L’âge des révoltes

Publié le 14 novembre 2011 | Temps de lecture : 2 minutes


Avant-propos : On trouvera ci-dessous l’opinion que j’ai émise dans le cadre d’une courte discussion relative au texte Analyse sur la zone euro – Les marchés sont-ils responsables de la chute des gouvernements?, paru dans l’édition de fin de semaine du quotidien Le Devoir.


Extrait du texte : «Si on veut soustraire les États au pouvoir des marchés, il faut arrêter de s’endetter. Ce pouvoir, on leur a donné en s’endettant massivement.»

Il faudrait savoir ce qu’on veut. On ne peut pas demander aux États d’investir des centaines de milliards afin de sauver le système financier, de sauver de la faillite des géants industriels comme GM, stimuler l’économie et, dès que cela est fait, reprocher aux États de s’endetter.

Une partie non-négligeable de la dette actuelle des gouvernements occidentaux — plus du tiers dans le cas de La France — provient des plans de relance économique réclamés à grands cris par les investisseurs qui craignaient un autre crash boursier comme celui de 1929.

Conclusion : Oui au filet de sécurité étatique pour les investisseurs : non au filet de sécurité étatique pour le peuple. Réduisons les impôts aux riches et coupons dans les mesures sociales.

Un tel discours a fait son temps. Nous sommes entrés dans l’âge des révoltes. Les économies occidentales sont en déclin (déficit commerciaux colossaux), les gouvernements sont forcés d’adopter des mesures d’austérité qui appauvrissent leur propre population, alors que les spéculateurs s’en donnent à cœur joie en sapant l’économie mondiale.

Parus depuis :
Émeutes de 2011 en Angleterre (2011)
Printemps arabe (2011)
Tirs de balles de plastique : attend-on de tuer quelqu’un ? (2012-05-08)
Gilets jaunes: sous les radars (2019-01-25)
The ‘risk to democracy’ in Chile isn’t from protesters. It’s from Piñera and the 1% (2019-10-24)
Les manifestations au Liban sont « un moment de vérité pour le Hezbollah » (2019-10-25)
Analyse — Le monde entier descend dans la rue (2019-10-25)
Protests rage around the world – but what comes next? (2019-10-25)
Les racines de la révolte au Liban et ses perspectives (2019-10-29)
Une exigence planétaire : reconquérir la démocratie (2019-11-08)
L’homme qui a vu venir notre crise de l’information (2020-11-02)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Dettes nationales par pays européen

Publié le 7 septembre 2011 | Temps de lecture : 3 minutes

En 2010, les déficits courants les plus élevés (en pourcentage du PIB) ont été observés en Irlande (-32,4%), en Grèce (-10,5%), au Royaume-Uni (-10,4%), en Espagne (-9,2%), au Portugal (-9,1%), en Pologne (-7,9%), en Slovaquie (-7,9%), en Lettonie (-7,7%), en Lituanie (-7,1%) et en France (-7,0%).

Les plus faibles déficits ont été enregistrés au Luxembourg (-1,7%), en Finlande (-2,5%) et au Danemark (-2,7%). L’Estonie (0,1%) a enregistré un léger excédent public en 2010 tandis que la Suède (0,0%) a été en équilibre. Au total, vingt-et-un pays de l’UE ont enregistré une amélioration de leur solde public en 2010 par rapport à 2009 et six, une détérioration.

On trouvera ci-dessous un tableau de la dette des pays européens par rapport à leur PIB. À la fin de 2010, les pays les moins endettés ont été l’Estonie (5,8%), la Bulgarie (17,5%), le Luxembourg (20,4%), la Suède (36,8%), la Lituanie (38,2%), la Roumanie (38,6%), la République tchèque (40,7%) et la Slovénie (45,5%).

Des niveaux d’endettement compris entre 50% et 100% du PIB se retrouvent aux Pays-Bas (64,4%), à Chypre (66,8%), à Malte (68,0%), en Espagne (68,2%), en Autriche (72,1%), au Royaume-Uni (79,5%), en Hongrie (82,6%), en France (85,5%), en Allemagne (81,5%), et en Belgique (99,7%).

Les pays européens les plus endettés sont le Portugal (103,3%), l’Irlande (107,0%), l’Italie (120,1%), l’Islande (130,1%) et la Grèce (165,4%).

De 2007 à 2010, la dette accumulée est passé de 59,0% à 80,0% dans l’Union européenne : dans la zone euro (c’est-à-dire des pays qui ont adopté l’euro comme monnaie), elle est passée de 66,2% à 85,1%.

Ces augmentations s’expliquent par les mesures entreprises par les différents états pour sauver leur système bancaire et stimuler leur économie.

Note : Dans le tableau ci-dessous, l’Islande et la Suisse sont au bas parce que ces pays ne font partie ni de la zone euro, ni de l’Union européenne.


