Le scandale des ventes d’armes canadiennes à l’Arabie saoudite

Publié le 26 septembre 2015 | Temps de lecture : 2 minutes
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C’est aujourd’hui que le contrat militaire que le gouvernement Harper a conclu avec l’Arabie saoudite refait surface dans la campagne électorale canadienne.

Rappelons que le contrat de la firme ontarienne General Dynamics concerne la vente de véhicules blindés au cout total de 10 milliards$ sur 14 ans, soit 760 millions$ annuellement.

Ce faisant, le gouvernement Harper a violé une loi canadienne datant de 1947, interdisant la vente d’armes canadiennes vers les pays « où les droits de la personne de leurs citoyens font l’objet de violations graves et répétées de la part du gouvernement, à moins qu’il puisse être démontré qu’il n’existe aucun risque raisonnable que les marchandises puissent être utilisées contre la population civile ».

Ali Mohammed al-Nimr
 
Cette controverse survient au moment où un jeune saoudien (ci-dessus) doit être bientôt décapité (et son cadavre, crucifié et exposé publiquement jusqu’à la décomposition évidente des chairs) pour avoir réclamé des réformes démocratiques lors du printemps arabe dans son pays.

Cette révolte a été réprimée dans le sang par la dictature saoudienne notamment en utilisant des véhicules blindés similaires à ceux que le Canada s’apprête à vendre à l’Arabie saoudite.

En mars dernier, la Suède a décidé de ne pas renouveler son accord de coopération militaire signé avec l’Arabie saoudite en 2005 en raison du bilan peu reluisant de ce pays en matière des droits de l’homme.

Références :
Ali Mohammed al-Nimr
Arabie Saoudite : décapité et crucifié publiquement à 21 ans pour avoir… manifesté
Cinq questions sur la condamnation d’un jeune Saoudien à être décapité et crucifié
General Dynamics: contrat de 10 milliards avec l’Arabie saoudite
La Suède met fin à sa coopération militaire avec l’Arabie saoudite au nom des droits de l’homme
L’économie avant les droits de la personne

Parus depuis :
Les jeeps de Justin – Le «deal» avec Riyad fait éclater la vitrine morale d’Ottawa (2016-01-18)
Vente de véhicules blindés à l’Arabie saoudite : vers une contestation en cour (2016-02-06)
Saudis lobby MEPs before arms embargo vote over Yemen (2016-02-25)
EU parliament votes for embargo on arms sales to Saudi Arabia (2016-02-25)
L’Arabie saoudite en retard dans ses paiements pour des véhicules blindés canadiens (2019-10-30)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le contrat de l’Arabie saoudite au Canada : les soupçons…

Publié le 18 février 2015 | Temps de lecture : 4 minutes

Mon texte d’hier fut écrit après avoir lu un article sur le site web de Radio-Canada relativement aux coûts de l’implication militaire du Canada contre les milices de l’État islamique.

À la suite de la publication de mon texte, je me suis rendu aussitôt sur le site de Radio-Canada pour en publier un résumé qui fut censuré sans que je sache exactement pourquoi.

Puis, quelques instants plus tard, j’ai résumé le tout encore plus brièvement, en réponse à une intervention d’un autre participant à la discussion (voir ci-dessous, la première des deux répliques).

Secret

Ce message a également été censuré. Ici « Contenu désactivé » est un euphémisme. L’auteur du message peut le voir à l’écran mais il est le seul.

Croyant que Radio-Canada, par crainte de poursuite, ne voulait pas qu’on nomme la compagnie General Dynamics, j’ai donc publié de nouveau ce message, cette fois en évitant de nommer cette compagnie. Nouvelle censure.

Conclusion : il est tabou de dire que le gouvernement Harper utilise l’armée canadienne à protéger l’Arabie saoudite en contrepartie de contrats d’armements.

À bien y penser, ce qu’il y a d’étrange, relativement à ce contrat, c’est la discrétion du gouvernement Harper à son sujet.

En deux mots, l’Arabie saoudite dépensera dix milliards$ sur quatorze ans pour acheter des véhicules blindés conçus et fabriqués dans une ville ontarienne.

