Talibans et Trump, des iconoclastes modernes

Publié le 6 janvier 2020 | Temps de lecture : 3 minutes

Peu après avoir jeté les troupes russes hors d’Afghanistan, les nouveaux maitres du pays (les Talibans) avaient résolu de purger le pays des traces de son passé pré-islamique.

Leur dynamitage en mars 2001 des trois Bouddhas de Bâmiyân (sculptées entre le IIIe et le VIIe siècle) a suscité une réprobation planétaire.

Indignée, Washington se drapait alors de la parure vertueuse du défenseur de la Civilisation.

Mais deux décennies plus tard, la barbarie a changé de camp et contamine maintenant les plus hauts sommets de l’État le plus puissant du monde.

Pour venger la simple humiliation subie par les États-Unis lors de la Crise des otages américains en Iran en 1981 —  au cours de laquelle 52 Américains furent otages de ravisseurs Iraniens (sans y perdre la vie) — Donald Trump a menacé de détruire 52 sites ayant une grande importance culturelle aux yeux des Iraniens.

Pour avoir une idée de ce que Trump menace de détruire, on cliquera sur ceci.

Soyons optimistes et parions que tout ceci n’est que du bluff.

Toutefois, on peut s’inquiéter du fait que la pensée de détruire de tels trésors ait traversé l’esprit d’un des chefs d’État les plus belliqueux de l’Histoire moderne (pourtant riche à ce sujet).

Et on peut craindre encore plus de le voir se glorifier de posséder le pouvoir de les anéantir.

Comme dans ce film de Chaplin où un chef d’État grisé par sa puissance s’amuse avec un globe terrestre qu’il traite comme un ballon de plage…

Si j’étais Américain, je serais humilié de voir que la moitié de mon peuple ait porté au pouvoir quelqu’un dont personne ne peut garantir qu’il est sain d’esprit (pensez à sa volonté d’acheter le Groenland) ou qu’il possède la maturité nécessaire à la fonction qu’il occupe (dans ce cas-ci).

On ne peut promouvoir la démocratie américaine quand celle-ci donne de si pitoyables résultats.

Références :
Bouddhas de Bâmiyân
Crise des otages américains en Iran
Donald Trump’s belligerent threats to Iran’s cultural sites are grotesque
Trump menace de frapper 52 sites en Iran

Paru depuis :
Menaces contre les sites patrimoniaux iraniens: Donald Trump isolé (2020-01-07)
Ispahan brûle-t-il? (2020-01-11)

Laissez un commentaire »

| Politique internationale | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Acheter le Canada plutôt que le Groenland

Publié le 23 août 2019 | Temps de lecture : 3 minutes

Selon le premier ministre Justin Trudeau, le Canada est un pays ‘post-national’.

Un pays ‘post-national’ se définit comme un pays qui ne mérite pas d’exister.

En effet, qu’est-ce qui distingue le Canadien moyen de l’Américain-type ?

Les deux ont comme mets préférés l’hamburger et la pizza. Les deux boivent surtout de la bière ou du Coca-Cola. Portent les mêmes vêtements griffés de marques américaines. Voient principalement des films et des émissions de télé américaines. Écoutent de la musique américaine. Aiment les mêmes sports. S’intéressent aux mêmes potins concernant des vedettes américaines. Rêvent de visiter Disneyland. Et partagent la même détestation des pays jugés hostiles par la propagande américaine.

Et nos deux pays sont nés de la même dépossession des Autochtones et leur assimilation culturelle, à défaut d’avoir réussi à les exterminer.

Autrefois, la seule distinction, c’est que les Canadiens anglais étaient attachés à la monarchie britannique.

Mais depuis que l’aristocratie anglaise s’est pipolisée, plus d’Américains que de Canadiens se passionnent pour les potins la concernant.

L’achat du Canada par Trump mettrait fin aux tarifs douaniers que ce dernier impose à nos entreprises. Notre niveau de vie rejoindrait celui des Américains. Aux dernières élections américaines, Hilary Clinton aurait peut-être été élue.

Et cette fusion serait facilitée par le fait que les négociations canadiennes seraient dirigées par Chrystina Freeland, notre capitulatrice en chef, que Trump connait bien.

Malheureusement, le Canada coute beaucoup plus cher que le Groenland… pour l’instant.

Mais il suffirait d’une bonne guerre commerciale et plus précisément de l’imposition de tarifs douaniers excessifs, pour que l’économie canadienne — presque totalement dépendante d’exportations vers les États-Unis — s’écroule et que la valeur du pays s’effondre.

À part Montréal avec son stade olympique et Toronto avec sa tour du CN, presque toutes les villes canadiennes n’ont pas de monument emblématique.

Il suffirait d’une magnifique ‘Trump Tower’ dorée dans chacune des villes du pays pour faire la fierté des citoyens chacune d’entre elles et solidariser nos peuples à la valeur de l’argent.

Le Canada et les États-Unis sont déjà des États pétroliers dont les économies énergivores sont presque identiques. Ce qui favorise leur intégration.

Évidemment, cela rendrait encore plus justifiée l’indépendance du Québec puisque nous n’aurions plus grand-chose en commun avec la grande Amérique anglo-saxonne dont nous sommes déjà la presqu’ile.

Même pour le Canada, cela serait positif : il échangerait le Québec pour les États-Unis.

Quelle offre irrésistible !

