyphosate, un herbicide total soupçonné d’être cancérigène.

Contrairement aux légumineuses (soya, canola), aucune variété de blé ou d’avoine génétiquement modifiée n’est homologuée au Canada.

Mon pain est sans OGM. Puisque sa farine de blé ne peut être que naturelle, la mention ‘sans OGM’ ne concerne que la présence secondaire de farine de soya.

L’autre grande céréale de mon alimentation est l’avoine. Puisqu’il n’existe pas d’avoine génétiquement modifiée, je présume depuis toujours que mon gruau est relativement dépourvu de glycosate.

Bref, depuis des décennies, je croyais qu’il suffisait d’acheter des pâtes et des céréales en provenance du Canada ou d’Italie — peu importe qu’ils soient bios ou non — pour obtenir un aliment de qualité.

Erreur.

Le réveil

Samedi dernier, l’émission La semaine verte nous apprenait que les agriculteurs de la Saskatchewan utilisent le glyphosate pour amener tous les plans de céréale d’un champ à maturité en même temps.

On les tue à l’herbicide. Elles sèchent en une semaine. Et on les récolte.

Lorsqu’il est pulvérisé sur une plante résistante, le glyphosate se répand dans toutes ses cellules puis, peu à peu, est éliminé en grande partie par cette plante, demeurée vivante.

Mais pulvérisés en prérécolte sur une plante sensible, le poison se répand, mais la plante meurt avant d’avoir pu se débarrasser du glyphosate.

Empoisonnés au glyphosate, les grains sont incapables de germination.

Heureusement, disent les autorités, ces teneurs sont en deçà ‘des normes’.

Parlons-en, des normes.

Plus l’usage du glyphosate se répand, plus les teneurs mesurées par les scientifiques augmentent. Quand les producteurs industriels ont de la difficulté à respecter les normes, le gouvernement normalise l’abus en haussant les teneurs maximales permises.

C’est ainsi que les normes canadiennes pour le blé sont passées de 0,1 ppm à 5,0 ppm (cinquante fois plus) afin d’accommoder les agriculteurs qui tuaient leur blé au glyphosate juste avant la récolte.

Présentement, les normes sont de 30 ppm (parties par million) pour le blé et l’avoine américains, 15 ppm pour l’avoine canadienne, et 5 ppm pour le blé canadien. Comme si, au Canada, le glyphosate était trois fois plus dangereux dans le blé que dans l’avoine.

Pour les légumes, le taux maximal permis au Canada varie de 0,5 ppm dans l’asperge à 200 ppm dans la luzerne. Les organismes règlementaires canadiens trouvent normal d’avoir 400 fois plus de glyphosate dans la luzerne que dans l’asperge.

Ce qui prouve que leurs normes incohérentes n’ont aucun rapport avec la toxicité du glyphosate. Ce sont des normes adoptées pour accommoder les producteurs et non pour protéger la population canadienne.

La maturation chimique des céréales est interdite en Autriche, en Belgique, en Italie et en République tchèque.

Échaudé par le scandale du blé au glyphosate, le fabricant de pâtes Barilla a adopté la norme très sévère de 0,1 ppm. Cette compagnie a complètement cessé d’importer du blé canadien puisque même les producteurs bios de Saskatchewan sont incapables de respecter cette norme en raison de la contamination de leurs champs par des agriculteurs voisins qui utilisent du glyphosate.

La frustration

En Italie, des protestations contre le blé canadien au glyphosate ont éclaté en juin 2017.

Sous la pression populaire, depuis février 2018, les producteurs de pâtes en Italie sont obligés d’indiquer la provenance du blé utilisé.

Conséquemment, les exportations canadiennes de blé vers ce pays ont chuté d’un million de tonnes en novembre 2017 à 290 000 tonnes en aout 2018.

Là où je veux en venir est la question suivante : comment se fait-il que nous, Canadiens, apprenons aujourd’hui ce qui se passe dans notre pays alors que tous les Italiens savent cela depuis deux ans ?

Que les ministères de l’Agriculture, tant à Ottawa qu’à Québec, ne servent qu’à normaliser les pratiques agricoles promues par les géants de l’industrie ‘agro-chimio-alimentaire’, cela est un secret de Polichinelle.

Toutefois, je me sens frustré de savoir que le ministère de la Santé fédéral — dont dépend l’Agence canadienne d’inspection des aliments — est également le complice silencieux de pratiques agricoles qui généralisent la présence d’un produit probablement cancérigène dans nos assiettes.

