Bombarder l’État islamique, ça fait tellement du bien…

25 mars 2015

Introduction

L’émergence de l’État islamique (ÉI) est le résultat du chaos causé par l’intervention militaire des États-Unis et de leur allié britannique dans cette partie du monde.

La question que nous devons nous poser est la suivante : est-ce bien à nous de réparer les pots cassés ?

Aucun pays ne fait la guerre motivé par de bons sentiments; on fait la guerre lorsqu’on a des intérêts géostratégiques à défendre.

En 1939-1945, nous défendions nos partenaires commerciaux en danger. Ce qui n’a pas empêché les États-Unis de se trainer les pieds jusqu’à l’attaque de Pearl Harbor en 1941 et avant cela, de vendre des armes et de supporter l’effort de guerre autant des alliés que des nazis.

De nos jours, aucun des pays du Moyen-Orient ne produit de biens dont la pénurie paralyserait l’économie canadienne. Nous n’avons donc aucun intérêt géostratégique à défendre.

Dès jeudi ce cette semaine, le parlement canadien étudiera une motion destinée à prolonger l’implication militaire canadienne au Moyen-Orient constituée essentiellement de bombardements.

Protéger les Canadiens

La première raison invoquée pour justifier l’implication canadienne, ce sont les « menacettes » de l’ÉI exhortant ses sympathisants à commettre des attentats terroristes au pays.

Contrairement Al-Qaida (qui promeut le terrorisme international), l’ÉI n’est une menace que pour les pays voisins.

L’ÉI ne possède pas de camps d’entrainement destinés à former des terrorismes qui commettraient des attentats à l’étranger.

Ce qui ne veut pas dire que ses directives ne puissent pas être suivies par des sympathisants canadiens. Mais ces derniers ne sont que des amateurs, et non des professionnels comme ceux formés par Al-Qaida.

Dans les faits, les bombardements canadiens font beaucoup plus de victimes civiles que parmi les rangs des milices de l’ÉI. À défaut de troupes au front, personne n’est vraiment certain de la nature des cibles choisies.

Les veufs, veuves, et orphelins qui survivent à nos bombardements sont du pauvre monde qui n’a aucun moyen de venger leurs morts.

Mais les images qu’ils transmettent par les médias sociaux bouleversent les jeunes qui les voient et rendent la population canadienne plus sujette à des attentats amateurs par ceux qui choisiront la violence pour protester contre la mort et la désolation que répand le Canada.

Donc les bombardements canadiens augmentent la probabilité que des attentats terroristes soient commis au pays et non l’inverse.

Protéger la population civile du Moyen-Orient

Au-delà de l’antipathie que suscite l’ÉI en raison de ses méthodes barbares, on doit réaliser que cette barbarie est partagée par certains de nos « alliés », notamment l’Arabie saoudite.

Elle aussi décapite (78 personnes en 2013 et 87 en 2014), flagelle à mort et tue à qui mieux mieux les citoyens qui apparaissent comme une menace aux yeux des tyrans du pays. Le cas de Raïf Badawi est éloquent à ce sujet.

D’autre part, puisque les bombardements canadiens font plus de victimes parmi la population civile que militaire, il est paradoxal de justifier ces bombardements par des motifs humanitaires.

Ceux-ci feraient beaucoup plus mal à l’ÉI s’ils coupaient les routes qui permettent à des milliers de camions-citernes d’acheminer le pétrole de l’ÉI vers la Turquie.

Mais en faisant cela, le Canada susciterait la colère de ce pays, officiellement membre de la coalition anti-ÉI et officieusement principal financier du califat en lui achetant son pétrole à prix d’ami.

Dans le fond, la Turquie joue ce double jeu auquel s’adonnaient les Américains eux-mêmes dans les premières années de la Deuxième Guerre mondiale et au cours de la guerre Iran-Irak.

Les bombardements canadiens ne réussiront pas plus à éradiquer l’ÉI que les bombardements américains ont éradiqué le Vietcong durant la guerre au Vietnam.

Pour détruire l’ÉI, il faut que les pays voisins — qui sont les seuls directement menacés par lui — se prennent en main.

Ce que les Canadiens doivent réaliser, c’est qu’un pays qui n’est pas prêt à payer le prix de la Démocratie de son propre sang, ne la mérite pas.

En 1939-1945, le Canada aidait des pays amis à combattre le nazisme. Au Moyen-Orient, notre pays combat à la place des pays concernés.

En effet, que font les armées de terre des pays voisins ? Contrairement aux Kurdes, ils regardent le train canadien passer. Tout au plus, les pétromonarchies financent-elles paresseusement des miliciens étrangers qui luttent en Syrie selon leurs intérêts.

Pourquoi ces pays s’impliqueraient-ils alors que le premier ministre Harper est si heureux de jouer au matamore pour faire oublier le cul-de-sac de ses politiques économiques ?