Référence :
Le Danemark abasourdi après l’annulation d’une visite de Trump à cause du Groenland

Laissez un commentaire »

| Humour | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Les États-Unis et la Corée du Nord

Publié le 2 décembre 2017 | Temps de lecture : 10 minutes

Introduction

Depuis avril 2017, le président Trump est engagé dans une guerre de mots avec les dirigeants de la Corée du Nord, menaçant ce pays (ou ses dirigeants) d’anéantissement.

Mais après sept mois d’insultes et de menaces réciproques, on peut s’interroger sur l’imminence d’un conflit armé entre leurs deux pays.

Dangerosité de la Corée du Nord

• Les armes nucléaires

En 1980, la Corée du Nord entamait un programme destiné à se doter de l’arme nucléaire. Toutefois, en 1985, ce pays signe le Traité de non-prolifération des armes nucléaires.

Entre l’adhésion de la Corée du Nord et son retrait du traité en 2003, les États-Unis n’ont pas cessé de reprocher à ce pays de ne pas respecter sa parole.

D’autre part, la Corée du Nord blâmait les États-Unis de confondre ses installations nucléaires civiles avec des installations militaires.

Selon la CIA World Factbook, la production électrique en Corée du Nord serait à 55% de l’hydroélectricité; le reste proviendrait d’énergies fossiles (probablement du charbon). Selon l’agence américaine, rien ne serait produit à partir de centrales nucléaires.

En avril 2002, G.W. Bush accuse l’Irak, de même que l’Iran et la Corée du Nord, de faire partie de l’Axe du Mal.

En janvier 2003, alors que les États-Unis sont en train de déployer leur armada en vue de la Guerre d’Irak (qui sera déclenchée officiellement en mars), la Corée du Nord se retire du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, convaincue de subir bientôt le même sort.

C’est en octobre 2006 que la Corée du Nord procède à son premier essai nucléaire souterrain. L’expérience fut répétée en 2009, en 2013, en 2016 et en 2017.

En supposant que la Corée du Nord ait effectivement poursuivi secrètement son programme nucléaire de 1985 à 2003, on peut affirmer rétroactivement qu’elle y a mis les bouchées doubles entre 2003 et 2006.

• Les ogives balistiques

Posséder l’arme nucléaire est une chose. Être capable de frapper un pays lointain avec cette arme, c’est autre chose.

Depuis trente ans, la Corée du Nord procède à des tirs balistiques. Mais la fréquence de ces essais — autrefois espacés de plusieurs années — s’est considérablement accélérée depuis 2016.

Jusqu’à maintenant, la plupart des missiles effectuaient une trajectoire en cloche, allongée vers le ciel, puisque tirés presque à la verticale.

L’an dernier, sur neuf tentatives, une seule a réussi. À l’époque, la Corée du Nord propulsait ses missiles à l’aide du moteur 4D10.

En raison de cet échec, le pays s’est tourné vers le moteur Paektusan, utilisé originellement pour lancer des fusées. Et c’est là que tout débloque.

Depuis le début de 2017, la Corée du Nord a procédé à dix-sept tirs dont celui du 29 aout qui, pour la première fois, a survolé le territoire japonais.

Selon les experts, la Corée du Nord aurait développé à ce jour deux modèles de missiles balistiques basés sur le moteur Paektusan.

Un exemplaire du modèle de portée moyenne a survolé le Japon et a atteint une altitude de 550 km.

Mais elle mettrait également au point un missile intercontinental d’une portée de 10 000 km. Celui-ci serait capable d’atteindre une altitude légèrement supérieure à mille kilomètres.

Le missile tiré le 29 novembre 2017 nous en donne un aperçu. Tiré à la verticale, il aurait atteint une altitude de 4 475 km, soit bien au-delà de ce qui est nécessaire pour frapper les États-Unis. Après un vol de 53 minutes, il se serait abimé dans les eaux territoriales du Japon, à 950 km de son site de lancement.

Pour finaliser ses projets, la Corée devrait mettre au point des matériaux composites capables de résister aux températures de 7 000 à 8 000°C, typiques de la rentrée dans l’atmosphère.

Puis la question restera de savoir si les missiles coréens sont capables de transporter sur de longues distances le poids élevé d’ogives nucléaires.

Retour sur la crise des missiles cubains

Missiles russes à La Havane

En 1982, les États-Unis découvrent que l’URSS installe secrètement des missiles à tête nucléaire sur l’ile de Cuba.

Même si Cuba est libre de se doter des moyens défensifs qu’il juge appropriés, le déploiement de missiles à seulement 150 km des côtes américaines est jugé totalement inacceptable par les États-Unis.

Ces missiles sont tellement proches que leurs tirs ne peuvent pas être détectés suffisamment d’avance (par les moyens du temps) pour garantir une riposte.

Le 16 octobre 1962, de son propre chef, le président John-F. Kennedy ordonne un blocus naval autour de l’ile.

Les États-Unis menacent de détruire tout navire soviétique qui tenterait de ravitailler Cuba en armement.

Douze jours plus tard, une troisième guerre mondiale est évitée de peu lorsque les sous-marins et navires soviétiques rebroussent chemin et que l’URSS et les États-Unis s’entendent.

Le laisser-faire américain envers la Corée du Nord

La Corée du Nord n’est pas une ile. Conséquemment, les États-Unis ne peuvent pas lui imposer un blocus maritime et terrestre que si la Chine et la Russie, voisins de la Corée du Nord, y consentent. Ce qui n’est pas le cas.