Je me demande c’est quoi la démocratie…

Références :
Du glyphosate dans nos aliments
Faut-il revoir le processus d’homologation du glyphosate?
L’abus croissant des usages du Roundup : impacts potentiels
Les Italiens boudent le blé canadien au glyphosate
Notre pain contaminé par les herbicides

Parus depuis :
Des incitatifs illégaux versés à des agronomes pour vendre plus de pesticides (2019-03-28)
Roundup : condamnation de Monsanto confirmée en appel en Californie (2020-07-21)
L’argent des Québécois a payé l’usage controversé de pesticides (2020-12-01)
Glyphosate : le ministre Lamontagne rit de nous (2020-12-08)
Santé Canada veut autoriser plus de pesticide glyphosate sur des aliments (2021-07-19)
Encore et toujours plus de glyphosate (2021-07-22)
Cancers liés au Roundup — Bayer perd de nouveau en appel (2021-08-10)

Détails de la photo : Droits appartenant à Matt Gibson. Photo distribuée par la banque d’images OnePixel.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Des traces de Roundup™ de Monsanto dans le tiers des aliments

16 avril 2017
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Le glyphosate est un herbicide total mieux connu sous le nom de Roundup™ de Monsanto.

Puisque cet herbicide tue les plantes cultivées autant que les mauvaises herbes, le semencier Monsanto a mis au point des plantes modifiées génétiquement qui ont la propriété d’être résistantes à cet herbicide. On les dit ‘Roundup Ready’.

Il suffit alors d’arroser périodiquement du Roundup™ dans les champs où on a semé des plantes ‘Roundup Ready’ pour que celles-ci résistent à l’herbicide alors qu’on extermine toutes les autres qui tenteraient d’y pousser également.

Chez l’animal, la DL50 — c’est-à-dire la dose nécessaire à tuer 50% des sujets d’expérience — est de 4 320 ppm chez le rat et à peu près la même chose chez les oiseaux.

La DL50 est toutefois beaucoup plus faible chez les poissons (de l’ordre de 38 à 78 ppm).

Il est à noter que les études de la toxicité de la glyphosate tiennent rarement compte de celle de ses adjuvants dans le produit Roundup™.

Dans le sol, le glyphosate est sujet à la dégradation microbienne. Selon la flore bactérienne variable du sol, environ 50% du glyphosate qui s’y trouve peut être détruit en 49 jours.

Les particules du sol adsorbent fermement ce produit chimique à leur surface. Théoriquement, cela fait que cet herbicide devrait être faiblement entrainé par les eaux de pluie, en dépit de sa grande solubilité dans l’eau.

C’était la conclusion des premières études environnementales à son sujet. Mais depuis, son utilisation massive a fait qu’on en a découvert des traces dans de nombreux cours d’eau et nappes phréatiques.

L’agence américaine de Protection de l’environnement a fixé la limite sécuritaire du glyphosate dans l’eau potable à 0,8 ppm.

Dans le cas des aliments, la limite maximale canadienne des résidus varie en fonction du produit; elle est de 20 ppm pour le soya, 10 ppm pour l’orge, 5 ppm pour les pois, et 4 ppm pour les haricots et les lentilles.

Cette semaine, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a publié les résultats de son étude sur la présence de glyphosate dans nos aliments.

L’étude a porté sur 482 échantillons de fruits et légumes (frais et transformés), 2 497 échantillons de légumineuses et de céréales, de même que 209 échantillons de nourriture pour enfants, pour un total de 3 188 produits testés.

À l’état de traces, le glyphosate est présent dans 29,7% des produits alimentaires. Toutefois, il ne dépasse les limites règlementaires que dans 1,3% des cas.

Les produits fautifs étaient essentiellement des produits céréaliers (3,9% des cas), des légumineuses (0,6%) et des jus et autres boissons (0,2%, dont le lait de soya fait partie).

On n’a rien trouvé d’excédentaire dans les autres catégories d’aliments.

À titre d’exemple, dans le cas précis des aliments pour bébés, la présence de glyphosate a été en dessous du seuil de détection dans 69% des cas. Et dans le reste, soit 31% des cas, il s’agissait de traces jugées acceptables.

Précisons qu’il n’existe pas d’étude sur les effets à très long terme des traces de glyphosate dans l’alimentation.

Références :
Environment Fate of Glyphosate
Glyphosate
L’herbicide glyphosate décelé dans le tiers des produits alimentaires testés par l’ACIA
Sauvegarder grâce à la science — dépistage du glyphosate en 2015-2016

Parus depuis :
En Allemagne, un laboratoire qui a testé le glyphosate mis en cause pour fraude (2020-02-12)
Santé Canada veut autoriser plus de pesticide glyphosate sur des aliments (2021-07-19)
Cancers liés au Roundup — Bayer perd de nouveau en appel (2021-08-10)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/4000 sec. — F/2,8 — ISO 125 — 40 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel