L’importance stratégique des gaz de schiste pour les États-Unis

Publié le 13 juin 2013 | Temps de lecture : 5 minutes

Prix du pétrole depuis 1861
 
L’économie américaine s’est principalement développée à une époque où importer un litre de pétrole de l’autre bout du monde et le raffiner chez soi coûtait moins cher qu’importer un litre d’eau embouteillée.

Au début des années 1970, lorsque les pays producteurs de pétrole ont fait savoir que le pillage de leurs hydrocarbures avait assez duré, l’augmentation du prix du pétrole brut a provoqué une importante sortie de devises au profit des pays producteurs.

Pour pallier à cela, tous les pays se sont lancés dans des programmes d’économie d’énergie qui ont connu plus ou moins de succès. Et lorsque la menace de changements climatiques s’est précisée, des pays européens ont entrepris de modifier leur structure industrielle de manière à moins dépendre du pétrole.

Mais les États-Unis ont choisi une voie différente, celle de chercher par tous les moyens à revenir aux beaux jours du pétrole peu dispendieux.

Après avoir tenté sans succès de faire main basse sur le pétrole vénézuélien, après avoir favorisé l’exploitation pétrolière dans le golfe du Mexique (et refroidi l’ardeur des pétrolières à la suite de la catastrophe qui y est survenue), après avoir réussi à lever l’embargo mondial frappant le pétrole irakien sans toutefois réussir à inonder les marchés mondiaux de pétrole en provenance de ce pays, finalement les États-Unis ont réduit leur dépendance au pétrole du Moyen-Orient en le remplaçant par du pétrole canadien.

Si cette clientèle est très importante pour l’économie canadienne, cela ne change pas grand-chose pour les États-Unis qui ont remplacé une dépendance par une autre. Tout au plus, peuvent-ils se consoler en se disant que le Canada est un pays qui ne se servira pas de cet argent pour financer des attaques terroristes en sol américain. Bien mince consolation.

Après des années au cours desquelles ils ont prié pour que Dieu bénisse l’Amérique, il semble bien que finalement le Très-Haut a daigné Se pencher sur leur sort.

Depuis quelques années, la fracturation hydraulique a révolutionné l’extraction du gaz naturel. En brisant cette roche feuilletée qu’est le schiste et en libérant la multitude de petites poches de gaz qui s’y trouvent, ce procédé a permis en dix ans de faire passer de 2% à 37% la proportion de gaz de schiste dans la production totale de gaz naturel aux États-Unis.

En 2011, on comptait dans ce pays 493 000 puits actifs — dont 93 000 au Texas et 71 000 en Pennsylvanie — faisant des USA le premier producteur mondial de gaz naturel.

Même si chaque puits de gaz de schiste perd de 3,6 % à 7,9 % de son méthane dans l’atmosphère (c’est 30 % à 200 % de plus qu’un puits conventionnel), le risque le plus important de ce mode d’extraction est, de loin, la contamination possible des nappes phréatiques. C’est pourquoi cette industrie doit être sévèrement encadrée, ce qui est possible grâce à l’expérience acquise jusqu’ici.

En dépit de ce risque, qu’est-ce qui explique l’engouement américain pour cette industrie ?

D’abord, la création d’emplois : 1,7 million de postes ont été créés, essentiellement dans le secteur de la logistique.

Deuxièmement, le gaz de schiste augmente la compétitivité industrielle des États-Unis. En effet, le gaz naturel de ce pays est trois fois moins cher qu’en Europe et quatre fois moins cher qu’au Japon.

Non seulement cela permet aux entreprises américaines qui carburent au gaz de fabriquer à moindre coût et d’avoir de meilleurs prix de revient, mais cela force les fournisseurs d’autres sources d’énergie à baisser leurs prix afin de demeurer compétitifs.

Troisièmement, en diminuant la dépendance des États-Unis à l’égard du pétrole importé, on diminue le déficit commercial qui, autrement, serait encore plus élevé. En 2010, ce déficit colossal se chiffre à 498 milliards$ dont le tiers est représenté par l’importation de carburant fossile (Note : lorsqu’on tient compte de nos produits intérieurs bruts respectifs, le déficit commercial du Québec est 2 à 3 fois plus élevé que celui des États-Unis).

Quatrièmement, ils mettent l’économie chinoise à leur merci. Non seulement les États-Unis sont-ils un client important pour la Chine mais celle-ci dépend de la Pax Americana pour assurer la sécurité de ses approvisionnements maritimes.