Mais les États-Unis auraient pu abattre les missiles tirés par la Corée du Nord, l’empêchant de développer son expertise.

Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ?

Le droit international

Lorsqu’un missile coréen pénètre dans l’espace aérien japonais, ce missile peut être abattu. Toutefois, si ce missile effectue une trajectoire exclusivement au-dessus de la Corée du Nord, puis au-dessus d’eaux internationales (la mer du Japon), n’y a-t-il pas danger que cela puisse être un Casus belli, c’est-à-dire un motif suffisant pour déclarer la guerre ?

La Corée du Nord ne peut pas déclarer la guerre aux États-Unis. Pourquoi ? Parce que ces deux pays le sont déjà officiellement depuis six décennies.

Déclarée en 1950, la guerre de Corée s’est terminée par un armistice. Mais aucun traité de paix n’a été signé. On a simplement convenu en 1953 de cesser de se battre.

Le risque d’échec

Si les États-Unis échouent à abattre un ou plusieurs missiles coréens, n’y a-t-il pas danger que cela mine la réputation d’excellence de la technologie militaire américaine ?

Oui, en effet.

Mais vaut-il mieux attendre que la Corée du Nord frappe le territoire des États-Unis pour découvrir que les missiles sol-air américains ne sont pas aussi fiables qu’on pense ?

Les missiles coréens sont une occasion en or pour tester et améliorer la fiabilité de l’armement américain dans des conditions réelles de combat.

Les raisons probables de l’inaction américaine

Vendre de l’armement

Avant l’intervention directe de la Russie en Syrie à l’automne 2015, la stratégie américaine dans ce pays était d’arrêter l’expansion territoriale de l’État islamique et, une fois cela fait, de maintenir sa dangerosité afin de susciter l’inquiétude des pays voisins et de les motiver à acheter de l’armement américain.

Voilà pourquoi seulement 2% des frappes américaines visaient les champs pétrolifères de l’ÉI, sa principale source de revenu à l’époque.

Cette fois-ci, Trump provoque le pitbull coréen. Par ses gazouillis, il fait augmenter la tension dans cette partie du monde. Et sa surenchère verbale fait qu’en Corée du Sud comme au Japon, les populations s’inquiètent. Les parlementaires se demandent s’ils sont suffisamment protégés.

Les États-Unis vendent assez librement de l’armement aux pays amis. Mais ils imposent des restrictions sur l’exportation de certains types d’armes sophistiquées.

Le 5 septembre dernier, le président Trump autorisait la Corée du Sud et le Japon à accroître substantiellement leurs achats de matériel militaire sophistiqué.

De plus, au cours de sa tournée asiatique le mois dernier, le président Trump a souligné que la Corée du Sud et le Japon devaient assumer davantage leur propre défense et compter moins sur la protection américaine.

Le bouclier antimissile

Depuis plus d’une décennie, les États-Unis consacrent environ neuf-milliards$ annuellement pour le déploiement d’un système de défense antimissile comprenant des radars et des missiles sol-air.

Le complexe militaro-industriel américain croit qu’un pays aussi riche que les États-Unis pourrait dépenser davantage.

Afin de surmonter les réticences de nombreux membres du Congrès qui croient qu’une augmentation des budgets n’est pas nécessaire, le président américain fait campagne — gratuitement grâce à Twitter — en faveur de l’augmentation des budgets de la défense.

Conclusion

Dans un pays où les industriels maximisent leurs profits en déménageant leur production vers des pays où la main-d’œuvre est moins dispendieuse, le complexe militaro-industriel est le seul dont les entreprises ne procèdent jamais à des délocalisations.

Pour des raisons stratégiques, il est interdit de faire fabriquer à l’Étranger du matériel militaire de pointe.

Puisque tout le reste fout le camp, ce complexe occupe une importance croissance dans l’économie américaine.

Or, justement, ce complexe est un cancer. Afin de maintenir les emplois, il lui faut toujours de nouvelles guerres ou, à défaut, de nouvelles menaces de conflits armés qui stimulent les ventes.

Tout comme leur appui aux Talibans en Afghanistan avant les attentats de New York, les États-Unis ont choisi de laisser la Corée du Nord acquérir des technologies de plus en plus menaçantes.

Ce laisser-faire est un pari. Le pari que les dirigeants américains pourront y mettre fin quand bon leur semblera.

Si le président américain se préparait vraiment à la guerre, les États-Unis déplaceraient une colossale armada vers cette partie du monde.

Mais depuis sept mois, seuls les redoutables gazouillis présidentiels frappent sans relâche la Corée du Nord. Quand, épuisée, finira-t-elle par capituler ?