Conclusion

Tous les gouvernements de droite au monde agissent de la même manière. Elle consiste à appauvrir leur peuple afin d’augmenter les dépenses militaires.

Dans le cas du gouvernement Harper, cela veut dire couper dans la sécurité ferroviaire, dans la recherche scientifique, dans le rayonnement culturel du pays, entre autres, et d’accorder des contrats faramineux au complexe militaro-industriel américain.

Le contrat des F-35, c’est 45 milliards$ dont seulement un pour cent sera dépensé au Canada: 99% seront dépensés pour créer des emplois à l’extérieur du pays.

Quant à l’implication militaire du Canada en Irak — donc sans tenir compte de son élargissement en Syrie — c’est une dépense comprise entre 242 et 351 millions$ pour la première année seulement. Elle pourrait durer des années.

Et pour faire accepter ces gaspillages des fonds publics, on détourne l’attention du peuple en faisant la guerre. En somme, le coup classique, vieux comme le monde.

Références :
Décapitation et fouets en Arabie saoudite
Isis air strikes limited without viable Syrian rebel force, says White House
L’amateurisme de la décapitation en Arabie saoudite
Les miettes dorées du F-35
Motion pour le prolongement de la mission canadienne contre l’EI

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Écrit par Jean-Pierre Martel


38 imams canadiens excommunient l’État islamique

14 mars 2015

Introduction

Le Conseil suprême islamique du Canada est une organisation musulmane dont le siège social est à Calgary (la principale ville de la province de l’Alberta).

Créé en 2000, le Conseil possède plusieurs objectifs; propager l’enseignement et l’observance de la religion musulmane, entretenir sa propre mosquée, et établir une école coranique, de même que l’administrer.

Cette semaine, à l’initiative du Conseil, 38 imams canadiens ont proclamé une fatwa excommuniant l’État islamique.

Qu’est-ce qu’une fatwa ?

Une fatwa est une opinion ecclésiastique.

Prenons un exemple. Supposons qu’un fidèle diabétique confie à son imam les difficultés qu’il éprouve à suivre le ramadan (le jeûne annuel des Musulmans) et lui demande une dispense. Si cet imam n’est pas certain de la réponse appropriée, il peut s’adresser à un collègue imam plus expérimenté que lui. L’opinion de ce second imam est une fatwa.

Une fatwa peut également être une condamnation publique exhortant un fidèle à rentrer dans les rangs. À titre d’exemple, Raïf Badawi a été l’objet d’une fatwa le sommant de renier ses écrits.

Dans les pays musulmans, lorsqu’une fatwa accuse quelqu’un d’apostasie — un crime est punissable de la peine de mort — cette accusation est implicitement une condamnation à mort puisque n’importe quel fidèle zélé se croit investi de la Mission Divine de tuer lui-même le coupable.

La fatwa contre l’État islamique

La fatwa canadienne reproche à l’État islamique dix violations flagrantes de la Charia, c’est-à-dire la loi musulmane :
•  la capture d’opposants civils (musulmans ou non) et leur décapitation,
•  l’exécution de Musulmans pour ce simple motif qu’ils sont en désaccord avec les actions de l’État islamique,
•  la destruction de mosquées,
•  la profanation des tombes de prophètes, de saints et de simples croyants,
•  l’expulsion de civils de leurs maisons, les transformant en réfugiés,
•  l’assassinat d’érudits opposés à l’État islamique,
•  l’encouragement de jeunes Musulmanes à joindre et combattre pour l’État islamique,
•  la mise à mort de soldats ennemis par le feu,
•  l’amputation et la mutilation sans motif juste et raisonnable,
•  la mise à mort de combattants ennemis en les précipitant dans le vide.

Conséquemment, les imams signataires excommunient tous les miliciens de l’État islamique et leurs partisans. Ils sont les premiers au monde à excommunier publiquement l’État islamique.

Cette fatwa a le mérite de l’évidence; n’importe quel Musulman sait bien qu’à l’époque où le Prophète était également chef d’État, celui-ci n’a jamais immolé par le feu ses ennemis. Pour le califat — qui prétend recréer la pureté originelle de l’Islam — cette condamnation publique a donc une importance considérable.

Références :
Des imams canadiens lancent une fatwa contre le groupe État islamique
Historic Islamic Edict (Fatwa) on Joining ISIS/ISIL
Islamic Supreme Council of Canada

Sur le même sujet : L’État islamique : un trou noir

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’État islamique : un trou noir

23 février 2015

Avant-propos

L’édition de mars 2015 de la revue américaine The Atlantic publie un article très intéressant relatif à l’État islamique.

Après avoir rencontré l’expert séculier (c’est-à-dire non religieux) le plus compétent relativement à l’État islamique et discuté avec divers Musulmans radicaux, l’auteur a rédigé une analyse profonde de cette organisation terroriste dont on trouvera un résumé ci-dessous.


Ce résumé est complété de quelques réflexions personnelles (essentiellement dans la conclusion).