Même pour un pays industrialisé, un contrat de dix milliards$, c’est important. Surtout quand ce pays possède la taille du Canada.

Normalement, le gouvernement Harper devrait se péter les bretelles — c’est une expression québécoise signifiant être fier de soi — et nous répéter à quel point il crée de l’emploi et fait prospérer l’économie canadienne. En somme, à quel point il mérite d’être reporté au pouvoir.

Étonnamment, après une annonce publique faite avec un minimum de décorum, le contrat est disparu de la propagande du gouvernement conservateur.

Lorsqu’on y pense comme il faut, 10 milliards$ sur quatorze ans, cela représente 714 millions$ par année. Et si, en contrepartie, il faut dépenser annuellement entre 242 et 351 millions$ pour protéger l’Arabie saoudite de l’État islamique, se peut-il que le gouvernement Harper se soit fait roulé ?

Par ailleurs, quand on pense que le contrat des F-35 représente une dépense de 45 milliards$ dont seulement 1% (un pour cent) sera dépensé au Canada, on doit conclure que le gouvernement Harper n’est vraiment pas très habile en concluant des contrats d’armements.

D’où peut-être sa discrétion au sujet de ce qui semble être, du moins pour l’instant, à un attrape-nigaud de la part de l’Arabie saoudite.

La bienveillance du gouvernement Harper à l’égard de cette dictature s’exprime également par le faible appui que le blogueur saoudien Raïf Badawi a reçu de notre pays.

Sans remettre en cause l’à-propos de sa condamnation pour délit d’opinion, notre gouvernement a néanmoins exprimé des réserves quant à la sévérité de la sanction (dix ans de prison et mille coups de fouet, principalement). On ignore combien de coups de fouet et combien d’années d’emprisonnement auraient satisfait le Canada.

Le gouvernement Harper ne peut pas en faire davantage, dit-on, parce que M. Badawi n’est pas citoyen de notre pays.

Le 12 février 2015, le Parlement européen a réclamé la libération inconditionnelle de M. Badawi. Ce dernier n’est citoyen d’aucun pays européen.

La crainte de la résiliation du contrat avec l’Arabie saoudite expliquerait-il la domesticité du gouvernement Harper à son égard ?

Post-scriptum : Quatre mois après la publication du texte-ci-dessus, l’Agence France Presse écrit : « Le gouvernement Harper est pris entre l’arbre et l’écorce face à cet allié encombrant, qui vient d’acheter du matériel militaire d’une valeur de 15 milliards de dollars au Canada. »

Selon Marie-Joëlle Zahar, professeure au département de science politique de l’Université de Montréal, le cas Badawi illustre que le gouvernement canadien a pris fait et cause pour certains pays qui ont des problèmes du point de vue des droits de la personne, dont l’Arabie saoudite.

Références
Droits de l’Homme: Raif Badawi; fosses communes à Chypre; Bob Rugurika
General Dynamics: contrat de 10 milliards avec l’Arabie saoudite
Le Canada, serviteur de l’Arabie saoudite
Les miettes dorées du F-35

Paru depuis : L’économie avant les droits de la personne (2015-06-09)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Canada, serviteur de l’Arabie saoudite

Publié le 17 février 2015 | Temps de lecture : 5 minutes
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On apprend aujourd’hui que le gouvernement Harper a dépensé entre 128 et 166 millions$ au cours des six premiers mois de la « mission canadienne » destinée à combattre les milices de l’État islamique en Irak.

Selon le rapport du Directeur parlementaire du budget, l’implication canadienne coutera entre 242 et 351 millions$ pour la première année.

En dépit de la répulsion que nous inspirent les pratiques barbares des milices de l’État islamique, le Canada n’est pas tenu en vertu d’un traité international à bombarder les installations des djihadistes.

De plus, le Canada n’a pas d’intérêts stratégiques à défendre; cette partie du monde ne produit pas de produits dont le manque paralyserait l’économie canadienne.

Tout au plus, est-il probable que le contrat de dix milliards$ que l’Arabie saoudite a accordé à la succursale canadienne de la compagnie américaine General Dynamics soit conditionnel à l’obligation secrète d’attaquer l’État islamique.