C’est à suivre…

Références :
Abattre un missile nord-coréen ? Une option risquée pour les Etats-Unis
Armes nucléaires en Corée du Nord
Axe du Mal
Corée du Nord : le dernier tir de missile balistique en six questions
Corée du Nord : jusqu’où peuvent aller les missiles de Pyongyang ?
Crise des missiles de Cuba
Crise des missiles nord-coréens de juillet 2006
Crise des missiles nord-coréens de 2013
Guerre d’Irak
Le coup de bluff de Trump avec la Corée du Nord
National missile defense
North Korea
Politique du rayon de soleil
Programme balistique nord-coréen : «Je suis bluffé par la rapidité avec laquelle ils avancent»
Trump offers to sell ‘sophisticated’ militari gear to Japan and South Korea
Trump prêt à une «guerre» avec la Corée du Nord
Trump promet à la Corée du Nord une riposte «sévère»
Trump says Japan should buy US military equipment to protect against North Korea

Parus depuis :
Menace nord-coréenne: le Japon haussera son buget de défense (2017-12-16)
Le chef de la CIA a rencontré Kim Jong-un (2018-04-18)

Détails techniques : Panasonic GH1, objectif Lumix 12-35mm F/2,8 — 1/500 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 35 mm

Laissez un commentaire »

| Géopolitique | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Trump : un président manipulable et impulsif

Publié le 10 avril 2017 | Temps de lecture : 7 minutes


 
Introduction

Lorsque l’aviation canadienne bombarde n’importe quelle région du monde, elle le fait avec l’accord du pays concerné ou à la suite d’une résolution habilitante de l’ONU.

Cela s’appelle respecter le droit international.

Quand les Russes bombardent la Syrie, ils n’ont pas besoin d’une autorisation de l’ONU parce qu’ils ont déjà celle du gouvernement de la Syrie, soit celui de Bachar el-Assad.

Plus tôt cette semaine, le président américain Donald Trump a ordonné le bombardement de la base russe de Shayrat, située en Syrie.

Ce bombardement est la réponse américaine à une attaque chimique survenue deux jours plus tôt dans la ville syrienne de Khan Cheikhoun. Cette attaque chimique a provoqué la mort d’une centaine de civils et fait environ 500 blessés.

Dans cette région s’affrontent l’armée syrienne et les milices de deux organisations terroristes financées par l’Arabie saoudite : Ahrar al-Cham (accusé de crimes de guerre par Amnistie internationale) et Hayat Tahrir al-Cham (classé comme organisation terroriste par les États-Unis le mois dernier).

Le président américain s’est dit ému des images qui lui ont été présentées à ce sujet.

Dans le but évident de nous faire partager l’émotion présidentielle, les télévisions canadiennes nous ont présenté en boucle ces gros plans d’enfants suffoquant ou d’infirmiers essayant désespérément de sauver les personnes affectées par des gaz toxiques.

Selon Newsweek, l’armée américaine a tué mille civils en Irak et en Syrie durant le seul mois de mars 2017. C’est dix fois plus que l’attaque qui a suscité l’indignation de Trump. Or nos médias n’ont pas cru bon nous montrer les gros plans des gens tués ou agonisants sous les frappes américaines.

Il faut être très naïf pour croire que les États-Unis bombardent quoi que ce soit pour des raisons humanitaires.

C’est la paix, et non la guerre, qu’on fait pour le bien d’un peuple. Surtout quand il s’agit de gens qu’on ne veut surtout pas accueillir aux États-Unis.

Sans attendre que la responsabilité de l’aviation syrienne ait été prouvée et sans posséder de résolution habilitante de l’ONU, le président américain a ordonné le bombardement de cette base militaire deux jours plus tard.

Il s’agit de son premier Casus belli, commis moins de cent jours après son entrée en fonction.

Pour les chefs d’État occidentaux et les journalistes qui rapportent leurs propos, la culpabilité de Bachar el-Assad est évidente puisqu’il s’agit ici, croit-on, d’une récidive.

La ligne rouge

Le 20 aout 2012, l’ex-président Obama avait prévenu que l’utilisation d’armes chimiques dans le cadre du conflit syrien constituerait une ligne rouge à ne pas dépasser.

À plusieurs occasions, de telles armes ont été utilisées, causant un petit nombre de victimes.

Toutefois, le 21 aout 2013 — un an plus tard — un bombardement à l’arme chimique eut lieu dans l’oasis de la Ghouta, près de Damas. Ce bombardement fit entre 322 et 1 729 morts. De plus, 3 600 personnes furent atteintes de symptômes neurotoxiques.

À l’époque, ce crime de guerre provoqua une indignation planétaire.

Mais la Maison-Blanche invoqua l’insuffisance de preuve pour ne pas intervenir et sauva la face (plus ou moins) en acceptant l’engagement russe à procéder à la destruction de toutes les armes chimiques encore en possession du régime de Bachar el-Assad.

Quatre ans plus tard, cette nouvelle attaque chimique a provoqué de nombreux commentaires. Toutefois, j’ai été très surpris de lire celui d’un lecteur du Devoir affirmant que l’enquête de l’ONU au sujet du massacre de Ghouta avait innocenté le régime de Bachar el-Assad.

À la lecture du texte sur Wikipédia, on apprend effectivement que l’ONU a produit deux rapports à ce sujet.

Publié le 16 septembre 2013, le premier n’avança aucune responsabilité dans cette attaque puisque cela n’était pas son but.

En décembre 2013, le journaliste d’investigation Seymour Hersh révèle que le gouvernement américain, pour mieux soutenir les accusations contre le régime de Bachar el-Assad, aurait volontairement caché les informations selon lesquelles le groupe djihadiste Front al-Nosra (soutenu par l’Arabie saoudite) disposait de gaz sarin.

Publié en janvier 2014, le deuxième rapport de l’ONU en vint à la conclusion que le régime syrien ne pouvait pas être tenu responsable du massacre. En particulier l’analyse de l’impact au sol des ogives permettait de préciser que l’endroit d’où elles avaient été tirées ne pouvait provenir des positions occupées par le régime au moment de l’attaque.

Évidemment, ce rapport fut aussitôt critiqué par un grand nombre d’experts occidentaux et, à l’opposé, applaudis par ceux des pays alliés de Bachar el-Assad.

Si j’exclus tous les rapports d’organismes ou d’États qui avaient conclu à la culpabilité ou à l’innocence de Bachar el-Assad avant même d’entreprendre leurs travaux, le seul rapport crédible est celui de l’ONU.

Le scénario le plus plausible

En traçant sa ligne rouge, le président Obama commettait une imprudence.

Il suffisait à l’Arabie saoudite d’orchestrer une attaque chimique ayant l’air d’avoir été commise par le régime syrien pour forcer la main d’Obama et l’amener à déclarer la guerre contre Bachar el-Assad.

Cette stratégie ayant échoué, la dictature saoudienne a donc recommencé le même scénario moins de cent jours après l’arrivée au pouvoir de son successeur.

Et voilà ce pauvre Trump qui tombe dans le panneau.

La pire erreur que peut commettre un chef de guerre, c’est de révéler son talon d’Achille.

C’est ce qu’a fait Donald Trump en ordonnant le bombardement de la base russe de Shayrat.

Il aura suffi qu’on lui montre les gros plans de jeunes enfants suffoquant pour qu’il réagisse comme le taureau devant lequel le toréador agite sa muléta.

Mais il y a plus grave encore.

À en juger par la réaction contrariée des Russes aux frappes américaines, il est évident que Trump n’a pas demandé la permission aux Russes avant de bombarder une de leurs bases militaires en Syrie.

Imaginons que les Russes, prévenus de l’attaque, aient décidé de tester l’efficacité des missiles sol-air S-300 qu’ils ont déjà déployés en Syrie.

Si toutes les ogives américaines avaient atteint leur but quand même, cela aurait prouvé la supériorité de la technologie américaine.

Mais si ce coup de poker avait tourné au désastre, on ferait présentement la queue à Moscou pour acheter des armes russes.

Et puisque les missiles S-300 n’auraient causé aucune victime américaine mais n’auraient fait que bloquer des ogives ‘made in USA’ et humilier les États-Unis, Trump aurait été réduit à accuser Poutine d’hypocrisie sans avoir matière à déclarer une troisième guerre mondiale.

Ce qui, dans le cas de Trump, n’est peut-être que partie remise…

Références :
Armes chimiques pendant la guerre civile syrienne
Attaque chimique en Syrie : trop tôt pour tirer des conclusions, disent Moscou et Damas
Massacre de la Ghouta
Obama ne regrette pas l’épisode de la «ligne rouge»
Under Trump, U.S. military has allegedly killed over 1,000 civilians in Iraq, Syria in March
Whose sarin?

Paru simultanément :
Guerre en Syrie et lutte pour le pouvoir aux États-Unis

Parus depuis :
Saudi Arabia stroked Trump’s ego. Now he is doing their bidding with Qatar (2017-06-07)
Trump’s Red Line (2017-06-25)
Menaces de tirs américains en Syrie : « Ça peut déraper », estime un observateur (2018-04-11)

Laissez un commentaire »

| Géopolitique, Guerre en Syrie | Mots-clés : , , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’élection de Trump : l’erreur des sondages

Publié le 18 décembre 2016 | Temps de lecture : 4 minutes

La victoire électorale de Donald Trump a été une surprise pour presque tous les analystes politiques. Ces derniers se basaient sur les sondages d’opinion, unanimes à prédire la victoire d’Hilary Clinton.

Effectivement, celle-ci a obtenu deux à trois-millions de votes de plus que son adversaire. Pourtant, elle a perdu cette élection en raison d’un système électoral vicié.

En premier lieu, il est vicié par le rôle joué par le Collège électoral. Celui-ci est le verrou mis en place au XVIIIe siècle par les élites révolutionnaires pour se protéger, en cas de besoin, de l’immaturité politique du peuple américain (dans lequel ils n’avaient pas confiance).

Deuxièmement, il est vicié par une multitude de mesures adoptées pour enrayer la démocratie américaine. Sans ces mesures, l’écart entre les deux candidats aurait été encore plus grand et la victoire de Mme Clinton plus certaine.

À la lecture de la section intitulée ‘Ending Voter Suppression’ du livre ‘Our Revolution’ de Bernie Sanders, on apprend quelques-uns des moyens utilisés par les Républicains pour faire obstacle à tous ceux qui ont tendance à voter contre eux.

Sous le prétexte de lutter contre la fraude (à peu près inexistante), certains États exigent la présentation d’une pièce d’identité sur laquelle apparait la photo du détenteur. Cette carte est émise par l’État.

Invoquant l’austérité, l’Alabama a raréfié les bureaux où les Noirs se présentaient afin d’obtenir cette carte, ce qui complique leurs démarches afin de l’obtenir.

Dans les États où cette exigence s’applique, on a calculé que cela fait perdre aux candidats démocrates 8,8% de leurs appuis et aux candidats républicains 3,6%.

Au Québec, l’inscription sur les listes électorales se fait automatiquement lors des recensements. Aux États-Unis, il faut s’inscrire.