Introduction

Les chefs d’État occidentaux aiment dire — et leurs citoyens musulmans modérés aiment entendre — que l’État islamique pervertit le message de paix de l’Islam.

Ce qu’ils insinuent, c’est que les partisans de l’État islamique ne sont pas de vrais Musulmans; ce seraient des radicaux qui se servent de la religion comme prétexte pour laisser libre cours à leur barbarie.

C’est mal connaître l’État islamique. Au contraire, ce mouvement promeut une interprétation textuelle et rigoureuse de la Charia.

Retrouver la pureté originelle de l’Islam

Guidé par une connaissance approfondie des décisions juridiques inscrites dans la Charia, l’État islamique veut créer un pays où les citoyens seraient régis exactement de la même manière que l’étaient les fidèles de Mahomet à son époque.

Sans renoncer à la technologie moderne — électricité, télévision, ordinateurs, etc.— l’État islamique croit que les problèmes actuels du monde arabe ont pris naissance du fait qu’on se serait éloigné de la pureté originelle du monde islamique. D’où la nécessité de le purifier.

L’État islamique est conscient du lourd tribut à payer pour cette purification. Tout comme les Khmers rouges au Cambodge — qui ont exterminé environ le quart de la population de leur pays — l’État islamique entend être impitoyable dans l’accomplissement de sa mission.

Évidemment, pour un Musulman, nier la sainteté du Coran et des prophéties de Mahomet, est une hérésie équivalente à de l’apostasie (le renoncement à l’Islam). Mais ce n’est pas le seul crime punissable de la peine capitale.

Parmi les autres délits qui équivalent à l’abandon de l’Islam, on retrouve la vente d’alcool ou de drogue, le port de tenues vestimentaires à l’Occidental, le rasage de la barbe — note : la taille de la barbe est permise, mais pas son rasage — le vote à une élection (même en faveur d’un candidat musulman), et la mollesse à l’égard des apostats.

La simple consommation d’alcool (non sa vente) mérite le fouet. L’adultère est punissable de lapidation.

Le chiisme — une branche de l’Islam qui regroupe 10 à 15% des Musulmans — est une innovation dogmatique équivalent à une hérésie. L’État islamique se propose donc d’exterminer les 200 millions de Chiites dans le monde.

Tous les chefs d’État des pays musulmans subiront le même sort puisqu’ils ont accepté de se soumettre à d’autres lois que celle de Dieu; le respect de traités internationaux ou de frontières reconnues, de même que l’adhésion à des organismes tels que l’ONU, sont autant d’assujettissement que condamne l’État islamique.

Afin de s’acquitter de leurs obligations religieuses, les dirigeants de l’État islamique doivent mener une guerre sainte au moins une fois par année. Tout défaut à ce sujet est un pêché.

Ils peuvent conclure des traités de paix d’une durée maximale de dix ans. Toutefois, ceux-ci ne peuvent s’appliquer à tous ses ennemis en même temps. Donc, l’État islamique doit perpétuellement être en guerre.

Les messages postés sur des médias sociaux révèlent que des exécutions de masse ont lieu chaque semaine. Selon l’auteur de l’article publié dans The Atlantic, seraient exemptés de ces exécutions automatiques, les Chrétiens qui se soumettent à leurs nouveaux dirigeants en leur faisant allégeance, et qui paient une taxe spéciale s’ils désirent conserver leur religion.

Note : Effectivement, c’est ce que prescrit le neuvième chapitre du Coran. Toutefois, les enlèvements et la décapitation de Chrétiens en Libye et en Syrie semblent contredire l’auteur à ce sujet.

À l’époque de Mahomet, celui-ci a dû livrer bataille contre ses ennemis. Conséquemment, les lois de la guerre de ce temps se sont retrouvées dans le Coran et les récits de la vie de Mahomet.

L’esclavage des épouses des vaincus, la crucifixion et la décapitation sont des pratiques de l’État islamique qui miment les pratiques de la guerre de l’époque.

Ces pratiques, abandonnées depuis des siècles, revivent grâce à son zèle.

Après avoir prêché l’orthodoxie sunnite depuis des décennies, l’Arabie saoudite est donc prise à son propre jeu, dépassée quant au fond par l’État islamique.

Ce dernier veut donc être le seul vrai modèle de la pureté originelle de l’Islam.

Tout comme Calvin et Luther incitaient leurs fidèles à lire la Bible eux-mêmes et non se contenter de l’interprétation qu’en faisait le clergé catholique de l’époque, l’État islamique incite ses sympathisants à prendre connaissance non seulement du Coran mais également des règles de vie imposées par la Charia, et de les mettre scrupuleusement en pratique.

Alors que bien des pays musulmans hésiteraient à crucifier ou à décapiter leurs ennemis, de même qu’à réduire les femmes de ces derniers à l’esclavage (sexuel), l’État islamique n’a aucune hésitation à le faire puisque c’est ce qu’on faisait du temps de Mahomet.

Le califat

Le dernier califat fut l’Empire ottoman. Au moment de son démantèlement (après la Première Guerre mondiale), il comprenait la Turquie actuelle, la Syrie, le Liban, la Palestine, l’Irak et l’Arabie saoudite.

Même s’il se prétendait être un califat, l’Empire ottoman n’en était pas un. Car une des conditions essentielles pour se qualifier comme tel, c’est qu’il doit être dirigé par quelqu’un de la même tribu que Mahomet, soit un Quraychite. Or cela serait le cas du chef de l’État islamique (selon ce qu’il dit).

Pour diriger le califat, le calife doit respecter les conditions inscrites dans la charia sunnite; être un Quraychite, être vertueux, n’être atteint d’aucun handicap physique ou mental, et agir avec autorité.

Le calife doit posséder un territoire et y appliquer la charia. Si Al-Qaida peut se contenter d’être un réseau terroriste clandestin, l’État islamique tire sa légitimité de l’occupation d’un territoire qu’il contrôle. Sans ce territoire, il n’est rien qu’une milice comme des centaines d’autres.

De plus, le califat n’est pas seulement une entité politique; c’est aussi un moyen de rédemption.

Selon l’idéologie de l’État islamique, le Musulman qui ne fait que croire en un seul Dieu et mener une vie pieuse est dans la même situation qu’un Protestant aux yeux du Catholique : il ne vit pas sous la « vraie » religion.

En s’acquittant de son devoir de prêter allégeance au califat et en assumant les obligations que cela comporte, le Musulman adhère complètement à la religion musulmane, selon l’État islamique.

Parmi les obligations des croyants, ceux-ci doivent immigrer au califat. Ceux qui persistent à supporter des gouvernements non musulmans en dépit d’avertissements, sont considérés comme des apostats et méritent la mort.

C’est le 5 juillet 2014, lors du ramadan (la période de jeûne annuel des Musulmans), que le chef de l’État islamique a proclamé officiellement son califat à l’occasion d’un sermon à la grande mosquée de la ville de Mossoul, en Irak.

Depuis, des dizaines de milliers de djihadistes se sont joints à lui. Sur ses 20 000 combattants d’un peu partout dans le monde, 3 400 seraient des Occidentaux.

Le califat permet de mettre en vigueur une grande quantité d’exigences de la charia qui lui sont spécifiquement adressées. Par exemple, les milices d’un califat sont les seules qui ont l’obligation stricte d’amputer les mains des voleurs pris en flagrant délit. Pas besoin de procès; être témoin du vol suffit.

L’État islamique ne peut prétendre constituer un califat sans gouverner un territoire. Il ne s’agit pas seulement de conquérir celui-ci, mais également l’administrer et y dispenser des services sociaux.

Les exigences de la charia concernent toutes les facettes de la société. La Loi Divine prévoit un certain nombre d’obligations pour le califat envers ses sujets. Celles-ci comprennent les mesures sociales suivantes : gratuité de l’hébergement, des aliments de base, des soins médicaux, des médicaments, des verres correcteurs, et même de l’habillement. Cela n’exclut pas l’enrichissement personnel par le travail.

La menace de l’État islamique

Contrairement à Al-Qaida, l’État islamique ne possède pas de camps d’entrainement destinés à préparer des combattants à commettre des attentats à l’étranger.

Si l’État islamique invite ses sympathisants demeurés à l’Ouest et ceux qui ont failli à le rejoindre, à commettre des attentats terroristes, il ne semble pas qu’aucune des personnes qui ont réussi à joindre ses rangs n’en soit revenue.

De plus, si effectivement, quelques attentats ont été commis pas des amateurs frustrés et d’autres ayant échoué à rejoindre ses rangs, aucun de ses attentats n’a été financé par l’État islamique, contrairement à ce que fait Al-Qaida.

Craignant qu’il s’agisse d’espions, l’État islamique confisque les passeports de toutes ses nouvelles recrues en provenance de pays occidentaux. Ceux qui tentent de quitter ses rangs sont exécutés à titre de déserteurs.

Le résultat est qu’aller combattre pour le califat est un aller simple. On peut revenir des camps d’entrainement d’Al-Qaida ou de diverses milices de djihadistes un peu partout à travers le monde, mais pas de l’État islamique.

Certaines des mesures de la loi C-51 du gouvernement canadien prennent toute leur importance puisqu’ils visent à bloquer la propagande de l’État islamique destinée à ses sympathisants demeurés chez nous.

Ceux qui l’ont rejoint ne sont une menace immédiate que pour les États limitrophes du califat, au premier rang desquels, l’Iran.

En novembre 2014, le calife a fait connaître l’ordre de ses priorités; les Chiites (Iraniens et Irakiens), puis les partisans de l’Arabie saoudite, et enfin les croisés occidentaux.

Le talon d’Achille de l’État islamique

Pour vaincre un ennemi, il faut le connaître.