L’Arabie saoudite est dotée d’une armée très bien équipée (principalement par les Américains), mais qui ne possède aucune expérience de la guerre.

Par ses contrats militaires lucratifs de 285 milliards$ entre 2001 et 2008, l’Arabie saoudite asservit l’armée de différents pays à ses intérêts géostratégiques. Sans s’en douter, les soldats de ces pays deviennent donc, indirectement, des mercenaires de l’Arabie saoudite.

Les pays contractuels se chargent de convaincre leurs soldats qu’ils protègent la veuve et l’orphelin alors que leurs bombardements font souvent plus de victimes collatérales que parmi les rangs des d’insurgés. En effet, n’ayant que peu de soldats au sol, il est difficile de connaitre la nature exacte des cibles choisies.

L’État islamique est le résultat du gâchis abyssal de la politique américaine et britannique dans cette partie du monde.

Sous le principe naïf qu’il suffisait de renverser un tyran psychopathe (Saddam Hussein) en Irak pour semer la Démocratie parlementaire au coeur du monde arabe, les armées étrangères y ont provoqué la guerre civile.

Puis, désireuses d’abattre un allié de l’Iran (chiite), les pétromonarchies (sunnites), aidées de la Turquie et des États-Unis, ont provoqué la guerre civile dans le pays voisin, la Syrie.

Habilement, le régime de Bachar el-Assad s’en est pris aux insurgés syriens « modérés » afin de favoriser les insurgés radicaux et ainsi devenir la seule alternative raisonnable. Ces milices radicales se sont débarrassées de leurs rivaux affaiblis, leur ont pris leurs armes et sont devenus, tel que prévu, la seule vraie alternative à Bachar el-Assad.

L’État islamique a fédéré les rebelles radicaux en Syrie et est parti ensuite à la conquête d’une bonne partie du nord de l’Irak, s’emparant des armes laissées par l’armée irakienne apeurée.

Il y a quelques années, l’Arabie saoudite s’est fait prendre à verser 60 millions$ à Al-Qaida à partir des coffres de l’État. Lorsque cela a été découvert, les motifs invoqués étaient qu’Al-Qaida menaçait de commettre des attentats dans ce pays si celui-ci ne lui versait pas cette rançon.

En dépit de sa promesse de ne pas recommencer, ce pays est devenu officieusement la principale source mondiale du financement de groupes terroristes sunnites — tels qu’Al-Qaida et les talibans — selon les télégrammes diplomatiques révélés par WikiLeaks.

Il n’est donc pas exclu de penser que les princes saoudiens puissent verser secrètement des sommes à l’État islamique afin que celle-ci s’abstienne d’envahir le royaume.

En fait, les milices de l’État islamique mènent des attaques un peu partout en Irak — même dans les zones chiites — mais, jusqu’à maintenant, aucune dans la zone de 200km qui longe de territoire saoudien. Le tour de l’Arabie saoudite viendra ultérieurement, mais pas pour l’instant.

On pourrait donc découvrir un jour que l’État islamique tuait nos soldats grâce, entre autres, à du financement saoudien. Mais tout cela n’est qu’une hypothèse.

Compte tenu de la durée inconnue de la guerre contre les milices de l’État islamique, combien le Canada est prêt à dépenser afin de protéger l’Arabie saoudite ?

Plus précisément, quelles sont les retombées économiques canadiennes du contrat accordé à General Dynamics et quelle est la somme maximale que le Canada est prêt à dépenser en Irak ?

Malheureusement, le gouvernement Harper, toujours aussi cachotier, ne nous permet pas de connaître les réponses à ces questions.

Références :
General Dynamics: contrat de 10 milliards avec l’Arabie saoudite
La Défense nationale « a retenu des informations » sur les coûts de la mission en Irak
L’Arabie saoudite et le financement d’Al-Qaida
Vente « record » d’armes à l’Arabie Saoudite
What ISIS Really Wants

Parus depuis :
La Suède met fin à sa coopération militaire avec l’Arabie saoudite au nom des droits de l’homme (2015-03-10)
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L’Arabie saoudite en retard dans ses paiements pour des véhicules blindés canadiens (2019-10-30)

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Écrit par Jean-Pierre Martel