En éliminant le vote anticipé et la possibilité de s’enregistrer sur place lors du scrutin, les Républicains ont rendu plus compliqué l’exercice du droit de vote pour les catégories de citoyens négligents dans l’exercice de leurs devoirs civiques, les jeunes et les pauvres notamment.

De plus, on a diminué le nombre de bureaux de vote et de préposés à la votation dans les quartiers ‘noirs’.

Le résultat, c’est qu’à l’élection de 2012 (on n’a pas les données pour 2016) le temps d’attente pour voter dans les quartiers ‘blancs’ a été de 11,6 minutes alors qu’il a été de 23,3 minutes dans les quartiers ‘noirs’.

Dans des cas extrêmes, il faillait attendre six ou sept heures pour voter.

Contrairement au Canada où la loi oblige l’employeur à permettre à ses employés d’exercer leurs devoirs civiques, toute élection américaine qui a lieu à un autre moment que lors d’un congé ou d’un jour férié rend l’exercice du droit de vote impossible aux Américains qui cumulent plusieurs emplois pour joindre les deux bouts.

Au Canada, on estime que l’incarcération seule est la punition du condamné. Dans certains États américains, on a ajouté à cette punition la suppression de leur droit de vote.

Ce droit n’est pas automatiquement restauré lorsqu’une personne sort de prison; l’ex-prisonnier doit s’inscrire.

Cela ne peut se faire qu’après avoir effectué un certain nombre de démarches préalables comme avoir trouvé un domicile.

Le résultat est qu’environ 13% des Noirs américains (dont ceux qui ont été emprisonnés pour des délits mineurs) sont privés du droit de vote. Cela représente deux-millions de citoyens.

Voilà pourquoi la prédiction des résultats du scrutin est toujours très hasardeuse aux États-Unis lorsque les candidats sont presque nez à nez.

Croire que l’écart entre le vote et les sondages s’explique par la volatilité du choix des indécis est simpliste. Cet écart s’explique plutôt par le fait qu’on répond aux sondages beaucoup plus facilement qu’on y vote.

Les Américains aiment proclamer que leur pays est un modèle de démocratie. On conviendra qu’il s’agit-là d’un modèle très améliorable…

Références :
Élection de Trump: la colère d’un grand électeur
Le mensonge des statistiques
Our Revolution: A Future to Believe In

Un commentaire

| Politique internationale | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le mensonge des statistiques

Publié le 10 novembre 2016 | Temps de lecture : 3 minutes

Ceux qui ont cru les statistiques qui prédisaient la victoire de Mme Clinton à l’issue du scrutin américain ne sont pas au bout de leurs peines.

Ce que je lis à pleines pages des grands quotidiens ce matin, c’est le mépris généralisé de gens qui espéraient la victoire de Mme Clinton et qui imputent sa défaite-surprise au vote d’imbéciles, sans toutefois le dire de cette manière.

Le plus sérieusement du monde, ces éditorialistes écrivent que l’élection de Trump est le résultat du ressac des électeurs blancs qui sentent leur suprématie menacée par la croissance démographique des autres groupes ethniques du pays. Ce qu’on appelle le Whitelash.

C’est l’équivalent de la déclaration malheureuse d’un ex-premier ministre québécois un soir de défaite référendaire. Remplacez ‘vote ethnique’ par ‘vote raciste’ et c’est pareil.

Trump a été élu par 47,5% des électeurs. Peut-on croire un seul instant que les suprémacistes blancs forment près de la moitié de la population américaine ? C’est pourtant ce que suggèrent ces journalistes.

De leur côté, les éditorialistes féministes accuseront les mâles blancs — encore eux — d’avoir voté contre Mme Clinton en raison de leur misogynie plus ou moins consciente. Pourtant, les femmes blanches ont voté majoritairement (à 53%) pour Trump. Doit-on en déduire que même les femmes blanches sont misogynes ?

À l’opposé, les femmes noires ont voté majoritairement contre Trump à cause de ses propos racistes plutôt qu’en raison de sa misogynie. Les femmes noires en ont vu d’autres; les propos dégradants de Trump à l’égard des femmes ne se distinguent pas vraiment de ceux qu’on entend de rappeurs noirs très populaires.

La vérité est que l’Amérique profonde a voté pour Trump et les régions côtières, ouvertes à l’immigration, ont voté majoritairement pour Clinton.

Le résultat, c’est que Mme Clinton a obtenu 47,7% des votes et M. Trump, 47,5% (moins qu’elle).

La majorité de Mme Clinton aurait été plus grande si les jeunes aptes à voter s’étaient acquittés de leurs devoirs civiques. Mais ils sont trop paresseux pour faire la file pour aller voter.

Si Mme Clinton, majoritaire, n’est pas présidente des États-Unis, c’est à cause du Collège électoral. Celui-ci est le verrou mis en place au XVIIIe siècle par les élites révolutionnaires pour se protéger, en cas de besoin, de l’immaturité politique du peuple américain (dans lequel ils n’avaient pas confiance).

Paru depuis :
Élection de Trump: la colère d’un grand électeur (2016-11-14)

Un commentaire

| Politique internationale | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le choix de l’Amérique profonde

Publié le 9 novembre 2016 | Temps de lecture : 4 minutes

C’est fait : Donald Trump a été élu 45e président des États-Unis.

Il ne s’agit pas d’un météorite soudainement apparu dans le ciel politique américain. Pendant des décennies, Donald Trump a joué le rôle de la mouche dans la fable Le coche et la mouche de Lafontaine, se payant au besoin des pages réservées à la publicité pour promouvoir ses idées politiques.