Tout comme les premiers chrétiens convertis au protestantisme, l’État islamique croit à l’imminence de la fin du monde.

Les étapes de l’apocalypse sont précisées dans la doctrine sunnite. Au total, le monde aura connu douze califes. Selon l’État islamique, son chef actuel est le huitième.

À l’approche de la fin des temps, les armées de Rome voyageront de Médine (en Arabie saoudite) afin de prendre position dans le nord de la Syrie, à proximité de la frontière turque. C’est dans la ville de Dabiq qu’ils périront.

Le magazine de propagande de l’État islamique porte incidemment le nom de Dabiq, ce qui souligne l’importance des prophéties de l’Islam pour le califat.

Ici les armées de Rome seraient, symboliquement, les forces pro-occidentales.

Après leur anéantissement par l’État islamique, ce dernier ferait la conquête de vastes territoires.

Mais un antéchrist, en provenance de Jérusalem, se rendra dans l’Est de l’Iran y regrouper une armée colossale d’ennemis de l’Islam qui tueront presque tous les combattants du califat; seuls environs 5 000 d’entre eux survivront.

Alors que tout semblera perdu, Jésus de Nazareth redescendra sur Terre, harponnera l’antéchrist et mènera les Musulmans à la victoire finale et à la fin des temps.

Perdons de vue ce récit rocambolesque. Ce qu’il faut retenir, c’est que si des troupes hostiles prennent position à Dabiq après escale à Médine, toutes les milices de l’État islamique y viendront, attirées comme des papillons de nuit vers une lumière.

Ces troupes hostiles ne peuvent être des soldats occidentaux. Envoyer ces derniers faire escale en Arabie saoudite serait une erreur magistrale; le Coran interdit que des soldats impies foulent le sol sacré de l’Islam.

Il faut donc convaincre les pays voisins de l’État islamique, ceux qui sont directement menacés par son expansion territoriale, de se prendre en main et de mener eux-mêmes le combat contre l’État islamique, comme le font déjà la Jordanie et l’Égypte.

On comprend donc que l’intervention militaire du Canada — aussi populaire soit-elle auprès de l’opinion publique canadienne — est une erreur stratégique puisqu’elle tend à rassurer les pays voisins et retarde leur implication.

Une fois qu’une armée hostile de Musulmans « apostats » aura pris position à Dabiq, des bombardiers de l’OTAN pourront éradiquer facilement l’État islamique en le prenant au piège de son message apocalyptique.

Références
Attentats: la France veut l’aide de Google, Facebook et Twitter
Dabiq, le magazine de propagande de l’État islamique
Inside the Islamic State ‘capital’: no end in sight to its grim rule
Khmers rouges
Manbij and the Islamic State’s public administration
4 questions pour comprendre l’État islamique
Quraych
Trou noir
What ISIS Really Wants

Parus depuis :
The Belgian father who went to Syria to help his Isis defector son return home (2015-03-11)
Un jeune Australien raconte son djihad jusqu’au «martyre» (2015-03-13)
Djihadistes canadiens en Syrie : des bombes à retardement (2015-07-17)
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Enemy of Enemies: The Rise of ISIL (2015-10-26)
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Compléments de lecture :
Des signes avant-coureurs de la radicalisation
Le «califat», l’argent et les réseaux occultes

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Canada, serviteur de l’Arabie saoudite

17 février 2015
© 2010 — Google Maps

On apprend aujourd’hui que le gouvernement Harper a dépensé entre 128 et 166 millions$ au cours des six premiers mois de la « mission canadienne » destinée à combattre les milices de l’État islamique en Irak.

Selon le rapport du Directeur parlementaire du budget, l’implication canadienne coutera entre 242 et 351 millions$ pour la première année.

En dépit de la répulsion que nous inspirent les pratiques barbares des milices de l’État islamique, le Canada n’est pas tenu en vertu d’un traité international à bombarder les installations des djihadistes.

De plus, le Canada n’a pas d’intérêts stratégiques à défendre; cette partie du monde ne produit pas de produits dont le manque paralyserait l’économie canadienne.

Tout au plus, est-il probable que le contrat de dix milliards$ que l’Arabie saoudite a accordé à la succursale canadienne de la compagnie américaine General Dynamics soit conditionnel à l’obligation secrète d’attaquer l’État islamique.

L’Arabie saoudite est dotée d’une armée très bien équipée (principalement par les Américains), mais qui ne possède aucune expérience de la guerre.

Par ses contrats militaires lucratifs de 285 milliards$ entre 2001 et 2008, l’Arabie saoudite asservit l’armée de différents pays à ses intérêts géostratégiques. Sans s’en douter, les soldats de ces pays deviennent donc, indirectement, des mercenaires de l’Arabie saoudite.

Les pays contractuels se chargent de convaincre leurs soldats qu’ils protègent la veuve et l’orphelin alors que leurs bombardements font souvent plus de victimes collatérales que parmi les rangs des d’insurgés. En effet, n’ayant que peu de soldats au sol, il est difficile de connaitre la nature exacte des cibles choisies.

L’État islamique est le résultat du gâchis abyssal de la politique américaine et britannique dans cette partie du monde.

Sous le principe naïf qu’il suffisait de renverser un tyran psychopathe (Saddam Hussein) en Irak pour semer la Démocratie parlementaire au coeur du monde arabe, les armées étrangères y ont provoqué la guerre civile.

Puis, désireuses d’abattre un allié de l’Iran (chiite), les pétromonarchies (sunnites), aidées de la Turquie et des États-Unis, ont provoqué la guerre civile dans le pays voisin, la Syrie.

Habilement, le régime de Bachar el-Assad s’en est pris aux insurgés syriens « modérés » afin de favoriser les insurgés radicaux et ainsi devenir la seule alternative raisonnable. Ces milices radicales se sont débarrassées de leurs rivaux affaiblis, leur ont pris leurs armes et sont devenus, tel que prévu, la seule vraie alternative à Bachar el-Assad.

L’État islamique a fédéré les rebelles radicaux en Syrie et est parti ensuite à la conquête d’une bonne partie du nord de l’Irak, s’emparant des armes laissées par l’armée irakienne apeurée.

Il y a quelques années, l’Arabie saoudite s’est fait prendre à verser 60 millions$ à Al-Qaida à partir des coffres de l’État. Lorsque cela a été découvert, les motifs invoqués étaient qu’Al-Qaida menaçait de commettre des attentats dans ce pays si celui-ci ne lui versait pas cette rançon.

En dépit de sa promesse de ne pas recommencer, ce pays est devenu officieusement la principale source mondiale du financement de groupes terroristes sunnites — tels qu’Al-Qaida et les talibans — selon les télégrammes diplomatiques révélés par WikiLeaks.

Il n’est donc pas exclu de penser que les princes saoudiens puissent verser secrètement des sommes à l’État islamique afin que celle-ci s’abstienne d’envahir le royaume.

En fait, les milices de l’État islamique mènent des attaques un peu partout en Irak — même dans les zones chiites — mais, jusqu’à maintenant, aucune dans la zone de 200km qui longe de territoire saoudien. Le tour de l’Arabie saoudite viendra ultérieurement, mais pas pour l’instant.

On pourrait donc découvrir un jour que l’État islamique tuait nos soldats grâce, entre autres, à du financement saoudien. Mais tout cela n’est qu’une hypothèse.

Compte tenu de la durée inconnue de la guerre contre les milices de l’État islamique, combien le Canada est prêt à dépenser afin de protéger l’Arabie saoudite ?

Plus précisément, quelles sont les retombées économiques canadiennes du contrat accordé à General Dynamics et quelle est la somme maximale que le Canada est prêt à dépenser en Irak ?

Malheureusement, le gouvernement Harper, toujours aussi cachotier, ne nous permet pas de connaître les réponses à ces questions.

Références :
General Dynamics: contrat de 10 milliards avec l’Arabie saoudite
La Défense nationale « a retenu des informations » sur les coûts de la mission en Irak
L’Arabie saoudite et le financement d’Al-Qaida
Vente « record » d’armes à l’Arabie Saoudite
What ISIS Really Wants

Parus depuis :
La Suède met fin à sa coopération militaire avec l’Arabie saoudite au nom des droits de l’homme (2015-03-10)
Les jeeps de Justin – Le «deal» avec Riyad fait éclater la vitrine morale d’Ottawa (2016-02-18)
L’Arabie saoudite en retard dans ses paiements pour des véhicules blindés canadiens (2019-10-30)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Irak : le discours aux Américains que jamais Stephen Harper ne prononcera

27 septembre 2014

Le groupe armé État islamique est une menace pour le monde. C’est une menace parce qu’il est en position de conquérir facilement les plus importants sites d’extraction pétrolière du Moyen-Orient.

Or nous ne pouvons tolérer qu’un groupe extrémiste soit en position d’avoir le monde à sa merci; une telle menace est totalement inacceptable.

Voilà pourquoi, nous nous joindrons à vous dans la lutte que vous lui mènerez.

Mais nous ne sommes pas contents.

Nous ne sommes pas contents parce que le gâchis actuel en Irak est la conséquence directe de la politique extérieure menée par votre pays au Moyen-Orient.

Vous déstabilisez les gouvernements qui s’y trouvent, vous armez ou vous laissez vos alliés locaux équiper en armements les groupes les plus extrémistes et vous vous étonnez que cette région soit mise à feu et à sang. Mais où aviez-vous donc la tête en semant le désordre et en libérant la furie des armes ?

Et voilà que vous faites appel à nous pour réparer les pots cassés. Sans même avoir admis la lourde responsabilité de votre pays dans ce désastre.

Lorsque votre pays a voulu nous dicter notre participation à la guerre en Irak, nous vous avons répondu que la participation canadienne à cette guerre était conditionnelle au feu vert des Nations Unies. Il s’agissait d’une ruse de notre part puisque nous savions que jamais l’ONU ne l’autoriserait.

Des accusations sans fondement de possession d’armes de destructions massives et la production de documents falsifiés à l’appui de votre thèse à l’ONU ont miné la crédibilité de votre pays à travers le monde.

Mais par-dessus tout, notre ressentiment vient de vos accusations d’être « antiaméricains » parce que nous osions ne pas nous soumettre à vos dictats militaristes et refusions de vous suivre stupidement au doigt et à l’œil.

Le Canada est le principal partenaire commercial des États-Unis. Les Canadiens achètent plus de biens et de services américains qu’aucun autre peuple au monde, quelle que soit sa population.

Le Canada se considère comme le meilleur ami des États-Unis. Or le rôle d’un ami, ce n’est pas de vous dire ce que vous voulez entendre : c’est, entre autres, de vous prévenir quand vous allez commettre une erreur. C’est ce que nous avons fait.

Mais votre pays a préféré la compagnie des courtisans qui vous encourageaient à vous tirer dans le pied. Avec le résultat qu’on sait.

En dépit de cette rebuffade, nous nous considérons toujours comme votre meilleur ami. Et encore cette fois, nous allons être francs.

Cessez de nourrir la haine à votre égard.

Découragez activement la guerre coloniale d’Israël en Palestine. Comment ? Votre subvention annuelle de trois milliards$ devrait être réduite d’une somme équivalente à ce que ce pays consacre à la colonisation de la Palestine. Étant donné que les divers postes au budget de tout État sont des vases communicants, cela vous éviterait d’être accusé de financer indirectement cette guerre coloniale. Surtout, cela éviterait d’alimenter le ressentiment et la colère légitime des Arabes contre vous.

Et Israël, s’il le désire, pourrait recevoir cette subvention intégralement en cessant sa politique d’implantation de colonies israéliennes en Palestine.

Relativement aux pays arables, faites comme Louis-XV : reversez vos alliances.

Entre ces deux pays ennemis que sont l’Inde et le Pakistan, cessez de verser des milliards$ à l’armée pakistanaise qui vous méprise et vous déteste. Le Pakistan est le centre mondial de la haine. La haine de son voisin, l’Inde. La haine des Juifs. La haine des Chrétiens. La haine des valeurs occidentales. Bref, les Pakistanais sont des « pisseux de vinaigre ». Cessez de vouloir en faire des amis; cela n’arrivera jamais.

L’Iran chiite est le rempart contre l’intégrisme sunnite, représenté par l’Arabie saoudite. Quant à lui, l’intégrisme iranien est inoffensif dans la mesure où il ne se propage pas; sauf l’Irak, tous les autres pays musulmans sont sunnites, donc réfractaires à son influence. En contrepartie, l’Iran est le seul pays stable et fort du Moyen-Orient.

Cessez de servir les intérêts de la monarchie obscurantiste d’Arabie saoudite en affaiblissant l’Iran. À part le Hezbollah libanais, partout où des extrémistes musulmans se manifestent, ceux-ci sont financés par l’Arabie saoudite.

Quant à la bombe nucléaire iranienne, lorsque ce pays aura rejoint le club sélect des puissances nucléaires, jurez d’anéantir ce pays et de le rayer de la surface du globe s’il devait s’en servir. Ce devrait être suffisant pour l’en dissuader.

Bref, l’appui canadien à cette nouvelle guerre est inconditionnel. Toutefois, nous profitons de l’occasion pour vous parler avec franchise. Puisse-t-elle vous aider à cesser de vous mettre les pieds dans les plats…

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Irak : l’instrumentalisation des malheurs du peuple yézidi

26 septembre 2014

En 2007, alors que l’Irak était occupé militairement pas les États-Unis et le Royaume-Uni, Du’a Khalil Aswad, une jeune fille de 17 ans, membre d’une tribu de Yézidis, fut lapidée à mort au Kurdistan irakien à la demande de son oncle. Pourquoi ? Celle-ci était tombée amoureuse d’un Musulman. Toute la scène a été filmée à l’aide de téléphones portables. Mais jamais les forces d’occupation n’ont cherché à trouver ni à punir les coupables.

Le but de la guerre en Irak de 2003 était de libérer le pétrole irakien de son embargo et non de libérer le peuple irakien. Et pour favoriser l’acceptation par les Irakiens de l’occupation militaire qui en a suivi, il fallait fermer les yeux sur les coutumes arriérées du peuple yézidi, entre autres.

Conséquemment, les mariages forcés et les crimes d’honneur se sont poursuivis impunément avec la complicité tacite des forces d’occupation.