Produit intérieur brut (en milliards d’euros) et dette accumulée (en % du PIB) par pays, en 2010

Pays PIB Dette accumulée
• Allemagne 2,499 81,5%
• Autriche 284 72,1%
• Belgique 352 99,7%
• Bulgarie 36 17,5%
• Chypre 17 66,8%
• Danemark 234 46,5%
• Espagne 1,063 68,2%
• Estonie 14 5,8%
• Finlande 180 49,0%
• France 1,948 85,5%
• Grèce 230 165,4%
• Hongrie 98 82,6%
• Irlande 154 107,0%
• Italie 1,549 120,1%
• Lettonie 18 44,7%
• Lituanie 27 38,2%
• Luxembourg 42 20,4%
• Malte 6 68,0%
• Pays-Bas 591 64,4%
• Pologne 335 56,7%
• Portugal 172 103,3%
• République tchèque 150 40,7%
• Roumanie 121 38,6%
• Royaume-Uni 1,663 79,5%
• Slovénie 36 45,5%
• Slovaquie 66 43,4%
• Suède 878 36,8%
Union européenne 12 281 80,0%
Zone euro 9 204 85,1%
     
• Canada 1,147 83,5%
• États-Unis 10,685 69,4%
• Islande 10 130,1%
• Suisse 382 52,4%
• Japon 3,978 208,2%


Références :
Déficit public de la zone euro et de l’UE27
L’Islande risque à nouveau la récession économique
Liste de pays par dette publique

Sur le même sujet :
Les incendiaires
Quelques dettes nationales

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le « Power Trip » des agences de notation

Publié le 28 mars 2011 | Temps de lecture : 3 minutes

Les agences de notation sont des entreprises qui attribuent une note correspondant aux perspectives de remboursement des engagements d’un pays ou d’une compagnie envers ses créanciers. C’est ainsi qu’elles renseignent, per exemple, les investisseurs sur les risques qu’ils courent en finançant la dette d’un gouvernement.

Pour n’importe quel pays, voir sa cote dévaluée par Moody’s ou Standard & Poor’s (les deux plus influentes agences de notation) est une mauvaise nouvelle. Cela signifie que ce pays devra majorer les taux d’intérêt de toute nouvelle émission des bons du trésor à défaut de quoi les investisseurs pourraient les bouder, les trouvant trop risqués. Car en affaires, le risque se paie.


Dettes nationales en pourcentage du produit intérieur brut


 
Les agences de notation se sont bien gardés de porter un jugement sévère sur le Japon, pourtant un des pays développés les plus endettés. Cette indulgence s’explique par le fait que 94% de la dette nipponne était détenue jusqu’ici par des Japonais eux-mêmes. Si les agences de notation s’étaient risquées à abaisser la cote du Japon, cela aurait eu une influence marginale sur le gouvernement de ce pays, qui peut compter sur le nationalisme économique de ses citoyens.

Or il est important, pour la crédibilité de ces agences, qu’une décote entraine automatiquement des frais de crédit plus élevés pour un État pointé du doigt comme manquant de rigueur dans sa gestion des finances publiques. Plus les conséquences sont foudroyantes, plus ces agences sont puissantes. Car en affaires comme en politique, il suffit qu’on vous croit puissant pour que vous le deveniez de ce fait.

Avec les événements tragiques qui ont frappé récemment le Japon, on peut s’attendre à la fin de cette indulgence puisque les emprunts que devra faire ce pays ne pourront être absorbés par l’épargne des Japonais (qui ont d’autres chats à fouetter).

D’autre part, lorsqu’un examine la dette des pays européens, on comprend mal la sévérité des agences de notation envers le Portugal et l’Espagne et leur indulgence à l’égard de l’Italie. Il est à noter que ces deux premiers pays sont présentement dirigés par des gouvernements socialistes alors que l’Italie est dirigée par un gouvernement de droite.

On pourrait justifier cette discrimination sur la nécessité de tenir compte du déficit budgétaire courant de ces gouvernements, effectivement plus élevé pour les pays de la péninsule ibérique. En réalité, celui-ci a une importance toute relative. Ce qui compte vraiment, c’est le déficit accumulé ; c’est lui qui détermine l’aptitude d’un pays à rembourser ses dettes. Le déficit budgétaire courant n’est qu’un indice parmi d’autres de la bonne gestion d’un gouvernement. Au pire, il dénote la tendance de l’évolution du déficit accumulé.

D’où l’idée de créer une agence européenne de notation, qui placerait l’Union européenne à l’abri des pressions de la Droite conservatrice américaine dont les agences de notations anglo-saxonnes font partie.

Références :
Agence de notation
L’indépendance des agences de notation financière en question

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Écrit par Jean-Pierre Martel