Plus les États-Unis se libèrent de leur dépendance du Moyen-Orient, plus la Chine pourrait avoir à se débrouiller elle-même si cette région devient une poudrière. Et si elle ne l’est pas, plus les Américains auront intérêt à ce qu’elle le devienne…

Référence : Yergin D. La nouvelle donne énergétique. La Revue 2012; 28: 44-5.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le néo-libéralisme des gaz de schiste

Publié le 16 janvier 2011 | Temps de lecture : 3 minutes

À la demande du Ministère de la Santé et des Services sociaux, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a effectué une analyse l’état des connaissances sur les risques d’atteinte à la santé associés au gaz de schiste.

Dans un rapport préliminaire rendu public vendredi, l’Institut conclut qu’il n’existe pas suffisamment de données scientifiques actuellement pour tirer une conclusion à ce sujet.

Ce qui m’a intéressé, c’est la réaction de la ministre des Richesses naturelles du Québec. Celle-ci déclarait : « Écoutez, une vache émet plus de CO2 dans l’atmosphère qu’un puits ».

A-t-on dit à la ministre que dans le schiste, on veut extraire des gaz combustibles et non du gaz carbonique ? Sait-elle la différence entre les deux ? Sinon, elle risque de sous-estimer vachement les dangers de cette industrie.

De plus, son ministère s’est empressé d’ajouter que l’exploration des gaz de schiste permettra de combler le manque de données scientifiques à ce sujet. Cela est faux.

L’exploration des gaz de schiste n’a pas pour but de mesurer l’impact de cette activité industrielle sur l’environnement ou la santé. Si soudainement l’eau potable d’une ville devenait contaminée, on connait déjà la réaction de l’industrie : c’est de nier le rapport entre ses activités et la contamination observée. En somme, l’exploration a pour unique but de d’explorer, c’est-à-dire de déterminer où se trouve la ressource.

Le modèle de développement retenu par le gouvernement Charest relativement aux gaz de schiste est de privatiser la ressource mais d’étatiser les risques.

En principe, les richesses naturelles du Québec appartiennent à la nation québécoise. Même le sous-sol du terrain sur lequel votre maison est construit e ne vous appartient pas : il appartient à la province. Si l’industrie y découvre quelque chose et que Québec donne le feu vert à l’exploitation, c’est gratuit. Elle peut prendre ce qu’elle veut : il suffit de verser à l’État une redevance insignifiante de 2 % — non pas des ventes, mais des profits — alors que le reste sera distribué aux actionnaires répartis autour du globe. Bref, un pillage organisé de nos ressources naturelles orchestré par le gouvernement Charest.

Mais qu’arrivera-t-il si la nappe phréatique d’une municipalité devient impropre à la consommation en raison de la pollution par des gaz de schiste ? L’entreprise n’a qu’à fermer portes et les contribuables québécois seront pris à acheminer l’eau potable par camion-citerne pour l’éternité aux citoyens de cette municipalité ou, à défaut, à construire un aqueduc de plusieurs km afin de les approvisionner de nouveau en eau potable.

Bref, je ne suis pas contre l’exploitation de nos ressources naturelles. Mais pas selon le marché de dupes établi par le gouvernement Charest en faveur de ses amis libéraux à la tête de cette industrie.

Références :
Comme vous avez raison, Mme Payette!
Émanations de gaz de schiste
État des connaissances sur la relation entre les activités liées au gaz de schiste et la santé publique : rapport préliminaire
Gaz de schiste: trop de risques non évalués, dit la Santé publique
Impossible d’évaluer le risque du gaz de schiste
Je me sens seule

Paru depuis :
Carte interactive des forages d’hydrocarbures en sol québécois depuis 1860 (2013-04-21)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Fuite des puits de gaz (suite)

Publié le 11 janvier 2011 | Temps de lecture : 2 minutes


Avant-propos : Tout le monde est le bienvenue sur mon blogue, y compris ceux qui ne partagent pas mon avis. Mon billet du 5 janvier, relatif aux fuites des gaz de schiste a soulevé la controverse. Au moment où ces lignes sont écrites, ce texte a fait l’objet de onze votes, très majoritairement opposés. Je m’explique donc.

 
La fonte du pergélisol laisse échapper les bulles de gaz naturel qu’il renferme. Il est facile d’en conclure qu’il est normal que des puits de gaz de schiste fuient puisqu’il s’agit d’un processus naturel.

