Introduction
Dans quelques heures, les citoyens britanniques décideront par référendum du maintien ou de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Il s’agit de la deuxième consultation populaire à ce sujet, le premier ayant eu lieu en 1975 et s’étant soldée par la victoire à 76% du maintien de l’adhésion britannique.
Cette fois-ci, les résultats seront plus serrés; le pays est profondément divisé entre les dangers économiques d’une sortie de l’Union et la révolte contre l’assujettissement aux normes dictées par Bruxelles.
Mais qu’en est-il de l’intérêt de la France ?
Avantages du Brexit
Dans le bras de fer que livrent les pays européens pour domestiquer les milieux financiers, la principale résistance interne à l’Union vient de la City (le quartier financier de Londres).
Environ 30% de la dette séculaire de la France tire son origine du sauvetage des banques nationales lors de la Grande Récession, après que celles-ci aient été leurrées par les institutions anglo-américaines au sujet de la valeur des actifs adossés à des créances hypothécaires douteuses (le ‘papier commercial’).
De manière superficielle, le Brexit laisse le champ libre à l’adoption de normes financières plus sévères, notamment au sujet des paradis fiscaux (dont les Iles Vierges britanniques).
Mais il serait naïf de penser les milieux financiers, parce que localisés hors de l’Union, perdraient toute influence sur les décideurs européens.
D’autre part, la France doit envisager les conséquences géopolitiques du Brexit.
Inconvénients du Brexit
Le processus d’intégration des économies française et allemande remonte au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale avec la création en 1952 de la Communauté européenne du charbon et de l’acier.
Ce processus s’est poursuivi avec la création de la Communauté économique européenne en 1957 et de l’Union européenne en 1992.
Sous le couvert de ces organismes, l’intégration des économies française et allemande est devenue telle que les intérêts économiques de la France et de l’Allemagne coïncident sur tous les sujets importants.
Si bien que ces deux pays ont très souvent des positions communes et exercent à eux seuls une influence déterminante sur les grandes orientations de l’Union. Ceci relègue le Royaume-Uni — troisième puissance économique de l’Union — à un rôle secondaire, voire de figurant.
Mais la France doit voir plus loin que le bout de son nez.
À la suite d’une sortie hypothétique du Royaume-Uni de l’Union, sur qui la France pourrait-elle s’appuyer pour faire contrepoids à l’Allemagne en cas d’un différent majeur ? Sur personne.
Le Brexit consacrerait la domination politique absolue de l’Allemagne sur les affaires européennes.
Voilà pourquoi la France a intérêt au maintien du Royaume-Uni dans l’Union.
Mais si c’est le cas, pourquoi la France n’est-elle pas davantage impliquée dans la campagne contre le Brexit ?
C’est que depuis la conquête normande de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066, une partie des Britanniques nourrissent un fort sentiment francophobe qui, pour eux, fait partie essentielle des valeurs anglaises.
En somme, si les Français sont généralement anglophiles et plus particulièrement fascinés par la culture américaine (associée au modernisme), ce sentiment n’est pas réciproque.
Il suffirait que la France se prononce avec insistance en faveur du Brexin pour que cela provoque chez cette frange minoritaire mais irréductible de Francophobes anglais une adhésion au Brexit qui serait suffisante pour faire basculer les résultats serrés du référendum de ce côté.
Références :
Communauté européenne du charbon et de l’acier
Débats sur le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne
Guillaume le Conquérant
Union européenne
© 2010 — Carte de Google Maps (modifiée)
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