Il a frayé avec toutes les personnalités publiques. Il connait bien le milieu politique et lui voue un mépris qui n’a d’égal que celui que lui vouent la plupart des Américains.

Parce que Donald Trump s’est fait l’écho de cette Amérique profonde, avec ses contradictions, ses préjugés, sa xénophobie, son racisme et sa misogynie.

Il a dit tout haut ce que des millions de personnes pensent tout bas et n’osaient pas avouer parce que depuis toujours, on leur a dit que cela était laid, que cela ne se disait pas.

Trump a donné une légitimité aux opinions dites honteuses de ceux qui, jusqu’ici, n’avaient que les médias sociaux pour se défouler sous un pseudonyme.

Sa victoire électorale, c’est celle des dépossédés du centre des États-Unis et des États riverains des Grands Lacs, des travailleurs de l’industrie lourde, mis au chômage et à qui il a promis le retour du bon vieux temps.

Et aux yeux de cet électorat, tous les défauts de Trump — ses contradictions, ses déclarations intempestives, son manque de rectitude politique et ses sauts d’humeur — font vrai.

Au cours de cette campagne, il a dit tout et parfois son contraire, éclaboussant d’insultes tous ceux qui tentaient de s’opposer à ses ambitions.

Le domaine où un président américain a un pouvoir presque absolu, c’est en matière de politique extérieure. Pour les pays étrangers, Donald Trump n’est pas une boite à surprises comme on aime à le représenter; il est parfaitement prévisible.

C’est un président qui s’entendra avec n’importe quel pays qui sera favorable au développement de ses intérêts financiers personnels.

Le seul problème, c’est qu’à part ses biens immobiliers, on ne connait pas grand-chose de ses intérêts financiers puisqu’il a toujours refusé de dévoiler ses déclarations de revenus, contrairement à la coutume au cours des campagnes présidentielles américaines.

On compte donc sur une fuite de son dossier fiscal pour nous en informer.

En raison de son égocentrisme et de sa vanité, il sera le président plus manipulable de l’histoire américaine, tant par des puissances étrangères que par le complexe militaro-industriel de son pays.

Mais il n’est pas fou. Seule, la flatterie ne sera pas convaincante; elle le deviendra si elle est associée à une faveur, à un privilège accordé à son empire financier.

Quant aux conflits d’intérêts, les États-Unis en ont vu d’autres puisque le financement politique dans ce pays n’est que de la corruption légalisée.

Et s’il se dit maintenant contre la guerre en Irak, c’était pour incriminer sa rivale Mme Clinton qui, elle, avait voté pour.

Ce sera sans gêne qu’il adoptera des politiques semblables à celles qu’il condamnait en campagne électorale, justifiant des conflits militaires par leur nécessité à rendre glorieuse la nation américaine.

On peut donc s’attendre à une croissance des dépenses militaires. Et pourquoi pas, une belle guerre qui recueillera l’appui de ces blancs trop vieux pour être enrôlés et qui fauchera au front ces jeunes noirs si prompts à se révolter lorsqu’on tue sans raison l’un d’entre eux.

Est-ce que ce sera une catastrophe ? Je ne le pense pas. Dans le fond, n’est-ce pas ce qui se fait déjà depuis des décennies ?

Laissez un commentaire »

| Politique internationale | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Qui aime Donald Trump ?

Publié le 18 décembre 2015 | Temps de lecture : 4 minutes


 
De propriété privée et située au New Jersey, l’université Monmouth est une maison d’enseignement universitaire fréquentée par plus de six mille étudiants.

Parmi les organismes qui logent sur son campus se trouve le Monmouth University Polling Institute (MUPI), ce qui signifie l’Institut de sondage de l’université Monmouth.

Ses sondages sont renommés pour leur précision et leur exactitude.

Entre le 10 et le 13 décembre dernier, cet organisme a effectué un sondage téléphonique auprès de 1 006 adultes américains, dont 385 sympathisants républicains. Ce sondage portait sur la popularité des candidats à la chefferie du Parti républicain.

En comparant ses résultats à ceux des sondages antérieurs effectués par le MUPI, on apprend que le meneur de la course républicaine, Donald Trump, a accru de treize points son avance sur ses rivaux à la suite du scandale provoqué par sa suggestion d’interdire temporairement l’immigration de Musulmans aux États-Unis.

En d’autres mots, en dépit de la condamnation universelle de ses propos, Donald Trump est encore plus populaire qu’il l’était auprès de l’électoral républicain, passant d’une intention de vote de 28% (à la mi-octobre 2015) à 41% (la semaine dernière).


 
Au-delà du millionnaire extravagant et de l’homme politique qui agit comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, Donald Trump est un phénomène social.

Pour essayer de le comprendre, voyons quelles sont les caractéristiques de ses partisans.

Les intentions de vote en sa faveur (41%) se retrouvent un peu plus chez les hommes (44%) que chez les femmes (37%).

Il existe une relation directe entre la sympathie pour le mouvement radical américain appelé Tea Party et l’appui à Donald Trump, passant de 36% chez les Républicains qui n’aiment pas le Tea Party, à 52% chez ceux qui en sont de fervents partisans.

Les résultats les plus étonnants du sondage du MUPI concernent la relation entre le niveau de scolarité et l’appui à Donald Trump.