À mon avis, on ne doit pas confondre les émanations diffuses de gaz naturel occasionnées par la fonte des glaces avec les fuites localisées et concentrées à proximité des puits de gaz de schiste. En conséquence, l’Arctique canadien n’est pas inflammable tandis qu’il est défendu de fumer à proximité des puits de gaz de schiste.

Les porte-parole de l’industrie font valoir que ces fuites sont sans conséquence. Cela est vrai : aucune catastrophe n’a de conséquence avant d’arriver. Mais la question qu’on doit se poser est la suivante : « Ces fuites, peuvent-elles avoir des conséquences ? » À ce que je sache, toute fuite d’un gaz inflammable et explosif représente un danger : les mineurs chiliens en savent quelque chose. Conséquemment, on ne doit pas attendre un accident pour agir.

Dans le cas contraire, si tout cela est naturel et anodin, la ministre des richesses naturelles doit être conséquente avec ses paroles rassurantes : elle doit faire cesser ses inspections inutiles et coûteuses pour les contribuables.

Le fera-t-elle ?


Post-scriptum du 20 janivier 2011 : La compagnie Talisman a elle-même reconnue aujourd’hui que l’accumulation de gaz représentait un risque d’explosion — ce qui est évident — et s’est engagée à colmater les fuites. Bravo à Talisman pour sa franchise et sa transparence. Et quelle gifle pour la ministre des Richesses naturelles qui s’était couverte de ridicule en déclarant que les fuites des puits de gaz n’étaient pas plus dangereuses que des pets de vache.

Référence : Émanations de gaz de schiste

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Fuite des puits de gaz = amateurisme

Publié le 5 janvier 2011 | Temps de lecture : 2 minutes

D’après un document daté du 7 décembre 2010 et rendu public aujourd’hui dans La Presse, on apprend que sur trente et un puits de gaz de schiste inspectés par le Ministère des ressources naturelles, dix-neuf sont sujets à des fuites.

Compagnies Puits défectueux Taux de défectuosité
Talisman Energy 11/11 100 %
Gastem 2/2 100 %
Canbriam Energy 4/6 66 %
Questerre Energy 1/1 ou 1/2 50 ou 100 %
Canadian Forest Oil 1/1 ou 1/2 50 ou 100 %
Junex 0/9 0 %
TOTAL 19/31 61%


 
Aucun des neuf puits de Junex inspectés par le ministère ne présente de fuites. Toutefois, les bassins de rétention de trois d’entre eux étaient défectueux.

Au total, seuls six des 31 puits inspectés ne présentaient aucun problème apparent.

Je peux comprendre facilement que de vieilles installations industrielles puissent être délabrées. Mais comment peut-on justifier qu’une industrie neuve, à la fine pointe de la technologie, puisse s’être dotée d’installations déficientes ? De plus, selon son importance, toute fuite de gaz naturel représente un risque d’incendie ou d’explosion.

De plus, ces fuites ne sont que la pointe de l’iceberg. Avec seulement trois inspecteurs pour surveiller l’ensemble de l’industrie minière, il est douteux que le Ministère ait remué ciel et terre pour trouver ces fuites : ce sont très certainement des fuites en surface.

Si on avait cherché les déficiences plus profondes, celles susceptibles de contaminer les nappes phréatiques, qu’aurait-on trouvé ?

Références :
Gaz de schiste: zéro assurance contre l’eau polluée
Gaz non-conventionnels – Attention danger !
La majorité des puits inspectés ont des fuites
La plupart des puits ont des fuites
Questions complémentaires du 20 octobre 2010

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Pollution et gaz de schiste : c’est pas moi, je le jure

Publié le 9 décembre 2010 | Temps de lecture : 2 minutes

En août dernier, deux familles de Parker (un comté du nord du Texas) se sont adressées aux autorités pour se plaindre que l’eau de leur puits artésien avait changé de goût. Une enquête fut menée conjointement par la Commission des chemins de fer du Texas et l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA).

On découvrit que leur eau était contaminée, entre autres, par du méthane et du benzène. Les soupçons se sont portés sur Range Resources, une compagnie qui fait de l’exploration des gaz de schiste dans ce comté.

L’agence fédérale américaine, qui a les pouvoir d’intervenir, ne le fait pas habituellement, laissant le soin aux autorités locales d’agir. Mais les autorités texanes refusent d’agir puisque la compagnie a effectué des tests qui prouvent, selon elle, qu’elle n’est pas responsable de cette contamination.

Si bien que depuis des mois, ces deux familles ne peuvent pas boire leur eau, le benzène étant cancérigène et le méthane explosif.

Mardi dernier, l’EPA donnait 48 heures à Range Resources pour fournir gratuitement de l’eau potable aux familles affectées et pour résoudre le problème, sous peine d’une amende quotidienne de 16,000$.

Les autorités du Texas condamnent cette décision qu’ils trouvent prématurée puisque la responsabilité de Range Resources n’est pas établie hors de tout doute.

Référence :
Range Resources Must Repair Texas Gas-Well Leak, EPA Says

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Gaz de schiste : des redevances « élevées » ou « justes » ?

Publié le 7 décembre 2010 | Temps de lecture : 3 minutes

À l’émission « Tout le monde en parle » de dimanche dernier, le Premier ministre du Québec abordait la question des redevances imposées à l’industrie des gaz de schiste. En comparaison avec la nationalisation, M. Charest disait : « On va retirer les mêmes redevances. Puis des redevances élevées sur l’exploitation. Des redevances qui vont être justes.»

Si on avait pu voir ma courbe d’approbation, on aurait vu une montée qui culmine à élevées suivie d’un plateau et enfin d’un crash à justes. En quoi ces deux qualificatifs sont-ils si différents ?

Présentement, le Québec compte vingt-deux mines actives dans lesquelles on exploite surtout du fer, du zinc, du nickel, du cuivre et de l’or. Entre 2002 et 2008, l’industrie minière a versé 259 millions$ au fisc québécois en droits miniers, soit 1,5 pour cent des profits. En effet, les redevances versées à l’État sont calculées sur les profits et non sur la valeur brute de la production.

En contrepartie de cette contribution, lorsqu’une compagnie cesse ses opérations, le gouvernement du Québec défraye la moitié des coûts des travaux de restauration des sites contaminés. Le ministre délégué aux Ressources naturelles a indiqué récemment qu’une enveloppe de 300 millions$ est prévue pour les sites orphelins. De cette somme, 164 millions$ ont déjà été engagés dans des projets de restauration.

On remarquera donc que les redevances de l’industrie minière ne couvrent même pas les coûts de restauration des sites abandonnés. Si bien que le Québec est le troisième endroit le moins cher au monde pour l’exploitation minière.

En somme, le seul avantage que nous en retirons, c’est le salaire versé aux mineurs, les retombées économiques, de même que le mécénat non-négligeable de l’industrie pour les arts et la culture. Même s’il s’agit de sommes importantes, cela est peu de chose en comparaison avec les milliards$ de profit distribués à leurs actionnaires étrangers.

Dans un tel contexte, que signifie le qualificatif « justes » utilisé par monsieur Charest ? Les redevances payées par l’industrie des gaz de schiste seront-elles justes par rapport à celles — ridicules — versées par le reste de l’industrie minière ? Si oui, comment monsieur Charest peut-il prétendre qu’il s’agit de redevances « élevées » ?

Références :
Industrie minière – Des privilèges inaliénables
Le PQ maintient son opposition au projet de loi 79 sur les mines
Québec veut des mesures plus sévères

Paru depuis : Un siècle pour restaurer 700 sites miniers (2015-01-26)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les gaz de schiste : nous sommes nuls

Publié le 6 décembre 2010 | Temps de lecture : 3 minutes

Invité hier soir à l’émission « Tout le monde en parle » de Radio-Canada, le Premier ministre du Québec a écarté toute idée de nationaliser l’industrie du gaz de schiste.

« Les gaz de schiste, on n’est pas des experts nous autres dans le développement et l’exploitation du gaz […] Alors ce n’est pas notre mission à nous de se transformer en compagnie gazière ou pétrolière » a déclaré monsieur Charest.

Les québécois francophones ne connaissaient pas grand-chose à l’énergie hydro-électrique avant la nationalisation de cette industrie, survenue en 1944 et en 1963.

En 1944, au moment de son étatisation, la Montreal Light, Heat and Power pratique une politique discriminatoire d’embauche qui a pour résultat que la majorité de ses employés sont anglophones, plus précisément unilingues anglais. Parmi son personnel technique, on ne compte aucun ingénieur francophone.

Mais dès décembre 1944, Hydro-Québec — c’est le nouveau nom de l’entreprise montréalaise étatisée — embauche Robert A. Boyd, âgé de 26 ans, un premier ingénieur francophone. Celui-ci deviendra président-directeur général de la société d’État en 1977. Peu à peu, de 1944 à 1960, le personnel d’Hydro-Québec devient majoritairement francophone.

Mais à l’extérieur de Montréal, les diplômés francophones en génie électrique trouvent très peu de débouchés: les compagnies privées préfèrent alors embaucher des ingénieurs anglophones. Cette situation changera radicalement avec la seconde (et principale) phase de la nationalisation de l’hydro-électricité du Québec en 1963.

Aujourd’hui, nous sommes parmi les leaders mondiaux reconnus dans le domaine de l’hydro-électricité. Toutefois, autant nous excellons dans ce domaine, autant nous sommes nuls et incapables d’être autre chose que nuls dans le domaine des gaz de schiste. C’est du moins l’opinion de monsieur Charest.

Je suis donc surpris de voir que nos impôts servent à payer le salaire de quelqu’un qui a si peu confiance en nous. Je me serais attendu que le Premier ministre du Québec soit un promoteur du talent d’ici, que ce soit quelqu’un qui ait confiance dans le peuple qu’il dirige.

Conséquemment, doit-on s’étonner que l’opinion des Québécois envers monsieur Charest soit à la hauteur de celle qu’il porte sur nous ?

Post-scriptum : Grâce à la nationalisation de l’hydro-électricité, nous recevons la totalité des profits réalisés par l’exploitation de cette ressource naturelle. Par opposition, les plus voraces parmi les compagnies impliquées dans les gaz de schiste au Québec s’attendent à payer aussi peu que 2% de redevance au Québec et exporter leurs énormes profits à des actionnaires étrangers.

Références :
Jean Charest maintient le cap
Montreal Light, Heat and Power
Nationalisation de l’électricité au Québec
Shawinigan Water and Power Company

Paru depuis :
Carte interactive des forages d’hydrocarbures en sol québécois depuis 1860 (2013-04-21)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Gaz de schiste : à qui les milliards de dollars ?

Publié le 5 octobre 2010 | Temps de lecture : 2 minutes

Je n’ai pas encore fait mon idée sur l’opportunité de l’exploitation du gaz de schiste québécois. Toutefois mon attention a été attirée par une déclaration de M. Raymond Savoie, ex-ministre libéral, devenu depuis président de Gastem, une compagnie qui a obtenu les droits d’exploration et de stockage sur 1,1 million d’acres dans les Basses-Terres du Saint-Laurent, la péninsule gaspésienne et les îles de la Madeleine.

Celui-ci a déclaré qu’advenant la nationalisation de l’industrie des gaz de schiste, le gouvernement devra rembourser à cette industrie la valeur de la ressource. Voilà qui est étonnant. J’apprends donc que pour certaines des personnes à qui le gouvernement Charest a accordé des permis d’exploration, tout le gaz de schiste qu’ils n’ont pas encore trouvé mais qu’ils pourraient découvrir, est déjà leur propriété.

À mon avis, les ressources naturelles du Québec appartiennent au peuple qui occupe ce territoire. Dans le cas des ressources énergétiques de la vallée du Saint-Laurent (où sont octroyés les permis d’exploration des gaz de schiste), ces ressources appartiennent collectivement au peuple du Québec, c’est-à-dire à nous tous.

Mais voilà que les petits amis libéraux de l’industrie se voient déjà propriétaires de la ressource. Advenant la nationalisation de leurs entreprises, il ne s’agirait pas simplement de rembourser les millions de dollars qu’ils ont consentis dans la recherche des gisements, mais plutôt de leur payer les milliards de dollars que vaut cette ressource.

Je ne connais pas les modalités du texte des permis d’exploration décernés par le gouvernement Charest, mais je serais très étonné qu’il ait donné — en échange d’une contribution à sa caisse électorale — la fortune que représente la propriété des gaz de schiste du Québec.

Pour l’instant, je présume qu’il s’agit d’un lapsus du président de Gastem et j’attends donc d’en savoir d’avantage avant de me faire une opinion définitive sur ce sujet.

Références :
Gaz de schiste – L’industrie pourrait poursuivre Québec
Les liens se multiplient entre les libéraux et l’industrie

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Écrit par Jean-Pierre Martel