Cinq mois après la lapidation de Du’a Khalil Aswad, le groupe armé État Islamique — déjà lui — venge la mort de celle-ci en faisant exploser quatre camions-citernes dans autant de villages yézidis, tuant 796 personnes et faisant plus de 1 500 blessés. À l’époque, l’Irak est occupé par 150 000 militaires anglais ou américains, appuyés par 163 000 mercenaires, tous impuissants à prévenir cette violence.

Mais pour nous faire accepter une nouvelle guerre qui tire sa justification du désastre laissé par une guerre antérieure, on nous donne l’exemple des pauvres femmes yézidies qu’on délivrerait de leurs bourreaux musulmans alors qu’un quart de million de soldats étrangers au sol étaient impuissants ou indifférents à leur sort il y a si peu d’années.

De plus, jusqu’à tout récemment, l’armée canadienne décourageait les soldates victimes de viols au sein même de l’armée de porter plainte. L’armée était beaucoup plus préoccupée à préserver son prestige qu’à poursuivre les soldats violeurs. Peut-on croire sérieusement à cette soudaine sollicitude à l’égard des Yézidies violées ?

Tout cela vise à manipuler les femmes occidentales afin qu’elles acceptent une nouvelle guerre en Irak. En réalité, les forces américaines et britanniques ne se sont jamais souciées des malheurs des femmes yézidies. Jamais.

Dans cette partie du monde, on n’assiste pas à un affrontement entre des bons et des méchants, mais entre des méchants et des pires qu’eux.

Il serait peut-être temps de réaliser que si les Sunnites irakiens veulent la Démocratie parlementaire à l’Occidental, il faudra qu’ils en paient le prix de leur propre sang et non compter passivement sur nous. Le fait qu’ils ne soient pas prêts à payer ce prix et qu’ils accueillent de manière enthousiaste l’arrivée des soldats de l’organisation État Islamique m’incite à croire qu’ils ne veulent pas vraiment changer. Quelques années d’un califat barbare leur ferait peut-être changer d’idée…

Malheureusement, cette idée est totalement inacceptable pour l’Occident. L’Irak deviendrait ainsi une immense base opérationnelle pour le terrorisme international, financée par ses revenus pétroliers. Il faudrait donc de nouveau un boycottage international du pétrole irakien (du moins celui du nord du pays) et des frappes de drones pour détruire ses camps d’entrainement au fur et à mesure qu’ils apparaissent.

Ce serait surtout l’aveu de l’échec cuisant de la politique des Néoconservateurs américains au Moyen-Orient; après avoir dépensé des centaines de milliards$, les États-Unis se retrouvent devant une situation pire que celle qui prévalait au moment où Saddam Hussain a été renversé.

Idéalement, les États-Unis devraient réaliser trois choses.

Premièrement, dans un pays divisé par des haines tribales, seul un gouvernement central fort, voire sanguinaire, peut garantir l’unité du pays… à moins de laisser les différentes ethnies irakiennes décider de leur avenir et leur laisser le choix de rompre les frontières artificielles décidées par l’Angleterre et la France lors du dépeçage de l’Empire ottoman.

Deuxièmement, ils ne peuvent laisser l’Arabie saoudite financer des écoles coraniques qui prêchent le wahhabisme — une forme rigoriste de l’Islam à la limite de la haine contre les valeurs occidentales — et qui sont donc des pépinières de terroristes, sans que cela ait des conséquences sur la paix.

Et troisièmement, lorsque les pétromonarchies du golfe déstabilisent la Syrie et arment les combattants radicaux jusqu’aux dents, ces mercenaires acquièrent une expertise dangereuse qui se répercutera inévitablement ailleurs. À semer le vent, on récolte la tempête.

Mais je doute que les Américains soient lucides au point de tirer une leçon de leurs erreurs.

Dans tous les cas, le Canada suivra la parade américaine parce qu’il n’a pas le choix. Le groupe armé État Islamique, au-delà de toute propagande occidentale, est réellement une menace à la sécurité du monde. Seuls l’Iran, la Turquie et Israël sont en mesure de s’opposer à une invasion des hordes de cette organisation barbare. Ni la Jordanie, ni l’Arabie saoudite (en dépit de la sophistication des armes dont elle dispose), ni les pétromonarchies du golfe, ni tout le reste de la péninsule arabique, n’ont d’armées capables d’y faire face.

Dans le contexte actuel, la seule décision que le Canada peut prendre, c’est de limiter à l’avance l’importance de sa participation. Mais à voir le zèle du gouvernement Harper à battre naïvement le tambour de la guerre, il ne fait aucun doute que la participation canadienne sera maximale.

Références :
Crimes sexuels : le cancer qui ronge l’armée canadienne
Doaa Khalil Assouad
La lapidation ou la barbarie participative
Le cauchemar des femmes prisonnières de l’État islamique

Paru depuis :
Les conservateurs aussi inactifs que les libéraux pour aider les yézidis (2016-07-19)

Sur le même sujet :
Ce que cache la menace “État islamique”
« La lutte se joue principalement dans l’imaginaire »

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Écrit par Jean-Pierre Martel