Chez ceux qui ont fait des études collégiales — l’équivalent des CÉGEPs au Québec ou des lycées en France — sans toutefois s’être rendus à l’université, entre 31% et 34% appuient Donald Trump. Mais cette popularité grimpe à 54% chez les détenteurs de diplômes universitaires.

Pour tenter d’expliquer cette popularité, j’émettrais l’hypothèse suivante.

Le système éducatif américain se distingue de tous les autres à travers le monde par son ‘USA-centrisme’.

Il forme des citoyens parfaitement aptes au travail, capables d’un esprit critique et de beaucoup de créativité.

Mais les Américains ne connaissent à peu près rien du monde à l’extérieur de leurs frontières. Ils ne s’intéressent à un autre pays que lorsque leurs armées décident d’y faire la guerre.

Et le peu qu’ils connaissent de l’histoire récente du monde ne leur permet pas de tirer des leçons de leurs erreurs tant la machine de propagande républicaine est efficace à déformer les faits et à brouiller les esprits.

En somme, même les Américains les plus intelligents sont en fait des abrutis lorsqu’il s’agit de politique étrangère.

Selon un autre sondage, réalisé par Public Policy Pooling, 41% des partisans de Donald Trump sont favorables à ce qu’on bombarde l’Agrabah. Seulement 13% s’y opposent.

Les 46% d’indécis ont bien raison car le royaume arabe d’Agrabah n’existe pas. Il a été créé par les studios Disney pour étoffer le scénario du film d’animation Aladin, ce personnage fictif des Mille et une nuits.

Aux États-Unis, d’innombrables groupes de réflexion conservateurs, très bien financés, attirent les intellectuels dans le but de créer une idéologie simple qui contribue à cet abrutissement collectif, illustré par les résultats de ce deuxième sondage.

Depuis des années, cette idéologie simpliste se répand grâce à Fox News, à la démagogie primitive des radio-poubelles, aux forums de discussion noyautés par ses adeptes, et aux films hollywoodiens où la rigueur historique cède la place à la romance et aux sentiments patriotiques.

Voilà pourquoi aujourd’hui les Républicains sont heureux d’entendre enfin un homme politique qui leur dit ce qu’ils veulent entendre et qui partage avec eux leur vision simpliste du monde. Faut-il s’en étonner ?

Références :
Monmouth University Polling Institute
Trump Lead Grows Nationally; 41% of His Voters Want to Bomb Country From Aladdin; Clinton Maintains Big Lead
Les Mille et Une Nuits

Laissez un commentaire »

| Politique internationale | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le combat environnemental de Donald Trump

Publié le 15 septembre 2011 | Temps de lecture : 3 minutes
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Présentation

Donald Trump est un milliardaire américain de l’immobilier, né à New York en 1946.

Parmi ses immeubles les plus célèbres, on peut citer notamment la Trump Tower (qu’il a fait construire en 1983 dans sa ville natale), le Trump Taj Mahal (Atlantic City, 1990), le Trump Palace Condominiums (New York, 1991), la Trump World Tower (New York, 2001), le Trump Las Vegas (2008), la Trump Tower (Chicago, 2009).

Sous son nom, toute une série de produits de luxe — plutôt vulgaires à mon avis — sont offerts aux nouveaux riches qui veulent lui ressembler.

Le golf

Créé au XIIIe siècle aux Pays-Bas, ce sport s’est codifié en Écosse en 1754 et s’est rependu à travers le monde grâce au soutien des marchands écossais qui firent fortune aux quatre coins de l’empire britannique.

Le plus récent projet de Donald Trump est de construire en Écosse — où est née sa mère — le plus grand terrain de golf du globe, au cout de 1,2 milliard$. En plus du terrain de golf, le projet comprend un complexe hôtelier, un centre commercial et un village de résidences en multipropriété.

Le milliardaire est demeuré inébranlable dans sa détermination, face à l’opposition des résidents locaux, des élus municipaux et des groupes environnementaux, inquiets des tonnes d’herbicides qu’il faudra utiliser annuellement pour obtenir un gazon dépourvu d’imperfection.

Mais ce qui a irrité au plus haut point M. Trump, c’est l’intention du gouvernement écossais de construire en mer du Nord un parc de onze éoliennes visibles de son terrain de golf.

Dans une lettre adressée directement au Premier ministre écossais, notre milliardaire qualifie de « disastrous and environmentally irresponsible » le projet gouvernemental, s’inquiétant du bruit que les turbines pourraient créer sous l’eau, ce qui pourrait gêner la communication entre les baleines de la Mer du Nord…

Le quart du potentiel électrique d’origine éolienne de toute l’Europe se trouve le long des côtes venteuses d’Écosse. Malgré les menaces du milliardaire américain, le gouvernement écossais s’est montré inébranlable dans sa détermination d’installer des milliers de turbines en Mer du Nord.

Références :
Donald Trump Angry Over Offshore Wind Farms Near Scotland Golf Course
Donald Trump’s plea to Alex Salmond over ‘ugly’ wind farm
Donald Trump’s £1bn Scottish golf course project faces mass protest
Golf
Trump to build ‘world’s greatest golf course’

Paru depuis : Donald Trump accuses Alex Salmond of wanting to destroy Scottish coast (2012-02-09)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/4000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 23 mm

Laissez un commentaire »

| Fait divers | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel